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Pierre Demers (physicien)

Pierre Demers, né le à Deal dans le Kent et mort le [1], est un physicien et inventeur québécois.

Pierre Demers
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Pierre Demers en 2012.
Naissance
Deal (Kent) (Royaume-Uni)
DĂ©cĂšs
Nationalité Canadienne
Résidence Montréal
Domaines Chimie, Physique
Institutions Université de Montréal, Faculté des sciences de Paris
DiplĂŽme Doctorat d'État, maĂźtrise Ăšs sciences, licence Ăšs sciences mathĂ©matiques, licence Ăšs sciences physiques
Directeur de thĂšse

...

  • LĂ©on Lortie (1936, maĂźtrise, universitĂ© de MontrĂ©al)
  • Pierre-Victor Auger (1950, doctorat d'État, FacultĂ© des sciences de Paris)
Étudiants en thùse

Notamment :

Renommé pour Québécium, Nucléaire, Ionographie corpusculaire, ChromomÚtre, LISULF, Promotion du français en science

Biographie

Jeunesse

Pierre Demers est nĂ© en 1914 pendant un voyage de ses parents en Europe. Sa mĂšre, Blanche Legris (1883), Ă©tait fille d'un mĂ©decin canadien français installĂ© Ă  Arctic, au Rhode Island (États-Unis). Son pĂšre, Alfred Demers (1876), Ă©tait fils d'un homme d'affaires de MontrĂ©al (Pierre Demers, 1837) et petit-fils du premier forgeron de Pointe-Claire (Pierre Dunmas dit Demers, 1806).

Bien avant 1914, Alfred Demers avait vendu Ă  ses frĂšres sa part de la quincaillerie familiale P. Demers et fils, rue Notre-Dame Ă  MontrĂ©al, pour devenir un florissant investisseur en bourse et en immobilier. Grand admirateur de la culture française, il part s'installer Ă  demeure en France en 1914, mais doit s'arrĂȘter en Angleterre Ă  cause des troubles liĂ©s au dĂ©clenchement de la PremiĂšre Guerre mondiale. C'est donc Ă  Deal (Kent, Royaume-Uni) que naĂźt Pierre Demers le 8 novembre 1914.

Pierre Demers fait ses études primaires dans trois écoles françaises :

  • Institut Gavignet, rue Motte-Picquet, Paris ;
  • collĂšge municipal de Cannes, Le Cannet ;
  • collĂšge Bourdaloue, Grasse.

Les Demers reviennent à Montréal à temps pour que Pierre entreprenne son cours classique à Montréal, qu'il débute au collÚge Sainte-Marie à partir de 1925 et qu'il termine au tout nouveau collÚge Jean-de-Brébeuf entre 1928 et 1933.

Un esprit scientifique précoce

Pierre Demers commence ses activitĂ©s de nature scientifique bien avant l'universitĂ© avec quelques articles et confĂ©rences (notamment [2] et [3]). Durant les Ă©tĂ©s de 1932 Ă  1934, Ă  la suite d'un stage de recherche Ă  la Station de biologie marine de l’UniversitĂ© Laval Ă  Trois-Pistoles sous la direction de Mgr Alexandre Vachon, il Ă©tudie notamment la reproduction des crevettes. Il note la petite taille de tous les mĂąles et la grande taille des femelles, prĂ©cĂ©dant ainsi la dĂ©couverte de leur changement de sexe Ă  un an. Ces travaux menĂšrent Ă  ses premiĂšres communications aux 2e et 3e congrĂšs de l'ACFAS[4] - [5] - [6].

Il en profite pour herboriser et rapporte plusieurs spécimens à son maßtre-à-penser, le FrÚre Marie-Victorin, notamment un potamot de Robbins qui suscita un ajout à la Flore laurentienne[7] alors en rédaction.

De 1933 à 1938, Pierre Demers fréquente la Faculté des sciences de l'université de Montréal comme étudiant et chercheur. Il obtient plusieurs diplÎmes, notamment sous la direction de Léon Lortie :

  • 1935 : licence Ăšs sciences physiques ;
  • 1936 : licence Ăšs sciences mathĂ©matiques ;
  • 1936 : maĂźtrise Ăšs sciences (chimie).

GrĂące Ă  une bourse d'Ă©tudes du QuĂ©bec (qu'il partage avec un autre co-boursier), Pierre Demers part pour Paris en 1938 afin d'Ă©tudier Ă  l'École normale supĂ©rieure oĂč il est admis sur recommandation de LĂ©on Lortie et d'Edmond Buron. Il y deviendra le premier Ă©tranger Ă  obtenir le titre d'agrĂ©gĂ© de l'universitĂ© de France (sciences physiques). Il deviendra l'ami de Jean Schiltz[8]. Par la suite, Ă  l'automne 1939, il entre au Laboratoire de synthĂšse atomique du CollĂšge de France, dirigĂ© par FrĂ©dĂ©ric Joliot-Curie. Ses travaux sont encadrĂ©s par Joliot-Curie et Hans von Halban et il y cĂŽtoie des confĂ©renciers tels que Lew Kowarski, Paul Langevin, Francis Perrin et Pierre SĂŒe.

