Portes de Fer (Danube)
Les Portes de Fer sont une gorge du Danube. Elles sont appelĂ©es ĐĐ”ŃĐŽĐ°ĐżŃĐșĐ° ĐșлОŃŃŃĐ°, Äerdapska klisura en serbe, PorÈile de Fier en roumain, Vaskapu en hongrois, ĆœeleznĂ© vrĂĄta en slovaque, Demirkapı en turc, Eisernes Tor en allemand et ĐĐ”Đ»Đ”Đ·ĐœĐž ĐČŃĐ°ŃĐ°, Jelezni vrata en bulgare.
GĂ©ographie
Ă cet endroit, le fleuve sĂ©pare les Carpates au nord, en Roumanie, des Balkans au sud, en Serbie. Le dĂ©filĂ© a une longueur de 135 km ; il dĂ©bute Ă BaziaÈ et sâachĂšve Ă Drobeta-Turnu Severin. Un autre port important, OrÈova, se trouve sur le parcours. La largeur du fleuve y varie de 2 km Ă moins de 150 m par endroits.
Il faut distinguer trois parties dans cet ensemble :
- Les portes supérieures (Gornja Klissura en Serbie ou Clisura en Roumanie),
- Les portes inférieures (Doljna Klissura en Serbie ou Cazanele en Roumanie),
Entre les deux, le fleuve sâĂ©largit de façon importante : c'est le lac de la centrale Ă©lectrique des portes de Fer.
La population est mélangée sur ses deux rives, avec des minorités serbes en Roumanie et roumaines en Serbie (dites « valaques »).
Histoire
Le canyon des Portes de Fer a Ă©tĂ© creusĂ© il y a environ cinq millions d'annĂ©es, au Messinien, avant la sĂ©rie de glaciations et de phases inter-glaciaires commencĂ©e depuis deux millions d'annĂ©es, dont lâalternance a cependant aussi contribuĂ© Ă sa morphologie actuelle. Au dĂ©but du Messinien, le proto-bas-Danube, qui se dĂ©versait dans le bassin pontique, commençait ici. En amont, on trouvait le lac Pannonien, dont le proto-haut-Danube Ă©tait un affluent. Le niveau hydrologique de base sâĂ©tant abaissĂ© au Messinien, de nombreux cours dâeau ont alors accru leur capacitĂ© dâĂ©rosion et, Ă un moment, le lac Pannonien put se dĂ©verser via le bas-Danube jusquâen mer Noire : le Danube Ă©tait dĂšs lors formĂ©, les Portes de Fer reprĂ©sentant la jonction. Avec le temps, le lac Pannonien se combla dâalluvions, devenant une plaine que parcourent le moyen-Danube et ses affluents (câest lâAlföld).
Câest sur la rive serbe des Portes de Fer, Ă Lepenski Vir (en roumain VĂąrtejul Teiului) que se trouvent les traces archĂ©ologiques de lâun des plus anciens villages sĂ©dentaires dâEurope, datant de la fin du palĂ©olithique. Sur la rive serbe Ă©galement, on peut voir la Table de Trajan (en serbe ĐąŃĐ°ŃĐ°ĐœĐŸĐČĐ° Ńабла : Trajanova tabla ; en roumain Tabula lui Traian), une inscription latine dĂ©diĂ©e Ă lâempereur Trajan, gravĂ©e sur une paroi rocheuse spĂ©cialement taillĂ©e qui se trouve aujourdâhui intĂ©grĂ©e, avec dâautres vestiges de la mĂȘme Ă©poque (voie romaine et restes du pont sur le Danube) dans le parc national de Äerdap, prĂšs de Kladovo. Elle commĂ©more lâexpĂ©dition menĂ©e par Trajan en 100-103 contre les Daces, au nord du Danube, un Ă©pisode important de lâhistoire de la Roumanie. Il fit tracer une route militaire depuis Belgrade, passant Ă flanc de montagne sur la rive droite des Portes de Fer et atteignant une zone plus plate oĂč lâempereur fit construire par son ingĂ©nieur Apollodore de Damas un pont par-dessus le fleuve (ce qui est immortalisĂ© par les bas-reliefs de la colonne Trajane). Trajan fit aussi draguer un chenal navigable dans cette partie du fleuve dont les rapides Ă©taient rĂ©putĂ©s infranchissables.
