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Intoxication au manganèse

L’intoxication au manganèse (ou « manganisme Â» ou « maladie des soudeurs ») est la consĂ©quence d'une exposition chronique (ou plus rarement aiguĂ«) au manganèse. Dans les cas graves, la maladie fait gĂ©nĂ©ralement suite Ă  l'inhalation d'aĂ©rosols particulaires en contenant[1] ou via l'eau et l'alimentation.

La révolution industrielle a lancé dans les pays industrialisés la production et la consommation d'une grande quantité de ferromanganèse ; à l'origine des premières intoxications et d'une pollution diffuse de l'environnement par diverses formes du manganèse
Inhaler les fumées de soudure (soudure à l'arc notamment) expose le soudeur à l'inhalation de particules fines contenant notamment du manganèse...
La pollution automobile comprend les émissions de particules et de vapeurs issues de la combustion de carburants contenant un composé organométallique à base de manganèse ((méthylcyclopentadiényl)manganèse tricarbonyle) parmi leurs composés antidétonants. Ils sont une source faible et diffuse, mais chronique d'exposition au manganèse, notamment en milieu urbain et près des grands axes routiers
Intoxication au manganèse ou manganisme
Description de cette image, également commentée ci-après
Classification et ressources externes
CIM-10 T57.2
CIM-9 985.2
MeSH D020149

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Cette affection neurodégénérative a été décrite en 1837 par James Couper. Elle est due à la neurotoxicité (irréversible) du manganèse quand il est présent en excès dans l'organisme peut avoir des effets graves (comparables à ceux de la maladie de Parkinson).

Cette maladie a fait l'objet de nombreux recours en justice (par exemple contre les fabricants de produits utilisés pour le soudage à l'arc) dont la responsabilité a été mise en cause. Elle est maintenant reconnue comme maladie professionnelle dans de nombreux pays.

Description de la maladie

Au cours des premières étapes de l’intoxication apparaissent des symptômes neurologiques incluant une réduction de la vitesse de réaction, une irritabilité, des sautes d'humeur et des comportements compulsifs[2] - [3]

Après une exposition prolongée on constate des symptômes plus spécifiques évoquant fortement ceux de la maladie de Parkinson idiopathique (avec laquelle elle est souvent confondue à tort). Mais il existe des différences dans la symptomatologie (caractères du tremblement, par exemple), la réaction au traitement médicamenteux comme la lévodopa, liés à une atteinte des ganglions de la base.

Diagnostic

Le diagnostic différentiel : Il doit faire éliminer plusieurs maladies dégénératives ou auto-immunes aux symptômes proches ou équivalents :

En compléments de tests neurologiques, psychologique et psychomoteurs, pour confirmer le diagnostic et/ou évaluer une exposition récente, le manganèse ou ses composés sont généralement recherchés dans le sang (analyse de sang[4] ou les urines (analyse d'urine).
Une exposition plus ancienne peut être évaluée par le dosage dans les cheveux qui s'avèrent être un indicateur efficace, y compris chez les enfants vivant près de zones à risques de contamination par le manganèse[5], près des mines notamment[6]).

Prévalence

Sa prévalence est encore mal connue en raison d'une confusion facile avec la maladie de parkinson, mais avec la généralisation au XIXe siècle de l'utilisation du ferromanganèse dans la plupart des métaux ferreux produit, l'intoxication au manganèse est devenue un enjeu et un problème important de sécurité du travail.

L’intoxication au manganèse (ou à nombre de ses composés [7]), parfois dénommée “manganisme”[8] est réputée relativement rare, principalement due pour le cas graves à une exposition professionnelle[9].

On ignore les consĂ©quences d'une exposition in utero et tout au long de la vie, ou Ă  des moments clĂ© de la croissance Ă  de faibles doses de manganèse ou de certains de ces composĂ©s (« organomanganèses Â» notamment).