Chercheur, professeur, docteur

ForcĂ© de quitter Paris Ă  l'arrivĂ©e des Allemands en 1940[9], Pierre Demers revient au QuĂ©bec via le Portugal et trouve un emploi au laboratoire de recherche et dĂ©veloppement de la Canadian Industries Limited Ă  BelƓil. Il y utilise et perfectionne des techniques de spectroscopie[10].

Pierre Demers reprend ses travaux sur la physique fondamentale lorsqu'il est engagĂ© comme chercheur Ă  Énergie atomique du Canada Ă  MontrĂ©al et Ă  Chalk River oĂč il fait des mesures sur les neutrons lents et rapides. Ses travaux contribuent, Ă  son insu, au projet Manhattan[11]. Son apport consiste notamment dans l'amĂ©lioration des techniques d'ionographie corpusculaire (voir § « Ionographie » ci-dessous).

C'est ensuite comme professeur en exercice de l'universitĂ© de MontrĂ©al que Pierre Demers termine ses recherches de 1947 Ă  1950, annĂ©e oĂč il obtient son doctorat d'État de la FacultĂ© des sciences de Paris et acquiert le titre de docteur Ăšs sciences physiques avec mention trĂšs honorable. Le jury devant lequel il dĂ©fend sa thĂšse est constituĂ© de Pierre Victor Auger, Jean Cabannes, Pierre Grivet et Yves Rocard. Il devient alors professeur titulaire, poste qu'il occupe jusqu'Ă  sa mise Ă  la retraite en 1980.

De 1947 à 1980, Pierre Demers enseigne la physique à des milliers d'étudiants au baccalauréat et à des dizaines d'étudiants en maßtrise et en doctorat. Il enseigne notamment à Hubert Reeves, qui lui consacre quelques pages dans son autobiographie[12] et aux doctorants Roger Mathieu et Ishfaq Ahmad.

Pierre Demers est le second Canadien français à obtenir un doctorat en physique aprÚs Christian Lapointe, dirigé par Franco Rasetti à l'université Laval.

Outre de multiples cours de langue, Pierre Demers s'est perfectionnĂ© Ă  l'universitĂ© Cornell Ă  Ithaca lors de cours d'Ă©tĂ© comme boursier de l'Acfas en 1937, au MIT pour un stage d'Ă©tudes en spectroscopie avec, notamment, le Pr George R. Harrisson (en), Ă  l'universitĂ© Goethe Ă  Francfort pendant une annĂ©e sabbatique en 1970-1971 sous la direction de Erwin Schopper (de), le Laboratoire d'ionographie du CNRS Ă  Strasbourg-Cronenbourg pendant la mĂȘme annĂ©e sous la direction de Pierre CĂŒer[13] et finalement Ă  l'Institut polytechnique Rensselaer pour un stage d'Ă©tudes sur la couleur notamment avec le Pr Fred W. Billmeyer Jr.[14] en 1978.

Ionographie

MĂȘme s'il s'intĂ©resse Ă  l'astronomie[15], Ă  la biologie[16] - [17] et aux mathĂ©matiques[18], c'est l'ionographie corpusculaire qui est au cƓur des trente-cinq premiĂšres annĂ©es de la carriĂšre de Pierre Demers. Cette technique, qui utilise des Ă©mulsions photographiques pour saisir l'effet de collisions de particules Ă  haute Ă©nergie, s'appuie sur la chimie et permet des progrĂšs importants dans l'Ă©tude de l'infiniment petit. Pierre Demers apprend et dĂ©veloppe dĂ©jĂ  cette technique au laboratoire de synthĂšse atomique du CollĂšge de France en 1939 et 1940.

Il est appelĂ© Ă  participer au laboratoire nuclĂ©aire canadien pendant la Seconde Guerre mondiale. Le laboratoire de MontrĂ©al regroupe plusieurs scientifiques français et britanniques ayant fui l’Europe devant la menace allemande. Sous la supervision directe du physicien britannique Alan Nunn May, il « ... fait des mesures des coefficients d’interaction entre les neutrons et la matiĂšre. Surtout les neutrons lents, mais aussi les neutrons rapides »[19].

