Orang-outan de Sumatra
Pongo abelii
CR A2cd :
En danger critique
Statut CITES
Répartition géographique
L'Orang-outan de Sumatra (Pongo abelii) est l'une des trois espÚces d'orang-outan (genre Pongo), qui appartient à la famille des hominidés.
DĂ©nominations
Bien qu'elle ne soit pas la seule espĂšce d'orang-outan de l'Ăźle de Sumatra, elle porte pour des raisons historiques le nom normalisĂ© d'orang-outan de Sumatra[2]. L'autre espĂšce d'orang-outan vivant sur cette Ăźle, l'orang-outan de Tapanuli, Ă©tait auparavant considĂ©rĂ©e comme une sous-population isolĂ©e de cette espĂšce et n'a Ă©tĂ© dĂ©crite comme une espĂšce distincte qu'en 2017. « Orang-outan » provient de l'indonĂ©sien et du malais « orang hutan », qui signifie « personne de la forĂȘt » (ou « des bois »)[3] - [4].
Son nom scientifique, Pongo abelii, est composé du nom générique, Pongo, et d'une épithÚte spécifique, abelii. Le premier provient du kikongo (langue d'Afrique centrale) « mpongi »[5] - [6], un mot qui servait initialement à désigner les gorilles dans cette région africaine, repris par Andrew Battel en anglais, puis par Buffon en français[7] - [8] qui pensait alors que les gorilles et les orangs-outans pouvaient ne former qu'une seule espÚce[9]. Le second lui a été donné par le naturaliste français René PrimevÚre Lesson, en hommage au naturaliste anglais Clarke Abel, dont les observations lui ont servi à réaliser une premiÚre description de l'espÚce en 1827[10].
Caractéristiques
L'espÚce présente un fort dimorphisme sexuel. Les mùles mesurent en moyenne 97 cm pour un poids moyen de 87 kg, tandis que les femelles mesurent en moyenne 78 cm pour un poids moyen de 37 kg[11]. Ils sont plus fins que les orangs-outans de Bornéo, ont des faces plus allongées et des poils plus longs et plus pùles[11]. L'orang-outan de Sumatra est plus grand que l'orang-outan de Bornéo[12].
L'orang-outan de Sumatra dispose de membres antérieurs exceptionnellement longs par rapport aux postérieurs. Démuni de queue préhensile, il peut néanmoins marcher en position bipÚde sur des branches étroites en se servant de ses bras pour s'équilibrer.
En captivité, le record de longévité est atteint par Puan, une femelle morte à 62 ans au zoo de Perth[13]. Major, un mùle mort à 50 ans au zoo de La BoissiÚre, est un des plus vieux mùles connus[14].
Ăcologie et comportement
L'orang-outan de Sumatra est un singe arboricole : il escalade les troncs et il se déplace d'arbre en arbre avec les lianes et les branches, dans un mouvement de brachiation, en se balançant et en utilisant ses quatre membres, ses pieds étant aussi souples que ses mains[15].
Cet orang-outan est plus arboricole que son cousin de BornĂ©o. Il se dĂ©place d'arbre en arbre, peut-ĂȘtre Ă cause de la prĂ©sence du tigre de Sumatra.
L'orang-outan de Sumatra est plus sociable que son homologue de Bornéo. Les individus se rassemblent en groupes pour se nourrir dans les figuiers. Cependant les mùles évitent le contact entre eux.
Alimentation
Par rapport Ă l'orang-outan de BornĂ©o, l'orang-outan de Sumatra a tendance Ă ĂȘtre plus frugivore et insectivore. Ses fruits prĂ©fĂ©rĂ©s sont les fruits du jacquier et les figues. Il peut aussi manger des Ćufs d'oiseaux et des petits vertĂ©brĂ©s.
