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Liz Truss

Mary Elizabeth Truss, dite Liz Truss, nĂ©e le Ă  Oxford (Angleterre), est une femme d'État britannique. Membre du Parti conservateur, elle est PremiĂšre ministre du Royaume-Uni du au 25 octobre 2022.

Liz Truss
Illustration.
Portrait officiel de Liz Truss en 2022.
Fonctions
Députée britannique
En fonction depuis le
(13 ans et 2 mois)
Élection 6 mai 2010
RĂ©Ă©lection 7 mai 2015
8 juin 2017
12 décembre 2019
Circonscription South West Norfolk
LĂ©gislature 55e, 56e, 57e et 58e
Groupe politique Conservateur
Prédécesseur Christopher Fraser
PremiĂšre ministre du Royaume-Uni
–
(1 mois et 19 jours)
Monarque Élisabeth II
Charles III
Vice-PremiÚre ministre ThérÚse Coffey
Gouvernement Truss
LĂ©gislature 58e
Coalition Tories
Prédécesseur Boris Johnson
Successeur Rishi Sunak
Chef du Parti conservateur
–
(1 mois et 19 jours)
Élection 5 septembre 2022
Prédécesseur Boris Johnson
Successeur Rishi Sunak
SecrĂ©taire d'État aux Affaires Ă©trangĂšres, du Commonwealth et du DĂ©veloppement
–
(11 mois et 22 jours)
Premier ministre Boris Johnson
Gouvernement Johnson II
Prédécesseur Dominic Raab
Successeur James Cleverly
Ministre des Femmes et des ÉgalitĂ©s
–
(2 ans, 11 mois et 27 jours)
Premier ministre Boris Johnson
Gouvernement Johnson I et II
Prédécesseur Amber Rudd
Successeur Nadhim Zahawi
SecrĂ©taire d'État au Commerce international
Présidente de la Commission du Commerce
–
(2 ans, 1 mois et 22 jours)
Premier ministre Boris Johnson
Gouvernement Johnson I et II
Prédécesseur Liam Fox
Successeur Anne-Marie Trevelyan
Secrétaire en chef du Trésor
–
(2 ans, 1 mois et 13 jours)
Premier ministre Theresa May
Gouvernement May II
Prédécesseur David Gauke
Successeur Rishi Sunak
Lord chancelier
SecrĂ©taire d'État Ă  la Justice
–
(10 mois et 28 jours)
Premier ministre Theresa May
Gouvernement May I
Prédécesseur Michael Gove
Successeur David Lidington
SecrĂ©taire d'État Ă  l'Environnement, Ă  l'Alimentation et aux Affaires rurales
–
(1 an, 11 mois et 29 jours)
Premier ministre David Cameron
Gouvernement Cameron I et II
Prédécesseur Owen Paterson
Successeur Andrea Leadsom
Biographie
Nom de naissance Mary Elizabeth Truss
Date de naissance
Lieu de naissance Oxford (Angleterre, Royaume-Uni)
Nationalité Britannique
Parti politique Libéraux-démocrates
(jusqu'en 1996)
Parti conservateur
(depuis 1996)
DiplÎmée de Merton College d'Oxford
Profession Directrice commerciale
Religion Anglicanisme

Liz Truss
Premiers ministres du Royaume-Uni

Elle occupe des fonctions au cabinet Ă  partir de 2014, lorsqu'elle devient secrĂ©taire d'État Ă  l'Environnement, Ă  l'Alimentation et aux Affaires rurales sous David Cameron. PassĂ©e lord chancelier et secrĂ©taire d'État Ă  la Justice en 2016 sous Theresa May, puis secrĂ©taire d'État au Commerce international et prĂ©sidente de la Commission du Commerce en 2019 sous Boris Johnson, elle est nommĂ©e secrĂ©taire d'État aux Affaires Ă©trangĂšres, du Commonwealth et du DĂ©veloppement en 2021.

Elle succĂšde comme PremiĂšre ministre Ă  Boris Johnson, dĂ©missionnaire, au lendemain de son Ă©lection comme chef du Parti conservateur face Ă  Rishi Sunak, avec un programme rĂ©solument libĂ©ral-conservateur. Deux jours aprĂšs sa nomination, la reine Élisabeth II meurt au terme de 70 ans de rĂšgne. Liz Truss est ainsi le quinziĂšme et dernier chef de gouvernement de celle-ci, et le premier du roi Charles III.

