Accueil🇫🇷Chercher

Henri Farge

Henri Farge est un artiste peintre et graveur aquafortiste et sur bois français né à Paris 8e le . Il vécut à Paris, successivement rue des Vignes, rue de Lille, avenue de Versailles, enfin rue des Plantes. Il est mort à Créteil le [1].

Henri Farge
Naissance
Décès
Nom de naissance
Henri Auguste Élysée Farge
Nationalité
Française
Activité
Formation
Mathématiques en Sorbonne, autodidacte en peinture
Distinction

Biographie

Henri Auguste Élysée Farge est le fils de l'architecte Laurent Farge dont le nom reste associé à la construction d'immeubles parisiens (le no 23 bis, rue Dufrenoy en 1890, les no 4-6, rue Desbordes-Valmore en 1895) et de l'hôtel de ville de Trouville-sur-Mer en 1911. Baptisé en l'église Saint-Augustin, Henri est successivement élève du Lycée Carnot de Paris et du Lycée Michelet de Vanves.

Le jeune mathématicien

Quoique remarqué au Lycée Michelet par son professeur de dessin qui le fait travailler à part, c'est sa réputation d'élève brillant en tout, de « bête à concours » qui l'emporte dans l'immédiat sur sa vocation artistique: cinq fois envoyé au Concours général (mathématiques, chimie, géométrie, histoire, géographie), il passe ses baccalauréats avec mention et est admis en 1902 à l'École polytechnique[2].

Promis à une carrière de « grand matheux », Henri Farge quitte pourtant le giron familial pour s'installer en toute indépendance dans un modeste atelier du boulevard Raspail. Il poursuit ses études à la Sorbonne, est un élève apprécié des mathématiciens Henri Poincaré et Émile Picard, se faisant assistant en mathématiques au Lycée Michelet afin de pourvoir aux nécessités alimentaires. Affecté au Génie, il effectue son service militaire à Versailles où il est chargé de conférences sur l'eau lourde auprès des jeunes officiers, bénéficiant d'une bienveillante libération anticipée pour finaliser ses études en Sorbonne et se trouver en 1906 muni de trois licences[2].

Entrée dans le monde littéraire et artistique

Henri Farge rejoint alors le cercle des jeudis littéraires qu'anime au Bar de la Paix (à proximité de l'Opéra Garnier et du Café de la Paix) Paul-Jean Toulet, y retrouvant entre autres Edmond Jaloux, Eugène Marsan, Jacques Boulenger, François Fosca, Jean Giraudoux, et surtout celui qui restera son ami, Jean-Louis Vaudoyer. Dans ce contexte, Henri Farge écrit, lui aussi: on cite un livret publié en 1912 et aujourd'hui introuvable, Enquête sur la jeunesse, la peinture - Les artistes, dont il est l'auteur. Marié à Madeleine, d'origine genevoise - « une toute petite femme très bien faite, aux grands yeux bleus » remarquera Rainer Maria Rilke qui la croisera à Venise[3] - ils partent ensemble en 1912 en Italie où le couple se lie d'amitié avec Henri de Régnier[3] - [4] et où notre jeune artiste étudie les « grands anciens » tout en préparant son exposition de chez Eugène Druet, précisément sur le thème de Venise et de l'Italie[5]. De son côté, plus tard, en 1927, Henri de Régnier dédiera ses Contes vénitiens à Madeleine Farge[6].

Guerre 1914-1918, La Roumanie douloureuse

La Première Guerre mondiale envoie le lieutenant d'artillerie Henri Farge dans les Carpathes: avec la mission Berthelot, il débarque à Arkhangelsk pour rejoindre, en traversant la Russie du nord au sud, l'armée roumaine au combat contre les Allemands. De cet épisode difficile, il fait mémoire au travers d'une suite d'estampes et de lavis intitulés La Roumanie douloureuse, souvenirs. L'ambassadeur de France en Roumanie, le Comte de Saint-Aulaire, initiateur par son accord avec Ferdinand Ier (roi de Roumanie) de la mission Berthelot, se souviendra dans ses mémoires de Henri Farge qu'un temps après la guerre il garde auprès de lui à la Légation de Iași[7].

