Énergie en Espagne
Le secteur de l'énergie en Espagne se caractérise par la pauvreté du pays en ressources énergétiques conventionnelles, en particulier le manque d'hydrocarbures liquides et gazeux et la mauvaise qualité du charbon existant. La rareté des ressources a condamné le système énergétique national à une situation de déficit et de dépendance extérieure. Le taux de dépendance énergétique national se chiffrait en 2019 à 71,9 %. L'Espagne est donc un gros importateur de combustibles fossiles : elle figurait en 2019 au 7e rang mondial des importateurs de pétrole et en 2020 au 13e rang de ceux de gaz naturel.
Énergie en Espagne | |
Cheminée de la raffinerie de Petronor (Biscaye), une des principales d'Espagne[2] ; le pétrole est de loin la principale énergie utilisée en Espagne. | |
Bilan énergétique (2020) | |
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Offre d'énergie primaire (TPES) | 4 554 PJ (108,8 M tep) |
par agent énergétique | pétrole : 40,1 % gaz naturel : 25,7 % électricité : 24,4 % bois : 7,3 % charbon : 2,5 % |
Énergies renouvelables | 17,5 % |
Consommation totale (TFC) | 3 359 PJ (80,2 M tep) |
par habitant | 71,3 GJ/hab. (1,7 tep/hab.) |
par secteur | ménages : 18,1 % industrie : 24,6 % transports : 40,7 % agriculture : 3,2 % pêche : 0,4 % |
Électricité (2020) | |
Production | 262,3 TWh |
par filière | thermique : 33 % nucléaire : 22,2 % éoliennes : 21,5 % hydro : 12,9 % autres : 7,9 % |
Combustibles (2020 - PJ) | |
Production | pétrole : 1,2 gaz naturel : 1,7 bois : 356 |
Commerce extérieur (2020 - PJ) | |
Importations | électricité : 65 pétrole : 3107 gaz naturel : 1183 charbon : 124 bois : 55 |
Exportations | électricité : 53 pétrole : 962 gaz naturel : 43 charbon : 52 bois : 85 |
Sources | |
Agence internationale de l’énergie[3] - [k 1] NB : dans le bilan énergétique, l'agent « bois » comprend l'ensemble biomasse-déchets |
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L'énergie primaire consommée en 2019 était à 71,9 % d'origine fossile : pétrole 42,4 %, gaz naturel 25,4 % et charbon 4,0 % ; les énergies dé-carbonées totalisent 27,6 % : nucléaire 12,5 % et renouvelables 15,1 % ; les importations d'électricité apportent 0,5 %. Quant à l'énergie produite dans le pays (28,1 % seulement de l'énergie consommée), la principale source était en 2019 le nucléaire (44,6 %), suivi par la biomasse (24,7 %), les énergies nouvelles (solaire et éolien : 24,0 %), l'hydroélectricité (6,2 %) et les combustibles fossiles (0,5 %) ; les énergies renouvelables totalisaient 55 %.
La consommation espagnole d'énergie primaire par habitant en 2019 était supérieure de 36 % à la moyenne mondiale, mais inférieure de 28 % à celle de la France.
L'électricité couvrait 23,6 % de la consommation finale d'énergie en 2019 ; le pétrole dominait avec 51,3 %, la part du gaz naturel était de 17,2 % et celle du charbon de 0,6 %. La part des énergies renouvelables était en 2017 de 16 % dont 9,1 % de renouvelables électriques et 6,9 % de renouvelables thermiques.
Les émissions de CO2 de l'Espagne atteignaient 4,90 tonnes par habitant en 2019 (dont 38 % dans les transports), supérieures de 12 % à la moyenne mondiale et à celle de la France, mais inférieures de 37 % à celle de l'Allemagne.
Vue d'ensemble
Principaux indicateurs de l'énergie en Espagne[3] | ||||||
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Population [k 1] |
Consom. énergie primaire |
Produc. énergie primaire |
Importation nette |
Consom. électricité |
Émissions de CO2[k 1] | |
Année | Million | PJ | PJ | PJ | TWh | Mt CO2éq |
1990 | 39,3 | 3 772 | 1 449 | 2 528 | 137 | 203 |
2000 | 40,6 | 5 081 | 1 318 | 4 174 | 210 | 279 |
2010 | 46,6 | 5 328 | 1 442 | 4 456 | 266 | 262 |
2015 | 46,4 | 4 956 | 1 406 | 3 970 | 254 | 247 |
2016 | 46,5 | 4 998 | 1 431 | 3 933 | 256 | 239 |
2017 | 46,5 | 5 258 | 1 408 | 4 242 | 258 | 253 |
2018 | 46,7 | 5 234 | 1 421 | 4 230 | 260 | 249 |
2019 | 47,1 | 5 083 | 1 428 | 4 210 | 255 | 231 |
variation 1990-2019 | +20 % | +35 % | -1 % | +67 % | +86 % | +14 % |
Comparaisons internationales
Dans les classements "top ten" de l'Agence internationale de l'énergie, l'Espagne apparait dans les premiers rangs pour plusieurs indicateurs du domaine de l'énergie:
Source d'énergie | indicateur | rang | année | quantité | unité | % monde | commentaires |
Pétrole brut[k 2] | Importation nette | 7e | 2019 | 66 | Mt | 3,2 % | 1er : Chine 505 Mt ; 2e : Inde 227 Mt ; 6e : Allemagne 86 Mt |
Énergie éolienne[k 3] | Production élec. | 7e | 2019 | 56 | TWh | 3,9 % | 1er : Chine 406 TWh ; 2e : États-Unis 298 TWh ; 3e : Allemagne 126 TWh |
Puissance installée | 5e | 2019 | 25,5 | GW | 4,1 % | 1er : Chine (210,3 GW) ; 2e : États-Unis 103,7 GW ; 3e : Allemagne 60,9 GW | |
% éolien/élec | 2e | 2019 | 20,4 | % | 1er : Allemagne (20,7 %) ; 3e : Royaume-Uni (19,9 %) | ||
Énergie solaire photovoltaïque[4] | Production élec. | 9e | 2020 | 15,6 | TWh | 1,8 % | 1er : Chine 269,7 TWh ; 2e : États-Unis 116,7 TWh ; 4e : Allemagne 50,6 TWh ; 6e : Italie 24,9 TWh ; 10e : France 13,6 TWh |
% PV/élec | 8e | 2020 | 5,9 | % | 1er : Grèce (9,4 %) ; 2e : Chili (9,3 %) ; 3e : Italie (8,9 %) ; 4e : Allemagne (8,7 %) | ||
Énergie solaire thermodynamique[4] | Production élec. | 1er | 2019 | 5,7 | TWh | 42,5 % | 2e : États-Unis 3,5 TWh |
En 2016, l'Espagne a disparu du classement des 10 premiers producteurs d'électricité nucléaire, où elle figurait en 2015 au 10e rang avec 2,2 % du total mondial. En 2017, elle est passée du 4e rang au 6e rang pour la production éolienne. En 2019, elle est passée du 9e rang au 11e rang pour la production solaire photovoltaïque.
