Guerres daciques de Trajan
Les guerres daciques de Trajan sont deux campagnes militaires de l'empereur romain Trajan contre le royaume dace de Décébale en 101-102 et 105-106. Elles aboutissent, en l'an 106, à l'annexion du royaume dace et à la création d'une nouvelle province, la Dacie romaine.
Date | 101-102 et 105-106 |
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Lieu | Dacie et MĂ©sie romaine |
Issue | Annexion du royaume dace par l'Empire romain et création de la province de Dacie romaine. |
Daces | Empire romain |
Décébale | Trajan |
~40 000 guerriers Ă la premiĂšre guerre[N 1]. ~15 000 guerriers Ă la seconde[N 1]. AlliĂ©s Bures, Roxolans et Bastarnes Ă la premiĂšre, peut-ĂȘtre les Iazyges Ă la deuxiĂšme. | ~150 000 lĂ©gionnaires, prĂ©toriens et auxiliaires engagĂ©s Ă la premiĂšre guerre. ~200 000 lĂ©gionnaires, prĂ©toriens et auxiliaires engagĂ©s Ă la seconde. |
Guerres daciques de Trajan
Batailles
Seconde bataille de Tapae (101)
Bataille d'Adamclisi (hiver 101/102)
SiĂšge de Sarmizegetusa (106)
Les campagnes de Trajan font partie du conflit plus large opposant le peuple des Daces, qui occupe les montagnes des Carpates, Ă lâEmpire romain, sous les rĂšgnes des empereurs Domitien et Trajan : les guerres daciques. Entre 85 et 89, Domitien a menĂ© plusieurs campagnes contre les Daces Ă la suite de l'attaque de ces derniers, campagnes qui se sont conclues par un traitĂ© plutĂŽt avantageux pour le royaume dace unifiĂ©.
Une premiĂšre guerre est engagĂ©e par Trajan pour venger les dĂ©faites subies quinze ans plus tĂŽt par Domitien durant laquelle il entreprend de pĂ©nĂ©trer dans le territoire dace pour intimider les Daces et peut-ĂȘtre dans le but de prĂ©parer une annexion. AprĂšs une contre-attaque en MĂ©sie romaine des Daces et de leurs alliĂ©s, qui sont notamment vaincus Ă la bataille d'Adamclisi, le roi dace DĂ©cĂ©bale doit capituler mais prĂ©serve son pouvoir et la majoritĂ© de son territoire. Une deuxiĂšme guerre se dĂ©clare quelques annĂ©es plus tard Ă la suite de l'attaque des territoires daces sous contrĂŽle romain et de la MĂ©sie par DĂ©cĂ©bale. Câest Ă lâissue de cette guerre que le royaume dace est finalement annexĂ©, DĂ©cĂ©bale s'Ă©tant suicidĂ©, et la province romaine de Dacie est crĂ©Ă©e.
Cette annexion, cependant, a posĂ© au fil des annĂ©es un problĂšme stratĂ©gique qui ne connaĂźt pas de solution dĂ©finitive. La rĂ©gion annexĂ©e, situĂ©e au nord du Danube, est difficile Ă dĂ©fendre contre les incursions barbares et nĂ©cessite la mobilisation de nombreux soldats, jusquâĂ 50 000, ce qui gĂ©nĂšre des dĂ©penses que lâexploitation des mines dâor daces ne suffit plus Ă couvrir.
Contexte historique
L'Europe centrale au Ier siĂšcle
Rome est maĂźtresse de tout le bassin mĂ©diterranĂ©en. En Europe centrale, ses conquĂȘtes se sont stabilisĂ©es autour des deux grands bassins fluviaux du Rhin et du Danube. Le royaume de Dacie est le seul Ă©tat organisĂ© dans cette rĂ©gion, profitant de territoires riches en mines dâor et dâargent.
Politique militaire de Domitien
Les deux premiĂšres annĂ©es du rĂšgne de Domitien sont marquĂ©es par des problĂšmes de politique interne qui conduisent Ă une premiĂšre vague de dĂ©portations et dâexĂ©cutions. Parmi les victimes de cette premiĂšre purge, on trouve Titus Flavius Sabinus et un certain nombre de proches du dĂ©funt frĂšre de Domitien, Titus[s 1]. Domitien adopte une politique extĂ©rieure extrĂȘmement agressive, principalement en Occident, oĂč il entreprend une sĂ©rie de longues guerres sur les confins de lâEmpire, voulant ainsi rendre plus sĂ»res ses frontiĂšres et se couvrir de gloire militaire[s 2].
En 83, Domitien se rend Ă Mayence, dâoĂč il dirige une expĂ©dition contre les Chattes, en rĂ©ponse Ă lâattitude de plus en plus menaçante de ce peuple qui devient dangereux pour la province frontaliĂšre et conquiert la rĂ©gion des monts Taunus et des Champs DĂ©cumates. Cette expĂ©dition offre Ă Domitien lâoccasion de renforcer sa position grĂące Ă la gloire quâil tire de ses victoires militaires[c 1]. LâexpĂ©dition est un succĂšs et se conclut par la reddition sans condition des Chattes. Domitien prend le surnom de Germanicus et des piĂšces de monnaie sont frappĂ©es de la devise « Germania capta[c 2] ». Bien que les gains territoriaux ne soient pas trĂšs importants, Domitien parvient Ă propager lâidĂ©e quâil a rĂ©ussi lĂ oĂč Auguste lui-mĂȘme a Ă©chouĂ©[s 2].
La politique de plus en plus sĂ©vĂšre suivie par Domitien Ă lâencontre des tribus barbares vivant le long de la frontiĂšre a pu conduire un certain Diurpaneus[N 4], un chef des Daces, Ă former une coalition contre Rome et, durant lâhiver 84/85[a 1] - [1] ou pendant lâĂ©tĂ© 85, Ă mener lâinvasion de la province de MĂ©sie[s 3]. Les circonstances exactes de cette invasion et les motivations du chef dace demeurent nĂ©anmoins mystĂ©rieuses[s 4] - [c 3]. Le gouverneur Caius Oppius Sabinus est tuĂ© dans les combats et de nombreux forts auxiliaires le long du Danube sont dĂ©truits. La province de MĂ©sie est livrĂ©e aux pillages.
Campagnes daciques de Domitien
Domitien rĂ©unit immĂ©diatement les troupes des provinces environnantes, y compris celles de Pannonie et de Germanie supĂ©rieure, et se rend en personne en MĂ©sie. Les acclamations de Domitien par ses troupes suggĂšrent que les envahisseurs sont repoussĂ©s au-delĂ du Danube en 85. Domitien retourne ensuite Ă Rome oĂč il cĂ©lĂšbre un triomphe dĂ©but 86[s 5].
Durant lâĂ©tĂ© 86 est lancĂ©e une expĂ©dition punitive en Dacie, menĂ©e par le prĂ©fet du prĂ©toire Cornelius Fuscus, afin de venger la mort de Sabinus et le ravage de la province romaine. LâarmĂ©e traverse le Danube sur un pont de bateaux, probablement Ă Oescus. Elle longe ensuite le cours de lâOlt et atteint le col Turnu RoÈu qui permet dâaccĂ©der au cĆur du royaume dace. LâarmĂ©e est alors prise en embuscade et dĂ©faite par les Daces. Cornelius Fuscus est tuĂ© dans les combats. Les Daces de Diurpaneus sâemparent de tout lâĂ©quipement de la troupe romaine et font de nombreux prisonniers. La nouvelle de la dĂ©faite se propage rapidement au sein des tribus du Danube ennemies de Rome et affaiblit la position de lâempereur Domitien. La mĂȘme annĂ©e, ce dernier retourne en MĂ©sie afin de mettre sur pied une nouvelle expĂ©dition. Celle-ci est commandĂ©e par Marcus Cornelius Nigrinus et a pour objectif lâĂ©limination de Diurpaneus. Fin 86, Domitien rentre de nouveau Ă Rome mais sâabstient cette fois-ci de cĂ©lĂ©brer un triomphe[s 6]. L'empereur subdivise l'importante province de MĂ©sie en deux : la province supĂ©rieure Ă l'ouest et la province infĂ©rieure Ă l'est[r 1].
Pendant ce temps, en Dacie, Duras, chef des tribus du sud-ouest du royaume, se retire au profit de son parent DĂ©cĂ©bale[s 7]. Certains historiens pensent que Duras et Diurpaneus sont la mĂȘme personne[2] - [3], hypothĂšse soutenue par Karl Christ[c 3] mais rejetĂ©e fermement par Karl Strobel[s 8], par ailleurs DĂ©cĂ©bale se nomme aussi Diurpaneus et est souvent considĂ©rĂ© comme Ă©tant une seule et mĂȘme personne.
Avec DĂ©cĂ©bale, câest un roi charismatique et fin nĂ©gociateur, politiquement et militairement hautement qualifiĂ©, qui monte sur le trĂŽne. DĂ©cĂ©bale adopte Ă lâĂ©gard de Rome une attitude dâabord neutre mais il est vite devenu Ă©vident quâaucun accord ne pourrait ĂȘtre trouvĂ©. Domitien rĂ©pond Ă cet Ă©vĂ©nement par une restructuration massive des provinces danubiennes et de nouveaux projets de guerre[s 8] - [c 3].
Un an plus tard, le lĂ©gat Lucius Tettius Iulianus entre dans le Banat et se dirige vers Sarmizegetusa, centre du pouvoir dace. MalgrĂ© plusieurs succĂšs, entre autres la victoire Ă Tapae, Tettius Iulianus nâest pas en mesure de profiter de son avantage[r 1], peut-ĂȘtre Ă cause de pertes trop importantes ou parce que la saison est trop avancĂ©e[c 3].