Pierre Demers perfectionne cette technique Ă  la caractĂ©risation de la sĂ©rie « 4n + 1 » d'isotope fissile, aussi connue comme le cycle du combustible nuclĂ©aire au thorium. Cette caractĂ©risation a ensuite permis la production d'uranium 233 pur, un des premiers carburants nuclĂ©aires[20]. Pierre Demers est le seul physicien canadien français Ă  participer aux recherches nuclĂ©aires du projet Manhattan. Cependant, le lien qui existait entre le laboratoire canadien, le projet amĂ©ricain et la premiĂšre bombe Ă©tait initialement inconnu de Pierre Demers et de plusieurs autres membres de la mĂȘme Ă©quipe[21].

« Le but de mes travaux ne m’était absolument pas connu. J’ai Ă©tĂ© tenu dans l’ignorance », a dit M. Demers en de nombreuses occasions. Il en tenait responsable le Ministre des Munitions et des Approvisionnements de l'Ă©poque, C. D. Howe, qui aurait personnellement envoyĂ© les copies des rapports canadiens aux responsables amĂ©ricains du projet Manhattan. Il faut noter que le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada avaient une entente secrĂšte rendant cette collaboration tout Ă  fait lĂ©gitime Ă  la suite de l'Accord de QuĂ©bec.

AprÚs la guerre, Pierre Demers devient professeur de physique à l'université de Montréal. Il y poursuit ses travaux de recherche sur l'ionographie corpusculaire et en particulier sur l'ionographie en couleur qu'il réalise grùce à des émulsions de bromure d'argent[22]. Il travaille notamment à l'étude du rayonnement cosmique et solaire en poursuivant à la fois l'amélioration des techniques expérimentales[23] et l'approfondissement de la connaissance[24]. De 1946 à 1975, Pierre Demers multiplie les publications, les directions de thÚses, les collaborations, les stages internationaux et les conférences sur le sujet (voir plus de deux cents entrées bibliographiques sur l'ionographie dans la Bibliographie interactive[25]).

Le développement des capteurs magnétiques et numériques pour les accélérateurs de particules, en particulier les accélérateurs à cible fixe, rend graduellement désuÚte l'ionographie corpusculaire au cours des années 1970. Pierre Demers se concentre alors sur d'autres méthodes et d'autres sujets de recherche, notamment la perception colorée et le systÚme du québécium.

Littérature et arts plastiques

Pierre Demers publie deux recueils de poésie :

  • Nuits et Jours en 1943[26] ;
  • Sonnets pour NoĂ«l et le Carnaval en 1962[27].

Il réalise également plusieurs tableaux, sculptures et installations, qui n'ont été exposées qu'à sa résidence.

Centre d'études prospectives du Québec (CEPQ)

En 1966, Pierre Demers fonde le Centre d'études prospectives du Québec, avec notamment Louis Cournand, Pierre Lefebvre, Clermont Pépin et Gilles Tremblay (musicien), qui se réunissent réguliÚrement à sa résidence. Plusieurs personnes qui influencent l'évolution du Québec aprÚs la révolution tranquille y collaborent, notamment Jacques-Yvan Morin, Rock Demers et André Barbeau. Surtout un foyer d'idées et de discussions, le Centre d'études prospectives du Québec produit néanmoins quelques publications, notamment sur la pollution par le bruit[28].

Centre québécois de la couleur (CQC)

Ayant ƓuvrĂ© avec succĂšs Ă  l'introduction de la couleur dans l'ionographie corpusculaire, Pierre Demers met de l'avant au dĂ©but des annĂ©es 1970 son intĂ©rĂȘt pour la couleur. AprĂšs quelques publications thĂ©oriques sur le sujet[29], il fonde en 1975 le Centre quĂ©bĂ©cois de la couleur avec neuf personnes :

  • Camile Brouillet, professeur de couleur au CollĂšge Ahuntsic, imprimerie ;
  • AndrĂ© Delorme, professeur en psychologie de la perception visuelle Ă  l'universitĂ© de MontrĂ©al ;
  • Lucie Duranceau, professeur de couleur et communication au CollĂšge Dawson ;
  • Pierre Garneau, directeur artistique Ă  la scĂ©nographie de la SociĂ©tĂ© Radio-Canada ;
  • Ben V. Graham, professeur d'optomĂ©trie Ă  l'universitĂ© de MontrĂ©al ;
  • Maurice Day, dĂ©corateur Ă  la SociĂ©tĂ© Radio-Canada et professeur de couleur Ă  l'universitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al et dans divers cĂ©geps;
  • Alfred Pellan, peintre, muraliste, illustrateur et costumier quĂ©bĂ©cois;
  • Maurice Raymond, professeur de couleur Ă  l'universitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al;
  • Jean-Pierre Saint-Dizier, professeur de sciences physiques Ă  l'universitĂ© de MontrĂ©al;
  • Charles E. SĂ©nĂ©cal, industriel dans les matiĂšres plastiques.

