Lollards
Les Lollards sont les membres ou sympathisants d'un mouvement de contestation religieuse et sociale, initié en Angleterre à la fin du XIVe siècle par le théologien John Wyclif[1], et poursuivi par son disciple John Ball. À ce titre, les lollards sont des précurseurs de la Réforme protestante. Accusés d'hérésie par les autorités de l'Église catholique, ils furent durement réprimés.
« De quel droit ceux qui s'appellent seigneurs, dominent-ils sur nous ? À quel titre ont-ils mérité cette position ? Pourquoi nous traitent-ils comme des serfs ? Puisque nous descendons des mêmes parents, Adam et Ève, comment peuvent-ils prouver qu'ils valent mieux que nous, si ce n'est qu'en exploitant nos labeurs, ils peuvent satisfaire leur luxe orgueilleux ? »
— John Ball
Henri Denis, dans son Histoire de la Pensée Économique, fait de la fameuse citation de John Ball la devise du mouvement des Lollards[2] :
« Alors qu'Adam bêchait et qu'Ève filait, où donc était le gentilhomme ? »
— John Ball
Origine du mot
Lollards semble venir du moyen allemand lollaert, dont la racine lullen signifie marmonner, chantonner à voix basse. Une autre hypothèse rattache ce nom à Walter Lollard, un prédicateur vaudois[3].
L'appellation de Lollards fut d'abord attribuée à certains groupes d'Europe continentale (Hollandais) suspectés de cacher des croyances hérétiques sous couvert de dévotion, mais après 1382, elle fut attribuée aux partisans de John Wyclif, auxquels elle resta attachée.
Histoire
Le premier groupe de Lollards se forme à Oxford autour de Nicolas Hereford, docteur en théologie. Le mouvement Lollard attire dans ses rangs des universitaires, des artisans, des marchands et même quelques lords, tel John Montagu.
- 1377 : les thèses de Wyclif sont condamnées par le Pape[1].
- 1381 : sans y participer, ils contribuent par leurs prédications à une révolte des paysans[1] dans le Sussex et le Kent. Nobles et clercs sont massacrés. Londres est envahi. Cette révolte est durement réprimée par Richard II.
- 1382 : bible entière traduite, pour la première fois, dans la langue vernaculaire de l'Angleterre[1]. Les Lollards veulent la pratique d'une foi simple et « évangélique » : tout homme doit avoir le libre accès aux Écritures dans sa propre langue[1].
- 1384 : mort en disgrâce de Wyclif[1].
- 1395 : requête des Douze Conclusions demandant au parlement l'abolition du célibat des prêtres et du dogme de la transsubstantiation[1]; à ces revendications s'ajoutent l'abandon des prières pour les morts, des offrandes faites aux images, de la confession et de plusieurs autres pratiques considérées comme des abus de l’Église catholique romaine.
- 1399 : avènement d'Henri IV, vague de répression contre l'hérésie[1]. Thomas Arundel, l'archevêque de Cantorbéry est l'adversaire le plus déterminé des Lollards.
- 1401 : le décret De haeretico comburendo les condamne au bûcher. Le premier martyr Lollard, William Sawtrey, prêtre à Saint Syth’s de Londres, est brûlé le quelques jours après cet événement.
- 1414 : soulèvement lollard dirigé par John Oldcastle, rapidement écrasé par Henri V.
- 1417 : mort de Sir John Oldcastle. Les Lollards sont contraints à la clandestinité[1].
- 1440 : Exécution du dernier intellectuel ayant défendu publiquement les thèses lollardes[1]. Leur influence se maintient néanmoins dans les campagnes au-delà des années 1500.
Ce mouvement annonce certaines idées de la Réforme protestante notamment la traduction de la bible et dispose favorablement l'opinion à accueillir la séparation de l'Église d'Angleterre d'avec Rome, décidée par Henri VIII en 1534.
Littérature
- La révolte de 1381 est mise en scène par Shakespeare dans Richard II.
Voir aussi
Liens externes
Notes et références
- Joël Chandelier, L'Occident médiéval : D'Alaric à Léonard (400 - 1450), Éditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 700 p. (ISBN 978-2-7011-8329-9), chap. 10 (« Une crise du Moyen Âge ? (1300-1450) »), p. 526-528.
- Henri Denis, Histoire de la pensée économique, PUF, coll. « Quadrige », (ISBN 978-2-13-063025-8), p. 99.
- Dictionnaire des hérésies, des erreurs et des schismes, ou Mémoires pour servir à l'histoire des égaremens de l'esprit humain par rapport à la religion chrétienne, A. Royer, (lire en ligne)