Sorraia
Le Sorraia (portugais : Sorraia) est une race de chevaux dont l'origine est trÚs ancienne, découverte au Portugal au début du XXe siÚcle par l'agronome et éleveur Ruy d'Andrade. Caractérisé par sa morphologie archaïque bien que proche du cheval ibérique et par sa robe exprimant le gÚne Dun, le Sorraia est généralement de couleur souris, avec des marques primitives. Le Sorraia montre une grande ressemblance avec les chevaux préhistoriques, bien que ses origines exactes restent à déterminer. Si sa relation avec certains chevaux exportés vers les Amériques durant la Renaissance est possible, il n'existe pas de preuve solide de sa relation avec le Barbe, le Lusitanien et les autres chevaux ibériques.
Sorraia
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Altamiro, un étalon Sorraia de race pure, à la robe souris de teinte foncée, né en Allemagne. | |
RĂ©gion dâorigine | |
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RĂ©gion | Portugal |
Caractéristiques | |
Morphologie | Petit cheval de selle |
Taille | 1,42 m Ă 1,47 m |
Robe | souris |
TĂȘte | Grosse, profil busquĂ© |
Pieds | Durs et sains |
CaractÚre | Indépendant |
Autre | |
Utilisation | Selle et bĂąt |
Tous les Sorraia actuels descendent d'un trÚs petit groupe de reproducteurs, sélectionnés au XXe siÚcle par la famille d'Andrade. La race a subi un goulet d'étranglement de population et présente une trÚs faible diversité génétique, ce qui fait peser sur elle une lourde menace d'extinction et entraßne des problÚmes d'infertilité.
Le Sorraia est dĂ©sormais surtout Ă©levĂ© par curiositĂ©, notamment en raison de sa couleur de robe, bien qu'il puisse ĂȘtre montĂ©, bĂątĂ© et attelĂ©. Sa population est trĂšs rĂ©duite et ne compte pas plus de quelques centaines d'individus. La plupart des sujets sont au Portugal et en Allemagne, quelques-uns ayant Ă©tĂ© exportĂ©s vers la France, le Canada et le BrĂ©sil.
DĂ©nomination
L'agronome Ruy d'Andrade explique durant son intervention au XIIe congrÚs international de zoologie, en 1935, qu'il a choisi le nom de « chevaux du Sorraia » (en portugais : cavalo do Sorraia) pour désigner cette race[H 1]. Ce nom a été repris en anglais[1] et en français[2] - [3] - [4].
Dans leur rĂ©gion d'origine, ces animaux sont dĂ©crits en fonction de leur couleur[H 2]. Ceux dont la robe est dans les tons jaunes sont nommĂ©s baio, tandis que ceux de robe dans les tons gris souris sont nommĂ©s rato ; les individus portant de nombreuses zĂ©brures sont nommĂ©s gateado, signifiant « zĂ©brĂ© » en portugais[H 2]. Le nom de Sorraia a Ă©tĂ© donnĂ© Ă ce cheval en rĂ©fĂ©rence Ă deux riviĂšres situĂ©es dans son biotope d'origine[4]. Au Portugal moderne, il est parfois nommĂ© zebro en raison des zĂ©brures sur ses membres[5]. Le nom zebra est attestĂ© dans des documents mĂ©diĂ©vaux pour dĂ©signer un Ă©quidĂ© portugais, qui pourrait ĂȘtre l'ancĂȘtre du Sorraia[3].
D'aprÚs l'éleveuse et autrice allemande Oelke Hardy, le Sorraia était autrefois confondu avec le Marismeño (cheval des marais), mais les deux races ont ensuite connu une évolution divergente, ce qui a conduit à l'abandon du nom de Marismeño pour désigner le Sorraia[6], afin d'éviter toute confusion entre ces deux races[2].