Peintre et graveur

Revenant à Paris, notre artiste s'installe rue des Vignes. Sa peinture et ses monotypes, exposés en à la Galerie Devambez, s'orientent déjà vers ce qui demeurera l'un de ses thèmes récurrents: les Quais de la Seine, les perspectives qu'ils offrent sur les ponts de Paris, leur animation restituée par les mouvements de foules, leurs bouquinistes ou leurs personnages pittoresques saisis sur le vif (La folle du Pont des Arts). À partir de 1923, Henri Farge fait partie du cercle d'artistes (avec Pierre Brissaud, Edgar Chahine, Jean Droit, Tsugouharu Foujita et Alméry Lobel-Riche) qui travaillent étroitement avec Édouard Chimot, nouveau directeur artistique des Éditions d'art Devambez, à l'enrichissement par la gravure d'ouvrages littéraires. Après un voyage aux États-Unis en 1924 - il y rencontre Bernard Boutet de Monvel dont il restera l'ami - il part pour Constantinople afin de documenter son illustration par l'eau-forte, en 1926 chez Devambez, de L'homme qui assassina, roman de Claude Farrère[2]. Il illustre ensuite un autre livre situé de même à Constantinople, Aziyadé de Pierre Loti[8].

Henri Farge « fait preuve dans sa peinture d'un don très vif d'observation, décrivant des scènes pittoresques » qui demeurent un « témoignage des époques et des lieux qui les ont inspirées »[9]. Il est de fait à Paris acteur la vie mondaine: « chroniqueur de son temps, il est de toutes les fêtes,de toutes les expositions et de tous les spectacles. Il aime le monde. Partout, il est reçu avec enthousiasme et il est fêté. Il reçoit écrivains et artistes, les sorties n'altérant pas son ardeur au travail: ses carnets, ses croquis laissent deviner sa ténacité et son souci de ne rien laisser au hasard »[2].

On dit[2] que c'est la montée de l'École de Paris, en laquelle il ne se reconnaît pas, qui le fait se retirer dans la solitude de son atelier où, malgré les visites d'un fidèle ami et admirateur, Jean Carzou, il tombe dans l'oubli jusqu'à la dispersion de son atelier à l'Hôtel Drouot en , treize ans après son décès. Cependant, « Grand, élancé, désinvolte et racé, les yeux bleus, une chevelure blonde et rebelle, d'une élégance raffinée, il gardera jusqu'à ses derniers jours l'allure d'un personnage de la Belle Époque. Il demeure une des figures hautes en couleur de la société parisienne de son temps »[2].

Ĺ’uvre

Lavis

  • La Roumanie douloureuse - souvenirs, vingt-cinq planches.

Dessins

  • Paul-Jean Toulet sur son lit de mort, , dessin 24 Ă— 28 cm, reproduit en fac-similĂ© dans le livre de Henri Martineau La vie de Paul-Jean Toulet, co-Ă©dition Le Divan Paris - Clouzot Niort, 1921[10].

