Aquaculture biologique
Lâaquaculture biologique est la forme de production aquacole qui rĂ©pond Ă un cahier des charges imposant certains critĂšres de production dite « biologique ».
Il s'agit en quelque sorte de l'Ă©quivalent aquacole de l'agriculture biologique.
ici en Baie de Fundy, un aquaculteur produit à la fois des saumons, des algues qui produisent de l'oxygÚne et absorbent une partie des déchets produits par les poissons et des moules qui peuvent stocker des métaux lourds dans leur coquille et notamment se nourrir des restes de nourriture en suspension non consommés par les poissons, tout en filtrant trÚs activement l'eau de mer. Cette approche présente des similitudes avec le systÚme « polyculture-élevage » promu par l'agriculture bio sur terre
C'est une des rĂ©ponses se voulant durable Ă la surpĂȘche, et Ă une demande sociale croissante de « produits bios ». Une de ses formes les plus sophistiquĂ©es pourrait ĂȘtre l'aquaculture intĂ©grĂ©e Ă plusieurs niveaux trophiques (en).
Histoire, dans le monde
Cette forme d'aquaculture croßt rapidement depuis la fin des années 1990[1].
Le contenu des labels d'aquaculture biologique (ou de projet de label dans certains pays) a Ă©voluĂ© depuis les annĂ©es 1990, sous l'Ă©gide notamment de la FAO, d'organismes de certificateurs et de groupes de producteurs et d'un groupe de travail de l'IFOAM consacrĂ© Ă l'aquaculture et Ă la pĂȘche[2].
EspÚces concernées
L'aquaculture bio concerne pour le moment quelques espĂšces de poissons, quelques crustacĂ©s et de petites productions de mollusques (animaux filtreurs ou brouteurs), mais une rĂ©flexion est en cours pour Ă©largir le nombre de mollusques / coquillages d'Ă©levage pouvant ĂȘtre labellisĂ©s[3], sachant que « Les produits de la chasse et de la pĂȘche dâespĂšces sauvages ne sont pas considĂ©rĂ©s comme relevant du mode de production biologique »)[4].
Le poisson « sauvage » ne devrait pas ĂȘtre confondu avec le poisson bio, mais une certaine confusion existe souvent chez le consommateur qui comprend mal comment se fait la certification bio pour les poissons[5].
Il y a eu des dĂ©bats pour une possible certification des poissons sauvage, souhaitĂ©e par certains producteurs-pĂȘcheurs qui craignent de perdre des marchĂ©s face Ă un certain engouement pour les produits bio[3], mais les Ătats et grands organismes, y sont plutĂŽt rĂ©ticents (on ignore ce qu'a mangĂ© le poisson sauvage, qui peut ĂȘtre trĂšs « propre », ou significativement polluĂ©s selon les endroits oĂč il a vĂ©cu).
Parmi les principales espÚces élevées sous le label bio ou un label équivalent, on trouve surtout des salmonidés (truite et saumon), mais aussi le bar, la daurade, la carpe et l'esturgeon (et son caviar). Au début du XXIe siÚcle, plusieurs définitions coexistaient (FAO et IFOAM).
Les cahiers des charges
Ils diffÚrent selon les pays (par exemple la distance minimale entre cages d'élevage bio et non bio varie de 25 à 5 000 m selon les pays, les colorants sont ou non interdits ou limités au carapaces de crevette, les densités de poissons à ne pas dépasser peuvent aussi varier.
Le contenu des labels devrait Ă©voluer avec la connaissance scientifique[6]. La « Soil Association » autorise l'usage de levures pour doper le dĂ©veloppement des ovules[6], mais il existe des questions encore sans rĂ©ponse, concernant par exemple le bien-ĂȘtre animal. Le pisciculteur peut-il tenir compte des instincts migrateurs de certaines espĂšces et des interactions inter-individuelles au sein d'un groupe pour une espĂšce grĂ©gaire ? Comment imaginer ou gĂ©rer un certain recyclage ou une Ă©puration de l'eau pour les Ă©levages de pleine mer ? (avec des pompes ? des filtres ? du matĂ©riel Ă terre ?âŠ) Quelle alternative Ă l'Ă©clairage artificiel de nuit ou jour et nuit actuellement utilisĂ© pour accĂ©lĂ©rer la maturation des morues juvĂ©niles[6] - [7] ?).
Les cahiers des charges ont pour la plupart en commun d'imposer un élevage relativement extensif, limitant fortement ses impacts négatifs sur l'environnement, utilisant des aliments bio (hormis pour les coquillages), sans OGM ni acides aminés de synthÚse, respectant la reproduction naturelle, et réduisant le recours aux produits vétérinaires dans la mesure du possible (au profit d'immuno-stimulants et probiotiques[8] - [9] naturels⊠et avec une préférence pour la polyculture a priori plus équilibrée[10]).