Pendant la guerre en Dacie, les tribus germaniques des Quades et des Marcomans nâont pas respectĂ© leur obligation de fournir des troupes aux Romains, ce qui annule de fait les foedera conclut avec ces peuples. Le danger reprĂ©sentĂ© par ces tribus rebelles a Ă©tĂ© anticipĂ© par Domitien avant la guerre en Dacie et celui-ci lance une expĂ©dition punitive en 89 (premiĂšre guerre de Pannonie). Cette expĂ©dition est un Ă©chec aux multiples consĂ©quences : les Iazyges, tĂ©moins de la dĂ©faite des troupes romaines, se dĂ©cident Ă entrer en guerre[c 3] - [r 1] et la rĂ©putation de Domitien sâaffaiblit encore Ă Rome oĂč, Ă©tant prĂ©sent sur le terrain, on le tient pour personnellement responsable. LâĂ©cart entre la reprĂ©sentation en gĂ©nĂ©ral victorieux de lâempereur et la rĂ©alitĂ© sur le terrain devient Ă©vident[c 4].
AprĂšs avoir essuyĂ© ces nombreux revers, Domitien nâa dâautre choix en 89 que de trouver un compromis de paix avec DĂ©cĂ©bale pour gagner du temps. Le point central de ce compromis est la reconnaissance de DĂ©cĂ©bale comme roi vassal de toute la Dacie. Le traitĂ© comprend Ă©galement le versement de subsides et lâenvoi dâingĂ©nieurs romains. DĂ©cĂ©bale est alors en mesure dâunir tout le royaume de Dacie, une premiĂšre depuis le rĂšgne de Burebista, mort en 44 av. J.-C.[s 9]. Il s'agit d'un statu quo pour l'Empire romain[r 1].
Une fois la paix signĂ©e avec les Daces, Domitien tente, par voie diplomatique, dâattaquer par lâarriĂšre les Marcomans et les Quades. Ceux-ci rĂ©pliquent en renouvelant leur alliance avec les Iazyges et en pĂ©nĂ©trant dans lâEmpire en 92. AprĂšs quâils ont anĂ©anti la Legio XXI Rapax, Domitien se rend personnellement sur le front afin de stabiliser la situation. Sa victoire sur les Iazyges est complĂšte, ces derniers resteront confinĂ©s sur leur territoire jusquâen 105/106 ou 107/108[s 4]. Cependant, des batailles ultĂ©rieures contre les Quades et les Marcomans ne sont pas dĂ©cisives et aboutissent Ă un cessez-le-feu (seconde guerre de Pannonie).
Campagnes daciques de Trajan
Les sources disponibles
De nombreux Ă©vĂ©nements ayant eu lieu durant les guerres daciques de Trajan sont reprĂ©sentĂ©s sur la colonne Trajane Ă Rome[r 2]. Cependant, lâinterprĂ©tation de ces reliefs nâest pas chose aisĂ©e car les reprĂ©sentations ont servi Ă des fins de propagande et sont souvent idĂ©alisĂ©es[4]. De plus, de nombreuses rĂ©fĂ©rences Ă©crites Ă lâĂ©poque de Trajan sont perdues, notamment les Commentarii De Bellis Dacicis, Ă©crits par Trajan lui-mĂȘme[s 10]. Les sources Ă©crites qui nous sont parvenues donnent assez peu de dĂ©tails. Il s'agit notamment des fragments et rĂ©sumĂ©s byzantins de lâĆuvre de Dion Cassius, parfois obscurs et trĂšs incomplets[r 2] - [p 1]. Quelques donnĂ©es archĂ©ologiques viennent complĂ©ter et permettent de confronter les sources disponibles[r 2].
Prélude à la guerre (98-100)
Une fois la pourpre impĂ©riale obtenue, Trajan reste pendant plus dâun an et demi le long du limes rhĂ©no-danubien, de sorte que son entrĂ©e dans Rome, capitale de lâEmpire, nâa lieu quâen octobre 99. Durant tout ce temps, Trajan a eu le temps de rĂ©flĂ©chir Ă la politique Ă©trangĂšre quâil allait adopter et notamment de la conquĂȘte possible du royaume de Dacie dont la montĂ©e en puissance constitue une menace de plus en plus pesante si prĂšs des frontiĂšres de lâEmpire. La paix signĂ©e par Domitien avec DĂ©cĂ©bale, avec le versement de subsides et l'aide d'ingĂ©nieurs romains, est une situation humiliante pour l'Empire, tout comme la reconnaissance d'un seul et unique roi des Daces, qui permet l'union de tout un royaume Ă la frontiĂšre des provinces romaines. Lâempereur a Ă©galement besoin dâun succĂšs militaire pour asseoir sa lĂ©gitimitĂ©[s 11].
« AprÚs un séjour de quelque temps à Rome, [Trajan] entreprend une expédition contre les Daces, songeant à leur conduite, affligé du tribut qu'ils reçoivent tous les ans, et voyant avec leurs troupes s'augmenter leur orgueil[N 5]. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 6, 1 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
Selon les empereurs romains, seule une « guerre juste » peut ĂȘtre menĂ©e (bella iusta). Officiellement, câest donc le comportement du roi dace DĂ©cĂ©bale qui provoque la guerre, accusĂ© dâavoir violĂ© les dispositions du traitĂ© de paix de 89[s 12].
Cependant, les causes profondes de la guerre sont plutĂŽt Ă chercher dans la volontĂ© dâĂ©viter la formation dâun royaume dace trop puissant qui constitue une menace pour la stabilitĂ© de la frontiĂšre danubienne et pour la sĂ©curitĂ© des provinces danubiennes et balkaniques[5]. Lâoccupation des montagnes de Dacie entraĂźnerait la dĂ©sorganisation et donc lâaffaiblissement des peuples du bassin des Carpates, ce qui permettrait un dĂ©veloppement pacifique des provinces frontaliĂšres de MĂ©sie et de Thrace. Les riches gisements en or et en divers minerais de la Dacie ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© un argument supplĂ©mentaire incitant Ă la conquĂȘte de la rĂ©gion[a 2].
Mais cet aspect ne doit pas ĂȘtre surestimĂ©[s 11] : il semble qu'il n'ait pas Ă©tĂ© le principal objectif de Trajan. Ce dernier estime dâabord comme son devoir de punir DĂ©cĂ©bale, roi des Daces, quâil tient pour responsable des rĂ©sultats dĂ©sastreux des campagnes de Domitien en 85 et 86[b 1] - [a 3]. Trajan compte aussi tirer profit Ă©galement de la gloire quâil tirera de ses victoires militaires et qui lui serviront Ă lĂ©gitimer son rĂšgne[s 13]. Il cherche en effet Ă apaiser les tensions entre le sĂ©nat et le princeps en imposant sa Virtus, l'assassinat de Domitien en 96, ayant chamboulĂ© la vision de l'ordre sĂ©natoriale quant Ă la description du « mauvais Prince ». Qui plus est la conquĂȘte de la Dacie serait un moyen exceptionnel de protĂ©ger la GrĂšce et l'Anatolie, crĂ©ant autour de ces rĂ©gions, un glacis de protection idĂ©ale, ainsi que la fin des provocations Daces sur les dits rĂ©gions.
Une guerre de cette ampleur, dĂ©jĂ projetĂ©e Ă maintes reprises depuis lâĂ©poque de Jules CĂ©sar, nĂ©cessite cependant une prĂ©paration minutieuse et la rĂ©organisation du limes le long du Danube et du Rhin dont Trajan va retirer de nombreux effectifs. Les campagnes de Domitien, menĂ©es quinze ans plus tĂŽt, ont appris aux Romains que les Daces savent combattre, quâils sont bien formĂ©s, difficiles Ă vaincre, quâils nâont jamais Ă©tĂ© soumis et quâils peuvent compter sur dâimportantes ressources militaires et financiĂšres[s 14].
Ces prĂ©paratifs de guerre prennent la forme dâune rĂ©organisation importante des infrastructures des provinces danubiennes avec, par exemple, la rĂ©fection et le prolongement de la voie romaine le long du Danube dont les travaux avaient commencĂ© sous TibĂšre. Cette route permet de traverser les zones rocheuses de la rive sud du Danube dans la rĂ©gion des Portes de Fer, comme en tĂ©moigne encore aujourdâhui la Tabula Traiana[r 2]. Les rapides des Portes de Fer demeurent un obstacle Ă la navigation et câest pour les contourner que Trajan fait creuser un canal de 3,2 km de long et 30 mĂštres de large[s 14] - [r 2].
Forces en présence
Trajan rĂ©unit une armĂ©e composĂ©e des lĂ©gions danubiennes ainsi que dâunitĂ©s auxiliaires et de vexillations dâautres lĂ©gions[N 6]. Au total, ce sont environ 150 000 hommes qui sont dĂ©ployĂ©s par lâEmpire, dont 75 Ă 80 000 lĂ©gionnaires et 70 Ă 75 000 auxiliaires[6] - [b 2] - [r 2].
Les Marcomans et les Quades ont retrouvĂ© leur statut de fĂ©dĂ©rĂ©s Ă lâissue dâune troisiĂšme guerre de Pannonie en 98. Cette fois-ci, quand Trajan leur demande dâhonorer leur engagement en fournissant des troupes Ă lâEmpire, les Marcomans et les Quades restent fidĂšles. Câest un point important dans les prĂ©paratifs de guerre pour Trajan car il nâa pas Ă craindre quâun nouveau front sâouvre ailleurs dans lâEmpire, surtout Ă cette Ă©poque oĂč le front parthe est calme. Ainsi Trajan a pu ĂȘtre en mesure de rĂ©unir une grande armĂ©e pour les guerres daciques Ă venir[s 15]).