La consommation espagnole d'énergie primaire par habitant en 2019 était de 107,9 GJ, 36 % au-dessus de la moyenne mondiale (79,1 GJ), mais 28 % au-dessous de celle de la France : 150,5 GJ, celle de l'Allemagne étant de 148,3 GJ et celle des États-Unis de 282 GJ[k 1].
La consommation espagnole d'électricité par habitant en 2019 était de 5 421 kWh, supérieure de 66 % à la moyenne mondiale : 3 265 kWh, mais inférieure de 23 % à celle de la France : 7 043 kWh ; celle de l'Allemagne était de 6 606 kWh et celle des États-Unis de 12 744 kWh[k 1].
Les émissions de CO2 de l'Espagne atteignaient 4,90 tonnes par habitant en 2019, supérieures de 12 % à la moyenne mondiale : 4,39 tonnes, mais inférieure de 37 % à celle de l'Allemagne : 7,75 t et de 66 % à celle des États-Unis : 14,44 t[k 1].
Histoire
Historiquement, un des facteurs qui ont limité le développement économique de l'Espagne a été la pauvreté en ressources énergétiques, en particulier le manque d'hydrocarbures liquides et gazeux et la mauvaise qualité et la rareté du charbon existant. La rareté des ressources a condamné traditionnellement le système énergétique national à une situation de déficit et de dépendance extérieure.
L'Espagne a commencé sa Révolution industrielle avec retard par rapport aux autres nations européennes, dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Un des premiers défis énergétiques consista à tenter de remplacer par des ressources propres le charbon importé de Grande-Bretagne qui alimentait les locomotives du réseau ferré espagnol naissant. Avec l'impulsion également de la Marine de Guerre, la production de charbon asturien connut une croissance rapide[5].
Cependant, la première crise énergétique grave se produisit au début de la Première Guerre mondiale (1914-1918) lorsque, du fait des hostilités, les importations de charbon se réduisirent. Après la guerre, l'Espagne misa sur le pétrole pour réduire sa dépendance du charbon anglais, mais du fait du monopole des grandes entreprises pétrolières se produisit une nouvelle crise. La dictature de Primo de Rivera promulgua donc la Ley del Monopolio de Petróleos de 1927, qui établit un monopole d'État sur le commerce et la transformation du pétrole, créant l'entreprise d'État CAMPSA. Durant la période de l'entre-deux-guerres commença également le développement de l'énergie hydroélectrique avec la construction des premiers grands barrages. Mais après la Guerre Civile et la victoire de Franco en 1939, l'Espagne souffrit du blocus des Alliés, avec de fréquentes coupures de courant et autres difficultés. Dans ces années il ne fut pas possible de construire de nouvelles centrales hydroélectrique ou thermiques car la priorité était de relever le pays[5].
À mesure que l'économie du pays décollait et que l'Espagne sortait de son isolationnisme, la production d'énergie dut augmenter de nouveau pour soutenir cette croissance, grâce à l'exploitation des lignites galiciens et d'autres charbons nationaux, ainsi qu'à la construction de nouveaux barrages et de raffineries de pétrole. De plus, l'Espagne fut un pays pionnier dans le développement de l'énergie nucléaire pour la production d'électricité, avec l'inauguration de la Centrale nucléaire José Cabrera en 1969. Mais en 1973 survint la première crise du pétrole (voir Premier choc pétrolier), suivie par celle de 1979 (voir Deuxième choc pétrolier), qui perturbèrent gravement l'économie espagnole comme celle du monde entier.
L'ambitieux programme nucléaire espagnol se vit freiné dans les années 1980 par la vague anti-nucléaire déclenchée par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, et la nouvelle politique énergétique se tourna vers d'autres ressources : le gaz naturel, jugé moins polluant. Un gazoduc fut alors construit pour acheminer la fourniture de l'Algérie en passant par le Maroc, ainsi que des stations de regazéification pour recevoir les navires méthaniers qui le transportent sous forme liquide.
Plus récemment, dans les années 1990 et 2000 se répandit la conscience du fait que les sources d'énergie non renouvelables ne sont pas éternelles, ainsi qu'une croissante sensibilité environnementaliste, favorisant le fort développement des nouvelles énergies renouvelables : éolienne principalement, mais aussi solaire (thermique et photovoltaïque), biomasse, etc.
Pour la période récente, voir la section "politique énergétique".
Production nationale
La production nationale d'énergie primaire a évolué comme suit :
Source | 1990 | % | 2000 | % | 2010 | % | 2015 | 2019 | % 2019 | var. 2019/1990 | 2020p |
Charbon | 492 | 33,9 | 334 | 25,3 | 138 | 9,6 | 52 | 0 | 0 % | -100 % | 0 |
Pétrole | 49 | 3,4 | 10 | 0,7 | 5 | 0,4 | 10 | 1,7 | 0,1 % | -97 % | 1,2 |
Gaz naturel | 53 | 3,7 | 6 | 0,5 | 2 | 0,01 | 2 | 5 | 0,3 % | -91 % | 1,7 |
Total fossiles | 594 | 41,0 | 349 | 26,5 | 145 | 10,1 | 64 | 7 | 0,5 % | -99 % | 3 |
Nucléaire | 592 | 40,9 | 679 | 51,5 | 676 | 46,9 | 624 | 637 | 44,6 % | +8 % | 636 |
Hydraulique | 92 | 6,3 | 102 | 7,7 | 152 | 10,6 | 101 | 89 | 6,2 % | -3 % | 109 |
Biomasse-déchets | 170 | 11,8 | 170 | 12,9 | 265 | 18,4 | 305 | 353 | 24,7 % | +107 % | 356 |
Solaire, éolien | 1 | 0,1 | 19 | 1,4 | 203 | 14,1 | 312 | 343 | 24,0 % | ns | 356 |
Total EnR | 263 | 18,2 | 290 | 22,0 | 621 | 43,0 | 718 | 785 | 55,0 % | +198 % | 822 |
Total | 1 449 | 100 | 1 318 | 100 | 1 442 | 100 | 1 406 | 1 428 | 100 % | -2 % | 1 461 |
Source des données : Agence internationale de l'énergie[3]. 2020p : provisoire. |
La production nationale couvre seulement 28,1 % des besoins du pays en 2019.
