Opération Iman
LâopĂ©ration Iman (« foi »), ou premiĂšre bataille de l'Ouarkziz[L 1], est une opĂ©ration militaire lancĂ©e en 1980 dans le cadre du conflit entre le Maroc et le Polisario. Elle est initiĂ©e par le colonel Dlimi dans le but dĂ©gager la ville de Zag isolĂ©e par les indĂ©pendantistes sahraouis. Plusieurs affrontements ont eu lieu durant l'opĂ©ration, qui se termine par une dĂ©faite marocaine[L 2]. Cette victoire du Polisario marque le point culminant d'une sĂ©rie de succĂšs[3].
Date | 27 février - |
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Lieu | RĂ©gion de l'oued Draa et Djebel Ouarkziz, Maroc |
Issue | Victoire du Polisario |
Ahmed Dlimi Hammou Arzaz Ahmed El Harchi Hussein Mohattane SaĂŻd Miloud | Mohamed Abdelaziz Lahbib Ayoub |
7 000 hommes | Au moins 2 000-3 000 hommes |
Batailles
- Argoub
- AĂŻn Ben Tili (janvier)
- Amgala 1
- Amgala 2
- Aousserd
- LaĂąyoune
- Tarfaya
- Bir MoghreĂŻn 1
- Zouerate
- Mijek
- Bir MoghreĂŻn 2
- Bir MoghreĂŻn 3
- Nouakchott
- Offensive du Martyr-El-Ouali (Amgala
- Tidjikdja
- Argoub
- Tifariti
- Tichla
- Zouerate (mai)
- Boukraa
- Nouakchott
- Haouza
- Lamnia (juillet)
- Zouerate (août)
- Lamnia (août)
- Deglebat-Leglia
- Bir Gandouz
- Oum Drouss)
- Lamantin
- Lem Sail
- Tan-Tan
- Amgala
- Ramth-al-Lbane
- Assa
- Tichla
- Bir Anzarane
- Lebouirate
- Lemgat
- Smara
- MahbĂšs
- Ouhoud
- Boukraa
Attaques sur le mur des sables (1980-1991)
Attaques sur le train minéralier Nouadhibou-Zouerate (1975-1978)
Ordre de bataille
Marocains
Les unités des forces armées marocaines sont regroupées en trois groupements, la force F1, la force F2 et la force F3[4]. L'opération est sous le commandement du colonel-major Ahmed Dlimi, secondée par le colonel Hammou Arzaz, commandant du secteur de Zag[L 3] - [5].
La force F1 est composée de certaines unités de la force Ouhoud[N 1], surnom de la 7e brigade marocaine[L 4], qui est alors la force marocaine la mieux équipée dans la zone[L 5]. Elle engage le régiment du colonel Ahmed El Harchi[L 6] - [L 3], le 8e régiment d'infanterie motorisée, soit 4 bataillons de 400 hommes, soutenus par une compagnie sur blindés légers VAB, un escadron d'automitrailleuses AML et 2 sections de mortiers de 120 mm[4] - [L 3].
La force F2 est commandée par le commandant Hussein Mohattane. Elle engage un groupement de trois bataillons de 400 hommes, deux escadrons d'AML-90 et des unités d'appui[4] - [L 3]. Cette force est issue de l'unité nommée Zellagha (ou Zellaka)[N 2], unité inexpérimentée[L 7] constituée en janvier 1980[L 8]. Un autre groupement issu de la force Zellagha est constitué par le bataillon du commandant Mahjoub Tobji (en), privé de ses unités d'appuis mais renforcé d'une compagnie de sahraouis loyalistes[L 6].
La garnison de Zag crée également une colonne, désignée F3, constituée de 2 000 soldats issus de 3 détachements d'intervention rapide (DIR), unités de loyalistes sahraouis[L 9]. La force est soutenue selon le Polisario par des chars SK-105 et des mortiers lourds[5]. Elle serait dirigée par le commandant Saïd Miloud[L 3].
Polisario
Les forces du Polisario sont issues des 1re, 2e, 3e et 5e régions militaires, coordonnées entre elles par Mohamed Abdelaziz[L 9]. Une région militaire regroupait à l'époque 4 bataillons[L 10]. Lors des premiers combats, les forces sahraouies sont estimées à 2 000-3 000 hommes[6].
DĂ©roulement
Les forces F1 et F2 se regroupent Ă Lemsied et partent vers Lebouirate pour rejoindre la force F3[5].
Le 1er mars, la force F2 est attaquée par les forces du Polisario qui l'obligent à se replier dans la confusion sur Ametti[N 3], prÚs de l'oued Draa. Les unités de la force F1 retraitent également[4], désorganisées par la fuite des unités de la force Zellaka[5]. Les renforts marocains partis de Lemsied sont bloqués, tandis que la force F3 est repoussée dans le djebel Ouarkziz[4]. Selon le commandant Tobji, l'aviation marocaine aurait bombardé son unité, membre de la force F2[L 11]. Le front Polisario revendique la « mise hors de combat » de 1 357 soldats de la colonne Zellagha[7].
