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Legio VI Ferrata

La Legio VI Ferrata (VIe légion « couverte de fer », référence probable à son armure )[N 1] fut une légion romaine recrutée en 52 av. J.-C. par Jules César en Gaule cisalpine.

AprĂšs avoir participĂ© Ă  la bataille d’AlĂ©sia et avoir combattu les Carnutes en Gaule, la lĂ©gion fut de presque tous les combats qui marquĂšrent la lutte entre CĂ©sar et PompĂ©e. AprĂšs l’assassinat de celui-ci, elle fut reconstituĂ©e par LĂ©pide avant de se ranger aux cĂŽtĂ©s de Marc Antoine et d’ĂȘtre reprise par Octave. AprĂšs que celui-ci fut devenu Auguste, elle fut envoyĂ©e en Syrie et participa sous les ordres de TibĂšre Ă  la guerre contre les Parthes visant Ă  faire de l’ArmĂ©nie un État tampon entre les deux empires. Elle devait retourner sur la frontiĂšre avec l’ArmĂ©nie au cours de la campagne de Corbulo contre les Parthes en 54 et participer Ă  la rĂ©pression de la rĂ©volte juive de 67. AprĂšs la chute de NĂ©ron, la lĂ©gion se rangea aux cĂŽtĂ©s de Vespasien et fut envoyĂ©e en MĂ©sie oĂč les Daces avaient traversĂ© le limes danubien et un de ses dĂ©tachements prit part Ă  la premiĂšre guerre de Trajan contre ceux-ci. La lĂ©gion elle-mĂȘme accompagna Trajan dans ses campagnes contre les Parthes en ArmĂ©nie, MĂ©sopotamie et Babylonie. Vers 123, elle devait quitter Bosra pour s’établir Ă  Caparcotna en GalilĂ©e. Elle devait par la suite rester longtemps en Syrie-Palestine avant d’ĂȘtre transfĂ©rĂ©e vers la Syrie-PhĂ©nicie. On sait qu’elle existait encore sous Philippe l’Arabe qui fit frapper des monnaies en son honneur. La lĂ©gion disparait des sources par la suite et n’est plus mentionnĂ©e dans la Notitia Dignitatum datant d’environ 400 dressant une liste des lĂ©gions en existence.

Comme presque toutes les autres légions recrutées par César, elle avait le taureau comme emblÚme. On retrouve aussi parfois la louve romaine du Capitole avec les louveteaux Romulus et Remus[1].

Histoire de la légion

Sous la RĂ©publique

Jules CĂ©sar recruta cette lĂ©gion en Gaule cisalpine en 52 av. J.-C. pour l’aider dans ses campagnes contre les Gaulois. Une de ses premiĂšres grandes batailles fut celle d’Alesia contre VercingĂ©torix. AprĂšs avoir passĂ© l’hiver Ă  ChĂąlons-sur-SaĂŽne ou Macon, la lĂ©gion combattit les Carnutes de la Loire infĂ©rieure avant d’ĂȘtre envoyĂ©e Ă  OrlĂ©ans[2].

Au cours de la guerre civile entre CĂ©sar et PompĂ©e, la Ferrata fut l’un des plus importants appuis de CĂ©sar dans la lutte pour le pouvoir; extrĂȘmement mobile, elle fut prĂ©sente Ă  presque toutes les grandes batailles qui marquĂšrent son accession au pouvoir. À l’étĂ© 49 av. J.-C., elle combattit les partisans de PompĂ©e en Espagne lors de la bataille de Ilerda. StationnĂ©e en Illyrie, elle prit part Ă  la bataille de Dyrrhachium dans les premiers mois de 48 av. J.-C. En aout de la mĂȘme annĂ©e on la retrouve Ă  la bataille de Pharsale, puis ayant accompagnĂ© CĂ©sar Ă  Alexandrie (48/47 av. J.-C.) elle joua un rĂŽle dĂ©cisif Ă  la bataille de Zela (2 aout 47 av. J.-C.) dans le Pont. Ayant subi de lourdes pertes au cours de ces campagnes, elle fut renvoyĂ©e en Italie oĂč CĂ©sar Ă©tablit ses vĂ©tĂ©rans Ă  Arles dans la Colonia Iulia Paterna Arelatensium Sextanorum (Colonie ancestrale Julia des lĂ©gionnaires de la SixiĂšme Ă  Arles). La lĂ©gion elle-mĂȘme participa Ă  la bataille de Munda, le 17 mars 45 av. J.-C. DĂ©jĂ , elle portait le surnom (cognomen) de « ferrata », probablement en raison de son armure[3] - [4].

