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Arc long anglais

L’arc long anglais (en anglais longbow), Ă©galement appelĂ© arc droit[1], est une Ă©volution de l’arc gallois. Il s’agit d’un arc mĂ©diĂ©val trĂšs puissant, d’environ 2 mĂštres de long, trĂšs utilisĂ© par les Anglais, Ă  la fois pour la chasse et la guerre.

Arc long anglais
Image illustrative de l'article Arc long anglais
Présentation
Pays d'origine Drapeau de l'Angleterre Angleterre
Type Arme de trait
Batailles Guerres d’indĂ©pendance de l’Écosse, Guerre de Cent Ans, Guerre des Deux-Roses.
Projectiles FlĂšches
PĂ©riode d'utilisation → XVIe siĂšcle
Autre(s) nom(s) Longbow, arc droit
Poids et dimensions
Longueur totale 1,70 m Ă  2,10 m
Largeur(s) TĂȘte de branche : 1,8 Ă  3 cm
Milieu de branche : 3 Ă  4 cm
PoignĂ©e : 5 Ă  6 cm
Masse du projectile 60 Ă  80 g
Caractéristiques techniques
Portée 165 à 250 mÚtres
Cadence de tir de 10 à 16 tirs ajustés par minute
Vitesse initiale 55 m/s (200 km/h)

Son utilisation par l’armĂ©e anglaise naĂźt de ses dĂ©convenues lors des guerres en pays de Galles et en Écosse. Les Anglais dĂ©cident alors d’y recourir massivement, ce qui permet de vaincre les piquiers gallois, puis Ă©cossais. Cette arme se rĂ©vĂšle encore dĂ©cisive pendant la plus grande partie de la guerre de Cent Ans (particuliĂšrement lors des batailles de CrĂ©cy, de Poitiers et d’Azincourt).

De nombreuses solutions sont essayĂ©es par les Français pour neutraliser cette arme redoutĂ©e : mise Ă  pied des combattants montĂ©s, augmentation de la surface protĂ©gĂ©e par des plates dans les armures, protection des chevaux, neutralisation des archers ou crĂ©ation des compagnies d’ordonnances et des francs-archers. Les Français doivent longtemps se rĂ©soudre purement et simplement Ă  Ă©viter de combattre les Anglais de front en rase campagne et rĂ©orientent leur stratĂ©gie vers une guerre de siĂšge, utilisant la tactique de la terre dĂ©serte qui laisse les chevauchĂ©es anglaises libres de piller le pays. La stratĂ©gie dĂ©fensive qu’implique l’utilisation de l’arc long est seulement battue en brĂšche par l’apparition de l’artillerie de campagne : l’armĂ©e anglaise est alors Ă©crasĂ©e Ă  Formigny et Ă  Castillon aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©faite Ă  la bataille de Patay oĂč les archers n'ont pu se retrancher Ă  temps et ont Ă©tĂ© anĂ©antis par la cavalerie lourde française.

Au XVIe siÚcle, les archers sont définitivement supplantés par les arquebusiers particuliÚrement par ceux de l'armée espagnole qui combattent au sein des Tercios.

Description

L’arc

Arc droit ou longbow
1 - Poupée
2 - Dos
3 - Ventre
En haut : arc composite en bois de citronnier, bois tropical et hickory.
En bas : arc en bois d’if (on distingue nettement la diffĂ©rence entre le dos en aubier et le ventre en duramen).

L'Ă©tude des 137 arcs longs retrouvĂ©s dans l'Ă©pave du navire Mary Rose, coulĂ© en 1545, a permis d’enrichir la connaissance de cette arme[2]. Il s'agit d’un arc simple, façonnĂ© d’une seule piĂšce dans de l'if, bois dont les qualitĂ©s intrinsĂšques font qu'il se comporte comme un arc composite. D’autres bois d'arc de substitution (par efficacitĂ© dĂ©croissante : orme, frĂȘne, noisetier, voire chĂȘne) peuvent ĂȘtre utilisĂ©s, mais au prix d’une perte notable d’efficacitĂ©[3]. Il mesure entre 1,70 m et 2,10 m[4]. Sa section est circulaire au niveau de la poignĂ©e et en forme de D aux extrĂ©mitĂ©s[4]. Les largeurs sont de 1,8 Ă  3 cm en tĂȘte de branche, de 3 Ă  4 cm en milieu de branche et de 5 Ă  6 cm au niveau de la poignĂ©e[4]. La forme de l’arc devant suivre les nervures du bois, l’arc peut parfois avoir une forme bosselĂ©e (l’efficacitĂ© primant sur l’esthĂ©tique)[4]. Il ne comporte pas de repose flĂšche : en position de tir, celle-ci repose sur la main d’arc de l’archer.

L’arc en if prĂ©sente cette particularitĂ© paradoxale d’ĂȘtre un arc simple, façonnĂ© dans un matĂ©riau d’une seule piĂšce, tout en se comportant comme un arc composite. En effet, l’if est mis en forme de telle sorte qu’il comprend une partie d’aubier (au dos) et une partie de cƓur (ventral), le duramen. L’aubier travaille en traction et le cƓur en compression. Leurs propriĂ©tĂ©s se complĂštent et confĂšrent Ă  cette arme des qualitĂ©s balistiques bien supĂ©rieures aux arcs simples tirĂ©s d’autres essences[5].

À partir du dĂ©but du XIVe siĂšcle, le longbow est Ă©quipĂ© d’extrĂ©mitĂ©s en corne dotĂ©es d’une Ă©chancrure oĂč est fixĂ©e la corde. Cet accessoire sert d’amortisseur et d’arrĂȘt de corde et accentue la propulsion de la flĂšche, tout en limitant ses vibrations[3]. La fabrication de l’arc demande environ une journĂ©e de travail.

La corde est un Ă©lĂ©ment noble tissĂ© en chanvre et parfois en soie[3]. Son coĂ»t compte pour la moitiĂ© du coĂ»t total d’un arc. Elle est cirĂ©e pour ĂȘtre prĂ©munie contre la pluie. D’aprĂšs les encoches des flĂšches trouvĂ©es sur l’épave de la Mary Rose, on dĂ©duit que la corde devait mesurer environ 3,2 mm de diamĂštre[3].

La fabrication des arcs, des flĂšches et des cordes d’arc Ă©tait du ressort d’ouvriers spĂ©cialisĂ©s, qui bĂ©nĂ©ficiaient de franchises fiscales et mĂȘme de remises de dettes[6].

Réplique du grand arc de guerre anglais "warbow" en bois d'if des Pyrénées, 2012.

Les flĂšches

Les flĂšches employĂ©es avec le longbow sont relativement standardisĂ©es, car fabriquĂ©es en grande sĂ©rie (il faut pour une campagne entre 400 000 et 800 000 flĂšches[7]). Elles sont volontairement lourdes (pour augmenter leur capacitĂ© de perforation), entre 60 et 80 g au lieu de 20 g pour une flĂšche moderne[7]. Les 3 500 flĂšches retrouvĂ©es dans l’épave de la Mary Rose mesurent entre 61 et 81 cm (76 cm en moyenne) et sont taillĂ©es dans du peuplier ou du frĂȘne[8]. L’empennage est confectionnĂ© en plume d’oie et mesure entre 17 et 25 cm, selon que l’on souhaite privilĂ©gier la prĂ©cision ou la portĂ©e[7]. L’encoche est dĂ©gagĂ©e sur 4 Ă  5 cm et peut ĂȘtre renforcĂ©e par une petite lamelle d’os ou de corne placĂ©e perpendiculairement Ă  la corde[7].

