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Fantaisie en fa mineur (Schubert)

La Fantaisie en fa mineur, D. 940, opus posthume 103, est une Ɠuvre pour piano Ă  quatre mains composĂ©e par Franz Schubert en 1828, soit l'annĂ©e mĂȘme de sa mort. Elle est la seule Ɠuvre qu'il ait explicitement dĂ©diĂ©e Ă  la jeune comtesse Caroline EsterhĂĄzy, une de ses Ă©lĂšves qu'il aimait profondĂ©ment et sans espoir, ainsi qu'en attestent des tĂ©moignages d'Ă©poque[2] - [3] - [4] - [5] - [6].

Fantaisie en fa mineur D.940.
Image illustrative de l’article Fantaisie en fa mineur (Schubert)
Manuscrit â–Č de la Fantaisie en fa mineur D. 940 de Schubert.
Document audio : le Duo Latsos joue la Fantaisie en fa mineur de Franz Schubert D. 940 (Op. posth. 103), pour piano Ă  quatre mains, en public le 13/04/2019 Ă  Beverly Hills (Californie). [Courtesy of Musopen][1].
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Tout ceci nimbe cette Ɠuvre, « dense et troublante »[4], d'une atmosphĂšre « extatique » qui contribue « Ă  accentuer le caractĂšre tragique d’une musique oĂč les silences parlent autant que les notes », selon le critique Jean-Luc Macia dans la Revue des deux mondes de septembre 2015[7].

Elle est d'ailleurs la plus cĂ©lĂšbre, la plus tardive[alpha 1] et la plus aboutie de ses compositions pour piano Ă  quatre mains — un genre oĂč Schubert excellait[8] - [4] - [9] —, et destinĂ©e dĂšs sa naissance Ă  la publication par l'auteur lui-mĂȘme[9] (ce qui n'Ă©tait pas le cas de toutes ses partitions manuscrites). Le musicologue Christopher Gibbs la dĂ©crit mĂȘme comme « non seulement la plus rĂ©ussie de ses Ɠuvres [pour piano], mais aussi la plus originale, peut-ĂȘtre »[6]. Elle est aussi la derniĂšre des Fantaisies de Schubert, une de ses formes prĂ©fĂ©rĂ©es par la libertĂ© de structure qu'elle lui offrait[3], forme qu'il a contribuĂ© Ă  enrichir et portĂ©e Ă  son paroxysme d'expressivitĂ©[8]. Elle a Ă©tĂ© « composĂ©e durant cette ultime annĂ©e qui a vu naĂźtre tant de chefs d’Ɠuvre — les Impromptus posthumes, la Messe n°6 en mi bĂ©mol Majeur, les trois derniĂšres Sonates pour piano, le Quintette en ut Majeur Ă  deux violoncelles... — elle a Ă©tĂ© Ă©crite avec un soin particulier »[3].

Elle a en effet Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e de plusieurs esquisses depuis janvier de la mĂȘme annĂ©e 1828, lesquelles montrent le cheminement de la pensĂ©e, la maturation de l’Ɠuvre avec ses renoncements, ses repentir et ses trouvailles[3]... L'intĂ©rĂȘt de consulter ces Ă©bauches est avant tout « d'humaniser une Ɠuvre devenue si sacrĂ©e, de ne jamais perdre de vue qu'elle a Ă©tĂ© Ă©crite par un homme, avec ce que ça implique de doutes et de remises en question ; et de constater aussi que Schubert, aussi prolifique qu'il fĂ»t en si peu de temps, "pensait" ses Ɠuvres avant de les Ă©crire [et tout au long du processus intellectuel et crĂ©atif], lui qu'on a souvent pris pour un pur instinctif »[3].

Contexte

Importance du répertoire à quatre mains ou l'amitié en musique

Schubertiade, tableau de Julius Schmid (détail) en 1897.

Le rĂ©pertoire pour piano Ă  quatre mains de Schubert reste peu connu de son temps, bien que plus facilement publiable de son vivant que ses Ɠuvres d'autres rĂ©pertoires : en effet,

« le duo pianistique Ă©tait, Ă  son Ă©poque, un passe-temps populaire, et avait de meilleures chances d'ĂȘtre publiĂ© que les Ɠuvres pour piano solo, surtout quand on en arrivait Ă  des pages ambitieuses comme celles que Schubert voulait Ă©crire »[4].