Histoire
En raison de son aspect archaĂŻque et de sa valeur patrimoniale, le Sorraia suscite l'intĂ©rĂȘt de nombreux zoologues et gĂ©nĂ©ticiens[7] - [2]. Son histoire mĂȘme est l'objet de fortes controverses[8] - [9]. Si la plupart des sources dĂ©crivent l'Ă©leveur et agronome Ruy d'Andrade comme le dĂ©couvreur de cette race, l'enseignant-chercheur Carlos Henriques Pereira note que d'Andrade l'a croisĂ© avec d'autres chevaux prĂ©sentant des caractĂ©ristiques primitives, et estime qu'il a donc « rĂ©inventĂ© » la race[8]. Il existe un antagonisme entre les personnes qui soutiennent que Ruy d'Andrade a dĂ©couvert une race de chevaux primitifs, et celles qui estiment qu'il a sĂ©lectionnĂ© des chevaux Ă la couleur de robe primitive parmi une population portugaise prĂ©sentant originellement des couleurs de robe variĂ©es[A 1].
Origine
Les études génétiques menées sur le Sorraia n'ont pas permis de déterminer quel est son plus proche parent, et se révÚlent non-concluantes[S 1]. Les études génétiques récentes sur l'ADN mitochondrial montrent que le Sorraia appartient à un cluster de gÚnes largement séparé de la plupart des races ibériques[S 2] - [S 3] - [S 4] - [S 5] - [S 6]. Cette situation est attribuée à la trÚs faible diversité génétique des Sorraia subsistants[S 7]. Cette variabilité génétique trÚs faible ne permet pas de rattacher le Sorraia à un cluster particulier[S 1].
Historiquement, de nombreuses hypothÚses ont été formulées.
Le Sorraia est considĂ©rĂ© comme l'un des premiers chevaux Ă avoir Ă©tĂ© domestiquĂ©s en Europe, et comme un patrimoine de l'histoire du cheval ibĂ©rique[10] - [8]. Hermann Ebhardt inclut en 1962 le Sorraia Ă une liste de quatre chevaux sauvages, avec l'Exmoor, le Takh et le Pur-sang Ur[S 8]. Il est ensuite dĂ©signĂ© comme un descendant direct dâČEquus stenonius[7] - [11] - [S 9], Ă la suite d'une thĂ©orie Ă©mise en 1977 par Daphne Machin Goodall dans son ouvrage A History of Horse Breeding, et qui en fait une sous-espĂšce ancienne Ă l'origine des chevaux domestiques de la PĂ©ninsule IbĂ©rique[12].
Une relation avec le Tarpan ?
La parentĂ© Ă©ventuelle du Sorraia avec le Tarpan ne peut pas ĂȘtre Ă©valuĂ©e, puisque le Tarpan s'est Ă©teint[7].
Plusieurs auteurs soulignent cependant une proximitĂ© du Sorraia avec le Tarpan, l'autrice du guide Delachaux Ălise Rousseau allant jusqu'Ă affirmer qu'il en descend directement[2]. Le journaliste autrichien Martin Haller, plus prudent, dĂ©clare comme possible que le Sorraia constitue une « variante mĂ©ridionale du Tarpan »[9]. Cette possibilitĂ© reste ouverte, notamment selon les chercheurs Lilla LovĂĄsz et al. (2021)[S 10].
Une relation avec le Przewalski ?
Dans les ouvrages généralistes, Le Sorraia est souvent présenté comme un croisement entre le Tarpan et le cheval de Przewalski[13] - [14] - [15] - [16]. Les autrices Héléna Kholovå (tchÚque) et Bonnie Lou Hendricks (Université de l'Oklahoma) jugent cette information erronée, car le Przewalski n'a jamais été présent en Europe occidentale[17] - [7].