FlĂšche mĂ©diĂ©vale : 1 - Pointe en aile d'ange type barbillon ‱ 2 - Hampe ‱ 3 - Empennage en plume d'oie ‱ 4 - Encoche

Accessoires

Les flĂšches sont transportĂ©es sur des chariots et fournies aux archers par faisceaux ligaturĂ©s de 12 ou 24. Le carquois n’est pas frĂ©quent chez les archers anglais du XIVe siĂšcle[9] : le fait de sortir la flĂšche du carquois prenant trop de temps et ralentissant la cadence de tir, les flĂšches sont donc plantĂ©es Ă  mĂȘme le sol devant le tireur[10]. Au dĂ©but du XVe siĂšcle apparaĂźt la trousse, un cylindre de toile cirĂ©e ou de cuir fin huilĂ©, dont une extrĂ©mitĂ© est cousue d’un rond de gros cuir percĂ© de 12 ou 24 trous afin de passer les flĂšches. Ce carquois trĂšs lĂ©ger permet Ă  la fois de protĂ©ger les flĂšches de l’humiditĂ© et aux archers montĂ©s de transporter leurs munitions Ă  cheval[9].

La puissance de l’arc et la technique de tir Ă  3 doigts imposent le port de gants de cuir. Le modĂšle type est un demi-gant de cuir fixĂ© au poignet couvrant l’index, le majeur et l’annulaire[9].

Un brassard en cuir, sanglĂ© sur l’avant-bras qui tient l'arc[2], protĂšge le tireur du vĂ©ritable coup de fouet produit par la corde aprĂšs le dĂ©cochage[9].

Performances

Considérations mécaniques

Coupe de bois : l’aubier (plus clair en pĂ©riphĂ©rie) est plus extensible que le duramen (sombre au centre) plus rĂ©sistant Ă  la compression.

Pour obtenir un arc puissant, il faut utiliser un bois nerveux, car la vitesse d’expulsion de la flĂšche est proportionnelle Ă  la rapiditĂ© avec laquelle l’arc reprend sa forme lors du tir[11]. La surface faisant face au tireur est appelĂ©e ventre et travaille de maniĂšre concentrique (en compression), contrairement au dos qui est face Ă  la cible et travaille de maniĂšre excentrique (en traction). Le bois utilisĂ© doit donc offrir la meilleure rĂ©sistance Ă  ces contraintes de flexion. On utilise pour ce faire la diffĂ©rence de structure entre l’aubier (les cernes extĂ©rieurs plus jeunes et plus tendres) et le duramen (les cernes les plus centraux, trĂšs durs et trĂšs rĂ©sistants Ă  la compression). Dans le cas d’un arc non composite comme l’arc droit anglais, l’aubier, plus Ă©lastique, forme le dos de l’arc et le duramen, plus rĂ©sistant Ă  la compression, est utilisĂ© comme ventre[11].

L’if est le bois cumulant le plus grand nombre de qualitĂ©s nĂ©cessaires Ă  la rĂ©alisation d’un arc puissant et rĂ©sistant[11]. Ses fibres de lignine ont un agencement qui leur confĂšre une grande Ă©lasticitĂ© (en spirales orientĂ©es Ă  soixante degrĂ©s par rapport Ă  l’axe de la branche, ce qui leur permet de s’étirer en cas de travail excentrique)[12]. Il pousse trĂšs lentement et ses cernes sont trĂšs fins et rapprochĂ©s, ce qui divise d’autant le dĂ©placement dĂ©volu Ă  chaque fibre : plus les cernes sont petits, plus le bois est rĂ©sistant et nerveux[12]. Il a peu de nƓuds et est dĂ©nuĂ© de poches rĂ©sinifĂšres qui reprĂ©sentent autant de points de fragilitĂ© potentiels. Enfin, il est imputrescible, ce qui, avec ses qualitĂ©s de rĂ©sistance, lui confĂšre une grande durĂ©e de vie[12]. Il a par contre le dĂ©faut d’ĂȘtre toxique (et dangereux pour l’élevage) et a donc Ă©tĂ© souvent abattu, ce qui en fait un bois rare dont les qualitĂ©s sont encore amĂ©liorĂ©es s’il pousse lentement, ses cernes Ă©tant alors d’autant plus serrĂ©es (les meilleurs exemplaires poussent en altitude et sur un sol pauvre)[11]. Les Anglais en importĂšrent (principalement d’Italie, mais aussi de France et d’Espagne). Richard II et Charles VII en firent planter.

D’autre part, plus l’arc est long, moins il se courbe quand on l’arme et moins il risque d’atteindre ses limites d’élasticitĂ©. On peut potentiellement le contraindre davantage, gagnant alors encore en puissance. C’est pourquoi l’arc anglais est particuliĂšrement long : il se dĂ©forme moins, donc il perd moins ses caractĂ©ristiques avec le temps, risque moins de se briser et gagne encore en portĂ©e[11].

Grandeurs physiques

La puissance d’un arc se mesure en livres pour 28 pouces d’allonge (71 cm), correspondant Ă  une masse qu’il faudrait attacher Ă  la corde d'un arc horizontal pour la tendre d'autant. Il s'agit en physique d'une force et non d'une masse ou d'une puissance. Traditionnellement, toutes les mesures d'archerie sont en mesures impĂ©riales. Pendant la guerre de Cent Ans, oĂč les archers Ă©taient particuliĂšrement entraĂźnĂ©s, les arcs nĂ©cessitant pour ĂȘtre bandĂ©s une force de 120 Ă  130 livres (soit 530 Ă  580 newtons ou 50 Ă  60 kilogrammes-force) Ă©taient particuliĂšrement rĂ©pandus[4] : les arcs retrouvĂ©s sur la Mary Rose nĂ©cessitent une force de 80 Ă  180 livres (350 et 800 N)[4].

La vitesse des flĂšches est initialement d’environ 55 m/s (200 km/h) et chute Ă  36 m/s (130 km/h) Ă  200 m. Pour une flĂšche de 70 grammes, l'Ă©nergie cinĂ©tique initiale Ă  cette vitesse est de l'ordre de 110 joules, et la quantitĂ© de mouvement de 3,9 kg m s−1, ce qui Ă©quivaut Ă  une impulsion de mĂȘme valeur fournie par tireur soit 3,9 N s (newtons·seconde). Le temps d'impulsion peut ĂȘtre estimĂ© Ă  0,025 s (0,71 mĂštre parcouru Ă  la vitesse moyenne de la moitiĂ© de la vitesse finale, soit 27,8 m s−1) et la force moyenne appliquĂ©e Ă  la flĂšche pendant cette impulsion de 155 N. La puissance dĂ©veloppĂ©e par l'arc pendant le tir est de l'ordre de 4 200 watts.

Portée

Leur portĂ©e est estimĂ©e entre 165 et 228 mĂštres, bien qu’une rĂ©plique d’un des arcs trouvĂ©s Ă  bord du Mary Rose ait tirĂ© une flĂšche de 53,6 grammes Ă  328 mĂštres et une flĂšche de 95,9 grammes Ă  249,9 mĂštres[2] - [13]. Les flĂšches sont cependant incapables de percer une armure de plates Ă  cette distance. Elles sont efficaces contre les cottes de mailles quand la distance est infĂ©rieure Ă  100 mĂštres et contre les armures de plates en deçà de 60 mĂštres[14].

Pouvoir perforant

Les pointes bodkin étaient les plus utilisées du fait de leur caractÚre perforant et de leur facilité de fabrication.
Le bassinet à bec de passereau est profilé pour dévier lances et projectiles arrivant de face.

