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Orang-outan de Bornéo

Pongo pygmaeus

Pongo pygmaeus
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Jeune orang-outan. L'animal est capable de produire de nombreuses et complexes mimiques.

EspĂšce

Pongo pygmaeus
(Linnaeus, 1760)

Statut de conservation UICN

( CR )
CR A4abcd :
En danger critique

Statut CITES

Sur l'annexe  I  de la CITES Annexe I , RĂ©v. du 01/07/1975

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Aire de répartition de Pongo pygmaeus, sur l'ßle de Bornéo[1].

L’Orang-outan de BornĂ©o (Pongo pygmaeus) est l'une des trois espĂšces du genre Orang-outan ou Pongo, qui appartient Ă  la famille des hominidĂ©s. Il est endĂ©mique de l'Ăźle BornĂ©o, en Asie du Sud-Est, qui se partage entre l'IndonĂ©sie et la Malaisie. L'espĂšce est menacĂ©e par la perte de son habitat naturel. Sa population a baissĂ© de 25 % entre 2005 et 2015[2].

DĂ©nominations

Cette espĂšce porte le nom normalisĂ© d'orang-outan de BornĂ©o, en rĂ©fĂ©rence Ă  l'Ăźle de BornĂ©o sur laquelle il se trouve. « Orang-outan » provient de l'indonĂ©sien et du malais « orang hutan », qui signifie « personne de la forĂȘt » (ou « des bois »)[3] - [4].

Son nom scientifique, Pongo pygmaeus, est composé du nom générique, Pongo, et d'une épithÚte spécifique, pygmaeus. Le premier provient du kikongo (langue d'Afrique centrale) « mpongi »[5] - [6], un mot qui servait initialement à désigner les gorilles dans cette région africaine, repris par Andrew Battel en anglais, puis par Buffon en français[7] - [8] qui pensait alors que les gorilles et les orangs-outans pouvaient ne former qu'une seule espÚce[9]. Le second fait référence à sa petite taille.

Caractéristiques

Nenette du zoo du jardin des plantes, Paris

L'Orang-outan de Bornéo est un singe aux longs bras et au pelage roux, parfois brun. Le mùle mesure environ 97 cm de haut pour un poids de 87 kg et la femelle mesure 78 cm pour un poids de 37 kg[10].

Les orangs-outans peuvent vivre de 30 à 40 ans dans la nature. Nénette, une femelle née vers 1969 à Bornéo et hébergée à la ménagerie du Jardin des plantes de Paris, a atteint environ 50 ans.

Comme les autres grands singes, les gorilles et les chimpanzĂ©s, et peut-ĂȘtre les macaques crabiers, les macaques de Tonkeans, les capucins ..., les orangs-outans de BornĂ©o sont douĂ©s de capacitĂ©s cognitives comme la facultĂ© de se reconnaĂźtre dans un miroir[11], des capacitĂ©s qui font l'objet de recherche dans la nature et dans les zoos[12].

Écologie et comportement

Alimentation

L'orang-outan de BornĂ©o est principalement frugivore, les fruits reprĂ©sentent plus de 60 % de son alimentation. Il se nourrit Ă©galement de feuilles, de fleurs, d'Ă©corce, de sĂšve, de champignons, d'insectes et d'Ɠufs d'oiseaux[10]. Cette alimentation est saisonniĂšre, ce qui modifie l'Ă©nergie disponible en fonction de la disponibilitĂ© en fruits (voir C. Knott). L'orang-outan est aussi capable de distinguer prĂšs de 1700 variĂ©tĂ©s vĂ©gĂ©tales pour son usage, ses soins ou sa nourriture.

Reproduction

Le cycle menstruel de la femelle dure environ 30 jours, l'ovulation a lieu le 15e jour du cycle. Lors de la copulation, le mùle et la femelle sont généralement face à face et se tiennent par les bras. La période de gestation est d'environ 9 mois, la femelle donne naissance à un seul petit, rarement deux. La mÚre s'occupe du petit pendant 6 ans. Elle donne naissance tous les 6 à 8 ans[10].

Habitat et répartition

Cette espĂšce est endĂ©mique de BornĂ©o, oĂč elle est prĂ©sente Ă  Kalimantan (rĂ©gion indonĂ©sienne), Ă  Sabah et Ă  Sarawak (États malaisiens). Elle vit dans la forĂȘt inondable de basse altitude de DiptĂ©rocarpacĂ©es[13]. Les larges fleuves sont infranchissables par cette espĂšce qui ne sait pas nager, ils constituent donc une barriĂšre naturelle qui limite son expansion[10].

Classification

Phylogénie des espÚces actuelles d'hominidés, d'aprÚs Shoshani et al. (1996)[14] et Springer et al. (2012)[15] :

Hominidae
Ponginae → Pongo

Pongo abelii – Orang-outan de Sumatra




Pongo pygmaeus – Orang-outan de BornĂ©o



Pongo tapanuliensis – Orang-outan de Tapanuli




Homininae
Gorillini → Gorilla

Gorilla beringei – Gorille de l'Est



Gorilla gorilla – Gorille de l'Ouest



Hominini
Panina → Pan

Pan paniscus – ChimpanzĂ© pygmĂ©e ou Bonobo



Pan troglodytes – ChimpanzĂ© commun



Hominina → Homo

Homo sapiens – Homme moderne





Sous-espĂšces

Un mĂąle de la sous-espĂšce Pongo pygmaeus wurmbii.

Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (26 févr. 2011)[16] :

  • sous-espĂšce Pongo pygmaeus morio (Owen, 1837) - en danger critique d'extinction (CR)
  • sous-espĂšce Pongo pygmaeus pygmaeus (Linnaeus, 1760) - en danger critique d'extinction (CR). Cette sous-espĂšce a Ă©tĂ© incluse en 2010 et en 2018 dans la liste des 25 espĂšces de primates les plus menacĂ©es au monde.
  • sous-espĂšce Pongo pygmaeus wurmbii (Tiedemann, 1808) - en danger critique d'extinction (CR)

Sous-espĂšces Ă©teintes :

  • † Pongo pygmaeus ciochoni
  • † Pongo pygmaeus devosi
  • † Pongo pygmaeus fromageti
  • † Pongo pygmaeus kahlkei
  • † Pongo pygmaeus palaeosumatrensis

Statut de conservation et menaces

Orang-outan dans le Parc national de Kutai (Indonésie).
Orangs-outans de Bornéo à la Ménagerie du Jardin des plantes de Paris.

La population des orang-outans de BornĂ©o comptait en 2007 d'aprĂšs l'UICN entre 45 000 et 69 000 individus, entre 3 000 et 30 000 fin 2010, selon une estimation des associations locales et internationales de protection de l'orang-outan. L'espĂšce aura disparu totalement Ă  l'Ă©tat sauvage avant la fin de la dĂ©cennie (2020) si rien n'est fait, notamment la crĂ©ation de sanctuaires protĂ©gĂ©s dans les derniĂšres forĂȘts tropicales humides malaisiennes et indonĂ©siennes. Le calcul de leur population se fait par estimation : on observe le nombre de nids, puis on extrapole pour une zone, ce qui n'est donc valable que pour une rĂ©gion. L'UICN et l'UNESCO ont dressĂ© une carte assez prĂ©cise. Une synthĂšse des donnĂ©es est disponible[17] Mais ces mĂȘmes pays qui tirent profit de la dĂ©forestation massive, souvent unique richesse, ne parviennent pas encore Ă  dĂ©limiter et Ă  transformer des surfaces boisĂ©es qui se rarĂ©fient de jour en jour, en parcs nationaux protĂ©gĂ©es, Ă  moins qu'ils y soient contraints par les instances et organisations internationales, au nom de la sauvegarde de la biodiversitĂ© mondiale. Ce qui est, semble-t-il, la seule et ultime solution contraignante mais efficace Ă  court terme, avant l'Ă©puisement total de l'espĂšce Ă  l'Ă©tat naturel. Si la lĂ©gislation indonĂ©sienne existe pour protĂ©ger les orangs-outans, et si des dĂ©crets prĂ©sidentiels ont Ă©tĂ© promulguĂ©s pour dĂ©limiter des zones, les faits priment sur le droit, la corruption empĂȘche le respect des limitations et la pauvretĂ© pousse Ă  la destruction de l'environnement. Le principal problĂšme qui se pose ici, est celui de l'enclavement : la forĂȘt ne se rĂ©trĂ©cit pas en reculant sur un front, mais par encerclement le long des routes et des riviĂšres, ce qui empĂȘche les orangs-outans de fuir et rĂ©duit encore plus leurs possibilitĂ©s de reproduction.

Notes et références

  1. Erik Meijaard (IUCN SSC Wild Pig Specialist Group) et Melvin Gumal (WCS), « IUCN Red List of Threatened Species: Pongo pygmaeus », sur IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le )
  2. Audrey Garric, « La sixiĂšme extinction de masse des animaux s’accĂ©lĂšre », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. Informations lexicographiques et étymologiques de « orang-outan » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  4. (en) Wayan Jarrah Sastrawan, « The Word ‘Orangutan’: Old Malay Origin or European Concoction? », Journal of the Humanities and Social Sciences of Southeast Asia, vol. 176, no 4,‎ , p. 532–541 (lire en ligne)
  5. (en) « Origin and meaning of pongo », sur etymonline.com (consulté le )
  6. (en) « Definition of Pongo », sur merriam-webster.com (consulté le )
  7. « Pongo : Étymologie de Pongo », sur cnrtl.fr (consultĂ© le )
  8. Émile LittrĂ©, « Dictionnaire de la langue française », Dictionnaires d'autrefois, sur artflx.uchicago.edu, 1872-1877 (consultĂ© le )
  9. Georges-Louis Leclerc de Buffon et Louis Jean-Marie Daubenton, Histoire naturelle, générale, et particuliÚre, avec la description du Cabinet du Roi, Tome 14, Paris, Imprimerie royale, 1749-1789 (lire en ligne), « Les Orang-outangs ou le Pongo et le Jocko », p. 43
  10. (en) Référence Animal Diversity Web : Pongo pygmaeus
  11. Catherine Mallaval, « Miroir, Î mon miroir », sur liberation.fr, Libération,
  12. Muséum National d'Histoire Naturelle / Ménagerie / Zoo du jardin des plantes (photogr. MNHN - Emmanuel Baril et FG Grandin), « Orang-outan de Bornéo », sur mnhn.fr (consulté le )
  13. UICN, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  14. (en) J. Shoshani, C. P. Groves et al., « Primate phylogeny : morphological vs. molecular results », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 5, no 1,‎ , p. 102-54 (PMID 8673281, lire en ligne)
  15. (en) Mark S. Springer, Robert W. Meredith et al., « Macroevolutionary Dynamics and Historical Biogeography of Primate Diversification Inferred from a Species Supermatrix », PLoS ONE, vol. 7, no 11,‎ , e49521 (ISSN 1932-6203, PMID 23166696, PMCID 3500307, DOI 10.1371/journal.pone.0049521, lire en ligne)
  16. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 26 févr. 2011
  17. Frédéric Louchart, Que Faire de l'orang-outan ? : reconstruire la nature à Nyaru Menteng, Bornéo, Indonésie, Paris, Harmattan, , 212 p. (ISBN 978-2-343-11723-2, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Références

Liens externes

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