Causes

L'exposition est principalement professionnelle ou liée à un contexte industriel :

  • travail dans les fonderies et l'industrie des mĂ©taux ferreux, ou vie Ă  proximitĂ© ; Dans les contextes professionnels, de manière gĂ©nĂ©rale lors de l’utilisation d’oxydes ou de sels de manganèse[10], de dĂ©mantèlement ou de recyclage des mĂ©taux (mais avec alors des effets moins documentĂ©s). L’intoxication de membres du personnel est connue depuis plusieurs dĂ©cennies et a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© aux États-Unis dans les annĂ©es 1960 [11] ou encore au Japon dans les annĂ©es 1970 par Suzuki & al.[12]). L'exposition peut avoir lieu Ă  divers Ă©tapes des processus industriels :
    • en amont de la filière mĂ©tallurgique, c'est-Ă -dire dans le contexte minier, Ă  la suite de l’inhalation chronique par les mineurs de poussières riches en manganèse. Ce phĂ©nomène est connu au moins depuis les annĂ©es 1950, et par exemple Ă©tudiĂ©e au Maroc en 1955 par Rodier[13] ou au Chili en 1957 par Sculer et al.[14] :
    • au cĹ“ur de la filière, c'est-Ă -dire dans les unitĂ©s de raffinage du minerai, dans les fonderies et aciĂ©ries utilisant du manganèse
    • en aval de la filière, par exemple par exposition Ă  des fumĂ©es de mĂ©tal fondu et de produits utilisĂ©s pour le soudage Ă  l'arc dont la responsabilitĂ© a Ă©tĂ© mise en cause au cours de poursuites judiciaires (les soudeurs ont accusĂ© les fabricants de ne pas les avoir suffisamment mis en garde sur le fait que leurs produits pouvaient entraĂ®ner le dĂ©gagement de fumĂ©es de soudage contenant des concentrations de manganèse suffisant Ă  provoquer l’intoxication de salariĂ©s. Les entreprises qui emploient des soudeurs ont Ă©galement Ă©tĂ© poursuivies, pour la pathologie qui est connue sous le nom familier de « maladie des soudeurs ».
  • exposition au (mĂ©thylcyclopentadiĂ©nyl)manganèse tricarbonyle autrefois associĂ© au plomb dans les carburants, puis encore utilisĂ© comme antidĂ©tonant dans l'essence mais Ă  moindre dose en raison de sa toxicitĂ©, et aussi utilisĂ© comme fongicide pourrait ĂŞtre une source d'exposition Ă  ne pas nĂ©gliger selon Mergler& Baldwin (il Ă©tait au dĂ©but des annĂ©es 2000 en diminution aux États-Unis, mais son utilisation progressait dans les pays pauvres).
  • exposition au methcathinone, une amphĂ©tamine souvent impure et mal prĂ©parĂ©e avec des contrĂ´les de qualitĂ© dĂ©ficients et utilisant le permanganate de potassium comme oxydant, responsable d’une forte concentration de la substance toxique dans la drogue. Cette pratique et les victimes qu’elle provoque sont signalĂ©es dans l'ex-URSS[15]. Une autre drogue illicite, parfois contaminĂ©e par le manganèse est la substance connue sous le sobriquet de "Bazooka", prĂ©parĂ©e par des mĂ©thodes de chimie «free base» Ă  partir de la cocaĂŻne Ă  l'aide de carbonate de manganèse[16].
  • l'eau potable naturellement ou accidentellement contaminĂ©e[17], et un additif du carburant, le methylcyclopentadienyl manganese tricarbonyl (MMT)[18], qui, après combustion, est partiellement converti en phosphate et sulfate de manganèse qui sont mis en suspension dans l'air par les gaz d'Ă©chappement[19] - [20] - [21], et un pesticide, le manganèse Ă©thylène-bis-dithiocarbamate (MANEB)[22].
  • exposition Ă  des sols polluĂ©s (friches industrielles et autres « technosols »[23]...d’oĂą le manganèse peut (re)contaminer le rĂ©seau trophique ou l’eau superficielle ou de la nappe phrĂ©atique[24]

MĂ©canisme physiopathologique

Le manganèse peut affecter la fonction hépatique, mais le seuil de toxicité aiguë est très élevé. D'autre part, plus de 95 % du manganèse est éliminé par excrétion biliaire. Des lésions préexistantes du foie peuvent ralentir ce processus et augmenter sa concentration dans le plasma sanguin[25].Le mécanisme exact de la neurotoxicité du manganèse est incertain, mais il existe des indices orientant vers une interaction du manganèse avec le fer[26] - [27] - [28], le zinc[29], l’aluminium[26] - [29], et le cuivre[29]. Selon un certain nombre d'études un trouble du métabolisme du fer pourrait sous-tendre l'action neurotoxique du manganèse[30].