En fonction de l’effet recherchĂ©, l’archer a le choix entre plusieurs types de flĂšches. Les plus frĂ©quemment utilisĂ©es sont les bodkin pointues de section carrĂ©e, particuliĂšrement perforantes et faciles Ă  produire. Les flĂšches ayant une Ă©nergie cinĂ©tique modĂ©rĂ©e (comparativement Ă  celle du projectile d’une arme Ă  feu), elles ne produisent ni effet de choc, ni effet de cavitation. En revanche, du fait de leur grande longueur, elles ont une bonne densitĂ© sectionnelle et donc un grand pouvoir perforant[15]. DĂšs lors, ce type de flĂšche est utilisĂ© Ă  courte distance contre l’infanterie lourde ou la cavalerie. Ces flĂšches, trĂšs efficaces contre les cottes de mailles, peuvent cependant ricocher sur les armures de plates si elles n’arrivent pas perpendiculairement Ă  la surface[15]. Pour un tir Ă  moins de 60 mĂštres, elles peuvent s’enfoncer de plusieurs centimĂštres, causant des blessures plus ou moins graves[15].

C’est particuliĂšrement Ă  la tĂȘte qu’une pĂ©nĂ©tration de profondeur limitĂ©e est dĂ©vastatrice. Cette partie du corps est cependant bien protĂ©gĂ©e par le profil des bassinets de l’époque, Ă©tudiĂ©s pour dĂ©vier les lances. Les autres points vulnĂ©rables du combattant sont le cou et les membres, oĂč passent des troncs artĂ©riels susceptibles d’ĂȘtre sectionnĂ©s. Pour cette raison, les armures des chevaliers ont progressivement Ă©voluĂ© au cours de la guerre de Cent Ans, recourant de plus en plus Ă  l'usage de plates. Les capacitĂ©s de perforation peuvent ĂȘtre amĂ©liorĂ©es par lubrification des pointes Ă  la cire, ce procĂ©dĂ© permettant aussi de limiter l’oxydation de l’acier (l’utilisation de ce procĂ©dĂ© par les archers anglais est probable mais non vĂ©rifiĂ©e)[16].

Contre l’infanterie peu blindĂ©e ou les chevaux, les flĂšches Ă  pointe large ou Ă  barbillon sont largement plus dĂ©vastatrices, mĂȘme Ă  longue distance. TirĂ©es par milliers, elles ne nĂ©cessitent pas d’ĂȘtre trĂšs prĂ©cises et leur portĂ©e peut donc ĂȘtre allongĂ©e par rĂ©duction de l’empennage.

Cadence de tir

Bataille de CrĂ©cy (1346) : les arbalĂ©triers gĂ©nois sont surclassĂ©s en cadence de tir et en portĂ©e efficace car ils sont incapables de produire la pluie de flĂšches qu’ils subissent.

Aux XIVe et XVe siĂšcles, un archer anglais devait pouvoir tirer au moins dix flĂšches par minute, allant jusqu’à seize tirs ajustĂ©s par minute pour les archers expĂ©rimentĂ©s[17]. Durant la bataille, les archers emportaient avec eux entre 60 et 72 flĂšches, de quoi durer environ 6 minutes en pleine cadence de tir[17]. Sur le champ de bataille, de jeunes garçons Ă©taient utilisĂ©s pour ravitailler les hommes en flĂšches[13]. Celles-ci Ă©taient posĂ©es en vrac devant les archers ou plantĂ©es Ă  mĂȘme la terre. Cette derniĂšre mĂ©thode permet de raccourcir au maximum le temps nĂ©cessaire pour tirer une flĂšche. Il en rĂ©sulte aussi une contamination de la pointe avec des germes telluriques qui augmentent le risque et la gravitĂ© d’une infection due Ă  une blessure (ces bactĂ©ries anaĂ©robies peuvent ĂȘtre responsables de gangrĂšne gazeuse et en l'absence de soins appropriĂ©s, de mort par septicĂ©mie puis choc septique)[10].

La cadence de tir des arcs longs anglais est bien supĂ©rieure Ă  celle des arbalĂštes (capables au maximum de tirer quatre fois par minute) ou de n’importe quelle autre arme de jet de l’époque. L’adversaire est alors soumis Ă  une pluie de flĂšches, ce qui rend efficace un tir Ă  longue portĂ©e oĂč la perte de prĂ©cision causĂ©e par la distance est compensĂ©e par la quantitĂ© de flĂšches envoyĂ©es. Ceci constitue une Ă©norme diffĂ©rence par rapport Ă  l’arbalĂšte qui s’emploie en tir tendu et qui devient forcĂ©ment moins prĂ©cise avec la distance. D’autre part, l’arc pouvant facilement ĂȘtre dĂ©bandĂ© et sa corde mise Ă  l’abri, il est beaucoup moins vulnĂ©rable Ă  la pluie qu’une arbalĂšte (ce qui a Ă©tĂ© dĂ©cisif, notamment lors de la bataille de CrĂ©cy), d’autant que les cordes de nerfs des arbalĂštes perdent de leur puissance quand elles sont humides, contrairement aux cordes en chanvre des arcs longs qui gagnent en duretĂ© lorsqu’elles sont mouillĂ©es[18].

Technique de tir

La force nĂ©cessaire pour tirer avec un arc long nĂ©cessite 3 doigts (technique mĂ©diterranĂ©enne), contrairement aux arcs utilisĂ©s Ă  l’époque en France que l’on pouvait armer avec seulement 2 doigts (technique pincĂ©e).

L’arc long a comme inconvĂ©nient d’ĂȘtre assez difficile Ă  « apprivoiser » et de demander plus de technique et de force que l’arc classique. Des autopsies pratiquĂ©es sur des corps d’archers gallois ont rĂ©vĂ©lĂ© des distorsions spinales, tĂ©moins des contraintes subies.

L’arc est en particulier rĂ©putĂ© pour « secouer » le tireur au moment de la dĂ©coche. Les habituĂ©s de ce type d’arc recommandent de plier lĂ©gĂšrement le bras qui tient l’arc pour Ă©viter « le coup dans la nuque »[19].

Du fait de la taille de l’arc, il faut tendre la corde derriĂšre la joue et non pas seulement jusqu’au menton (les doigts arrivant Ă  la commissure de la lĂšvre). De ce fait, l’arc gallois ne peut se pratiquer avec un viseur. On peut tirer soit en tir instinctif soit en « bare-bow ». La dĂ©coche doit suivre immĂ©diatement l’armement, car les contraintes sont telles qu’elles peuvent briser l’arc si la dĂ©coche est trop retardĂ©e[20].

Le tir instinctif demande un long entraünement, car le cerveau doit connaütre parfaitement le vol parabolique d’une flùche, qui varie en fonction de l’angle initial, de la puissance de l’arc et du poids de la flùche. L’archer se concentre uniquement sur le point d’impact, l’inconscient du cerveau faisant le reste[21].

Dans le tir « bare-bow » on modifie la position des doigts sur la corde suivant la distance (en anglais « string-walking », en français "pianotage"). D’autres archers changent le point d’ancrage sur le visage.

Utilisation tactique

La portĂ©e de l’arc long (efficace sur les combattants faiblement protĂ©gĂ©s ou les chevaux Ă  300 mĂštres), oblige l’adversaire Ă  attaquer. Cela permet de l’attirer en terrain dĂ©favorable et de le contraindre Ă  attaquer une position fortifiĂ©e au prĂ©alable : Ă  CrĂ©cy l’armĂ©e anglaise se retranche sur un monticule, Ă  Poitiers derriĂšre des haies, Ă  Azincourt derriĂšre un terrain embourbĂ©. Les archers disposent des pieux devant leurs lignes de maniĂšre Ă  briser les assauts. Leurs arriĂšres ou leurs flancs sont couverts par des chariots[22] ou des obstacles quasi infranchissables pour de la cavalerie lourde (riviĂšres, forĂȘts
).

Bataille d’Azincourt : les Anglais sont positionnĂ©s derriĂšre un bourbier et ne peuvent pas ĂȘtre tournĂ©s car leurs flancs sont protĂ©gĂ©s par des bois. Ils sont placĂ©s sur les ailes de maniĂšre Ă  ĂȘtre plus efficaces contre les armures de plates profilĂ©es pour dĂ©vier les projectiles venant de face.