Concernant les Daces, il est difficile d'avoir une estimation des forces en prĂ©sence. Selon les donnĂ©es fournies par Strabon, auteur antique de l'Ă©poque augustĂ©enne, les Daces et les GĂštes unifiĂ©s sous Burebista au milieu du Ier siĂšcle av. J.-C. peuvent former une armĂ©e de 200 000 hommes, mais il n'y aurait plus que 49 000 guerriers tout au plus au dĂ©but du Ier siĂšcle[a 4]. Selon des Ă©tudes modernes, basĂ©es sur la population estimĂ©e, on est autour de 40 000 hommes disponibles pour la premiĂšre guerre. Certains auteurs donnent tout de mĂȘme jusqu'Ă 200 000 hommes Ă la disposition de DĂ©cĂ©bale[r 2].
Décébale obtient le soutien des Roxolans du Danube inférieur, des Bastarnes et des Bures, peuple germanique situé au nord des Iazyges. Ces alliances de Décébale menacent toute la frontiÚre des provinces de Pannonie et de Mésie[p 1]. Pendant la guerre, le roi dace essaie en vain de trouver de nouveaux alliés parmi les tribus suÚves, quades et marcomanes[b 3].
Année 101
Le [I 1], Trajan quitte Rome et lâItalie[I 2], peut-ĂȘtre par AncĂŽne puis Iader aprĂšs une traversĂ©e de la mer Adriatique[7].
Il est Ă la tĂȘte de la garde prĂ©torienne[I 3], accompagnĂ© de son prĂ©fet du prĂ©toire Tiberius Claudius Livianus[a 5] ainsi que dâun certain nombre de compagnons parmi lesquels Lucius Licinius Sura[a 5], Quintus Sosius Senecio[I 4], Lusius Quietus[a 6], Cnaeus Pompeius Longinus[b 4], Publius Aelius Hadrianus et peut-ĂȘtre Decimus Terentius Scaurianus, qui devient plus tard gouverneur de Dacie[I 5], et se dirige vers la province de MĂ©sie supĂ©rieure. Pour soutenir lâexpĂ©dition, Trajan nomme de nouveaux gouverneurs dans les provinces limitrophes : Caius Cilnius Proculus devient gouverneur de MĂ©sie supĂ©rieure, Manius Laberius Maximus gouverneur de MĂ©sie infĂ©rieure et Lucius Iulius Ursus Servianus de Pannonie[b 5].
Nous connaissons le plan stratĂ©gique suivi par Trajan par ses propres mots[N 7] - [s 10] : « Berzobim puis Aizi[a 7] ». Ces deux sites sont situĂ©s le long de la plus occidentale des routes menant en Dacie. Elle part de Lederata, sur le Danube prĂšs de Viminacium, oĂč l'empereur traverse le fleuve sur un pont flottant[s 16] et conduit Ă Tibiscum. Puis, Ă partir de lĂ , par le trajet le plus court possible, la route mĂšne Ă Tapae et au passage des Portes de Fer, Ă lâemplacement actuel dâOÈelu RoÈu[b 6], avant dâentrer au cĆur du royaume de Dacie. Câest cette route qui avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© empruntĂ© par Lucius Tettius Iulianus lors de la campagne de 88[c 3].
- L'armée romaine en marche.
- Elle traverse le Danube sur deux ponts.
- Ăchec des nĂ©gociations des conditions de paix.
Il est possible quâune deuxiĂšme colonne ait traversĂ© le Danube Ă Dierna et ait empruntĂ© la route passant par Teregova pour rejoindre la premiĂšre colonne commandĂ©e par Trajan vers Tibiscum[b 7]. Cette hypothĂšse provient dâune analyse des scĂšnes IV et V de la colonne Trajane qui montrent deux ponts de bateaux parallĂšles enjambant le Danube, lâun empruntĂ© par les lĂ©gionnaires et lâautre par les prĂ©toriens. Ces deux ponts pourraient ĂȘtre un moyen utilisĂ© par le sculpteur pour indiquer que lâarmĂ©e est divisĂ©e en deux colonnes qui ont traversĂ© le Danube au mĂȘme moment[f 1] - [8].
La division de lâarmĂ©e en deux colonnes a pu servir Ă diviser les forces daces qui doivent alors protĂ©ger plusieurs points stratĂ©giques, manĆuvre tactique quâutilisera Trajan lors de la guerre contre les Parthes lorsquâil fera progresser son armĂ©e Ă la fois le long de lâEuphrate et le long du Tigre. Pour faciliter la progression des troupes et leur approvisionnement, le cours du Danube a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ© lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente, avec notamment la construction dâun canal bordĂ© dâune route permettant de contourner un passage Ă©troit du fleuve formant une cataracte, nommĂ©e Ă©galement Portes de Fer[I 6] - [9].
« Décébale est saisi de crainte à la nouvelle de sa marche ; il sait bien, en effet, qu'auparavant ce n'est pas les Romains, mais Domitien qu'il a vaincu, et qu'à présent il va avoir à combattre contre les Romains et contre l'empereur Trajan »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 6, 2 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
AprĂšs avoir traversĂ© le Danube, lâarmĂ©e romaine progresse en territoire dace sans rencontrer une grande rĂ©sistance. Les Daces adoptent une tactique de retraite vers lâintĂ©rieur du pays, reculant au fur et Ă mesure que lâarmĂ©e romaine avance, reprenant la mĂȘme stratĂ©gie que lors de la campagne de Cornelius Fuscus en 86. Les Daces espĂšrent ainsi forcer les Romains Ă quitter leurs lignes de communications et dâapprovisionnement et les isoler dans les montagnes de Transylvanie. Les reliefs de la colonne montrent des forteresses dĂ©sertes, des troupeaux anĂ©antis, des collines abandonnĂ©es. Au cours de cette approche, aucune confrontation sĂ©rieuse nâest signalĂ©e[a 8].
« Lorsque Trajan est prĂšs de Tapae, oĂč campent les barbares, on lui apporte un gros champignon, oĂč est Ă©crit en caractĂšres latins que les autres alliĂ©s et les Bures engagent Trajan Ă retourner en arriĂšre et Ă conclure la paix. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 8, 1 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
MalgrĂ© tout, Trajan, bien que nâayant rencontrĂ© aucune rĂ©sistance, continue Ă progresser vers lâintĂ©rieur du royaume avec prĂ©caution, craignant les embuscades. LâavancĂ©e de lâarmĂ©e sâaccompagne de la construction de routes, de ponts et de forts le long du chemin[b 8]. JusquâĂ Tapae, unique bataille de cette premiĂšre campagne, DĂ©cĂ©bale Ă©vite toute confrontation armĂ©e.
AprĂšs avoir atteint Tibiscum, Trajan Ă©tablit un campement avant dâattaquer les forteresses daces protĂ©geant le passage des Portes de Fer. LâarmĂ©e romaine engage alors le combat contre lâarmĂ©e dace dans la bataille de Tapae. Celle-ci, comme le montrent les reliefs de la colonne[f 2], tourne en faveur des Romains, aprĂšs des combats acharnĂ©s[a 9].
Il ne sâagit pas pour autant dâun combat dĂ©cisif[r 2], les Daces pouvant encore se replier dans les bastions des monts dâOrastie, bloquant ainsi la route menant Ă Sarmizegetusa Regia.
- Construction d'un deuxiĂšme camp romain.
- Construction d'un troisiĂšme camp.
- Construction d'un pont.
- Envoi d'Ă©claireurs romains.
- Les Romains prĂšs de Tapae.
- Avancée de l'armée romaine.
- Bataille de Tapae.
- Les Daces sont vaincus, sac d'un village.
- Trajan reçoit une députation dace et sac d'un autre village.
LâarrivĂ©e de lâhiver rend imprudent une attaque de ces forteresses. C'est la trĂȘve hivernale. L'arrivĂ©e de l'hiver marque l'arrĂȘt des manĆuvres. Trajan fait hiverner ses troupes en territoire ennemi et Ă©tablit des garnisons autour de Sarmizegetusa, empĂȘchant son ravitaillement[f 3].
En récompenses de leurs services dans la premiÚre année de campagne, Lucius Licinius Sura et Lucius Iulius Ursus Servianus retournent à Rome pour devenir consuls éponymes[b 9]. Quintus Sosius Senecio remplace le gouverneur Caius Cilnius Proculus en Mésie[10].
Hiver 101/102
Au cours de lâhiver 101/102, DĂ©cĂ©bale, encerclĂ© Ă lâouest par les lĂ©gions, dĂ©cide de passer Ă lâoffensive en ouvrant un nouveau front afin de diviser les forces romaines et libĂ©rer Sarmizegetusa. Comme en 85, le roi dĂ©cide dâattaquer la MĂ©sie infĂ©rieure, soutenu par les Sarmates Roxolans[f 4] - [s 17] - [r 2] menĂ©s par le roi Susagus[a 10]. Les deux armĂ©es, dace et sarmate, traversent le Danube et remportent quelques succĂšs militaires. Le gĂ©nĂ©ral Manius Laberius Maximus, gouverneur de la province, parvient nĂ©anmoins Ă les tenir Ă distance[f 3].
Trajan, qui ne peut permettre que son ennemi sâattaque Ă une province de lâEmpire, quitte les monts dâOrastie, tout en y laissant une garnison suffisante pour supporter le harcĂšlement ennemi et, grĂące aux routes et Ă la flotte danubienne, la Classis Moesica[f 5], intervient rapidement. Trajan, qui se souvient quâune telle contre-offensive avait eu lieu il y a quinze ans, semble sâĂȘtre prĂ©parĂ© Ă ce que les Daces rĂ©pĂštent la mĂȘme stratĂ©gie[f 3].