Les processus de certification varient (il y avait en 2003 dans le monde 30 agences de certification non gouvernementales, dont 18 en Europe)[10]. Un sondage donnait au dĂ©but des annĂ©es 2000 56 % de consommateurs prĂȘt Ă payer un surcoĂ»t de plus de 15 % pour des produits biologiques, et 33 % prĂȘts Ă payer au max. 15 %. Pour le saumon, le surcoĂ»t peut aller bien au-delĂ de 100 %[10].
En Europe
Les dĂ©finitions, normes et critĂšres concernant les « animaux d'aquaculture » et « les algues marines »[11] ont fait l'objet d'un lent travail d'harmonisation depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, sous l'Ă©gide de la DGPĂCHE[6] et en France sur la base d'un cahier des charges[12].
Ce travail a portĂ© sur des principes communs, l'Ă©tiquetage, la zootechnie (choix du site, degrĂ© de naturalitĂ© des conditions d'Ă©levage, alimentation, choix des espĂšces, bien-ĂȘtre animal, jusqu'Ă l'abattage[6].
Dans l'Union, ces produits doivent rĂ©pondre Ă des principes & critĂšres de gestion durable, de respect des Ă©quilibres naturels et de la biodiversitĂ©. Ils doivent ĂȘtre de haute qualitĂ© et leur obtention ne doit pas nuire Ă l'environnement, Ă la santĂ© humaine, Ă la santĂ© des vĂ©gĂ©taux, des animaux ou Ă leur bien-ĂȘtre.
En 2002, la Commission européenne a retenu 3 priorités stratégiques pour l'aquaculture :
- emploi durable, notamment dans les zones dĂ©pendantes de la pĂȘche, oĂč les stocks de poisson sont surexploitĂ©s.
- offre en « produits sains, sĂ»rs et de bonne qualitĂ© » rĂ©pondant Ă des normes sanitaires et de bien-ĂȘtre des animaux rigoureuses ;
- développement d'une industrie sans risque pour l'environnement ;
Comme dans la PAC (Politique agricole commune), le FEP intÚgre peu à peu des critÚres d'écoéligibilité et des mesures favorisant l'aquaculture[13]. Un article spécifique soutient les mesures aqua-environnementales (équivalent marin des mesures agrienvironnementales, et notamment l'aquaculture biologique[11].
Une plateforme de technologie et d'innovation de l'aquaculture europĂ©enne a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e, mais le caractĂšre durable de la pisciculture reste discutĂ© en raison de ses besoins en pĂȘche minotiĂšre et de ses impacts.
En 2009, la Commission a produit une communication sur le dĂ©veloppement durable de lâaquaculture europĂ©enne[14].
En 2010, le Parlement europĂ©en (PE) devenu dans le cadre du TraitĂ© de Lisbonne co-lĂ©gislateur dans le domaine de lâaquaculture, a votĂ© une rĂ©solution[15] visant « un nouvel Ă©lan Ă la stratĂ©gie pour le dĂ©veloppement durable de lâaquaculture europĂ©enne », il y regrette le manque de cadre normatif et harmonisĂ© pour l'aquaculture et demande Ă la commission de rĂ©server une part des financements europĂ©ens pour la pĂȘche (FEP) Ă ce secteur, d'Ă©viter les conflits entre aquaculture, environnement et d'autres activitĂ© (tourisme, agriculture, pĂȘche cĂŽtiĂšre). Il propose aussi un plan de gestion des cormorans.