À longue distance (de 100 Ă  300 mĂštres), on utilise des flĂšches Ă  empennage court et Ă  pointe plate ou « en barbillon », plus dĂ©vastatrices sur les combattants peu protĂ©gĂ©s. Les archers sont utilisĂ©s par centaines, voire par milliers (6 000 Ă  CrĂ©cy ou Verneuil, 7 000 Ă  Azincourt[23]). Cela permet de faire pleuvoir des nuĂ©es de flĂšches sur l’adversaire (72 flĂšches Ă  la minute par mĂštre carrĂ©[17]) et compense l’imprĂ©cision du tir Ă  pareille distance. Ceci est rendu possible grĂące Ă  l’extraordinaire cadence de tir de l’arc long (les arbalĂštes, qui ont un pouvoir perforant supĂ©rieur sur les armures de plates mais une cadence bien infĂ©rieure, ne peuvent produire une telle pluie de flĂšches). À CrĂ©cy, les 6 000 arbalĂ©triers gĂ©nois engagĂ©s par les Français doivent ainsi se replier rapidement[24]. D’autre part, une telle pluie de traits dĂ©sorganise considĂ©rablement les charges de cavalerie en blessant les chevaux (non protĂ©gĂ©s au dĂ©but de la guerre de Cent Ans) qui peuvent chuter, s’emballer ou dĂ©sarçonner leur cavalier (la chute du cavalier Ă©tant aggravĂ©e par le poids de l’armure)[25]. La densitĂ© de flĂšches plantĂ©es dans le sol est par ailleurs telle qu’elle gĂȘne la progression des assauts (Ă  la bataille de NĂĄjera, il est impossible de marcher au travers du champ de flĂšches[17]). Les cadavres de chevaliers et surtout de leurs chevaux sont des obstacles qui gĂȘnent la progression des lignes d’assaut, tout comme les chevaux emballĂ©s qui fuient en sens inverse et dĂ©sorganisent les charges[26]. Pour obtenir un tir continu, les archers sont dĂ©ployĂ©s sur trois doubles rangĂ©es qui vont alternativement se ravitailler en flĂšches[17].

À plus courte distance, le tir se fait de façon moins parabolique, avec des projectiles plus perforants (pointe bodkin) et plus prĂ©cis (empennage long). Les archers sont placĂ©s sur les ailes afin que leur tirs ne ricochent pas sur les armures de plates des cavaliers profilĂ©es pour dĂ©vier les flĂšches et lances venant de face. Ils sont disposĂ©s en V ou en croissant plutĂŽt qu’en ligne, toujours pour obtenir un feu croisĂ© plus efficace contre les armures de plates[27].

Lorsque la charge de cavalerie arrive au contact, les montures viennent s’empaler dans les pieux disposĂ©s devant les archers (calthops). Ces derniers sont de plus en plus polyvalents au fur et Ă  mesure de la guerre de Cent Ans et sont Ă©quipĂ©s d’épĂ©es ou de haches, pour achever les chevaliers dĂ©sarçonnĂ©s, engoncĂ©s dans leurs lourdes armures[28].

SĂ©lection et entraĂźnement des archers

Pendant la guerre de Cent Ans, des arcs longs de 120 Ă  130 livres Ă©taient particuliĂšrement rĂ©pandus[4] (Ă  comparer aux arcs actuels qui nĂ©cessitent une force de 40 Ă  80 livres). La sĂ©lection des archers se fait donc de façon trĂšs poussĂ©e et vise Ă  ne retenir que des recrues capables de tirer avec de tels arcs. L’entraĂźnement suivi, qui commence dĂšs l'Ăąge de 7 ans[29], est long et complexe : on a retrouvĂ© des stigmates osseux (au rachis, aux doigts de la main droite, de mĂȘme qu'Ă  l’avant-bras et au poignet gauches) de cet entraĂźnement sur des squelettes d’archers anglais[10]. Édouard III institue des « jeux » obligatoires de tir Ă  l’arc le dimanche aprĂšs la messe, dont seuls sont exemptĂ©s les hommes d’église et de loi[30] - [31]. L’assiduitĂ© des paysans et villageois, ainsi que leur bon Ă©quipement, sont contrĂŽlĂ©s par les reprĂ©sentants du shĂ©rif[31].

La sĂ©lection s'effectue alors Ă  l'Ă©chelle de l'ensemble de l’Angleterre, qui se couvre de champs de tir constituĂ©s de buttes de terre de 2 Ă  3 mĂštres de haut pour 6 mĂštres de large, en forme de pains de sucre tronquĂ©s. La face tronquĂ©e reçoit une cible en paille, en toile ou en cuir[31]. Des illustrations de l’époque montrent aussi des cibles maintenues entre deux piquets placĂ©s devant les mottes. Des pieux et des bornes[31], ou encore des papegays (« perroquet », longues perches Ă  l’extrĂ©mitĂ© desquelles sont fixĂ©es des plumes)[23], sont utilisĂ©s comme repĂšres pour mieux s’habituer au tir en profondeur.

EntraĂźnement des archers.

Histoire

Origines

L’arc long aurait Ă©tĂ© connu en Écosse dĂšs 2000 av. J.-C.[32], et les chasseurs dans la Somerset en Angleterre avaient dĂ©jĂ  les arcs longs en bois d'if ; l'« arc d'Ashcott », dĂ©couvert dans le Somerset, est en if, long de 1,95 m et date de 3400 av. J.-C.[33]. Les premiĂšres traces d’utilisation de cette arme par les Gallois datent de 633[34]. Osric, neveu d’Edwin, roi de Northumbrie, fut tuĂ© par une flĂšche tirĂ©e d’un arc long gallois durant une bataille contre les Gallois, presque six siĂšcles avant son attestation en tant qu’arme militaire en Angleterre (prĂ©cisons que l'appellation « les Gallois » dans ce contexte et Ă  cette Ă©poque se rĂ©fĂšre aux peuples brythons de Grande-Bretagne, (nord de l'Angleterre/Pays de Galles/Cornouaille) et au royaume de Rheged en gĂ©nĂ©ral).

ConquĂȘte du pays de Galles

Le terrain accidentĂ© du pays de Galles se prĂȘte mal Ă  la tactique fĂ©odale de charges massives de cavalerie lourde. Aussi les Gallois sont un des rares peuples d’Europe Ă  avoir conservĂ© au Moyen Âge les tactiques de combat rangĂ© apprises des Romains[35]. Leur armĂ©e est trĂšs largement constituĂ©e de fantassins recrutĂ©s parmi la population (en cas de guerre, tout homme de plus de 14 ans et laĂŻc peut ĂȘtre convoquĂ© une fois par an pour une pĂ©riode de six semaines), auxquels s’ajoute une petite cavalerie comprenant le roi et sa garde[35]. Les territoires du nord du Pays de Galles fournissent essentiellement des piquiers et ceux du sud des archers Ă©quipĂ©s de l’arc long. Les arcs sont utilisĂ©s pour leur capacitĂ© de perforation Ă  courte distance[36] et font des ravages parmi les chevaliers anglais Ă©quipĂ©s de cottes de mailles. L’arc gallois est fabriquĂ© en orme blanc, un bois disponible sur place, non-poli et grossier, mais puissant[37]. L’adoption de cette arme par les Gallois date de la fin du XIIe siĂšcle : en 1182, au siĂšge de Abergavenny, une flĂšche galloise s’enfonce de 4 pouces (plus de 10 cm) dans une porte en chĂȘne[38] - [39] et en 1188, Guillaume II de Briouze, un chevalier anglo-normand combattant les Gallois, rapporte qu’une flĂšche a traversĂ© sa cotte de maille, son pourpoint, sa cuisse, sa selle et a finalement blessĂ© son cheval[40]. DĂšs lors, les Anglais savent que cette arme permet de percer les armures[41], et l’arc long est utilisĂ© en 1216 par les troupes anglaises lors de l’invasion de l’Angleterre par le futur Louis VIII de France.