Les forces daces et roxolanes sont arrĂȘtĂ©es et subissent mĂȘme une dĂ©faite nocturne[I 7], peut-ĂȘtre lâune aprĂšs lâautre. Les Roxolans sont battus lors d'une bataille nocturne prĂšs de lâendroit oĂč sera fondĂ©e la ville de Nicopolis ad Istrum par Trajan pour honorer la victoire[a 11] - [a 12], peut-ĂȘtre aprĂšs avoir vainement assiĂ©gĂ© le fort lĂ©gionnaire de Novae[f 3]. Les Daces sont dĂ©faits Ă la bataille d'Adamclisi, en Dobroudja[I 8] - [r 2] - [p 1].
- Assaut dace sur un camp romain d'hiver de MĂ©sie.
- Embarquement de Trajan Ă Viminacium.
- Bataille contre les cataphractes roxolans.
- Bataille nocturne de Nicopolis.
« [Le] combat [...] voit un grand nombre des siens blessĂ©s et fait un grand carnage parmi les ennemis ; les bandages Ă©tant venus Ă manquer, il n'Ă©pargne pas, dit-on, ses propres vĂȘtements, et les coupe en morceaux ; de plus, il ordonne d'Ă©lever un autel en l'honneur de ses soldats morts dans la bataille, et de leur offrir tous les ans des sacrifices funĂšbres. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 8, 1 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
Le lieu de la bataille est d'abord marquĂ© d'un autel puis par la construction dâun grand trophĂ©e, le Tropaeum Traiani de Adamclisi, Ă©rigĂ© en 109[r 2].
Année 102
Vers le mois de mars 102, Trajan reprend alors lâoffensive et avance de nouveau vers le royaume de Dacie, sur plusieurs fronts. La premiĂšre colonne traverse le Danube au niveau du limes Oescus-Novae et continue le long de la vallĂ©e de lâOst jusquâau col suffisamment large et accessible de Turnu RoÈu[r 2]. Deux autres colonnes progressent selon des itinĂ©raires parallĂšles, sans doute les mĂȘmes que lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente, Ă l'ouest, c'est-Ă -dire par les Portes de Fer. Le point de jonction des trois colonnes se situe Ă une vingtaine de kilomĂštres au nord-ouest de Sarmizegetusa[b 10], prenant la capitale dace Ă revers[r 2].
AprĂšs trois batailles mineures mais victorieuses, Trajan lance lâassaut sur la forteresse dace de Costesti. Pendant ce temps, le gĂ©nĂ©ral romain Manius Laberius Maximus sâempare de la place forte de Tilisca[s 17] et parvient mĂȘme Ă capturer la sĆur du roi DĂ©cĂ©bale comme on peut le voir sur les reliefs de la colonne[f 6] - [a 13].
DĂ©cĂ©bale, affaibli par sa dĂ©faite Ă Adamclisi et dĂ©stabilisĂ© par la progression simultanĂ©e de lâarmĂ©e romaine sur trois fronts dans un vaste mouvement de tenaille, voyant les forteresses daces tomber une Ă une et lâennemi sâapprocher de la capitale, dĂ©cide de nĂ©gocier la paix et envoie deux ambassades devant Trajan. Ce dernier refuse de recevoir la premiĂšre mais finit par accepter dâĂ©couter la deuxiĂšme, composĂ©e de nombreux nobles daces[a 6], reconnaissables sur les reliefs Ă leurs chapeaux de feutre. Trajan charge Lucius Licinius Sura et Tiberius Claudius Livianus de discuter des conditions de paix. Les conditions imposĂ©es par les Romains, qui luttent pour une reddition totale de DĂ©cĂ©bale, sont trop importantes, surtout que les Daces nâont pas encore subi de pertes irrĂ©parables. Les nĂ©gociations Ă©chouent et la guerre continue[a 14] - [s 18].
« Décébale, envoyant alors en ambassade à l'empereur les principaux des Daces portant le bonnet, et le faisant implorer par eux, de montre disposé à traiter à n'importe quelle condition. [...] [L'empereur envoie à Décébale] Licinius Sura et Claudius Livianus, préfet du prétoire. Mais on n'obtient aucun résultat. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 8, 4 et 9, 2 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
Entre-temps, Trajan poursuit son avance et parvient Ă rĂ©cupĂ©rer des armes, les ingĂ©nieurs romains qui ont Ă©tĂ© faits prisonniers par les Daces et une aigle perdue, probablement celle dâune cohorte prĂ©torienne engagĂ©e dans la campagne de Cornelius Fuscus en 86[a 15]. Ayant franchi le col Turnu RoÈu avant que lâarmĂ©e dace nâait pu le bloquer, lâarmĂ©e romaine atteint le centre de lâarc des Carpates avec pour principal objectif la prise de la capitale dace, situĂ©e plus Ă lâouest. Trajan divise de nouveau son armĂ©e, en au moins trois colonnes, et commencent le siĂšge des forteresses daces des monts dâOrastie[f 7] - [s 18].
On sait avec certitude que lâune de ses colonnes, dirigĂ©e par Lusius Quietus, compte parmi ses rangs les cavaliers maures[11] - [f 7]. Les citadelles daces, comme celle de Costesti, tombent lâune aprĂšs lâautre jusquâĂ celle situĂ©e prĂšs de Muncel. LâarmĂ©e dace est dĂ©faite et anĂ©antie[12].
- Réembarquement de l'armée romaine sur le Danube.
- Prise d'une forteresse dace.
- Harrangue des troupes romaines par Trajan.
- L'empereur reçoit des ambassadeurs daces.
- Passage des montagnes et prises de citadelles daces.
- La cavalerie numide de Lusius Quietus.
- Construction de plusieurs camps romains.
- Combat en forĂȘt entre des auxiliaires romains et des guerriers daces.
- Contre-attaque dace, les Romains sont vainqueurs.
« Comme [Trajan] s'efforce d'arriver sur les hauteurs, enlevant les collines l'une aprĂšs l'autre au prix de mille dangers, il arrive prĂšs de la rĂ©sidence des rois daces, en mĂȘme temps que Lusius Quietus, qui a attaquĂ© par l'autre cĂŽtĂ©, fait un grand carnage et un grand nombre de prisonniers. [...] Trajan s'empare de montagnes fortifiĂ©es, et il y trouve les armes, les machines, les captifs et l'enseigne prise sur Cornelius Fuscus. Laberius Maximus a pris [la] sĆur [de DĂ©cĂ©bale] et une place forte. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 8, 3 et 9, 3 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
La route vers Sarmizegetusa Regia est dĂ©sormais ouverte et la guerre est gagnĂ©e. DĂ©cĂ©bale, acculĂ© Ă la paix[r 2], capitule, espĂ©rant Ă©viter le massacre de la population de la capitale. Cette scĂšne est reprĂ©sentĂ©e sur les reliefs de la colonne Trajane : les ambassadeurs envoyĂ©s par le roi, une fois dans le camp militaire de Trajan, prĂšs de la ville dâAquae, se prosternent devant lâempereur, implorant lâarrĂȘt des hostilitĂ©s[f 8] - [a 16] - [I 9].
Conditions de la paix
Les conditions de paix imposées par Trajan semblent trÚs dures et contraignantes pour Décébale. Il conserve le nord du royaume mais doit détruire ses forteresses[p 1].
« On exige de [Décébale], en effet, qu'il livre les machines, les machinistes, qu'il rend les transfuges, qu'il démolit ses fortifications, évacue les territoires conquis, et, de plus, qu'il tient pour ennemis et pour amis ceux qui le sont des Romains ; [qu'il n'en reçoit aucun, et qu'il ne prend à son service aucun soldat levé dans l'Empire romain. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 9, 5 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
Par ce traitĂ©, ce dernier accepte en fait lâĂ©tablissement de garnisons romaines proches de Sarmizegetusa Regia[s 18] - [N 8] et de Berzobis[N 9], la restitution de toutes les armes et machines de guerre[a 17], le retour de tous les ingĂ©nieurs et dĂ©serteurs romains[a 17], la destruction des fortifications dans la rĂ©gion des monts dâOrastie[a 17] - [p 1], la cession dâune partie du territoire Ă lâEmpire romain qui est annexĂ© aux provinces voisines de MĂ©sie supĂ©rieure et infĂ©rieure et qui comprend le Banat oriental, lâOltĂ©nie, la vallĂ©e de HaÈeg en Transylvanie[r 3] - [p 1], des vĂ©tĂ©rans sont installĂ©s Ă Apulum[I 10] et la plaine valaque de MuntĂ©nie[13], avec la construction de nouveaux forts Ă Buridava et Piroboridava[a 17], le statut de roi client de Rome, câest-Ă -dire que le royaume de Dacie renonce Ă avoir une politique Ă©trangĂšre indĂ©pendante[a 17] - [14] - [15] et lâinterdiction de donner asile Ă tout dĂ©serteur ou de recruter des soldats romains[a 18].
« [DĂ©cĂ©bale] consentit, bien malgrĂ© lui, Ă ces conditions, aprĂšs ĂȘtre allĂ© trouver Trajan, s'ĂȘtre prĂ©cipitĂ© Ă terre, l'avoir adorĂ© et avoir jetĂ© ses armes. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 9, 6 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
Ce traitĂ© de paix marque la fin de la premiĂšre guerre dacique. MalgrĂ© les succĂšs remportĂ©s, il est clair que la grande victoire romaine attendue nâa pas eu lieu, en raison de lâaffaiblissement des troupes romaines qui a empĂȘchĂ© Trajan de pousser plus loin son avantage[s 19]. MalgrĂ© des conditions de paix qui semblent trĂšs dures, DĂ©cĂ©bale prĂ©serve son pouvoir, maintient l'unitĂ© de son royaume ainsi que la majeure partie de son territoire[r 4] - [16].