Plusieurs études utilisant l'ADN mitochondrial ont montré une relation entre le Sorraia et le cheval de Przewalski[S 3] - [S 4] - [S 5], en ce que le cheval de Przewalski présente un haplotype unique (A2) que l'on ne trouve pas chez les chevaux domestiques, et qui diffÚre par un seul nucléotide de l'un des principaux haplotypes du Sorraia (JSO41, puis A7)[S 3] - [S 4] - [S 5]. En comparaison, les distances génétiques au sein du cheval domestique atteignent 11 nucléotides de différence[S 3] - [S 4] - [S 5]. Cette relation est infirmée par une autre étude qui analyse des données microsatellites, publiée en 2004, qui conclut à une trÚs grande distance génétique entre le Przewalski et le Sorraia[S 11].
Convergences morphologiques
Les généticiens à l'origine des études sur les chevaux ibériques soulignent que la convergence morphologique ne constitue pas un critÚre fiable pour évaluer une parenté entre deux races de chevaux[S 2]. Cependant, certaines représentations des gravures rupestres de grottes préhistoriques ressemblent au Sorraia[7] - [18] - [9], en particulier celles de La Pileta, datées de 25 000 ans[19]. La couleur de robe du Sorraia, avec ses marques primitives, est proche de celle des chevaux dépeints dans ces grottes[20] - [21].
Morphologiquement, le Sorraia est également proche des races Gallego et Asturcón[S 12]. D'Andrade insiste sur sa proximité avec le Marismeño, présent en Espagne[15].
Influence sur les races de chevaux modernes
Bien que Ruy d'Andrade suppose que le Sorraia soit l'ancĂȘtre des chevaux ibĂ©riques prĂ©sents dans le sud de la pĂ©ninsule[H 3] - [H 2], et que ce propos soit largement repris[7] - [22], il n'existe pas de preuve solide de cette relation. Une lignĂ©e maternelle perdue du Sorraia a cependant Ă©tĂ© retrouvĂ©e chez le Lusitanien[S 13].
La question de savoir si le Sorraia est une forme primitive du cheval ibĂ©rique ou bien une simple population fĂ©rale reste donc dĂ©battue[S 14]. Plusieurs auteurs lui attribuent une parentĂ© avec le Barbe, en raison de points communs morphologiques, notamment de son profil de tĂȘte nettement convexe[S 15] - [9] - [7] - [23] ; pour Ruy d'Andrade, le Sorraia est l'ancĂȘtre du Barbe[24]. Selon Hendricks, le Sorraia a migrĂ© durant la PrĂ©histoire en traversant le dĂ©troit de Gibraltar, et serait au moins en partie Ă l'origine du Barbe[25]. Cependant, cette thĂ©orie n'est pas validĂ©e par les Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques incluant le Barbe[S 2] - [S 16].
Il existe des haplotypes en commun entre les chevaux modernes des AmĂ©riques et le Sorraia[26] - [S 17], plus prĂ©cisĂ©ment avec certaines lignĂ©es du Mustang espagnol et du Criollo d'AmĂ©rique du Sud[S 16]. Le Sorraia est donc aussi prĂ©sentĂ© comme l'un des ancĂȘtres des chevaux exportĂ©s vers les AmĂ©riques[7] - [8] - [27], notamment vers le BrĂ©sil[S 18].
DĂ©clin et sauvegarde
Cette race de chevaux est découverte accidentellement par Ruy d'Andrade, qui trouve une petite harde d'animaux portant des caractéristiques primitives évidentes au début des années 1920[S 19] - [H 2]. Son biotope originel se situe en Espagne et au Portugal, dans la Vale do Sorraia[S 19] - [15], une région portugaise située entre les riviÚres Sor (pt) et Raia (pt)[10] - [7], affluent du Sorraia (pt) qui se jette dans l'estuaire du Tage[H 1], à l'est de Lisbonne[7]. Il y est élevé dans les vallons, tandis que les parties hautes sont dévolues à l'élevage bovin[H 1]. Ces chevaux de type primitif se raréfient en raison des croisements fréquents avec d'autres races[H 1].