Une fois la pĂ©riode de deuil passĂ©e, l'annonce de son « mini-budget » comportant 45 milliards de livres de baisses non-financĂ©es d'impĂŽts pour les plus fortunĂ©s, une augmentation des emprunts Ă©trangers malgrĂ© la lourde dette du pays et une coupe drastique des contributions Ă  la sĂ©curitĂ© sociale provoque une rĂ©action nĂ©gative des marchĂ©s financiers et de la population. Dans le cadre d’une importante crise politique, elle dĂ©missionne aprĂšs seulement 49 jours en fonction, son mandat Ă©tant le plus court d'un chef de gouvernement britannique. Rishi Sunak lui succĂšde.

Situation personnelle

Naissance et famille

Mary Elizabeth Truss naßt le à Oxford[1]. Elle est la fille de John Kenneth Truss et de Priscilla Mary Grasby[2]. Son pÚre est professeur émérite de mathématiques à l'université de Leeds[3] et sa mÚre est infirmiÚre, enseignante et membre de la Campagne pour le désarmement nucléaire[4]. Liz Truss décrit sa famille comme étant « trÚs à gauche »[5] et indique avoir grandi dans un environnement pro-travailliste[6].

Elle se marie en 2000 avec Hugh O'Leary, expert-comptable, avec qui elle a deux filles[7] - [8].

Études et formation

Liz Truss est Ă©lĂšve d'une Ă©cole primaire de Paisley, en Écosse, puis de la Roundhay School de Leeds[9]. Elle poursuit des Ă©tudes de philosophie, politique et Ă©conomie au Merton College d'Oxford, oĂč elle obtient un master of arts en 1996[2].

Pendant ses études à Oxford, elle dirige le groupe des étudiants libéraux-démocrates, avec lesquels elle manifeste pour l'abolition de la monarchie[10]. Elle déclare en que ce parcours chez les centristes était une erreur de jeunesse. S'exprimant devant des membres de son parti, elle confie : « Nous faisons tous des erreurs, nous avons tous eu des mésaventures d'adolescents, et c'était mon cas. Pour certaines personnes cela concerne le sexe, la drogue et le rock 'n' roll, moi j'étais chez les libéraux-démocrates. Je suis désolée[11]. »

Elle mÚne ensuite une carriÚre de directrice commerciale dans le privé[12].

Parcours politique

DĂ©buts

Adhérente au Parti conservateur depuis le milieu des années 1990, elle est élue au conseil municipal de Greenwich. Elle essuie plusieurs échecs dans des circonscriptions législatives travaillistes. Elle est repérée par David Cameron, qui souhaite mettre en avant des femmes au sein du parti[9].

Elle est élue députée à la Chambre des communes pour la circonscription de South West Norfolk lors des élections générales de 2010[13].

SecrĂ©taire d’État Ă  l’Environnement, Ă  la Justice et au TrĂ©sor

NommĂ©e secrĂ©taire d'État Ă  l'Environnement dans les gouvernements Cameron I et II, fonction oĂč elle baisse le budget de l'Agence nationale de l’environnement[9], elle occupe ensuite les postes de lord-chancelier et de secrĂ©taire d'État Ă  la Justice[14] de 2016 Ă  2017 et secrĂ©taire en chef du TrĂ©sor de 2017 Ă  2019 dans les gouvernements May I et II.

Opposante au Brexit jusqu'en 2016, elle change d'avis une fois celui-ci approuvĂ© et adopte un discours eurosceptique virulent[15]. Elle faisait, en 2016, campagne pour le « non »[6] et signe, le , en tant que secrĂ©taire d'État Ă  l'Environnement une tribune dans The Sun qui qualifie le Brexit de « triple tragĂ©die : plus de rĂšgles, plus de protocoles, plus de lenteur pour vendre vers l'Union europĂ©enne »[16]. Elle dĂ©taille en expliquant que selon elle, les entreprises britanniques « se noieraient dans les formulaires, ce qui affecterait les bĂ©nĂ©fices et qu'au fur et Ă  mesure que les emplois seraient supprimĂ©s et que les prix augmenteraient »[16]. A posteriori, elle dĂ©clare que son opposition au Brexit Ă©tait une erreur[9].