On ignore si l'objectif de Trajan est alors d'essayer de transformer le royaume dace en état client ou s'il pense déjà à une deuxiÚme campagne décisive[r 3].
Une ambassade dace est envoyĂ©e Ă Rome pour la ratification du traitĂ© de paix par le SĂ©nat[a 19], afin de permettre Ă Trajan de quitter son quartier gĂ©nĂ©ral prĂšs de Sarmizegetusa Regia[a 20] au dĂ©but de lâhiver 102 et de retourner Ă Rome[a 20]. Ă son arrivĂ©e Ă la fin du mois de dĂ©cembre, il cĂ©lĂšbre un triomphe, prend le titre de « Dacicus[r 3] - [a 20] - [I 11] » et fait frapper des monnaies cĂ©lĂšbrant la « Dacia victa[17] ».
- Destruction des fortifications de Sarmizegetusa.
- La Victoire inscrivant un Ă©cu.
Entre les deux guerres (103-104)
Ă la suite de ce premier traitĂ©, les Romains fortifient leurs positions dans les territoires occupĂ©s. Une autre rĂ©alisation importante est la construction dâun pont de 1,2 km de long enjambant le Danube Ă Drobeta sous la direction dâApollodore de Damas, entre 103 et 105, un chef-dâĆuvre de lâarchitecture antique, permettant de relier aisĂ©ment Sirmium au Banat nouvellement annexĂ©[s 20] - [r 2].
« Trajan construit un pont de pierre sur l'Ister, pont à propos duquel je ne sais comment exprimer mon admiration pour ce prince. On a bien de lui d'autres ouvrages magnifiques, mais celui-là les surpasse tous. Il se compose de vingt piles, faites de pierres carrées, hautes de cent cinquante pieds, non compris les fondements, et larges de soixante. Ces piles, qui sont éloignées de cent soixante-dix pieds l'une de l'autre, sont jointes ensemble par des arches. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 13, 1 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
Trajan s'emploie aussi sur le long du Danube moyen, sur la frontiÚre panonienne, se méfiant des Marcomans, des Quades et des Iazyges qui n'ont pourtant pas soutenu les Daces mais restent menaçants[p 1].
Il est possible que le cours du Danube soit réorganisé militairement et la province voisine de Pannonie divisée en deux : la Pannonie supérieure et inférieure[18] - [p 2], bien que cette réorganisation soit plus souvent datée de 106, aprÚs la deuxiÚme guerre[r 5] - [p 2].
Les prĂ©paratifs de guerre des Romains nâĂ©tant pas passĂ©s inaperçus, DĂ©cĂ©bale fait relever les forteresses dĂ©truites, reconstruit les fortifications autour de la capitale et forme une nouvelle armĂ©e. Il cherche Ă nouer de nouvelles alliances[a 21], avec notamment le roi des Parthes Pacorus II[a 22].
Forces en présence
En 105, les Romains subissent l'attaque des Daces[r 3]. Décébale reprend le Banat, alors sous contrÎle romain, autour du cours moyen et supérieur de la Tisza[s 21] - [p 3] - [16] puis attaque la Mésie romaine. Le fait que Décébale ne semble vouloir respecter aucune condition du traité de paix rend légitime et juste une deuxiÚme guerre aux yeux de Rome. Le Sénat déclare alors la guerre pour la deuxiÚme fois au royaume de Dacie[a 23].
« Lorsqu'on annonce [à Trajan] que Décébale contrevient à plusieurs articles du traité, qu'il fait provision d'armes, qu'il reçoit des transfuges, qu'il élÚve des forteresses, qu'il envoie des ambassades chez ses voisins, qu'il ravage le pays de ceux qui ont précédemment pris parti contre lui, qu'il s'est emparé de terres appartenant aux Iazyges, terres que Trajan refuse depuis de leur rendre lorsqu'il les lui redemandent ; alors le Sénat déclare une seconde fois Décébale ennemi de Rome, et Trajan, une seconde fois aussi, se charge de lui faire la guerre en personne, et non par d'autres généraux. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 10, 3 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
Trajan rĂ©unit une armĂ©e plus importante que lors de la premiĂšre guerre pour la campagne de 106, quatorze lĂ©gions et de nombreuses unitĂ©s auxiliaires[s 22] - [r 2], dont deux nouvelles lĂ©gions : la II Traiana Fortis et la XXX Ulpia Victrix[a 24]. Cela reprĂ©sente environ 175 Ă 200 000 hommes qui sont dĂ©ployĂ©s par lâEmpire, pour moitiĂ© des lĂ©gionnaires, pour moitiĂ© des troupes auxiliaires. Pour cette campagne, Trajan fait appel Ă des renforts, notamment des contingents d'Hispanie et d'Afrique[r 4]. Il s'agit de prĂšs de la moitiĂ© des effectifs militaires de lâEmpire[r 2]. Lucius Licinius Sura accompagne Ă nouveau l'empereur en tant que conseiller, ainsi que Lusius Quietus et ses Maures, et les gĂ©nĂ©raux de lâempereur sont Quintus Sosius Senecio et Caius Iulius Quadratus Bassus[10].
Concernant les Daces de DĂ©cĂ©bale, selon diverses Ă©tudes modernes, basĂ©es sur la population estimĂ©e, ainsi que les nombreuses dĂ©fections, on est autour de 15 000 hommes pour cette deuxiĂšme guerre, sans grande certitude. Ces alliĂ©s de la premiĂšre guerre, les Bures, les Roxolans et les Bastarnes, l'abandonneront. Il semble que les Sarmates Iazyges, qui restent neutres durant la premiĂšre campagne, entrent en guerre contre lâEmpire romain, menant des incursions en Pannonie infĂ©rieure, vers 107, mais peut-ĂȘtre avant, entre 105 et 106[I 12] - [a 25] - [19], alors qu'ils sont quasiment encerclĂ©s, sauf au nord, par l'Empire romain[p 4].
Année 105
Trajan repart pour la Dacie en juin 105[a 26] - [20] et doit adapter sa stratégie avant de pouvoir reprendre l'offensive[r 3].
LâitinĂ©raire suivi par lâarmĂ©e romaine est dĂ©taillĂ© sur les reliefs de la colonne. Trajan semble avoir franchi lâAdriatique selon trois itinĂ©raires possibles. De Classe, port de Ravenne oĂč mouille la Classis Praetoria Ravennatis, jusquâau Danube en passant par AquilĂ©e, Emona, Sava, Siscia, Singidunum et enfin Viminacium ; dâAncĂŽne[21] - [22] - [23] jusquâĂ la cĂŽte dâIllyrie romaine puis par AquilĂ©e pour suivre ensuite lâitinĂ©raire prĂ©cĂ©dent ; de Brindisium, lâarmĂ©e romaine atteint Dyrrachium puis remonte vers le Danube en passant par Naissus[f 9] - [b 11], mais le parcours reste incertain et discutĂ©.
Pendant ce temps, DĂ©cĂ©bale ne reste pas inactif, de sorte que Trajan, en arrivant sur les rives du Danube, fait sans doute face Ă une situation difficile. Les incursions daces ont dĂ©vastĂ© la province de MĂ©sie infĂ©rieure. Selon les reliefs de la colonne Trajane, DĂ©cĂ©bale serait mĂȘme parvenu Ă prendre possession de plusieurs forts auxiliaires. Le grand camp lĂ©gionnaire construit prĂšs de Sarmizegetusa a Ă©tĂ© endommagĂ© mais nâa pas pu ĂȘtre pris dâassaut[s 23]. De nombreux forts romains en Valachie sont occupĂ©s ou assiĂ©gĂ©s par les Daces[I 13], tout comme ceux construits le long du Danube. Câest probablement durant lâannĂ©e 105 que DĂ©cĂ©bale fait construire un grand camp militaire Ă Apulum, espĂ©rant ainsi barrer la route vers le nord du royaume[s 23].
DĂ©cĂ©bale a fait prisonnier le gouverneur des territoires nouvellement occupĂ©s[24], le consulaire Cnaeus Pompeius Longinus[25], lors dâune tentative de nĂ©gociation feinte. La tentative de faire pression sur Trajan en menaçant la vie de Longinus et de ses hommes Ă©choue, Longinus mettant fin Ă ses jours lui-mĂȘme. La capture et le suicide de Longinus sont racontĂ©s par Dion Cassius[a 27].
Certains forts romains attaquĂ©s semblent rĂ©sister aux assauts daces. La triple ligne de fortifications peut ĂȘtre identifiĂ©e au limes de la Dobroudja construit durant la premiĂšre campagne de Domitien, entre 85 et 89, et renforcĂ© par Trajan entre 103 et 104[f 10]. Le travail de reconquĂȘte dure tout lâĂ©tĂ© de 105, repoussant lâinvasion du territoire dace Ă lâannĂ©e suivante[b 11].
Trajan lui-mĂȘme atteint le front, probablement en Dobroudja. Il vient renforcer les troupes du gouverneur de MĂ©sie infĂ©rieure, Lucius Fabius Iustus[I 13] - [b 11], et repousse les Daces. DĂ©cĂ©bale a mĂȘme tentĂ© de faire assassiner Trajan par un transfuge, une tentative qui a cependant Ă©chouĂ©e[a 28].