Des orangs-outans de Sumatra sauvages ont été observés se fabriquant des gants avec des feuilles pour éviter les piqûres d'abeilles ou cassant des morceaux de branches qu'ils vont attacher aux extrémités. Puis ils vont enfoncer le bùton dans des creux d'arbres pour attraper des termites. Ils peuvent également se servir du bùton pour pousser des nids d'abeilles, et prendre le miel[16].
Reproduction
Les jeunes mùles s'accouplent plus avec des jeunes femelles car les plus matures peuvent plus facilement les repousser. Et les femelles adultes préfÚrent s'accoupler avec des mùles matures.
Les femelles donnent naissance à des petits pour la premiÚre fois à environ 15 ans. Les bébés restent dépendants de leur mÚre jusqu'à leurs trois ans, mais aprÚs cette période, les jeunes resteront proches de leurs mÚres. Ils s'accouplent pour la premiÚre fois à environ 12,3 ans.
Habitat et répartition
L'Orang-outan de Sumatra est endĂ©mique de lâĂźle de Sumatra, en IndonĂ©sie. Il vit dans la forĂȘt tropicale humide de basse altitude ainsi que dans la mangrove[12]. Son aire de rĂ©partition occupe les deux provinces les plus au nord de l'Ăźle : on le trouve essentiellement dans la province d'Aceh, et un peu dans la province de Sumatra du Nord.
On trouve aussi dans la province de Sumatra du Nord une espĂšce distincte, l'Orang-outan de Tapanuli, qui vit au sud du lac Toba.
Classification
Phylogénie des espÚces actuelles d'hominidés, d'aprÚs Shoshani et al. (1996)[17] et Springer et al. (2012)[18] :
Hominidae |
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Statut de conservation et menaces
L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classé l'orang-outan de Sumatra dans les espÚces en danger critique d'extinction. C'est une espÚce menacée par la déforestation, en raison d'une exploitation illégale de bois exotique ou pour céder la place à des plantations industrielles de palmiers à huile. On estime qu'il n'y avait plus, en 2016, que 13 800 individus vivant à l'état sauvage[1].
L'orang-outan de Sumatra a été inclus dans la liste des 25 espÚces de primates les plus menacés dans le monde en 2000, 2002, 2004, 2006, 2008 et 2014.
L'espÚce bénéficie d'une aire protégée majeure, le Parc national du Mont Leuser, qui couvre une partie de son aire de répartition. C'est aux abords de ce parc national que se trouvent les principaux sites touristiques d'observation des orangs-outans de Sumatra : Bukit Lawang et Ketambe (id).
Le Programme de conservation des orangs-outans de Sumatra (SOCP) mĂšne des actions de conservation de l'espĂšce Ă Sumatra.
Il existe plusieurs programmes d'élevage conservatoire de cette espÚce en captivité. En Europe, le programme européen pour les espÚces menacées (EEP) consacré à cette espÚce est coordonné par un scientifique du Zoo de Karlsruhe (Allemagne)[19], en Amérique du Nord, le programme américain pour les espÚces menacées (SSP) existe depuis 1988, il est coordonné par un comité de représentants des zoos membres[20]. Mi-2019, environ 264 individus étaient ainsi présents dans une soixantaine d'institutions zoologiques en Amérique du Nord, en Asie et en Europe[21].
De plus, cet orang-outan fait partie des animaux ayant une protéine-cible du nouveau coronavirus pandémique de 2019 (l'ACE2) adapté à ce nouveau virus (SARS-CoV-2)[22] (virus responsable en 2019 de la pandémie de COVID-19). Cette affirmation découle d'études de modélisations de protéines.
