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Rafael Lozano-Hemmer

Rafael Lozano-Hemmer, né à Mexico au Mexique en 1967, est un artiste multimédia canadien. Considéré comme le diffuseur du concept de « l’architecture relationnelle », l’artiste joint les technologies numériques à l’architecture afin de concevoir des installations performatives et interactives[1].

Intersection articulée. Architecture relationnelle 18, Rafael Lozano-Hemmer, 2011
Rafael Lozano-Hemmer
Naissance
Nationalité
Activité
Artiste multimédia, perforateur, conférencier et écrivain.
Formation

Baccalauréat en chimie physique de l'Université de Victoria en Colombie-Britannique.

Mineur en Histoire de l'art de l'Université Concordia au Québec.
Représenté par
Bitforms gallery (en), Carroll / Fletcher (d)
Mouvement
Influencé par
Distinction
Prix du Golden Nica de l’Art électronique d’Autriche en 2013. Prix du Gouverneur général du Canada en 2015.
Site web
Ĺ’uvres principales
  • Vectorial Elevation 1999, Mexico.
  • Surface Tension, 1992, France.
  • Body Movies, 2001, Pays-Bas.
  • Pulse Front, 2007, Californie.

Biographie

Rafael Lozano-Hemmer, est un artiste mexicain d’origine espagnole et allemande. Ayant grandi à Madrid, en Espagne, au côté de parents propriétaires de boîtes de nuits et de salles de spectacles, Rafael Lozano-Hemmer naît dans un univers artistique. Dès son enfance, Rafael fait preuve d'un intérêt marqué pour la chimie et les technologies émergentes. Ainsi, ce dernier amorce, en 1985, un baccalauréat en chimie physique à l'Université de Victoria en Colombie-Britannique[2]. Toutefois, peu de temps après son inscription à l'Université de Victoria, Rafael Lozano-Hemmer quitte l'Ouest canadien pour s'établir à Montréal. La même année, il obtient un emploi dans des laboratoires de reconnaissance moléculaire et publie ses recherches dans des revues scientifiques de chimie[3] - [4]. En 1989, il termine son baccalauréat en chimie physique et réalise une mineure en Histoire de l’art à l’Université Concordia[2]. Fréquentant de plus en plus la sphère artistique montréalaise, Rafael Lozano-Hemmer commence sa carrière d’artiste vers 1990 en confectionnant des pièces sonores pour la Radio Art Exhibition d’Ottawa et réalise des performances multimédias théâtrales dans les galeries d’art québécoises[2]. Dès lors, l’artiste participe à de nombreux événements d’art public de grandes ampleurs tel que la Biennale d'Istanbul en 2001 en Turquie, la Biennale de La Havane en 2000 à Cuba, ou encore le festival Ars Electronica en 2002 à Linz en Autriche. Progressivement, l'artiste dont la notoriété est de plus en plus importante, donne des conférences et des ateliers de formations, notamment à l’Université de Karlstad en Suisse en 1995, au Palacio de Correos de Madrid en 1997 et à l’Université de Toronto en Ontario en 2002[5].

L’artiste s’intéresse aux rapports interactifs entre l’œuvre d’art et le spectateur[6]. Par exemple, son œuvre Surface Tension[7], une installation orwellienne, réalisée entre 1992 et 1993 à l'Université Complutense de Madrid, présente sur un écran un grand œil qui suit les déplacements latéraux de l'observateur. De cette manière, l’observateur se retrouve observé à son tour[7]. Cette œuvre questionne les visiteurs sur la société d’hypersurveillance de l’ère actuelle. Tout au long de sa carrière, Rafael s’inspire de diverses notions liées à la conception de l’espace telles que le concept de « l’architecture relationnelle ». Cette notion devient omniprésente dans l’ensemble des réalisations artistiques de l’artiste[8].

Concept de « l’architecture relationnelle »