Autrefois utilisĂ© pour lâĂ©quitation de travail et les travaux de ferme[10] - [7], le Sorraia vit en petits troupeaux sauvages. Avec l'arrivĂ©e de la motorisation de l'agriculture, la race est laissĂ©e Ă l'abandon et dĂ©cline[10] - [28]. L'Ă©leveur renommĂ© de Lusitanien Ruy d'Andrade en capture et conserve une harde durant les annĂ©es 1930[10]. En 1935, il sĂ©lectionne 10 individus (7 juments et 3 Ă©talons) et dĂ©marre un programme d'Ă©levage, dans le but de fixer les caractĂ©ristiques primitives de la race[H 2] - [S 19]. Il dĂ©clare avoir cherchĂ© des animaux portant beaucoup de rayures, mais Ă©chouĂ© Ă trouver des chevaux de cette robe car ils sont trĂšs rares[H 2]. La popularitĂ© du Sorraia Ă l'Ă©poque s'inscrit dans le contexte d'une recherche de chevaux ayant conservĂ© leurs caractĂ©ristiques sauvages[S 20]. L'initiative privĂ©e et individuelle de Ruy d'Andrade est aussi un exemple de sauvegarde d'une race animale menacĂ©e grĂące Ă l'action d'une personne unique[29].
En 1948, un étalon Criollo argentin à la robe Dun est adjoint au programme d'élevage de Ruy d'Andrade ; c'est le seul cheval d'origine extérieure qui ait influencé le Sorraia[S 19]. Les efforts de l'agronome et éleveur, ainsi que de son fils Fernando, permettent de sensibiliser à l'importance de conserver cette race[10] - [30]. En 1975, deux autres centres d'élevage voient le jour[S 19]. Le premier élevage hors de la péninsule ibérique est créé en 1976, en Allemagne, avec 3 juments et 3 étalons[S 19]. Le stud-book (registre généalogique) du Sorraia est créé en 1993[1], puis officiellement fonctionnel en 2004, enregistrant alors 564 animaux depuis les origines de la race jusqu'à décembre 2002[S 19].
Description
Le Sorraia appartient au groupe des races de chevaux de type primitif[31].
Taille et poids
Les données de taille et de poids de référence indiquées sur la base de données DAD-IS de la FAO indiquent une taille de 1,40 m en moyenne chez les juments et de 1,45 m en moyenne chez les mùles, pour un poids médian respectif de 350 et 400 kg[1].
Les auteurs donnent des mesures diverses. L'Anglais Elwyn Hartley Edwards cite entre 1,42 m et 1,47 m (2016)[10], le journaliste autrichien Martin Haller et le Guide Delachaux (2016) donnant une fourchette plus large, de 1,40 m à 1,50 m[9] - [2], avec une médiane à 1,44 m pour les femelles et 1,48 m pour les mùles[2]. Nicola Jane Swinney le décrit comme un poney de 1,40 m à 1,45 m[16] ; Emmanuelle Hubrecht et Cheval Magazine lui attribuent une taille moyenne de 1,45 m, et le classent parmi les chevaux et non parmi les poneys, bien que sa taille corresponde à la catégorie officielle des poneys[4] - [32].
KholovĂĄ lui attribue une taille de 1,22 m Ă 1,32 m (en 1997)[17], et les auteurs italiens 1,24 m Ă 1,32 m[13] - [14]. Ruy d'Andrade et Bonnie Lou Hendricks soulignent l'existence de petits chevaux hauts d'1,30 m[33] - [7].
Morphologie
Il existe des divergences entre les auteurs dans la description du Sorraia. Pour la majorité des auteurs, le Sorraia est un cheval de modÚle léger, notablement plus fin que les autres chevaux rattachés au type primitif[2] - [32]. Les auteurs italiens le décrivent comme de modÚle médio-longiligne[13] - [14]. C'est aussi l'opinion de Bonnie Lou Hendricks (université de l'Oklahoma), qui estime le modÚle du Sorraia trop éloigné de celui du poney, et le qualifie de « petit cheval » en raison notamment de ses jambes longues[7]. Emmanuelle Brengard, de Cheval Magazine, le compare à un cheval ibérique de format réduit[4].