Le Centre québécois de la couleur a plusieurs collaborateurs au fil des années, notamment :

  • Pierre-Louis Aerts, ancien militaire ;
  • Patrick Callet, chercheur en mathĂ©matiques (France) ;
  • Yvon Cozic, artiste visuel ;
  • Guido Molinari, artiste peintre.

Comme en tĂ©moignent ces listes de personnes, le Centre quĂ©bĂ©cois de la couleur contribue Ă  rapprocher les milieux scientifiques, artistiques et mĂȘme industriels autour du thĂšme de la couleur, au moment mĂȘme oĂč les technologies numĂ©riques font leur apparition. Mais il n'est pas qu'un foyer d'idĂ©es. Plusieurs activitĂ©s expĂ©rimentales, rencontres et colloques marquent son parcours, notamment les documents citĂ©s en rĂ©fĂ©rence ci-dessous[30] - [31] - [32]. Comme en tĂ©moignent Paulette Tourangeau[33] et Maurice Day[34], le Centre quĂ©bĂ©cois de la couleur aura participĂ© entre 1975 et 1985 au renouveau de l'enseignement de la couleur au QuĂ©bec.

En parallÚle avec les activités du Centre québécois de la couleur, Pierre Demers réalise l'invention du ColorimÚtre, un appareil permettant de mesurer une couleur en la reproduisant par déplacement d'une plaque colorée devant une source lumineuse. Il obtient pour cette invention le brevet canadien #1053929[35].

LISULF

En 1980, Pierre Demers crée la Ligue internationale des scientifiques pour l'usage de la langue française (LISULF)[36] avec neuf personnes : Florian Gosselin, Jean-Claude PechÚre, Rémy Chauvin, Michel Amyot, Guy Bouthillier, Arnold-Jean Drapeau, Gilbert Lannoy, Jean-Claude Richer, Jean-Pierre Saint-Dizier et Armand Vaillancourt. Cette ligue vise à promouvoir l'utilisation du français en science. Elle agit surtout par des propositions de politiques publiques, des manifestations et la publication d'une revue, Science et Francophonie.

La LISULF compte certaines années plusieurs centaines de membres, surtout issus des pays francophones. Active jusqu'en 2017, elle aura pu compter sur des dizaines de collaborateurs pour participer à des colloques[37], des discussions[38] et pour produire des rapports[39].

Le programme de la LISULF comporte, notamment :

  • le projet « Droit des auteurs » (DDA) par lequel la LISULF demande au lĂ©gislateur d'intervenir afin que les auteurs scientifiques conservent le droit de publier un article dans une autre langue, dans une autre revue, aprĂšs une publication originale ;
  • la manifestation annuelle « Pasteur parlait français » (PPF) par laquelle elle dĂ©nonce la dĂ©cision de l'Institut Pasteur en 1989 que sa revue ne publie plus qu'en anglais. La manifestation a eu lieu tous les ans jusqu'en 2017 au carrĂ© Pasteur, rue Saint-Denis Ă  MontrĂ©al.

Ses interventions ont conduit, par exemple, à la publication en français du livre sur la Quasiturbine[40] du Dr Gilles Saint-Hilaire et sa famille.

La LISULF n'a pas survécu longtemps au décÚs de son principal bénévole. Elle a cessé ses activités en juin 2017.

Québécium

En 1995, Pierre Demers dĂ©couvre un nouvel arrangement des Ă©lĂ©ments, diffĂ©rent du tableau pĂ©riodique de Dmitri Mendeleiev, basĂ© sur des symĂ©tries qu'il met au jour dans la rĂ©partition de leurs propriĂ©tĂ©s quantiques et physiques. L'arrangement auquel il conclut l'amĂšne Ă  estimer que les Ă©lĂ©ments possibles seraient au nombre de 120. Une version prĂ©liminaire (et par la suite jugĂ©e erronĂ©e par Pierre Demers) de ce systĂšme ayant conclu Ă  118 Ă©lĂ©ments possibles, il postule l'existence de l'Ă©lĂ©ment hypothĂ©tique 118 et le baptise « quĂ©bĂ©cium » (Qb) en l'honneur de sa patrie, le QuĂ©bec. En 2016, les Ă©lĂ©ments 113, 115, 117 et 118 du tableau pĂ©riodique de Dmitri Mendeleiev sont dĂ©couverts par des scientifiques japonais, russes et amĂ©ricains[41]. Les autres Ă©lĂ©ments hypothĂ©tiques mentionnĂ©s dans le systĂšme sont dĂ©signĂ©s par l’abrĂ©viation latine de leur numĂ©ro atomique (ex. : Uuu pour l'Ă©lĂ©ment 111).