Rafael Lozano-Hemmer est connu pour avoir largement diffusé le concept d’« architecture relationnelle ». Cette notion, inspirée des pratiques artistiques de Lygia Clark et d’Hélio Oiticica, traite de l’importance de « l’objet relationnel ». En effet, lors des années 1960 et 1970, Lygia Clark et d’Hélio Oiticica s’intéressent aux sens des objets et à la relation que l'Homme entretient avec eux. En tant qu'artistes, ils défendent l’idée que les objets possèdent un sens, une valeur et une efficacité liée à un ensemble de relations symboliques précises. Selon Lygia Clark, les objets n’ont de sens qu’à travers leurs utilités et leurs interactions avec leurs usagers[9]. Bref, l’importance de cette notion réside dans la relation entre une œuvre d’art interactive et la participation de son interlocuteur. Rafael Lozano-Hemmer adapte ce rapport à l’objet à l’environnement architectural. Selon l’artiste, son travail vise à attribuer d’autres fonctions aux bâtiments architecturaux afin que ceux-ci interagissent avec les citoyens. Le but est de donner aux bâtiments un sens autre pour lequel ils ont été conçus originellement. Rafael qualifie lui-même ses œuvres comme étant « habituellement [des] interventions éphémères conçues pour établir des relations architecturales et sociales à des endroits où des comportements inattendus sont susceptibles de survenir. [Il souhaite] que les bâtiments fassent semblant d'être autre chose que ce qu'ils sont, qu'ils se prêtent à une sorte de dissimulation.»[5]

Travail de l’artiste

Le travail de l’artiste en architecture relationnelle consiste à créer un contexte performatif où les bâtiments peuvent être investis d'une spécificité temporaire et où ils peuvent abandonner la fonction prédominante qu'on leur a attribuée. « […] Pour ce faire, [l’artiste emploie] des procédés technologiques d'amplification à grande échelle qui sont habituellement réservés aux opérations publicitaires et aux événements promotionnels orchestrés par les grandes entreprises. […] Grâce à des projections, des techniques robotiques, des procédés sonores, des connexions virtuelles et des capteurs localisés, l'apport et les réactions des participants peuvent faire partie intégrante de l'intervention, dont l'aboutissement est dicté par les actions du public. »[10] Par exemple, la performance artistique biométrique intitulée Pulse Corniche, réalisée pour la première fois à Abu Dhabi, en 2015, comprenait un alliage de divers faisceaux de lumières projetées dans le ciel par de puissants projecteurs robotiques don l’intensité d’éclairage et l’orientation était régulé par la fréquence cardiaque des participants[11]. Or, cette œuvre d’art public vise à susciter une expérience immersive unique et intime entre les citoyens et l’espace public[11].

« Mon travail se situe quelque part entre l'architecture et les arts de performances. Pour moi, c'est une priorité de créer des expériences sociales plutôt que de générer des objets de collection. La plupart du temps, je travaille avec mon collaborateur Will Bauer, mais aussi avec des photographes, des développeurs, des architectes, des linguistes, des écrivains, des compositeurs, des acteurs ou tout autres membres du personnel qui pourraient être nécessaires selon le contexte du projet. » [Citation de Rafael Lozano-Hemmer][12]

Ĺ’uvres

Ci dessous, quelques œuvres charnières de la carrière de Rafael Lozano-Hemmer ;

Vectorial Elevation (1999)

Rafael Lozano-Hemmer Vectorial Elevation, Vancouver 2010.

Réalisée pour la première fois en 1999, à Mexico, l’œuvre Vectorial Elevation est un projet d'art interactif commandé par la ville afin de célébrer l’arrivée du troisième millénaire. Cette œuvre de performance, installée à la place Zócalo soit, dans le centre historique de la ville, comprenait dix-huit projecteurs de faisceaux lumineux qui pouvaient être vus à une distance de 15 kilomètres. Chacun des projecteurs était contrôlé par un programme de simulation 3D. Lors de l’inauguration Vectorial Elevation, le programme de simulation a été mis à la disposition du public via le site web www.alzado.net[13]. Le site, spécialement conçu pour l’œuvre, invitait les participants à télécharger le programme de simulation afin que ceux-ci aient la possibilité de contrôler, en temps réel, l’orientation, le nombre et le mouvement des projecteurs de faisceaux lumineux de la place Zócalo. L’objectif de Vectorial Elevation était d’inviter le public à créer une œuvre performative et collective à l’aide de nouvelles technologies numériques. Rafael Lozano-Hemmer lie ainsi son concept de l’architecture relationnelle avec sa volonté d’utiliser les technologies émergentes afin de créer une nouvelle relation entre les citoyens et leur environnement urbain[14] - [15] - [16].

Bilateral Time Slicer (2016)

L'oeuvre Bilateral Time Slicer exposée pour la première fois en 2016 à Miami, comprend un système de suivi biométrique qui détecte le visage des visiteurs de l’exposition afin de trouver l'axe de symétrie de celui-ci. Lorsque l'axe de symétrie est parfaitement vertical, l'ordinateur divise l'image en direct de la caméra en deux tranches. Cette image est alors enregistrée et visible dans l’œuvre pour une durée de 25 minutes de sorte que les nouveaux participants voient leurs propres images s’enregistrer auprès des images plus anciennes. Lorsque personne ne consulte l’œuvre, le système génère automatiquement une composition d’image à l’aide des photos des anciens participants. L’œuvre a été inspirée par les sculptures Time-lapse. Elle trouve également son inspiration dans les masques traditionnels tels que les masques à trois faces d’origine Aztec et rappelle les avatars de Vishnu présent dans la cosmogonie hindouiste. Finalement, l’œuvre insuffle l’influence d’artistes modernes et contemporains tels que Marcel Duchamp, Giacomo Balla, Marta Minujín, Kanemaki Jisai et Schatz[17].