Pour Kholovå, le Sorraia présente au contraire un aspect général plutÎt rond et court sur jambes[17]. De plus, il existe des différences de morphologie entre les Sorraia à l'état sauvage et à l'état domestique, les chevaux sauvages étant perçus comme moins étoffés et plus laids que ceux issus d'élevages[4].
TĂȘte
Le Sorraia prĂ©sente une grande et grosse tĂȘte au profil le plus souvent nettement convexe / busquĂ©[17] - [25] - [4] - [9] - [34], dite « tĂȘte romaine »[19], avec une apparence gĂ©nĂ©rale cunĂ©iforme[25], et de petites ganaches[4]. Bongianni dĂ©crit un profil de tĂȘte rectiligne ou lĂ©gĂšrement convexe[13]. La tĂȘte est Ă la fois longue[4] - [34] et Ă©troite[10] - [2] - [34], avec une grande distance entre les yeux et le museau[19]. Les naseaux sont petits[4]. Martin Haller lui dĂ©crit une apparence de « noblesse »[9]. Sa tĂȘte longue et busquĂ©e le diffĂ©rencie nettement du poney celte[35]
Les yeux sont petits[2] et placĂ©s haut sur la tĂȘte[10] - [25]. Les oreilles sont longues[13] - [2] - [14] et incurvĂ©es[25].
Corps et membres
L'encolure est longue, mince et fine[25] - [2] selon la majorité des auteurs, portée haut[2] - [9], décrite comme bien formée par Hendricks[25], mais son attache et sa conformation sont jugées défectueuses par les auteurs italiens[13] - [14]. Cheval magazine la décrit comme courte[4].
L'Ă©paule est longue[9], peu musclĂ©e[13] et peu inclinĂ©e[10], voire droite[13] - [25]. Le garrot est bien dĂ©fini[10] - [25] et plutĂŽt haut[13] - [25] - [14]. Le corps est Ă©troit[25] - [9] et anguleux[10], avec un poitrail[2] et un thorax peu dĂ©veloppĂ©s[13], mais une poitrine profonde[25]. La ligne dorso-lombaire est droite[13] - [14] - [4] et courte[25]. L'arriĂšre-main est faible. La croupe est courte[10] et inclinĂ©e[13] - [2] - [17] - [4], avec des reins forts et relevĂ©s[17], et une queue attachĂ©e bas[17] - [13] - [25] - [2]. Les membres sont longs[13] - [25], notamment en termes de longueur des canons[10], minces[2] voire grĂȘles[4] mais solides, avec des articulations fortes[10] - [25] - [4] et prononcĂ©es[17]. Les paturons sont longs[13] - [25] et inclinĂ©s[25]. Les pieds sont grands selon KholovĂĄ[17], petits selon Cheval Magazine[4], proportionnĂ©s au corps[14], arrondis, trĂšs durs[4] et sains[P 1] - [17].
Robe
La robe trÚs particuliÚre du Sorraia est toujours une variante due à la dilution par le gÚne Dun[19] - [36], nommée souris ou isabelle en français[2] - [4]. Cette variante de robe est trÚs rare parmi les chevaux domestiques, n'étant fortement représentée que chez des races primitives telles que le Fjord, le Konik et le Przewalski[37].
Ruy d'Andrade signale en 1935 l'existence de deux couleurs chez la race : le souris zébré (rata gateada) et l'isabelle zébré (baia gateada)[H 4]. La robe est le plus souvent une base noire diluée par le gÚne Dun, dite souris en français (grey dun ou grullo en anglais et en espagnol[10] - [19] - [7]). L'observation d'un poil de pelage du Sorraia au microscope permet de constater que les pigments y sont concentrés autour d'un axe central[32]. Chaque poil est individuellement gris, la robe du Sorraia n'étant pas créée par un mélange de poils blancs et de poils noirs[3].
