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Ouvrage de Plan-Caval

L'ouvrage de Plan-Caval, ou du Plan-Caval[n 1], est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située sur la commune de Breil-sur-Roya, à la limite de celle de Saorge, dans le département des Alpes-Maritimes.

Ouvrage de Plan-Caval
Type d'ouvrage Gros ouvrage d'artillerie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur de l'Authion,
quartier Cabanes-Vieilles
Année de construction 1938-1940 (inachevé)
RĂ©giment 75e BAF
Nombre de blocs 3 (inachevé)
Type d'entrée(s) Entrée par un bloc (casemate)
Effectifs 287 hommes et 11 officiers
CoordonnĂ©es 43° 59′ 55″ nord, 7° 26′ 33″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France

Il s'agit d'un gros ouvrage, mais le chantier a été lancé si tardivement que seuls les trois blocs d'infanterie sont presque terminés quand les travaux sont interrompus en : une casemate pour deux canons, une tourelle pour deux mortiers, l'entrée ainsi que les installations souterraines sont seulement ébauchées.

Description

Vue de la route d'accès, avec le fort de la Forca sur le sommet.

L'ouvrage se trouve sur un replat Ă  l'est du massif de l'Authion, Ă  1 932 mètres d'altitude. Ă€ proximitĂ©, sur les autres sommets du massif se trouvent trois vieilles fortifications datant de l'extrĂŞme fin du XIXe siècle (du SĂ©rĂ© de Rivières tardif) :

  • la redoute des Trois-Communes (datant de 1897-1900 : 44° 00′ 04″ N, 7° 25′ 59″ E, Ă  2 080 mètres d'altitude) ;
  • le fort de La Forca (datant de 1889-1891 : 43° 59′ 44″ N, 7° 25′ 47″ E, Ă  2 078 m d'altitude) ;
  • le fort des Mille-Fourches (datant de 1889-1891 : 43° 59′ 31″ N, 7° 26′ 03″ E, Ă  2 042 m d'altitude).

L'ensemble du massif est accessible par une route (l'actuelle D 68) partant du col de Turini.

Position sur la ligne

Les fortifications françaises construites le long des frontières orientales de la mer du Nord jusqu'Ă  la mer MĂ©diterranĂ©e dans les annĂ©es 1930, surnommĂ©es la « ligne Maginot », Ă©taient organisĂ©es en 24 secteurs, eux-mĂŞmes subdivisĂ©s hiĂ©rarchiquement en plusieurs sous-secteurs et quartiers. L'ouvrage de Plan-Caval se trouvait dans le secteur fortifiĂ© des Alpes-Maritimes (SFAM), plus prĂ©cisĂ©ment dans le sous-secteur de l'Authion, qui porte le nom du massif montagneux sĂ©parant les vallĂ©es de la VĂ©subie et de la Roya. La frontière franco-italienne Ă©tait Ă  l'Ă©poque Ă  seulement 5,8 kilomètres au nord de Plan Caval (passant par la cime du Diable) : la vallĂ©e des Merveilles et Tende sont italiennes jusqu'au traitĂ© de Paris de 1947.

La mission de l'ouvrage était de participer à la continuité des tirs le long de la ligne de résistance, non seulement avec ses mitrailleuses, assurant le flanquement d'infanterie au nord-ouest vers la redoute de la Pointe-des-Trois-Communes et au sud-est vers le petit ouvrage de La Béole, mais aussi avec son artillerie (jamais installée) pour remplir partiellement le vide entre les gros ouvrages de Flaut et du Monte-Grosso.

La position autour de l'ouvrage est complétée par plusieurs petits blockhaus et quelques tranchées, entourant les restes d'un vieux casernement en ruines datant de la fin du XIXe siècle[6].

  • Un des petits blockhaus, construit en bordure du plateau.
    Un des petits blockhaus, construit en bordure du plateau.
  • TranchĂ©e bĂ©tonnĂ©e menant au blockhaus.
    Tranchée bétonnée menant au blockhaus.

Souterrains

Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui de Plan-Caval est conçu pour résister à un bombardement d'obus de gros calibre. Les organes de soutien devaient donc être aménagés en souterrain, creusés sous plusieurs mètres de roche, tandis que les organes de combat, dispersés en surface sous forme de blocs, sont protégés par d'épais cuirassements en acier et des couches de béton armé (recouvert de cailloux pour améliorer le camouflage).