Call on Water (2016)

L'oeuvre L’Appel sur l'eau est une fontaine d'eau électronique réalisée en 2016 pour le musée d'art électronique de Bâle en Suisse (HeK Haus der elektronischen Künste Basel). Cette « fontaine électronique » utilise des centaines d’atomiseurs à ultrasons afin de produire des panaches de vapeur froide. Cette technologie est contrôlée par un ordinateur placé sous le bassin d'eau réfléchissant. La vapeur, projetée par la fontaine, écrit des mots et recompose les poèmes de l’écrivain mexicain Octavio Paz. Ainsi, lorsque les mots d’un poème jaillissent de l’eau, ceux-ci s’inscrivent brièvement dans l’espace tangible puis disparaissent pour laisser place à de nouveaux mots[18].

Voici une traduction française de l’un des dix poèmes projetés par l’œuvre :

Poème d’Octavio Paz : Le projet des ombres 2006 (extraits choisi)« Pour voir le monde il suffit de l’épeler. » « Miroir de mots : où étais-tu ? » « Mes paroles montrent la flaque de ma mémoire. » « Les syllabes d'eau brillent dans un bosquet de réflexions, » « De nuages échoués, de bulles au-dessus d'un fond qui change de l'or à la rouille. » « Les ombres ondulent, l’échos clignote, » « Les écrits non faites de signes, mais de murmures. » « Mes yeux ont soif. » « La flaque d’eau est stoïcienne : l'eau est pour la lecture, mais n’est pas à boire. » « Le soleil des hautes plaines évapore les flaques. » « Seulement un peu de poussière déloyale reste auprès de quelques reliques intestats. » « Où étais-je[18] - [19] ? »

Ĺ’uvre

Solar Equation au Musée national des beaux-arts du Québec en 2018.

Expositions

Individuelles

  • 1992 : Sur la mĂŞme main, mais dans une diffĂ©rente veine, Galerie Stornaway, MontrĂ©al, QuĂ©bec, Canada.
  • 1997 : Re: Positioning Fear (organisĂ©e par Charlotte Pöchacker), 3e biennale de l’International Film+Architektur, Graz, Australie.
  • 1999 : Vectorial Elevation, ZĂłcalo, Mexico, Mexique.
  • 2001 : Cluster Airport (organisĂ©e par Pat Binder), Foto / Graphik Galerie Käthe Kollwitz, Berlin, Allemagne.
  • 2001 : Body Movies (organisĂ©e par: Alex Adriaansens et Andreas Broeckmann), pour la Capitale culturelle de Festival de l' Europe, V2 Grounding, Rotterdam, Pays-Bas.
  • 2002 : Body Movies (organisĂ©e par Eddie Berg et Lewis Biggs), pour la Biennale de Liverpool, Williamson Place, Liverpool, Royaume-Uni.
  • 2002 : Deux origines (organisĂ©e par Marta Gili), pour le Printemps de Septembre, Ă  la place du Capitole, Toulouse, France.
  • 2002 : Vectorial Elevation (organisĂ©e par Juan Guardiola et Javier González de Durana), pour le projet d' ouverture de Artium pour le MusĂ©e d'art contemporain de Vitoria-Gasteiz, en Espagne.
  • 2002 : Vectorial Elevation, ZĂłcalo, Mexico, Mexique.
  • 2003 : Architectures relationnelles (organisĂ©e par Priamo Lozada) au Laboratorio del Arte Alameda, Mexico, Mexique.
  • 2003 : Suspension Amodal, un projet d'ouverture du Centre Yamaguchi pour l'art et des mĂ©dias, Yamaguchi, Japon.
  • 2005 : 33 Questions par minute (organisĂ©e par Andreas Broeckman) pour le Spots Mediafaçade, avec les rĂ©alitĂ©s : uni,
Potsdamer Platz 10, Berlin, Allemagne.