Parmi les considĂ©rants, le Parlement plaide pour une « aquaculture durable et biologique »[16], estime « que les installations aquacoles qui entraĂźnent un appauvrissement des stocks de poissons sauvages ou polluent les eaux cĂŽtiĂšres doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme non durables et que l'aquaculture europĂ©enne devrait donner la prioritĂ© aux espĂšces herbivores et aux espĂšces carnivores qui peuvent se nourrir avec des quantitĂ©s rĂ©duites de farines et d'huiles de poisson »[17] ; demande une baisse du « coefficient alimentaire de protĂ©ines capturĂ©es Ă l'Ă©tat naturel par rapport Ă la production » ; rappelle que trop de stocks sauvages de poissons sont surexploitĂ©s, « et que l'aquaculture devrait donc, Ă l'avenir, se concentrer davantage sur les espĂšces herbivores et les espĂšces ichtyophages qui peuvent donner lieu Ă une baisse significative du coefficient alimentaire » ; ce qui nĂ©cessite « des critĂšres rigoureux et transparents en ce qui concerne la qualitĂ© et la traçabilitĂ© des produits (âŠ) d'amĂ©liorer l'alimentation des poissons ainsi que d'Ă©tablir et de renforcer des critĂšres d'Ă©tiquetage applicables aux produits aquacoles de qualitĂ© et aux produits de l'aquaculture biologique »[18]. Le parlement souhaite que l'Europe fasse un « objectif prioritaire » de l'Ă©co-certification des produits aquacoles pour « encourager une exploitation des ressources aquatiques vivantes qui mĂ©nage l'environnement et s'inscrive dans le cadre d'un dĂ©veloppement durable tenant compte des aspects environnementaux, Ă©conomiques et sociaux, dans le respect des principes Ă©tablis par le code de conduite pour une pĂȘche responsable et les futures directives de la FAO », avec un « Ă©tiquetage Ă©cologique europĂ©en des produits de la pĂȘche et de l'aquaculture conforme Ă la rĂ©glementation communautaire (âŠ) », en veillant Ă ce « que la densitĂ© des exploitations aquacoles ne nuise pas Ă l'Ă©tat naturel ou Ă la viabilitĂ© des populations sauvages, des Ă©cosystĂšmes marins et de la biodiversitĂ© dans son ensemble », et en instaurant une aide pour « indemniser les dĂ©gĂąts provoquĂ©s par des animaux lĂ©galement protĂ©gĂ©s », tout en Ă©valuant la traçabilitĂ© des produits et les incidences environnementales de l'aquaculture (cf notamment directive sur l'Ă©valuation des incidences sur l'environnement (EIE)) et en « donnant la prĂ©fĂ©rence aux meilleures pratiques environnementales ». Le parlement demande Ă la Commission de rapidement proposer un rĂšglement unique rassemblant toutes les dispositions de lâUE pour l'aquaculture.
Pour les coquillages, dans le monde, l'opportunitĂ© d'une certification est encore en dĂ©bat. LâintĂ©rĂȘt semble plus Ă©vident en polyculture (en association avec algues et saumons par exemple), mais la traçabilitĂ© de l'alimentation des coquillages nâaurait pas le sens quâelle a pour les Ă©levages animaux terrestres ou en cage. Les impacts Ă©copaysagers de lâaquaculture sont encore mal cernĂ©s, de mĂȘme que pour certains modes de production et de dĂ©sinfection, ou pour les impacts du dragage ou de techniques de reproduction de type triploĂŻdieâŠ).
Localement des oiseaux (eiders ou hußtrier pie par exemple) exercent une prédation significative sur certaines conchylicultures), mais la « Soil Association »' n'autorise pas les filets de protection.
En Belgique
Dans le cadre de la planification de l'exploitation des ressources marines et sous-marines du pays[19], le gouvernement belge a produit en 2013 un plan spatialisĂ© qui rĂ©serve des espaces significatifs Ă l'aquaculture durable en mer, y compris sur des structures immergĂ©es qui pourraient ĂȘtre accrochĂ©es entre les supports d'Ă©oliennes en mer[20] oĂč les « monocultures » seront interdites[19]). Ces structures pourront avoir un effet « rĂ©cif artificiel » et attractif pour les poissons, Ă©galement favorable Ă un accroissement de la biomasse animale et vĂ©gĂ©tale, ainsi qu'Ă l'Ă©puration de l'eau.
En France
Un « Cahier des charges » national, homologuĂ© en 2007 par ArrĂȘtĂ© interministĂ©riel[21], encadre le mode de production et de prĂ©paration biologiques des « espĂšces aquacoles et leurs dĂ©rivĂ©s »[4].
Il prĂ©cise le cadre d'une production soutenable, les garanties de maintien maximal du bien-ĂȘtre animal par la prĂ©vention, la limitation des densitĂ©s et par la prise « en compte non seulement les besoins physiologiques des animaux mais Ă©galement des contraintes Ă©thologiques »[4].
L'Ă©leveur doit choisir des « races et souches bien adaptĂ©es aux conditions de leur milieu en prĂ©servant et gĂ©rant la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique (pas de clones), il est donc important de conserver une part de gĂ©niteurs issus du milieu naturel ». Les comportements fondamentaux des animaux ne doivent pas ĂȘtre modifiĂ©s par les « objectifs de sĂ©lection ».
Les animaux doivent disposer d'une eau de qualité ; propre (pas de migration de polluants, et notamment pas de peinture antifouling), assez oxygénée (mais l'oxygÚne liquide est interdit, et l'oxygénation mécanique n'est autorisée que dans quelques cas ; réchauffement de l'eau, chute de pression atmosphérique, pollution accidentelle en amont, crue d'orage, ou pour préserver la survie du cheptel[4]).