Seule une partie des galeries voûtées a été creusée, à différents stades d'avancement : une portion a été maçonnée, le radier pas partout coulé, mais le chantier s'arrête un peu plus loin, la roche[n 2]. à nu avec les étais de soutènement en bois encore en place. Le casernement n'a pas été installé, ni l'usine électrique (où devaient être installés des groupes électrogènes). Deux puits de service (au-dessus du casernement) et une galerie d'évacuation des déblais (près du bloc 4) ont été comblés hâtivement avant les combats de [8].

Blocs

Sur les six blocs mis en chantier, seulement trois sont terminés en : il s'agit des trois petits blocs (nos 4, 5 et 6) se trouvant à l'extrémité orientale de l'ouvrage, mais sans la totalité de leurs trémies blindées étanches ni leur système de ventilation. Ces trois blocs sont reliés entre eux par les galeries souterraines, qui se connectent aux blocs par des puits.

Pour les blocs 1 (l'entrĂ©e mixte) et 2 (la casemate pour deux canons-mortiers de 75 mm modèle 1931), seules les fouilles ont Ă©tĂ© commencĂ©es en 1939. Le bloc 3 a Ă©tĂ© bĂ©tonnĂ© pendant l'Ă©tĂ© 1939 (en protection no 4), mais la tourelle pour deux mortiers de 81 mm n'a jamais Ă©tĂ© livrĂ©e.

Le bloc 4 se trouve au sud-est ; il a été coulé (en protection no 2) dès l'été 1938, juste après approbation de l'ouvrage. Il a un créneau pour jumelage de mitrailleuses (tirant vers la Maglia) et deux créneaux pour fusil-mitrailleur, la façade défendue par un fossé diamant où débouche une goulotte lance-grenades et une sortie de secours, le tout surmonté d'une cloche pour jumelage de mitrailleuses (tirant vers l'ouvrage de La Béole).

Le bloc 5 est un observatoire, lui aussi coulĂ© en prioritĂ© lors de l'Ă©tĂ© 1938, comportant une cloche GFM (pour guetteur et fusil mitrailleur, armĂ© en plus d'un mortier de 50 mm) Ă  cinq crĂ©neaux. Cette cloche Ă©tait Ă©quipĂ©e d'un pĂ©riscope J 2 et d'un bloc de jumelles D, avec comme indicatif O 64 (cet observatoire Ă©tait rattachĂ© au PC artillerie de l'ouvrage du Monte-Grosso).

Le gros œuvre du bloc 6 a lui aussi été coulé (en protection no 2) dès l'été 1938, au nord-est de l'ouvrage. Cette petite casemate a deux créneaux pour jumelage de mitrailleuses, l'un tirant frontalement vers le nord-est et la chapelle Saint-Clair et l'autre flanquant au nord-ouest vers la redoute de la Pointe-des Trois-Communes[9].

Armement

Seul l'armement d'infanterie a Ă©tĂ© installĂ©. Les mitrailleuses et fusils mitrailleurs de l'ouvrage Ă©taient chacun protĂ©gĂ© par une trĂ©mie blindĂ©e et Ă©tanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tirent la mĂŞme cartouche de 7,5 mm Ă  balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de g pour la modèle 1929 C)[10].

Les mitrailleuses Ă©taient des MAC modèle 1931 F, montĂ©es en jumelage (JM) pour pouvoir tirer alternativement, permettant le refroidissement des tubes. La portĂ©e maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est thĂ©oriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trĂ©mie limite le pointage en Ă©lĂ©vation Ă  15°), la hausse est graduĂ©e jusqu'Ă  2 400 mètres et la portĂ©e utile est plutĂ´t de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun, avec un stock de 50 000 cartouches pour chaque jumelage[11]. La cadence de tir thĂ©orique est de 750 coups par minute[12], mais elle est limitĂ©e Ă  450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[13]. Le refroidissement des tubes est accĂ©lĂ©rĂ© par un pulvĂ©risateur Ă  eau ou par immersion dans un bac.

Les fusils mitrailleurs (FM) Ă©taient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portĂ©e maximale est de 3 000 mètres, avec une portĂ©e pratique de l'ordre de 600 mètres[14]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte[11]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 Ă  140 coups par minute[15] - [16].

Histoire

Le massif de l'Authion avait déjà été fortifié à la fin du XIXe siècle, comme complément tardif au système Séré de Rivières.

Construction

En 1927, les discours de Benito Mussolini réclamant le rattachement de Nice, de la Savoie et de la Corse, ainsi que des incidents de frontière, ont pour conséquences le retour des garnisons françaises dans les anciens forts de haute montagne, puis en 1928 le début de la construction de nouvelles fortifications : la ligne Maginot. Une puissante fortification, appelée l'ouvrage de l'Arboin, est prévu sur le massif de l'Authion. Mais si les premiers travaux ont commencé dès 1928 à Rimplas, les moyens financiers sont réduits, limitant les réalisations.

