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Jacobo Fitz-James Stuart y FalcĂł

Jacobo Fitz-James Stuart y FalcĂł (Madrid, 1878 - Lausanne, Suisse, 1953), ci-aprĂšs dĂ©signĂ© par « le duc d’Albe », Ă©tait un homme politique, diplomate, auteur et mĂ©cĂšne espagnol.

Jacobo Fitz-James Stuart y FalcĂł
Illustration.
Le duc d’Albe en 1920, le jour de ses noces.
Fonctions
Ministre d’État de l’Espagne
–
(11 mois et 27 jours)
Premier ministre DĂĄmaso Berenguer
Prédécesseur Dåmaso Berenguer
Successeur Comte de Romanones
Ministre espagnol de l’Instruction publique
–
(23 jours)
Premier ministre DĂĄmaso Berenguer
Prédécesseur Eduardo Callejo de la Cuesta
Successeur ElĂ­as Tormo y MonzĂł
Ambassadeur d’Espagne au Royaume-Uni
–
Premier ministre Francisco Franco
DĂ©putĂ© aux Cortes pour les circonscriptions de LalĂ­n, puis d’Illescas
1903-1905; 1905-1916 –
Membre de l’AssemblĂ©e nationale consultive
–
Procureur aux Cortes franquistes
–
Biographie
Nom de naissance Jacobo Fitz-James Stuart y FalcĂł
Surnom Jimmy Alba, le duc d’Albe
Date de naissance
Lieu de naissance Madrid (Espagne)
Date de décÚs
Lieu de décÚs Lausanne (Suisse)
Nature du décÚs Naturelle
Sépulture Panthéon familial dans le monastÚre de Loeches
Nationalité Drapeau de l'Espagne Espagne
PĂšre Carlos MarĂ­a Fitz-James Stuart y Palafox
MĂšre MarĂ­a del Rosario FalcĂł y Osorio
Conjoint MarĂ­a Del Rosario de Silva FernĂĄndez de Ixar Portugal y Guterbey
Enfants Cayetana
DiplÎmé de Université centrale de Madrid
Profession Homme politique
Diplomate
Religion Catholique
RĂ©sidence Palais de Liria (Madrid)

D’origine aristocratique — descendant direct de Jacques II d’Angleterre et du Grand Duc d’Albe et porteur de 24 titres de noblesse —, le duc d’Albe fit ses Ă©tudes secondaires en Grande-Bretagne, puis des Ă©tudes de droit Ă  l’universitĂ© centrale de Madrid. Son engagement en politique s’est traduit par plusieurs mandats de dĂ©putĂ© (Ă  titre indĂ©pendant, c’est-Ă -dire sans affiliation Ă  aucun parti) dans les dĂ©cennies 1900 et 1910, par un siĂšge Ă  l’AssemblĂ©e nationale consultative sous la dictature primorivĂ©riste, par deux portefeuilles ministĂ©riels au sein du gouvernement de DĂĄmaso Berenguer, dans la derniĂšre phase de la monarchie alphonsine, et plus tard, par un bref mandat de procureur aux Cortes franquistes.

AprĂšs le soulĂšvement militaire de , il rallia le camp national et fut envoyĂ© par Franco Ă  Londres en 1937, d’abord en tant que reprĂ©sentant officieux, puis Ă  partir de 1938 comme ambassadeur d’Espagne attitrĂ©. Dans cette fonction, il s’employa durant la Guerre civile Ă  obtenir la bienveillance du gouvernement Chamberlain Ă  l’égard du camp national, en s’aidant de ses nombreuses accointances dans l’aristocratie anglaise, tout en imputant ses difficultĂ©s et revers sur ce plan aux influences « judĂ©o-maçonniques » et Ă  une presse britannique majoritairement dominĂ©e par les juifs ; pourtant, s’il restait certes imprĂ©gnĂ© de certaines idĂ©es du conservatisme autoritaire, le duc d’Albe rĂ©cusait le fascisme et faisait figure avant tout de monarchiste indĂ©fectible. Du reste, tout au long de la Seconde Guerre mondiale, il s’appliqua Ă  Ă©viter, par ses dĂ©pĂȘches diplomatiques expĂ©diĂ©es Ă  Madrid, l’entrĂ©e en guerre de l’Espagne franquiste aux cĂŽtĂ©s de l’Axe, et plaida Ă  la fin du conflit pour une reconfiguration institutionnelle de l’Espagne dans un sens dĂ©mocratique. Signataire en 1947 d’un manifeste demandant la restauration de la monarchie, il s’attira les foudres du Caudillo et fut dĂ©pouillĂ© de toutes ses fonctions politiques.

D’esprit et d’allure aristocratiques, le duc d’Albe eut Ă  cƓur de prĂ©server et d’étendre le riche patrimoine (immobilier, Ɠuvres d’art, archives, bibliothĂšques) dont il avait hĂ©ritĂ©. Il publia de nombreux ouvrages et articles — monographies sur ses ancĂȘtres ou livres de portĂ©e plus gĂ©nĂ©rale, catalogue raisonnĂ© de ses fonds, publication de correspondances, etc. — et aida d’autres auteurs en subsidiant leurs travaux ou par des bourses.

Biographie

Origines familiales et premiÚres années

Le duc d’Albe.

Jacobo Fitz-James Stuart y FalcĂł[1], duc d’Albe, souvent dĂ©signĂ© par le raccourci Jimmy Alba[2], ou plus souvent encore simplement par le duc d’Albe, Ă©tait le fils aĂźnĂ© de Carlos MarĂ­a Fitz-James Stuart y Palafox, 12e duc de HuĂ©scar et pour lors hĂ©ritier de la maison d’Albe, et de l’épouse de celui-ci, MarĂ­a del Rosario FalcĂł y Osorio, 21e comtesse de Siruela[3]. Il vint au monde dans le palais de Liria Ă  Madrid le et fut baptisĂ© quelques jours plus tard du prĂ©nom Santiago (variante de Jacobo), en ayant pour parrains son grand-pĂšre paternel, Jacobo Fitz-James Stuart y Ventimiglia, duc d’Albe, et sa grand-mĂšre maternelle, la duchesse de FernĂĄn NĂșñez[4].

Il fit ses premiĂšres Ă©tudes sous la direction de prĂ©cepteurs privĂ©s, puis fut inscrit Ă  Beaumont College, collĂšge de JĂ©suites sis Ă  Old Windsor, en Grande-Bretagne, pour entrer ensuite Ă  Eton College[3]. Dans ces Ă©tablissements, il noua un ensemble d’amitiĂ©s qui lui seront fort utiles quarante ans plus tard, dans l’accomplissement de sa mission diplomatique Ă  Londres[5]. Il suivit ensuite une formation supĂ©rieure Ă  l’universitĂ© centrale de Madrid, oĂč il obtint une licence en droit[3].

