Bataille de Tan-Tan
La bataille de Tan-Tan a lieu entre les 28 et opposant les troupes du Front Polisario et l'armée marocaine à Tan-Tan et ses environs au Maroc.
Date | 28 - |
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Lieu | Tan-Tan, Maroc |
Issue |
Retrait du Polisario Coup d'éclat politique du Polisario |
Lahbib Ayoub Sidi Ahmed El Batal | Abdelaziz Bennani[N 1] Colonel Lahlou |
1 700 hommes 200 véhicules | Quelques centaines d'hommes |
Au moins 20 morts | Au moins 17 morts Au moins 14 blessés 1-18 prisonniers |
Batailles
- Argoub
- Aïn Ben Tili (janvier)
- Amgala 1
- Amgala 2
- Aousserd
- Laâyoune
- Tarfaya
- Bir Moghreïn 1
- Zouerate
- Mijek
- Bir Moghreïn 2
- Bir Moghreïn 3
- Nouakchott
- Offensive du Martyr-El-Ouali (Amgala
- Tidjikdja
- Argoub
- Tifariti
- Tichla
- Zouerate (mai)
- Boukraa
- Nouakchott
- Haouza
- Lamnia (juillet)
- Zouerate (août)
- Lamnia (août)
- Deglebat-Leglia
- Bir Gandouz
- Oum Drouss)
- Lamantin
- Lem Sail
- Tan-Tan
- Amgala
- Ramth-al-Lbane
- Assa
- Tichla
- Bir Anzarane
- Lebouirate
- Lemgat
- Smara
- Mahbès
- Ouhoud
- Boukraa
Attaques sur le mur des sables (1980-1991)
Attaques sur le train minéralier Nouadhibou-Zouerate (1975-1978)
Coordonnées | 28° 25′ 46″ nord, 11° 05′ 53″ ouest |
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Contexte
L'attaque de Tan-Tan est lancé après plusieurs attaques meurtrières menées dans le cadre de l'offensive Houari-Boumédiène. Le Polisario considère que les attaques marocaines dans le Sahara occidetal l'autorise à une réponse armée sur le territoire de l'« agresseur »[1].
Forces en présence
Le Polisario engage 1 700 combattants et 200 véhicules[2]. Les indépendantistes utilisent des canons sans recul B-11 de 107 mm, des canons sans recul de 106 mm, des canons sans recul B-10 de 75 mm, des bitubes de 23 mm, des mortiers de 120 mm et 82 mm, des mitrailleuses lourdes de 14,5 et 12,7 ainsi que des Kalachnikov[L 1]. L'identité du chef du raid varie selon les sources : Lahbib Ayoub[3] ou Sidi Ahmed El Batal[4].
Les Marocains, s'attendant à une attaque sur Lemsied, y ont déplacé leurs unités. La ville ne compterait qu'une faible garnison d'une trentaine de militaires au moment de l'attaque, sans compter les moghaznis, dépendants du ministère de l'Intérieur marocain[5]. Les forces marocaines sont estimées à quelques centaines de soldats au déclenchement de l'assaut[2]. Le secteur est sous le commandement du colonel Lahlou[5].
Déroulement
Attaque sur la ville (28 janvier)
L'attaque commence aux alentours de 13h30 le . Quand tout à coup, la colonne sahraouie surgit par le sud et encercle rapidement la ville[2]. Des bases de feu sont installées à 6 ou 7 km de Tan-Tan, et les indépendantistes débutent rapidement le pilonnage de la ville à l'aide d'un armement sophistiqué. Les cibles visés sont principalement le P.C. du commandant du secteur, les casernes ainsi que les positions armées[L 1].
Le Polisario ne déploie pas toutes ses troupes à Tan-Tan. Pour empêcher l'arrivée de renforts, les polisariens installent un barrage sur la route Tan-Tan-Guelmim et attaquent les renforts marocains. Couverts à l'arrière, plusieurs petits groupes d'indépendantistes s'infiltrent dans deux quartiers périphériques de la ville, et attaquant civils et militaires confondus[5]. Les groupes en auraient profité pour saccager et piller un maximum de magasins. Les chars marocains présents ripostent en attendant l'arrivée des renforts[L 1]. Les bombardements du Polisario n'atteignent pratiquement pas les objectifs ciblés[5]. On dénombre alors 20 tués parmi les assaillants et 5 morts parmi les civils sans savoir les pertes du côté marocain de l'armée marocaine[1]. Vers 15h00, des unités provenant de Zag et de Tarfaya atteignent la ville, provoquant le repli général des hommes du Polisario une demi-heure après[L 1]. L'intervention de l'artillerie marocaine arrête le bombardement de la ville par les sahraouis[5].