AprĂšs l’assassinat de CĂ©sar, la lĂ©gion fut reconstituĂ©e par Marcus Aemilius Lepidus (LĂ©pide) qui la remit Ă  Marc Antoine en 43 av. J.-C. AprĂšs la bataille de Philippes (42 av. J.-C.) oĂč elle combattit Brutus et Cassius, assassins de Jules CĂ©sar, une nouvelle colonie fut fondĂ©e pour accueillir ses vĂ©tĂ©rans Ă  BĂ©nĂ©vent en Italie. La lĂ©gion pour sa part partit pour l’Orient avec Marc Antoine et fut stationnĂ©e en JudĂ©e aprĂšs avoir aidĂ© le roi HĂ©rode Ă  s’emparer du trĂŽne (37 av. J.-C.). L’annĂ©e suivante, elle prit part Ă  une campagne contre les Parthes dont l’issue s’avĂ©ra dĂ©sastreuse et les survivants gagnĂšrent Ă  grand peine l’ArmĂ©nie. Au cours de la guerre civile qui opposa Marc Antoine Ă  Octave, la VI Ferrata fut envoyĂ©e en GrĂšce oĂč elle ne fut guĂšre active, l’issue des combats se dĂ©roulant sur la mer et se terminant par la victoire d’Octave Ă  Actium[5] - [6].

Sous la dynastie julio-claudienne

La province romaine de Syrie sous Trajan.

AprĂšs la victoire d’Octave, la lĂ©gion fut envoyĂ©e Ă  Laodicea ad Mare (aujourd’hui LattaquiĂ©) dans la province de Syrie[7] oĂč, avec les lĂ©gions III Gallica, X Fretensis et XII Fulminata, elle contribua Ă  assurer la sĂ©curitĂ© de la rĂ©gion. Ces quatre lĂ©gions prirent part en 20 av. J.-C. aux campagnes de TibĂšre chargĂ© par Octave devenu Auguste de faire de l’ArmĂ©nie un État tampon entre les empires romain et parthe. EffrayĂ©s par l'avancĂ©e de cette immense armĂ©e, les Parthes acceptĂšrent un compromis en vertu duquel ils restituĂšrent les insignes et les prisonniers en leur possession depuis la dĂ©faite de Crassus lors de la bataille de Carrhes en 53 av. J.-C.[8].

Le gouverneur de Syrie, Publius Quictilius Varus utilisa la Ferrata pour rĂ©primer la rĂ©bellion juive de 4 av. J.-C. qui suivit la mort d’HĂ©rode[9]. Dans les annĂ©es 20, Pacuvius, le lĂ©gat de la Legio VI Ferrata exerça la charge de gouverneur de Syrie en remplacement de Lucius Aelius Lamia[10]. L’empereur Claude en 45 apr. J.-C. crĂ©a la Colonia Claudii Caesaris prĂšs de Ptolemais (Akkon) pour y Ă©tablir les vĂ©tĂ©rans de ces quatre lĂ©gions[11] - [12].

En 55, NĂ©ron nomma Cnaeus Domitius Corbulo lĂ©gat de Cappadoce et lui fournit des moyens exceptionnels, incluant les lĂ©gions III Gallica et VI Ferrata en provenance de l’armĂ©e de Syrie, la IV Scythica de MĂ©sie et l’habituel contingent de forces auxiliaires[13]. La ville de Artaxata (aujourd’hui Yerevan) fut prise en 58 suivie de Tigranocerta en 59. Le statu quo rĂ©tabli, le roi Tiridate Ier, installĂ© sur le trĂŽne par son frĂšre, le roi des Parthes, VologĂšse Ier[14], fut remplacĂ© par le proromain Tigranes VI, un petit-fils du roi HĂ©rode[15]. Corbulo laissa 1 000 lĂ©gionnaires, trois cohortes d'auxiliaires et deux alae de cavaliers (environ 3 Ă  4 000 hommes) pour soutenir le nouveau monarque, et rentra avec le reste de l'armĂ©e en Syrie, dont il avait reçu le gouvernorat (en 60) en rĂ©compense de ses succĂšs[16].