CarriĂšre politique

Aux Ă©lections de 1903, le duc d’Albe fut Ă©lu dĂ©putĂ© aux Cortes pour la circonscription de LalĂ­n (dans la province de Pontevedra, en Galice)[6] ; ensuite, pour la circonscription d'Illescas (dans la province de TolĂšde), aux Ă©lections de 1905[7], de 1907[8], de 1910[9] et de 1914[10].

En 1916, se prĂ©valant de sa qualitĂ© de grand d’Espagne de premiĂšre classe, il sollicita son admission au SĂ©nat[11], oĂč son premier discours Ă  la tribune portait sur la rĂ©forme fiscale, et oĂč il allait faire partie en 1922 de la commission chargĂ©e d’instruire une procĂ©dure contre le gĂ©nĂ©ral DĂĄmaso Berenguer.

Le duc d’Albe (à droite), en 1930.

Entre 1927 et 1930, sous la dictature de Primo de Rivera, il fut membre de l’AssemblĂ©e nationale consultative[12].

Son patriotisme et sa loyautĂ© absolue Ă  la monarchie portĂšrent le duc d’Albe Ă  participer activement Ă  la politique pendant la phase finale du rĂšgne d’Alphonse XIII et Ă  exercer comme dĂ©putĂ© et sĂ©nateur. S’il s’était toujours gardĂ© d’accepter une fonction gouvernementale, il consentit en 1930, Ă  la chute de Primo de Rivera, de faire partie du cabinet ministĂ©riel du gĂ©nĂ©ral DĂĄmaso Berenguer, constituĂ© dans une tentative de prĂ©server la monarchie, laquelle avait Ă©tĂ© fortement fragilisĂ©e par la dictature primorivĂ©riste. Il fut ainsi nommĂ© d’abord ministre de l’Instruction publique, puis ministre d’État (c’est-Ă -dire ministre des Affaires Ă©trangĂšres)[3].

Lorsque se produisit le soulĂšvement militaire de , le duc d’Albe, qui se trouvait alors Ă  Londres, oĂč il avait coutume de se rendre en Ă©tĂ©, se mit sans tarder au service des insurgĂ©s[13]. Le , le gĂ©nĂ©ral Francisco Franco le nomma reprĂ©sentant du rĂ©gime franquiste dans la capitale britannique, puis ambassadeur le , aprĂšs la dĂ©mission forcĂ©e (voulue par le rĂ©gime franquiste) de l’ambassadeur de la RĂ©publique, Pablo de AzcĂĄrate. Revenu en Espagne en 1945, il fut dĂ©signĂ© procureur (« procurador », c’est-Ă -dire membre) des Cortes franquistes[14].

Nomination

À Londres, le duc d’Albe exerça dans un premier temps comme agent diplomatique officieux du gouvernement de l’Espagne « nationale », puis, par un dĂ©cret pris Ă  Burgos le , fut nommĂ© ambassadeur d’Espagne. Quoique ne pouvant pas se prĂ©valoir d’une quelconque expĂ©rience diplomatique antĂ©rieure, il avait des compĂ©tences politiques et une solide connaissance de la Grande-Bretagne, de par ses liens familiaux historiques avec ce pays[3].

Henry Chilton, l’ambassadeur de Grande-Bretagne en Espagne et ami du duc d’Albe, fit observer que le gĂ©nĂ©ral Franco devait l’avoir envoyĂ© Ă  Londres plutĂŽt en raison de ses connexions britanniques qu’eu Ă©gard Ă  ses capacitĂ©s, vu qu’il Ă©tait douteux qu’il fĂ»t au courant de ce que l’on pensait et de ce qui se tramait rĂ©ellement au quartier-gĂ©nĂ©ral de Franco Ă  Salamanque[15].

Devant le vicomte Cranborne, sous-secrĂ©taire parlementaire au Foreign Office, le duc d’Albe affirma que le gĂ©nĂ©ral Franco ne souhaitait rien tant que d’entretenir de bonnes relations avec la Grande-Bretagne, que l’influence italienne et allemande n’avait rien de prĂ©occupant, que l’Espagne ne serait jamais fasciste, et que dans le cas d’une guerre europĂ©enne, elle se maintiendrait neutre, mais amicale, ajoutant, en guise de preuve ultime de la bonne volontĂ© espagnole, que pas un seul des prisonniers britanniques des Brigades internationales n’avait Ă©tĂ© fusillĂ©[13].

Pendant la Guerre civile

Pendant la Guerre civile, l’une des principales missions du duc d’Albe consistait Ă  convaincre le gouvernement de Londres et les Britanniques en gĂ©nĂ©ral que le camp national n’était pas constituĂ© de quelques fascistes soucieux de mettre l’Espagne sous la coupe de Rome et de Berlin, mais de patriotes dont les idĂ©es conservatrices n’étaient somme toute pas trĂšs Ă©loignĂ©es de celles de bon nombre de tories, et que l’éventuelle victoire des troupes franquistes ne reprĂ©sentait pas une menace pour les intĂ©rĂȘts du Royaume-Uni ; toutefois, ce serait sans doute surestimer l’influence du duc d’Albe que de croire que son action ait contribuĂ© de maniĂšre dĂ©terminante Ă  orienter la politique britannique envers l’Espagne. Certes, en vue de ses efforts de persuasion, les avantages dĂ©coulant de ses accointances aristocratiques allaient se faire ressentir rapidement ; en effet, sitĂŽt qu’arrivĂ© Ă  Londres en qualitĂ© de dĂ©lĂ©guĂ© officieux, il put, au logis du marquis de Londonderry, s’entretenir avec le roi George VI, Ă  qui il eut le loisir d’exposer en privĂ©, durant prĂšs de trois quarts d’heure, sa version des Ă©vĂ©nements en Espagne[16].

En outre, le duc d’Albe eut Ă  cƓur de mettre au grand jour auprĂšs du Foreign Office l’aide subreptice mais relativement importante que le gouvernement français apportait au printemps 1938 Ă  la RĂ©publique espagnole, et que la pression de Londres sur Paris contribua Ă  rĂ©duire efficacement. C’est vers la mĂȘme Ă©poque aussi que le duc d’Albe eut Ă  gĂ©rer la grave crise provoquĂ©e par les attaques des forces navales et aĂ©riennes du camp national contre des navires marchands battant pavillon britannique et chargĂ©s d’acheminer des approvisionnements non-militaires vers le territoire tenu par les rĂ©publicains, attaques qui suscitĂšrent l’indignation en Grande-Bretagne et pouvaient par lĂ  mettre en pĂ©ril la majoritĂ© parlementaire de Neville Chamberlain[17].