Le systÚme du québécium[42] - [43] - [44] - [45] organise les éléments en tenant compte des correspondances entre les états excités de l'hydrogÚne et les états électroniques des atomes[46]. Il en arrive à un arrangement qui présente de façon symétrique les propriétés suivantes :

Cet arrangement a l'avantage, en outre, d'intégrer dans une géométrie réguliÚre la totalité des éléments 1 à 120.

Pierre Demers est convaincu que cette découverte est beaucoup plus importante que ses précédentes. Il y voit une explication élégante et satisfaisante de ce que la science a longtemps considéré comme irrégulier ou inexplicable et la considÚre comme un pas vers une théorie unitaire, thÚme qui l'intéresse déjà depuis plusieurs décennies[47]. Il y voit donc l'expression de lois de la nature sous-jacentes encore à découvrir et examine les régularités similaires dans plusieurs domaines, notamment en biochimie[48], en génétique[49] et en anatomie[50] - [51].

À quelques jours de son 101e anniversaire, Pierre Demers travaillait encore activement Ă  Ă©laborer et amĂ©liorer ses textes sur le systĂšme du quĂ©bĂ©cium. En particulier, il produit en octobre 2014 une explication simplifiĂ©e de la prĂ©sentation elliptique des Ă©lĂ©ments et montre comment elle s'harmonise avec celle de Dmitri Mendeleiev, tout en l'amĂ©liorant[52]. Une vidĂ©o explicative du tableau elliptique des Ă©lĂ©ments est disponible en ligne.

Droits et batailles juridiques

Pierre Demers s'intéresse à la place faite au français depuis le début de sa carriÚre[53] - [54] mais c'est surtout dans les années 1970, avec la pression grandissante pour la publication en anglais, que son attachement au principe de publier en français suscite des différends avec ses collÚgues de l'université de Montréal. C'est sur cette toile de fond que Pierre Demers conteste sa mise à la retraite obligatoire, pratique habituelle en 1980. Pierre Demers est convaincu de l'injustice de cette pratique et utilise son cas personnel pour tenter de l'abolir. Il perd sa cause[55] mais des causes similaires intentées aprÚs l'institutionnalisation du droit au travail par la Charte canadienne des droits et libertés de 1982 et la Charte des droits et libertés du Québec en 1975 auront gain de cause, résultant en des modifications aux normes du travail du Québec qui interdisent la mise à la retraite obligatoire[56].

Plus tard, Pierre Demers conteste l'obligation de gazonner dans sa municipalitĂ©, Ville Saint-Laurent (fusionnĂ©e avec MontrĂ©al en 2002). Il utilise son terrain urbain pour collectionner des espĂšces vĂ©gĂ©tales recueillies dans la nature et transforme ainsi sa pelouse en sous-bois, en contravention avec les rĂšglements en vigueur, qu'il juge abusifs. Son combat juridique dure huit ans et se solde par une victoire partielle (2 des 3 points) de Pierre Demers[57] - [58] en cour d'appel. Il aura quand mĂȘme subi le rĂ©amĂ©nagement forcĂ© de son terrain. AprĂšs la fusion de Ville Saint-Laurent dans MontrĂ©al, les autoritĂ©s municipales cessent d'intervenir Ă  ce sujet et Pierre Demers retrouve de facto la libertĂ© d'amĂ©nager son terrain Ă  sa guise. Selon son avocat, la cause de Pierre Demers c. Ville Saint-Laurent serait Ă  l'origine de la refonte de pans entiers de rĂšglements, sur les nuisances entre autres.

Autres activités publiques

Enfant et adolescent, Pierre Demers voisine Ă  Outremont, oĂč il rĂ©side, des personnages dĂ©jĂ  importants dans l'histoire du QuĂ©bec ou destinĂ©s Ă  la devenir: Henri Bourassa et sa famille, Omer HĂ©roux et son fils Jean, AndrĂ© Laurendeau, Claude Labrecque qui fut missionnaire au Japon, Gaston Lavoisier, etc. Tout en poursuivant ses Ă©tudes et sa carriĂšre scientifique, Pierre Demers participe de façon soutenue aux associations de scientifiques et aux mouvements sociaux. En plus du Centre d'Ă©tudes prospectives du QuĂ©bec, du Centre quĂ©bĂ©cois de la couleur et de la LISULF, il est impliquĂ© dans un grand nombre d'organisations[59] :

Prix et distinctions

Hommages

Le 17 novembre 2015, l'Assemblée nationale du Québec rend un hommage à Pierre Demers par cette motion, présentée par Maka Kotto du Parti québécois :