Peintures

Ouvrages bibliophiliques

  • Paul Verlaine, Les Amies - six sonnets consacrĂ©s aux amours saphiques, sept planches hors-texte dessinĂ©es par Henri Farge et gravĂ©es par LĂ©on Marotte, 25 exemplaires numĂ©rotĂ©s sur papier Japon, 200 exemplaires numĂ©rotĂ©s sur papier vĂ©lin d'Arches, Éditions A. Messein, 1921.
  • Eugène Marsan, Les cannes de M. Paul Bourget et le bon choix de Philinte, petit manuel de l'homme Ă©lĂ©gant suivi de portraits en rĂ©fĂ©rence, dessins de Henri Farge gravĂ©s par Georges Aubert, Éditions Le Divan, Paris, 1923[12].
  • Johan Ludvig Runeberg (prĂ©face du Baron Ernest Seillière), Nadeschda - Scènes de la vie russe, cinq eaux-fortes et neuf bois gravĂ©s de Henri Farge, Éditions G. Servant, 1924.
  • Voltaire, Contes en vers et premiers contes en vers , eaux-fortes Ă  l'aquatinte de Henri Farge, 302 exemplaires, Éditions L. Delteil, Paris, 1925.
  • Claude Farrère, L'homme qui assassina, quinze eaux-fortes dont sept hors-texte en couleurs par Henri Farge, Éditions d'art Devambez, Paris, 1926.
  • Pierre Loti, AziyadĂ©, vingt-deux aquarelles, dont un frontispice et cinq culs-de-lampe de Henri Farge reproduites aux pochoirs par SaudĂ©, 225 exemplaires numĂ©rotĂ©s, Éditions AndrĂ© Plicque, 1928.

Revues illustrés

Expositions

Expositions personnelles

  • Galerie Druet, , .
  • Galerie Goupil, Paris, .
  • Galerie Devambez, Paris, , [15].
  • La peinture, la politique, le monde et la mode, 1926-1933 - Monotypes, pastels et estampes de Henri Farge, Galerie Durand-Ruel, .
  • Monotypes by Henri Farge, Durand-Ruel Galleries, New-York, 1933, 1944.
  • Galerie Piermever, Paris, , .
  • Galerie 34 Matignon, Paris, .
  • Claude Robert, commissaire-priseur, vente de l'atelier Henri Farge, HĂ´tel Drouot, Paris, [16].

Expositions collectives

RĂ©ception critique

  • « Dans les sujets qu'il choisit et qu'il traite, Henri Farge emploie ses doubles qualitĂ©s d'Ă©lĂ©gance et de soliditĂ©. L'amitiĂ© pourrait contredire dans l'occasion la libertĂ© de notre jugement, mais ces derniers ouvrages nous offrent Ă  coup sĂ»r le bonheur d'un beau voyage en Italie. Ce n'est pas lĂ  le voyage d'un exaltĂ© ou d'un pĂ©dant, partant avec des emphases toutes faites ou des thĂ©ories prĂ©conçues, mais le voyage d'un artiste aussi sensible qu'avisĂ©, très français (puisque ce mot est Ă  la mode), que la beautĂ© touche d'une façon naturelle et qui se laisse joyeusement guider par elle, dans l'endroit du monde oĂą elle s'est le mieux rĂ©vĂ©lĂ©e. » - Jean-Louis Vaudoyer[5]
  • « Il avait peint Édith Piaf alors qu'elle n'Ă©tait encore que la mĂ´me Piaf. Il l'avait devinĂ©e et l'avait dĂ©jĂ  placĂ©e dans la ville oĂą elle devait triompher. Tout est de la mĂŞme veine chez cet imagier de la rue parisienne, qu'il s'agisse du Quai aux Fleurs, du Pont Neuf ou de la Folle du Pont des Arts. » - R.W. de Cazenave[21]
  • « Henri Farge est un peintre aux multiples facettes. Dans la gravure, Henri Farge, chroniqueur de la vie parisienne, partage le don de la grâce avec Jean Émile Laboureur .Il y a dans leur art un souci d'Ă©lĂ©gance très particulier qui reflète leur personnalitĂ©. Tous deux ont eu la rĂ©putation d'ĂŞtre dandy. Leur vertu commune est la finesse du trait. L'un et l'autre se veulent aimables mais sans aucune concession Ă  la frivolitĂ©. Ils pratiquent l'eau-forte et la pointe sèche avec un Ă©gal bonheur. Dans l'aquarelle, Farge emprunte Ă  Gavarni une Ă©criture alerte et gracieuse. Tous deux ont personnifiĂ© Ă  merveille l'esprit parisien de leur charmante Ă©poque de danseuses et de demi-mondaines. On les a d'ailleurs traitĂ©s l'un et l'autre de "Gavroche de l'art". Dans la peinture, au contraire, Farge se rapproche de la profondeur de vision et de la puissance d'expression de Daumier. La palette d'Henri Farge, Ă  la pâte dense et torturĂ©e, aux couleurs sombres et mordorĂ©es, peut faire songer aux grands peintres de mĹ“urs du XIXe siècle. » - Claude Robert[22]

Prix et distinctions

  • MĂ©daille d'argent, Salon des artistes français, 1966[9].