Les Gallois Ă©vitent les batailles rangĂ©es et prĂ©fĂšrent mener une guerre d’escarmouches, harcelant l’armĂ©e adverse jusqu’à ce qu’elle finisse par repartir (les chevaliers fĂ©odaux ne venaient Ă©pauler leur suzerain que temporairement, au cours du service d’ost). En cas de bataille, ils cherchent Ă  Ă©voluer en terrain escarpĂ© ou marĂ©cageux oĂč l’efficacitĂ© de la cavalerie adverse est amoindrie.

À partir de 1277, Édouard Ier d’Angleterre est en guerre contre les Gallois et doit contrer leur tactique de guĂ©rilla. Pour cela, il recrute des archers gallois (jouant des rivalitĂ©s qui minent l’unitĂ© de ce peuple) qui, en tant que soudoyers, sont prĂ©sents aussi longtemps que la campagne dure, contrairement Ă  ses chevaliers[42]. Lors de la bataille d’Orewin Bridge, le , les piquiers gallois sont dispersĂ©s par les archers (Ă©galement gallois) au service de l’Angleterre, puis balayĂ©s par la cavalerie d’Édouard Ier.

Guerres d’Écosse

L’Angleterre prend part aux guerres d’indĂ©pendance de l’Écosse (1296 Ă  1357). Depuis 1296, profitant de la mort d’Alexandre III sans hĂ©ritier mĂąle et d’une tentative de prise de contrĂŽle par mariage, l’Angleterre considĂšre l’Écosse comme un État vassal. Cependant, les Écossais ont contractĂ© avec la France la Auld Alliance le et Robert Bruce (futur Robert Ier d’Écosse), lors de la bataille de Bannockburn en 1314, Ă©crase la chevalerie anglaise, pourtant trĂšs supĂ©rieure en nombre, grĂące Ă  une armĂ©e essentiellement composĂ©e d’hommes d’armes Ă  pied protĂ©gĂ©s des charges par un premier rang de piquiers[43]. Ces formations de piquiers peuvent ĂȘtre utilisĂ©es de maniĂšre offensive Ă  la maniĂšre des phalanges grecques (la formation serrĂ©e permet de cumuler l'Ă©nergie cinĂ©tique de tous les combattants qui peuvent renverser l'infanterie adverse) et ont disloquĂ© les rangs anglais leur infligeant une sĂ©vĂšre dĂ©faite.

Tirant les leçons des campagnes de Galles et d’Écosse, le roi Edouard Ier d’Angleterre instaure une loi qui incite les archers Ă  s’entraĂźner le dimanche en bannissant l’usage des autres sports ; les Anglais deviennent ainsi habiles au maniement de l’arc long. Le bois utilisĂ© est l’if (que l’Angleterre importe d’Italie et des PyrĂ©nĂ©es) qui a des qualitĂ©s mĂ©caniques supĂ©rieures Ă  l’orme blanc des arcs gallois : les performances sont ainsi amĂ©liorĂ©es. Cette arme plus puissante peut ĂȘtre utilisĂ©e en tir massif Ă  longue distance. Les Anglais adaptent leur maniĂšre de combattre en diminuant la cavalerie mais en utilisant plus d’archers et d’hommes d’armes Ă  pied protĂ©gĂ©s des charges par des pieux plantĂ©s dans le sol (ces unitĂ©s se dĂ©placent Ă  cheval mais combattent Ă  pied)[44] - [22].

Édouard III met en Ɠuvre cette nouvelle façon de combattre en soutenant Édouard Balliol contre les partisans de David II, le fils de Robert Bruce. Cette tactique leur permet de remporter plusieurs batailles importantes. L’utilisation tactique des archers s'amĂ©liore progressivement. À la bataille de Boroughbridge en 1322, les schiltrons Ă©cossais sont dispersĂ©s par la pluie de flĂšches dĂ©cochĂ©es par les archers gallois. À la bataille de Dupplin Moor en 1332, les archers sont dĂ©ployĂ©s sur les ailes, ce qui donne une formation en croissant et Ă©vite que les tirs arrivent de face et soient dĂ©viĂ©s par le profil des armures. Lors de la bataille de Halidon Hill en 1333, les archers adoptent des formations en V qui permettent encore davantage d’atteindre l’ennemi sur le flanc[45] - [46]. GrĂące Ă  cette campagne, Édouard III dispose d’une armĂ©e moderne et rodĂ©e aux nouvelles tactiques (il y a aussi expĂ©rimentĂ© la stratĂ©gie des chevauchĂ©es qui consiste Ă  piller le pays sur des distances Ă©normes grĂące Ă  une armĂ©e montĂ©e[44]), qui oblige l’ennemi Ă  l’attaquer et lui permet d’utiliser ses archers en position dĂ©fensive.

Guerre de Cent Ans

Bataille de Poitiers (1356) : la chevalerie française est taillĂ©e en piĂšces par les archers anglais Ă©quipĂ©s de l’arc long.
La bataille de Nájera d’aprùs les chroniques de Jean Froissart.

L’arc long est utilisĂ© par les Anglais tout au long de la guerre de Cent Ans. Il se rĂ©vĂšle particuliĂšrement efficace au cours de la premiĂšre phase du conflit. À la bataille de l’Écluse (1340), les archers anglais prennent le dessus sur les arbalĂ©triers gĂ©nois, utilisant des flĂšches Ă  pointes larges ou en croissant qui sectionnent les cordages et immobilisent les vaisseaux adverses, qui peuvent ensuite ĂȘtre abordĂ©s un Ă  un. La bataille de CrĂ©cy (1346) est un vĂ©ritable choc pour les Français : les arbalĂ©triers gĂ©nois sont complĂštement surclassĂ©s et la chevalerie est laminĂ©e par les archers anglais (les chevaux ne sont pas protĂ©gĂ©s et les armures sont encore largement faites de cottes de mailles). Lors de la bataille de Poitiers, voyant que les premiĂšres charges de cavalerie sont brisĂ©es par les archers et que les chevaux sont trop vulnĂ©rables aux flĂšches, Jean le Bon fait mettre pied Ă  terre Ă  ses hommes. La cavalerie anglaise exĂ©cute alors un mouvement tournant et charge les Français vulnĂ©rables, car dĂ©montĂ©s[47].