Le duc d’Albe, qui, Ă  l’instar d’une grande partie de la droite autoritaire espagnole, Ă©tait convaincu que la franc-maçonnerie Ă©tait un pouvoir occulte et malĂ©fique, faisait remonter Ă  une origine maçonnique les initiatives en faveur d’une mĂ©diation dans la crise espagnole, telles que le ComitĂ© pour la paix civile et religieuse en Espagne de Jacques Maritain. Pour lui, Chamberlain incarnait ce qui restait de sain en Angleterre, face aux « Ă©lĂ©ments judĂ©o-maçonniques continentaux », dont Anthony Eden Ă©tait le reprĂ©sentant en Grande-Bretagne ; l’évincement de celui-ci comme secrĂ©taire du Foreign Office et son remplacement par lord Halifax en Ă©tait considĂ©rĂ© (non Ă  tort) par le duc d’Albe comme un changement bĂ©nĂ©fique pour l’Espagne nationaliste. Lors d’un dĂ©bat parlementaire tenu fin Ă  la suite de l’envoi par le fond de deux vaisseaux anglais par des forces au service du gĂ©nĂ©ral Franco, quelques dĂ©putĂ©s conservateurs votĂšrent contre le gouvernement en place, se prĂȘtant ainsi, selon le duc d’Albe, Ă  « une manƓuvre internationale d’origine maçonnico-judaĂŻque » et faisant fi des intĂ©rĂȘts de la Grande-Bretagne. Les attitudes contraires Ă  l’Espagne nationale manifestĂ©es par quelques Ă©vĂȘques anglicans Ă©taient imputĂ©es par lui Ă  une hostilitĂ© envers le catholicisme[18].

Le , il incomba au duc d’Albe de remplir une mission de grande importance, Ă  savoir : faire part au Foreign Office qu’en cas de guerre europĂ©enne, l’Espagne observerait la neutralitĂ©. Si cette dĂ©claration n’était alors pas encore d’actualitĂ©, elle correspondait aux convictions du duc d’Albe, et de l’avoir faite remplissait de satisfaction Jordana, le ministre de tutelle du duc, qui, Ă  l’égal de celui-ci, Ă©tait d’opinions conservatrices autoritaires, sans pour autant ĂȘtre fasciste, et apprĂ©ciait Chamberlain pour avoir observĂ© une neutralitĂ© bienveillante Ă  l'Ă©gard de l'Espagne nationale[19]. Toutefois, aprĂšs les accords de Munich, les prĂ©occupations du duc d’Albe s’accrurent au vu de la propension du gouvernement britannique Ă  prĂŽner la mĂ©diation dans la Guerre civile espagnole au moindre signe de ralentissement de l’avancĂ©e des troupes nationalistes. Selon le duc d’Albe, Chamberlain souhaitait toujours la victoire du camp national, mais devait tenir compte de son opinion publique, façonnĂ©e par une presse britannique majoritairement dominĂ©e par les juifs, comme l’attestaient les campagnes contre les pogroms commis en Allemagne et aussi les rĂ©actions d’hostilitĂ© chaque fois que le gouvernement britannique exerçait des pressions sur celui de Paris pour qu’il abandonne Ă  son sort la RĂ©publique espagnole[20].

Peu aprĂšs, l’offensive des troupes franquistes contre la Catalogne dĂ©cida du sort de la Guerre civile et porta les gouvernements de Londres et de Paris Ă  admettre l’opportunitĂ© d’une reconnaissance diplomatique de l’Espagne nationaliste. Aussi, le et le , le duc d’Albe fut-il nommĂ© ambassadeur Ă  Londres, ce qui mit un terme Ă  la pĂ©riode officieuse, mais nĂ©anmoins fructueuse, de son travail diplomatique[20].

Guerre mondiale

Portrait du duc d’Albe par Maurice Fromkes (1925).

Étant habilitĂ©, en sa qualitĂ© d’ambassadeur, Ă  assister aux sĂ©ances du parlement britannique depuis la tribune rĂ©servĂ©e au corps diplomatique, le duc d’Albe tendait Ă  s’identifier Ă  la politique britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, et restait convaincu de la victoire du Royaume-Uni[3]. DĂšs avant la guerre, le ministre Jordana, qui partageait le point de vue du duc d’Albe, se voyait lui-mĂȘme comme le principal gouvernant espagnol sur qui pesait la responsabilitĂ© d’éviter, face Ă  Serrano Suñer et Ă  d’autres, l’entrĂ©e en guerre de l’Espagne aux cĂŽtĂ©s de l’Axe, et comptait pour cela s’appuyer sur le duc d’Albe. La guerre Ă©clata peu aprĂšs un remaniement gouvernemental oĂč Jordana fut Ă©cartĂ© et remplacĂ© comme ministre des Affaires Ă©trangĂšres par le colonel Beigbeder, qui, Ă  la diffĂ©rence de son prĂ©dĂ©cesseur, ne rangeait pas le duc d’Albe parmi ses confidents. AprĂšs le dĂ©part de Jordana, la politique du rĂ©gime franquiste prit une orientation plus germanophile, oĂč la tentation d’intervenir dans le conflit allait s’accroissant, en particulier aprĂšs la dĂ©faite de la France en [21]. Dans de telles circonstances, les dĂ©pĂȘches envoyĂ©es Ă  Madrid par le duc d’Albe, oĂč il insistait dĂšs le dĂ©but de la guerre sur le moral Ă©levĂ© des Britanniques, sur leur conviction gĂ©nĂ©rale qu’ils finiraient par triompher de l’Axe, et sur le fait que la tenace rĂ©sistance britannique excluait la possibilitĂ© d’une rapide victoire allemande, devaient revĂȘtir une importance particuliĂšre et ont pu contribuer Ă  ce que le gouvernement espagnol adopte une position de neutralitĂ© dans le conflit et Ă  ce que le gĂ©nĂ©ral Franco n’ait pas cĂ©dĂ© aux exigences d’entrĂ©e en guerre adressĂ©es Ă  l’Espagne par Hitler, mĂȘme s’il faut se garder de surĂ©valuer l’influence de ces dĂ©pĂȘches sur le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements et sur les dĂ©cisions de Franco[3] - [21], d’autant que pendant cet hiver, comme dans la suite, les nĂ©gociations les plus importantes entre la Grande-Bretagne et l’Espagne furent menĂ©es non Ă  Londres, par le truchement du duc d’Albe, mais Ă  Madrid, par le biais des reprĂ©sentants britanniques[22].