Il participe à la réaction de Fenton et peut donc induire un stress oxydant, hypothèse corroborée par les éléments de preuve provenant d'études sur des soudeurs atteints de la maladie[31]. Une étude sur des travailleurs exposés a montré qu'ils avaient nettement moins d'enfants[32]. Cela peut indiquer qu’une accumulation à long terme de manganèse affecte la fécondité. Chez l’animal des femelles gravides recevant à maintes reprises de fortes doses de manganèse présentaient des malformations dans leur descendance à une fréquence nettement plus élevée par rapport aux cas contrôles[33].

Traitement

Le traitement de base actuel de l’intoxication au manganèse est la lévodopa et la chélation par l’EDTA, deux méthodes qui ont - au mieux - une efficacité limitée et transitoire.

  • Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que la compensation du dĂ©ficit en dopamine par la lĂ©vodopa (aussi utilisĂ©e pour pallier le dĂ©ficit en dopamine dans la maladie de Parkinson) permettait initialement d'amĂ©liorer les symptĂ´mes extrapyramidaux[34] - [35] - [36],mais la rĂ©ponse au traitement diminue au bout de 2 ou 3 ans[37],avec une aggravation des symptĂ´mes des mĂŞmes patients observĂ©e jusqu’à dix ans après la dernière exposition au manganèse[38].
  • L'augmentation de l'excrĂ©tion du manganèse initiĂ©e par la chĂ©lation abaisse le taux sanguin, mais les symptĂ´mes demeurent largement inchangĂ©s, ce qui pose des questions sur l'efficacitĂ© rĂ©elle de cette forme de traitement[39] - [40].

Histoire médicale

Elle a été identifiée pour la première fois en 1837 par James Couper quand il étudiait les effets toxicologiques du péroxyde de manganèse[41].

Les effets de l'intoxication chronique sont scientifiquement démontrée depuis au moins 40 ans [42] - [43].

Une exposition plus brève à de fortes doses de poussière de manganèse ou de certains de ses composants semble aussi être une source de risque accru de développer la maladie de Parkinson[44]. Cette donnée provient d’observations faites dans une fonderie dont le système d’aération est tombé en panne et n’a pas été réparé durant 8 mois, période suivie d’une augmentation anormale du nombre de cas de maladie de Parkinson. Les six ouvriers concernés avaient été exposés chaque jour durant une demi-heure à un air contenant plus de 28 mg de manganèse par mètre cube d’air). Après réparation le taux de manganèse dans l’air a chuté à 4 mg/m3, et aucun nouveau cas n’a été signalé[44].

Les modes d'action toxiques et écotoxiques du manganèse et de ses composés (organométalliques notamment) comportent encore des incertitudes. La dose journalière alimentaire à ne pas dépasser (pour l'EPA en 1995) est de 0,14 mg/kg/jour aux États-Unis et de 0,05 mg/kg/jour pour les sources non-alimentaire (apports via l'eau ou le sol) [45].

Notes et références

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  4. Tsalev DL, Langmyhr FJ, Gunderson N. (1977) Direct atomic absorp- tion spectrometric determination of manganese in whole blood of unexposed individuals and exposed workers in a Norwegian manganese alloy plant. Bull Environ Contan Toxicol; 17:660-6.
  5. Menezes-Filho, J. A., Paes, C. R., de C Pontes, Ă‚. M., Moreira, J. C., Sarcinelli, P. N., & Mergler, D. (2009). High levels of hair manganese in children living in the vicinity of a ferro-manganese alloy production plant. Neurotoxicology, 30(6), 1207-1213.
  6. Riojas-RodrĂ­guez H, SolĂ­s-Vivanco R, Schilmann A, Montes S, RodrĂ­guez S, RĂ­os C, RodrĂ­guez-Agudelo Y. (2010 ), Intellectual function in Mexican children living in a mining area and environmentally exposed to manganese Environ Health Perspect. Oct 2010 ; 118(10):1465-70.
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  8. Smyth LT, Ruhf RC, Whitman NE, Dugan T. Clinical manganism and exposure to manganese in the production and processing of ferromanganese alloy. J Occup Med 1973;15:101-9.
  9. Saric M, Markicevic A, Hrustic 0. Occupational exposure to manganese. Br J Ind Med 1973;34:114-8
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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