Une tempĂ©rature, un pH, un espace vital suffisant (longueur, largeur, profondeur, volume), une alimentation et un Ă©clairage correspondant aux besoins des animaux sont requis, de mĂȘme que l'accĂšs au soleil et Ă l'ombre[4]. L'Ă©leveur doit - tant que possible - respecter le comportement spĂ©cifique des espĂšces qu'il Ă©lĂšve, Ă chaque Ăąge[4].
Tout Ă©levage bio doit constamment chercher Ă limiter ses impacts sur l'environnement. Les aliments doivent provenir de l'agriculture biologique et/ou ĂȘtre des produits n'ayant subi aucun traitement chimique lors de leur stockage et transformation. Tout produits complĂ©mentaires doit ĂȘtre autorisĂ©s par arrĂȘtĂ© interministĂ©riel.
Les poissons OGM sont interdits dans cette filiÚre et le « recours aux OGM, aux produits obtenus à partir d'OGM ou par des OGM (dérivés d'OGM)[note 1], est exclu à tous les stades : génétique, alimentation, intrants, préparation »[4].
L'utilisation d'eaux réchauffées par le refroidissement d'installation industrielles urbaines, thermiques ou nucléaires est interdite.
Traçabilité : Le cahier des charges homologué en France précise les moyens obligatoires de traçabilité :
- enregistrement de tout mouvement (entrées et sorties ; ventes / mortalités) et de chaque lot, « à tous les stades de la production ».
- identification de chaque poisson entiers destinés au marché par une « bague inviolable »[4].
- Les autres animaux vendus pour la préparation et les filets de poisson sont tracés par une « identification collective inviolable », avant mise en caisse (à fermeture inviolable) et aprÚs chaque opération.
- Le n° de lot et n° de sĂ©rie permettent d'identifier l'Ă©leveur et/ou de l'abattoir, le produit qui doit ĂȘtre identique Ă celui du cahier d'Ă©levage, la date d'abattage et/ou du prĂ©-emballage, le poids.
- Les crevettes doivent arriver Ă l'Ă©tal en emballage d'origine scellĂ© et Ă©tiquetĂ© oĂč elles seront prĂ©sentĂ©es avec le N° du lot de crevettes (â Ă©tiquette d'origine) en prĂ©sence d'un « visuel du produit sur l'emballage ou la PLV prĂ©sente sur l'Ă©tal de vente ».
- Au moment de la 1re transformation le poisson ne doit pas avoir été abattu depuis plus de 72 heures.
Alimentation : Toute installations d'élevage aquacole « bio » doit en France respecter des caractéristiques obligatoires minimales pour l'alimentation des animaux ; Pour préserver le renouvellement des espÚces et les écosystÚmes marins, la pisciculture ou crevetticulture bio doivent
- limiter les farines de poissons et le « poisson-fourrage »[note 2] (Ă©ventuellement polluĂ©[22]) donnĂ©s aux organismes piscivores ou carnivores (salmonidĂ©s, bar, daurade, crevettesâŠ) et pour cela intĂ©grer des aliments (notamment protĂ©iques) d'origine vĂ©gĂ©tale Ă raison de :
- 30 % pour les poissons d'Ă©levage (en phase de grossissement) ;
- 10 % pour les crevettes (phase PL20 Ă PL50) ;
- 30 % pour les crevettes (au-delĂ du stade PL50)
- Les produits carnĂ©s, de farines de viande et dâos issus dâanimaux terrestres sont interdits (mĂȘme si issus d'une production biologique), mais d'autres ingrĂ©dients d'origine animale sont autorisĂ©s si provenant de l'agriculture biologique. Aux Ătats-Unis, un groupe de travail crĂ©Ă© par l'USDA a proposĂ© que les farines de poissons doivent venir d'une pĂȘche certifiĂ©e durable (labellisĂ©e MSC par exemple).
- Les poissons omnivores ou herbivores (poisson-chat, tilapia peuvent plus facilement ĂȘtre nourris avec des aliments vĂ©gĂ©taux issus de l'agriculture bio[23] d'origine vĂ©gĂ©tale.
- Les levures sont autorisées, à certaines conditions, issuse de microorganismes tels que des levures de type Saccharomyces cerevisiae[24] ou Candida utilis, riche en protéines et en acides aminés libres, et déjà couramment utilisée en alimentation animale, notamment testée respectivement chez la truite[24] ou chez le Tilapia d'élevage[25]), sachant que cette levure est assez facile à cultiver et peut faire l'objet d'une production "biologique".