Charbon
Les réserves de charbon prouvées et économiquement récupérables sont estimées par l'Agence fédérale allemande pour les sciences de la terre et les matières premières (BGR) fin 2020 à 868 Mt (millions de tonnes), plus 3 363 Mt de ressources ultimes ; il n'y a plus de production[r 1]. Les réserves de lignite sont estimées à 319 Mt[r 2].
La production n'était plus que de 1,1 Mtep en 2018, en baisse de 6,8 % en 2018 et de 75 % depuis 2008[6].
Les effectifs des mines de charbon baissent rapidement : 4594 en 2010, 2795 en 2015, 1954 en 2016, 1714 en 2017[e 1].
Le , la Commission européenne a autorisé l’Espagne à subventionner la fin d’activité de filières charbonnières : 2,1 milliards d’euros seront consacrés à la fermeture de 26 mines de charbon et de lignite jugées non rentables. Les aides pourront être versées à la condition que les exploitations minières soient effectivement fermées avant 2019[7].
Pétrole
En 2020, selon BGR, l'Espagne avait 20 Mt de réserves économiquement exploitables, plus 43 Mt de ressources potentiellement récupérables ; sa production 2020 était inférieure à 0,05 Mt[r 3].
Gaz naturel
Les réserves économiquement exploitables de gaz naturel en Espagne sont estimées en 2020 par BGR à 3 Gm3, plus 653 Gm3 de ressources potentielles ; la production 2020 a été de 0,1 Gm3[r 4].
Énergies renouvelables
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Energía renovable en España » (voir la liste des auteurs).
Les énergies renouvelables n'ont joué en Espagne, jusqu'à la fin du XXe siècle, qu'un rôle limité dans la satisfaction de la demande d'énergie primaire et d'électricité ; elles étaient principalement représentées par l'énergie hydroélectrique. Cependant, depuis une quinzaine d'années, plusieurs gouvernements ont soutenu le développement des technologies éolienne et solaire.
En 2005, le gouvernement espagnol a approuvé une nouvelle loi dont l'objectif était de produire 30 % de l'énergie nationale à partir des énergies renouvelables jusqu'à parvenir à 20,1 GW en 2010 et 36 GW en 2020[8]. Il est prévu que la moitié de cette énergie provienne du secteur éolien, ce qui éviterait l'émission de 77 millions de tonnes de dioxyde de carbone [9]
En 2011, le gouvernement espagnol a approuvé le Plan National des Énergies Renouvelables qui fixe des objectifs pour la période 2011-2020 de 35 000 MW installés en 2020 en éoliennes terrestres et 3 000 MW en éoliennes offshore[10].
Mais le nouveau gouvernement espagnol de Mariano Rajoy, après son arrivée au pouvoir fin 2011, a suspendu les dispositifs de soutien aux nouveaux projets d'énergies renouvelables : le ministère de l'Industrie a annoncé le la clôture temporaire du programme de tarifs d'obligation d'achat d'énergies renouvelables pour les nouveaux projets ; les projets déjà approuvés continueront à bénéficier de ces tarifs ; cette suspension est justifiée par la crise économique et surtout par le déficit dû au programme qui s'accumulait dans les comptes des opérateurs, ces derniers n'étant pas autorisés à répercuter les surcoûts d'achat d'énergies renouvelables dans leurs tarifs de vente, mais seulement à comptabiliser ces surcoûts dans des comptes d'attente ; le gouvernement prépare une réforme qui éliminera ces déficits[11], qui atteignent 26 milliards d'euros en 2013 ; l'État a dépensé plus de 50 milliards € d'aides aux renouvelables de 1998 à 2013, avec une hausse de 800 % à partir de 2005 ; le gouvernement annonce son intention de réduire fortement les aides à l'éolien[12]. Cette décision va fortement ralentir le développement des énergies renouvelables ; cependant, les réglementations européennes amèneront l'Espagne à réintroduire tôt ou tard des politiques de soutien[13].
Ci-dessous est figurée l'évolution de la part des énergies renouvelables dans l'approvisionnement du pays en énergie primaire ; on y distingue aussi la dépendance de l'énergie hydroélectrique aux variations climatiques (années sèches ou pluvieuses) qui se voit clairement jusqu'au milieu de la décennie 2000 ; la baisse observée en 2011 provient d'une faible hydraulicité ; en 2012, les précipitations ont été encore plus faibles, mais la progression des autres EnR a compensé le déficit hydraulique ; en 2013 et 2014, la baisse de la consommation (-6,4 % puis -2,2 %) a fait croître la part des EnR ; en 2015, la sécheresse a fait chuter la production hydroélectrique de 27 %, les mauvaises conditions de vent ont réduit la production éolienne, et le redressement de la consommation a contribué à réduire la part des EnR ; en 2016, elle s'est légèrement redressée grâce à une hydraulicité en hausse de 30,6 % ; en 2017, la baisse de 48,4 % de la production hydroélectrique l'a fait chuter à nouveau[e 2]:
Parmi les énergies renouvelables, en dehors des énergies électriques (hydraulique, éolien, solaire) qui sont traitées dans l'article Électricité en Espagne, l'essentiel des ressources provient de la biomasse, utilisée soit directement (combustion de bois ou de déchets agricoles pour le chauffage), soit pour produire des biocarburants tels que l'éthanol ou le biodiesel, ou du biogaz. Selon le Conseil Mondial de l'Énergie (World Energy Council), les ressources en résidus agricoles disponibles étaient estimées à 5,8 Mtep en 2008 (avec un potentiel de 12,8 Mtep), et la production de biocarburants était de 257 kt (kilotonnes) pour l'éthanol (capacité de production : 415 kt) et de 150 kt pour le biodiesel (capacité : 322 kt)[14].
Déficit énergétique
La dépendance énergétique extérieure de l'Espagne est supérieure à la moyenne de l'Union européenne. Le degré d'autosuffisance en énergie primaire (rapport entre production intérieure et consommation totale d'énergie primaire) a été en 2017 de 25,7 %, autrement dit 74,3 % de l'énergie primaire consommée est importée de l'extérieur[e 3]. Dans le tableau suivant est détaillée l'évolution du degré d'autosuffisance :
L'amélioration observée de 2009 à 2013 résulte de la baisse de la consommation d'énergie causée par la crise. La reprise économique à partir de 2014 a fait chuter le degré d'autonomie énergétique et la forte baisse de la production hydroélectrique causée par la sécheresse l'a encore amoindri en 2017.