Durant des siĂšcles, ce dĂ©filĂ©, dont lâentrĂ©e est gardĂ©e par la forteresse de Golubac, a Ă©tĂ© une frontiĂšre des empires romain, grec, bulgare, serbe et turc : le premier y a laissĂ© les langues roumaines, le deuxiĂšme la religion chrĂ©tienne orthodoxe, les suivants les langues slaves, la derniĂšre des forteresses et une bourgade fortifiĂ©e peuplĂ©e de Turcs sur une Ăźle : Ada Kaleh (« Ăźle fortifiĂ©e » en turc), qui fut submergĂ©e en 1970 par le lac de retenue du barrage des Portes de Fer. Au nord du dĂ©filĂ© et parfois par le fleuve lui-mĂȘme passĂšrent maintes invasions : Celtes, Huns, Germains, Avars, Magyars, Tatars et bien dâautres, avant que des principautĂ©s vassales de la Hongrie puis des Turcs ne sây Ă©tablissent (Transylvanie et Valachie). Le dĂ©filĂ© est la frontiĂšre internationale entre Serbie et Roumanie depuis 1878.
- Vue du défilé de Gornja Kissura.
- Vue du défilé des Cazane.
- Une statuette de Lepenski Vir.
- La forteresse de Golubac, à l'entrée des Portes de Fer, cÎté serbe.
- La Table de Trajan.
- Les Portes de Fer en hiver.
Le barrage
La construction du barrage roumano-yougoslave de Kladovo-Drobeta-Turnu Severin sâest Ă©talĂ©e de 1963 Ă 1972. On chercha alors les meilleures solutions pour prĂ©server les vestiges (prĂ©historiques, romains, byzantins et turcs) qui allaient ĂȘtre irrĂ©mĂ©diablement noyĂ©s sous les eaux de lâimmense lac de retenue, et notamment la Table de Trajan qui est lâun des symboles de la latinitĂ© de la Roumanie. Avant la construction du barrage, les eaux du Danube lĂ©chaient dĂ©jĂ la Table de Trajan et les restes de la voie romaine. Il fut donc dĂ©cidĂ© de dĂ©couper la table, avec toute la roche qui lâentoure, et de la remonter 50 m plus haut, de maniĂšre Ă la rendre visible depuis le fleuve.
Sculpture géante
Approximativement en face de la Table Trajane, prĂšs dâOrÈova, dans la vallĂ©e dâun affluent cĂŽtĂ© roumain, le millionnaire protochroniste Iosif DrÄgan, inspirĂ© par les Ćuvres du mont Rushmore aux Ătats-Unis, fit sculpter en 1994 dans la roche une tĂȘte de 55 m de haut du dernier roi dace, DĂ©cĂ©bale[1].
Dans la littérature
Le site est évoqué briÚvement par Jules Verne dans son roman Le Pilote du Danube, dans les termes suivants :
« Les Portes de Fer, ce dĂ©filĂ© fameux bordĂ© de murailles verticales de quatre cents mĂštres, oĂč le Danube se prĂ©cipite et se brise avec fureur contre les blocs dont son lit est semĂ©[2]. »
Notes et références
- (en) « History of the monument », sur www.decebalusrex.ro (consulté le ).
- Jules Verne, le Pilote du Danube, Paris, Hachette, coll. « Hetzel », , 346 p. (lire en ligne), « PrÚs du but », p. 292.
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- www.portiledefier.ro -Parc naturel des Portes de Fer ((ro))
- Lepenski Vir ((sr))