Ce cheval prĂ©sente aussi une raie de mulet[10] - [17] - [7] et des zĂ©brures sur les membres[19] - [25]. Une marque primitive au niveau de l'Ă©paule peut ĂȘtre prĂ©sente[25] (croix de Saint-AndrĂ©)[32]. La criniĂšre et la queue sont trĂšs gĂ©nĂ©ralement bicolores, avec un mĂ©lange de noir et de poils plus clairs, proches de la couleur du pelage du corps[25] - [2], notamment sur les cĂŽtĂ©s[32] - [38].
Le museau est toujours noir[10] - [34] (dit cap de maure ou cavecĂ© de maure[3]). Cette particularitĂ© contraste avec d'autres races de chevaux primitifs comme le Fjord et l'Exmoor, qui prĂ©sentent un bout de nez blanc en raison du pangarĂ©[39]. Le bas des membres[10] - [19], la corne du sabot[25] et l'extrĂ©mitĂ© des oreilles sont Ă©galement noirs[25] - [13], tandis que l'intĂ©rieur de l'oreille contient des poils clairs[2]. Il est possible que la tĂȘte prĂ©sente des marques zĂ©brĂ©es, dites cobweb[19] - [34]. Les poulains naissent toujours avec des marques primitives sous forme de zĂ©brures sur les jambes, l'encolure et la croupe, en raison de la configuration de leurs poils, ces marques peuvent s'estomper durant leur croissance[19] - [2]. Il est ainsi possible que des Sorraia aient la criniĂšre, la queue et le bas des membres noirs[17]. Les marques blanches sur la tĂȘte et les membres sont impossibles chez un Sorraia de race pure[25]. Il arrive occasionnellement qu'un poulain naisse avec des marques blanches, mais cela signifie qu'il ne sera pas enregistrĂ© dans le stud-book en tant que Sorraia[A 2].
La couleur de robe est présentée dans certains ouvrages comme une preuve de l'influence du Sorraia sur d'autres races de chevaux[40]. Karen Dalke souligne que les robes de chevaux exprimant le gÚne Dun sont survalorisées chez le Mustang, et associées à une preuve d'origines ibériques et/ou Sorraia, alors que rien ne permet d'associer systématiquement une couleur de robe à une origine génétique[S 21].
Tempérament
Le Sorraia est trĂšs robuste, rustique et sobre[17] - [13] - [2] - [9] - [1], il survit avec trĂšs peu de fourrage et rĂ©siste Ă des tempĂ©ratures extrĂȘmes[7] - [14].
Dutson suppose que cette race a transmis une habileté au travail du bétail[19]. Le caractÚre est décrit comme calme par Hendricks[7] et comme soumis par Hubrecht[3], et au contraire comme affirmé dans le Guide Delachaux[2]. Il est aussi indépendant et résistant[14], avec une facilité à l'apprentissage[7]. L'animal reste agile et maniable[13] - [2].
Allures
Les aplombs de ces chevaux sont jugés comme défectueux[17], ou au contraire décrits comme droits[3]. Pour Haller, les canons longs donnent une action relevée et élégante[9]. Les allures du Sorraia sont élastiques et couvrent bien le sol[34].
D'aprÚs l'autrice américaine Judith Dutson, le Sorraia a une tendance aux allures latérales (telles que l'amble)[19]. La race a fait l'objet d'une étude visant à déterminer la présence de la mutation du gÚne DMRT3 à l'origine de ces allures supplémentaires : l'étude de 16 sujets n'a pas permis de détecter la présence de cette mutation chez le Sorraia, et il ne semble pas exister de chevaux ambleurs parmi la race[S 22].
Génétique et conservation
Le Sorraia est Ă©levĂ© selon un systĂšme de registre fermĂ© : seuls les chevaux issus de parents eux-mĂȘmes Sorraia sont considĂ©rĂ©s comme appartenant Ă la race Sorraia[S 19]. Il est considĂ©rĂ© comme n'ayant jamais reçu l'influence du cheval oriental ni des races du Nord de l'Europe[25] - [3]. En raison de la taille trĂšs rĂ©duite de la population, un gĂ©notypage des systĂšmes de groupes sanguins est gĂ©nĂ©ralement effectuĂ© pour prouver l'appartenance Ă la race[4].