Consommation intérieure d'énergie primaire
La consommation espagnole d'énergie primaire par habitant en 2019 était de 107,9 GJ, 36 % au-dessus de la moyenne mondiale (79,1 GJ), mais 28 % au-dessous de celle de la France : 150,5 GJ, celle de l'Allemagne étant de 148,3 GJ et celle des États-Unis de 282 GJ[k 1].
On observe sur le graphique ci-contre l'impact très marqué de la crise économique de 2008 et de celle de 2020.
Source | 1990 | % | 2000 | % | 2010 | % | 2015 | 2019 | % 2019 | var. 2019/1990 | 2020 |
Charbon | 807 | 21,4 | 877 | 17,3 | 325 | 6,1 | 204 | 4,0 % | -75 % | 116 | |
Pétrole | 1 904 | 50,5 | 2 579 | 50,8 | 2 416 | 45,3 | 2 156 | 42,4 % | +13 % | 1 823 | |
Gaz naturel | 208 | 5,5 | 637 | 12,5 | 1 303 | 24,5 | 1 294 | 25,4 % | +522 % | 1 169 | |
Total fossiles | 2 918 | 77,4 | 4 093 | 80,6 | 4 044 | 75,9 | 3 654 | 71,9 % | +25 % | 3 108 | |
Nucléaire | 592 | 15,7 | 679 | 13,4 | 676 | 12,7 | x | 637 | 12,5 % | +8 % | 636 |
Hydraulique | 92 | 2,4 | 102 | 2,0 | 152 | 2,9 | 89 | 1,7 % | -3 % | 109 | |
Biomasse-déchets | 170 | 4,5 | 173 | 3,4 | 282 | 5,3 | 336 | 6,6 % | +97 % | 332 | |
Solaire, éolien | 1 | 0,03 | 19 | 0,4 | 203 | 3,8 | 343 | 6,7 % | ns | 356 | |
Total EnR | 263 | 7,0 | 293 | 5,8 | 638 | 12,0 | x | 768 | 15,1 % | +192 % | 798 |
Solde exp.électricité | -1,5 | -0,04 | 16 | 0,3 | -30 | -0,6 | 25 | 0,5 % | ns | 12 | |
Total | 3 772 | 100 | 5 081 | 100 | 5 328 | 100 | 5 083 | 100 % | +35 % | 4 554 | |
Source des données : Agence internationale de l'énergie[3] |
Charbon
La consommation intérieure brute de charbon en 2017 s'élevait à 12,82 Mtep, en hausse de 17,6 % du fait de la progression de la consommation du secteur électrique causée par la chute de la production hydroélectrique ; la production nationale est remontée à 1,128 Mt (+59,8 %) après une baisse de 40,9 % en 2016 ; le solde importateur de l'Espagne s'est élevé à 17,06 Mt (+13,5 %). La consommation des centrales électriques a été de 10,62 Mtep (+21,7 %), soit 83 % de la consommation totale[e 4].
Importations de charbon
Le solde importateur est passé de 13,69 Mt en 2014 à 17,06 Mt en 2017[e 4] ; les importations proviennent surtout de Colombie, de Russie, d'Indonésie et d'Afrique du Sud[e 5].
Pétrole
La consommation d'énergie primaire d'origine pétrolière en 2017 a été de 57,97 Mtep (+5,9 %), soit 44,3 % de la consommation d'énergie totale du pays[e 2] ; la consommation finale de produits pétroliers a été de 47,41 Mt (+1,7 %), soit 53,2 % de la consommation finale d'énergie[e 6] ; la production nationale de brut a été de 122 kt en 2017 (-15 %)[e 3] ; la quasi-totalité du brut utilisé en Espagne a donc été importée et le sera totalement à partir de juin 2021, date à laquelle la production nationale s'arrête pour motif écologique[16].
Importations de pétrole
Pays | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | % en 2017[e 7] | |
Mexique | 7,18 | 7,71 | 5,66 | 5,93 | 6,13 | 8,68 | 8,94 | 8,56 | 8,88 | 9,23 | 14,6 % | |
Nigeria | 4,86 | 5,04 | 5,40 | 5,58 | 6,91 | 8,43 | 7,61 | 9,90 | 10,82 | 8,11 | 14,4 % | |
Arabie saoudite | 5,47 | 6,40 | 5,81 | 6,57 | 7,66 | 7,94 | 8,14 | 7,24 | 6,81 | 6,59 | 9,7 % | |
Irak | 3,25 | 1,83 | 2,25 | 1,90 | 3,86 | 4,87 | 2,01 | 1,87 | 2,16 | 5,19 | nd | |
Russie | 12,74 | 8,81 | 8,20 | 6,58 | 7,98 | 8,18 | 8,13 | 7,07 | 7,93 | 5,07 | nd | |
Libye | 4,90 | 5,96 | 5,04 | 6,83 | 1,16 | 4,89 | 2,85 | 1,43 | 1,60 | 2,70 | 8,3 % | |
Iran | 4,51 | 6,80 | 6,27 | 7,67 | 7,49 | 1,10 | 0 | 0 | 0 | 2,51 | 6,7 % | |
Royaume-Uni | 0,69 | 1,43 | 1,19 | 0,40 | 0,16 | 0 | 0,40 | 1,36 | 1,79 | 1,79 | nd | |
Algérie | 0,39 | 1,63 | 1,08 | 1,01 | 0,54 | 1,65 | 3,18 | 2,08 | 2,93 | 1,52 | nd | |
Venezuela | 2,12 | 1,87 | 2,68 | 0,79 | 0,42 | 2,58 | 2,37 | 2,92 | 3,19 | 1,12 | nd | |
Total | 60,47 | 57,51 | 58,51 | 52,30 | 52,46 | 52,15 | 58,81 | 57,87 | 59,05 | 64,63 | 64,17 | |
Variation | -4,9 % | +1,7 % | -10,6 % | +0,3 % | -0,6 % | +12,8 % | -1,6 % | +2,0 % | +9,4 % | -0,7 % |
Les totaux par région sont :
- Moyen-Orient : 25,4 % en 2006, 37,2 % en 2011, 13,9 % en 2015, 22,3 % en 2016, 22,5 % en 2017
- Afrique : 31 % en 2006, 27,2 % en 2011, 36,3 % en 2015, 26,8 % en 2016, 32,6 % en 2017
- Europe (y c. Russie) : 24,4 % en 2006, 17,2 % en 2011, 19,6 % en 2015, 15,4 % en 2016, 18,8 % en 2017
- Amérique : 18,5 % en 2006, 16,7 % en 2011, 27,3 % en 2015, 25,4 % en 2016, 26,1 % en 2017[e 7].