« DĂ©cĂ©bale Ă©choue par la force, mais il faillit faire pĂ©rir Trajan par la ruse et la trahison : il lui envoie en MĂ©sie des transfuges chargĂ©s de l'assassiner, attendu que, d'un abord facile en tout temps, il reçoit alors sans distinction, Ă cause des besoins de la guerre, quiconque veut lui parler. Mais ils n'y peuvent rĂ©ussir, l'un d'eux ayant Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© sur un soupçon et ayant avouĂ© tout le complot Ă la torture. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 11, 3 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
Les reliefs de la colonne dĂ©crivent bien certaines phases de ces mois de guerre. Lâempereur, Ă la tĂȘte de la garde prĂ©torienne, arrive, aprĂšs un long voyage depuis Rome, sur des territoires daco-gĂštes. Il est acclamĂ© par la population[f 11], puis Trajan offre dans une ville de la mĂȘme rĂ©gion un sacrifice propitiatoire pour la prochaine campagne, devant une foule composĂ©e de Romains et de Daces ou de GĂštes[f 12]. Les reliefs de la colonne montrent quâune grande partie de la population dace et les anciens alliĂ©s de DĂ©cĂ©bale lâont abandonnĂ©, acclamant Trajan sur son passage, scĂšnes Ă analyser en gardant Ă lâesprit lâobjectif de propagande[s 24].
- Préparatifs en Italie de l'armée romaine.
- Un groupe de Daces accompagnés de leurs femmes lors d'un sacrifice.
- Assaut dace sur un camp romain.
- Arrivée en renforts des prétoriens et de Trajan.
Année 106
Pour l'annĂ©e 106, Trajan rĂ©unit son armĂ©e et traverse le Danube sur le grand pont de Drobeta, construit sous la direction dâApollodore de Damas pendant la brĂšve pĂ©riode de paix[a 29].
Les alliĂ©s de DĂ©cĂ©bale, les Bures, les Roxolans et les Bastarnes, Ă lâannonce des prĂ©paratifs de guerre de Trajan, abandonnent le roi dace. Celui-ci fait plusieurs tentatives de pourparlers infructueuses. Avant de lancer la derniĂšre invasion de la Dacie, Trajan convoque dans son quartier gĂ©nĂ©ral de Drobeta de nombreux chefs des peuples « amis et alliĂ©s du peuple romain », parmi lesquels les Quades, les Marcomans, certaines tribus daco-gĂštes et peut-ĂȘtre mĂȘme les Iazyges, afin de leur demander une aide militaire et un soutien stratĂ©gique et de sâassurer de leur loyautĂ©[f 13] - [26] - [b 12].
Le roi dace, attaquĂ© sur plusieurs fronts comme le montre aussi les reliefs de la colonne[f 14], par les Portes de Fer et par le col Turnu RoÈu, oppose une rĂ©sistance dĂ©sespĂ©rĂ©e et acharnĂ©e qui fait de nombreuses victimes. DĂ©cĂ©bale refuse de capituler et est contraint de quitter Sarmizegetusa[s 25].
Finalement, aprĂšs un long et sanglant siĂšge, la capitale cĂšde sous les coups des armĂ©es romaines qui se sont rĂ©unies depuis la fin de lâĂ©tĂ©[r 3]. Les principales Ă©tapes de ce siĂšge sont Ă©galement reprĂ©sentĂ©es sur la colonne Trajane[f 15]. Toutes les forteresses des monts dâOrastie (Popesti, Cetateni, Piatra Neamt, Pecica, Piatra Craivii, CapĂąlna, Costesti, Banita, Balanesti et finalement Tilisca) sont tombĂ©es[27].
Trajan dĂ©cide de ne pas accorder des conditions de paix semblables Ă la prĂ©cĂ©dente paix. La soumission dĂ©finitive de la Dacie est nĂ©cessaire et pour cela, il faut construire des routes, des forts et isoler lâennemi sans lui concĂ©der aucun avantage[r 3].
« Trajan, avec le temps et non sans peine, vainc les Daces, aprÚs maint prodige de sa part et comme général et comme homme, aprÚs maint danger affronté ou fait d'armes accompli par ses soldats. »
â Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 14, 1 - Ătienne Gros, Paris, Firmin-Didot, de 1845-1870.
DĂ©cĂ©bale cherche dâabord Ă trouver refuge dans le nord, dans les montagnes des Carpates[s 25], mais une colonne romaine le poursuit dans la haute vallĂ©e du Marisus, une rĂ©gion alors difficilement accessible. Les chefs des tribus du nord de la Dacie, conscients de leur annexion imminente, rejoignent le roi en fuite dans une tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e de renverser le cours de la guerre. Mais la dĂ©faite est inĂ©vitable : DĂ©cĂ©bale est rattrapĂ© par une unitĂ© auxiliaire de lâarmĂ©e romaine Ă Ranistorum[a 30], au nord de la nouvelle colonie de vĂ©tĂ©rans Apulum.
Une fois encerclĂ©, DĂ©cĂ©bale se suicide[a 30] - [f 16] - [s 26], imitĂ© par de nombreux nobles daces qui lâaccompagnent. La tĂȘte du roi est rapportĂ©e Ă Trajan par le chevalier Tiberius Claudius Maximus qui a menĂ© lâexpĂ©dition de capture[I 14] - [f 17]. En guise de rĂ©compense, pour avoir rapportĂ© la tĂȘte de DĂ©cĂ©bale Ă Trajan, Maximus est promu au rang de dĂ©curion d'aile des troupes auxiliaires[r 3].
Câest la fin de la guerre. Pendant plusieurs mois, lâarmĂ©e romaine est encore engagĂ©e dans des actes de rĂ©pression qui permettent de calmer lâagitation de la population locale[f 18]. La monnaie de lâannĂ©e cĂ©lĂšbre la « Dacia capta[28] ».
- Inauguration du pont de Trajan.
- L'armée romaine traverse une riviÚre.
- Sacrifice, Trajan se tient prĂšs de l'autel.
- Conseil de guerre et passage des Portes de fer.
- Assaut sur Sarmizegetusa.
- SiĂšge de Sarmizegetusa.
- Nouvel assaut romain.
- Combats sur les fortifications.
- Incendie de la capitale dace.
- Soumission d'une partie des Daces.
- L'armée romaine traverse une riviÚre sur un pont de bois.
- Assaut dace d'un camp romain.
- Découverte du trésor dace et conseil des tarabostes (princes daces).
- Trajan reçoit l'ambassade dace qui vient faire sa soumission.
Annexion romaine de la Dacie
Le cĆur du royaume dace, lâOltĂ©nie et le Banat, est intĂ©grĂ© dans une nouvelle province romaine, la province de Dacie[a 30] - [f 16], qui se limite Ă la bordure de l'arc des Carpates, Ă la Transylvanie et aux massifs occidentaux[r 3] - [p 3]. Le royaume dace ne disparaĂźt donc pas totalement, quelques rĂ©gions demeurent libres. La ville nouvellement fondĂ©e de Colonia Ulpia Traiana Augusta Sarmizegetusa Dacica[s 27] devient la capitale de la nouvelle province. Elle est trĂšs rapidement reliĂ©e Ă Apulum et Porolissum oĂč stationnent d'importantes garnisons romaines[p 3].
Une grande partie des plaines de Valachie et la Moldavie sont intégrées à la province de Mésie inférieure qui est agrandie[29] - [30] - [p 3]. La création de la province de Dacie en 106 est trÚs probablement accompagnée par la réorganisation militaire du cours du Danube. C'est probablement à cette occasion que la province voisine de Pannonie est divisée en deux : d'une part la Pannonie supérieure et d'autre part la Pannonie inférieure[r 5].
Récemment, des découvertes archéologiques ont remis en cause le mythe de l'extermination, de la déportation ou du bannissement des Daces par les Romains[31] - [32]. Néanmoins, on ne peut nier les importants bouleversements démographiques qui ont eu lieu[s 28] - [33].
Bien quâune grande partie de la population et de lâĂ©lite daces ait finalement abandonnĂ© DĂ©cĂ©bale au profit de lâarmĂ©e romaine, lâancienne aristocratie est Ă©liminĂ©e. Les populations des villes daces du cĆur du royaume, rĂ©gion montagneuse et difficile Ă surveiller, sont dĂ©placĂ©es vers les plaines[34]. Les villes sont dĂ©truites et les Romains fondent Ă la place de nombreuses colonies, plus petites, dans lesquelles s'installent des colons romains issus de provinces avoisinantes[b 13]. De mĂȘme, toutes les rĂ©sidences royales sont dĂ©truites[s 29].
Le phĂ©nomĂšne le plus impressionnant reste la disparition presque complĂšte de lâancienne religion dace[s 29].
Selon Criton, mĂ©decin de Trajan, ce sont prĂšs de 500 000 prisonniers daces qui sont ramenĂ©s Ă Rome pour participer aux spectacles donnĂ©s lors de la cĂ©lĂ©bration du triomphe de Trajan mais cette estimation semble avoir Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©e d'un facteur dix et les Romains auraient en rĂ©alitĂ© fait 50 000 prisonniers[b 13] - [35]. Une grande partie des hommes aptes au travail et qui ne font pas partie des prisonniers de guerre sont enrĂŽlĂ©s dans lâarmĂ©e romaine, une procĂ©dure qui permet de diminuer le risque de rĂ©volte et dâaugmenter les effectifs de lâarmĂ©e[s 30].
