Solvay (entreprise)
Solvay est un groupe belge de chimie fondé en 1863. Le siège du groupe est à Bruxelles et emploie environ 24 100 collaborateurs dans soixante-quatre pays.
Solvay | |
L'usine historique de Couillet en 1939. | |
Création | 1863 |
---|---|
Dates clés | 2011 : rachat de Rhodia
2015 : rachat de Cytec Industries (en) |
Fondateurs | Ernest Solvay |
Personnages clés | Ernest et Alfred Solvay, Eudore Pirmez |
Forme juridique | Société anonyme |
Action | Euronext : SOLB, au BEL20 et au CAC Next 20 |
Slogan | « Demandons plus à la chimie »[1] (Asking more from chemistry) |
Siège social | 310 rue de Ransbeek, 1120 Neder-over-Hembeek Bruxelles Belgique |
Direction | Ilham Kadri |
Actionnaires | voir tableau détaillé |
Activité | Chimie |
Filiales | Solvay (Italy) (d) Solvay (United States) (d) Solvay (d) Solvay (Netherlands) (d) Solvay (China) (d) Solvay (d) Deutsche Solvay-Werke (d)[2] |
Effectif | 24 501 fin 2019 |
BCE | 0403091220 |
TVA européenne | [ BE0403091220][3] |
Site web | https://www.solvay.com/en |
Capitalisation | 9,804 milliards € fin 2019 |
Chiffre d'affaires | 8,9 milliards € en 2020 |
Résultat net | 858 millions € en 2018[4] |
Solvay est coté sur Euronext à Bruxelles.
Historique
L'histoire du groupe Solvay commence en 1861 quand Ernest Solvay a découvert comment produire industriellement le carbonate de sodium.
En 1863, il dépose un brevet pour le révolutionnaire Procédé Solvay et crée la première usine près de Charleroi, à Couillet, avec son frère Alfred Solvay[5].
À partir de 1870, Solvay a commencé son expansion à l'international en construisant des usines en Angleterre, en Allemagne, en Russie et aux États-Unis. En 1900 elle produit 95 % de la production mondiale de soude.
Le groupe se fait aussi connaître des physiciens et chimistes par les « conseils Solvay » réunis chaque année par Ernest Solvay. Il peut ainsi se tenir au courant des dernières avancées scientifiques et faire se rencontrer les plus grands des jeunes chercheurs de son temps, dont Albert Einstein, Niels Bohr, Lise Meitner, Werner Heisenberg ou encore Marie Curie. Cette dernière a ainsi assidument assisté à ces conseils ou congrès[6], et c'est par exemple après l'un de ces conseils[7] qu'en 1933 les Joliot-Curie ont décidé d'utiliser des sources alpha radioactives de polonium particulièrement intenses à partir du « radium D » accumulé par Marie Curie[8].
En un siècle, et jusqu'en 2009, Solvay est devenu l'un des grands acteurs du monde de l'Industrie chimique, de l'Industrie pharmaceutique et des plastiques, souhaitant investir dans la Chimie verte[9]. Solvay figurait en 2008 parmi les entreprises les plus admirées dans le monde, selon une enquête publiée par le magazine Fortune[10].
En , Solvay vend sa branche pharmaceutique à l'américain Abbott pour 5,2 milliards d'euros (dont 4,5 milliards d'euros en numéraire)[11] et a conclu l'opération en .
En , Solvay a lancé une OPA amicale sur le chimiste français Rhodia pour 3,4 milliards d'euros (avec reprise de dettes et pensions, valorisant Rhodia à 6,6 milliards d'euros)[12] et l'a achevée en avec succès. Ces deux opérations ont permis à Solvay de recentrer ses activités dans les deux domaines : chimique et matériaux avancés. Avec l'acquisition de Rhodia, Solvay devient le plus grand chimiste de France et y emploie plus de 3 700 personnes. Seul ou en partenariat, Solvay y exploite une vingtaine d'établissements et de sites de production, dont Tavaux (Jura) le plus gros site chimique Solvay au monde ; c'est la plus grande plate-forme chimique de France avec 2 000 000 m2, 32 km de routes et 35 km de voies ferrées.
En , le nouveau Solvay est coté à la bourse de Paris[13], en plus de Bruxelles (où il fait partie de l'indice BEL20), et en , il est entré dans l'indice parisien CAC 40 à la place de PSA Peugeot Citroën[14].
En septembre 2018, Solvay quitte le CAC 40, remplacé par Dassault Systèmes.
