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Portes de Fer (Danube)

Les Portes de Fer sont une gorge du Danube. Elles sont appelĂ©es ЂДрЎапсĐșĐ° ĐșĐ»ĐžŃŃƒŃ€Đ°, Đerdapska klisura en serbe, Porțile de Fier en roumain, Vaskapu en hongrois, ĆœeleznĂ© vrĂĄta en slovaque, Demirkapı en turc, Eisernes Tor en allemand et Đ–Đ”Đ»Đ”Đ·ĐœĐž ĐČрата, Jelezni vrata en bulgare.

Portes de Fer
Vue des Portes de Fer, par Fritz Lach, 1928, aquarelle sur papier. Palais Dorotheum, Vienne.
Vue des Portes de Fer, par Fritz Lach, 1928, aquarelle sur papier. Palais Dorotheum, Vienne.
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la Roumanie Roumanie
Drapeau de la Serbie Serbie
CoordonnĂ©es 44° 37â€Č 36″ nord, 22° 16â€Č 24″ est
RiviĂšre Danube
Longueur 135 km
Largeur 150 m
GĂ©olocalisation sur la carte : Roumanie
(Voir situation sur carte : Roumanie)
Portes de Fer
GĂ©olocalisation sur la carte : Serbie
(Voir situation sur carte : Serbie)
Portes de Fer

GĂ©ographie

Le bateau-mouche Ă  vapeur touristique Borcea aux Portes de Fer.

À cet endroit, le fleuve sĂ©pare les Carpates au nord, en Roumanie, des Balkans au sud, en Serbie. Le dĂ©filĂ© a une longueur de 135 km ; il dĂ©bute Ă  Baziaș et s’achĂšve Ă  Drobeta-Turnu Severin. Un autre port important, Orșova, se trouve sur le parcours. La largeur du fleuve y varie de km Ă  moins de 150 m par endroits.

Il faut distinguer trois parties dans cet ensemble :

  • Les portes supĂ©rieures (Gornja Klissura en Serbie ou Clisura en Roumanie),
  • Les portes infĂ©rieures (Doljna Klissura en Serbie ou Cazanele en Roumanie),

Entre les deux, le fleuve s’élargit de façon importante : c'est le lac de la centrale Ă©lectrique des portes de Fer.

La population est mélangée sur ses deux rives, avec des minorités serbes en Roumanie et roumaines en Serbie (dites « valaques »).

Histoire

Le canyon des Portes de Fer a Ă©tĂ© creusĂ© il y a environ cinq millions d'annĂ©es, au Messinien, avant la sĂ©rie de glaciations et de phases inter-glaciaires commencĂ©e depuis deux millions d'annĂ©es, dont l’alternance a cependant aussi contribuĂ© Ă  sa morphologie actuelle. Au dĂ©but du Messinien, le proto-bas-Danube, qui se dĂ©versait dans le bassin pontique, commençait ici. En amont, on trouvait le lac Pannonien, dont le proto-haut-Danube Ă©tait un affluent. Le niveau hydrologique de base s’étant abaissĂ© au Messinien, de nombreux cours d’eau ont alors accru leur capacitĂ© d’érosion et, Ă  un moment, le lac Pannonien put se dĂ©verser via le bas-Danube jusqu’en mer Noire : le Danube Ă©tait dĂšs lors formĂ©, les Portes de Fer reprĂ©sentant la jonction. Avec le temps, le lac Pannonien se combla d’alluvions, devenant une plaine que parcourent le moyen-Danube et ses affluents (c’est l’Alföld).

C’est sur la rive serbe des Portes de Fer, Ă  Lepenski Vir (en roumain VĂąrtejul Teiului) que se trouvent les traces archĂ©ologiques de l’un des plus anciens villages sĂ©dentaires d’Europe, datant de la fin du palĂ©olithique. Sur la rive serbe Ă©galement, on peut voir la Table de Trajan (en serbe ĐąŃ€Đ°Ń˜Đ°ĐœĐŸĐČĐ° табла : Trajanova tabla ; en roumain Tabula lui Traian), une inscription latine dĂ©diĂ©e Ă  l’empereur Trajan, gravĂ©e sur une paroi rocheuse spĂ©cialement taillĂ©e qui se trouve aujourd’hui intĂ©grĂ©e, avec d’autres vestiges de la mĂȘme Ă©poque (voie romaine et restes du pont sur le Danube) dans le parc national de Đerdap, prĂšs de Kladovo. Elle commĂ©more l’expĂ©dition menĂ©e par Trajan en 100-103 contre les Daces, au nord du Danube, un Ă©pisode important de l’histoire de la Roumanie. Il fit tracer une route militaire depuis Belgrade, passant Ă  flanc de montagne sur la rive droite des Portes de Fer et atteignant une zone plus plate oĂč l’empereur fit construire par son ingĂ©nieur Apollodore de Damas un pont par-dessus le fleuve (ce qui est immortalisĂ© par les bas-reliefs de la colonne Trajane). Trajan fit aussi draguer un chenal navigable dans cette partie du fleuve dont les rapides Ă©taient rĂ©putĂ©s infranchissables.

