Orang-outan de Bornéo
Pongo pygmaeus
CR A4abcd :
En danger critique
Statut CITES
Répartition géographique
LâOrang-outan de BornĂ©o (Pongo pygmaeus) est l'une des trois espĂšces du genre Orang-outan ou Pongo, qui appartient Ă la famille des hominidĂ©s. Il est endĂ©mique de l'Ăźle BornĂ©o, en Asie du Sud-Est, qui se partage entre l'IndonĂ©sie et la Malaisie. L'espĂšce est menacĂ©e par la perte de son habitat naturel. Sa population a baissĂ© de 25 % entre 2005 et 2015[2].
DĂ©nominations
Cette espĂšce porte le nom normalisĂ© d'orang-outan de BornĂ©o, en rĂ©fĂ©rence Ă l'Ăźle de BornĂ©o sur laquelle il se trouve. « Orang-outan » provient de l'indonĂ©sien et du malais « orang hutan », qui signifie « personne de la forĂȘt » (ou « des bois »)[3] - [4].
Son nom scientifique, Pongo pygmaeus, est composé du nom générique, Pongo, et d'une épithÚte spécifique, pygmaeus. Le premier provient du kikongo (langue d'Afrique centrale) « mpongi »[5] - [6], un mot qui servait initialement à désigner les gorilles dans cette région africaine, repris par Andrew Battel en anglais, puis par Buffon en français[7] - [8] qui pensait alors que les gorilles et les orangs-outans pouvaient ne former qu'une seule espÚce[9]. Le second fait référence à sa petite taille.
Caractéristiques
L'Orang-outan de Bornéo est un singe aux longs bras et au pelage roux, parfois brun. Le mùle mesure environ 97 cm de haut pour un poids de 87 kg et la femelle mesure 78 cm pour un poids de 37 kg[10].
Les orangs-outans peuvent vivre de 30 à 40 ans dans la nature. Nénette, une femelle née vers 1969 à Bornéo et hébergée à la ménagerie du Jardin des plantes de Paris, a atteint environ 50 ans.
Comme les autres grands singes, les gorilles et les chimpanzĂ©s, et peut-ĂȘtre les macaques crabiers, les macaques de Tonkeans, les capucins ..., les orangs-outans de BornĂ©o sont douĂ©s de capacitĂ©s cognitives comme la facultĂ© de se reconnaĂźtre dans un miroir[11], des capacitĂ©s qui font l'objet de recherche dans la nature et dans les zoos[12].
Ăcologie et comportement
Alimentation
L'orang-outan de BornĂ©o est principalement frugivore, les fruits reprĂ©sentent plus de 60 % de son alimentation. Il se nourrit Ă©galement de feuilles, de fleurs, d'Ă©corce, de sĂšve, de champignons, d'insectes et d'Ćufs d'oiseaux[10]. Cette alimentation est saisonniĂšre, ce qui modifie l'Ă©nergie disponible en fonction de la disponibilitĂ© en fruits (voir C. Knott). L'orang-outan est aussi capable de distinguer prĂšs de 1700 variĂ©tĂ©s vĂ©gĂ©tales pour son usage, ses soins ou sa nourriture.
Reproduction
Le cycle menstruel de la femelle dure environ 30 jours, l'ovulation a lieu le 15e jour du cycle. Lors de la copulation, le mùle et la femelle sont généralement face à face et se tiennent par les bras. La période de gestation est d'environ 9 mois, la femelle donne naissance à un seul petit, rarement deux. La mÚre s'occupe du petit pendant 6 ans. Elle donne naissance tous les 6 à 8 ans[10].
Habitat et répartition
Cette espĂšce est endĂ©mique de BornĂ©o, oĂč elle est prĂ©sente Ă Kalimantan (rĂ©gion indonĂ©sienne), Ă Sabah et Ă Sarawak (Ătats malaisiens). Elle vit dans la forĂȘt inondable de basse altitude de DiptĂ©rocarpacĂ©es[13]. Les larges fleuves sont infranchissables par cette espĂšce qui ne sait pas nager, ils constituent donc une barriĂšre naturelle qui limite son expansion[10].
Classification
Phylogénie des espÚces actuelles d'hominidés, d'aprÚs Shoshani et al. (1996)[14] et Springer et al. (2012)[15] :
Hominidae |
| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Sous-espĂšces
Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (26 févr. 2011)[16] :
- sous-espĂšce Pongo pygmaeus morio (Owen, 1837) - en danger critique d'extinction (CR)
- sous-espÚce Pongo pygmaeus pygmaeus (Linnaeus, 1760) - en danger critique d'extinction (CR). Cette sous-espÚce a été incluse en 2010 et en 2018 dans la liste des 25 espÚces de primates les plus menacées au monde.