Entre 2012 et 2019, le groupe est dirigé par Jean-Pierre Clamadieu qui a mené le groupe à réaliser une réorganisation profonde de la structure (en même temps que son intégration réussie[15]) et une transformation importante du portefeuille, en un temps très court :
- réorganisation en cinq pôles d'activités, avec une structure plus plate, plus agile et un nouveau logo visuel : Consumer Chemicals, Performance Chemicals, Advanced Materials, Functional Polymers, Corporate & Business Services[16] ;
- transformation en un portefeuille plus équilibré avec la sortie programmée du PVC en Europe via la JV avec Ineos (zone en surcapacité)[17] et la vente d'Indupa en Amérique latine[18], l'investissement dans l'énergie aux États-Unis avec le rachat de Chemlogics (activité en croissance)[19], d'importants investissements dans les zones émergentes à forte croissance en Russie, Inde, Chine, Thaïlande, etc.
En , Ineos annonce une coentreprise, Inovyn, avec Solvay sur le PVC et la filière chloro-vinyle. Solvay souhaite se désengager de cette coentreprise dans les trois ans suivant sa création[20].
En , Solvay acquiert pour 5,5 milliards de dollars l'entreprise américaine Cytec, employant 4 600 personnes et spécialisée dans les matériaux composites, notamment les composants thermoplastiques innovants[21] - [22].
En , Solvay vend sa filiale Acetow, spécialisée dans les filtres à cigarette, au fonds d'investissement Blackstone pour un milliard d'euros, dettes comprises[23]. Le même mois, Asahi Glass annonce l'acquisition d'une participation de 59 % dans Vinythai, une entreprise thaïlandaise spécialisée dans les matériaux de constructions et dans l'enduction, à Solvay pour 291 millions de dollars[24]. Toujours en , Solvay vend sa filiale Solvay Indupa à Unipar pour environ 200 millions de dollars[25].
Au cours de l'année 2016, Solvay sort de la coentreprise Inovyn créée en 2014, mettant par la même occasion fin à la quasi-totalité de ses activités PVC[26]. Solvay choisit ainsi de se focaliser sur les matériaux composites, qui intéressent des secteurs tels que l'aéronautique, l'automobile et la santé[27].
En , BASF annonce l'acquisition des activités nylon, regroupant 2 400 employés, de Solvay pour 1,6 milliard d'euros[28].
En mars 2019, la dirigeante franco-marocaine Ilham Kadri va prendre la tête du groupe[29].
En 2020, l'entreprise se tourne vers des partenaires institutionnels externes favorisant l'innovation. C'est ainsi qu'un investissement collaboratif de douze millions d'euros dans son centre de recherche de Saint-Fons est annoncé avec la participation de la région Auvergne Rhône-Alpes et l’État, et des pôles de compétitivité Axelera (chimie environnement) et Plastipolis (plasturgie, matériaux composites), avec pour but de favoriser l'accès au processus d'industrialisation pour les innovations liées à la chimie[30].
Identité visuelle (logo)
- Logo jusqu'en 2013.
- Logo à partir de .
Actionnaires
Liste des principaux actionnaires au [31] :
Actionnaire | % |
---|---|
Solvac (famille Solvay[32]) | 30,7 |
Solvay (autocontrôle boursier) | 3,01 |
The Vanguard Group | 1,72 |
Polaris Capital Management | 0,72 |
Lyxor International Asset Management | 0,65 |
Candriam Belgium | 0,63 |
AXA Investment Managers (Paris) | 0,61 |
Dimensional Fund Advisors | 0,58 |
State Street Global Advisors (en) | 0,55 |
BNP Paribas Asset Management France | 0,49 |
Produits et marchés
L'entreprise fabrique actuellement des produits chimiques et plastiques :
Chimiques
- Minéraux
- carbonate de soude et spécialités (bicarbonate)
- Advanced Functional Minerals (carbonate de calcium précipité)
- Électrochimie, produits fluorés
- électrochimie et dérivés (chlore, soude caustique, épichlorhydrine)
- produits fluorés
- Oxygène
- peroxyde d'hydrogène
- détergents (persels)
- Organique (Molecular Solutions)
- Arômes
Plastiques
- Spécialités
- polymères Spéciaux (polymères à hautes et ultra-hautes performances tels que polymères, élastomères et fluides fluorés, matériaux barrières, polyacrylamides, polysulfones, polyamides de hautes performances, polymères à cristaux liquides).
- Vinyliques
- vinyles (intégration chaîne électrolyse, VCM (monomère), PVC (polymère) et compounds de PVC ;
- Pipelife (coentreprise 50/50 avec Wienerberger).
Comité exécutif
- Ilham Kadri : président du comité exécutif.
- Karim Hajjar[33] : directeur général finances.
- Augusto Di Donfrancesco : membre du comité exécutif.