Statue de Corbulo Ă  Voorburg (Pays-Bas).

En 61, Tigrane envahit l'AdiabĂšne, une importante rĂ©gion du royaume de Parthie[17]. VologĂšse se prĂ©para Ă  chasser Tigrane. Corbulo rĂ©pliqua en envoyant les lĂ©gions IV Scythica et XII Fulminata en ArmĂ©nie, pendant qu'il disposait ses trois autres lĂ©gions (III Gallica, VI Ferrata et XV Apollinaris) pour fortifier la ligne des rives de l'Euphrate, craignant que les Parthes n’envahissent la Syrie. Au mĂȘme moment, il implora NĂ©ron de nommer un lĂ©gat pour la Cappadoce, avec la responsabilitĂ© de conduire la guerre en ArmĂ©nie[18]. NĂ©ron nomma effectivement Lucius Caesennius Paetus, le consul romain de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente (61), comme nouveau lĂ©gat avec mission de ramener l'ArmĂ©nie sous administration directe de Rome. L'armĂ©e fut divisĂ©e entre lui et Corbulo. Les IV Scythica et XII Fulminata, la V Macedonica nouvellement arrivĂ©e et les auxiliaires du Pont, de Galatie et de Cappadoce allant avec Paetus, pendant que Corbulo gardait les III Gallica, VI Ferrata et X Fretensis[19]. La mission de Paetus fut un Ă©chec complet et bientĂŽt Corbulo fut remis en charge, parvenant Ă  rĂ©tablir la situation et Ă  forcer Tiridates Ă  se rendre Ă  Rome pour y recevoir une deuxiĂšme fois sa couronne des mains de NĂ©ron[20] - [21].

AprĂšs ce nouveau succĂšs, Corbulo renvoya les troupes dĂ©faites et humiliĂ©es de la IV Scythica et de la XII Fulminata en Syrie, laissant la X Fretensis en garnison en Cappadoce, et prenant la tĂȘte des lĂ©gions de vĂ©tĂ©rans III Gallica et VI Ferrata Ă  MelitĂšne auxquels se joignirent la V Macedonica, la XV Apollinaris arrivĂ©e de Pannonie, ainsi qu'un grand nombre d'auxiliaires, et se prĂ©para en 63 Ă  traverser l’Euphrate. EffrayĂ© devant l’ampleur de cette armĂ©e, Tiridate et VologĂšse durent nĂ©gocier la paix[22].

En l'an 67, Ă©clatĂšrent les rĂ©voltes juives en JudĂ©e. Corbulo avait alors Ă©tĂ© Ă©cartĂ© par NĂ©ron qui voyait en lui un usurpateur potentiel; ce fut Caius Cestius Gallus, gouverneur de Syrie, qui conduisit la Legio XII Fulminata ainsi que des dĂ©tachements des lĂ©gions VI Ferrata et III Scythica pour mater la rĂ©bellion[11]. AprĂšs s’ĂȘtre emparĂ© de Bezetha dont les habitants avaient fui devant lui[23], Cestius Gallus voulut s’attaquer Ă  JĂ©rusalem. Mais il s’avĂ©ra incapable de s’emparer de la colline du Temple. Dans sa retraite, il fut Ă©crasĂ© Ă  Beth-Horon par Eleazar ben Simon et perdit la presque totalitĂ© de sa lĂ©gion, soit Ă  peu prĂšs 5 300 lĂ©gionnaires et 480 cavaliers. Ayant dĂ» battre en retraite, il s’enfuit vers Antioche en sacrifiant la plus grande part de son armĂ©e et de ses Ă©quipements[24]. NĂ©ron dĂ©cida alors de donner Ă  T. Flavius Vespasianus, le futur empereur Vespasien, la mission d'Ă©craser la rĂ©bellion juive.

