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Genesis (sonde spatiale)

Genesis est une sonde spatiale développée par l'agence spatiale américaine, la NASA, dont l'objectif était de rapporter sur Terre des particules du vent solaire, flux d'ions et électrons énergétiques produit par le Soleil. La finalité de la mission était d'analyser en laboratoire les ions pour déterminer la composition du Soleil en éléments chimiques et la proportion des différents isotopes. Genesis est la cinquième mission du programme Discovery qui rassemble des missions spatiales d'exploration scientifique du système solaire de faible coût.

Genesis
Description de cette image, également commentée ci-après
Vue d'artiste de la sonde Genesis.
Données générales
Organisation NASA
Programme Programme Discovery
Domaine Étude du vent solaire
Type de mission Mission de retour d'Ă©chantillon
Statut Mission achevée
Lancement
Lanceur Delta II 7326
Fin de mission
Identifiant COSPAR 2001-034A
Protection planétaire Catégorie V (sans restriction)[1]
Site http://genesismission.jpl.nasa.gov/
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 494 kg
Principaux instruments
1 Collecteurs principaux (Ă—5)
2 Concentrateur de vent solaire
3 Collecteur feuillet or
GEM et GIM Spectromètres vent solaire

Genesis est lancée le par une fusée Delta II puis est placée en orbite autour du point de Lagrange L1 pour effectuer la collecte des particules solaires durant deux ans. À la fin de cette phase, Genesis se dirige vers la Terre. À la suite d'une erreur commise durant l'assemblage de la sonde spatiale, la capsule qui rapporte les échantillons de vent solaire ne déploie pas son parachute et s'écrase le à plus de 300 km/h dans la région désertique de l'Utah où elle devait être récupérée. Malgré les dégâts infligés aux collecteurs de particules et la contamination induite, une grande partie des échantillons de vent solaire s'avère exploitable après un long travail de nettoyage mettant en œuvre plusieurs techniques. L'analyse des collecteurs se poursuit toujours en 2013 mais les objectifs qui consistaient à améliorer d'un facteur 3 à 10 notre connaissance des proportions des éléments présents dans le Soleil, sont considérés comme en voie d'être atteints par les scientifiques.

Contexte scientifique

Photo d'un astronaute sur la Lune devant un LEM avec sur sa gauche un collecteur de vent solaire.
Durant leur séjour sur la Lune les astronautes du programme Apollo ont déployé des collecteurs de vent solaire (à gauche de l'astronaute sur la photo) qui ont été rapportés sur Terre.

Parmi les objectifs scientifiques assignés à l'agence spatiale américaine, la NASA, figure l'étude de la formation, de l'évolution et de l'état actuel du système solaire. La plupart des missions d'exploration spatiales par l'agence spatiale répondant à ces objectifs s'intéressent principalement à l'état actuel des différents objets célestes — planètes, lunes, astéroïdes — composant le système solaire. La mission de Genesis est, a contrario, centrée sur l'origine du système solaire : son objet est l'étude des matériaux qui existaient dans la nébuleuse solaire à partir de laquelle le système solaire s'est formé et l'identification des processus à l’œuvre durant cette phase.

Le modèle de la nébuleuse solaire homogène

La reconstitution de la composition de la nébuleuse solaire à l'origine de notre système solaire passe par la mesure des ratios isotopiques et la composition en éléments chimiques du Soleil. Cette méthode repose sur un consensus autour d'un modèle standard concernant l'origine des matériaux ayant formé les planètes. Selon ce modèle[2] :

  • les matĂ©riaux planĂ©taires sont issus d'une nĂ©buleuse solaire de composition homogène ;
  • la composition en Ă©lĂ©ments chimiques de cette nĂ©buleuse a Ă©tĂ© prĂ©servĂ©e dans la photosphère c'est-Ă -dire des couches superficielles du Soleil Ă  l'exception des proportions de deutĂ©rium et de lithium ;
  • depuis que les planètes du système solaire se sont formĂ©es seule une partie pour mille ou moins de la matière qui les compose a subi un fractionnement isotopique, c'est-Ă -dire un changement dans sa composition isotopique rĂ©sultant de processus physico-chimiques. Aussi globalement la composition en Ă©lĂ©ments chimiques est identique dans tout le système solaire et est donc semblable aux valeurs mesurĂ©es sur la Terre.

L'analyse de la photosphère peut donc permettre de raffiner le modèle standard de formation du système solaire et également, ce qui est encore plus important, d'en vérifier la justesse[2].

Le vent solaire dépositaire de la composition de la nébuleuse solaire

Le vent solaire est un flux de plasma constitué essentiellement d'ions et d'électrons qui sont éjectés en permanence depuis la haute atmosphère du Soleil au rythme d'un million de tonnes par seconde. On distingue trois régimes de vent solaire caractérisés par des compositions et des régions d'origine différentes[3] - [4] :

  • le vent solaire lent relativement constant qui se dĂ©place Ă  la vitesse de 300 km/s et est Ă©mis depuis les rĂ©gions du Soleil situĂ©es près du plan de l'Ă©cliptique ;
  • le vent solaire rapide qui provient des rĂ©gions situĂ©es Ă  des latitudes plus hautes et se dĂ©place Ă  une vitesse comprise entre 500 et 800 km/s. Il est surtout Ă©mis lorsque l'activitĂ© solaire est importante ;
  • un rĂ©gime transitoire associĂ© aux Ă©jections de masse coronale.