Le Sorraia présente un niveau de diversité génétique (analysée par microsatellite) plus bas que la majorité des autres races de chevaux[S 23]. Des 12 individus fondateurs d'origine, il ne reste que 10 lignées de nos jours[S 19]. Seules deux lignées maternelles subsistent, donnant deux haplotypes trÚs différents l'un de l'autre[S 24]. Cela entraßne un niveau élevé de consanguinité et de problÚmes de fertilité[8] - [S 25], qui rendent la race trÚs vulnérable aux accidents démographiques[S 25]. Les gÚnes du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH), qui jouent des rÎles dans le déclenchement des réponses immunitaires et la lutte contre les maladies infectieuses, présentent une variabilité moindre chez les chevaux Sorraia par comparaison à d'autres races[S 26]. De plus, la fertilité est réduite par des anomalies chromosomiques, en particulier sur les chromosomes sexuels : un cas de jument au comportement d'étalon a notamment été étudié en 2011[S 27].
La population portugaise de Sorraia a vraisemblablement subi un goulet d'Ă©tranglement de population dans un passĂ© relativement Ă©loignĂ©[S 28]. La population allemande de Sorraia a subi la mĂȘme chose, mais plus rĂ©cemment[S 29]. La « pauvretĂ© gĂ©nĂ©tique » du Sorraia rend son avenir incertain et fait peser une menace sĂ©rieuse sur sa pĂ©rennitĂ©[3]. Pour assurer la survie de la race, les Ă©leveurs portugais sont incitĂ©s Ă pratiquer des accouplements raisonnĂ©s et Ă Ă©changer des Ă©talons entre les diffĂ©rentes sous-populations de Sorraia[S 23].
Les relations sociales parmi les groupes de Sorraia sauvages font l'objet d'Ă©tudes[S 30] - [S 31] - [S 32].
Utilisations
Historiquement, le Sorraia Ă©tait Ă©levĂ© pour le bĂąt[17] - [13] - [14] et pour le tri du bĂ©tail[15], sous la selle des vaqueiros[2] - [9] ou des campinos[8]. Il sert dĂ©sormais surtout de cheval de selle, et peut donc ĂȘtre montĂ©[17] - [7], y compris pour des dĂ©monstrations de dressage[8]. Il peut potentiellement aussi ĂȘtre attelĂ©[2], une Ă©leveuse portugaise Ă©tant sortie en compĂ©tition d'attelage avec quatre Sorraia entiers[8]. Un centre Ă©questre d'Alpiarça travaille avec cette race[15].
Les raisons de son élevage sont surtout liées à la curiosité[17]. Le Sorraia est aussi impliqué dans plusieurs projets de réensauvagement, notamment au Portugal[41].
Croisements
Aux Ătats-Unis, le Sorraia est Ă la base de la sĂ©lection d'une autre race de chevaux primitifs, l'American Sorraia Mustang[42] - [43]. Cette sĂ©lection repose sur l'hypothĂšse selon laquelle les chevaux coloniaux espagnols envoyĂ©s vers les AmĂ©riques par les conquistadors Ă©taient proches du Sorraia[44]. Le Sorraia Mustang est un sous-groupe de Mustangs sĂ©lectionnĂ©s sur la base d'un lien de parentĂ© entre le Mustang et le Sorraia[S 17]. Comme le soulignent les experts de CAB International, l'assertion de l'association de sĂ©lection, selon laquelle le Mustang espagnol est un descendant direct du Sorraia, reste non-prouvĂ©e[43].
Diffusion
Le berceau du Sorraia se situe en Espagne et au Portugal[7]. C'est une race rare[7], locale et indigÚne du sud du Portugal[1]. En 2007, le Sorraia est considéré comme étant en danger critique d'extinction[S 19] - [4] ; c'est toujours le cas en 2022, avec signalement de l'existence de mesures de protection[1].