Ministre des ÉgalitĂ©s et secrĂ©taire d’État au Commerce

Le , elle intĂšgre le gouvernement Johnson en qualitĂ© de prĂ©sidente du Bureau du Commerce et secrĂ©taire d'État au Commerce international, et elle est nommĂ©e ministre des Femmes et des ÉgalitĂ©s en , aprĂšs la dĂ©mission d'Amber Rudd.

Chargée du commerce international, elle signe de nombreux accords de libre-échange, bien qu'ils reprennent souvent le contenu de ceux qui existaient avant le Brexit[9]. Elle autorise aussi pour 289 millions de livres sterling la vente de matériel à usage militaire à la Russie en quelques mois, ce qui lui sera reproché aprÚs le début de la guerre contre l'Ukraine en 2022[17]. Elle a aussi autorisé la vente d'armement à l'Arabie saoudite, malgré la guerre au Yémen[17].

SecrĂ©taire d’État aux Affaires Ă©trangĂšres et du Commonwealth

En , elle devient secrĂ©taire d'État aux Affaires Ă©trangĂšres et du Commonwealth, seulement la deuxiĂšme femme Ă  occuper ce poste (aprĂšs Margaret Beckett).

Lors de la ConfĂ©rence des Nations Unies sur les changements climatiques Ă  Glasgow, elle a affirmĂ© que la France avait agi de maniĂšre inacceptable pendant le litige de pĂȘche Ă  Jersey[18].

Elle a soutenu la révision unilatérale du protocole sur l'Irlande du Nord, au risque de représailles de la part de Bruxelles[19].

Liz Truss et son homologue ukrainien Dmytro Kouleba lors d'une rencontre Ă  Kiev en .

En octobre 2021, elle appelle la Russie Ă  intervenir dans la crise frontaliĂšre entre la BiĂ©lorussie et l'Union europĂ©enne[20]. En , elle et son homologue israĂ©lien YaĂŻr Lapid rendent public un projet qui vise Ă  empĂȘcher l'Iran de dĂ©velopper des armes nuclĂ©aires[21]. En , elle rencontre SergueĂŻ Lavrov Ă  Stockholm, exhortant la Russie Ă  rechercher la paix avec l'Ukraine[22]. Elle est ridiculisĂ©e par son homologue russe, SergueĂŻ Lavrov : ce dernier la piĂšge en la poussant Ă  affirmer qu’elle ne reconnaĂźtrait pas la souverainetĂ© de Moscou sur deux villes russes proches de la frontiĂšre avec l’Ukraine, Rostov et Voronej[12]. AprĂšs l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, elle soutient Kiev sans rĂ©serves[9].

En , l'ancien Premier ministre australien Paul Keating, membre du conseil international de la Banque de développement de Chine, accuse Liz Truss de faire des commentaires « déments » sur le risque d'agressions militaires chinoises dans le Pacifique ; il déclare que « la Grande-Bretagne souffre de la folie des grandeurs et de la frustration de perdre en puissance [sur la scÚne internationale] »[23].

À la mi-, Liz Truss est exhortĂ©e par les dĂ©putĂ©s britanniques Ă  imposer des sanctions Ă  Mohammed Al-Shaibani, un fonctionnaire de haut rang des Émirats arabes unis, pour son rĂŽle dans la persĂ©cution de deux hommes d'affaires britanniques, Ryan Cornelius et son partenaire d'affaires Charles Ridley, condamnĂ©s Ă  la suite d'un « processus judiciaire fondamentalement viciĂ© ». Ryan Cornelius avait achevĂ© sa peine de 10 ans mais en 2018 aurait reçu 20 ans supplĂ©mentaires en vertu d'une loi maintenant les dĂ©biteurs en prison jusqu'Ă  ce qu'ils puissent s'acquitter de leur dette[24].

Élection à la direction du Parti conservateur

Logo de campagne de Liz Truss pour la direction du Parti conservateur.

Candidate Ă  la fonction de chef du Parti conservateur lors de l'Ă©lection prĂ©vue en pour succĂ©der Ă  Boris Johnson, elle parvient Ă  la deuxiĂšme position lors du cinquiĂšme tour du vote des dĂ©putĂ©s avec 113 voix, 24 voix derriĂšre Rishi Sunak[25]. Elle obtient huit voix de plus que Penny Mordaunt, donnĂ©e favorite des militants conservateurs[26] - [27]. Truss se qualifie avec Sunak pour le vote des adhĂ©rents du parti. Son opposant est considĂ©rĂ© plus centriste[28].