AprĂšs ces deux dĂ©sastres, Charles V dĂ©cide de ne plus combattre les Anglais en rase campagne et leur oppose la tactique de la terre dĂ©serte, laissant les chevauchĂ©es dĂ©vaster le pays : Ă  chaque chevauchĂ©e, le roi ordonne aux campagnards de se rĂ©fugier dans les villes avec toutes leurs rĂ©serves. Plus les Anglais avancent dans les terres, plus leur ravitaillement est difficile ; harcelĂ©s par des Français qui leur tendent de nombreuses embuscades, leurs effectifs sont vite rĂ©duits Ă  nĂ©ant et de nombreux chefs anglais de renom sont obligĂ©s de se replier afin d’éviter le dĂ©sastre (Jean de Lancastre, le Prince noir, Robert Knolles et Édouard III lui-mĂȘme sont victimes de cette stratĂ©gie de Charles V)[48]. Les rares batailles rangĂ©es terrestres contre les Anglais de cette pĂ©riode, comme la bataille de NĂĄjera (oĂč les 3 000 archers anglais laminent les arbalĂ©triers et la cavalerie lĂ©gĂšre espagnole) ou la bataille d’Auray, se soldent par des dĂ©faites françaises. Charles V rĂ©organise l’armĂ©e, sous le commandement de chefs expĂ©rimentĂ©s et fidĂšles (comme Bertrand Du Guesclin et son cousin Olivier de Mauny) et livre une guerre de siĂšge. Il tente bien de combler le retard pris sur les Anglais en archerie et encourage Ă  son tour les concours de tir Ă  l’arc mais l'entraĂźnement et la sĂ©lection des tireurs sont trĂšs longs c'est pourquoi il engage aussi de nombreux arbalĂ©triers entre 1364 et 1369[49], Mais il ne prend pas le risque d'affrontements de masse et les utilise surtout dans une guerre de position. Les victoires de Cocherel, de Pontavelain, de Montiel, de ChizĂ© montrent l'efficacitĂ© de l'armĂ©e française rĂ©organisĂ©e de mĂȘme que la faiblesse des grands archers dans le combats au corps Ă  corps.Ainsi, entre 1369 et 1375, les Français reprennent aux Anglais la quasi-totalitĂ© des concessions faites et des terres possĂ©dĂ©es par l’ennemi avant mĂȘme le dĂ©but de la guerre, Ă  l’exception de Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux, Bayonne, ainsi que de quelques forteresses dans le Massif central[50].

À la faveur de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons qui dĂ©chire le royaume de France aprĂšs 1405, Henri V d’Angleterre reprend les hostilitĂ©s. L’arc long joue de nouveau un rĂŽle dĂ©cisif Ă  la bataille d’Azincourt (1415) oĂč la cavalerie lourde française dĂ©montĂ©e est massacrĂ©e par des pluies de flĂšches provenant des archers anglais, malgrĂ© des armures de plaques de plus en plus couvrantes. Pour essayer d’équilibrer les forces, le futur Charles VII fait appel, avec des fortunes diverses, Ă  des archers Ă©cossais, qui sont notamment massacrĂ©s Ă  la bataille de Verneuil (1424).

La bataille de Formigny : les archers anglais doivent se dĂ©couvrir pour neutraliser l’artillerie française et donnent prise Ă  une charge de cavalerie lourde sur leur flanc.

En 1429, Jeanne d’Arc fait charger la cavalerie avant que les archers aient pu se retrancher derriĂšre des pieux et remporte une victoire dĂ©cisive Ă  la bataille de Patay. Charles VII crĂ©e les compagnies d’ordonnance et les francs-archers pour disposer d’une infanterie capable de rivaliser avec les archers anglais. Mais surtout, en fin de conflit, l’arc long est surclassĂ© par l’artillerie de campagne. Du fait de la portĂ©e supĂ©rieure des canons, les archers ne peuvent plus ĂȘtre exploitĂ©s dĂ©fensivement : Ă  la bataille de Formigny, les archers doivent charger pour neutraliser deux couleuvrines, permettant aux renforts français de les attaquer de flanc[51]. L’impact de l’artillerie devient encore plus net en 1453 Ă  la bataille de Castillon, oĂč elle est employĂ©e massivement par les Français. Les archers, dĂ©jĂ  surclassĂ©s en portĂ©e, le deviennent aussi en puissance de tir Ă  bout portant, du fait de l’apparition des canons Ă  main : les Anglais, devant se ruer Ă  l’assaut, se font hacher par les tirs de mitraille[52].

Dans la derniĂšre phase du conflit, une stratĂ©gie de neutralisation des archers anglais, dont l’entraĂźnement est trĂšs long, est appliquĂ©e. CapturĂ©s, ils sont mis dĂ©finitivement hors d’état de combattre par amputation du majeur avant d’ĂȘtre rançonnĂ©s[53]. Ils prĂ©fĂšrent alors souvent mourir plutĂŽt que de se rendre et ĂȘtre mutilĂ©s[54]. Les archers anglais subissent de lourdes pertes lors des batailles de Patay, Formigny et Castillon et 90 % d’entre eux pĂ©rissent[31], ce qui contribue, en partie, Ă  la dĂ©faite de l’Angleterre. Cette stratĂ©gie est cependant aussi employĂ©e dans l’autre camp : les archers Ă©cossais qui ont participĂ© Ă  la bataille de Verneuil (1424) sont massacrĂ©s jusqu’au dernier.

Guerre des Deux-Roses

À la fin de la guerre de Cent Ans, le roi d’Angleterre Henri VI sombre dans la folie. Deux clans, les York et les Lancastre, vont s’entre-dĂ©chirer pour le contrĂŽle de la couronne de 1455 Ă  1485. Les archers sont les principaux acteurs des batailles mettant aux prises les deux partis. Ils forment l’épine dorsale des armĂ©es des deux camps, mais leur prĂ©sence ne suffit pas Ă  garantir la victoire comme au dĂ©but de la guerre de Cent Ans. Les belligĂ©rants sachant depuis la bataille de Shrewsbury en 1403 que les duels massifs d’archers longs conduisent Ă  des massacres avec de fortes pertes des deux cĂŽtĂ©s, la stratĂ©gie est donc de contraindre l’adversaire Ă  attaquer, ce qui n’est pas toujours Ă©vident car, contrairement aux Français Ă  CrĂ©cy, il peut riposter avec ses propres archers et n’est pas obligĂ© de venir au contact[55]. À la bataille de Blore Heath, en 1459, le parti d’York simule une retraite pour faire charger les Lancastriens et remporte la victoire en usant dĂ©fensivement de leurs archers[56] - [57]. Le , ce sont les Lancastriens, en infĂ©rioritĂ© numĂ©rique, qui remportent la victoire Ă  la bataille de Northampton en utilisant leurs archers en position dĂ©fensive. En 1461, Ă  Towton, les Lancastriens subissent une sĂ©vĂšre dĂ©faite car leurs archers ont le vent de face et sont gĂȘnĂ©s par la neige : les pertes des deux cĂŽtĂ©s sont trĂšs lourdes, entre 28 000 et 40 000 combattants selon les sources[58] - [56]. Le , Ă  la bataille de Tewkesbury, les Lancastriens attaquent car ils subissent un violent tir d’artillerie, mais leur manƓuvre de contournement Ă©choue et c’est encore une fois l’armĂ©e qui est en position dĂ©fensive qui emporte la victoire[59].

Le déclin

L’arc long est de plus en plus supplantĂ© par l’arquebuse qui compense sa faible cadence de tir par la possibilitĂ© d’un tir roulant et tendu, utilise des projectiles plus lĂ©gers, donc plus faciles Ă  transporter en nombre, et dont l’usage ne nĂ©cessite pas une formation longue, ce qui permet de renouveler facilement les effectifs en cas de pertes[60]. Les francs-archers sont dissous par Louis XI Ă  la suite de la bataille de Guinegatte en 1479[61] : manquant de cohĂ©sion, ils ont Ă©tĂ© vaincus par les archers anglais et les arquebusiers allemands employĂ©s par le duc de Bourgogne. En 1567, Charles IX remplace dans son armĂ©e l’arc et l’arbalĂšte par l’arquebuse[62].

Alors que l’arc disparaĂźt progressivement des armĂ©es europĂ©ennes, oĂč il est remplacĂ© par l’arquebuse, puis le mousquet, l’Angleterre en garde l’usage, quoique de maniĂšre moins massive jusqu’à la fin du XVIe siĂšcle. Si l’arquebuse a de meilleurs pouvoirs perforant et vulnĂ©rant Ă  travers une armure Ă  grande distance, sa portĂ©e est moindre et sa cadence de tir est trĂšs lente. L’arc reste pour un temps un appoint intĂ©ressant pour les Anglais qui ont de nombreux archers de qualitĂ© dĂ©jĂ  formĂ©s, mais leur proportion diminue dans les effectifs. En 1577, il est interdit aux archers anglais d’apprendre l’usage des armes Ă  feu[63]. Mais Ă  mesure que les armes Ă  feu progressent en portĂ©e, prĂ©cision et cadence, le rĂŽle des archers se marginalise et, en 1589, le Parlement dĂ©cide qu'ils n’ont plus leur place dans les compagnies. En 1595 enfin, les archers sont convertis en piquiers et arquebusiers[63].

