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Bataille de Tewkesbury

La bataille de Tewkesbury a lieu le au confluent de l'Avon et de la Severn, dans le Gloucestershire. Elle marque la fin d'une phase de la guerre des Deux-Roses et oppose une armĂ©e royale lĂ©gitime, comprenant 6 000 hommes de guerre, commandĂ©e par Marguerite d'Anjou, Ă©pouse d'Henri VI, Ă  celle, infĂ©rieure en nombre, de l'ancien roi Édouard IV d'Angleterre, chef de la maison d'York Ă  la rose blanche, rĂ©cemment dĂ©posĂ© par la maison de Lancastre Ă  la rose rouge.

Bataille de Tewkesbury
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille de Tewkesbury, miniature extraite de l'Histoire de la rentrée victorieuse du roi Édouard IV en son royaume d'Angleterre, 1471, bibliothèque de l'université de Gand.
Informations générales
Date
Lieu Tewkesbury (Gloucestershire, Angleterre)
Issue Victoire décisive de la Maison d'York
Forces en présence
5 000-6 000 hommes[1]6 000 hommes[2]
Pertes
inconnues2 000 morts[3]

Guerre des Deux-Roses

Batailles

CoordonnĂ©es 51° 59′ 11″ nord, 2° 09′ 41″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Angleterre
(Voir situation sur carte : Angleterre)
Bataille de Tewkesbury

PilonnĂ©e par l'artillerie de bombardes yorkiste, l'aile droite lancastrienne commandĂ©e par le duc de Somerset quitte ses positions, puis passe Ă  l'offensive sur le flanc gauche commandĂ© par le jeune duc de Gloucester, frère d'Édouard. Mais elle est repoussĂ©e par une forte rĂ©sistance ennemie, puis taillĂ©e en pièces par une attaque surprise de la cavalerie adverse d'Édouard, qui, renforcĂ©e par les troupes mobiles du duc de Gloucester, cause la dispersion des combattants royaux. L'armĂ©e des Lancastre prend alors la fuite, laissant plus de 2 000 morts sur le champ de bataille, et Édouard IV remporte une victoire dĂ©cisive.

La maison de Lancastre n'a plus d'espoir de reprendre le trône d'Angleterre. Édouard de Westminster, prince de Galles et seul héritier de la maison de Lancastre, a été tué lors des combats. De nombreux captifs, dont le duc de Somerset, sont exécutés à l'issue de la bataille. Marguerite d'Anjou est faite prisonnière. Henri VI, mentalement inapte et incarcéré à la tour de Londres, meurt, sans doute assassiné, quelques semaines plus tard. Marguerite d'Anjou, captive désormais inutile, est libérée contre rançon en 1476. La victoire du clan yorkiste, se saisissant de la couronne, restaure une stabilité politique précaire sur l'Angleterre jusqu'à la mort d'Édouard IV en 1483.

Restauration d'Henri VI

Richard Neville, comte de Warwick, ancien compagnon d'armes et favori du roi Édouard IV d'Angleterre, s'est brouillé avec lui et a fomenté avec l'aide de Georges, duc de Clarence et frère cadet d'Édouard, une révolte qui a échoué à la suite de la bataille de Losecoat Field le . Tous deux ont été déclarés traîtres et forcés de fuir en France, où ils sont accueillis à la cour du roi Louis XI. Le seul espoir du comte de Warwick de récupérer son influence est désormais de restaurer Henri VI d'Angleterre sur le trône. Louis XI, craignant une alliance entre Édouard IV et Charles le Téméraire, est prêt à apporter son soutien au comte mais celui-ci doit obtenir l'assentiment de la reine Marguerite d'Anjou, épouse d'Henri VI, pour légitimer sa cause. Richard Neville et Marguerite sont d'anciens ennemis jurés mais Louis XI et John Fortescue, conseiller de Marguerite, persuadent celle-ci de se réconcilier avec Neville. Richard Neville demande à genoux et obtient le pardon de la reine lors d'une entrevue à Angers. Édouard de Westminster, fils et héritier d'Henri VI, est fiancé à Anne Neville, la fille du comte de Warwick. Leur mariage sera célébré à Amboise le [4]. Richard Neville jure sa loyauté à Henri VI sur un fragment de la Vraie Croix dans la cathédrale Saint-Maurice d'Angers. Marguerite refuse cependant de débarquer en Angleterre, ou de laisser débarquer son fils, tant que Neville n'a pas établi un gouvernement et rendu le pays sûr[5].