Sous la dynastie flavienne

En 68, NĂ©ron fut contraint au suicide. Dans la guerre civile qui s’ensuivit, la Legio VI Ferrata prit le parti de Vespasien, mais ne fut toutefois pas vraiment impliquĂ©e dans la guerre, bien qu’elle ait pris part avec les autres lĂ©gions d’Orient Ă  sa marche sur Rome. Il se peut que Vespasien doutĂąt des qualitĂ©s militaires de cette lĂ©gion dĂ©faite trois ans plus tĂŽt devant JĂ©rusalem[25]. La majeure partie de la lĂ©gion, sous les ordres de Gaius Licinius Mucianus fut plutĂŽt envoyĂ©e en MĂ©sie oĂč les Daces avaient franchi le Danube exposĂ© aux invasions pendant que les lĂ©gions marchaient sur Rome. On sait toutefois qu’au moins une unitĂ© de la lĂ©gion entra dans Rome avec Vespasien[26].

La Legio VI Ferrata se sĂ©para de la Legio XII Fulminata Ă  Raphaneia, vers 70[7]. Vers 72/73, sous le commandement du gouverneur de Syrie Lucius Iunius Caesennius Paetus, elle fut stationnĂ©e en CommagĂšne, un royaume sur l’Euphrate rĂ©cemment annexĂ©, et fut basĂ©e Ă  Samosata (aujourd’hui Samsat en Turquie)[27]. Des unitĂ©s des lĂ©gions XVI Flavia Firma, IIII Scythica, III Gallica et VI Ferrata prirent part Ă  la construction vers 75 de canaux et de ponts autour d’Antioche, partie d’une infrastructure routiĂšre qui traversait l’est de la Syrie jusqu’à la mer Rouge via Bostra et Petra[28] - [29] - [30].

Sous la dynastie des Antonins

Sous Trajan (98-117), un dĂ©tachement de la VI Ferrata prit part Ă  la premiĂšre guerre contre les Daces et construisit vers 102 un campement prĂšs de Sarmizegetusa[31]. Avec la III Cyrenaica, elle prit part Ă  l’annexion du royaume des NabatĂ©ens, frontalier de la Syrie, au nord de la mer Rouge. Elle Ă©tablit son quartier gĂ©nĂ©ral Ă  Bosra (ou Bostra, renommĂ©e Nova Traiana), capitale du royaume, alors que des dĂ©tachements Ă©taient postĂ©s Ă  Gerasa[32] ainsi qu’à Gadara (aujourd’hui Umm Qais)[33] afin de surveiller la province nouvellement crĂ©Ă©e de l’Arabie pĂ©trĂ©e[34] - [35].

La province romaine d'Arabie pétrée, créée à la place du royaume nabatéen.

La lĂ©gion prit part, sous le commandement de son lĂ©gat Gaius Bruttius Praesens[36], Ă  la guerre de Trajan contre les Parthes en ArmĂ©nie (114), en MĂ©sopotamie (115) et en Babylonie (116). Toutefois l’empereur s’avĂ©ra incapable de conserver ces conquĂȘtes et son successeur, Hadrien (117-138), reconnaissant que la situation Ă©tait intenable, se rĂ©solut en 118 Ă  complĂ©ter le retrait que Trajan avait amorcĂ©; Ă  la fin de 117, tout ce qui restait des conquĂȘtes de Trajan Ă©tait le maintien des prĂ©tentions romaines Ă  la protection de l’ArmĂ©nie et de l’OsroĂšne[37].

Le théùtre romain de Bosra.

Vers 120, la VI Ferrata fut transfĂ©rĂ©e de Bosra en Arabie vers la JudĂ©e ayant comme mission de mettre un terme Ă  la rĂ©volte de Simon ben Kosiba (132-136)[38] - [39]. Elle y remplaça la Legio II Traiana Fortis Ă  Caparcotna (Kefar ‘Otnay) en GalilĂ©e[40]. Elle devait y rester longtemps si bien que l’endroit finit par ĂȘtre connu sous le nom de « Legio » et est encore dĂ©signĂ© aujourd’hui comme « Lajjun »[41]. Des dĂ©tachements furent stationnĂ©s prĂšs de TibĂ©rias, du mont Hazon, de Tel Shalem, de Kefar Hanayah et en divers autres endroits[42]. Toujours sous Hadrien, des dĂ©tachements de la X Fretensis, de la II Traiana, de la III Cyrenaica et de la VI Ferrata furent utilisĂ©s pour construire l’aqueduc de la Colonia Prima Flavia Augusta Caesariensis prĂšs de CĂ©sarĂ©e maritime[43]. Des vĂ©tĂ©rans de cette lĂ©gion semblent avoir Ă©tĂ© Ă©tablis Ă  la mĂȘme pĂ©riode dans la Colonia Aelia Capitolina (JĂ©rusalem)[44]. Entre 2013 et 2015, des fouilles prĂšs de Megiddo ont mis au jour un castrum pouvant abriter quelque 5 000 hommes dans un pĂ©rimĂštre de 300 m sur 500 m.