Collectives

Commandes à l’artiste

  • 1999 : Commande d’installation artistique pour les cĂ©lĂ©brations du millĂ©naire Ă  Mexico.
  • 2001 : Commande d’installation artistique pour la capitale culturelle de l'Europe Ă  Rotterdam.
  • 2003 : Commande d’installation artistique pour le Sommet mondial de l'ONU des villes de Lyon.
  • 2003 : Commande d’installation artistique pour l'ouverture de la Centre YCAM au Japon
  • 2004 : Commande d’installation artistique pour l'expansion de l'Union europĂ©enne Ă  Dublin.
  • 2006 : Commande d’un Ĺ“uvre d'art public pour la place du marchĂ© Ă  Derby, Royaume-Uni.
  • 2008 : Commande d’installation artistique pour le mĂ©morial pour la Tlatelolco Student Massacre Ă  Mexico.
  • 2010 : Commande d’installation artistique pour les Jeux olympiques d'hiver Ă  Vancouver.
  • 2015 : Commande d’installation artistique pour l'exposition prĂ©-ouverture le Guggenheim Ă  Abou Dabi (2015)[8].

Distinctions

Références

  1. « Rafael Lozano-Hemmer », sur www.lozano-hemmer.com (consulté le )
  2. (en-US) « Rafael Lozano-Hemmer | Canadian Immigrant », sur canadianimmigrant.ca (consulté le )
  3. Kelly Crow, « The Color of Sound », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) T, OS, Mazza, C., Lozano-Hemmer, R. et Giorgi, JB., Ester Clivage par cyclodextrines en aqueuses diméthylsulfoxyde Mélanges: Substrat Reliure par rapport Etattransition Reliure., Washington,États-Unis., Journal of Organic Chemistry, , p. 59
  5. « Rafael Lozano-Hemmer (biographie) », sur www.fondation-langlois.org (consulté le )
  6. Lozano-Hemmer, Rafael. et Galerie Guy Bärtschi. (trad. de l'espagnol), Rafael Lozano-Hemmer : subsculptures : a conversation between José Luis Barrios and Rafael Lozano-Hemmer = un dialogue entre José Luis Barrios et Rafael Lozano-Hemmer., Genève/Paris, Galerie Guy Bärtschi, , 63 p. (ISBN 2-940287-19-8 et 9782940287192, OCLC 73828275, lire en ligne)
  7. « Rafael Lozano-Hemmer - Project "Surface Tension" », sur www.lozano-hemmer.com (consulté le )
  8. « Rafael Lozano-Hemmer - Biography », sur www.lozano-hemmer.com (consulté le )
  9. « LUP # 23 » (consulté le )
  10. Alex Adriaansens et Joke Brouwer (trad. Isabelle Chagnon), « Mémoire étrangère et espaces publics : un dialogue sinueux avec Rafael Lozano-Hemmer », esse arts,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Rafael Lozano-Hemmer - Project "Pulse Corniche" », sur www.lozano-hemmer.com (consulté le )
  12. (en) Alex Adriaansens et Joke Brouwer, « ALIEN RELATIONSHIPS FROM PUBLIC SPACE A winding dialog with Rafael Lozano-Hemmer », Transurbanism”,‎ (lire en ligne)
  13. (en) « Vectorial Elevation », sur alzado.net, (consulté le )
  14. « Rafael Lozano-Hemmer - Project "Vectorial Elevation" », sur www.lozano-hemmer.com (consulté le )
  15. « Vectorial Elevation - part 1 », sur YouTube (consulté le )
  16. Antimodular, « Vectorial Elevation - part 2 », (consulté le )
  17. « Rafael Lozano-Hemmer - Project "Bilateral Time Slicer" », sur www.lozano-hemmer.com (consulté le )
  18. « Rafael Lozano-Hemmer - Project "Call on Water" », sur www.lozano-hemmer.com (consulté le )
  19. Traduction de l'anglais par L'utilisateur : Nova histĂłria le 6 mars 2017.
  20. Musée national des beaux-arts du Québec. et Fraser, Marie, 1962-, Art contemporain du Québec : guide de collection, (ISBN 978-2-551-25859-8 et 2551258596, OCLC 957634844, lire en ligne), p. 78-79
  21. « Surface Tension | Collection Musée national des beaux-arts du Québec », sur collections.mnbaq.org (consulté le )
  22. « Solar Equation | Exposition », sur mnbaq.org (consulté le )
  23. W. Silen, T. E. Machen et J. G. Forte, « Acid-base balance in amphibian gastric mucosa », The American Journal of Physiology, vol. 229, no 3,‎ , p. 721–730 (ISSN 0002-9513, PMID 2015, lire en ligne, consulté le )
  24. « De nouveaux compagnons des arts pour le Québec », Le Devoir,‎ (lire en ligne)

Liens externes

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