Le matériau du vent solaire qui est éjecté dans l'espace interplanétaire, provient de la photosphère. Or la composition de celle-ci est identique à celle de la nébuleuse solaire à partir de laquelle le système solaire s'est formé. La collecte d'échantillons du vent solaire est donc une méthode pratique pour déterminer à la fois la composition du Soleil et celle de la nébuleuse d'origine. Toutefois les composants du vent solaire subissent un processus de fractionnement lorsqu'ils sont éjectés du Soleil. Celui-ci modifie en partie la composition du vent solaire. L'ampleur des transformations dépend du First Ionization Time (FIT) et peut-être également de la masse et de la charge électrique. Pour déterminer la composition originale de la photosphère, il faut donc appliquer des corrections aux mesures d'abondance en éléments chimiques du vent solaire. La valeur de ces corrections a été établie à l'aide des données recueillies par les observatoires spatiaux solaires Ulysses, WIND, SoHO et ACE. En mesurant de manière différenciée la composition du vent solaire durant ses trois régimes, Genesis devrait permettre de vérifier la validité des corrections apportées aux mesures[4].

L'Ă©nigme du ratio des isotopes de l'azote 15N/14N

Schéma 1 : ratio des isotopes de l’azote 15N/14N (en bleu) mesuré en différents endroits du système solaire (Écart par rapport au ratio actuel sur Terre). Les mesures effectuées par les sondes spatiales SoHO et Galileo présentent une incertitude indiquée par les barres inférieure et supérieure[5].

La mesure du ratio des isotopes de l’azote 15N/14N illustre l'apport essentiel d'une mission permettant de ramener sur Terre pour analyse des échantillons du vent solaire. Le ratio des isotopes de l’azote a été évalué avant le lancement de la mission Genesis dans plusieurs « réservoirs » d'azote répartis dans le système solaire en utilisant plusieurs méthodes (Schéma 1). Des différences allant de -50 % à +150 % ont été relevées par rapport au ratio mesuré sur Terre (toutefois de nombreuses incertitudes pourraient affecter la précision des résultats). Pour certaines de ces valeurs aucune explication n'est compatible avec le modèle d'une nébuleuse solaire dont la composition isotopique serait homogène[6] :

  • le ratio des isotopes sur Terre, avant que le processus d'Ă©chappement originel ne se produise, est dĂ©duit de mesures du ratio des isotopes du nĂ©on 22Ne/20Ne du vent solaire. Ces dernières donnĂ©es rĂ©sultent d'une expĂ©rience effectuĂ©e par les Ă©quipages du programme Apollo sur le sol lunaire (cf. paragraphe suivant). Le ratio des isotopes de l'azote est dĂ©duit de celui du nĂ©on en partant de l'hypothèse que le taux d'Ă©chappement du nĂ©on et de l'azote sont Ă©troitement corrĂ©lĂ©s. En partant de cette hypothèse, la valeur du ratio de l'azote Ă  l'origine serait de -25 % infĂ©rieure au ratio actuel avec toutefois de grandes incertitudes sur la prĂ©cision ;
  • les diffĂ©rents Ă©chantillons du rĂ©golite lunaire ramenĂ©s par les Ă©quipages du programme Apollo prĂ©sentent des ratios très diffĂ©rents entre eux (de -20 % Ă  +20 % par rapport au ratio terrestre moderne) qui seraient le reflet selon certaines thĂ©ories d'une Ă©volution dans le temps du ratio isotopique du vent solaire. Le ratio le plus bas correspondrait Ă  des sols anciens tandis que les ratios Ă©levĂ©s seraient le reflet du vent solaire actuel ;
  • le ratio dans l'atmosphère de Jupiter a Ă©tĂ© mesurĂ© par la sonde spatiale Galileo. Compte tenu des incertitudes de la mesure, il est au minimum de 30 % infĂ©rieur au taux actuel sur Terre.

Les ratios de l'ancienne Terre, des terrains anciens de la Lune et de l'atmosphère de Jupiter sont compatibles avec le modèle d'une nébuleuse à la composition homogène (autour de -30 % par rapport au ratio actuel de la Terre). Mais les mesures effectuées sur le vent solaire (reflets donc de la nébuleuse originelle) réalisées par la sonde spatiale SoHO aboutissent à un ratio proche de +20 % par rapport à celui de la Terre. Cette mesure pourrait être le résultat de l'évolution séculaire du ratio expliquant la disparité des valeurs relevées dans le régolite lunaire. Mais aucune théorie ne permet de rendre compte de cette évolution du ratio isotopique du vent solaire. Si Genesis confirme les mesures de SoHO, il faudrait donc envisager que les matériaux des planètes solaires internes et externes étaient très hétérogènes. Une très grande amplitude des ratios est également observée dans les météorites (jusqu'à +150 %). Ces variations ne peuvent s'expliquer par la présence de matériaux dont l'origine serait antérieure à la formation de la nébuleuse solaire car ceux-ci ne représentent qu'une toute petite fraction de l'azote présent[7].

La méthode de collecte des particules du vent solaire

Pour ramener des Ă©chantillons du vent solaire il faut pouvoir capturer une quantitĂ© significative de ces particules dans des conditions permettant de prĂ©server les proportions des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments qui le composent. MalgrĂ© leur vitesse Ă©levĂ©e, les ions du vent solaire peuvent ĂŞtre capturĂ©s par des collecteurs avec une dĂ©perdition rĂ©duite qui peut ĂŞtre Ă©valuĂ©e avec prĂ©cision. L'utilisation de ce type de collecteur a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© testĂ©e avec succès dans le cadre des missions du programme Apollo. Mais le manque de puretĂ© des collecteurs utilisĂ©s Ă  l'Ă©poque ainsi que le temps d'exposition très court (deux jours Ă  la surface de la Lune), n'ont permis d'obtenir des rĂ©sultats que pour quelques Ă©lĂ©ments chimiques (hĂ©lium, nĂ©on ainsi que l'isotope 36 de l'argon). Avec une durĂ©e d'exposition 100 fois plus longue et des collecteurs rĂ©alisĂ©s dans des matĂ©riaux plus purs, Genesis devrait permettre d'amĂ©liorer la prĂ©cision de la mesure de la composition isotopique et l'Ă©tendre Ă  de nombreux autres Ă©lĂ©ments chimiques[8].

Objectifs de la mission

Genesis peu avant son lancement au centre spatial Kennedy.