Le comte de Warwick débarque dans le West Country le avec le duc de Clarence et plusieurs nobles fidèles aux Lancastre, dont John de Vere, comte d'Oxford, et Jasper Tudor, comte de Pembroke. Édouard IV fait route vers le sud pour affronter Richard Neville mais apprend que son frère John Neville, marquis Montagu, qui lui était demeuré loyal jusqu'ici, a changé de camp à la tête d'une grande armée dans le Nord de l'Angleterre. Voyant que sa cause est perdue, Édouard IV fuit à King's Lynn, d'où il embarque pour le continent. Il se réfugie en Bourgogne en compagnie de son plus jeune frère, Richard, duc de Gloucester, et de quelques fidèles. À Londres, Richard Neville libère Henri VI et le restaure en tant que roi d'Angleterre. Toutefois, sa position demeure précaire car son alliance avec Louis XI et son intention de déclarer la guerre à la Bourgogne menace le commerce avec la Flandre et est donc contraire aux intérêts des riches marchands. De son côté, Georges, privé de ses espoirs d'accéder au trône par la restauration de la lignée des Lancastre, se réconcilie secrètement avec son frère Édouard IV[6].

Retour d'Édouard IV et mort de Richard Neville

Charles le TĂ©mĂ©raire fournit Ă  Édouard IV 50 000 florins, des navires et plusieurs centaines d'hommes. Édouard part du port de Flessingue le avec 36 navires et 1 200 hommes[7]. Il dĂ©barque brièvement Ă  Cromer mais dĂ©couvre que le duc de Norfolk, qui devait le soutenir, n'est pas au rendez-vous et que le comte de Warwick contrĂ´le la rĂ©gion. Il accoste le 14 mars Ă  Ravenspurn, près de l'embouchure de l'Humber, dans des conditions difficiles car sa flotte est dispersĂ©e par le mauvais temps et ses hommes dĂ©barquent par petits groupes et Ă  plusieurs endroits[8]. Édouard IV se dirige vers le sud du pays et Ă©chappe Ă  l'armĂ©e de John Neville près du château de Pontefract. Il atteint la ville de Warwick, oĂą il rassemble suffisamment de partisans pour se proclamer roi Ă  nouveau. Richard Neville demande urgemment des renforts Ă  Marguerite d'Anjou, qui rassemble des troupes en France, et se rend Ă  Coventry pour barrer la route de Londres Ă  Édouard IV tandis que John Neville poursuit les forces de ce dernier.

Édouard IV sait toutefois que son frère Georges s'apprête à trahir Richard Neville pour passer dans son camp et se dirige à marche forcée vers l'ouest afin d'opérer sa jonction avec ses troupes. Le duc de Clarence rejoint son aîné dans le Gloucestershire et appelle le comte de Warwick à se rendre mais ce dernier refuse de parlementer avec lui. Les troupes d'Édouard se dirigent rapidement sur Londres, poursuivies par les armées des frères Neville. Londres est censée être défendue par Edmond Beaufort, duc de Somerset, mais celui-ci est absent à l'arrivée d'Édouard IV et la ville lui ouvre ses portes. Henri VI est alors de nouveau emprisonné dans la tour de Londres[9]. Édouard se prépare ensuite à affronter l'armée des Neville et les deux armées se rencontrent le 14 avril à la bataille de Barnet. Au cours d'un combat confus dans un épais brouillard, une partie des troupes des Neville en attaque d'autres par erreur et toute l'armée se débande en croyant à une trahison. Richard et John Neville sont tous les deux tués lors de cette déroute.

Campagne de Tewkesbury

Pendant ce temps, Marguerite d'Anjou, pressée d'agir par Louis XI, embarque pour l'Angleterre le 24 mars avec son fils Édouard. Mais des tempêtes obligent sa flotte à regagner plusieurs fois les côtes françaises et elle ne débarque finalement à Weymouth que le jour même de la bataille de Barnet. Le duc de Somerset apprend à Marguerite la nouvelle de la défaite de Richard Neville alors qu'elle campe à l'abbaye de Cerne. Marguerite envisage alors de retourner en France mais le prince Édouard la persuade de livrer bataille[10]. Edmond Beaufort et Jean de Courtenay, comte de Devon, ont levé une armée dans le West Country et leur meilleur espoir de vaincre les Yorkistes est de rejoindre les forces de Jasper Tudor qui se trouvent au pays de Galles. Une flotte commandée par Thomas Neville, un cousin de Richard Neville, se prépare de son côté à débarquer dans le Kent, où la famille Neville a toujours été populaire.