«Que l'Assemblée nationale rende hommage à M. Pierre Demers, l'un des plus éminents scientifiques du Québec, pour sa contribution remarquable à la promotion des sciences physiques et des sciences mathématiques;

«Qu'elle reconnaisse en la personne de ce physicien et chercheur de renommée internationale le combat légitime de toute une vie pour la promotion de l'usage de la langue française dans la communication scientifique, notamment par la création, en 1980, de la Ligue internationale des scientifiques pour l'usage de la langue française;

«Qu'elle salue, en ce mois marquant son 101e anniversaire de naissance, cet ardent défenseur de la culture québécoise et de la langue française qui demain, le 18 novembre 2015, se verra remettre le prix Marie-Victorin, dans le cadre des prestigieux prix du Québec, une distinction qui vient souligner l'extraordinaire carriÚre de ce pionnier de la recherche scientifique québécoise.»[61] - [62]

En janvier 2016, Radio-Canada consacrait un reportage de 7 minutes Ă  Pierre Demers.

L'herbier de Pierre Demers (herbier des annĂ©es 1930), fut offert par la famille Demers aux Cercles des Jeunes Naturalistes qui fut envoyĂ© Ă  la collection de l'Herbier Marie-Victorin au Jardin botanique de MontrĂ©al en 2017 par AndrĂ© St-Arnaud, directeur gĂ©nĂ©ral des Cercles des Jeunes Naturalistes, au mĂȘme endroit que l'herbier de son idole le frĂšre Marie-Victorin.