Liz Truss est une « championne du libre-Ă©change », et se lance dans la campagne en voulant incarner l’essence du conservatisme britannique[29]. Ses convictions sont ancrĂ©es Ă  droite, voire libertariennes. C'est un « faucon » en politique Ă©trangĂšre, n'hĂ©sitant pas Ă  afficher des positions trĂšs tranchĂ©es contre la Russie et la Chine[19] ; elle veut inclure la Chine dans la liste des « menaces officielles » pour la sĂ©curitĂ© nationale britannique[30] et se dit prĂȘte Ă  dĂ©clencher une guerre nuclĂ©aire si cela Ă©tait nĂ©cessaire[31]. Elle considĂšre que le Royaume-Uni doit cimenter son alliance avec les États-Unis et l'Australie plutĂŽt qu'avec des pays europĂ©ens[19]. Ainsi, elle refuse de dire si le prĂ©sident français doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un ami ou un ennemi[32].

Face Ă  Rishi Sunak, elle insiste sur son agenda « audacieux », avec des baisses d’impĂŽts massives « dĂšs le premier jour »[33] ; une proposition controversĂ©e car bĂ©nĂ©ficiant surtout aux plus riches[34]. Elle s’oppose aux aides directes dans le domaine social[35]. Hostile aux syndicats de travailleurs, elle propose de limiter le droit de grĂšve[35]. Liz Truss a aussi proposĂ©, avant de renoncer, de rĂ©duire le salaire des fonctionnaires Ă  l'exception de ceux officiant dans les rĂ©gions de Londres et du sud-est de l'Angleterre oĂč se concentrent les mĂ©nages les plus aisĂ©s, qui sont gĂ©nĂ©ralement les plus enclins Ă  voter conservateur[36]. Dans le domaine de l’environnement, Liz Truss veut mettre fin aux taxes sur l'Ă©nergie qui permettent de financer des projets d’énergies renouvelables et l’isolation des logements[36]. Elle annonce vouloir autoriser la fracturation hydraulique et augmenter le forage pĂ©trolier en mer du Nord[37]. Elle a les faveurs des militants conservateurs selon un sondage YouGov : 62 % prĂ©fĂ©raient Liz Truss, contre 38 % pour Sunak[33].

PremiĂšre ministre du Royaume-Uni

Liz Truss durant son premier discours au 10 Downing Street, le .

Élection

Le , elle est Ă©lue Ă  la tĂȘte du Parti conservateur, Ă©tant appelĂ©e Ă  devenir PremiĂšre ministre. Elle est officiellement nommĂ©e le lendemain par la reine Élisabeth II[38], devenant ainsi la troisiĂšme femme Ă  diriger le gouvernement britannique, aprĂšs Margaret Thatcher et Theresa May[39]. La passation de pouvoir a lieu au chĂąteau de Balmoral en Écosse, oĂč la reine rĂ©side habituellement Ă  cette pĂ©riode de l'annĂ©e, une premiĂšre depuis la nomination de Robert Arthur Talbot Gascoyne-Cecil par Victoria en 1885[40].

Entrée en fonction

Elle nomme son gouvernement le jour-mĂȘme. Elle confie les postes-clĂ©s de chancelier de l'Échiquier Ă  Kwasi Kwarteng, de secrĂ©taire d'État aux Affaires Ă©trangĂšres Ă  James Cleverly, et de secrĂ©taire d'État Ă  l'IntĂ©rieur Ă  Suella Braverman, tous trois Ă©tant issus de l'immigration. La nouvelle PremiĂšre ministre forme ainsi un cabinet encore plus divers que le prĂ©cĂ©dent. Elle nomme vice-PremiĂšre ministre ThĂ©rĂšse Coffey, sa directrice de campagne pour l'Ă©lection interne au Parti conservateur, et rĂ©compense Kwarteng et Cleverly, soutiens de la premiĂšre heure, avec des responsabilitĂ©s de premier plan. Les promotions de Braverman, ainsi que de Jacob Rees-Mogg comme secrĂ©taire d'État Ă  l'Énergie ou Chris Heaton-Harris, secrĂ©taire d'État pour l'Irlande du Nord, marquent un virage Ă  droite encore plus marquĂ© que le deuxiĂšme gouvernement Johnson. De celui-ci, elle ne reconduit pas Rishi Sunak ainsi que des personnalitĂ©s de poids, tels Dominic Raab ou Michael Gove. À l'inverse, James Cleverly et Suella Braverman, occupant des fonctions de premier ordre, n'ont qu'une faible expĂ©rience gouvernementale, ayant intĂ©grĂ© l'exĂ©cutif depuis moins de quatre ans[41].