Le commandement marocain décide alors de relancer l'attaque entre le col de Em Gueb et Zag le 9 mars, en progressant parallÚlement à l'oued vers le Sud. Le bataillon Tobji est notamment réduit à 10 jeeps de volontaires renforcées de 12 AML, le reste du bataillon ayant été laissé en arriÚre. La colonne est forte de plus de deux mille hommes[L 6]. Le 11 mars à 5 h, les unités sahraouies des 1re et 5e régions attaquent de front, tandis que les 2e et 3e régions prennent les Marocains de flanc[L 12]. Le capitaine Mohamed El Youssi, capturé par le Polisario, compare la fuite des Marocains aux moutons de Panurge, la fuite de quelques soldats ayant entraßné la fuite des autres face à 300 ennemis[2]. Du 9 au 11 mars, le front Polisario annonce avoir fait 108 prisonniers. Selon les communiqués indépendantistes, 659 soldats marocains auraient été tués et prÚs de 600 blessés[5]. Les unités marocaines, défaites, se replient sur Assa[L 13]. La force F3 ne rejoint pas Zag, ce qui prive la garnison de ses unités lourdes[8].
Conséquences
Pertes marocaines
Le Maroc aurait perdu « peut-ĂȘtre 500 tuĂ©s »[1] tandis que le Polisario fait 137 prisonniers[5]. Les historiens du Polisario revendiquent Ă©galement la capture de 36 AML-90, de 3 VAB, de 105 Land Rover et jeeps, de 37 camions, de 9 canons de 106 mm, de 6 canons ZU-23-2, de 6 mortiers de 120, de 8 mortiers de 81, de 20 mitrailleuses de 12,7 mm, de 23 RPG-7, de 80 mitrailleuses MAG et AA-52 et de plusieurs centaines de fusils FAL et Kalachnikov[L 14] - [L 15]. Des journalistes venus sur place ont pu observer des douzaines de cadavres de soldats marocains brĂ»lĂ©s et leurs vĂ©hicules dĂ©truits[9].
Pertes du Polisario
D'aprÚs l'ambassadeur marocain à Washington, les rebelles auraient également subi de lourdes pertes et auraient eu à retraiter vers Tindouf en Algérie[9]. En réalité, la région autour de Zag ne sera sécurisée par le Maroc qu'en mai 1980.
Présence de matériels sud-africains
Parmi le matériel capturé par le Polisario figurent six Eland Mk 6, AML-90 fabriquées en Afrique du Sud, alors sous régime de l'apartheid[L 16].
Annexes
Notes
- Référence à la Bataille de Uhud, menée par Mahomet
- Référence à la bataille de Sagrajas
- on trouve aussi Amotte
Sources bibliographiques
Références
- (en) Tony Jaques, Dictionary of Battles and Sieges : A Guide to 8,500 Battles from Antiquity through the TwentyâFirst Century, vol. 2 : F-O, Westport (Conn.), Greenwood Press, , 1354 p. (ISBN 978-0-313-33538-9 et 0-313-33538-9, lire en ligne), « Lebouirate : 1979 : Western Sahara wars », p. 576
- (es) FĂ©lix Bayon (es), « Las puertas del sureste marroquĂ siguen abiertas para el Frente Polisario », El PaĂs,â (lire en ligne)
- Paul Balta, « Le " mur " du triangle utile », Le Monde,â , p. 5 (lire en ligne)
- « Hassan II et la dĂ©faite militaire : La bataille de Ouarkziz », Sahara Info, nos 43/44,â , p. 8-10 (lire en ligne)
- Daniel Junqa, « Le Front Polisario affirme avoir infligĂ© de lourdes pertes aux forces marocaines dans la rĂ©gion de l'oued Draa », Le Monde,â , p. 6 (lire en ligne)
- (es) Manuel Ostos, « Acaba de librarse una de las mayores batallas de la guerra del Sahara », El PaĂs,â (lire en ligne)
- Reuters, AFP et AP, « Le front Polisario annonce une "bataille de grande envergure" », Le Monde,â (lire en ligne)
- Bachir Sahel, « Enjeu: le contrĂŽle du Sud marocain », L'Impartial, no 31356,â , p. 1 et 24 (lire en ligne)
- (en) William Branigin, « Polisario Guerrillas Take Their Saharan War Into Morocco », The Washington Post,â (lire en ligne)
Sources primaires
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Front Polisario, Une Réalité irréversible : la République arabe sahraouie démocratique à son quatriÚme anniversaire, , 159 p. (présentation en ligne)
- Mahjoub Tobji (en), Les officiers de Sa Majesté : Les dérives des généraux marocains 1956-2006, Fayard, , 324 p. (EAN 9782213630151, présentation en ligne)
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (es) M'Beirik Ahmed Abdalahe, El Nacionalismo Saharaui, de Zemla a la Organización de la Unidad Africana (thÚse encadrée par Juan Manuel Santana Pérez), Université de Las Palmas de Gran Canaria, , 451 p. (lire en ligne)
- (en) Lyakat Ali, « Military dimension of Western Sahara Conflict », dans The Western Sahara issue-decolonisation or greater Morocco (thÚse encadrée par K.R. Singh), New Delhi, Université Jawaharlal-Nehru, , 269 p. (présentation en ligne, lire en ligne)
- Jean-Claude Santucci, « Chronique politique Maroc », Annuaire de l'Afrique du Nord, Ăditions du CNRS, vol. 1980,â , p. 555-575 (lire en ligne)
- (en) Stephen Zunes et Jacob Mundy, Western Sahara : war, nationalism, and conflict irresolution, Syracuse (N.Y.), Syracuse University, , 424 p. (ISBN 978-0-8156-3219-1, lire en ligne)