- Hervé Tiberghien : directeur des ressources humaines[34].
- Marc Chollet : directeur de la stratégie.
- Dominique Golsong : directeur juridique du groupe et secrétaire général.
Données financières
Années | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 (est.) |
---|---|---|---|---|---|
Chiffre d'affaires | 11 415 | 10 884 | 10 125 | 10 257 | 10 329 |
Résultat net part groupe | 406 | 621 | 1 061 | 859 | 618 |
Dettes financières nettes | 4 379 | 4 356 | 3 146 | 2 605 | 3 857 |
Activité de lobbying
Auprès de l'Assemblée nationale
Solvay France est inscrit comme représentant d'intérêts auprès de l'Assemblée nationale. L'entreprise déclare à ce titre, sans mentionner la période de l'exercice, que les coûts annuels liés aux activités directes de représentation d'intérêts auprès du Parlement sont compris entre 10 000 et 20 000 €[36].
Auprès des institutions de l'Union européenne
Solvay SA est inscrit depuis 2009 au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne. Il déclare en 2015 pour cette activité deux salariés à temps plein et des dépenses d'un montant compris entre 1 250 000 et 1 500 000 €. Le groupe indique avoir perçu, sur le même exercice, 5 100 000 € de subventions des institutions de l'Union européenne[37].
Pollution
De nombreuses pollutions ont été reliées dans le monde au procédé Solvay[38].
Non-respect des normes européennes
Le , la fédération allemande pour l'environnement et la protection de la nature (Bund) révèle en utilisant les données fournies par l'agence fédérale de l'environnement allemande comme par l'Agence européenne des produits chimiques que 654 entreprises opérant en Europe ne respectent pas, entre 2014 et 2019, le protocole européen d'enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques, censé protéger la santé et l'environnement des Européens. Ces entreprises, dont Solvay, emploient massivement des substances de synthèse interdites et potentiellement dangereuses[39] - [40] - [41].
Italie
Une pollution marine historique mercurielle est due à l'usine Solvay de Rosignano Marittimo (où le procédé chlore-alcali a été utilisé)[42] - [43] - [44] - [45], entraînant une contamination (avec bioaccumulation) des poissons, mollusques, crustacés et échinoderme marins de la zone[46]. Les poissons marins pêchés devant la côte étaient au début du XXIe siècle encore souvent contaminés au dessus des doses admissibles en Europe pour l'être humain[47], avec en 2017, de possibles effets sanitaires pour les populations riveraines[48].
Belgique
Une affaire soulevée par un lanceur d'alerte (Christian Dumont, qui décèdera lui-même d'un cancer du poumon et d'une tumeur au cerveau) porte sur une liste des 21 travailleurs de l'usine, tous morts d'un cancers, sur 70 ayant travaillé dans les salles d'électrolyse au mercure d'un même service basé à Jemeppe-sur-Sambre, possiblement à la suite de leur exposition au mercure[49]. Selon un reportage de la RTBF (mis en ligne le 14 septembre 2022), des éléments du dossier médical de trois d'entre eux, rétrospectivement consultés, montrent des dosages urinaires très élevés (par exemple de 40, 50, 102, 103, 125, 179, 196, 213 μg/g de créatinine, alors que moins de 3 μg/g de créatinine sont attendus, cf. « valeurs en population générale », inférieures à 3 μg/g de créatinine) ; ces taux « dépassant largement la norme professionnelle » (en 1991)[50] (les autres ne sont pas connus)[49]. Mais aucun de ces cancers n'a été reconnu comme maladie professionnelle, et il a été noté que la médecin du travail qui s'est occupée des derniers dossiers a ensuite été embauchée par Solvay[49]. En 2006, Solvay a stoppé tous ses électrolyseurs au mercure après les avoir remplacés (en 1992 et 2001) par des électrolyseurs à membranes, et l'unité d'électrolyse au mercure de l'usine Solvay du site de Jemeppe-sur-Sambre a été démantelée[51].
France
Avant 1974 l'usine Solvay de Dombasle rejetaient chaque jour 15 000 m3 d'effluents hautement salés, qui s'ajoutaient aux 5 000 m3 d'effluents identiques de l'usine Rhône-Poulenc voisine (La Madeleine). Dans les deux cas, les sels rejetés étaient constitués pour les deux tiers de chlorure de calcium et pour un tiers de chlorure de sodium, avec un taux moyen de 100 g/L de chlore dans les rejets. La Meurthe et la Moselle ont été gravement contaminées par des teneurs excessivement hautes en calcium, en magnésium et surtout en chlore, dépassant de loin la norme alors admise (500 mg/1 selon R. Frecaut, 1972 et 1981). Ainsi, en 1965 enregistrait-on 1 010 mg/L de chlore à l'amont de Nancy, 968 mg/1 à l'aval, et plus de 500 mg/1 à Thionville. En période de sécheresse, les usines ne diminuant pas leur production, les taux de sels ont atteint cinq voir 10 g/L lors des étiages exceptionnels de 1964.