DĂ©cĂšs de la reine Élisabeth II et avĂšnement du roi Charles III

Deux jours aprĂšs la nomination de Liz Truss, le Ă  15 h 10 BST[42], la reine Élisabeth II meurt. Dans le cadre de l'opĂ©ration London Bridge, Liz Truss est la premiĂšre personne (en dehors des membres de la famille royale) Ă  ĂȘtre informĂ©e de la mort de la reine, Ă  16 h 30 BST[43]. La nouvelle PremiĂšre ministre lui rend hommage lors d'un discours devant le 10 Downing Street[44]. Le lendemain, elle rencontre le nouveau roi Charles III Ă  son retour Ă  Londres, au palais de Buckingham[45]. Le , Liz Truss ainsi que 321 membres du Parlement prĂȘtent serment d'allĂ©geance Ă  Charles III lors d'une session spĂ©ciale Ă  la Chambre des communes, bien que cela ne soit pas une obligation, les dĂ©putĂ©s ayant prĂȘtĂ© allĂ©geance Ă  la reine « et Ă  ses hĂ©ritiers et successeurs » au dĂ©but de la lĂ©gislature[46].

Politique Ă©trangĂšre

Au cours de ses trois premiÚres semaines en tant que PremiÚre ministre, Liz Truss a « un rÎle de porte-parole devant des centaines de dirigeants mondiaux » à l'occasion des funérailles de la reine, et tient une série de réunions diplomatiques en marge de l'Assemblée générale des Nations unies le [47], lors de laquelle elle prononce également un discours déclarant vouloir que les gens conservent une plus grande partie de leurs revenus[48] - [49].

Politique environnementale

Liz Truss annonce peu aprĂšs son arrivĂ©e au pouvoir une sĂ©rie de mesures telles que la reprise des essais de fracturation hydraulique, la suppression programmĂ©e de certaines lois hĂ©ritĂ©es de l'Union europĂ©enne sur la qualitĂ© de l'eau et l’encadrement de l'usage des pesticides, ainsi que la relance de l'exploration gaziĂšre et pĂ©troliĂšre en mer du Nord[50]. À partir du 1er octobre, plusieurs dizaines d'associations de protection de la nature se mobilisent dans le pays pour contester ces projets, perçus comme des attaques sur l'environnement. Le gouvernement promet aussi la crĂ©ation de « zones d'investissement prioritaires » dans lesquelles les exigences environnementales seraient sĂ©rieusement relĂąchĂ©es, afin d'attirer les investissements privĂ©s. Elle est Ă©galement critiquĂ©e pour avoir nommĂ© un climatosceptique, Jacob Rees-Mogg, Ă  la tĂȘte du ministĂšre de l’Énergie[51].

Liz Truss est par ailleurs proche de l'Institute of Economic Affairs et du groupe 55 Tufton Street, deux influents groupes de rĂ©flexion exerçant un lobbying contre les politiques environnementales, et de l’organisation Countryside Alliance, amatrice de la chasse au renard et du tir Ă  la grouse[52].

Crise Ă©conomique

Le , Liz Truss dĂ©voile sa politique budgĂ©taire au Royaume-Uni. Elle prĂ©voit notamment la suppression de la tranche supĂ©rieure d'impĂŽt sur le revenu (pour les Britanniques qui gagnent plus de 170 000 euros par an), ce qui reprĂ©sente 50 milliards d'euros d'impĂŽts en moins. À cela s'ajoute un allĂ©gement des taxes sur les transactions immobiliĂšres, ainsi qu'une sĂ©rie de rĂ©formes assouplissant la rĂ©glementation. Parmi elles figure la suppression du plafond sur les bonus des banquiers. Au total, cette politique prĂ©voit 45 milliards de livres de baisses d'impĂŽts non financĂ©es, presque exclusivement au bĂ©nĂ©fice des mĂ©nages les plus aisĂ©s[53].