Références

  1. « Le scientifique Pierre Demers n'est plus », sur ici.radio-canada.ca, 30 janvier 2017
  2. Pierre Demers, « Essai sur l’astronomie », Revue scientifique et littĂ©raire, no 23,‎ , p. 12-14
  3. ConfĂ©rence sur l’air, CKAC, 21 janvier 1931
  4. Note prĂ©liminaire sur les crevettes de l’estuaire du Saint-Laurent, 3e congrĂšs de l’ACFAS, Univ. de MontrĂ©al, 20 au 22 octobre 1935
  5. Note sur la tourbiĂšre de Trois-Pistoles, 2e congrĂšs de l’ACFAS, Univ. Laval, QuĂ©bec, 7 au 9 octobre 1934
  6. « Photo des participants du deuxiĂšme congrĂšs de l’ACFAS, 1934 », sur http://archives.uqam.ca/, (consultĂ© le )
  7. « PourÉliane.Marie-Victorin », sur lisulf.quebec (consultĂ© le )
  8. Pierre Demers, La naissance de l'énergie atomique, CongrÚs du Comité des travaux historiques et scientifiques à Québec du 2 au 6 juin 2008, sur le site de Pierre Demers, page 3.
  9. Pierre Demers, La naissance de l'énergie atomique, CongrÚs du Comité des travaux historiques et scientifiques à Québec du 2 au 6 juin 2008, sur le site de Pierre Demers.
  10. (en) Détermination quantitative du plomb et du fer dans le cupro-nickel par une méthode spectroscopique ; un calculateur nouveau pour la spectroscopie quantitative, Quantitative determination of lead and of iron in cupro-nickel by a spectroscopic method and a new calculator for quantitative spectroscopy, conférence au Laboratoire de R-D CIL à Beloeil, 26 p., décembre 1942
  11. « Un physicien montréalais de 101 ans témoin du siÚcle nucléaire », sur ici.radio-canada.ca, 7 janvier 2017
  12. Hubert Reeves, Je n'aurai pas le temps, Paris, Éditions du Seuil, avril 2008, 348 p. (ISBN 2-02-097494-0), prĂ©sentation en ligne)
  13. « Pierre CĂŒer », sur le site de l'IPHC
  14. « Fred W. Billmeyer Jr. », sur osa-opn.org
  15. Pierre Demers, Essai sur l’astronomie, Revue scientifique et littĂ©raire, rĂ©f. Claude Hurtubise, no 23, 12-14, fĂ©vrier 1930
  16. Pierre Demers, Note sur la tourbiĂšre de Trois-Pistoles, Annales de l'Acfas 1, 147, 1935
  17. Pierre Demers, Note prĂ©liminaire sur les crevettes de l’estuaire du Saint- Laurent, Annales de l'Acfas, 2, 73, 1936
  18. Pierre Demers, (Les GĂ©nies de PoincarĂ© et le principe de Carnot), Poincaré’s gĂ©nies and Carnot’s principle, Physical Review, 63, 221, 1943
  19. « HIROSHIMA, 70 ANS PLUS TARD: LE QUÉBÉCOIS QUI A CONTRIBUÉ À LA BOMBE ATOMIQUE »
  20. (en) George C. Lawrence, « Early Years of Nuclear Energy Research in Canada », sur ieee.ca, p. 11.
  21. Mélanie Loisel, « Pierre Demers, vétéran de la bombe A malgré lui », Le Devoir, (consulté le ).
  22. Pierre Demers et Ivan Batthyany, Dimensions des grains de bromure d'argent dans les Ă©mulsions ionographiques, Journal of canadian physics, 39, 608-9, 1961
  23. (Notamment) Pierre Demers, Ishfaq Ahmad et Joseph Demers, Émulsions ionographiques chargĂ©es avec de la poudre de diamant, Acfas, 32e congrĂšs, universitĂ© d'Ottawa, Ontario, 6–8 novembre 1964.
  24. (Notamment) Pierre Demers, Wladimir Paskievici et Ivan Batthyany, Nouveau mode d'analyse des traces ionographiques basé sur l'application des intégrales de Fourier et du modÚle optique, PC III, PUM, 387-390, 1964.
  25. Bibliographie interactive
  26. Pierre Demers, Nuits et Jours, poĂšmes en prose, pseudonyme Pierre d'OĂŻl, Éditions Bernard Valiquette, MontrĂ©al, 208 p., 1943, Image de la couverture et extraits sur le site de Pierre Demers
  27. Sonnets pour Noël et le Carnaval, Beauchemin et PUM, 108 p., 1962
  28. Le bruit, 4e pollution du monde moderne, Pierre Demers (directeur de la publication), avec Antoine Aumont, Michel Le Blanc, Raymond Le Bourdais, Jacques Simard et Gilles Tremblay, prĂ©sident du CEPQ : Clermont PĂ©pin, participants aux discussions : Jean Alaurent, AndrĂ© Barbeau, Normand Cazelais, AndrĂ© Cournand, Rock Demers, DaniĂšle FugĂšre, Mildred Goodman, Viviane Julien-Demers, Gaston Laurion, Aline Legrand, Pierre Lefebvre, Monique Leroux-Demers, Guido Molinari, Élizabeth Morin, Jacques-Yvan Morin, Clermont PĂ©pin, Monique Plamondon, Fernande Saint-Martin, Laure Toulouse et Émile Toulouse, 170 p., 25 fig., couverture Guido Molinari, CEPQ et PUM, Éditions du Jour, 1970
  29. (Notamment) Pierre Demers, Fondements communs de la géométrie relativiste et de la géométrie des couleurs, Ann. Acfas, 42, 1, 173, 1975
  30. Pierre Demers, Expériences sur les taches d'huile, conf. de physique, CQC, 1200 Latour, 16 novembre 1978.
  31. Rencontre des arts et des sciences de la couleur, directeur de la publication : Pierre Demers, t. I et II, Compte-rendu d'un colloque tenu les 16, 17 et 18 mars par le CQC à l'université de Montréal. Forment les Annales de l'Acfas, 45, no 3 et 4, PUM, 1978
  32. Documentation sur la couleur et sur divers projets susceptibles d’en diffuser la connaissance, avec Pierre-Louis Aerts, Camille Brouillet, Maurice Day, Maurice Raymond, 923, 64 p., CQC, 1978
  33. Paulette Tourangeau, Lettre d'appui Ă  Pierre Demers pour le prix Marie-Victorin 2007.
  34. Maurice Day, Lettre d'appui Ă  Pierre Demers pour le prix Marie-Victorin 2007.