Les matériaux collectés par Genesis doivent permettre de déterminer avec précision la composition chimique et isotopique du vent solaire[9] :

  • la composition isotopique du Soleil obtenue par la mission doit permettre d'Ă©tablir une rĂ©fĂ©rence suffisamment prĂ©cise pour permettre de mener des Ă©tudes des processus planĂ©taires très exigeantes dans ce domaine ;
  • la composition chimique du Soleil est connue aujourd'hui essentiellement par les raies d’absorption de sa photosphère mais la prĂ©cision est d'environ 10 % au mieux pour quelques Ă©lĂ©ments chimiques. Genesis a pour objectif d'amĂ©liorer notre connaissance des proportions de chacun des Ă©lĂ©ments chimiques d'au moins un facteur 3 ;
  • Genesis doit collecter de manière diffĂ©renciĂ©e le vent solaire lors des trois rĂ©gimes identifiĂ©s (du vent lent au vent rapide). Cela doit permettre de vĂ©rifier les mĂ©thodes de correction utilisĂ©es pour le calcul de l'abondance des Ă©lĂ©ments chimiques pour tenir compte des variations de vitesse (prise en compte du processus de first ionization time ou FIT) ;
  • la collecte de Genesis doit permettre de constituer une rĂ©serve de matĂ©riau solaire qui pourra ĂŞtre utilisĂ©e lorsque des techniques d'analyse plus avancĂ©es seront disponibles.

Historique du projet

Le programme Discovery est crĂ©Ă© par la NASA au dĂ©but des annĂ©es 1990 pour dĂ©velopper des missions spatiales interplanĂ©taires de faible coĂ»t. L'agence spatiale effectue son premier appel Ă  propositions pour ce programme en 1993 ; le centre spatial de la NASA JPL associĂ© avec le constructeur Lockheed Martin Space Systems prĂ©sente une proposition de mission baptisĂ©e Solar Wind Sample Return qui a pour objectif le retour sur Terre d'Ă©chantillons de particules de vent solaire collectĂ©s dans l'espace interplanĂ©taire. La proposition du JPL, renommĂ©e Suess-Urey, en l'honneur des deux chimistes titulaires d'un prix Nobel en 1934[Note 1], est une des trois retenues pour une Ă©tude plus approfondie mais en 1995 elle est Ă©liminĂ©e au cours de la sĂ©lection finale au profit de Stardust. RebaptisĂ©e Genesis elle est Ă  nouveau proposĂ©e lors de l'appel Ă  propositions suivant du programme Discovery et est finalement sĂ©lectionnĂ©e en en mĂŞme temps que la mission CONTOUR[10]. La gestion du projet Genesis, qui est la cinquième mission du programme Discovery, est confiĂ©e au centre spatial Jet Propulsion Laboratory (JPL). La sonde est construite par l'entreprise Lockheed Martin Space Systems pour un budget de 164 millions de dollars auxquels viendront s'ajouter par la suite 50 M$ pour le lancement et 45 M$ pour la mise en Ĺ“uvre dans l'espace et l'analyse des Ă©chantillons au retour de mission[11] - [12].

Conception de la mission

Schéma 2 : Trajectoire de la sonde spatiale Genesis.

Genesis est une sonde spatiale en rotation sur elle-mĂŞme (spinnĂ©e) Ă  une vitesse de 1,6 tour par minute pour maintenir une orientation stable en rĂ©alisant peu de corrections. Elle doit ĂŞtre placĂ©e sur une orbite de halo autour du point de Lagrange L1. Dans cette rĂ©gion de l'espace le vent solaire n'est pas perturbĂ© par la magnĂ©tosphère de la Terre et Genesis peut se maintenir sur son orbite pratiquement sans dĂ©penser d'Ă©nergie. L'axe autour duquel la sonde tourne est maintenu pointĂ© Ă  4,5° de la direction du Soleil ce qui place la surface des collecteurs, lorsqu'ils sont dĂ©ployĂ©s, perpendiculaire au vecteur de la vitesse apparente du flux des particules du vent solaire. Genesis doit rester 22 mois sur cette orbite en effectuant quotidiennement des petites corrections d'orientation et de temps Ă  autre des corrections de trajectoire avec ses propulseurs les plus puissants nĂ©cessitant de mettre Ă  l'abri les collecteurs pour ne pas les contaminer[13].

Ă€ l'issue de la phase de collecte la trajectoire de Genesis est modifiĂ©e de manière Ă  l'amener au point de Lagrange L2 situĂ© Ă  l'opposĂ© de L1 par rapport Ă  la Terre. Après avoir fait une boucle autour de L2, sur le trajet de retour vers L1, la sonde spatiale passe Ă  faible distance de la Lune ce qui l'amène sur une trajectoire de collision avec la Terre[14]. La capsule de retour d'Ă©chantillon contenant les collecteurs est larguĂ©e par la sonde spatiale peu avant le survol de la Terre. La trajectoire est calculĂ©e pour que la capsule pĂ©nètre dans l'atmosphère terrestre en survolant le territoire des États-Unis d'ouest en est de manière Ă  toucher le sol dans l'Utah Test and Training Range. Ce quadrilatère d'entraĂ®nement militaire de grande taille a Ă©tĂ© Ă©galement utilisĂ© en pour la rĂ©cupĂ©ration de la capsule de Stardust qui ramenait sur Terre des Ă©chantillons de la comète Wild 2. La vitesse de rentrĂ©e dans l'atmosphère est de 11,04 km/s et la capsule est protĂ©gĂ©e par un bouclier thermique de la chaleur intense gĂ©nĂ©rĂ©e par la friction. Un premier parachute pilote se dĂ©ploie Ă  une altitude de 33 km alors que la capsule a encore une vitesse supersonique. Un deuxième parachute se dĂ©ploie Ă  6,7 km d'altitude de manière Ă  abaisser la vitesse de descente Ă  5 m/s. Les concepteurs de la mission ont choisi de rĂ©cupĂ©rer la capsule en vol peu avant son arrivĂ©e au sol pour Ă©viter une dĂ©cĂ©lĂ©ration qui serait trop brutale pour la fragile structure des collecteurs. Cette technique avait Ă©tĂ© utilisĂ©e dans les annĂ©es 1960 pour la rĂ©cupĂ©ration des capsules larguĂ©es par les satellites de reconnaissance satellites espions Corona amĂ©ricains contenant les films ainsi que durant la guerre du ViĂŞt Nam. Deux hĂ©licoptères[Note 2] sont chargĂ©s d'attraper la sonde avec un grappin avant de la dĂ©poser sur le sol, pour qu'elle soit dĂ©barrassĂ©e de son parachute, puis de l'amener dans une salle blanche provisoire pour ĂŞtre vĂ©rifiĂ©e et purgĂ©e de tout contaminant avec de l'azote. La capsule devrait ĂŞtre acheminĂ©e ensuite dans un dĂ©lai de 11 heures au centre spatial Lyndon B. Johnson[15].