Dans l'Est du pays, la nappe phréatique sous-jacente au village d’Abergement-la-Ronce, Saint-Symphorien-sur-Saône et le hameau de Maison-Dieu de la commune de Losne a été polluée par du baryum, du mercure de l’arsenic et divers composés organochlorés issus d'une plate-forme chimique de Solvay (créée en 1930 sur 200 hectares à Tavaux et sur trois communes périphériques)[52]. Cette pollution provient notamment du stockage de 1964 à 1986, d'environ 50 000 tonnes de déchets toxiques organochlorés (hexachlorobutadiène, hexachloroéthane, perchloroéthylène, pentachlorobenzène (en), tétrachlorure de carbone, trichloroéthylène, hexachlorobenzène pour l'essentiel dans une décharge interne constituée d'une alvéole en argile non-complètement étanche, située au nord de l'usine. Cette pollution a justifié des arrêtés préfectoraux de restriction d’usage de l’eau de la nappe[52].
États-Unis
Le procédé Solvay a été source de nombeuses plaintes de riverains, notamment pour pollution de l'air, poussant l'entreprise à d'importantes dépenses en matière de contrôle et réduction de cette pollution[53].
Une pollution historique, également due au stockage de produits toxiques en décharge interne est suivie à New York (Ninemile Creek)[54] - [55] - [56] - [57] - [58].
Anecdotes
- En 1940, pour éviter d'être déporté en Allemagne Karol Wojtyła, le futur pape Jean-Paul II, travailla quelques mois dans une carrière de pierre dépendant d'une usine Solvay[59]. Sa tâche consistait à casser des blocs de pierre avec une masse pour ensuite les ramener en brouette jusqu'à un wagonnet en partance pour l'usine[60].
Cinéma
- Lucien Deroisy, Magie blanche, 1958, 30 minutes. Film d'entreprise sur la société Solvay.
Notes et références
- Rapport annuel 2012
- Pressearchiv 20. Jahrhundert, (organisation), consulté le
- « https://amadeus.bvdinfo.com/version-2019829/ », sous le nom SOLVAY (consulté le )
- https://www.zonebourse.com/SOLVAY-5966/fondamentaux/
- Profil de l'entreprise Solvay, Dirigeants-entreprise.com.
- Vers la radioactivité artificielle ; Le Conseil Solvay
- Conseil Solvay d’octobre 1933 ; source : Vers la radioactivité artificielle, consulté 2013-05-12
- The Solvay Science Project
- Solvay (2008), Solvay Live, mai 2008, Editorial de Christian Jourquin, Pdt du Comité exécutif, consulté 203-05-12
- World's most admired companies
- « Solvay cède sa branche Pharma à Abbott », Le Figaro, (lire en ligne).
- Solvay lance une OPA amicale sur Rhodia, sur Rhodia.com, 14 juin 2011.
- Solvay sera coté à Paris le 23 janvier 2012
- « Solvay remplace PSA Peugeot Citroën au CAC40 », Les Échos, (lire en ligne).
- « Réussir la fusion de 2 sociétés : La méthode Solvay », sur usinenouvelle.com.
- Solvay, « Rapport annuel 2012 », p. 16-17.
- La JV avec Ineos fait bondir le cours de Solvay
- Braskem pourrait reprendre Solvay Indupa
- « Solvay rachète Chemlogics pour 1 MdE », Les Échos, (lire en ligne).
- « Solvay entérine son projet de coentreprise avec Ineos pour créer Inovyn », La Tribune, 26 juin 2014
- Robert-Jan Bartunek, « Belgium's Solvay to buy U.S. peer Cytec for $5.5 billion », Reuters, 29 juillet 2015.
- « Le groupe chimique belge Solvay rachète Cytec », L'Expansion, (lire en ligne).
- Solvay to sell cigarette filter business Acetow to Blackstone, Reuters, 7 décembre 2016
- Asahi Glass to buy 59 percent stake in Vinythai from Solvay, Reuters, 14 décembre 2016.
- « Solvay finalise la cession de 70,59 % d'Indupa », Le Figaro, (lire en ligne).
- « Solvay mise sur les matériaux composites », Le Figaro, (lire en ligne).
- Solvay, ambitieux dans les composants innovants, L'essentiel, 26 février 2017.
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Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- The Solvay Science Project (exposition et base de données)