Durant des siĂšcles, ce dĂ©filĂ©, dont l’entrĂ©e est gardĂ©e par la forteresse de Golubac, a Ă©tĂ© une frontiĂšre des empires romain, grec, bulgare, serbe et turc : le premier y a laissĂ© les langues roumaines, le deuxiĂšme la religion chrĂ©tienne orthodoxe, les suivants les langues slaves, la derniĂšre des forteresses et une bourgade fortifiĂ©e peuplĂ©e de Turcs sur une Ăźle : Ada Kaleh (« Ăźle fortifiĂ©e » en turc), qui fut submergĂ©e en 1970 par le lac de retenue du barrage des Portes de Fer. Au nord du dĂ©filĂ© et parfois par le fleuve lui-mĂȘme passĂšrent maintes invasions : Celtes, Huns, Germains, Avars, Magyars, Tatars et bien d’autres, avant que des principautĂ©s vassales de la Hongrie puis des Turcs ne s’y Ă©tablissent (Transylvanie et Valachie). Le dĂ©filĂ© est la frontiĂšre internationale entre Serbie et Roumanie depuis 1878.

  • Canyon des portes de fer
  • Vue du dĂ©filĂ© de Gornja Kissura.
    Vue du défilé de Gornja Kissura.
  • Vue du dĂ©filĂ© des Cazane.
    Vue du défilé des Cazane.
  • Une statuette de Lepenski Vir.
    Une statuette de Lepenski Vir.
  • La forteresse de Golubac, Ă  l'entrĂ©e des Portes de Fer, cĂŽtĂ© serbe.
    La forteresse de Golubac, à l'entrée des Portes de Fer, cÎté serbe.
  • La Table de Trajan.
    La Table de Trajan.
  • Les Portes de Fer en hiver.
    Les Portes de Fer en hiver.

Le barrage

Le barrage des Portes de Fer (1972).

La construction du barrage roumano-yougoslave de Kladovo-Drobeta-Turnu Severin s’est Ă©talĂ©e de 1963 Ă  1972. On chercha alors les meilleures solutions pour prĂ©server les vestiges (prĂ©historiques, romains, byzantins et turcs) qui allaient ĂȘtre irrĂ©mĂ©diablement noyĂ©s sous les eaux de l’immense lac de retenue, et notamment la Table de Trajan qui est l’un des symboles de la latinitĂ© de la Roumanie. Avant la construction du barrage, les eaux du Danube lĂ©chaient dĂ©jĂ  la Table de Trajan et les restes de la voie romaine. Il fut donc dĂ©cidĂ© de dĂ©couper la table, avec toute la roche qui l’entoure, et de la remonter 50 m plus haut, de maniĂšre Ă  la rendre visible depuis le fleuve.

Sculpture géante

Approximativement en face de la Table Trajane, prĂšs d’Orșova, dans la vallĂ©e d’un affluent cĂŽtĂ© roumain, le millionnaire protochroniste Iosif Drăgan, inspirĂ© par les Ɠuvres du mont Rushmore aux États-Unis, fit sculpter en 1994 dans la roche une tĂȘte de 55 m de haut du dernier roi dace, DĂ©cĂ©bale[1].

Sculpture monumentale Ă  mĂȘme la roche, en bord de riviĂšre.
SculptĂ©e en 1994 dans la roche cette tĂȘte de 55 m de haut reprĂ©sente le dernier roi des Daces, DĂ©cĂ©bale.

Dans la littérature

Le site est évoqué briÚvement par Jules Verne dans son roman Le Pilote du Danube, dans les termes suivants :

« Les Portes de Fer, ce dĂ©filĂ© fameux bordĂ© de murailles verticales de quatre cents mĂštres, oĂč le Danube se prĂ©cipite et se brise avec fureur contre les blocs dont son lit est semĂ©[2]. »

Notes et références

  1. (en) « History of the monument », sur www.decebalusrex.ro (consulté le ).
  2. Jules Verne, le Pilote du Danube, Paris, Hachette, coll. « Hetzel », , 346 p. (lire en ligne), « PrÚs du but », p. 292.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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