Fouilles du castrum de Megiddo.

Sous Antonin le Pieux (138-161), un dĂ©tachement de la lĂ©gion fut briĂšvement envoyĂ© en Numidie (AlgĂ©rie et Tunisie modernes) pour y construire une route en 145[45]. Vers 150, le nom du campement de Caparacotna fut modifiĂ© pour devenir Legio VI Ferrata Caparcotna[46]. Plus tard, lorsque la guerre Ă©clata entre l’empire et les Parthes, l’empereur Lucius Verus (162-165) utilisa la VI Ferrata en MĂ©sopotamie[47]; il n’est pas impossible qu’elle ait Ă©tĂ© impliquĂ©e dans la prise de CtĂ©siphon, capitale de l’empire parthe[11].

Pendant la deuxiÚme année des quatre empereurs et sous la dynastie des SévÚres

AprĂšs l’assassinat de l’empereur Pertinax (193), la VI Ferrata se rangea du cĂŽtĂ© de Septime SĂ©vĂšre (193-211) au cours de cette deuxiĂšme annĂ©e des quatre empereurs et combattit son rival, Pescennius Niger (193-194). C’est Ă  cette Ă©poque qu’elle reçut le surnom de Fidelis Constans (Loyale et constante), mais on ignore dans quelles circonstances ce cognomen lui fut attribuĂ©[48]. Selon une hypothĂšse, la toile de fond aurait Ă©tĂ© la guerre que se livrĂšrent Juifs et Samaritains en 195. Le surnom implique que la lĂ©gion aurait rĂ©sistĂ© Ă  un siĂšge particuliĂšrement difficile; il est possible que son opposant ait alors Ă©tĂ© la Legio X Fretensis[11]. Une autre hypothĂšse veut que la lĂ©gion se soit mĂ©ritĂ© ce titre lors de la bataille d’Isos en 194 qui permit Ă  Septime SĂ©vĂšre de triompher de Pescennius Niger ou qu’il s’agisse de la guerre que livra Septime SĂ©vĂšre contre les Parthes en 198/199[49].

À un autre moment impossible Ă  dĂ©terminer, la lĂ©gion se mĂ©rita Ă©galement le surnom de Felix (l’heureuse)[50]. Sous les empereurs Caracalla (211-217) et/ou Élagabal (218-222) la lĂ©gion porta le nom de Legio VI Ferrata Fidelis Constans Antoniana[N 2]. AprĂšs la damnatio memoriae[N 3] d’Élagabal, le surnom de Antoniniana ne fut jamais plus utilisĂ©[51] - [52].

En 215 la lĂ©gion se trouvait encore en Syrie-Palestine d’oĂč elle fut transfĂ©rĂ©e, peut-ĂȘtre sous SĂ©vĂšre Alexandre (222-235) vers la Syrie-PhĂ©nicie[11] - [53].

Dans l’AntiquitĂ© tardive

Philippe l’Arabe (244-249) fit frapper des monnaies honorant la lĂ©gion. Pendant le rĂšgne de DioclĂ©tien (284-305) la lĂ©gion se trouvait Ă  Adrou (prĂšs de Petra en Jordanie) oĂč elle bĂątit un campement[53].

La Notitia Dignitatum (document datant d’environ 400 qui donnait entre autres la liste des fonctions militaires dans les composantes occidentales et orientales de l’empire) ne faisant pas mention de la VI Ferrata, on peut tenir pour acquis qu’elle n’existait plus Ă  cette Ă©poque, soit qu’elle ait Ă©tĂ© annihilĂ©e, dissoute ou rĂ©organisĂ©e[54].