À Londres, Édouard IV a appris l'arrivée de Marguerite d'Anjou deux jours après son débarquement. Bien qu'il ait laissé repartir bon nombre de ses partisans après sa victoire à Barnet, il rassemble rapidement des forces substantielles à Windsor. Malgré les feintes des Lancastriens qui tentent de lui faire croire qu'ils vont marcher directement sur Londres, Édouard IV part vers l'ouest du pays quelques jours plus tard. Le 30 avril, l'armée de Marguerite atteint Bath avant de se détourner brièvement de son chemin pour obtenir des armes, des renforts et de l'argent de la ville de Bristol[11]. Le même jour, Édouard IV arrive à Cirencester et, apprenant que Marguerite est à Bristol, part aussitôt à sa rencontre. Mais une partie des troupes lancastriennes occupent Sodbury Hill, une colline fortifiée datant de l'âge du fer à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Bristol, et les éclaireurs yorkistes subissent de lourdes pertes lorsqu'ils atteignent cette colline. Croyant que les Lancastre sont sur le point de livrer bataille, Édouard IV fait halte afin que les traînards rejoignent le corps principal de son armée. Les Lancastriens en profitent pour faire rapidement mouvement vers le nord en passant de nuit à moins de cinq kilomètres de l'armée yorkiste. Au matin du 2 mai, ils sont en sécurité au château de Berkeley avec plus de vingt kilomètres d'avance sur les Yorkistes[12].

Édouard IV se rend compte que les Lancastriens cherchent à traverser la Severn pour passer au pays de Galles et que le plus proche point de passage qu'ils peuvent utiliser est à Gloucester. Il envoie un message urgent au gouverneur de la ville, Richard Beauchamp, lui donnant l'ordre de fermer les portes de Gloucester à Marguerite et de se tenir prêt à défendre la ville. Quand les Lancastriens arrivent devant Gloucester au matin du 3 mai, Beauchamp refuse de les laisser passer et Marguerite comprend qu'elle n'a pas suffisamment de temps pour s'emparer de la ville avant l'arrivée d'Édouard IV. Ses troupes se dirigent alors à marche forcée sur Tewkesbury, à seize kilomètres de Gloucester, pour atteindre le pont de Upton-upon-Severn, encore onze kilomètres plus loin. L'armée d'Édouard IV parcourt cinquante kilomètres, passant à Cheltenham en fin d'après-midi. La journée est très chaude et les deux armées sont épuisées. Les Lancastriens sont forcés d'abandonner une partie de leur artillerie, qui est capturée par les renforts yorkistes venant de Gloucester[12].

Les Lancastriens font halte pour la nuit à Tewkesbury car la plupart de leurs hommes sont des fantassins et ne peuvent pas continuer leur route sans prendre du repos. L'armée yorkiste est en revanche constituée en majeure partie de troupes montées. Renseigné par ses éclaireurs sur la position de l'armée adverse, Édouard IV fait faire à ses troupes une nouvelle marche de dix kilomètres depuis Cheltenham, s'arrêtant finalement à moins de cinq kilomètres des Lancastriens. Ceux-ci savent qu'ils ne pourront pas faire retraite sans être attaqués par l'arrière et qu'ils sont donc forcés de livrer bataille.

Bataille

L'abbaye de Tewkesbury.

Le matin du 4 mai, les Lancastriens prennent une position dĂ©fensive au sud de Tewkesbury avec l'Avon et la Severn derrière eux. L'abbaye de Tewkesbury se trouve juste derrière le centre de leur armĂ©e. Marguerite d'Anjou a passĂ© la nuit dans la ferme de Gobes Hall avant de trouver refuge dans un sanctuaire religieux le jour de la bataille[13]. La force principale des positions lancastriennes leur est fournie par la nature du sol devant eux, constituĂ© de haies, de bois et de talus, particulièrement sur leur aile droite. L'armĂ©e lancastrienne compte environ 6 000 hommes[2]. Elle est organisĂ©e en trois corps de bataille. L'aile droite est commandĂ©e par Edmond Beaufort. Un ruisseau, le Colnbrook, s'Ă©coule au milieu de ses positions, ce qui rend certains dĂ©placements difficiles. Le centre lancastrien est commandĂ© par John Wenlock, qui a rejoint le camp yorkiste après la première bataille de St Albans en 1455 avant de repasser du cĂ´tĂ© des Lancastre quand Richard Neville a fait dĂ©fection. Le prince Édouard de Westminster est Ă©galement prĂ©sent au centre. L'aile gauche est dirigĂ©e par Jean de Courtenay. Une petite rivière, la Swilgate, protège son flanc avant que son cours ne rejoigne l'Avon devant ses positions[2].