Caractéristiques techniques

Genesis avec sa capsule au centre de la photo et ses panneaux solaires déployés.

Genesis est constituĂ©e d'une part de la capsule de retour d'Ă©chantillon d'autre part d'une plateforme de 2 mètres sur 2,3 mètres sur laquelle sont regroupĂ©s tous les Ă©quipements permettant Ă  la sonde spatiale de fonctionner.

La plateforme

La plateforme comprend l'interface avec le lanceur, les batteries, les viseurs d'Ă©toiles et capteurs solaires, les propulseurs et deux rĂ©servoirs sphĂ©riques contenant en tout 142 kg d'hydrazine utilisĂ© pour les corrections de trajectoire et d'orientation. Deux panneaux solaires dĂ©ployĂ©s dans l'espace s'Ă©tendent de part et d'autre de la plateforme et portent l'envergure de la sonde spatiale Ă  6,5 mètres. Ils fournissent en moyenne 281 watts de puissance Ă©lectrique. La sonde spatiale dispose de deux jeux de propulseurs. La première sĂ©rie est constituĂ©e de deux ensembles de moteurs-fusĂ©es de 0,88 newton de poussĂ©e. Ils sont utilisĂ©s pour les petites corrections orbitales et pour maintenir la rotation de la sonde autour de son axe. Le deuxième jeu de moteurs-fusĂ©es est constituĂ© de 4 propulseurs de 22 newtons de poussĂ©e qui sont utilisĂ©s pour les corrections de trajectoire les plus importantes. Lorsque ces derniers sont mis en Ĺ“uvre, la capsule est fermĂ©e pour Ă©viter toute contamination des collecteurs. Tous ces propulseurs brĂ»lent de l'hydrazine mis sous pression par de l'hĂ©lium[16]. Le système de tĂ©lĂ©communications de Genesis est constituĂ© d'un Ă©metteur-rĂ©cepteur radio fonctionnant en bande S et d'un second fonctionnant en bande UHF. Ce dernier est situĂ© dans la capsule et permet Ă  celle-ci de signaler sa position lors de son retour sur Terre. L'Ă©metteur rĂ©cepteur principal utilise une antenne moyen gain en forme de spirale et 3 antennes patch faible gain situĂ©es sous la sonde spatiale[16].

La capsule de retour d'Ă©chantillon

La capsule de Genesis contenant les collecteurs et les Ă©chantillons de vent solaire se prĂ©sente sur le plan gĂ©omĂ©trique comme deux cĂ´nes attachĂ©s par leur base. La capsule a un diamètre de 1,62 mètre et une masse de 205 kilogrammes. Elle comprend 5 sous-ensembles : le bouclier thermique recouvrant la coque avant, la coque arrière, le boitier scientifique contenant les collecteurs de vent solaire, le système de parachutes et l'avionique. La capsule comporte un couvercle articulĂ© : Ă  l'intĂ©rieur le boitier scientifique qui contient les collecteurs dispose lui-mĂŞme d'un couvercle articulĂ©. Quatre des collecteurs y sont empilĂ©s et pivotent sur un axe commun : le collecteur le plus haut est systĂ©matiquement exposĂ© au vent solaire tandis que l'un des trois autres est dĂ©ployĂ© en fonction de la vitesse du vent solaire pour pouvoir analyser la composition du vent solaire en fonction de son rĂ©gime. La structure de la capsule est rĂ©alisĂ©e en composite carbone-carbone et recouverte d'un matĂ©riau ablatif baptisĂ© SLA-656 qui forme un bouclier thermique durant la rentrĂ©e atmosphĂ©rique. 99 % de la chaleur crĂ©Ă©e par la traversĂ©e de l'atmosphère Ă  grande vitesse est dissipĂ©e par Ă©vaporation du SLA-656. La capsule dispose de deux parachutes : le premier dit pilote a un diamètre de 2,1 mètres et est dĂ©ployĂ© alors que la capsule a encore une vitesse supersonique. Le second, qui est de type parafoil, fait 10,5 mètres de large sur 3,1 mètres et doit rĂ©duire la vitesse de 12 m/s Ă  4 m/s[17].

Schéma 3 : les principaux composants de la sonde spatiale.

La charge utile

Photo d'une personne casquée présentant un collecteur de particule de vent solaire.
Un des cinq collecteurs principaux des particules de vent solaire avant son installation.

La charge utile, sous-ensemble de la sonde spatiale chargé de remplir les objectifs scientifiques, comprend plusieurs collecteurs de particules de différents types contenus dans une capsule qui doit revenir sur Terre. Par ailleurs deux spectromètres sont chargés de déterminer le régime du vent solaire et de collecter des données sur celui-ci qui seront exploitées pour différentes études postérieures à la mission.