Raffineries de pétrole
L’Espagne compte neuf raffineries:
Localisation | Propriétaire | Nom |
Tarragone (Catalogne) | Repsol YPF | |
Puertollano (Castille-La Manche) | Repsol YPF | Refinería de Puertollano |
Carthagène (Murcie) | Repsol YPF | |
Bilbao (Pays basque) | Petronor[18] | |
La Corogne (Galice) | Repsol YPF | |
Castellón (Communauté valencienne) | BP | BP Oil Refinería de Castellón, S.A.U. |
Huelva (Andalousie) | Cepsa | Refinería La Rábida |
San Roque (Andalousie) | Cepsa | Refinería de Gibraltar-San Roque |
Santa Cruz de Tenerife (Îles Canaries) | Cepsa | Refinería de Santa Cruz de Tenerife |
Réseau d'oléoducs
La carte du réseau d'oléoducs de l'Espagne[e 8] fait apparaître une structure partant des ports d'approvisionnement, auprès desquels sont situées les huit raffineries (sauf celle de Puertollano), pour alimenter l'intérieur du pays.
Gaz naturel
La consommation de gaz naturel s'élevait à 350,9 TWh en 2017, en hausse de 9 % par rapport à 2016, mais inférieure de 13 % à celle de 2009[e 9], répartie en :
- 275,2 TWh (78 %) pour l'industrie et les secteurs résidentiel et commercial ;
- 75,7 TWh (22 %) pour la production d'électricité (en hausse de 26,8 % par rapport à 2016 à cause de la chute de la production hydroélectrique).
Les centrales à cycle combiné utilisant le gaz naturel comme combustible assuraient 16,7 % de la production électrique en 2017[e 10].
La production nationale de gaz naturel était en 2017 de 308 GWh, en forte baisse (-50 %)[e 11] ; elle ne couvre que 0,09 % de la consommation du pays[e 9].
Importations-exportations
Les importations de gaz naturel ont atteint 33,2 Gm3 en 2020, au 13e rang mondial, dont 12,3 Gm3 par gazoduc et 20,9 Gm3 par voie maritime (GNL). Les principaux fournisseurs sont l'Algérie (9,6 Gm3), les États-Unis 5,4 Gm3, le Nigéria 4,0 Gm3, la Russie 3,4 Gm3 et le Qatar 3,1 Gm3[19].
Les importations de gaz naturel ont atteint 389,29 TWh en 2017 (+6,8 %)[e 12] :
Pays | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | % 2017 |
Algérie | 139,68 | 128,36 | 121,47 | 135,80 | 150,19 | 192,04 | 211,89 | 218,75 | 207,0 | 188,01 | 48,2 % |
Nigeria | 83,30 | 44,27 | 75,49 | 70,70 | 54,84 | 37,11 | 31,65 | 43,32 | 52,8 | 48,59 | 12,5 % |
Pérou | nd | nd | nd | nd | nd | 16,90 | 13,97 | 10,79 | 20,15 | 39,51 | 10,1 % |
Qatar | 51,57 | 45,67 | 59,07 | 46,62 | 40,96 | 40,64 | 35,04 | 34,02 | 28,94 | 38,98 | 10,0 % |
Norvège | 27,58 | 35,31 | 33,77 | 29,42 | 40,77 | 13,37 | 14,06 | 32,13 | 38,42 | 38,60 | 9,9 % |
France | nd | nd | nd | nd | nd | 45,56 | 49,23 | 12,8 | 7,8 | 15,56 | 4,0 % |
États-Unis | - | - | - | - | - | - | - | - | 0,85 | 8,54 | 2,2 % |
Trinité-et-Tobago | 50,20 | 44,93 | 32,31 | 24,89 | 23,96 | 22,44 | 23,48 | 12,75 | 7,31 | 6,12 | 1,6 % |
Total | 410,13 | 369,39 | 371,50 | 358,99 | 354,64 | 376,18 | 384,68 | 364,95 | 365,02 | 389,69 | 100 % |
NB : la rubrique "France" regroupait en 2013-2014 des importations par gazoducs en provenance de Norvège, Pays-Bas, etc., qui figuraient jusqu'en 2012 dans les importations de ces pays ; les importations par méthaniers restent bien entendu attribuées à leur pays d'origine ; en 2015, les importations de Norvège via la France sont à nouveau isolées.
La majorité de ces importations (53 % en 2017) se font par gazoducs depuis la France (22 %), le Portugal et surtout l'Algérie (gazoducs Magreb 42 % et Medgaz 36 %), le reste par méthanier sous forme de GNL. En 2017, 216 cargaisons de méthaniers ont été réceptionnées, avec une cargaison moyenne de 852 GWh ; les terminaux de Barcelone, Huelva et Bilbao ont reçu les volumes les plus importants. Les gazoducs Maghreb-Europe et Medgaz qui acheminent le gaz algérien depuis 2011 représentent les principaux points d'entrée du gaz en Espagne. Les exportations ont baissé de 28 % à 30,75 TWh, surtout vers le Portugal (29,85 TWh, -18 %) et vers la France (0,89 TWh, -86 %)[e 13].
Le gazoduc Medgaz comporte une section à terre de 547 km de Hassi R'Mel au port de Beni Saf, puis une section sous-marine de 200 km jusqu'à Almeria. Sa capacité est de 8 milliards de m³/an.
Le projet de gazoduc Midi-Catalogne (Projet MidCat-STEP) doublerait la capacité de transport de gaz d'Espagne vers la France, grâce à 224 kilomètres de nouvelles canalisations à travers les Pyrénées ; ce projet nécessiterait 3,1 milliards d'euros d'investissements, dont 2,7 milliards à la charge de la France ; l'Espagne pousse ce projet pour rentabiliser ses terminaux méthaniers qui tournent au ralenti. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) critique en 2016 ce projet dont les études préparatoires sont financés par l'Union européenne : selon la CRE, la France est aujourd'hui bien interconnectée avec ses voisins et l'utilité de ce projet n'est pas démontrée[20]. La crise du gaz russe ne change pas la position de la France, motivée par l’impact environnemental et le coût très élevé des travaux estimés à 450 millions €. Si l’UE juge le projet « crucial », la Commission européenne ne s'est pas encore engagée à le financer, souhaitant financer prioritairement les énergies renouvelables. Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez plaide donc pour un gazoduc compatible avec le transport d'hydrogène vert[21].