Une des hypothĂšses est que la Legio VI Ferrata faisait partie de l’armĂ©e accompagnant l’empereur ValĂ©rien lors de la campagne contre les Perses au cours de laquelle l’empereur fut capturĂ© prĂšs d’Édesse et de nombreux lĂ©gionnaires capturĂ©s et obligĂ©s jusqu’à la fin de leur vie de travailler pour les Sassanides construisant routes et ponts comme ceux de Schuschtar (Band-e Kaisar) et de Bishapur[11].

Notes et références

Notes

(de) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en allemand intitulĂ© « Legio VI Ferrata » (voir la liste des auteurs).
  1. Le nombre (indiquĂ© par un chiffre romain) portĂ© par une lĂ©gion peut porter Ă  confusion. Sous la rĂ©publique, les lĂ©gions Ă©taient formĂ©es en hiver pour la campagne d’étĂ© et dissoutes Ă  la fin de celle-ci; leur numĂ©rotation correspondait Ă  leur ordre de formation. Une mĂȘme lĂ©gion pouvait ainsi porter un numĂ©ro d’ordre diffĂ©rent d’une annĂ©e Ă  l’autre. Les nombres de I Ă  IV Ă©taient rĂ©servĂ©s aux lĂ©gions commandĂ©es par les consuls. Sous l’empire, les empereurs numĂ©rotĂšrent Ă  partir de « I » les lĂ©gions qu’ils levĂšrent. Toutefois, cet usage souffrit de nombreuses exceptions. Ainsi Auguste lui-mĂȘme hĂ©rita de lĂ©gions portant dĂ©jĂ  un numĂ©ro d’ordre qu’elles conservĂšrent. Vespasien donna aux lĂ©gions qu’il crĂ©a des numĂ©ros d’ordre de lĂ©gions dĂ©jĂ  dissoutes. La premiĂšre lĂ©gion de Trajan porta le numĂ©ro XXX, car 29 lĂ©gions Ă©taient dĂ©jĂ  en existence. Il pouvait donc arriver, Ă  l’époque rĂ©publicaine, qu’existent simultanĂ©ment deux lĂ©gions portant le mĂȘme numĂ©ro d’ordre. C’est pourquoi s’y ajouta un cognomen ou qualificatif indiquant (1) ou bien l’origine des lĂ©gionnaires (Italica = originaires d’Italie), (2) un peuple vaincu par cette lĂ©gion (Parthica = victoire sur les Parthes), (3) le nom de l’empereur ou de sa gens (famille ancestrale), soit qu’elle ait Ă©tĂ© recrutĂ©e par cet empereur, soit comme marque de faveur (Galliena, Flavia), (3) une qualitĂ© particuliĂšre de cette lĂ©gion (Pia fidelis = loyale et fidĂšle). Le qualificatif de « Gemina » dĂ©signait une lĂ©gion reconstituĂ©e Ă  partir de deux lĂ©gions ou plus dont les effectifs avaient Ă©tĂ© rĂ©duits au combat (Adkins (1994) pp. 55 et 61).
  2. NommĂ© Lucius Septimius Bassianus Ă  sa naissance, Caracalla fut par la suite renommĂ© Marcus Aurelius Antoninus, afin d'ĂȘtre rapprochĂ© de la dynastie des Antonins. Élagabal (ou HĂ©liogabal) fut accalamĂ© par les troupes en raison de sa ressemblance avec Caracalla sous le nom de Aurelius Antoninus (Aelius Lampridius, Histoire Auguste, Vie d’Antonin HĂ©liogabale)
  3. La damnatio memoriae était votée par le Sénat romain à l'encontre d'un personnage politique. Elle consistait par exemple en l'annulation de ses honneurs, l'effacement de son nom des monuments publics, la déclaration de son anniversaire comme jour néfaste ou le renversement de ses statues

Références

Pour les rĂ©fĂ©rences indiquĂ©es « AE » (L’AnnĂ©e Ă©pigraphique, Paris, 1888-) et « CIL » (Corpus Inscriptionum Latinarum, Berlin, 1863- ), se rĂ©fĂ©rer Ă  Clauss/Slaby dans la bibliographie.