Les collecteurs

Les collecteurs utilisent des matériaux d'une très grande pureté qui sont exposés au vent solaire pour recueillir les ions qui constituent celui-ci avant d'être ramenés sur Terre pour que ces particules soient analysées. Durant la mission les collecteurs sont exposés face à la direction du vent solaire et les ions viennent frapper leur surface avant de pénétrer à plus ou moins grande profondeur. Quinze types de matériau ont été utilisés pour permettre la capture de la majeure partie des éléments chimiques. La moitié de la surface des collecteurs est faite de silicium. Les collecteurs sont installés à différents endroits dans la capsule. Certains collecteurs ne sont exposés que pour certains régimes de vent solaire. Tous les collecteurs, sauf un, fonctionnent de manière passive[18] :

  • les cinq collecteurs principaux, de la taille d'une roue de bicyclette, sont constituĂ©s d'une structure supportant 54 Ă  55 galettes de forme hexagonale de 10 cm de diamètre rĂ©alisĂ©s dans 15 diffĂ©rents types de matĂ©riau purifiĂ© dont l’aluminium, le corindon, le silicium, le germanium, l'or et le carbone dans une forme amorphe adamantine (en). Chaque type de galette a la capacitĂ© de capturer certains des ions du vent solaire : ainsi la galette en corindon est utilisĂ©e pour capturer les atomes de sodium tandis que les galettes contenant du silicium (la moitiĂ© des galettes environ) ne retiennent pas le sodium mais capturent de nombreux autres Ă©lĂ©ments chimiques dont le magnĂ©sium. Deux des collecteurs sont exposĂ©s en permanence tandis que les trois autres ne sont dĂ©ployĂ©s que pour un des trois rĂ©gimes de vent solaire[19] ;
  • le concentrateur de vent solaire est un collecteur actif qui concentre le flux d'ions lourds (masse atomique 4 Ă  25) d'un facteur 20 en utilisant les forces Ă©lectromagnĂ©tiques puis les projette sur une cible de 6,2 cm de diamètre. Celle-ci est constituĂ©e d'un matĂ©riau contenant moins de 10 % des atomes lourds qui doivent ĂŞtre collectĂ©s et qui est notamment appauvri en oxygène. De forme hĂ©misphĂ©rique le concentrateur utilise des grilles en matĂ©riau conducteur très fines sur lesquelles est appliquĂ©e une tension Ă©lectrique Ă©levĂ©e. Ce dispositif permet Ă  la fois de faire converger les atomes dont la collecte est souhaitĂ©e et de rejeter les atomes les plus lĂ©gers (hydrogène et hĂ©lium) qui constituent 90 % du vent solaire[20] - [21] ;
  • le collecteur Ă  feuillet en or est utilisĂ© pour tous les rĂ©gimes de vent solaire[22] ;
  • le collecteur en aluminium ;
  • le collecteur en verre mĂ©tallique[23].
Matériaux utilisés par les collecteurs[24]
Matériau du collecteur Caractéristiques Implantation Éléments chimiques collectés % surface
collecteurs
principaux
Diamant à base de 13C Concentrateur Oxygène, néon, fluor
Carbure de silicium Concentrateur Oxygène, néon, lithium, béryllium, bore, fluor
Carbone adamantin Concentrateur
Collecteurs principaux
Azote, isotopes de gaz nobles 5,6 %
Aluminium Collecteurs principaux Gaz nobles 9,3 %
Silicium Réalisés par le procédé de la
zone fondue flottante verticale
Collecteurs principaux Tous les éléments chimiques sauf le fer et les alcalins 34 %
Silicium Réalisés par le procédé de Czochralski Collecteurs principaux Comme le précédent hormis le carbone et l'oxygène 17,9 %
Silicium Silicium sur corindon Collecteurs principaux Carbone ; matériau simplifiant l'extraction 6,5 %
Germanium Collecteurs principaux Peu d'impuretés. En complément des collecteurs en silicium
pour les analyses par le SIMS car peu d'interférences moléculaires
5,9 %
Or sur corindon Collecteurs principaux Azote, fer, alcalins 13,1 %
Corindon Collecteurs principaux Alcalins 6,8 %
Carbone, cobalt, or sur corindon Collecteurs principaux SEP (en) 0,6 %
Verre métallique Axe système déploiement
collecteurs principaux
Gaz nobles, SEP
Alliage d'aluminium Al661 poli Collecteur latéral Vent solaire
Or Feuille d'or Collecteur latéral Vent solaire, azote
Molybdène Feuilleté : molybdène sur platine Couvercle capsule de
retour d’échantillon
Radioisotopes tels que le béryllium 10 et le carbone 14

Les spectromètres

Les spectromètres GIM (Genesis Ion Monitor) et GEM (Genesis Electron Monitor), qui sont fixĂ©s sur la plateforme, ont pour objectif principal de dĂ©terminer les caractĂ©ristiques du vent solaire afin d'adapter les dispositifs collecteurs. Ils dĂ©terminent le spectre Ă©nergĂ©tique des particules incidentes. La tension Ă©lectrique appliquĂ©e au concentrateur de vent solaire (dĂ©crit ci-dessous) est modifiĂ©e en fonction de cette mesure. Celle-ci est Ă©galement utilisĂ©e pour dĂ©terminer lequel des trois collecteurs mobiles doit ĂŞtre dĂ©ployĂ©. Enfin un objectif secondaire est de fournir des donnĂ©es de grande qualitĂ© sur les caractĂ©ristiques du vent solaire utilisables pour des Ă©tudes scientifiques. GIM permet de mesurer l'Ă©nergie des ions ayant une Ă©nergie comprise entre 100 eV et 14 keV avec une prĂ©cision de 5,2 %. GEM mesure l'Ă©nergie des Ă©lectrons lorsque celle-ci est comprise entre 1 et 1 400 eV avec une prĂ©cision de 14 %[25] - [26].

  • Charge utile
  • Instrument GEM.
    Instrument GEM.
  • Instrument GIM.
    Instrument GIM.
  • Gros plan sur un des cinq collecteurs.
    Gros plan sur un des cinq collecteurs.