Réseau de gazoducs et terminaux méthaniers
Le réseau intérieur de gazoducs atteignait 87 070 km (+2,3 %) à fin 2017 [e 14].
La capacité des installations de regazéification atteignaient 6,86 Mm3/h (millions de mètres cubes par heure) fin 2017, sans changement depuis 2010[e 15] :
- Barcelone : 1,95 Mm3/h ;
- Cartagène : 1,35 Mm3/h ;
- Huelva : 1,35 Mm3/h ;
- Bilbao : 0,8 Mm3/h ;
- Sagunto : 1,0 Mm3/h ;
- Mugardos (en Galice, près du Ferrol): 0,413 Mm3/h.
Trois nouveaux terminaux de regazéification sont en cours d'autorisation :
- El Musel (Gijón) : 0,8 Mm3/h ;
- Tenerife (Canaries) :0,15 Mm3/h ;
- Gran Canaria (Canaries) :0,15 Mm3/h.
La carte du réseau de gazoducs[e 16] montre une irrigation assez complète du territoire national, avec quatre axes principaux nord-sud reliés par plusieurs connexions est-ouest.
A la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, les flux entre l'Espagne et la France se sont inversés : l'Espagne, jusque-là importatrice, est devenue exportatrice nette vers la France, du fait de l'abondance de ses importations de GNL. L'Espagne relance donc son projet de renforcement de l'interconnexion gazière entre la France et l'Espagne, soutenu par Teréga et son homologue espagnol Enagás, qui avait été rejeté par les régulateurs des deux pays en 2019 ; il s'agit d'un gazoduc de 230 km entre Figueras et Barbaira (Aude), qui permettrait de doubler les capacités d'interconnexion actuelles[22].
Les capacités de stockage sont de 3,32 Mm3 dans les terminaux méthaniers énumérés ci-dessus[e 15], plus 1,55 Mm3 au stockage sous-marin Gaviota (ancien gisement offshore) à 8 km au large de Bermeo (Biscaye)[23] et 1,9 Mm3 dans les stockages souterrains de l'intérieur[e 15] :
- Serrablo (Aragon) : 0,82 Mm3 ;
- Marismas (Andalousie) : 0,06 Mm3 ;
- Yela (Castille) : 1,05 Mm3.
Le projet MidCat-STEP de gazoduc entre la Catalogne et le Midi de la France, à travers les Pyrénées, est définitivement abandonné après l'annonce, le 20 octobre 2022, par l'Espagne, la France et le Portugal, d'un accord sur la construction d'un nouveau gazoduc reliant Barcelone à Marseille en passant sous la Méditerranée. Ce gazoduc serait destiné au transport de l'hydrogène vert et d'autres gaz renouvelables, mais le gaz naturel fossile pourra y circuler « comme source d'énergie temporaire et transitoire, dans une proportion limitée » (une limite de 15 % est évoquée). Sa mise en service est prévue au plus tôt en 2030[24]. Les opérateurs gaziers espagnol (Enagas), portugais (REN) et français (Teréga et GRTgaz) ont transmis des éléments préliminaires aux trois gouvernements concernés : la longueur du gazoduc posé au fond de la mer varierait entre 350 et 450 km, selon trois tracés possibles ; le coût du projet serait de l'ordre de deux milliards d'euros[25]. Ce projet est contesté par des ONG inquiètes pour les fonds marins de la Méditerranée. Le bilan carbone du transport d'hydrogène sur de longues distances est aussi mis en cause. Emmanuel Macron déclarait le 5 septembre 2022 : « Il serait aberrant de transporter de l'hydrogène de l'Espagne à la France. Ce qu'il faudrait transporter, c'est l'électricité bas carbone produite en Espagne pour aller faire l'électrolyse sur les sites industriels qui auraient besoin d'hydrogène »[26].
L'Espagne, la France et le Portugal lancent le 9 décembre 2022 le projet « H2Med », qui englobe deux gazoducs : l'un, court, entre le Portugal et l'Espagne, et l'autre, plus long et plus complexe, le « BarMar », qui reliera par voie sous-marine Barcelone et Marseille pour transporter 2 Mt/an d'hydrogène vert produit dans la péninsule ibérique à partir de 2030, soit 20 % du total des objectifs de production européens. Le coût du chantier est estimé à 2,5 milliards €, dont la moitié serait couverte par des fonds européens[27].
Commercialisateurs
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Gas natural en España » (voir la liste des auteurs).
Part de marché dans la commercialisation par entreprise (3e trimestre 2010):
Énergie nucléaire
Les besoins en uranium des centrales nucléaires espagnoles ont été de 1 408 tU en 2015 et 1 163 tU en 2016, entièrement importés[28].
De la production à la consommation finale
L'approvisionnement de l'Espagne en énergie primaire provient de la production locale et d'importations, dont il faut soustraire les exportations et les soutes internationales, puis ajouter ou retrancher les variations de stocks.
Ces ressources sont ensuite transformées (moyennant des pertes de transformation et de transport) par la filière énergétique, puis consommées pour des usages non énergétiques (bitume, chimie, …) ou énergétiques : consommation finale d'énergie par les utilisateurs.
Tous ces flux peuvent se résumer en un tableau de bilan énergétique :
BILAN ÉNERGÉTIQUE[3] | |||||
RESSOURCES 2019 | PJ | % | EMPLOIS 2019 | PJ | % |
Production d’énergie primaire | 1 428 | 28 % | Consommation branche énergie et pertes | 1 502 | 30 % |
Importations-exportations | 4 210 | 83 % | Consommation finale non énergétique | 222 | 4 % |
Var. stocks+soutes | -555 | -11 % | Consommation finale énergétique | 3 359 | 66 % |
Total ressources | 5 083 | 100 % | Total emplois : Consommation d'énergie primaire | 5 083 | 100 % |
Les consommations de la branche énergie sont surtout les pertes de conversion (20 %) et les consommations propres des installations de production et de transport d'énergie (8 %).
Consommation d'énergie finale
Le graphique ci-contre montre la progression quasi continue des consommations de pétrole, de gaz et d'électricité jusqu'à 2007. Mais la crise de 2008 a causé une chute très importante des consommations : -20,3 % entre 2007 et 2013, suivie d'une reprise : +5,6 % entre 2013 et 2019[3].