L'annexion du royaume dace semble prĂ©cipitĂ©e et contraire aux habitudes romaines qui traditionnellement la font prĂ©cĂ©der par l'Ă©tablissement d'un royaume client. Il s'agit peut-ĂȘtre de stabiliser au plus vite la frontiĂšre face Ă la menace barbare qui pĂšse sur la rĂ©gion du moyen Danube mais il s'agit peut-ĂȘtre aussi pour Trajan de prendre rapidement le contrĂŽle des riches mines d'or et d'argent que compte le territoire, ainsi que des trĂ©sors du roi[36]. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle province apporte Ă l'empereur d'importantes ressources qui sont vite Ă©puisĂ©es dans la prĂ©paration des campagnes contre les Parthes[p 3] et dans des constructions grandioses cĂ©lĂ©brant la victoire de Trajan comme les reliefs des arcs de triomphe de BĂ©nĂ©vent et dâAncĂŽne, ceux du forum de Trajan Ă Rome ou comme le Tropaeum Traiani Ă©rigĂ© Ă Adamclisi en 109.
Butin et triomphe romain
D'aprĂšs les sources antiques, la conquĂȘte de la Dacie a en effet permis de rassembler un butin impressionnant estimĂ© Ă 163,6 tonnes dâor, le double dâargent[a 31] - [f 19] et un demi-million de prisonniers de guerre. Il sâagirait en partie du fabuleux trĂ©sor de DĂ©cĂ©bale que le roi avait dissimulĂ© dans le lit dâune petite riviĂšre, la Sargieta, prĂšs de sa capitale, Sarmizegetusa Regia[a 31] - [f 19] - [a 32]. En outre, la crĂ©ation dâune nouvelle province a contribuĂ© Ă une augmentation continue des revenus de lâĂtat grĂące notamment Ă lâexploitation des mines de lâouest de la Dacie[36].
Trajan semble avoir tirĂ© de son butin environ 2 700 millions de sesterces. S'Ă©tant vu accordĂ© lâhonneur dâun grand triomphe, il utilise une partie du butin pour donner de grands spectacles de gladiateurs, prĂšs de 5 000 duels ont lieu[37], et des courses de chars dans le Circus Maximus. Les spectacles sont Ă©talĂ©s sur plus de cent jours[r 6], entre 108 et 109[I 15].
Il finance Ă©galement e manubiis (littĂ©ralement « grĂące au produit du butin ») la construction d'un nouveau forum et confie la direction des travaux Ă lâarchitecte Apollodore de Damas[b 14]. C'est dans ce forum qu'est Ă©rigĂ©e la cĂ©lĂšbre colonne Trajane sur laquelle figure une frise longue de deux cents mĂštres qui sâenroule en spirale autour du fĂ»t et qui raconte les exploits militaires de Trajan et de ses gĂ©nĂ©raux[b 14]. Sa construction a Ă©tĂ© menĂ©e par Apollodore qui a dirigĂ© jusquâau jour de lâinauguration, le , de nombreux sculpteurs qui ont travaillĂ© sur 155 scĂšnes oĂč figurent prĂšs de 2 500 personnages[b 14].
De nombreux monuments Ă travers lâEmpire cĂ©lĂšbrent la victoire de Trajan comme les reliefs des arcs de triomphe de BĂ©nĂ©vent et dâAncĂŽne, ceux du forum de Trajan Ă Rome ou comme le Tropaeum Traiani Ă©rigĂ© Ă Adamclisi en 109.
Trajan rĂ©compense ses plus fidĂšles lieutenants qui ont jouĂ© un rĂŽle de premier plan lors des campagnes comme Lucius Licinius Sura qui se voit accorder lâextraordinaire honneur dâun troisiĂšme consulat en 107[38] et Quintus Sosius Senecio qui obtient son deuxiĂšme consulat Ă©ponyme en 107 et Ă qui on octroie les dĂ©corations militaires doubles (dona militaria). Il reçoit aussi les insignes triomphaux[39] et est honorĂ© de son vivant d'une statue de bronze dans le forum d'Auguste[a 33]. Caius Iulius Quadratus Bassus est Ă©galement rĂ©compensĂ© et reçoit les ornements triomphaux[40] ainsi que Lusius Quietus qui est Ă©levĂ© Ă la prĂ©ture, lui permettant ainsi d'accĂ©der au SĂ©nat[a 34], pour son action dĂ©terminante Ă la tĂȘte de la cavalerie auxiliaire maure[a 34].
La Dacie romaine
La conquĂȘte de la Dacie modifie profondĂ©ment les donnĂ©es stratĂ©giques de lâEmpire romain, la plus forte concentration de lĂ©gions romaines passant du noyau rhĂ©nan aux rives danubiennes et Ă la Dacie romaine[r 7]. En effet, il n'y a plus que quatre lĂ©gions dans les provinces de Germanie contre huit au Ier siĂšcle[r 7], alors que les provinces danubiennes en ont dorĂ©navant onze : trois en Pannonie supĂ©rieure, une en Pannonie infĂ©rieure[r 8], deux dans chacune des provinces de MĂ©sie[41] et trois en Dacie[r 8].
La colonisation massive de la province avec des citoyens romains provenant des provinces danubiennes[a 35] permet Ă lâEmpire de crĂ©er une importante tĂȘte de pont au sein du « Mare Barbaricum » qui sâĂ©tend de la Tisza Ă la Valachie et la Moldavie.
La province connaĂźt sa premiĂšre grande crise en 116 avec le soulĂšvement des Iazyges et des Roxolans. Comme les troupes romaines sont alors occupĂ©es en grande partie Ă mater la grande rĂ©volte juive ou engagĂ©es dans la campagne de Trajan contre les Parthes, le soulĂšvement nâa pas pu ĂȘtre immĂ©diatement rĂ©primĂ©[s 27]. Il faut attendre lâintervention dâHadrien et de Quintus Marcius Turbo en 118 pour que la situation se stabilise de nouveau en Valachie et dans la plaine de MuntĂ©nie[s 31]. Hadrien abandonne alors quelques territoires Ă l'est de la Dacie.
La Dacie reste une province romaine jusquâĂ ce que lâempereur AurĂ©lien (270-275) lâabandonne dĂ©finitivement[s 32].
MĂȘme si elle dure moins de deux siĂšcles, lâintĂ©gration de la Dacie dans lâEmpire, aprĂšs celle de la MĂ©sie (qui, elle a durĂ© six siĂšcles), marque durablement la rĂ©gion, de sorte que la romanisation des autochtones a perdurĂ© au cours des siĂšcles, malgrĂ© lâisolement de la rĂ©gion, peuplĂ©e successivement de slaves et de magyars, par rapport au reste des langues romanes. Les romanophones ont continuĂ© Ă sâauto-dĂ©signer comme « romains »[42] et câest sans surprise que lâĂtat moderne qui occupe lâancienne province de Dacie porte le nom de Roumanie.
Notes et références
- (it) Cet article est partiellement issu de lâarticle de WikipĂ©dia en italien intitulĂ© « Conquista della Dacia » (voir la liste des auteurs)
- (de) Cet article est partiellement issu de lâarticle de WikipĂ©dia en allemand intitulĂ© « Dakerkriege » (voir la liste des auteurs)
Notes
- Chiffres basées sur des estimations de la population. Strabon, auteur antique de l'époque augustéenne, avance le chiffre de 200 000 hommes pouvant combattre sous Burebista pour les Daces et les GÚtes, alors unifiés, mais plus que 49 000 guerriers tout au plus au début du Ier siÚcle av. J.-C.
- Nombreux sont ceux qui ont suggéré que Trajan a tué ou déporté la quasi-totalité du peuple dace. Ceci est probablement exagéré mais on ne peut nier les importants bouleversements démographiques selon K. Christ, op. cit., p. 301.
- Dans la premiĂšre guerre, l'avancĂ©e romaine en Dacie en l'an 105 induit quelques pertes, notamment lors de la bataille de Tapae oĂč les auxiliaires sont mis en avant, ainsi que lors de la contre-attaque de DĂ©cĂ©bale pendant l'hiver 101/102 en MĂ©sie, et notamment lors de la bataille d'Adamclisi, et la campagne de l'annĂ©e 102. En l'an 105, des forts auxiliaires romains tombent en Dacie, impliquant des pertes assez lourdes pour les troupes romaines qui avaient Ă©tĂ© laissĂ©s en territoire dace occupĂ©, et l'avancĂ©e romaine de 106 est peut-ĂȘtre meurtriĂšre pour l'armĂ©e romaine.
- Parfois considĂ©rĂ© comme Ă©tant Duras, prĂ©dĂ©cesseur de DĂ©cĂ©bale, et souvent comme Ă©tant DĂ©cĂ©bale lui-mĂȘme.
- Voir aussi Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan, 16, 4.
- A priori, les lĂ©gions I Adiutrix, I Italica, I Minervia, II Adiutrix, III Flavia, V Macedonica, VII Claudia, X Gemina, XI Claudia Pia Fidelis, XIII Gemina, XIV Gemina Martia Victrix, XV Apollinaris, XXI Rapax et XXX Ulpia Victrix auxquelles sâajoutent des vexillations des lĂ©gions II Augusta, III Augusta, III Gallica, IIII Scythica (selon E.M. Smallwood, Documents illustrating the principates of Nerva, Trajan and Hadrianus, Cambridge, 1966, p. 214.), VI Ferrata, VII Gemina, IX Hispana, XII Fulminata, XX Valeria Victrix et XXII Primigenia (selon Julio Rodriquez Gonzalez, Historia de las legiones romanas, Madrid, 2003, p. 726.
- Seuls cinq mots des Commentarii De Bellis Dacicis de Trajan nous sont parvenus : « inde Berzobim, deinde Aizi processimus », c'est-à -dire : « nous progressons depuis Berzobim vers Aizi ».