DĂ©roulement de la mission

Séance d'entraînement à la récupération de la capsule de Genesis : il est prévu que l'équipage d'un hélicoptère attrape le parachute de la capsule avant de la déposer en douceur sur le sol.
La capsule de Genesis fortement endommagée après son atterrissage brutal à 311 km/h.

Genesis est lancée en et collecte durant près de deux ans et demi des particules du vent solaire. La mission se déroule de manière nominale mais lorsque la capsule d'échantillon revient sur Terre le , le parachute ne se déploie pas et celle-ci s'écrase au sol à grande vitesse en détruisant les collecteurs. Au prix d'un minutieux travail de nettoyage étalé sur plusieurs années et qui se poursuivait toujours en 2013, des résultats parviennent néanmoins à être obtenus à partir des morceaux de collecteurs récupérés.

Lancement et collecte des Ă©chantillons du vent solaire

La sonde spatiale Genesis est lancĂ©e par une fusĂ©e Delta II 7326, le depuis la base de Cap Canaveral, en Floride[27]. Après un transit de 1,5 million de km durant lequel les instruments et Ă©quipements de la sonde sont testĂ©s[28], Genesis se place le sur une orbite de halo autour du point de Lagrange L1 entre la Terre et le Soleil. Dans cette rĂ©gion de l'espace les attractions terrestre et solaire s'Ă©quilibrent[29]. Le la sonde spatiale dĂ©ploie pour la première fois ses collecteurs et commence Ă  rĂ©colter les particules solaires[30]. La sonde effectue cinq rĂ©volutions du au , soit durant 884 jours, les diffĂ©rents collecteurs sont exposĂ©s au vent solaire. Ils collectent 1020 ions, soit environ 0,4 mg de matière[31].

Retour sur Terre de la capsule

Le , Genesis rĂ©alise la première des cinq manĹ“uvres destinĂ©es Ă  ramener la sonde spatiale Ă  proximitĂ© de la Terre[32]. La phase de 30 jours qui prĂ©cède le retour de la capsule d'Ă©chantillons sur Terre dĂ©bute le . Pour que la capsule puisse ĂŞtre rĂ©cupĂ©rĂ©e, il faut qu'elle pĂ©nètre dans l'atmosphère de la Terre le Ă  16 h 55 UT Ă  125 km d'altitude en visant une ellipse de 33 km de long pour 10 km de large. Quelques heures avant cet Ă©vĂ©nement, l'Ă©quipe chargĂ©e de la conduite des opĂ©rations estime que la sonde spatiale est sur une trajectoire correcte et transmet une sĂ©rie de commandes qui doit aboutir Ă  la sĂ©paration de la sonde spatiale et de la capsule 4 heures avant la rentrĂ©e atmosphĂ©rique[33]. La sonde spatiale pĂ©nètre dans l'atmosphère terrestre Ă  une vitesse de 11 km/s. Après avoir survĂ©cu Ă  la phase de dĂ©cĂ©lĂ©ration violente, la sonde fortement ralentie doit dĂ©ployer un parachute pilote puis le parachute principal. Mais ni l'un ni l'autre ne s'ouvrent et la capsule s’écrase dans le dĂ©sert de l'Utah, percutant le sol Ă  la vitesse de 311 km/h. La capsule est retrouvĂ©e Ă  moitiĂ© enfoncĂ©e dans le sol : elle a Ă©tĂ© Ă©ventrĂ©e par le choc et le boitier scientifique s'est lui-mĂŞme ouvert exposant les collecteurs Ă  l'air libre. Ceux-ci sont contaminĂ©s Ă  la fois par des fragments du sol avoisinant et par des morceaux du bouclier thermique ainsi que d'autres composants de la capsule[34]. La sonde allĂ©gĂ©e de la capsule poursuit sa trajectoire vers le point de Lagrange L1. Tous les Ă©quipements sont en parfait Ă©tat de marche et la sonde s'oriente automatiquement de manière que ses panneaux solaires lui fournissent l'Ă©nergie dont elle a besoin. Les deux spectromètres, bien qu'en parfait Ă©tat de marche, sont Ă©teints. Une dernière correction de trajectoire est effectuĂ©e le pour s'assurer que la sonde spatiale Ă©chappe Ă  l'attraction du système Terre-Lune. Aucun prolongement de mission n'ayant Ă©tĂ© financĂ©, la sonde spatiale est depuis le sur une orbite hĂ©liocentrique Ă  une distance plus proche du Soleil que la Terre[35].

Récupération des échantillons

Malgré le choc très violent qui a brisé la majeure partie des différents collecteurs et les a contaminés, les scientifiques décident de tenter de récupérer les échantillons de vent solaire. La première tâche de l'équipe projet est d'identifier les débris, d'évaluer le niveau de contamination jusqu'au niveau moléculaire et de fournir une description détaillée des dommages induits par l'abrasion physique, les réactions chimiques et d'autres processus[34] :