Source d'énergie | 1990 | % | 2000 | % | 2010 | % | 2015 | 2019 | % 2019 | var.2019 /1990 |
Charbon | 142 | 5,6 % | 57 | 1,6 % | 37 | 1,0 % | 22 | 20 | 0,6 % | -86 % |
Produits pétroliers | 1 603 | 63,0 % | 2 184 | 61,0 % | 2 093 | 54,3 % | 1 683 | 1 836 | 51,3 % | +15 % |
Gaz naturel | 181 | 7,1 % | 515 | 14,4 % | 620 | 16,1 % | 568 | 615 | 17,2 % | +239 % |
Biomasse-déchets | 164 | 6,5 % | 144 | 4,0 % | 217 | 5,6 % | 210 | 251 | 7,0 % | +53 % |
Solaire thermique | 1 | 0,04 % | 1,5 | 0,04 % | 8 | 0,2 % | 12 | 15 | 0,4 % | +1410 % |
Électricité | 453 | 17,8 % | 678 | 19,0 % | 881 | 22,9 % | 835 | 844 | 23,6 % | +86 % |
Total consom. finale | 2 544 | 100 % | 3 579 | 100 % | 3 857 | 100 % | 3 331 | 3 581 | 100 % | +41 % |
Source : AIE[3]. |
---|
Les usages non énergétiques ont représenté 4,89 Mtep en 2017, soit 5,5 % du total[e 3].
Les énergies renouvelables électriques ont produit 31,7 % de l'électricité du pays en 2017[e 17], soit 7,2 % de la consommation finale ; avec les EnR thermiques (6,4 %), les énergies renouvelables couvrent au total 13,6 % de la consommation finale d'énergie.
La part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie, calculée selon les règles de la Directive 2009/28/CE (avec correction des variations climatiques), est passée de 8,3 % en 2004 à 10,7 % en 2008, 13,8 % en 2010, 16,2 % en 2015, 17,4 % en 2016 et 17,5 % en 2017[e 18].
La répartition de la consommation finale énergétique en 2019 est la suivante[29] :
- transport : 40,7 %
- industrie : 24,6 %
- résidentiel : 18,1 %
- tertiaire : 12,7 %
- agriculture et pêche : 3,6 %
- non spécifié : 0,4 %.
La répartition modale de la consommation d'énergie des transports a évolué comme suit :
Source d'énergie | 2000 | 2017 |
transport routier | 79,5 % | 77,4 % |
transport aérien | 13,7 % | 18,1 % |
transport fluvial | 4,2 % | 2,6 % |
transport ferroviaire | 2,2 % | 1,1 % |
La répartition par sources d'énergie de la consommation du secteur résidentiel s'est profondément modifiée :
Source d'énergie | 2000 | 2017 |
électricité | 31,3 % | 39,4 % |
produits pétroliers | 33,9 % | 17,3 % |
gaz naturel | 16,8 % | 24,5 % |
renouvelables | 16,8 % | 18,3 % |
autres | 1,2 % | 0,5 % |
La répartition par usages de la consommation résidentielle est très différente de la répartition moyenne dans l'Union européenne, pour l'essentiel du fait des facteurs climatiques :
Usage | Espagne part en 2017 |
UE-28 part en 2016 |
chauffage | 43,1 % | 65,1 % |
appareils électriques | 24,4 % | 14,5 % |
eau chaude sanitaire | 19,2 % | 13,1 % |
cuisine | 7,8 % | 5,2 % |
éclairage | 4,6 % | 1,7 % |
air conditionné | 0,9 % | 0,5 % |
Secteur électrique
source données : EIA
La production d'électricité en Espagne se caractérise par la prépondérance des centrales thermiques à combustibles fossiles, principalement à charbon et fioul à l'origine, en partie remplacées par le gaz naturel depuis la création de nombreuses centrales à cycle combiné : les combustibles fossiles totalisaient 37,9 % en 2016. Les centrales à gaz ont couvert 27 % de la demande en 2009, devenant la principale source de production électrique, puis sont redescendues à 17 % en 2014, grâce à la baisse de la demande causée par la crise de 2008, à la baisse des prix du charbon qui est repassé en tête avec 19,8 % en 2011 mais ramené à 14,3 % en 2016, et à la forte croissance des énergies renouvelables qui en 2016 produisaient 38,2 % de l'électricité du pays. La production d'énergie hydraulique varie avec les années, en fonction des précipitations (exceptionnellement faibles en 2012 et en 2015), et la couverture de la demande par les autres renouvelables est en progression, stimulée par les subventions accordées par les gouvernements successifs jusqu'en 2012, puis supprimées. Ainsi, tandis qu'en 2005 l'énergie éolienne produisait 7,7 % de l'électricité du pays, en 2016 elle atteignait 18,2 %, et le solaire 4,9 %. Par ailleurs, les 6 centrales nucléaires espagnoles ont vu leur part dans la production électrique faiblir progressivement du fait du gel du parc nucléaire dû au moratoire nucléaire de 1983, alors que la production totale continuait sa croissance au cours des dernières décennies : elles sont passées de 35 % en 1996 à 21,4 % en 2016[30].
Politique énergétique
La politique énergétique des pays développés tente de concilier les objectifs de sécurité d'approvisionnement, de contribution de l'énergie à l'amélioration de la compétitivité économique, avec l'intégration des objectifs environnementaux, particulièrement ceux qui concernent les émissions de gaz à effet de serre.
En 1983, le gouvernement socialiste de Felipe González promulgua un moratoire nucléaire (encore en vigueur); alors commença la discussion sur le devenir de l'énergie nucléaire. De nouveau en 2005, avec un gouvernement socialiste et face à la montée des prix des combustibles fossiles importés, se rouvrit le débat sur la nécessité de l'énergie nucléaire, qui continue à être rejetée par le PSOE (et d'autres groupes politiques) et les écologistes, comme ils indiquent que continuent à exister des raisons de poids qui incitent à renoncer à l'énergie nucléaire : les problèmes de sécurité, la future pénurie d'uranium et la difficile gestion des déchets radioactifs annuleraient les avantages des centrales nucléaires, préconisant la fermeture des centrales existantes et la non-construction de nouvelles[31].
À partir du milieu des années 1990, cependant, la politique énergétique s'orienta vers la stimulation des énergies renouvelables, avec un système de primes qui a provoqué le décollage de ces technologies, dont l'énergie éolienne constitue l'exemple de succès le plus accompli, puisqu'en 2016 elle couvre 18,2 % de la demande électrique[30]. Mais le gouvernement Rajoy a supprimé ces primes en 2012, stoppant le développement des énergies renouvelables.