- Les taux de PCB de la nourriture ne doivent pas dépasser :
- Quelques sels minéraux et additifs sont autorisés (précisés dans le cahier des charges)
Les larves d'Ă©levages extensifs en eau douce, en Ă©closerie et les juvĂ©niles uniquement peuvent ĂȘtre nourries de proies vivantes venant d'Ă©levages extĂ©rieurs au milieu d'Ă©levage, sinon, ce sont les proies naturellement prĂ©sentes dans les Ă©tangs qui doivent nourrir les adultes).
- Le cahier des charges rappelle aussi la « liste des ingrédients et des auxiliaires technologiques autorisés dans la préparation des denrées alimentaires de production biologique »[4].
Soins et médicaments vétérinaires et Prophylactique ;
- ils sont fortement réglementés[4].
Conditions d'Ă©levage (et de conversion au bio)
- L'Ă©levage de toutes les espĂšces aquatiques d'un mĂȘme Ă©levage certifiĂ© bio doit « ĂȘtre conduit selon le mode de production biologique », sauf pour des espĂšces non couvertes par le cahier des charges ou si les sites de production et les bĂątiments de stockage sont clairement sĂ©parĂ©s (hormis « dans les cas d'association avec des coquillages pour lesquels il n'y a aucun apport d'intrants spĂ©cifiques »), ou au moment de la « conversion au bio », et uniquement durant « le temps de la rotation de l'ensemble des lots en cours », et une diffĂ©rence d'au moins 2 mois dâĂąge entre les lots « bio » et non bio est alors obligatoire[4] pour Ă©viter tout risque de confusion et faciliter les contrĂŽles.
Si en Ă©tang, bassins en terre, marais et lacs exclusivement utilisĂ©s pour la pisciculture, la pĂ©riode de conversion n'est que de 12 mois durant lesquels l'Ă©leveur ne doit utiliser que des intrants respectant le mode de production biologique[11], en milieux ouverts (estuaire, pleine merâŠ), la pĂ©riode de conversion est alignĂ©e sur la durĂ©e dâĂ©levage de chaque espĂšce selon les rĂšgles de la production biologique[4]. Pour la crevetticulture bio, la conversion pour un bassin d'Ă©levage est d'au moins 6 mois (ou plus si l'organisme de contrĂŽle l'estime nĂ©cessaire au vu des analyses) avant ensemencement (incluant un assec de 15 jours), « avec ou sans production ». - Les poissons stĂ©riles triploĂŻdes (3 n) ne pouvant se reproduire dans l'environnement naturel sont autorisĂ©s ; ils peuvent ĂȘtre obtenus par choc thermique ou par choc de pression sur les Ćufs aprĂšs fĂ©condation[26].
- Par contre, la production de poissons ou de lots de poissons mono-sexe femelle (diploïdes) par exposition à des hormones féminisantes exogÚnes (hormones d'inversion sexuelle)[27] est interdite[4].
- Les Ă©levages de crevettes, pour constitution et/ou renouveler leur cheptel pour durant la vie de l'Ă©levage et doivent chercher Ă utiliser des gĂ©niteurs "domestiquĂ©s" (issus d'Ă©levage) plutĂŽt que prĂ©levĂ©s dans la nature, et dans ce dernier cas assurer une mise en quarantaine sanitaire. AprĂšs 3 ans, plus de 50 % des gĂ©niteurs doivent ĂȘtre issus de l'Ă©levage, et les gĂ©niteurs sauvages doivent provenir d'« une pĂȘche en pĂ©riode lĂ©gale et gĂ©rĂ©e par un systĂšme de quota »[4].
AprĂšs abattage,
- Le cahier des charges précise les pratiques autorisées de « Manipulation, transport, abattage », avec des critÚres spécifiques pour les poissons d'étang, les salmonidés élevés en eau douce et en eau marine, le bar, la daurade, le maigre, le turbot, le cabillaud et les crevettes pénéides et Macrobrachium (chevrettes)[4].
- la glace qui conserve le poisson ne doit ĂȘtre faite qu'avec de l'eau potable[note 3], et donc sans ajout d'ammoniaque[4].
- Les polyphosphates sont interdits et le fumage ne peut ĂȘtre fait qu'« avec du bois sans traitement et excluant les rĂ©sineux », La tempĂ©rature des gĂ©nĂ©rateurs de fumĂ©e doit ĂȘtre infĂ©rieure Ă 450 °C et le taux de benzopyrĂšne du produit fini ne doit pas excĂ©der 1 ”g/kg (y compris Ă©ventuelle contamination antĂ©rieure de l'aliment). la fumĂ©e liquide n'est pas autorisĂ©e[4].