- sous-espĂšce Pongo pygmaeus wurmbii (Tiedemann, 1808) - en danger critique d'extinction (CR)
Sous-espĂšces Ă©teintes :
- â Pongo pygmaeus ciochoni
- â Pongo pygmaeus devosi
- â Pongo pygmaeus fromageti
- â Pongo pygmaeus kahlkei
- â Pongo pygmaeus palaeosumatrensis
Statut de conservation et menaces
La population des orang-outans de BornĂ©o comptait en 2007 d'aprĂšs l'UICN entre 45 000 et 69 000 individus, entre 3 000 et 30 000 fin 2010, selon une estimation des associations locales et internationales de protection de l'orang-outan. L'espĂšce aura disparu totalement Ă l'Ă©tat sauvage avant la fin de la dĂ©cennie (2020) si rien n'est fait, notamment la crĂ©ation de sanctuaires protĂ©gĂ©s dans les derniĂšres forĂȘts tropicales humides malaisiennes et indonĂ©siennes. Le calcul de leur population se fait par estimation : on observe le nombre de nids, puis on extrapole pour une zone, ce qui n'est donc valable que pour une rĂ©gion. L'UICN et l'UNESCO ont dressĂ© une carte assez prĂ©cise. Une synthĂšse des donnĂ©es est disponible[17] Mais ces mĂȘmes pays qui tirent profit de la dĂ©forestation massive, souvent unique richesse, ne parviennent pas encore Ă dĂ©limiter et Ă transformer des surfaces boisĂ©es qui se rarĂ©fient de jour en jour, en parcs nationaux protĂ©gĂ©es, Ă moins qu'ils y soient contraints par les instances et organisations internationales, au nom de la sauvegarde de la biodiversitĂ© mondiale. Ce qui est, semble-t-il, la seule et ultime solution contraignante mais efficace Ă court terme, avant l'Ă©puisement total de l'espĂšce Ă l'Ă©tat naturel. Si la lĂ©gislation indonĂ©sienne existe pour protĂ©ger les orangs-outans, et si des dĂ©crets prĂ©sidentiels ont Ă©tĂ© promulguĂ©s pour dĂ©limiter des zones, les faits priment sur le droit, la corruption empĂȘche le respect des limitations et la pauvretĂ© pousse Ă la destruction de l'environnement. Le principal problĂšme qui se pose ici, est celui de l'enclavement : la forĂȘt ne se rĂ©trĂ©cit pas en reculant sur un front, mais par encerclement le long des routes et des riviĂšres, ce qui empĂȘche les orangs-outans de fuir et rĂ©duit encore plus leurs possibilitĂ©s de reproduction.
Notes et références
- Erik Meijaard (IUCN SSC Wild Pig Specialist Group) et Melvin Gumal (WCS), « IUCN Red List of Threatened Species: Pongo pygmaeus », sur IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le )
- Audrey Garric, « La sixiĂšme extinction de masse des animaux sâaccĂ©lĂšre », Le Monde,â (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le )
- Informations lexicographiques et étymologiques de « orang-outan » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- (en) Wayan Jarrah Sastrawan, « The Word âOrangutanâ: Old Malay Origin or European Concoction? », Journal of the Humanities and Social Sciences of Southeast Asia, vol. 176, no 4,â , p. 532â541 (lire en ligne)
- (en) « Origin and meaning of pongo », sur etymonline.com (consulté le )
- (en) « Definition of Pongo », sur merriam-webster.com (consulté le )
- « Pongo : Ătymologie de Pongo », sur cnrtl.fr (consultĂ© le )
- Ămile LittrĂ©, « Dictionnaire de la langue française », Dictionnaires d'autrefois, sur artflx.uchicago.edu, 1872-1877 (consultĂ© le )
- Georges-Louis Leclerc de Buffon et Louis Jean-Marie Daubenton, Histoire naturelle, générale, et particuliÚre, avec la description du Cabinet du Roi, Tome 14, Paris, Imprimerie royale, 1749-1789 (lire en ligne), « Les Orang-outangs ou le Pongo et le Jocko », p. 43
- (en) Référence Animal Diversity Web : Pongo pygmaeus
- Catherine Mallaval, « Miroir, Î mon miroir », sur liberation.fr, Libération,
- Muséum National d'Histoire Naturelle / Ménagerie / Zoo du jardin des plantes (photogr. MNHN - Emmanuel Baril et FG Grandin), « Orang-outan de Bornéo », sur mnhn.fr (consulté le )
- UICN, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
- (en) J. Shoshani, C. P. Groves et al., « Primate phylogeny : morphological vs. molecular results », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 5, no 1,â , p. 102-54 (PMID 8673281, lire en ligne)
- (en) Mark S. Springer, Robert W. Meredith et al., « Macroevolutionary Dynamics and Historical Biogeography of Primate Diversification Inferred from a Species Supermatrix », PLoS ONE, vol. 7, no 11,â , e49521 (ISSN 1932-6203, PMID 23166696, PMCID 3500307, DOI 10.1371/journal.pone.0049521, lire en ligne)
- Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 26 févr. 2011
- Frédéric Louchart, Que Faire de l'orang-outan ? : reconstruire la nature à Nyaru Menteng, Bornéo, Indonésie, Paris, Harmattan, , 212 p. (ISBN 978-2-343-11723-2, lire en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
Références
- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Pongo pygmaeus Linnaeus, 1760
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Pongo pygmaeus
- (en) Référence Catalogue of Life : Pongo pygmaeus (Linnaeus, 1760) (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Pongo pygmaeus (Linnaeus, 1760)
- (en) Référence Animal Diversity Web : Pongo pygmaeus
- (en) Référence NCBI : Pongo pygmaeus (taxons inclus)
Liens externes
- (en) Référence UICN : espÚce Pongo pygmaeus (Linnaeus, 1760) (consulté le )
- (en) Référence CITES : espÚce Pongo pygmaeus (Linnaeus, 1760) (+ répartition sur Species+) (consulté le )
- (fr) RĂ©fĂ©rence CITES : taxon Pongo pygmaeus (sur le site du ministĂšre français de l'Ăcologie)
- (en) Référence Fonds documentaire ARKive : Pongo pygmaeus
- (fr) Borneo Orangutan Survival Foundation France
- (en) Programme des Nations unies pour la sauvegarde des grands singes
- (fr) Orang-outan, site de Jane Goodall
- (en) Orangutan Foundation
- (fr) Oran-outans, Action for apes