Ces annonces suscitent de nombreuses rĂ©actions nĂ©gatives[54], y compris au Fonds monĂ©taire international. Ce dernier estime que « les inĂ©galitĂ©s augmenteront probablement »[55]. Larry Summers, ancien secrĂ©taire au TrĂ©sor des États-Unis, a critiquĂ© « la pire politique macroĂ©conomique jamais vue de longue date dans un grand pays. [...] Ce n'est tout simplement pas le moment pour ce genre de politique de l'offre naĂŻve, imprĂ©gnĂ©e de pensĂ©e magique ». Une partie des cercles ultralibĂ©raux a en revanche approuvĂ© cette politique, comme le think tank Institute of Economic Affairs, qui a saluĂ© « un ensemble de rĂ©formes radicales qui va accroĂźtre la prospĂ©ritĂ© du Royaume-Uni »[53].

Tout cela entraĂźne la baisse importante des marchĂ©s financiers au Royaume-Uni. Plusieurs banques anglaises annoncent Ă©galement l'augmentation des taux d'intĂ©rĂȘts[55]. La livre britannique chute Ă  son plus bas niveau depuis , Ă  moins de 1,1 dollar, et les taux d'obligations d’État grimpent Ă  un niveau record de 3,7 %[53].

DĂ©mission

AprĂšs plusieurs semaines de crise, dĂ©clenchĂ©e par la prĂ©sentation des mesures fiscales en , et face Ă  une fronde de plus en plus intense au sein du groupe parlementaire, Liz Truss annonce le sa dĂ©mission de la direction du Parti conservateur, seulement six semaines aprĂšs avoir pris ses fonctions de PremiĂšre ministre[56], indiquant que « vu la situation, je ne peux pas remplir le mandat sur lequel j'ai Ă©tĂ© Ă©lue par le Parti conservateur » puis annonçant l’organisation d'une primaire pour la remplacer[57] - [58]. Cette dĂ©mission prend effet aprĂšs l'Ă©lection de son successeur au sein du parti, Rishi Sunak, le 25 octobre[59]. Avec 49 jours au poste de Premier ministre, elle Ă©tablit le record du plus court mandat au 10 Downing Street, dĂ©tenu depuis prĂšs de deux siĂšcles par un autre conservateur, George Canning, mort en fonction[60]. Son gouvernement battait des records d'impopularitĂ©, avec un taux d'approbation de seulement 10 % Ă  la mi-octobre[61].

AprĂšs le 10 Downing Street

AprĂšs son dĂ©part du 10 Downing Street, Liz Truss, devrait percevoir une indemnitĂ© de 115 000 livres, soit environ 130 000 euros, ce qui crĂ©e la polĂ©mique au Royaume-Uni, Truss n’ayant passĂ© que 44 jours au pouvoir[62]. Sur les ondes de la BBC, Keir Starmer, dirigeant du Parti travailliste, dĂ©clare ainsi : « AprĂšs 44 jours, elle n'a pas gagnĂ© le droit Ă  cet avantage, elle doit le refuser »[63].

Le 5 fĂ©vrier 2023, plus de trois mois aprĂšs sa dĂ©mission elle sort du silence en publiant une longue tribune dans le journal Telegraph pour expliquer ce qui s’est passĂ© pendant son sĂ©jour au 10 Downing Street. Elle dĂ©clare ne « pas ĂȘtre irrĂ©prochable dans ce qui s’est passĂ© », tout en estimant ne pas avoir « eu une chance rĂ©aliste d’adopter [sa] politique en raison d’un trĂšs puissant systĂšme Ă©conomique orthodoxe, doublĂ© d’un manque de soutien politique ».

RĂ©sultats Ă©lectoraux

Direction du Parti conservateur

Date Voix % Issue
2022 50 (1er tour)
64 (2e tour)
71 (3e tour)
86 (4e tour)
113 (5e tour)
81 326 (adhĂ©rents)
14,0 (1er tour)
18,0 (2e tour)
19,8 (3e tour)
24,1 (4e tour)
31,8 (5e tour)
57,4 (adhérents)
Élue

Chambre des communes

Références

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