  35. Brevet #1053929, sur le site d'Industrie Canada.
  36. LISULF, sur lisulf.quebec
  37. (Notamment) Le projet DDA, colloque atelier à l'UQAM en novembre 1985, extraits et textes, avec Guy Arbour, A. T. Balaban, André Barbeau, Jean-Denis Duquette, Jacques Flamand, Béla Joos, Guy Lacroix et Jeffrey Watson, Science et Francophonie, 14, 6-9, 1986, p. 6, sur le site de la LISULF
  38. Discussion (Saint-Laurent), à la suite du Colloque de Québec. Avec Henri Bergeron, Claude Brouillet, Frederik Dobritz, Jean Durup, Gilbert Lannoy, Paul Millet, Guy Morency, Alice Ying Shen P'an, Jean-Pierre van Deth, Science et Francophonie, 8, 65-76, 1984, sur le site de la LISULF
  39. (Notamment) Gilbert Lannoy et Pierre Demers (rédacteurs), « Le français scientifique au Québec », Colloque de Trois-RiviÚres, 27 mai 1983, 51e congrÚs annuel de l'Acfas, Science et Francophonie no 4A, Acfas, LISULF et PUM, 1983, sur le site de la LISULF
  40. Livre sur la Quasiturbine, sur quasiturbine.com
  41. Zone Science - ICI.Radio-Canada.ca, « Le tableau périodique est enfin complet », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  42. Pierre Demers, Nouveau systÚme périodique des éléments. Le systÚme du Québécium, 31e congrÚs de l'APSQ, Hull, 19 octobre 1996. Dans la collection de BibliothÚque et Archives nationales du Québec: http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs2239966
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  45. Normand Cazelet, Chronique d’une vie sur deux millĂ©naires, MontrĂ©al, Fides,
  46. Pierre Demers, SystÚme du Québécium : le tableau elliptique des éléments, communication au XIXe colloque de biomathématique, Versailles, 9 et 10 septembre 2004, sur le site de Pierre Demers
  47. (Notamment) Pierre Demers, ModÚle bio-mathématique unitaire, descriptif de toutes les perceptions humaines, Revue de bio-mathématique, 81, 13-58, 1983.
  48. chap. 7 du livre cité ci-dessus sur le site de Pierre Demers
  49. Pierre Demers, 36 filles d'Ève, 36 fils d'Adam ? Une conjecture fondée sur le systÚme du québécium, Québécium International, 21 juillet 2002, Communication proposée au XVIIIe colloque de biomathématique, Versailles, 19-20 septembre 2002, [Sbiom200236fEveA.html sur le site de Pierre Demers]
  50. Pierre Demers, SystÚme du Québécium. Pourquoi avons-nous 56 phalanges et 4 membres ? Regard d'un physicien platonicien sur l'évolution biologique, trad. interdite, Projet de communication 2878 ACP, 2008, Québec, université Laval 8, 11 juin 2008, [ACP2008QbPlaEvobisXI2007.htm sur le site de Pierre Demers]
  51. Pierre Demers, SystÚme du Québécium. ModÚle Québécium et anatomie comparée des vertébrés. 1. Pentadactylisme des primates, 2008, sur le site web de Pierre Demers.
  52. Pierre Demers, SystÚme du Québécium. Un tableau des éléments tout en rectangles, basé sur les symétries géométriques de l'écriture, 9 octobre 2014, sur le site de Pierre Demers
  53. Pierre Demers, La physique et les Canadiens-Français, Action Universitaire, 14e année, 54-61, octobre 1947
  54. Pierre Demers, Notes sur la rĂ©union d’affaires de la section III de la SociĂ©tĂ© Royale du Canada, La science en français et la SociĂ©tĂ© Royale du Canada, 6 p., 7 juin 1961
  55. Jugement Cour d’appel, Claire L’Heureux-DubĂ©, Michel Beauregard, William S. Tyndale, JJCa, 9 p.. Opinion Tyndale en anglais, Cour d’appel 500-09-000752-824, 500-05-011 014-808 donnant tort Ă  l’appelant et raison Ă  l’universitĂ© de MontrĂ©al, Me Robert BeausĂ©jour et Me Alban Janin, 500-00-024942-871, C.A., 30 avril 1987
  56. Loi sur les normes du travail, article 84.1, sur le site du gouvernement du Québec.
  57. Pierre Demers dĂ©fend toujours son amĂ©nagement. L'affaire ressemble Ă  ce dessin de Mordillo oĂč, dans un quartier de maisons grisĂątres, la police vient embarquer un propriĂ©taire qui a osĂ© peindre sa demeure de couleurs vives. Depuis trois ans, Pierre Demers, 79 ans, rĂ©siste aux pressions de la municipalitĂ© qui veut lui faire enlever l’amĂ©nagement particulier qu’il a Ă©laborĂ© dans sa cour, Michel Marsolais, Journal de MontrĂ©al, 7, 17 janvier 1994
  58. Pierre Demers, représenté par Me Luc Trempe. Pierre Demers c Ville Saint-Laurent en appel des causes Ville Saint-Laurent c. Pierre Demers. CM SLaurent 00-00280-6, 00-00283-3, 00-00284-5 devant la Cour supérieure 500-36 - 002261-009, 500-36 -002262-007, 500-36 -002263-005. Me Pierre-Yves Leduc pour Ville Saint-Laurent. 5 décembre 2000. Juge Benny CS. Appel rejeté.
  59. Pierre Demers, Notes auto-biographiques.
  60. « Les Prix du Québec - le lauréat Pierre Demers », sur www.prixduquebec.gouv.qc.ca (consulté le )
  61. « Journal des débats de l'Assemblée nationale - Assemblée nationale du Québec », sur www.assnat.qc.ca (consulté le )
  62. « VidĂ©o – SĂ©ance de l'AssemblĂ©e (voir Ă  2 h 21 min 20 s) », sur AssemblĂ©e nationale du QuĂ©bec (consultĂ© le )

Bibliographie

Liste des ouvrages :

Notes bibliographiques : DĂ©tails

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