L’annonce par l’Espagne, faite Ă  la mi-, qu’elle passait d’une attitude de neutralitĂ© Ă  une attitude de non-belligĂ©rance, provoqua une certaine inquiĂ©tude en Grande-Bretagne, exacerbĂ©e encore par la virulence de la presse espagnole, plus particuliĂšrement par la tonalitĂ© des nombreuses allusions au statut de Gibraltar qu’on y trouvait. Durant cette phase, oĂč Madrid caressait le dessein d’entrer en guerre dans l’espoir d’ĂȘtre invitĂ©e ensuite Ă  partager le butin aprĂšs la victoire jugĂ©e proche des puissances de l’Axe, la voix du duc d’Albe en fut une qui ne se lassait pas de souligner que l’issue du conflit en cours restait incertaine, en raison, comme il l’écrivit Ă  Beigbeder en , de l’état de haute prĂ©paration militaire et de la volontĂ© morale des Britanniques ; certes, prĂ©cisait-il, le rĂ©gime politique du Royaume-Uni Ă©tait imparfait, comme celui de toutes les dĂ©mocraties, mais il n’était pas parvenu au degrĂ© de putrescence atteint par le rĂ©gime français, et le peuple britannique faisait montre, dans les moments de pĂ©ril, de stoĂŻcisme et d’un profond sens du devoir civique[23].

L’allusion Ă  Gibraltar faite par Franco dans son discours du fut fort mal accueillie en Grande-Bretagne, y compris par des personnes trĂšs amies de l’Espagne nationaliste, qui signifiĂšrent au duc d’Albe qu’une telle revendication, posĂ©e de surcroĂźt Ă  un moment oĂč la Grande-Bretagne devait lutter pour garder cette pĂ©ninsule, Ă©quivalait Ă  rechercher dĂ©libĂ©rĂ©ment un conflit armĂ©. Le duc pensait pour sa part que le gouvernement espagnol, moyennant qu’il sache agir avec habiletĂ©, pourrait, une fois la guerre finie, rĂ©cupĂ©rer sa totale souverainetĂ© sur Gibraltar sans verser une seule goutte de sang[24].

Dans ses dĂ©pĂȘches, le duc d’Albe arguait que l’Italie s’était engagĂ©e Ă©tourdiment dans la guerre, et faisait observer que, si la Blitzkrieg de l’Axe Ă©chouait, la situation pourrait basculer en 1941 ou 1942, compte tenu que dans la course aux armements aĂ©riens, la Grande-Bretagne disposait d’importants atouts. Il exprimait sa conviction que le gouvernement britannique avait plus d’intĂ©rĂȘt que tout autre gouvernement Ă  ce que le rĂ©gime espagnol actuel se maintienne. S’il Ă©tait vrai que Juan NegrĂ­n et d’autres dirigeants rĂ©publicains rĂ©sidaient en Grande-Bretagne — personnalitĂ©s dont du reste il avait sollicitĂ© l’expulsion —, il n’avait aucune raison de soupçonner que les autoritĂ©s britanniques entretiendraient des contacts avec eux ou auraient l’intention de leur permettre d’exercer des activitĂ©s politiques[24]. Ces communications du duc d’Albe parvenaient Ă  Madrid Ă  un moment oĂč la certitude de la dĂ©faite de la Grande-Bretagne constituait, Ă  cĂŽtĂ© d’une rĂ©ponse favorable de la part de Hitler aux aspirations espagnoles en Afrique du Nord, la condition Ă  remplir pour que Franco consente Ă  entrer en guerre[25].

Cependant, depuis que Serrano Suñer, beau-frĂšre de Franco, avait assumĂ© le portefeuille des Affaires Ă©trangĂšres, les rapports circonstanciĂ©s sur l’effet des bombardements allemands sur Londres expĂ©diĂ©s Ă  Madrid par le duc d’Albe Ă©taient immĂ©diatement transmis Ă  Berlin, Ă  l’encontre des intentions de leur auteur[25]. Kim Philby, maĂźtre espion britannique mais travaillant alors au service de l’Union soviĂ©tique, relate pour sa part dans ses mĂ©moires intitulĂ©es My Silent War que la valise diplomatique espagnole Ă©tait rĂ©guliĂšrement violĂ©e pendant la Seconde Guerre mondiale, grĂące Ă  quoi

« [nous] apprenions qu’Albe envoyait pĂ©riodiquement Ă  Madrid des dĂ©pĂȘches au sujet de la scĂšne politique britannique d’une qualitĂ© tout Ă  fait exceptionnelle. Comme nous ne doutions pas que le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres espagnol les mettrait Ă  la disposition des alliĂ©s allemands, ces dĂ©pĂȘches constituaient une fuite rĂ©ellement sĂ©rieuse. Cependant, l’on n’y pouvait rien faire. Il n’y avait aucune preuve que le Duc avait obtenu ses informations de façon rĂ©prĂ©hensible. Simplement, il cĂŽtoyait des personnes informĂ©es et rapportait ce qu’elles disaient, assortis de commentaires perspicaces de son cru[26]. »

Dans l’atmosphĂšre d’enthousiasme Ă  laquelle l’attaque allemande contre l’Union soviĂ©tique avait donnĂ© lieu en Espagne, se traduisant notamment par l’envoi vers le front de l’Est de la DivisiĂłn Azul, Franco prononça le un discours non seulement violemment antisoviĂ©tique, mais aussi antibritannique, ce qui amena le gouvernement du Royaume-Uni Ă  envisager d’adopter dĂ©sormais vis-Ă -vis de l’Espagne une position beaucoup plus dure. Le duc d’Albe se fit l’écho de la vive rĂ©action britannique et du fait que depuis lors l’on commençait, dans nombre de milieux politiques et dans la presse, Ă  considĂ©rer l’Espagne comme un pays hostile. Plus particuliĂšrement, le duc d’Albe avait dĂ» noter que Franco s’était enhardi Ă  affirmer dans son discours que les alliĂ©s avaient d’ores et dĂ©jĂ  perdu la guerre, et ce au rebours de ses dĂ©pĂȘches, oĂč il avait exposĂ© les motifs pour lesquels les Britanniques avaient lieu de penser le contraire[27].

Le duc d’Albe en compagnie de Winston Churchill (1914).

Pour Ă©viter que l’Espagne n’autorise les troupes allemandes Ă  traverser son territoire, ce qui Ă©tait alors la premiĂšre prĂ©occupation de Churchill, celui-ci offrit au duc d’Albe, lors d’un dĂźner Ă  l’ambassade d’Espagne le , le soutien des Britanniques aux revendications espagnoles face Ă  la France en Afrique du Nord. Bien qu’il se soit agi d’un entretien non officiel, Franco en fit Ă©tat plusieurs annĂ©es plus tard, Ă  un moment oĂč les relations hispano-britanniques Ă©taient fort tendues, en donnant lecture d’une partie du tĂ©lĂ©gramme par lequel le duc d’Albe avait fait part de cette offre. Churchill rĂ©pondit que si l’Angleterre gagnait la guerre, la France en serait fortement redevable Ă  l’Angleterre, et celle-ci nullement Ă  la France, en consĂ©quence de quoi l’Angleterre serait en position d’exercer une pression « forte et dĂ©finitive » afin que la France consente Ă  satisfaire la « juste revendication de l’Espagne en Afrique du Nord » — Ă  la condition, ajouta-t-il, que l’Espagne ne permette pas que les Allemands passent par son territoire[28].