  1. Lendering (2002) para 17.
  2. Lendering (2002) para 1.
  3. Keppie (1998) p. 138.
  4. Lendering (2002) para 2.
  5. Lendering (2002) para 2-4.
  6. Adkins (2004) p. 59.
  7. Sartre (2005) p. 60
  8. Auguste, Res Gestae Divi Augusti, 29; Suétone, Vie des douze Césars, « TibÚre », 9.
  9. Lendering (2002)para 6.
  10. Gebhardt (2002) p. 142.
  11. Ritterling (1925) col. 1671-1678
  12. Colonia Claudiio Caesaris (dans) http://www.ancientlibrary.com/gazetteer/006.html.
  13. Luttwak (1976) p. 105
  14. Tacite, Annales XII.50-51.
  15. Lendering (2002) para 8.
  16. Tacite, Annales XIV.26.
  17. Tacite, Annales XV.1.
  18. Goldsworthy (2007), p. 318-319.
  19. Tacite, Annales XV.6.
  20. Lendering (2002) para 9.
  21. Luttwark (1976) p. 107.
  22. Tacite, Annales, XV.26.
  23. Flavius JosĂšph, Guerres contre les Juifs, 2, 18, 9-11.
  24. Tacite, Histoires, 10, 13.
  25. Lendering (2002) para 10.
  26. Tacite, Histoires, III, 46.
  27. Mitchell (1995) p. 119.
  28. AE 1983, 927.
  29. Stoll (2001) p. 237.
  30. Gebhardt (2002) p. 42.
  31. AE 1983, 825.
  32. Chancey (2005) pp. 62-63.
  33. Isaac (1997) p. 196.
  34. Bowersock (1998) p. 106.
  35. Kuhnen (1990) p. 120.
  36. AE 1950, 66.
  37. Luttwark (1976) p. 110.
  38. Kuhnen (1990) p. 121.
  39. Sartre (2005) pp. 136-137
  40. Dabrowa (1993) p. 15.
  41. Kuhnen (1990) p. 360.
  42. Chancey (2002) p. 59.
  43. Eck (2008) pp. 25-26.
  44. Dabrowa (1993) p. 21.
  45. AE 1951, 278.
  46. AE 1888, 174, CIL 3, 6814, CIL 3, 6815, CIL 3, 6816.
  47. Isaac (1997) p. 434.
  48. CIL 10, 532.
  49. Smallwood (2001) pp. 487 et 498.
  50. AE 1910, 68.
  51. AE 2001, 1968.
  52. Smallwood (2001) p. 553.
  53. Lendering (2002) para 15.
  54. Lendering (2002) para 16.

Voir aussi

Bibliographie

Sources primaires
  • Auguste, Res Gestae Divi Augusti.
  • Flavius JosĂšphe, Guerres juives, 2, 18 et 19.
  • SuĂ©tone, Vie des douze CĂ©sars, TibĂšre.
  • Tacite, Annales, XV 6-9.
  • Tacite, Histoires, III, 46.
Sources secondaires
  • (en) Adkins, Lesley. Handbook to Life in Ancient Rome, Sonlight Christian, 2004, (ISBN 0-8160-5026-0).
  • (en) Bowersock, Glen. Roman Arabia, Harvard University Press, 1998, (ISBN 978-0-674-77756-9).
  • (en) Chancey, Mark A. Greco-Roman culture and the Galilee of Jesus, Cambridge University Press, 2005, (ISBN 978-0-521-84647-9).
  • (en) Chancey, Mark A. The myth of a Gentile Galilee, Cambridge University Press, 2002, (ISBN 978-0-521-81487-4).
  • (de) Clauss , Manfred/ Anne Kolb / Wolfgang A. Slaby, Epigraphik-Datenbank Clauss / Slaby/EDCS, URL: http://db.edcs.eu/epigr/epi_einzel.php?s_sprache=de&p_belegstelle=AE+1983%2C+00927&r_sortierung=Belegstelle.
  • (en) Cotton, H. "The Legio VI Ferrata", (dans) Yann Le Bohec, Les lĂ©gions de Rome sous le Haut-Empire, Lyon, 2000, pp. 351-357.
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