- la traçabilitĂ© doit ĂȘtre complĂšte (voir ci-dessus).
ContrĂŽles : Le certificateur vĂ©rifie lors de l'habilitation et lors de ses inspections ultĂ©rieures que le lieu et l'histoire du site retenu pour l'Ă©levage sont conformes au projet (site non polluĂ©) et Ă la loi (autorisation d'implantation, d'activitĂ©, Ă©tudes d'impact, arrĂȘtĂ©sâŠ).
Il vérifie aussi que les valeurs de contrÎle de qualité des eaux soient conformes à la législation ou à d'éventuelles prescriptions administratives. l'opérateur doit conduire une évaluation environnementale complémentaire, incluant l'état du site et de son contexte environnemental, hors production, au démarrage de son activité certifiée biologique pour connaßtre l'état du site et de son environnement.
Les piscicultures doivent prendre en compte la capacitĂ© auto Ă©puratrice du milieu et prĂ©voir une gestion des effluents d'Ă©levage. Elles doivent ĂȘtre installĂ©es dans un « bassin versant ou espace aquatique faiblement exposĂ© aux risques de pollution inhĂ©rents aux activitĂ©s urbaines, industrielles, piscicoles non biologiques et agricoles intensives ». En milieu ouvert (mer, estuaire), les Ă©levages biologique doivent ĂȘtre Ă©loignĂ©s d'Ă©ventuels autres Ă©levages « conduits en conventionnel » et en riviĂšre ou sur une chaine d'Ă©tangs, les Ă©levages « bio » doivent ĂȘtre « systĂ©matiquement en amont des Ă©levages conventionnels » (les Ă©tangs extensivement exploitĂ©s en ou non exploitĂ©s ne sont pas concernĂ©s dans ce cas).
La crevetticulture bio ne peut ĂȘtre implantĂ©e hors de zones agricoles ou aquacoles saumĂątre et jamais sur des zones humides naturelles[note 4], hormis pour un Ă©leveurs usant de zones humides saumĂątres traditionnellement consacrĂ©es Ă l'Ă©levage de poissons ou de coquillages ou de marais salants). Une autorisation administrative est toujours nĂ©cessaire, conditionnĂ©e Ă une Ă©valuation environnementale conforme Ă©tudes d'impacts sur l'environnement, tels que dĂ©finies par l'UE ou l'OCDE.
Perspectives, Recherche et développement
Selon une estimation faite en 2002, si la croissance actuelle de la pisciculture bio se poursuit au mĂȘme rythme, elle pourrait produire en 2030 environ 1,2 million de tonnes de poisson bio par an[28], Ă certaines conditions.
- Elle doit trouver de nouveaux aliments certifiĂ©s bios, car au dĂ©but des annĂ©es 2000, la premiĂšre difficultĂ© des pisciculteurs "bio" est de se fournir en aliments bio, riches en protĂ©ines et digestes pour les poissons ou crevette[1] - [29]. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, la nourriture animale reprĂ©sentait plus de 50 % des dĂ©penses des pisciculture non bio, et plus encore pour les bio (hors piscicultures trĂšs extensive). Ce coĂ»t correspondent Ă l'achat d'aliments, et la part des ingrĂ©dients protĂ©inĂ©s est dominante dans le coĂ»t des aliments[30]. Des farines vĂ©gĂ©tales trĂšs protĂ©iques Ă base de lupins Ă©taient dĂ©jĂ utilisĂ©es par certains pisciculteurs il y a prĂšs d'un siĂšcle et les farines issues du traitement du poisson ou des « pĂȘches accessoires » sont de plus en plus utilisĂ©es, mais peuvent contenir divers polluants et contribuent Ă la surpĂȘche en amont.
- Elle doit trouver et faire valider des alternatives vĂ©gĂ©tales (olĂ©agineux, protĂ©agineux, farines de lupins « doux » Ă trĂšs faible teneur en alcaloĂŻdesâŠ) ou issues de cultures de levures, microorganismes zooplanctoniques (copĂ©podes, daphniesâŠ) ou autre (insectes ou autres invertĂ©brĂ©s) sont quelques perspectives d'avenir essentielles pour la pisciculture bio (ou non bio) pour des raisons Ă©thiques ou Ă©conomiques, mais aussi parce que les protĂ©ines de poisson issues de la pĂȘche sont une ressource finie et de plus en plus coĂ»teuse[31] - [32] (FAO, 2004).