Combats à Khaloua, Lemsied et Oudel Zita (29 au 31 janvier)
Le 29, pendant la retraite des indépendantistes, une partie est interceptée à Khaloua par une unité marocaine, provoquant de nouveaux combats où l'aviation entre en action. L'affrontement dure jusqu'à la nuit tombée[L 1].
Le lendemain, des renforts marocains venus de Lemsied interceptent des indépendantistes au sud-ouest de Tan-Tan, déclenchant d'autres combats. Le 30 janvier, à Oudel Zita, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Tan-Tan, de violents accrochages opposent l'armée marocaine et les maquisards du Polisario jusqu'à la tombée de la nuit[5]. L'aviation marocaine intervient à nouveau pour bombarder les positions ennemies[L 1]. Selon le Polisario, un combat aurait eu lieu à Lemsied le 31 janvier[6].
Bilan et conséquences
Les Marocains reconnaissent la perte, dans les combats à Tan-Tan même, de 4 militaires tués, 14 militaires blessés et 13 moghaznis tués ainsi que la capture d'un policier. En outre, 8 civils sont morts et 9 blessés tandis que 13 femmes ont été enlevées par les polisariens, dont 3 ont réussi à s'enfuir[5] - [L 1].
Selon le Polisario, les militaires marocains déplorent 314 tués, 300 blessés et 18 prisonniers, tandis que 118 prisonniers sahraouis auraient été libérés[6]. Louis Gravier, journaliste du Monde venu sur place, constate que le communiqué exagère notamment les destructions subies par la ville et qu'il qualifie par exemple l'agent de police capturé de « commissaire de police de la province »[5]. Le Polisario revendique aussi 48 tués, 30 blessés et un chasseur F-5 Freedom Fighter dans les combats de Lemsied[6].
Selon les estimations marocaines, 200 combattants du Polisario auraient été tués dans les combats et 100 véhicules détruits[5]. Un important matériel de guerre aurait été abandonné par les indépendantistes selon l'écrivan Attilio Gaudio[L 1].
Après cette attaque en territoire marocain non contesté, tous les partis politiques, notamment l'Istiqlal et l'USFP, appellent à l'union nationale[7]. Le colonel Abdelaziz Bennani, commandant des opérations, est démis de ses fonctions après l'attaque[8]. L'attaque soulève des questions parmi la population marocaine et les politiciens marocains s'interrogent sur les capacités et la stratégie des forces armées royales[L 2].
Annexes
Notes
- Commandant de la zone sud
Références
- Louis Gravier, « Rabat voit dans l'attaque de Tan-Tan par le Polisario l'œuvre de l'aile dure du F.L.N. algérien », Le Monde, , p. 6 (lire en ligne)
- Abdelahad Sebti, « Sahara : Quand le Maroc a failli perdre la guerre », Zamane, no 35, (lire en ligne)
- François Soudan, « Sahara Le Retour du guerrier : Pour la première fois depuis son ralliement au Maroc, Lahbib Ayoub, l'ancien chef militaire du Polisario, parle », L'intelligent (Jeune Afrique), no 2180, , p. 34 (lire en ligne)
- ALM, « Ramadan à Tindouf : Les maîtres de Tindouf (3) », sur aujourdui.ma,
- Louis Gravier, « La ville de Tan-Tan ne paraît pas avoir gravement souffert de l'attaque du Polisario », Le Monde, , p. 4 (lire en ligne)
- D.J., « Le Polisario fait état d'une nouvelle victoire contre les troupes de Rabat », Le Monde, (lire en ligne)
- Louis Gravier, « Les partis marocains appellent à l'union nationale après l'attaque de Tan-Tan », Le Monde, (lire en ligne)
- Tony Jaques, « Tan-Tan : 1979 : Western Sahara wars », dans Dictionary of Battles and Sieges : A Guide to 8,500 Battles from Antiquity through the Twenty‐First Century, vol. 3 : P-Z, Greenwood Press, (ISBN 0-313-33539-7, lire en ligne), p. 995
Bibliographie
- Attilio Gaudio, Guerres et paix au Maroc : reportages, 1950-1990, Karthala Editions, , 439 p. (lire en ligne)
- Jean-Claude Santucci, « Chronique politique Maroc », Annuaire de l'Afrique du Nord, Éditions du CNRS, vol. 1978, , p. 385-409 (lire en ligne)