L'armĂ©e yorkiste, lĂ©gèrement infĂ©rieure en nombre, compte de 3 500[1] Ă  5 000 hommes[2] selon les estimations. Son aile droite est commandĂ©e par William Hastings, l'un des plus fidèles partisans d'Édouard IV. Celui-ci commande le centre de son armĂ©e, dans lequel son frère Georges, duc de Clarence, est Ă©galement prĂ©sent. Édouard place Ă  la tĂŞte de son aile gauche son frère Richard, duc de Gloucester, qui est âgĂ© de seulement 18 ans mais s'est rĂ©vĂ©lĂ© un commandant très compĂ©tent Ă  Barnet et qu'Édouard prĂ©fère placer face Ă  Edmond Beaufort[14]. Le roi prend une autre dĂ©cision tactique importante en donnant l'ordre Ă  200 lanciers montĂ©s d'occuper le bois Ă©pais situĂ© Ă  sa gauche afin d'empĂŞcher les Lancastriens de l'attaquer depuis cet endroit et d'agir de leur propre initiative s'ils ne sont pas attaquĂ©s dans les bois[2].

Édouard IV et ses troupes forçant l'entrée de l'abbaye de Tewkesbury, par Richard Burchett (1867).

Édouard IV avance vers les positions lancastriennes mais le terrain est si accidenté qu'il lui est difficile de lancer une attaque en ordre de bataille. Ses archers et son artillerie font alors pleuvoir sur les Lancastriens un déluge de flèches et de boulets de canons. Les Yorkistes ont en effet plus d'artillerie que leurs adversaires et sont certainement plus compétents dans son utilisation[15]. Le duc de Somerset, en voulant échapper à ce bombardement ou bien en voyant une occasion de prendre à revers le corps de bataille d'Édouard IV, mène ses hommes à l'attaque du flanc gauche du roi. Surprises, les troupes yorkistes résistent néanmoins avec acharnement et repoussent leurs assaillants à travers les haies et les talus. Au moment crucial, les 200 cavaliers qu'Édouard IV avait envoyé dans les bois attaquent le duc de Somerset sur son flanc droit et par l'arrière, alors que le corps de bataille du duc de Gloucester se joint également au combat.

Le corps de bataille d'Edmond Beaufort est mis en dĂ©route et la plupart de ses hommes sont massacrĂ©s alors qu'ils tentent de fuir. La prairie qui borde les deux cĂ´tĂ©s du Colnbrook est connu depuis ce jour sous le nom de « prĂ© sanglant » (Bloody Meadow)[15]. Edmond Beaufort va trouver John Wenlock et lui demande pourquoi son corps de bataille ne l'a pas soutenu. Selon les rĂ©cits de l'Ă©poque, il n'attend pas sa rĂ©ponse et le tue d'un coup de hache dans la tĂŞte[16] avant de se rĂ©fugier dans l'abbaye de Tewkesbury. Le moral de l'armĂ©e lancastrienne s'effondre et les hommes prennent la fuite mais la Swilgate devient alors un obstacle mortel et beaucoup se noient ou sont tuĂ©s par leurs poursuivants, Ă  l'instar de Jean de Courtenay. Entre 2 000[3] et 3 000 Lancastriens[16] selon les estimations pĂ©rissent lors de la bataille.

Marguerite d'Anjou faite prisonnière après la bataille de Tewkesbury par John Gilbert (1875).