  • les cinq grands collecteurs sont particulièrement endommagĂ©s. Sur les 270 galettes qui s'y trouvaient, seule une galette en corindon est rĂ©cupĂ©rĂ©e intacte, Ă  laquelle s'ajoutent quelques moitiĂ©s de galette. La plupart d'entre elles ont Ă©tĂ© brisĂ©es en multiples fragments dont beaucoup ont moins de mm de cĂ´tĂ©. Quelques fragments sont restĂ©s attachĂ©s Ă  leur structure mais la majeure partie d'entre eux ne peuvent plus ĂŞtre associĂ©s Ă  leur support ;
  • la cible du concentrateur a particulièrement bien supportĂ© le choc : sur les quatre quadrants, trois sont intacts. Le quatrième, fait de silicium, est partiellement brisĂ© avec quatre fragments reprĂ©sentant 85 % de la surface, le solde ayant Ă©tĂ© pratiquement entièrement identifiĂ© parmi les dĂ©bris des autres collecteurs. De plus la cible est faiblement contaminĂ©e ;
  • le collecteur en or est Ă©galement pratiquement intact et faiblement ou pas du tout contaminĂ© ;
  • le collecteur en aluminium a subi des dommages physiques très importants et a Ă©tĂ© fortement contaminĂ© par le sol du dĂ©sert. De plus ce collecteur a peut-ĂŞtre subi une contamination dans l'espace ;
  • le petit collecteur en verre mĂ©tallique a Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ© pratiquement intact.
  • L'Ă©valuation des dommages
  • Les collecteurs dĂ©formĂ©s par le choc sont extraits de la capsule après leur retour sur Terre.
    Les collecteurs déformés par le choc sont extraits de la capsule après leur retour sur Terre.
  • Fragments des collecteurs rassemblĂ©s par type de matĂ©riaux.
    Fragments des collecteurs rassemblés par type de matériaux.
  • La cible du concentrateur qui est pratiquement intacte est dĂ©sassemblĂ©e après son retour sur Terre.
    La cible du concentrateur qui est pratiquement intacte est désassemblée après son retour sur Terre.

L'Ă©quipe projet s'est retrouvĂ©e avec 15 000 morceaux de galette dont de nombreux particulièrement petits[Note 3]. Les Ă©chantillons de vent solaire sont enfouis Ă  une faible profondeur dans les galettes des collecteurs (Ă  partir de 20 nanomètres) mais celle-ci est jugĂ©e suffisante pour obtenir des rĂ©sultats non perturbĂ©s par la contamination subie Ă  l'atterrissage. Il faut toutefois parvenir au prĂ©alable Ă  Ă©liminer les saletĂ©s qui ont recouvert la surface. Plusieurs mĂ©thodes sont testĂ©es sur des Ă©chantillons considĂ©rĂ©s comme perdus comme l'utilisation d'ondes acoustiques Ă  très haute frĂ©quence. Ce travail de nettoyage s'est poursuivi sur plusieurs annĂ©es[36].

RĂ©sultats scientifiques

Le spectromètre de masse SIMS est un des instruments utilisés pour analyser les atomes de vent solaire piégé dans les collecteurs.

En 2013, l'analyse des Ă©chantillons de vent solaire se poursuit toujours. Burnett, responsable scientifique de la mission, estimait en 2007 que la majeure partie des 19 objectifs fixĂ©s Ă  la mission serait atteints Ă  terme. Ă€ cette date, deux d'entre eux avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© remplis :

  • la mesure des ratios des isotopes de l'argon 36Ar /Ar38 et du nĂ©on 20Ne/22Ne dans le vent solaire particulièrement prĂ©cis. Dans les deux cas, ces ratios sont plus Ă©levĂ©s que dans l'atmosphère terrestre ;
  • l'Ă©nigme concernant les Ă©carts constatĂ©s dans le ratio 20Ne/22Ne dans plusieurs Ă©chantillons de rĂ©golite collectĂ©s par les Ă©quipages des missions Apollo sur le sol lunaire (Ă©voquĂ© dans le paragraphe sur l’énigme du ratio des isotopes de l'azote) a Ă©tĂ© rĂ©solu. Selon l'Ă©chantillon, le ratio mesurĂ© oscillait de 13,8 et 11,2. Le premier chiffre Ă©tait cohĂ©rent avec l'Ă©tude du collecteur en aluminium Ă©galement utilisĂ© par les Ă©quipages Apollo. Pour expliquer l'autre chiffre, certains scientifiques avaient Ă©mis l'hypothèse d'une variation sĂ©culaire des caractĂ©ristiques du vent solaire. Mais en analysant des Ă©chantillons recueillis par Genesis, une Ă©quipe suisse de l'Institut fĂ©dĂ©ral suisse de technologie a mis en Ă©vidence que le ratio variait avec la profondeur Ă  laquelle les atomes de nĂ©on Ă©taient enfouis, ce qui expliquait les Ă©carts constatĂ©s[36] - [37].

En 2011, deux nouveaux rĂ©sultats importants ont pu ĂŞtre obtenus Ă  partir de l'analyse d'Ă©chantillons de vent solaire collectĂ©s par Genesis. Les chercheurs du Centre de recherches pĂ©trographiques et gĂ©ochimiques de Nancy, en utilisant une sonde ionique, ont mesurĂ© que le Soleil Ă©tait de 60 % plus pauvre en isotope de l'azote 15N que la Terre. Ce ratio est par contre identique Ă  celui mesurĂ© sur Jupiter 10 ans auparavant par une sonde spatiale de la NASA, ce qui semble prouver que les planètes gazeuses gĂ©antes, dont fait partie Jupiter, sont constituĂ©es de gaz prĂ©sents dans la nĂ©buleuse Ă  l'origine. Cette dĂ©couverte contribue donc Ă  lever l'hypothèque que faisait peser les ratios de l'azote mesurĂ©s jusque-lĂ  sur le modèle de la nĂ©buleuse homogène. Des chercheurs amĂ©ricains, de leur cĂ´tĂ©, ont dĂ©couvert que l'oxygène du Soleil est appauvri en isotopes rares (17O et 18O) par rapport Ă  celui de la Terre. La dĂ©termination des processus Ă  l'origine de ces Ă©carts permettra de prĂ©ciser le scĂ©nario de formation du système solaire[38].

L'enquĂŞte sur l'anomalie de fonctionnement de la capsule

Vue partielle de la capsule avec un gros plan sur un des accéléromètres dont l'installation erronée dans une position inversée est à l'origine de l'incident du retour (le crayon donne l'échelle).