NĂ©anmoins, la digestibilitĂ© et la qualitĂ© (ex teneur en certains acides aminĂ©s[33]) de ces aliments piscicoles alternatifs d'origine vĂ©gĂ©tale[34] doivent ĂȘtre soigneusement testĂ©es dans la durĂ©e et pour diffĂ©rentes espĂšces de poissons ou crustacĂ©s en vĂ©rifiant qu'ils ne dĂ©gradent pas la qualitĂ© de l'eau (ce qui implique des formes peu solubles de l'azote et du phosphore), qu'il se prĂȘtent Ă la granulation, qu'ils puissent ĂȘtre facilement manipulĂ©s et stockĂ©s, et que la croissance et la santĂ© des poissons n'en sont pas affectĂ©es (Hardy et Tacon, 2002). C'est le soja qui est pour le moment le plus utilisĂ© en pisciculture intensive[35] en raison d'un Ă©quilibre intĂ©ressant entre protĂ©ines et acides aminĂ©s[35], mais comme d'autres protĂ©ines vĂ©gĂ©tales alternatives, il est mal assimilĂ© par les poissons carnivores ou piscivores (par rapport aux protĂ©ines animales), en raison de facteurs anti-nutritionnels pour les poissons[36]. Ă titre d'exemple, chez les juvĂ©niles de cobia (Rachycentron canadum). au-delĂ de 50 % de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales dans le rĂ©gime alimentaires, des effets prĂ©judiciables apparaissent sur la croissance, mais au moins 25 % des protĂ©ines alimentaires peuvent ĂȘtre fournies par des vĂ©gĂ©taux issus de l'agriculture bio (pour cette espĂšce). - elle doit encore minimiser ses impacts, par exemple par le dĂ©veloppement de circuits fermĂ©s oĂč l'eau est recyclĂ©e, Ă rejets plus faibles mais plus concentrĂ©s et donc plus faciles Ă traiter, par exemple par « lagunage Ă haut rendement algal » (LHR), a priori bien adaptĂ© aux effluents piscicoles, pauvres en particules mais riches en substances organiques dissoutes, et en azote et phosphore inorganique solubilisĂ©s[37]. Les boues (eaux rĂ©siduaires et excreta) issues des Ă©levages sont utilisĂ©es depuis des millĂ©naires en Asie, mais doivent cependant ĂȘtre utilisĂ© avec certaines prĂ©cautions[38]
Enjeux
Ils portent sur
- la production durable de protéines animales, en diminuant la pression sur les stocks halieutiques sauvages reconnus comme surexploités pour beaucoup d'entre eux ;
- la sécurité alimentaire (l'aquaculture biologique semble pouvoir intéresser de nombreux pays tropicaux, dont pauvres ou en émergence) ;
- le maintien d'emplois liés aux filiÚres halieutiques ;
- L'aquaculture extensive en riviĂšre et Ă©tangs doit aussi en France s'inscrire dans les SAGE (SchĂ©mas d'amĂ©nagement et de gestion des eaux) et ĂȘtre compatible avec la Trame bleue qui depuis le Grenelle de la mer, les Lois Grenelle 1 et Grenelle 2 dĂ©clinent la trame verte et bleue nationale sur les cours d'eau, par exemple avec le soutien des agences de l'eau, de l'ONEMA et des parcs naturels marins.
Ăconomie, statistiques
C'est une forme d'aquaculture récente, qui fait l'objet de recherches et de soutien dans un nombre croissant de pays qui ne représente encore qu'une infime part des produits vendus par les filiÚres halieutiques.
De 2000 Ă 2010 elle Ă©tait encore une trĂšs petite niche Ă©conomique dans le vaste marchĂ© aquacole lui-mĂȘme en trĂšs forte croissance ; moins de 0,1 % de l'aquaculture mondiale Ă©tait certifiĂ©e bio en 2005[39]), mais la demande et l'offre se dĂ©veloppent dans de nombreux pays.
Ă titre d'indication, on a estimĂ© que la production mondiale de poisson certifiĂ© bio a en 2003 dĂ©passĂ© 25 000 t (dont 14 000 t en Europe), pour une valeur d'environ 70 millions dâeuros[10].