Impact social

Yvain secourant la damoiselle. Enluminure tirĂ©e d’une version de Lancelot du Lac du XVe siĂšcle. Le chevalier doit avoir un comportement loyal, le combat est l’occasion de justifier son statut social.
Richard II d’Angleterre rencontre les insurgĂ©s arrivĂ©s devant Londres durant la rĂ©volte des paysans : Chroniques de Jean Froissart.

Le XIVe siĂšcle est marquĂ© par la crise du modĂšle fĂ©odal. Durant la guerre de Cent Ans, la sociĂ©tĂ© Ă©volue profondĂ©ment. Cette Ă©volution sociale est largement multi-factorielle et l’utilisation massive de l’arc long fait partie des facteurs poussant Ă  cette Ă©volution.

Au Bas Moyen Âge, et jusqu’au XIVe siĂšcle, les chevaliers sont les maĂźtres incontestĂ©s des champs de bataille : grĂące aux Ă©triers et aux selles profondes, ils chargent lance Ă  l’horizontale, ce qui leur confĂšre avec l’inertie de leur destrier une puissance dĂ©vastatrice considĂ©rable[64] - [65]. Dans la sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale, la noblesse doit conjuguer richesse et pouvoir avec bravoure sur le champ de bataille ; vivant du labeur paysan, le maĂźtre se doit de manifester sa largesse en entretenant la masse de ses dĂ©pendants[66]. L’Église a ƓuvrĂ© pour canaliser les chevaliers-brigands dĂšs la fin du Xe siĂšcle. À partir du concile de Charroux en 989, les hommes en armes sont priĂ©s de mettre leur puissance au service des pauvres et de l’Église et deviennent des milites Christi (Soldats du Christ)[67]. Depuis le XIIIe siĂšcle, le roi de France avait pu faire admettre l’idĂ©e que son pouvoir de droit divin lui permettait de crĂ©er des nobles[68]. La noblesse se diffĂ©rencie donc du reste de la population par son sens de l’honneur et doit faire montre d’esprit chevaleresque, protĂ©ger le peuple et rendre justice en prĂ©servant un certain confort matĂ©riel. Elle doit justifier son statut social sur le champ de bataille : l’adversaire doit ĂȘtre vaincu face Ă  face dans un corps Ă  corps hĂ©roĂŻque. Cette volontĂ© de briller sur les champs de bataille est accrue par l’habitude de l’époque de faire des prisonniers et de monnayer leur libĂ©ration contre rançon. La guerre devient donc trĂšs lucrative pour les bons combattants et les risques d’ĂȘtre tuĂ©s sont donc amoindris pour les autres[69]. C’est pour cela que, lors des batailles de Bannockburn, de CrĂ©cy, de Poitiers ou d’Azincourt, la chevalerie charge d’une maniĂšre si irrationnelle selon le jugement contemporain[70].

À l’inverse de cette noblesse dans le combat, arcs et arbalĂštes sont considĂ©rĂ©s comme des armes diaboliques et l’Église tente de les interdire au IIe concile du Latran en 1139. Cependant, elles ne disparaissent jamais complĂštement des champs de bataille et sont remises au goĂ»t du jour durant les Croisades. L’utilisation en masse des archers porte atteinte Ă  la fonction sociale de la noblesse (dont sont issus les hauts dignitaires ecclĂ©siastiques), dont l’importance sur le champ de bataille diminue au profit de roturiers. Durant la guerre de Cent Ans, de nombreuses rĂ©voltes paysannes et bourgeoises ont lieu en Angleterre (RĂ©volte des paysans) et en France (Jacqueries). En Angleterre, la formation de toute la population au maniement de l’arc est mĂȘme une menace : durant la rĂ©volte des paysans anglais de 1390, ce sont 100 000 paysans qui menacent Londres. L’ordre social fĂ©odal est menacĂ© : cette rĂ©volte est rĂ©primĂ©e dans le sang, tout comme les Jacqueries. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en France, sous Charles VI, la noblesse demande et obtient la suppression des archers formĂ©s aprĂšs dĂ©cision de Charles V[60], ce qui vaut aux Français d’ĂȘtre Ă  nouveau surclassĂ©s par les archers anglais Ă  la bataille d’Azincourt.

Le personnage de Robin des Bois, archer anglais mythique, se façonne au XIVe siÚcle dans un contexte de revendication sociale de la paysannerie libre et de la petite noblesse anglaise.

Le mythe de Robin des Bois hĂ©ros, s'opposant au pouvoir arbitraire, avec l'arme du peuple, s'intĂšgre dans ce contexte (de maniĂšre similaire Ă  Guillaume Tell, l'arbalĂ©trier suisse). D'aprĂšs les travaux de Rodney Howard Hilton, il naĂźt dans la tradition orale populaire anglaise au XIIIe siĂšcle, mais le personnage se façonne trĂšs nettement au XIVe siĂšcle[71]. Il dĂ©fend alors les paysans contre le shĂ©rif et l'abbĂ©. Or, Ă  l'Ă©poque, le problĂšme est de savoir si les paysans en procĂšs ont le statut de paysan libre ou de serf, car dans le deuxiĂšme cas, prestations et corvĂ©es pouvaient leur ĂȘtre imposĂ©es Ă  merci[72]. Le shĂ©rif est celui Ă  l'Ă©poque qui reprĂ©sente la force publique, donc la loi et l'impĂŽt. Dans un contexte oĂč, aprĂšs la Grande peste de 1350, le paysan devient rare donc prĂ©cieux et qu'il se met Ă  revendiquer une place plus importante dans la sociĂ©tĂ©, le shĂ©rif devient l'ennemi principal. Cependant, alors que le prix des produits agricoles et les salaires montent du fait de la rarĂ©faction de la main d'Ɠuvre, ces derniers sont bloquĂ©s arbitrairement par le Statut des laboureurs votĂ© par le Parlement anglais en 1351[73], ce qui entraĂźne un fort mĂ©contentement. Le contentieux avec les abbĂ©s vient de ce qu'ils sont de gros propriĂ©taires terriens et qu'ils appliquent leur pouvoir de maniĂšre souvent divergente avec l'Ă©thique chrĂ©tienne qu'ils sont censĂ©s dĂ©fendre[72]. De plus, le crĂ©dit de l'Église est fortement atteint du fait du Grand Schisme d'Occident et des prĂ©dications des lollards qui battent la campagne en diffusant les thĂšses religieuses Ă©galitaristes de John Wyclif[74]. Il n'est donc pas Ă©tonnant que les clercs soient, avec le shĂ©rif, les principales cibles de la satire populaire. Au sein des archers anglais, les diffĂ©rentes classes sociales combattent cĂŽte Ă  cĂŽte (Ă  des grades certes diffĂ©rents)[6] et il est rĂ©vĂ©lateur que Robin des Bois utilise cette arme Ă©galitaire. Plus rĂ©cemment, des mĂ©diĂ©vistes ont mis de l'avant le rĂŽle de la petite noblesse anglophone (gentry) dans la constitution du mythe. Elle formait la principale audience des ballades et la crise de la fĂ©odalitĂ© a Ă©tĂ© pour elle une pĂ©riode de perte de pouvoir par rapport Ă  la grande aristocratie francophone (l'anglais ne devient langue officielle qu'en 1360)[75]. En Angleterre, ces forces sociales sortent renforcĂ©es Ă  la Renaissance, alors que le Parlement anglais et le protestantisme (dont Wyclif est un prĂ©curseur) deviennent prĂ©dominants.