Le nouveau contexte crĂ©Ă© par le dĂ©barquement alliĂ© en Afrique du Nord de , se caractĂ©risant par une confiance alliĂ©e renforcĂ©e dans la victoire finale et par une valeur stratĂ©gique amoindrie du territoire espagnol, se rĂ©percuta perceptiblement sur les relations anglo-espagnoles, et les ambassadeurs britannique et amĂ©ricain soumettaient Jordana, nommĂ© de nouveau Ă  la tĂȘte du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, Ă  une pression croissante pour que l’Espagne renonce Ă  sa bienveillance envers l’Allemagne. Dans les trois annĂ©es suivantes, les efforts du duc d’Albe tendirent Ă  convaincre son gouvernement que le rĂ©gime espagnol devait, en prĂ©vision de la victoire alliĂ©e, entreprendre les changements nĂ©cessaires propres Ă  se conformer davantage aux valeurs politiques des futurs vainqueurs ; sans proposer pour autant un rĂ©gime dĂ©mocratique au plein sens du terme, il prĂ©conisait de supprimer les aspects les plus dictatoriaux et rĂ©pressifs du rĂ©gime, lequel, Ă  ses yeux, devait se transformer par la voie d’une monarchie restaurĂ©e[29]. Le duc d’Albe Ă©voqua pour la premiĂšre fois son point de vue dans une lettre personnelle Ă  Jordana en , puis le pria Ă  la fin de juillet d’effectuer sans tarder les changements politiques nĂ©cessaires, si l’on voulait que l’Espagne recueille les fruits de sa sagace dĂ©cision de ne pas entrer en guerre ; en enfin, il fit part, sans la moindre ambiguĂŻtĂ©, de ses opinions Ă  son vieil ami et nouveau ministre de tutelle JosĂ© FĂ©lix de Lequerica[30]. À l’étĂ© 1945, il indiqua dans l’un de ses derniers comptes rendus que sa conscience d’ambassadeur ne pouvait ĂȘtre plus tranquille, Ă©tant donnĂ© qu’il avait insistĂ© Ă  de nombreuses reprises auprĂšs des ministres des Affaires Ă©trangĂšres successifs sur « la nĂ©cessitĂ© d’une Ă©volution vers des normes plus en adĂ©quation avec les pays dont on entrevoyait chaque jour plus clairement la future victoire et [sur] le danger que cela comporterait par la suite de ne pas l’avoir fait Ă  temps »[31].

DisgrĂące politique

Le duc d’Albe Ă©tait en 1947 invitĂ© d’honneur au mariage de la princesse Élisabeth et de Philip Mountbatten[32].

La mĂȘme annĂ©e, le , il apposa sa signature au bas d’un manifeste, dit des Vingt-Sept (d’aprĂšs le nombre de ses signataires), qui demandait Ă  Franco de restaurer la monarchie et oĂč sa signature cĂŽtoyait celle de Juan Ventosa, de JosĂ© de Yanguas MessĂ­a, de plusieurs militaires africanistes tels que Fanjul, ainsi que celles de 17 personnalitĂ©s carlistes[33] - [34] - [3]. La rĂ©plique de Franco, insidieuse, consista Ă  Ă©vincer presque en silence de la vie publique tous les procuradores signataires et Ă  leur faire cesser par dĂ©cision immĂ©diate toutes leurs fonctions aux Cortes, de mĂȘme qu’à expulser de la Phalange ceux des signataires qui en Ă©taient membres[35] - [36].

Travaux d’auteur et d’éditeur

Le palais de Liria Ă  Madrid, demeure attitrĂ©e des ducs d’Albe depuis le dĂ©but du XIXe siĂšcle.

Travailleur infatigable, le duc d’Albe voua de nombreuses heures Ă  Ă©tudier son ancĂȘtre le Grand Duc, dont il publia la correspondance sous le titre de Epistolario del III duque de Alba, Don Fernando Álvarez de Toledo (1952-1953), ouvrage comprenant trois volumes et totalisant quelque 1 500 pages. Il se pencha Ă©galement sur la personnalitĂ© de sa tante, l’impĂ©ratrice EugĂ©nie, sur qui il publia plusieurs articles. À la mort du duc, le nombre de publications que comportait le catalogue de la maison d’Albe s’élevait Ă  45, dont des inventaires mĂ©ticuleux de tableaux, de miniatures, d’études de musique, d’épĂźtres et de documents d’intĂ©rĂȘt historique et gĂ©nĂ©alogique[3]. Le duc d’Albe fit Ă©diter Correspondencia de GutiĂ©rrez GĂłmez de Fuensalida, embajador de Alemania, Flandes e Inglaterra (1496-1509) (1907), et Noticias histĂłricas y genealĂłgicas de los Estados de Montijo y Teba (1915, Ă  propos de personnages ayant des liens avec sa famille).

Il fut Ă©galement directeur, puis prĂ©sident de l’AcadĂ©mie royale d'histoire, docteur honoris causa de l’universitĂ© d'Oxford, fut fait chevalier de la grand-croix de l’Ordre de Charles III d'Espagne en 1919 et chevalier de l’Ordre de la Toison d'or en 1926. Il collabora Ă  une multitude de revues, tant espagnoles qu’étrangĂšres, et Ă©tait l’auteur de nombreuses prĂ©faces, qu’il rĂ©digea pour les besoins de diffĂ©rents ouvrages, dont beaucoup rĂ©Ă©ditĂ©s Ă  ses frais. En particulier, on lui doit de nombreux articles parus dans le BoletĂ­n de la Real Academia de la Historia[3].

ƒuvre patrimoniale et mĂ©cĂ©nat

Il eut Ă  cƓur de conserver et de mettre en valeur son patrimoine, en particulier ses biens immobiliers, ainsi que les Ɠuvres d’art, les archives et les bibliothĂšques qui s'y trouvaient. Sa fortune, assainie grĂące Ă  la gestion avisĂ©e de sa mĂšre, fille des ducs de FernĂĄn-NĂșñez, n’atteignait pas les vastes dimensions que lui supposait la croyance populaire. À son initiative et en concertation avec sa fille et unique hĂ©ritiĂšre Cayetana, il entreprit de restaurer, conserver et amĂ©liorer le palais de Liria, Ă©difice nĂ©o-classique sis Ă  Madrid, siĂšge de la maison d’Albe, qui avait Ă©tĂ© endommagĂ© par un incendie pendant la Guerre civile et que sa fille prit ensuite sur elle d’ameubler et de dĂ©corer[3]. À la mort du duc, Ă  qui il ne fut pas donnĂ© d’assister Ă  l’achĂšvement des travaux, c’est sa fille Cayetana qui poursuivit et mena Ă  bonne fin le projet.

