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Opération Iman

L’opĂ©ration Iman (« foi »), ou premiĂšre bataille de l'Ouarkziz[L 1], est une opĂ©ration militaire lancĂ©e en 1980 dans le cadre du conflit entre le Maroc et le Polisario. Elle est initiĂ©e par le colonel Dlimi dans le but dĂ©gager la ville de Zag isolĂ©e par les indĂ©pendantistes sahraouis. Plusieurs affrontements ont eu lieu durant l'opĂ©ration, qui se termine par une dĂ©faite marocaine[L 2]. Cette victoire du Polisario marque le point culminant d'une sĂ©rie de succĂšs[3].

Opération Iman
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Blindés marocains capturés par le Polisario pendant la bataille
Informations générales
Date 27 février -
Lieu RĂ©gion de l'oued Draa et Djebel Ouarkziz, Maroc
Issue Victoire du Polisario
Belligérants
Drapeau du Maroc MarocDrapeau du Sahara occidental RASD
Commandants
Drapeau du Maroc Ahmed Dlimi
Drapeau du Maroc Hammou Arzaz
Drapeau du Maroc Ahmed El Harchi
Drapeau du Maroc Hussein Mohattane
Drapeau du Maroc SaĂŻd Miloud
Drapeau du Sahara occidental Mohamed Abdelaziz
Drapeau du Sahara occidental Lahbib Ayoub
Forces en présence
7 000 hommesAu moins 2 000-3 000 hommes
Pertes
« peut-ĂȘtre » 500 tuĂ©s[1]
137 prisonniers
39 blindés[2]
142 véhicules
Inconnues

Guerre du Sahara Occidental

Batailles

Ordre de bataille

Marocains

Les unités des forces armées marocaines sont regroupées en trois groupements, la force F1, la force F2 et la force F3[4]. L'opération est sous le commandement du colonel-major Ahmed Dlimi, secondée par le colonel Hammou Arzaz, commandant du secteur de Zag[L 3] - [5].

La force F1 est composĂ©e de certaines unitĂ©s de la force Ouhoud[N 1], surnom de la 7e brigade marocaine[L 4], qui est alors la force marocaine la mieux Ă©quipĂ©e dans la zone[L 5]. Elle engage le rĂ©giment du colonel Ahmed El Harchi[L 6] - [L 3], le 8e rĂ©giment d'infanterie motorisĂ©e, soit 4 bataillons de 400 hommes, soutenus par une compagnie sur blindĂ©s lĂ©gers VAB, un escadron d'automitrailleuses AML et 2 sections de mortiers de 120 mm[4] - [L 3].

La force F2 est commandée par le commandant Hussein Mohattane. Elle engage un groupement de trois bataillons de 400 hommes, deux escadrons d'AML-90 et des unités d'appui[4] - [L 3]. Cette force est issue de l'unité nommée Zellagha (ou Zellaka)[N 2], unité inexpérimentée[L 7] constituée en janvier 1980[L 8]. Un autre groupement issu de la force Zellagha est constitué par le bataillon du commandant Mahjoub Tobji (en), privé de ses unités d'appuis mais renforcé d'une compagnie de sahraouis loyalistes[L 6].

La garnison de Zag crĂ©e Ă©galement une colonne, dĂ©signĂ©e F3, constituĂ©e de 2 000 soldats issus de 3 dĂ©tachements d'intervention rapide (DIR), unitĂ©s de loyalistes sahraouis[L 9]. La force est soutenue selon le Polisario par des chars SK-105 et des mortiers lourds[5]. Elle serait dirigĂ©e par le commandant SaĂŻd Miloud[L 3].

Polisario

Les forces du Polisario sont issues des 1re, 2e, 3e et 5e rĂ©gions militaires, coordonnĂ©es entre elles par Mohamed Abdelaziz[L 9]. Une rĂ©gion militaire regroupait Ă  l'Ă©poque 4 bataillons[L 10]. Lors des premiers combats, les forces sahraouies sont estimĂ©es Ă  2 000-3 000 hommes[6].

DĂ©roulement

Les forces F1 et F2 se regroupent Ă  Lemsied et partent vers Lebouirate pour rejoindre la force F3[5].

Le 1er mars, la force F2 est attaquĂ©e par les forces du Polisario qui l'obligent Ă  se replier dans la confusion sur Ametti[N 3], prĂšs de l'oued Draa. Les unitĂ©s de la force F1 retraitent Ă©galement[4], dĂ©sorganisĂ©es par la fuite des unitĂ©s de la force Zellaka[5]. Les renforts marocains partis de Lemsied sont bloquĂ©s, tandis que la force F3 est repoussĂ©e dans le djebel Ouarkziz[4]. Selon le commandant Tobji, l'aviation marocaine aurait bombardĂ© son unitĂ©, membre de la force F2[L 11]. Le front Polisario revendique la « mise hors de combat » de 1 357 soldats de la colonne Zellagha[7].