Environ 200 individus présents dans le monde sont cités dans l'étude de Luis et al. publiée en 2007[S 19]. En 2013, une autre estimation du cheptel donne plus de 400 individus[2] ; une étude de H. J. Kjöllerström et collÚgues publiée en 2015 donnant un cheptel de 300 individus, toujours en danger critique d'extinction[S 33]. Les données de population de DAD-IS datées de janvier 2022, considérées comme trÚs fiables, donnent un cheptel total de 205 individus[1].
La population totale du Sorraia est en effet trÚs réduite, et répartie essentiellement entre deux berceaux de conservation : le Portugal, qui compte le plus grand nombre de Sorraia, et l'Allemagne[S 19]. En raison de cette population trÚs réduite, il est difficile d'acquérir des Sorraia[15].
Au Portugal
Tous les chevaux portugais proviennent du troupeau originel de Ruy d'Andrade[19].
Les Sorraia du Portugal appartiennent Ă un petit nombre de propriĂ©taires, dont le haras de la famille d'Andrade Ă Font'Alva, repris par le fils de Ruy d'Andrade[7] - [9], qui possĂšde le plus grand Ă©levage du Portugal[15]. Le haras national portugais compte des Sorraia, rĂ©cupĂ©rĂ©s aprĂšs la mort de nombreux sujets en raison de la RĂ©volution des Ćillets de 1975[9]. Quelques propriĂ©taires privĂ©s dĂ©tiennent une ou deux juments[19]. Une population d'une dizaine de chevaux est prĂ©sente dans une rĂ©serve naturelle d'une quarantaine d'hectares crĂ©Ă©e sur la commune d'Alpiarça[2] - [15], dont le Sorraia est l'attraction principale[45].
Hors du Portugal
Il existe aussi des Sorraia en Allemagne[7]. La grande majorité des chevaux Sorraia élevés hors du Portugal descendent des sujets exportés vers l'Allemagne dans les années 1970[S 19], à l'élevage du Dr SchÀfer situé prÚs de Munich[9].
Les Ă©levages de Sorraia en France sont extrĂȘmement rares, l'Ă©levage de Jacki Picot Ă Nouic Ă©tant (en 2016) quasiment le seul Ă voir naĂźtre des Sorraia, mais aussi d'autres races de chevaux primitifs[46] - [5]. Depuis 2005, l'AcadĂ©mie Ă©questre nationale du Domaine de Versailles a intĂ©grĂ© la race Sorraia Ă sa cavalerie, et les prĂ©sente en spectacle[5]. Ces Sorraia sont notamment prĂ©sentĂ©s en longues rĂȘnes[P 2] - [5].
Des Ă©levages ont Ă©galement Ă©tĂ© implantĂ©s en AmĂ©rique du Nord Ă partir de 1999[A 3]. En 2006, le troisiĂšme Sorraia importĂ© vers l'AmĂ©rique du Nord, un Ă©talon nommĂ© Altamiro, est envoyĂ© dans une rĂ©serve crĂ©Ă©e sur une zone touristique de l'Ăźle Manitoulin du lac Ontario[A 3]. Cette mĂȘme annĂ©e, une jument Sorraia est importĂ©e pour la premiĂšre fois au BrĂ©sil[A 3].
Dans la culture
Pour le journaliste et naturaliste Stefan Schomann, le Sorraia témoigne d'une tendance à s'intéresser aux races de chevaux primitives dans le cadre d'un « retour à la nature »[47].
Le Sorraia est l'un des sujets du huitiÚme livre de la série allemande Pferdeparadies Weidenhof (Paradis des chevaux Weidenhof), écrite par Sibylle Luise Binder : Im Tal der wilden Pferde (Dans la vallée des chevaux sauvages)[48].
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Annexes
Articles connexes
Liens externes
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