EspĂšces faisant l'objet d'aquaculture
Liste incomplĂšte
Aquaculture intégrant plusieurs réseaux trophiques IMTA (Integrated multi-trophic aquaculture) en mer
L'un des exemples les plus mĂ©diatisĂ©s est l'expĂ©rience canadienne interdisciplinaire conduite en baie de Fundy, pilotĂ©e par Thierry Chopin (UniversitĂ© du Nouveau-Brunswick et Shawn Robinson, du ministĂšre des pĂȘches et des ocĂ©ans basĂ© Ă la Station biologique de St. Andrews[41]. Elle associe des industriels, des scientifiques universitaires et le gouvernement pour un test conduit Ă Ă©chelle commerciale oĂč sur un mĂȘme site des cages d'Ă©levage de Saumon atlantique, supportent aussi des moules et des cultures de kelp ;
La premiĂšre phase de cette expĂ©rimentation a Ă©tĂ© financĂ©e par AquaNet (l'un des rĂ©seaux de centres d'Excellence du canada) et l'Agence de promotion Canada atlantique a financĂ© la seconde phase. Un rĂ©seau d'acteurs consacrĂ© Ă l'« aquaculture multitrophique intĂ©grĂ©e » a Ă©tĂ© crĂ©Ă© : le "Canadian Integrated MultiâTrophic Aquaculture Network" (CIMTAN)[42].
Aquaculture intégrant plusieurs réseaux trophiques IMTA (Integrated multi-trophic aquaculture) en eau douce
Selon Thierry Chopin, l'un des inventeurs de ce concept, les systĂšmes multitrophiques d'abord testĂ©s en aquaculture marine peuvent ĂȘtre aussi dĂ©veloppĂ©s en eau douce, Ă condition de bien choisir les espĂšces Ă utiliser[43].
Illustrations ; Aquaculure multitrophique d'eau douce
- Carpe (Labeo rohita) ; Ă©levage de type familial-IMTA
- Production d'escargots sur bambous dans une mare gérée en IMTA)
- Escargots sur fond de mare gérée en IMTA
- "Ăpinard d'eau" cultivĂ© autour d'une cage Ă poisson (IMTA)
- Poissons élevés en cage en IMTA
Notes et références
Notes
- L'arrĂȘtĂ© interministĂ©riel de 2007 dĂ©finit le DĂ©rivĂ© dâO.G.M. comme « toute substance qui est produite Ă partir dâO.G.M. ou par des O.G.M., mais qui nâen contient pas » ; l'Utilisation dâO.G.M. et de dĂ©rivĂ©s dâO.G.M. est dĂ©finie comme « leur utilisation comme denrĂ©es alimentaires, ingrĂ©dients alimentaires (y compris additifs et arĂŽmes), auxiliaires de fabrication (y compris solvants d'extraction), aliments pour animaux, certains produits utilisĂ©s en nutrition animale (dĂ©finis dans la Directive 82/471/CEE1), produits phytosanitaires, mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires, engrais, amendements du sol, semences, matĂ©riel de reproduction vĂ©gĂ©tative et animaux d'Ă©levage ».
- On appelle en France « Poissons fourrages » : les poissons « destinée intégralement à l'alimentation d'autres espÚces aquacoles ».
- Le mot "potable se comprend ici au sens des réglementations européenne et nationale en vigueur.
- au sens rappelé au chapitre 8 du cahier des charges français.
Références
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- Dans le cadre du RÚglement CEE 2092/91 du 24 juin 1991, et le RÚglement actuel (CEE) no 2092/91 modifié.
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- URL : http://www.cimtan.ca/
- Chopin T (2010). Integrated multi-trophic aquaculture
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel du MinistĂšre de l'agriculture et de la pĂȘche
- Vidéo en ligne de l'Institut de recherche pour le développement : Bioconversion : des déchets agricoles pour nourrir les poissons d'aquaculture
- Situation mondiale des pĂȘches et de lâaquaculture ; rĂ©sumĂ© de GreenFacts du rapport scientifique de la FAO
- [PDF](en) La situation mondiale de l'aquaculture 2006 ; rapport scientifique de la FAO
- (fr) Le SystÚme Aquacole à Recyclage Intégral
- [PDF](fr) Directive 2006/88/CE du Conseil du 24 octobre 2006 relative aux conditions de police sanitaire applicables aux animaux et aux produits d'aquaculture, et relative à la prévention de certaines maladies chez les animaux aquatiques et aux mesures de lutte contre ces maladies.
- [PDF](fr) Relations entre aquaculture et environnement (années 1980-90) / Cas de la France, par J. Duret (Cemagref)
- (en) Exemple de guide de bonnes pratiques en aquaculture
- Développement durable et aquaculture; divers fichiers à télécharger: modes d'action, référentiels, articles, projets en cours
- 5 futurs possibles de la pisciculture en France en 2021; Une démarche de prospective appliquée à l'aquaculture de poissons française
Bibliographie
- FAO, 2004. State of World Fisheries and Aquaculture 2004. FAO, Rome, Italy.
- Hanson, J., Dismukes, R., Chambers, W., Greene, C., Kremen, A., 2004. Risk and Risk Management in Organic Agriculture: Views of Organic Farmers ; Renewable Agric. Food Systems, vol. 19, p. 218â227.
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