Utilisation contemporaine

Royal Company of Archers : cette association fondĂ©e en 1676 fournit les gardes du corps (cĂ©rĂ©moniaux) de la reine d'Angleterre lors de ses voyages en Écosse.

L'arc droit anglais faisant partie du patrimoine historique des Îles Britanniques, de nombreuses initiatives associatives (telles que la Royal Company of Archers[76] fondĂ©e en 1676 ou la British Long-Bow Society[77] fondĂ©e en 1951) ont permis de perpĂ©tuer son usage.

Durant la Seconde Guerre mondiale (en mai 1940) le lieutenant-colonel John Malcolm Thorpe Fleming Churchill (dit Jack Churchill), officier excentrique qui avait pour habitude de combattre en emportant un arc et une Ă©pĂ©e, abattit d'une flĂšche le sous-officier allemand commandant une patrouille lors d'une embuscade[78]; c'est le seul cas connu d’utilisation militaire d'un arc au cours du conflit.

Le longbow est utilisĂ© aujourd’hui principalement en tir sportif extĂ©rieur ou tir « nature », ou encore tir instinctif ; plus rarement par les chasseurs, car il demande une pratique importante et ne permet pas les longues sĂ©ances de visĂ©e. Il sĂ©duit les tireurs recherchant un rapport trĂšs direct avec leur arme plutĂŽt que la prĂ©cision : sa constitution d'une seule piĂšce lui donne la prĂ©fĂ©rence de puristes. En effet, son tenant unique (sans Ă©crous de fixation ni poulies) en fait une arme qui met en valeur les qualitĂ©s instinctives naturelles du pratiquant. La fabrication Ă©tant artisanale, chaque arc est un exemplaire unique ayant ses rĂ©actions propres (les cernes et les nouures du bois varient Ă  chaque arc)[79].

Il existe encore quelques artisans fabriquant des longbows sur mesure. Sinon, le célÚbre fabricant Martin's en produit une gamme, ainsi que les héritiers de la fameuse marque « Howard Hill »[80]. Quelques fabricants asiatiques sont parvenus à faire leur place sur le marché avec des arcs relativement peu onéreux, mais de moins bonne facture.

Le choix du ou des bois utilisĂ©s dans la fabrication influence l'Ăąme de l’arc, mais aussi sa souplesse, sa rĂ©sistance et sa puissance. La seule concession faite Ă  la modernitĂ©, en dehors de l’emploi de colles et de rĂ©sines plus performantes, est l’utilisation de la fibre de verre dans le contre-collage des diffĂ©rentes couches de lames d’une seule piĂšce qui constituent l’arc[11].

Le plus fameux « grand chasseur » contemporain Ă  l'arc droit est Howard Hill (doublure d’Errol Flynn dans Les Aventures de Robin des Bois, la ressemblance physique entre les deux hommes Ă©tait frappante)[81]. Hill a fait sa renommĂ©e avec les chasses au grand fauve, armĂ© uniquement d'un arc droit de sa propre fabrication : il a plus de 2 000 prises Ă  son actif. En particulier, il a tuĂ© 3 Ă©lĂ©phants avec un longbow d’une force de 115 livres, au moyen d'une flĂšche de 1,04 m, afin de pouvoir atteindre le cƓur de l’animal[82]. Il a homologuĂ© plusieurs records, dont la capacitĂ© d'utiliser un arc de 172 livres[82] (les forces varient – en gĂ©nĂ©ral – de 40 Ă  80 livres, certains arcs atteignant 100, 120, voire exceptionnellement 140 livres).

Notes et références

  1. arc droit est l'appellation officielle adoptée par la Fédération internationale de tir à l'arc.
  2. (en) Mary Rose: The Ship - Armament - Page 6 of 10 - Bows The web site of The Mary Rose Trust.
  3. Gilles Bongrain, « Portrait de l’archer Ă  l’époque d’Azincourt », Moyen Âge hors sĂ©rie, Heimdal, no 22,‎ juin-juillet-aoĂ»t 2007, p. 17.
  4. Gilles Bongrain, « Portrait de l’archer Ă  l’époque d’Azincourt », Moyen Âge hors sĂ©rie, Heimdal, no 22,‎ juin-juillet-aoĂ»t 2007, p. 16.
  5. « Compagnie des routiers »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  6. Gilles Bongrain, Les archers médiévaux, Saint-EgrÚve, Primitive, , 100 p. (ISBN 978-2-35422-115-7, OCLC 493404988, BNF 41179305), p. 14.
  7. Gilles Bongrain, « Portrait de l’archer Ă  l’époque d’Azincourt », Moyen Âge hors sĂ©rie, Heimdal, no 22,‎ juin-juillet-aoĂ»t 2007, p. 18.
  8. (en) The Ship - Armament - Page 7 - Bows The Mary Rose.
  9. Gilles Bongrain, « Portrait de l’archer Ă  l’époque d’Azincourt », Moyen Âge hors sĂ©rie, Heimdal, no 22,‎ juin-juillet-aoĂ»t 2007, p. 19-21.
  10. (en) English longbow - Usage spiritus-temporis.com.
  11. Gery Bonjean et Emmanuel Martin, Arcs : fabrication des arcs primitifs, Saint-Egrùve (11 rue du Pont-noir, 38120, Émotion primitive, , 176 p. (ISBN 978-2-914123-04-4).
  12. Robert Bourdu, « L’if - un bois qui rĂ©pandit la terreur », sur Les Archers du Genevois.
  13. Strickland et Hardy 2005, p. 18, Appendix 408–418.
  14. Gilles Bongrain, « Portrait de l’archer Ă  l’époque d’Azincourt », Moyen Âge hors sĂ©rie, Heimdal, no 22,‎ juin-juillet-aoĂ»t 2007, p. 25.
  15. Gilles Bongrain, « Les performances du longbow Ă  l’époque d’Azincourt », Moyen Âge hors sĂ©rie, Heimdal, no 25,‎ juin-juillet-aoĂ»t 2007, p. 23.
  16. Gilles Bongrain, « Les performances du longbow Ă  l’époque d’Azincourt », Moyen Âge hors sĂ©rie, Heimdal, no 25,‎ juin-juillet-aoĂ»t 2007, p. 24.
  17. Gilles Bongrain, « Les performances du longbow Ă  l’époque d’Azincourt », Moyen Âge hors sĂ©rie, Heimdal, no 25,‎ juin-juillet-aoĂ»t 2007, p. 22.
  18. Jonathan Blair, The Battle of Crécy : myarmoury.
  19. (en) The 10 basic steps to shoot a longbow, Incomplete longbow guide.
  20. Utilisation du longbow traditionnel, p. 14 Archers du Genevois.
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  54. Ce serait l’origine du doigt d’honneur. Les Français en signe de provocation tendent le majeur, car son amputation rend impossible le tir Ă  l’arc. Les Anglais, eux, montrent l’index et le majeur (ce signe est devenu symbole de victoire) ou placent leur main dans la position de dĂ©cochage (majeur et annulaire pliĂ©s sous le pouce, index et auriculaire tendus) pour prouver qu’ils sont toujours aptes Ă  tirer. Ces signes de dĂ©fi, tournant Ă  l’insulte, ont persistĂ© dans les deux pays jusqu’à nos jours. Source : Pauline Edwards, Le tir Ă  l’arc au fil du temps SEEDPourquoi fait-on un 'doigt' d'honneur ? - Question RĂ©ponse Divers & Inclassables.. Cette hypothĂšse est cependant contestĂ©e « http://archives.stupidquestion.net/sq51100finger.html »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
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Voir aussi

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