MonastĂšre de Loeches (environs de Madrid), hĂ©bergeant depuis 1909 le panthĂ©on de la maison d’Albe.

Sa passion pour les beaux-arts et pour l’histoire, plus particuliĂšrement pour la peinture, passion de laquelle il Ă©tait sans doute redevable Ă  sa mĂšre Rosario FalcĂł et qu’il transmit Ă  sa fille Cayetana, poussa le duc d’Albe Ă  enrichir inlassablement les collections de la maison d’Albe et Ă  rester Ă  tout moment aux aguets afin de saisir chaque possibilitĂ© d’acquisition d’Ɠuvres d’art en Espagne et Ă  l’étranger, parvenant ainsi Ă  enrichir la collection d’Ɠuvres d’art du palais de Liria d’un ensemble de tableaux ayant pour la plupart quelque lien avec ses ancĂȘtres, notamment de la main de peintres tels que Rubens. Il confia Ă  Ignacio Zuloaga le soin de faire le portrait des siens ainsi que de lui-mĂȘme, en un temps oĂč le peintre passait pour excessivement novateur et qu’il coulait, rejetĂ© par l’Espagne, ses jours Ă  Paris. Le goĂ»t de l’étude du passĂ© se renforça chez le duc d’Albe grĂące Ă  son amitiĂ© avec Antonio Maura, avec les arabisants Miguel AsĂ­n Palacios et JuliĂĄn Ribera, avec Manuel GĂłmez-Moreno, avec ElĂ­as Tormo et nombre d’autres historiens, ces amitiĂ©s venant s’ajouter Ă  l’exemple de sa mĂšre, la chercheuse et Ă©ditrice Rosario FalcĂł y Osorio, qui avait commencĂ© la publication des Documentos escogidos del Archivo de la Casa de Alba (littĂ©r. Documents choisis des archives de la maison d’Albe) et avait fait paraĂźtre en 1892 les AutĂłgrafos de CristĂłbal ColĂłn y papeles de AmĂ©rica (littĂ©r. Autographes de Christophe Colomb et papiers d’AmĂ©rique)[3].

En 1909, le duc d’Albe crĂ©a un panthĂ©on pour la maison d’Albe dans la localitĂ© de Loeches (situĂ©e un peu Ă  l’est de Madrid), en adjoignant une chapelle au monastĂšre de l’ImmaculĂ©e Conception, selon les plans de l’architecte Juan Bautista LĂĄzaro, lequel s’était inspirĂ© du monastĂšre d’Escurial.

En plus de ses propres recherches, il faisait aussi Ɠuvre de mĂ©cĂšne, s’efforçant de favoriser les travaux d’autres, attribuant notamment une bourse Ă  l’arabisant (alors encore trĂšs jeune) Emilio GarcĂ­a GĂłmez au Caire. Il subsidia plusieurs publications, telles que celle des trĂšs importantes Mapas españoles de AmĂ©rica: siglos XV-XVII (littĂ©r. Cartes espagnoles de l’AmĂ©rique ; XVe au XVIIe siĂšcle), et permit par son soutien que des professeurs et confĂ©renciers Ă©trangers viennent en Espagne. Il faisait ainsi figure, dĂšs avant la mise en place de la Direction gĂ©nĂ©rale des relations culturelles, de vĂ©ritable agent et promoteur des contacts scientifiques entre l’Espagne et d’autres pays[3].

Vie personnelle et prestations sportives

Le duc d’Albe (à droite) lors d’une partie de polo à Puerta de Hierro, dans la banlieue de Madrid.

Le , Ă  l’ambassade d’Espagne Ă  Londres, Jacobo Fitz-James Stuart y FalcĂł contracta mariage avec MarĂ­a Del Rosario de Silva FernĂĄndez de Ixar Portugal y Guterbey, 10e marquise de San Vicente del Barco, Dame de la Reine auprĂšs de la reine Victoire-EugĂ©nie de Battenberg, fille des ducs d’Aliaga, et hĂ©ritiĂšre du vaste patrimoine de la maison de HĂ­jar, et eut avec elle une fille, Cayetana Fitz-James Stuart, future 18e duchesse d’Albe de Tormes, gĂ©nĂ©ralement dĂ©signĂ©e par le nom de Cayetana de Alba, dĂ©cĂ©dĂ©e en 2014[5].

À l’ñge de 41 ans, il prit part aux Ă©preuves de polo lors des Jeux olympiques de 1920 Ă  Anvers et obtint la mĂ©daille d'argent. L’équipe espagnole, d’allure aristocratique, qui dĂ©crocha ladite mĂ©daille, se composait, outre du duc d’Albe, de son frĂšre cadet Hernando, des frĂšres Álvaro et JosĂ© de Figueroa, fils du comte de Romanones, et de Leopoldo Sainz de la Maza, comte de la Maza.

Le duc d'Albe mourut en Suisse, le , Ă  l’ñge de 74 ans, et fut inhumĂ© dans la chapelle familiale de Loeches, prĂšs de Madrid[37].

Publications de Jacobo Fitz James Stuart y FalcĂł (comme auteur ou Ă©diteur)

(Liste non exhaustive.)

  • (es) Correspondencia de Gutierre GĂłmez de Fuensalida, Embajador en Alemania, Flandes e Inglaterra (1496-1509), Madrid, Imprenta Alemana, , 770 p. (ISBN 978-1173102265).
  • (es) Noticias histĂłricas y genealĂłgicas de los Estados de Montijo y Teba segĂșn los documentos de sus Archivos, Madrid, Imprenta Alemana, .
  • (es) Biblia (Antiguo Testamento). Trad. del hebreo al castellano por RabĂ­ MosĂ© Arragel de Guadalfajara, Madrid, Imprenta ArtĂ­stica, 1920-1922 (en collab. avec A. Paz y MeliĂĄ. Deux tomes).
  • (es) El Mariscal de Berwick. Bosquejo biogrĂĄfico, Madrid, (nĂ©ant), , 538 p..
  • (es) NecrologĂ­a de Don Antonio Paz y MeliĂĄ, Madrid, TipografĂ­a de la Revista de Archivos, .
  • (es) Relaciones de la nobleza con sus pueblos y plan de una codificaciĂłn de las Ordenanzas dadas por los señores a sus vasallos, Madrid, TipografĂ­a Revista de Archivos, .
  • Lettres familiĂšres de l’ImpĂ©ratrice EugĂ©nie, publiĂ©es par les soins du Duc d’Albe, avec le concours de F. de Llanos y Torriglia et Pierre Josserand, prĂ©face de Gabriel Hanotaux, Paris, Le Divan, coll. « Saint-Germain-des-PrĂ©s », , 243 (2 volumes) (trad. espagnole sous le titre Eugenia, Emperatriz, Cartas familiares de la Emperatriz Eugenia, 2 vol. trad. de F. Paz, Barcelone, Ă©d. Imprenta de JoaquĂ­n Gil, 1944).
  • (es) El Virreinato del Conde de Lemos en el PerĂș segĂșn los documentos de la Casa de Alba (1667-1672), Madrid, .
  • (en) The great Duke of Alba as a public servant, Londres, Geoffrey Cumberlege, .
  • (es) El ExcelentĂ­simo Señor Don Ángel GonzĂĄlez Palencia. NecrologĂ­a, Madrid, Impresor y Editor Maestre, .
  • (es) El ExcelentĂ­simo Señor Conde de Rodezno. NecrologĂ­a, Madrid, Impresor y Editor Maestre, .
  • (es) B. de Vargas, Breve relaciĂłn en octava rima de la jornada que ha hecho el Duque de Alba desde España hasta Flandes (Amberes, 1568). ÉditĂ©, prĂ©facĂ© et annotĂ© par Jacobo Fitz James Stuart y FalcĂł & J. LĂłpez de Toro, Madrid, Taller TipogrĂĄfico del Editor Maestre, .
  • (es) Epistolario del III duque de Alba, don Fernando Álvarez de Toledo (1536-1581), Madrid, Diana Artes GrĂĄficas, 1952-1953, 717 (tome I), 831 (tome II) 910 (tome III).