Notes et références
- (en) « Pongo abelii », sur IUCN Red List of Threatened Species (consulté le )
- (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0444518770), 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé
- Informations lexicographiques et étymologiques de « orang-outan » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- (en) Wayan Jarrah Sastrawan, « The Word âOrangutanâ: Old Malay Origin or European Concoction? », Journal of the Humanities and Social Sciences of Southeast Asia, vol. 176, no 4,â , p. 532â541 (lire en ligne)
- (en) « Origin and meaning of pongo », sur etymonline.com (consulté le )
- (en) « Definition of Pongo », sur merriam-webster.com (consulté le )
- « Pongo : Ătymologie de Pongo », sur cnrtl.fr (consultĂ© le )
- Ămile LittrĂ©, « Dictionnaire de la langue française », Dictionnaires d'autrefois, sur artflx.uchicago.edu, 1872-1877 (consultĂ© le )
- Georges-Louis Leclerc de Buffon et Louis Jean-Marie Daubenton, Histoire naturelle, générale, et particuliÚre, avec la description du Cabinet du Roi, Tome 14, Paris, Imprimerie royale, 1749-1789 (lire en ligne), « Les Orang-outangs ou le Pongo et le Jocko », p. 43
- Charles Bélanger, Voyage aux Indes-Orientales : par le Nord de l'Europe, les provinces du Caucase, la Géorgie, l'Arménie et la Perse, suivi de détails topographiques, statistiques et autre sur le Pérou, les Iles de Java, de Maurice et de Bourbon, sur le Cap de Bonne-Espérance et Sainte-HélÚne, pendant les années 1825, 1826, 1827, 1828 et 1829, t. III (Zoologie), Paris, Arthus Bertrand, , p. 24
- « Primate Factsheets: Orangutan (Pongo) Taxonomy, Morphology, & Ecology », sur pin.primate.wisc.edu (consulté le )
- (en) Référence Animal Diversity Web : Pongo abelii
- « L'orang-outan le plus ĂągĂ© du monde est mort Ă l'Ăąge de 62 ans », Sciences et Avenir,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Major, le plus vieil orang-outan reproducteur au monde, est mort - article de Sciences et Avenir du 28 septembre 2012
- Richard C. Vogt (trad. ValĂ©rie Garnaud-d'Ersu), La forĂȘt vierge Ă la loupe [« Rain Forests »], Larousse, , 64 p. (ISBN 978-2-03-589818-0), Singes arboricoles pages 40 et 41
- Emmanuelle Grundmann, Eux aussi ils aiment les insectes ! Les primates et les insectes : une relation gastronomique , Insectes, n°143, page 4, 2002
- (en) J. Shoshani, C. P. Groves et al., « Primate phylogeny : morphological vs. molecular results », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 5, no 1,â , p. 102-54 (PMID 8673281, lire en ligne)
- (en) Mark S. Springer, Robert W. Meredith et al., « Macroevolutionary Dynamics and Historical Biogeography of Primate Diversification Inferred from a Species Supermatrix », PLoS ONE, vol. 7, no 11,â , e49521 (ISSN 1932-6203, PMID 23166696, PMCID 3500307, DOI 10.1371/journal.pone.0049521, lire en ligne)
- (en) « EAZA Breeding Programme Overview », sur eaza.net, (consulté le )
- (en) « The Orangutan SSP », sur orangutanssp.org (consulté le )
- (en) « ZIMS - Species holding - Pongo abelii », sur zims.species360.org (consulté le ).
- (en) Junwen Luan, Yue Lu, Xiaolu Jin et Leiliang Zhang, « Spike protein recognition of mammalian ACE2 predicts the host range and an optimized ACE2 for SARS-CoV-2 infection », Biochemical and Biophysical Research Communications, vol. 526, no 1,â , p. 165â169 (PMID 32201080, PMCID PMC7102515, DOI 10.1016/j.bbrc.2020.03.047, lire en ligne, consultĂ© le )
Voir aussi
Articles connexes
Références taxonomiques
- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Pongo abelii Lesson, 1827
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Pongo abelii
- (en) Référence Animal Diversity Web : Pongo abelii
- (en) Référence NCBI : Pongo abelii (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espÚce Pongo abelii Lesson, 1827 (consulté le )
- (en) Référence CITES : espÚce Pongo abelii Lesson, 1827 (+ répartition sur Species+) (consulté le )
- (en) Référence Fonds documentaire ARKive : Pongo abelii