Le commandement marocain dĂ©cide alors de relancer l'attaque entre le col de Em Gueb et Zag le 9 mars, en progressant parallĂšlement Ă  l'oued vers le Sud. Le bataillon Tobji est notamment rĂ©duit Ă  10 jeeps de volontaires renforcĂ©es de 12 AML, le reste du bataillon ayant Ă©tĂ© laissĂ© en arriĂšre. La colonne est forte de plus de deux mille hommes[L 6]. Le 11 mars Ă  5 h, les unitĂ©s sahraouies des 1re et 5e rĂ©gions attaquent de front, tandis que les 2e et 3e rĂ©gions prennent les Marocains de flanc[L 12]. Le capitaine Mohamed El Youssi, capturĂ© par le Polisario, compare la fuite des Marocains aux moutons de Panurge, la fuite de quelques soldats ayant entraĂźnĂ© la fuite des autres face Ă  300 ennemis[2]. Du 9 au 11 mars, le front Polisario annonce avoir fait 108 prisonniers. Selon les communiquĂ©s indĂ©pendantistes, 659 soldats marocains auraient Ă©tĂ© tuĂ©s et prĂšs de 600 blessĂ©s[5]. Les unitĂ©s marocaines, dĂ©faites, se replient sur Assa[L 13]. La force F3 ne rejoint pas Zag, ce qui prive la garnison de ses unitĂ©s lourdes[8].

Conséquences

Un VAB marocain détruit par le Polisario.
Une automitrailleuse d'origine sud-africaine capturée par le Polisario durant la bataille.

Pertes marocaines

Le Maroc aurait perdu « peut-ĂȘtre 500 tuĂ©s »[1] tandis que le Polisario fait 137 prisonniers[5]. Les historiens du Polisario revendiquent Ă©galement la capture de 36 AML-90, de 3 VAB, de 105 Land Rover et jeeps, de 37 camions, de 9 canons de 106 mm, de 6 canons ZU-23-2, de 6 mortiers de 120, de 8 mortiers de 81, de 20 mitrailleuses de 12,7 mm, de 23 RPG-7, de 80 mitrailleuses MAG et AA-52 et de plusieurs centaines de fusils FAL et Kalachnikov[L 14] - [L 15]. Des journalistes venus sur place ont pu observer des douzaines de cadavres de soldats marocains brĂ»lĂ©s et leurs vĂ©hicules dĂ©truits[9].

Pertes du Polisario

D'aprÚs l'ambassadeur marocain à Washington, les rebelles auraient également subi de lourdes pertes et auraient eu à retraiter vers Tindouf en Algérie[9]. En réalité, la région autour de Zag ne sera sécurisée par le Maroc qu'en mai 1980.

Présence de matériels sud-africains

Parmi le matériel capturé par le Polisario figurent six Eland Mk 6, AML-90 fabriquées en Afrique du Sud, alors sous régime de l'apartheid[L 16].

Annexes

Notes

  1. Référence à la Bataille de Uhud, menée par Mahomet
  2. Référence à la bataille de Sagrajas
  3. on trouve aussi Amotte

Sources bibliographiques

  1. Santucci, p. 558.
  2. Santucci, p. 557.
  3. Abdalahe, p. 329.
  4. Tobji, p. 37.
  5. Tobji, p. 40.
  6. Tobji, p. 41.
  7. Tobji, p. 38.
  8. Ali, p. 154.
  9. Abdalahe, p. 330.
  10. Abdalahe, p. 322.
  11. Tobji, p. 39.
  12. Abdalahe, p. 331.
  13. Ali, p. 155.
  14. Abdalahe, p. 332.
  15. Abdalahe, p. 333.
  16. Zunes & Mundy, p. 20.

Références

  1. (en) Tony Jaques, Dictionary of Battles and Sieges : A Guide to 8,500 Battles from Antiquity through the Twenty‐First Century, vol. 2 : F-O, Westport (Conn.), Greenwood Press, , 1354 p. (ISBN 978-0-313-33538-9 et 0-313-33538-9, lire en ligne), « Lebouirate : 1979 : Western Sahara wars », p. 576
  2. (es) FĂ©lix Bayon (es), « Las puertas del sureste marroquĂ­ siguen abiertas para el Frente Polisario », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne)
  3. Paul Balta, « Le " mur " du triangle utile », Le Monde,‎ , p. 5 (lire en ligne)
  4. « Hassan II et la dĂ©faite militaire : La bataille de Ouarkziz », Sahara Info, nos 43/44,‎ , p. 8-10 (lire en ligne)
  5. Daniel Junqa, « Le Front Polisario affirme avoir infligĂ© de lourdes pertes aux forces marocaines dans la rĂ©gion de l'oued Draa », Le Monde,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  6. (es) Manuel Ostos, « Acaba de librarse una de las mayores batallas de la guerra del Sahara », El PaĂ­s,‎ (lire en ligne)
  7. Reuters, AFP et AP, « Le front Polisario annonce une "bataille de grande envergure" », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. Bachir Sahel, « Enjeu: le contrĂŽle du Sud marocain », L'Impartial, no 31356,‎ , p. 1 et 24 (lire en ligne)
  9. (en) William Branigin, « Polisario Guerrillas Take Their Saharan War Into Morocco », The Washington Post,‎ (lire en ligne)

Sources primaires

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  • Front Polisario, Une RĂ©alitĂ© irrĂ©versible : la RĂ©publique arabe sahraouie dĂ©mocratique Ă  son quatriĂšme anniversaire, , 159 p. (prĂ©sentation en ligne)
  • Mahjoub Tobji (en), Les officiers de Sa MajestĂ© : Les dĂ©rives des gĂ©nĂ©raux marocains 1956-2006, Fayard, , 324 p. (EAN 9782213630151, prĂ©sentation en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Bibliographie

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