Titres nobiliaires et ascendances

Photo de mariage du duc d’Albe avec la 10e marquise de San Vicente del Barco (octobre 1920).

Le duc d’Albe Ă©tait le plus ancien jacobite encore en vie parmi les descendants en ligne masculine directe de Jacques II d’Angleterre, et Ă©tait considĂ©rĂ© par certains comme l’hĂ©ritier lĂ©gitime du trĂŽne d’Écosse, lors mĂȘme qu’il n’ait jamais exprimĂ© de revendication en ce sens[38] - [39] - [40] - [41]. Son lignage remontait en effet Ă  James Fitz-James, fils naturel du roi Jacques II Stuart et d’Arabella Churchill, qui se vit octroyer en 1688 le titre anglais de duc de Berwick et en 1707 les titres espagnols de duc de Liria et de JĂ©rica, tous titres qui passeront Ă  ses descendants Ă©tablis en Espagne. Attendu qu’Arabella Churchill Ă©tait la sƓur du premier duc de Marlborough, illustre aĂŻeul de Winston Churchill, il appert que ce dernier et Jacobo Fitz-James Stuart y FalcĂł Ă©taient de lointains parents[5].

L’un des plus Ă©minents aristocrates de son Ă©poque, le duc d’Albe Ă©tait, en tant que chef de la maison d’Albe, porteur des vingt-quatre titres de noblesse suivants (parmi lesquels figurent cependant quelques-uns n’appartenant pas Ă  la maison ducale)[42] :

  • 10e duc de Berwick upon Tweed (noblesse anglaise)
  • 10e comte de Tinmouth (titre subsidiaire Ă  celui de duc de Berwick)
  • 10e baron Bosworth (titre subsidiaire Ă  celui de duc de Berwick)
  • 17e duc d’Albe de Tormes (avec grandesse d'Espagne)
  • 2e duc d’Arjona (avec grandesse d’Espagne)
  • 17e duc de HuĂ©scar (avec grandesse d’Espagne)
  • 10e duc de Liria y JĂ©rica (avec grandesse d’Espagne)
  • 11e duc de Montoro (avec grandesse d’Espagne)
  • 13e comte-duc d’Olivares (avec grandesse d’Espagne)
  • Comte de Baños (avec grandesse d’Espagne)
  • Comte de Fuentidueña
  • 11e comte de Lemos (avec grandesse d’Espagne)
  • Comte de LerĂ­n (avec grandesse d’Espagne)
  • Comte de Miranda del Castañar (avec grandesse d’Espagne)
  • Comte de Monterrey (avec grandesse d’Espagne)
  • Comte Conde de Osorno (avec grandesse d’Espagne)
  • Conde de Siruela (avec grandesse d’Espagne)
  • 14e comte d’Ayala
  • Marquis d’El Carpio (avec grandesse d’Espagne)
  • Comte d’Andrade
  • Marquis de Ardales
  • 13e marquis de Barcarrota
  • Marquis de Casarrubios del Monte
  • 18e marquis de Coria
  • Marquis d’Eliche
  • Marquis de Fuentes de Valdepero
    L’impĂ©ratrice EugĂ©nie, tante du duc d’Albe, par Winterhalter. Tableau conservĂ© au palais de Liria.
  • Marquis de Galve
  • Marquis de Gelves
  • Marquis de Mirallo
  • 11e marquis de La Algaba
  • Marquis de La Mota
  • Marquis de Moya
  • 10e marquis d’Osera
  • Marquis de PiedrahĂ­ta
  • Marquis de Salvatierra
  • Marquis de San Esteban de Gormaz
  • Marquis de San Leonardo
  • 15e comte de Santa Cruz de la Sierra
  • Marquis de Sarria
  • Marquis de Tarazona
  • Marquis de Valdunquillo
  • Marquis de Villalba
  • Marquis de Villanueva del Fresno
  • Marquis de Villanueva del RĂ­o
  • Vicomte de la Calzada
  • Seigneur de Moguer
  • ConnĂ©table de Navarre et d’Éibar (avec grandesse d’Espagne)

Le duc d’Albe portait le titre de Gentilhomme Grand d’Espagne avec exercice et servitude (en espagnol Gentilhombre Grande de España con ejercicio y servidumbre) auprĂšs du roi Alphonse XIII, Ă  qui il Ă©tait liĂ© par l’amitiĂ© et par une loyautĂ© indĂ©fectible.

Jacobo Fitz-James Stuart y FalcĂł lĂ©gua le duchĂ© de Montoro Ă  sa fille Cayetana avant que celle-ci n’épouse Luis MartĂ­nez de Irujo y ArtĂĄzcoz.