Beaucoup de chevaliers et de nobles lancastriens trouvent refuge dans l'abbaye de Tewkesbury. Édouard IV accorde sa permission pour que le prince Édouard ainsi que d'autres nobles tués soient enterrés dans l'abbaye ou dans d'autres endroits de la ville sans que leurs corps ne soient équarris en tant que traîtres comme c'était alors la coutume. Néanmoins, deux jours après la bataille, le duc de Somerset et d'autres chefs de l'armée lancastrienne sont traînés hors de l'abbaye, et les ducs de Gloucester et de Norfolk les font exécuter après des simulacres de procès[17]. L'abbaye, qui n'était pas officiellement un sanctuaire[18], doit être à nouveau consacrée un mois après la bataille à la suite des violences s'y étant déroulées. Le 7 mai, Marguerite d'Anjou se rend à Édouard IV[19].

Plusieurs thĂ©ories existent en ce qui concerne la mort du prince Édouard. Il est gĂ©nĂ©ralement admis qu'il a Ă©tĂ© tuĂ© pendant la dĂ©route lancastrienne, version que corroborent les chroniqueurs yorkistes. NĂ©anmoins, cette opinion n'est pas unanimement partagĂ©e : Ă  partir du règne d'Henri VII, plusieurs chroniques prĂ©tendent que le prince est froidement assassinĂ© après la bataille. Paul Murray Kendall accepte la thĂ©orie selon laquelle le prince Édouard, blessĂ© pendant la bataille, est trouvĂ© près d'un bosquet par des hommes du duc de Clarence et immĂ©diatement dĂ©capitĂ©, malgrĂ© les supplications adressĂ©es par le prince[11]. Plusieurs dĂ©cennies après les Ă©vĂ©nements, les chroniques de Polydore Virgile et Édouard Hall suggèrent que le prince Édouard est capturĂ© par le chevalier Richard Croftes, qui convoite la rĂ©compense de 100 livres offerte par Édouard IV avant la bataille pour la capture ou la mort du prince. AmenĂ© dans la tente d'Édouard IV, le prince Édouard est interrogĂ© par ce dernier, qui lui demande pourquoi il a levĂ© une armĂ©e contre lui, ce Ă  quoi il lui rĂ©pond qu'il est venu recouvrer l'hĂ©ritage de son père. Ă€ ces mots, Édouard IV le gifle du revers de son gant, après quoi les autres personnes prĂ©sentes, Ă  savoir les ducs de Clarence et de Gloucester, ainsi que William Hastings et Thomas Grey, se jettent sur le prince Édouard et le tuent de leurs Ă©pĂ©es.

Conséquences

Sortie des gens d'Édouard IV contre les incendiaires dirigés sur Londres par Thomas Neville.

Édouard IV se rend Ă  Coventry pour y prendre des dispositions contre les forces de Jasper Tudor au pays de Galles et un soulèvement lancastrien dans le Yorkshire et donne Ă  son armĂ©e trois jours de repos[13]. Toutefois, les plus dangereuses des forces lancastriennes restantes sont celles qui sont sous le commandement de Thomas Neville. Celui-ci a dĂ©barquĂ© Ă  Sandwich et a rapidement recrutĂ© des troupes parmi les partisans des Neville du Kent. Ces troupes ajoutĂ©es aux exilĂ©s lancastriens et aux mercenaires de son armĂ©e constituent une force de 16 000 Ă  17 000 hommes[13]. Le 12 mai, il attaque Londres. Ses hommes brĂ»lent Southwark Bridge et une partie de la banlieue de Southwark mais sont repoussĂ©s au pont de Londres. Deux jours plus tard, il attaque Aldgate et Bishopsgate mais est Ă  nouveau repoussĂ© par les dĂ©fenseurs londoniens. En apprenant que l'armĂ©e d'Édouard IV s'approche, Thomas Neville bat en retraite sur Sandwich. Abattu par la nouvelle de la bataille de Tewkesbury et par la mort du prince Édouard, il se rend sans rĂ©sistance peu après. Il est emprisonnĂ© et exĂ©cutĂ© quatre mois plus tard, peut-ĂŞtre après une tentative d'Ă©vasion.

Édouard IV est accueilli triomphalement à Londres le 21 mai et parade dans les rues en exposant sa captive Marguerite d'Anjou derrière lui dans une charrette. Henri VI meurt à la tour de Londres durant la nuit du 21 au 22 mai. Il est annoncé officiellement qu'il est mort de chagrin en apprenant la nouvelle de la mort de son fils, mais il est plus probable qu'il a été assassiné sur l'ordre de Richard, duc de Gloucester[20], lui-même agissant sans doute comme intermédiaire d'Édouard IV[21]. Le duc de Gloucester se marie peu après avec Anne Neville, veuve du prince Édouard. L’Angleterre connaît la paix durant le reste du règne d'Édouard IV.