Collections publiques

France

Drapeau du Canada Canada

États-Unis

Collections privées

  • Samuel Loti-Viaud, AziyadĂ©.
  • James Bergquist (de), Les contes de Voltaire..
  • Edward C. Crossett, estampes.

Notes et références

  1. Acte de naissance à Paris 8e, n° 14, vue 3/32, avec mentions marginales de trois mariages à Paris en 1910, 1924 et 1949, et du décès à Créteil en 1970.
  2. J. R., Henri Farge - La peinture, la politique, le monde et la mode, in Catalogue de la vente de l'atelier Henri Farge, Claude Robert, Paris, 18 juin 1984.
  3. Patrick Besnier, Henri de Reigner, de Mallarmé à l'Art Déco, Fayard, 2015.
  4. Adéline Leguy, Henri de Régnier et Venise, thèse de doctorat de l'université du Maine, juin 2002
  5. Jean-Louis Vaudoyer, Exposition Henri Farge, Éditions Galerie Eugène Druet, 1912.
  6. Henri de Régnier, Contes vénitiens collection électronique de la Médiathèque André-Malraux de Lisieux
  7. Comte de Saint-Aulaire, Confessions d'un vieux diplomate, Flammarion, 1953.
  8. Traces écrites, Le peintre Henri Farge se remémore son voyage à Istanbul, lettre manuscrite, 17 mai 1960
  9. Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, tome 5, page 302.
  10. Médiathèque intercommunale Pau-Pyrénées, Pau, Paul-Jean Toulet sur son lit de mort, dessin de Henri Farge
  11. Papillon Gallery, Jos Hessel, le tableau
  12. La mesure de l'excellence, A propos du livre d'Eugène Marsan et des dessins de Henri Farge sur le haut-de-forme
  13. Revues littéraires, Le recueil pour Ariane ou le pavillon dans un parc, dix numéros quadrimestriels parus entre l'automne 1911 et l'hiver 1914
  14. Revue L'Illustration, Histoire de l'Illustration - l'automobile Voir année 1934.
  15. « Les expositions - Galerie Devambez : Henri Farge, dessins, aquarelles, eaux-fortes », L'Art et les Artistes, tome VIII, 1923-1924, p. 165.
  16. La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°23, 8 juin 1984, page 30.
  17. Les Introuvables (janvier 2008), Le Salon de l'Araignée dans le Journal littéraire du 2 mai 1924
  18. François Fosca, « Le Salon des Tuileries », L'Amour de l'art, supplément au n°5, mai 1927.
  19. Art Institute of Chicago, The fifteenth international water color exhibition, catalogue, 1936
  20. The Portal of Texas History, Texas Centennial Exhibition - Foreign water colors, catalogue, 1936
  21. R.W. de Cazenave, in L'illustration artistique - Petite encyclopédie des arts, vers 1963, repris in Catalogue de vente de l'atelier Henri Farge, 1984.
  22. Claude Robert, Henri Farge, peintre aux multiples facettes, in Catalogue de la vente de l'atelier Henri Farge, HĂ´tel Drouot, 18 juin 1984.
  23. Hobart and William Smith Colleges, Davis Gallery, Henri Farge dans les collections, donation Edward T. Pollack, Portland (Maine)
  24. Clark Art Institute, Williamstown, Henri Farge dans les collections du musée
  25. Hampshire College Art Gallery (Five Colleges and Historic Deerfield Museum Consortium), Henri Farge dans les collections

Annexes

Bibliographie

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.