Distinctions honorifiques

AncĂȘtres du duc d’Albe

16. Jacobo Fitz-James Stuart, V duque de Berwick
8. Carlos Miguel Fitz-James Stuart, XIV duque de Alba
17. MarĂ­a Teresa de Silva y Palafox
4. Jacobo Fitz-James Stuart, XV duque de Alba
18. Luis Ventimiglia, II prĂ­ncipe de Grammonte
9. RosalĂ­a Ventimiglia
19. Leonor Moncada
2. Carlos MarĂ­a Fitz-James Stuart, XVI duque de Alba
20. Felipe Antonio de Palafox y Croy
10. Cipriano Portocarrero, VIII conde de Montijo
21. MarĂ­a Francisca de Sales Portocarrero, VI condesa de Montijo
5. MarĂ­a Francisca de Sales Portocarrero, IX condesa de Montijo
22. Guillermo Kirkpatrick de Closeburn
11. María Manuela Kirkpatrick y Grevigné
23. María Francisca de Grevignée
1. Jacobo Fitz-James Stuart, XVII duque de Alba
24. Pascual FalcĂł, V barĂłn de BenifayĂł
12. Juan Falcó, XIII marqués de Castel Rodrigo
25. MarĂ­a de la ConcepciĂłn ValcĂĄrcel, XI marquesa de Castel-Rodrigo
6. Manuel Falcó, XIV marqués de Almonacir
26. Febo d'Adda, VI marqués de Pandino
13. Carolina d’Adda
27. condesa MarĂ­a Leopoldina de KhevenhĂŒller-Metsch
3. MarĂ­a del Rosario FalcĂł, XXI condesa de Siruela
28. Felipe Carlos Osorio, VI conde de CervellĂłn
14. Felipe MarĂ­a Osorio, VII conde de CervellĂłn
29. MarĂ­a Magdalena de la Cueva y La Cerda
7. MarĂ­a del Pilar Osorio, III duquesa de FernĂĄn-NĂșñez
30. Carlos GutiĂ©rrez de los RĂ­os, I duque de FernĂĄn-NĂșñez
15. Francisca de AsĂ­s GutiĂ©rrez de los RĂ­os, II duquesa de FernĂĄn-NĂșñez
31. MarĂ­a Vicenta de SolĂ­s, VI duquesa de Montellano

Références

  1. Nom complet : Jacobo MarĂ­a del Pilar Carlos Manuel Fitz-James Stuart FalcĂł Palafox-Portocarrero y Osorio.
  2. (es) Emilia Landaluce, « Jacobo Fitz-James Stuart. El hombre mĂĄs importante para la duquesa de Alba », El Mundo, Madrid, Unidad Editorial InformaciĂłn General (S.L.U.),‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  3. (es) Gonzalo Anes y Álvarez de Castrillón, « Jacobo Fitz-James Stuart y Falcó », sur Diccionario biogråfico español, Madrid, Real Academia de la Historia, (consulté le )
  4. Voir fac-similĂ© du certificat de baptĂȘme, sur le site du SĂ©nat espagnol.
  5. J. Avilés Farré (1996), p. 163.
  6. (es) « Stuart Fitz James Falco Portocarrero y Osorio. 43. Elecciones 30.4.1903 », sur Archivo histórico de diputados (1810-1977), Madrid, Congreso de los Diputados
  7. (es) « Stuart Fitz James Falco Portocarrero y Osorio. 44. Elecciones 10.9.1905 », sur Archivo histórico de diputados (1810-1977), Madrid, Congreso de los Diputados
  8. (es) « Stuart Fitz James Falco Portocarrero y Osorio. 45. Elecciones 21.4.1907 », sur Archivo histórico de diputados (1810-1977), Madrid, Congreso de los Diputados
  9. « Stuart Fitz James Falco Portocarrero y Osorio. 46. Elecciones 8.5.1910 », sur Archivo histórico de diputados (1810-1977), Madrid, Congreso de los Diputados
  10. (es) « Stuart Fitz James Falco Portocarrero y Osorio. 47. Elecciones 8.3.1914 », sur Archivo histórico de diputados (1810-1977), Madrid, Congreso de los Diputados
  11. (es) Senado de España, « Fitz-James Stuart, Jacobo (notice personnelle du sénateur) », Madrid (consulté le )
  12. (es) « Stuart Fitz James Falcó Portocarrero y Osorio, Jacobo. 53. Elecciones 12.9.1927 », sur Archivo histórico de diputados (1810-1977), Madrid, Congreso de los Diputados
  13. J. Avilés Farré (1996), p. 164.
  14. (es) « Stuart Fitz James Falco Portocarrero y Osorio. 57. Elecciones 16.3.1943 », sur Archivo histórico de diputados (1810-1977), Madrid, Congreso de los Diputados
  15. J. Avilés Farré (1996), p. 164-165.
  16. J. Avilés Farré (1996), p. 165.
  17. J. Avilés Farré (1996), p. 166.
  18. J. Avilés Farré (1996), p. 166-167.
  19. J. Avilés Farré (1996), p. 167.
  20. J. Avilés Farré (1996), p. 168.
  21. J. Avilés Farré (1996), p. 169.
  22. J. Avilés Farré (1996), p. 170.
  23. J. Avilés Farré (1996), p. 171.
  24. J. Avilés Farré (1996), p. 172.
  25. J. Avilés Farré (1996), p. 173.
  26. (en) Kim Philby, My Silent War, New York, Ballantine, , 218 p. (ISBN 978-0345308436).
  27. J. Avilés Farré (1996), p. 174-175.
  28. J. Avilés Farré (1996), p. 175-176.
  29. J. Avilés Farré (1996), p. 176.
  30. J. Avilés Farré (1996), p. 176-177.
  31. J. Avilés Farré (1996), p. 177.
  32. Royal Collection : Seating plan for the Ball Supper Room
  33. J. M. ThomĂ s (2001), p. 324.
  34. Andrée Bachoud, Franco, ou la réussite d'un homme ordinaire, Paris, Fayard, , 530 p. (ISBN 978-2213027838), p. 249.
  35. (es) Luis Suårez Fernåndez, Franco, Madrid, Planeta DeAgostini, coll. « Biblioteca Guerra Civil », , 560 p. (ISBN 978-8467422023), p. 247.
  36. A. Bachoud (1997), p. 250.
  37. (es) Concha Calleja, « La duquesa de Alba, siempre eterna en Sevilla », El Mundo, Madrid, Unidad Editorial InformaciĂłn General (S.L.U.),‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  38. (en) Lauren Frayer, « Duchess of Alba dies at 88; free spirited Spanish aristocrat », Los Angeles Times, Los Angeles, California Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  39. (en) Ted Jeory, « The lost Queen of Scotland? How the Duchess of Alba could have held the Stuart crown », Daily Express, Londres, Reach plc,‎ (ISSN 0307-0174, lire en ligne, consultĂ© le ).
  40. (en) MarĂ­a Puente, « Fate of the monarchy unclear in an independent Scotland », USA Today, Tysons Corner (Virginie), Gannett,‎ (ISSN 0734-7456, lire en ligne, consultĂ© le ).
  41. (es) Consuelo Font, « Cayetana de Alba, reina de Escocia, un disparate con sentido histĂłrico », El Mundo, Madrid, UnitĂ© Editorial InformaciĂłn General,‎ (ISSN 1697-0179, lire en ligne, consultĂ© le ).
  42. Geneall
  43. BoletĂ­n Oficial del Estado.
  44. (en) « 11415 », The London Gazette,‎ (lire en ligne)

Bibliographie

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