- Composées des vexillations de la legio XIII Gemina (CIL III, 1434, CIL III, 1476, CIL III, 1477, CIL III, 1479, CIL III, 7921, AE 1934, 11, etc.).
- Composées de vexillations de la legio III Flavia Felix (AE 1912, 77).
Références
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- F. Coarelli, op. cit., tables 104-105 (LXV/XC), pp. 148-149.
- F. Coarelli, op. cit., tables 106-108 (LXVI/XCI), pp. 150-151.
- F. Coarelli, op. cit., tables 118-120 (LXXII-LXXIII/IC-C), pp. 162-164.
- F. Coarelli, op. cit., tables 128-134 (LXXVIII-LXXXII/CVII-CXI), pp. 172-178.
- F. Coarelli, op. cit., tables 135-150 (LXXII-XCII/CXI-CXXII), pp. 179-194.
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- Si « Roumain » (Romùn) est attesté en tant endonyme au XVIe siÚcle, c'est qu'il existait évidemment bien avant :
- Tranquillo Andronico Ă©crit en 1534 que les roumains ("Valachi") "sâappellent eux-mĂȘmes romains" ("nunc se Romanos vocant" in: A. Verress, Acta et Epistolae, I, p. 243).
- En 1532 Francesco della Valle accompagnant le gouverneur Aloisio Gritti note que les roumains ont prĂ©servĂ© leur nom de romains et qu' "ils sâappellent eux-mĂȘmes roumains (Romei) dans leur langue". Il cite mĂȘme une phrase : "Sti rominest ?" ("sais-tu roumain ?", roum. :"Ètii romĂąneÈte ?"): "...si dimandano in lingua loro Romei...se alcuno dimanda se sano parlare in la lingua valacca, dicono a questo in questo modo: Sti Rominest ? Che vol dire: Sai tu Romano..." (in: Cl. Isopescu, Notizie intorno ai romeni nella letteratura geografica italiana del Cinquecento, in Bulletin de la Section Historique, XVI, 1929, p. 1-90.
- Ferrante Capeci Ă©crit vers 1575 que les habitants des "provinces valaques de Transsylvanie, Moldavie, Hongro-valaquie et MĂ©sie" sâappellent eux-mĂȘmes roumains (romanesci) (âAnzi essi si chiamano romanesci, e vogliono molti che erano mandati quĂŹ quei che erano dannati a cavar metalli...â in Maria Holban, CÄlÄtori strÄini despre ÈÄrile RomĂąne, vol. II, p. 158-161.
- Pierre Lescalopier remarque en 1574 que "Tout ce pays la Wallachie et Moldavie et la plus part de la Transilvanie a estĂ© peuplĂ© des colonies romaines du temps de Trajan lâempereurâŠCeux du pays se disent vrais successeurs des Romains et nomment leur parler romanechte, c'est-Ă -dire romainâŠ" (Voyage fait par moy, Pierre Lescalopier lâan 1574 de Venise a Constantinople, fol 48 in Paul Cernovodeanu, Studii Èi materiale de istorie medievalÄ, IV, 1960, p. 444).
- Le saxon transylvain Johann Lebel note en 1542 que les Valaques se dĂ©signent eux-mĂȘmes sous le nom de « Romuiniâ: "Ex Vlachi Valachi, Romanenses Italiani, /Quorum reliquae Romanensi lingua utuntur.../Solo Romanos nomine, sine re, repraesentantes./Ideirco vulgariter Romuini sunt appelanti" (Ioannes Lebelius, De opido Thalmus, Carmen Istoricum, Cibinii, 1779, p. 11-12.
- Le chroniqueur polonais Orichovius (Stanislaw Orzechowski) observe en 1554 quâ «en leur langue ils sâappellent romin, selon les romains et valaques en polonais, dâaprĂšs les italiens» ("qui eorum lingua Romini ab Romanis, nostra Walachi, ab Italis appellantur" in: St. Orichovius, Annales polonici ab excessu Sigismundi, in I. Dlugossus, Historiae polonicae libri XII, col 1555).
- Le croate Anton Verancsics remarque vers 1570 que les Valaques se nomment eux-mĂȘmes romains (roumains): â...Valacchi, qui se Romanos nominant...â âGens quae ear terras (Transsylvaniam, Moldaviam et Transalpinam) nostra aetate incolit, Valacchi sunt, eaque a Romania ducit originem, tametsi nomine longe alieno...â (in: De situ Transsylvaniae, Moldaviae et Transaplinae, in Monumenta Hungariae Historica, Scriptores; II, Pesta, 1857, p. 120).
- Le hongrois transylvain Martinus Szent-Ivany cite en 1699 les expressions : "Sie noi sentem Rumeni" ("nous aussi, nous sommes roumains", pour le roum. : "Èi noi suntem romĂąni") et "Noi sentem di sange Rumena" ("nous sommes de sang roumain", pour le roum.: "Noi suntem de sĂąnge romĂąn"): Martinus Szent-Ivany, Dissertatio Paralimpomenica rerum memorabilium Hungariae, Tyrnaviae, 1699, p. 39.
- Ă la mĂȘme Ă©poque, Grigore Ureche (LetopiseÈul ÈÄrii Moldovei, p. 133-134) Ă©crit : "Ăn Èara Ardealului nu lÄcuiesc numai unguri, ce Èi saÈi peste seamÄ de mulÈi Èi romĂąni peste tot locul...".
- Enfin, dans son testament littĂ©raire, IenÄchiÈÄ VÄcÄrescu Ă©crit: "UrmaÈilor mei VÄcÄreÈti!/Las vouÄ moÈtenire:/CreÈterea limbei romĂąneÈti/È-a patriei cinstire." Enfin dans une "Istoria faptelor lui Mavroghene-VodÄ Èi a rÄzmeriÈei din timpul lui pe la 1790" un Pitar Hristache versifie: "Ăncep dupÄ-a mea ideie/Cu vreo cĂąteva condeie/Povestea mavrogheneascÄ/Dela Èara RomĂąneascÄ".
- Inscriptions
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- Inscriptiones Latinae Selectae 5035, Dessau.
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- Pour Dacicus, voir AE 1978, 61.
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- Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 6, 1.
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- Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 8, 1.
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- Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 14, 4-5.
- Pline le Jeune, Lettres, lettre VIII, 4, 2.
- Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXIX, 16.
- Dion Cassius, Histoire romaine, livre LXVIII, 32.
- Eutrope, Abrégé de l'histoire romaine, livre VIII, 6, 2.
Voir aussi
Sur les guerres daciques
- Georges Depeyrot, LĂ©gions romaines en campagne : La colonne Trajane, Paris, Errance, , 247 p. (ISBN 978-2-87772-378-7)
- Alexandre Simon Stefan, Les guerres daciques de Domitien et de Trajan : architecture militaire, topographie, images et histoire, Ăcole Française de Rome, , 811 p. (ISBN 978-2-7283-0638-1)
- (de) Karl Strobel, Untersuchungen zu den Dakerkriegen Trajans. Studien zur Geschichte des mittleren und unteren Donauraumes in der Hohen Kaiserzeit, Bonn, Habelt, , 284 p. (ISBN 978-3-7749-2021-7)
- (it) Filippo Coarelli, La colonna Traiana, Rome, Colombo, , 276 p. (ISBN 978-88-86359-34-4).
- Patrick Receveur, La conquĂȘte de la Dacie par Trajan, MĂ©moire de maĂźtrise d'Histoire militaire, (lire en ligne).
Sur Trajan et lâĂ©poque
- Jean-Pierre Martin et al., Histoire romaine, Paris, Armand Colin, coll. « U Histoire », , 471 p. (ISBN 978-2-200-26587-8), « Le Haut-Empire »
- Paul Petit, Histoire générale de l'Empire romain, tome 1 : Le Haut-Empire (27 av. J.-C. - 161 ap. J.-C.), Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », , 307 p. (ISBN 978-2-02-004969-6)
- Patrick Le Roux, Le Haut-Empire romain en Occident, d'Auguste aux SévÚres, Paris, Seuil, coll. « Nouvelle Histoire de l'Antiquité », , 499 p. (ISBN 978-2-02-025932-3)
- (en) Julian Bennett, Trajan. Optimus Princeps. A Life And Times, Londres, Routledge, 1997 (1re Ă©d.) et 2001 (2e Ă©d.), 352 p. (ISBN 978-0-415-24150-2)
- (de) Karl Christ, Geschichte der römischen Kaiserzeit : von Augustus bis zu Konstantin, Munich, C.H. Beck Verlag, , 885 p. (ISBN 978-3-406-59613-1, lire en ligne)
- (de) Karl Strobel, Kaiser Traian. Eine Epoche der Weltgeschichte, Ratisbonne, Friedrich Pustet, , 479 p. (ISBN 978-3-7917-2172-9)
Sources antiques
- Pline le Jeune (v.61 - 114), Lettres [lire en ligne].
- Dion Cassius (v.155 - ap.235), Histoire romaine, livre LXVIII (rÚgnes de Nerva et Trajan), fragments et résumé byzantin [lire en ligne].
- Pseudo-Aurelius Victor (IVe siĂšcle), Liber de Caesaribus [lire en ligne] et Pseudo-Aurelius Victor, ĂpitomĂ© de Caesaribus, XIII - Ulpius Traianus [lire en ligne].
- Eutrope (IVe siÚcle), Abrégé de l'histoire romaine, livre VIII, 2-5 [lire en ligne].
Articles connexes
- Guerre dacique de Domitien (85-89) | Bataille d'Adamclisi (hiver 101/102) | Dacie romaine (107-275)
- Décébale | Trajan | Table de Trajan | Pont de Trajan
- Colonne Trajane | Reliefs de la colonne Trajane