La commission d'enquĂŞte MIB (Mishap Investigation Board), composĂ©e de 16 membres, est formĂ©e par la NASA en , pour dĂ©terminer les origines de l'anomalie de fonctionnement de la capsule Genesis Ă  son retour sur Terre. La commission est composĂ©e notamment de spĂ©cialistes de l'avionique et des engins pyrotechniques. Très rapidement, en , l'origine de la dĂ©faillance est officialisĂ©e : de petits accĂ©lĂ©romètres Ă©taient chargĂ©s de dĂ©tecter la dĂ©cĂ©lĂ©ration très importante (> g) due Ă  la rentrĂ©e atmosphĂ©rique, puis la fin de cette phase (dĂ©cĂ©lĂ©ration < g). Ce dernier Ă©vĂ©nement devait dĂ©clencher l'ouverture du premier parachute. Les enquĂŞteurs ont dĂ©couvert que les accĂ©lĂ©romètres avaient Ă©tĂ© montĂ©s Ă  l'envers et Ă©taient donc dans l'incapacitĂ© de dĂ©tecter les phases de dĂ©cĂ©lĂ©ration. L'anomalie de montage n'avait pas Ă©tĂ© repĂ©rĂ©e au cours des trois procĂ©dures de vĂ©rification prĂ©vues avant l'envol, car celles-ci avaient Ă©tĂ© effectuĂ©es de manière superficielle. La commission attribua l'anomalie Ă  des problèmes d'organisation dans les services de l'agence spatiale comme dans ceux du constructeur. Prenant en compte les deux Ă©checs rĂ©cents des missions Mars Climate Orbiter et Mars Polar Lander, la commission met surtout en cause la philosophie du Better, Faster, Cheaper[Note 4] sous-tendant tous ces programmes[39].

Notes et références

Notes

  1. Hans E. Suess et Harold C. Urey avaient rédigé en 1954 un article fondamental sur la composition en éléments basée sur des données géochimiques et astronomiques.
  2. Cette technique avait été mise en œuvre par des avions pour les capsules Corona mais la décélération de g par cette technique était jugée trop importante. Les hélicoptères permettaient d'effectuer cette manœuvre avec une décélération de g.
  3. Les morceaux de galette rĂ©cupĂ©rĂ©s comprenaient 400 fragments de plus de 25 mm, 1 700 entre 10 mm et 25 mm et 7 200 fragments de moins de 10 mm.
  4. Mieux, plus vite, moins cher slogan lancé par l'administrateur de la NASA Daniel Goldin. À la suite de plusieurs missions d'exploration du système solaire particulièrement coûteuses, celui-ci avait décidé de mettre sur pied, dans le cadre du programme Discovery, des missions plus petites et plus spécialisées, emportant moins d'instruments scientifiques, mais en contrepartie moins chères, moins complexes et donc développées plus rapidement.

Références

  1. (en) « Solar System Missions », sur NASA - Office of Planetary Protection, NASA (consulté le ).
  2. Burnett et al. 2003, p. 510.
  3. Karine Issautier, « Caractéristiques générales du vent solaire », sur LESIA, .
  4. Burnett et al. 2003, p. 513.
  5. Burnett et al. 2003, p. 517.
  6. Burnett et al. 2003, p. 515-517.
  7. Burnett et al. 2003, p. 517-518.
  8. Burnett et al. 2003, p. 511.
  9. Burnett et al. 2003, p. 512-514.
  10. Ulivi et Harland 2012, p. 242.
  11. (en) « Genesis », sur Catalogue NASA NSSDC (consulté le ).
  12. (en) Justin Ray, « Genesis launch : mission status center », sur spaceflightnow.com, .
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  15. Ulivi et Harland 2012, p. 245-246.
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  33. (en) « Genesis : Mission history > Recovery Phase », sur NASA/JPL (consulté le ).
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  35. (en) « Genesis Spacecraft Bus Flies Solo », sur NASA/JPL (consulté le ).
  36. (en) Marcus Woo, « Genesis : Snatching Some Sun », ENGINEERING & SCIENCE, no 4,‎ , p. 39-35 (lire en ligne).
  37. Wiens et al. 2007, p. 166.
  38. « « L'ADN » du Soleil révélé », sur CNRS, .
  39. NASA - EnquĂŞte, p. 1-3.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles scientifiques décrivant la mission

  • (en) D.S. Burnett et al., « The Genesis Discovery mission : return of solar matter », Space Science Reviews, vol. 105,‎ , p. 509-534Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Présentation des caractéristiques de la mission par l'équipe scientifique
  • (en) Jane E. Nordholt et al., « The Genesis solar wind concentrator », Space Science Reviews, vol. 105,‎ , p. 561–599Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Présentation du concentrateur des ions du vent solaire
  • (en) A.J.G. Jurewicz et al., « The Genesis solar wind collector materials », Space Science Reviews, vol. 105,‎ , p. 535–560 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Présentation du collecteur des particules de vent solaire
  • (en) B.L. Barraclough et al., « The plasma ion and electron instruments for Genesis mission », Space Science Reviews, vol. 105,‎ , p. 627-660Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Présentation des détecteurs de ions et électrons du plasma

Articles scientifiques présentant les résultats

  • (en) R.C. Wiens et al., « Solar and Solar-Wind Composition Results from the Genesis Mission », Space Science Reviews, vol. 130,‎ , p. 161-171Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Présentation des résultats obtenus début 2007

Documents de la NASA

  • (en) NASA, Genesis Launch : press kit, , 1-42 p. (lire en ligne)
    Dossier de presse pour le lancement de Genesis.
  • (en) NASA, Genesis sample return : press kit, , 1-41 p. (lire en ligne)
    Dossier de presse pour le retour de la capsule de Genesis.
  • (en) NASA, Genesis : Mishap investigation board report volume I, , 1-231 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
    Rapport de l'enquête sur la défaillance de la capsule de Genesis.

Autres ouvrages et documents

  • (en) Paolo Ulivi et David M Harland, Robotic Exploration of the Solar System Part 3 Wows and Woes 1997-2003, Springer Praxis, , 529 p. (ISBN 978-0-387-09627-8, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
    Description détaillée des missions (contexte, objectifs, description technique, déroulement, résultats) des sondes spatiales lancées entre 1997 et 2003.

Articles connexes

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