Avec la mort d'Edmond Beaufort et de son frère cadet Jean à Tewkesbury, la lignée mâle de la maison de Beaufort est éteinte. Marguerite Beaufort et son fils Henri Tudor demeurent les seuls représentants de cette famille liée par le sang aux Lancastre. Henri rejoint son oncle paternel Jasper Tudor au pays de Galles et vit en exil en Bretagne pendant le reste du règne d'Édouard IV. Marguerite se marie en 1472 avec Thomas Stanley, un partisan d'Édouard IV, et le poussera en 1485 à se retourner contre Richard III, devenu roi d'Angleterre en 1483 après la mort de son frère et avoir éliminé les deux fils de celui-ci, afin que son fils devienne roi sous le nom d'Henri VII.

Reconstitution de la bataille à l'occasion du festival médiéval de Tewkesbury.

Postérité

Une reconstitution de la bataille se dĂ©roule chaque annĂ©e au cours du festival mĂ©diĂ©val de Tewkesbury qui a lieu le deuxième week-end de juillet. Ce festival fondĂ© en 1984 est le plus important d'Europe de ce genre[22]. Ă€ sa crĂ©ation, le festival comportait une dizaine de stands et la bataille Ă©tait reconstituĂ©e par une centaine de participants mais il s'est dĂ©veloppĂ© avec les annĂ©es et comptait en 2002 environ 120 stands alors que 2 000 personnes participaient Ă  la reconstitution de la bataille[23]. Le groupe de medieval rock Schelmish s'est produit plusieurs fois sur scène Ă  l'occasion du festival[24]. En 2003, environ 25 000 personnes s'y sont rendues[25].

Deux sculptures en bois de m de haut commémorant la bataille ont été érigées en 2014 à l'initiative de la Tewkesbury Battlefield Society[26].

Références

  1. Weir 1996, p. 406.
  2. Warner 1972, p. 96.
  3. Weir 1996, p. 407.
  4. (en) Trevor Royle, The Road to Bosworth Field : A New History of the Wars of the Roses, Brown, , 496 p. (ISBN 978-0-316-72767-9), p. 323.
  5. Rowse 1966, p. 164.
  6. Rowse 1966, p. 166.
  7. Gravett 2003, p. 16.
  8. Gravett 2003, p. 29.
  9. Rowse 1966, p. 167.
  10. (en) Winston Churchill, A History of the English-Speaking Peoples, Cassell, (ISBN 0-304-29500-0), p. 346.
  11. Rowse 1966, p. 169.
  12. Warner 1972, p. 102.
  13. (en) « The Aftermath of Tewkesbury through the Surrender of the Bastard of Fauconberg », sur Richard III Society (consulté le ).
  14. Gravett 2003, p. 20-21.
  15. Warner 1972, p. 97.
  16. Warner 1972, p. 98.
  17. Gravett 2003, p. 82-85.
  18. Warner 1972, p. 99.
  19. Rowse 1966, p. 170.
  20. Rowse 1966, p. 170-171.
  21. (en) Alison Weir, Richard III and the Princes in the Tower, Random House, , 320 p. (ISBN 978-1-4735-2073-8 et 1-4735-2073-8, présentation en ligne).
  22. (en) « Stepping back in time in Tewkesbury », sur BBC (consulté le ).
  23. (en) « Off with their heads as fair becomes a festival », sur Cotswold Journal (consulté le ).
  24. (en) « German band heading for festival », sur Cotswold Journal (consulté le ).
  25. (en) « Medieval event needs more help », sur Cotswold Journal (consulté le ).
  26. (en) « Battle of Tewkesbury giant horse sculptures erected », sur bbc.com, .

Bibliographie

  • (en) Christopher Gravett, Tewkesbury 1471 : The Last Yorkist Victory, Osprey Publishing, , 96 p. (ISBN 978-1-84176-514-3).
  • (en) A. L. Rowse, Bosworth Field & the Wars of the Roses, Wordsworth Military Library, (ISBN 1-85326-691-4).
  • (en) Philip Warner, British Battlefields : The South, Fontana, (ISBN 0-00-633822-4).
  • (en) Alison Weir, The Wars of the Roses, Ballantyne, , 462 p. (ISBN 978-0-345-40433-6).

Liens externes

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