En 1931, le 3e bureau de l'État-Major de l'Armée accepte le principe de la réalisation d'une partie seulement des fortifications prévues[17]. En conséquence, la Commission d'organisation des régions fortifiées (CORF) ordonne la réalisation d'un programme restreint[18] : la construction de l'ouvrage de l'Arboin (comprenant trois tourelles d'artillerie) est repoussé en seconde urgence. En 1933, le projet de l'Arboin est abandonné, remplacé par un nouveau projet d'ouvrage sur la pointe des Trois-Communes[19]. En 1937, ce projet devient celui de l'ouvrage de Plan-Caval. Le financement n'est affecté qu'en 1938, en récupérant une tourelle, deux canons, des cloches et des trémies dans les stocks pour faire quelques économies.

À cause de l'altitude, les travaux ne sont possibles que pendant la saison estivale. Le chantier commence dès 1938 avant même l'arrêt des plans définitifs de l'ouvrage. Il est partiellement complété pendant la saison 1939, mais tout est arrêté en 1940 à cause des combats.

Combats de 1940

Le Royaume d'Italie déclare la guerre à la République française et au Royaume-Uni le . Le mauvais temps et l'enneigement tardif retardent l'attaque quelques jours ; les opérations commencent le , avec le franchissement des différents points de passage frontaliers.

La garnison française évacue l'ouvrage pendant les premiers jours de juillet, la partie alpine de la ligne Maginot se trouvant intégralement dans la zone démilitarisée en avant de la petite zone d'occupation italienne.

Occupation et libération

En , l'occupation italienne s'Ă©tend jusqu'au RhĂ´ne (invasion de la zone libre), puis le les troupes allemandes remplacent celles italiennes (consĂ©quence de l'armistice de Cassibile). Après le dĂ©barquement de Provence, les troupes allemandes se retranchent en montagne pour dĂ©fendre le Nord de l'Italie, notamment sur l'Authion. Les troupes françaises donnent l'assaut Ă  l'ouvrage le : des impacts de balles perforantes et d'obus de 37 mm des chars lĂ©gers sont encore visibles sur la cloche du bloc 5. La garnison allemande Ă©vacue en soirĂ©e vers la BĂ©ole.

Notes et références

Notes

  1. La formulation « de Plan-Caval » est la plus courante (carte du BRGM au 1:50000[1], Inventaire général du patrimoine culturel[2], alsacemaginot.com[3] ou www.fortiff.be[4]), mais quelques autres auteurs utilisent « du Plan-Caval » (par exemple lignemaginot.com[5]).
  2. Le Plan Caval est constitué de calcaire clair datant du Turonien-Sénonien un peu marneux[7].

Références

  1. « Cas. de Plan Caval » sur la « Carte géologique centrée sur l'Authion », sur http://www.geoportail.gouv.fr/.
  2. « ouvrage mixte dit ouvrage de Plan Caval », sur http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/.
  3. « L'ouvrage de Plan-Caval », sur http://www.alsacemaginot.com/.
  4. « Plan Caval (gros ouvrage de) », sur http://www.fortiff.be/.
  5. « Ouvrage du Plan Caval », sur http://www.lignemaginot.com/.
  6. « La batterie et le casernement du Plan Caval », sur http://fortiffsere.fr/.
  7. M. Bigot, Notice explicative de la feuille au 1/50000 de Saint-Martin-Vésubie : Le Boréon, Orléans, Bureau de recherches géologiques et minières, coll. « Carte géologique de la France » (no 947), s.d., 29 p. (lire en ligne), p. 17.
  8. « ouvrage mixte dit ouvrage de Plan Caval », sur http://dossiersinventaire.regionpaca.fr/gertrude-diffusion/.
  9. « PLAN CAVAL (PCV) ( Ouvrage d'artillerie ) », sur http://wikimaginot.eu/.
  10. « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
  11. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
  12. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  13. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 110.
  14. « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur http://www.maginot.org/.
  15. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
  16. Philippe Truttmann (ill. Frédéric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'évolution des systèmes fortifiés d'Europe occidentale de 1880 à 1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (réimpr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X), p. 374.
  17. DM no 214 3/11-1 du .
  18. Note no 44/FA le .
  19. « L'ARBOIN - GONELLA ( Ouvrage d'artillerie ) », sur http://wikimaginot.eu/.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Articles connexes

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