Entre 2004 et 2007, les gouvernements de plusieurs communautés autonomes approuvèrent des lois telles que la Ley de Fomento de las Energías Renovables d'Andalousie[32], qui rendent obligatoire l'installation de panneaux solaires sur les bâtiments de logements de construction neuve ou qui doivent subir une rénovation intégrale, à usage de chauffage et eau chaude, afin de réduire la dépendance du gaz naturel, du gazole et du butane. Cette mesure avait déjà été adoptée antérieurement par les conseils municipaux de diverses cités comme Madrid et Barcelone.
En juillet 2021, le gouvernement espagnol lance un programme de 4,3 milliards € de fonds publics d'ici à 2023 pour impulser la transformation de l'industrie automobile espagnole vers la production de véhicules non polluants et la réorientation de tout le secteur vers la mobilité verte. Financé essentiellement à travers les fonds « Next Generation UE », ce programme devrait servir de levier pour débloquer les investissements des fabricants et capter jusqu'à 19,7 milliards € de fonds privés. Volkswagen annonce son intention de profiter des aides publiques pour localiser en Espagne une troisième « gigafactory » de batteries (après l'Allemagne et la Suède), et de produire dans la péninsule 500 000 véhicules électriques par an pour les marques du groupe à partir de 2025[33].
Impact environnemental
Les émissions de CO2 de l'Espagne atteignaient 4,90 tonnes par habitant en 2019, supérieures de 12 % à la moyenne mondiale : 4,39 t et à celle de la France : 4,36 t, mais inférieure de 37 % à celle de l'Allemagne : 7,75 t et de 66 % à celle des États-Unis : 14,44 t[k 1].
1971 | 1990 | 2018 | var. 2018/1971 | var. 2018/1990 | var.UE28 2018/1990 | |
Émissions[h 1] (Mt CO2) | 119,1 | 202,6 | 248,9 | +109 % | +22,9 % | -21,7 % |
Émissions/habitant[h 2] (t CO2) | 3,44 | 5,15 | 5,33 | +55 % | +3,5 % | -27,1 % |
Source : Agence internationale de l'énergie |
---|
L'AIE fournit également les émissions de 2019 : 229,9 MtCO2, en recul de 7,6 % par rapport à 2018[h 1] ; par habitant : 4,88 tCO2[h 2].
Combustible | Émissions 2018 Mt CO2 | % | var. 2018/1990 | var.UE28 2018/1990 |
Charbon[h 3] | 43,3 | 17 % | -42 % | -50,3 % |
Pétrole[h 4] | 142,3 | 57 % | +21,5 % | -17,0 % |
Gaz naturel[h 5] | 61,8 | 25 % | +518 % | +37,0 % |
Source : Agence internationale de l'énergie |
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Émissions 2018 | part du secteur | Émissions/habitant | Émiss./hab. UE-28 | |
Secteur | Millions tonnes CO2 | % | tonnes CO2/hab. | tonnes CO2/hab. |
Secteur énergie hors élec. | 21,8 | 9 % | 0,47 | 0,41 |
Industrie et construction | 56,1 | 23 % | 1,20 | 1,55 |
Transport | 93,5 | 38 % | 2,00 | 1,85 |
dont transport routier | 82,1 | 33 % | 1,76 | 1,71 |
Résidentiel | 36,2 | 15 % | 0,78 | 1,30 |
Tertiaire | 32,0 | 13 % | 0,69 | 0,86 |
Total | 248,9 | 100 % | 5,33 | 6,14 |
Source : Agence internationale de l'énergie[h 6] * après ré-allocation des émissions de la production d'électricité et de chaleur aux secteurs de consommation. |
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Notes et références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en espagnol « Energía en España » (voir la liste des auteurs) et « Energía eólica en España » (voir la liste des auteurs).
Notes
Références
- (en) Agence internationale de l'énergie (AIE - en anglais : International Energy Agency - IEA), Key World Energy Statistics 2021, septembre 2021, [PDF].
- p. 60-69
- p. 13
- p. 23
- (en) CO2 Emissions from Fuel Combustion 2020 : Highlights, Agence internationale de l'énergie, [xls].
- tab.FC
- tab.CO2-POP
- tab.CO2 FC-Coal
- tab.CO2 FC-Oil
- tab.CO2 FC-Gas
- tab.SECTOREH
- (de) Agence fédérale pour les sciences de la terre et les matières premières, BGR Energiestudie 2021 - Daten und Entwicklungen der deutschen und globalen Energieversorgung [« Données et évolutions de l'approvisionnement allemand et mondial »], , 175 p. (lire en ligne [PDF])
- p. 100
- p. 115
- p. 66
- p. 83
- (es)[PDF]Secretaría de Estado de Energía, La energía en España 2017, Ministerio para la Transicion Ecologica (lire en ligne)
- p. 111
- p. 26
- p. 29
- p. 110
- p. 112
- p. 30
- p. 141
- p. 144
- p. 127
- p. 58
- p. 123
- p. 129
- p. 130
- p. 134
- p. 136
- p. 137
- p. 169
- p. 174
- p. 41
- p. 47
- Autres références
- (es)Instalaciones Petronor. Consulté le 3/4/2010.
- (es)Instalaciones Petronor. Consulté le 3/4/2010.
- (en) Energy Statistics Data Browser : Spain - Balances 2020, Agence internationale de l'énergie, octobre 2021.
- (en) Energy Statistics Data Browser - Spain : Electricity 2020, Agence internationale de l'énergie, octobre 2021.
- (es)Luis Gutiérrez Jodra, « España y la energía: un punto de vista académico », (consulté le ), p. 83-103
- (en) [PDF] BP Statistical Review of World Energy 2019 - 68th edition, BP, 11 juin 2019.
- Valéry Laramée de Tannenberg, L’Europe fait la chasse au charbon, Journal de l'Environnement, 31 mai 2016.
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- Coup d'envoi au projet d'hydrogène vert entre Barcelone et Marseille, Les Échos, 11 décembre 2022.
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- (es)annonce de la table ronde de dialogue sur un site anti-nucléaire, sur le site www.rebelion.org.
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Voir aussi
Bibliographie
- (en) Agence internationale de l'énergie, Spain 2009 Review, Paris, Agence internationale de l'énergie, coll. « Energy Policies of IEA Countries », , 156 p. (ISBN 978-92-64-06036-4, DOI 10.1787/9789264060364-en, présentation en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- (es)Production et demande en temps réel, sur le site de Red Eléctrica Española.