Mais ces partitions Ă©taient destinĂ©es essentiellement par Schubert Ă  ĂȘtre jouĂ©es dans le cadre convivial et intime d'un groupe d'amis, les Schubertiades. Ces Ɠuvres furent d'ailleurs crĂ©Ă©es plus pour les exĂ©cutants que pour les auditeurs et elles font rarement partie des programmes de rĂ©citals, tout au moins jusqu'Ă  nos jours oĂč le nombre de disques publiĂ©s et de concerts oĂč elle figure en bonne place montre un net regain de faveur (voir ci-dessous la section "InterprĂ©tations et enregistrements"). Elles avaient aussi une dimension pĂ©dagogique permettant Ă  Schubert d'accompagner et de mettre en valeur ses Ă©lĂšves de piano, ou ses amis pianistes. « Ambitieuses », donc, ces Ɠuvres se devaient tout de mĂȘme de rester jouables mĂȘme par des musiciens non "professionnels" ni virtuoses : en deçà du fait qu'elles sont conçues en gĂ©nĂ©ral dĂšs l'Ă©criture comme un dialogue, elles sont alors plus faciles Ă  exĂ©cuter si l'on peut rĂ©partir (et Ă©changer) thĂšme et accompagnement, mĂ©lodie et harmonie, sur quatre mains plutĂŽt que deux. Ainsi, le pianiste et compositeur JĂ©rĂŽme Ducros a Ă©crit une transcription pour piano Ă  deux mains de cette Ɠuvre — d'ailleurs beaucoup plus difficile et virtuose de son propre aveu que l'original Ă  quatre mains —, d'abord pour le plaisir de pouvoir jouer cette Ɠuvre aimĂ©e mĂȘme lorsqu'il est seul, et « peut-ĂȘtre pour gagner en libertĂ© ce que l'on perd en facilitĂ© ? [...] Peut-ĂȘtre [aussi] pour y voir, plutĂŽt que les complications que sa nature [de transcription] entraĂźne, la simplification d'une Ɠuvre qui est un monologue davantage qu'un duo ? »[10]. Et dans sa prĂ©face Ă  l'Ă©dition de cette partition, il remarque que

« si Schubert Ă©crivait si volontiers des Ɠuvres pour quatre mains, c'Ă©tait comme on l'a vu pour n'ĂȘtre pas seul au moment de leur exĂ©cution [en conformitĂ© avec sa vision "amicale" de la musique dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©e], mais aussi et plus prosaĂŻquement par commoditĂ©, pour que la partition qu'il avait imaginĂ©e fĂ»t jouable. Il n'a d'ailleurs pas hĂ©sitĂ© Ă  Ă©crire des morceaux bien plus difficiles [Ă  deux mains], quand c'Ă©tait Ă  des professionnels qu'ils Ă©taient destinĂ©s[alpha 2] »[10].

Manuscrit original autographe de la Fantaisie en sol majeur pour piano à quatre mains D. 001, premiùre Ɠuvre de Schubert (probablement en 1810), Morgan Library and Museum, New York.

Ce sont peut-ĂȘtre les raisons pour lesquelles aucun autre grand compositeur n'a Ă©crit autant d'Ɠuvres pour piano Ă  quatre mains que lui[9] : et il fut le seul Ă  avoir composĂ© « presque autant de piĂšces pianistiques [importantes] Ă  quatre mains qu'Ă  deux »[4]. Plus prĂ©cisĂ©ment, selon le Catalogue Deutsch[12], il a Ă©crit quelque 38 partitions pour piano Ă  quatre mains et 149 pour piano Ă  deux mains, soit un pourcentage de plus de 20%, qui reste exceptionnel, beaucoup plus Ă©levĂ© que chez Mozart ou Beethoven par exemple. Et l'on se souvient que la toute premiĂšre Ɠuvre achevĂ©e du jeune Schubert, Ă  13 ans, en 1810, Ă©tait justement une Fantaisie en sol majeur pour piano Ă  quatre mains D. 001... Alors on pourrait dire avec Brigitte Massin[13] et Christian Lorandin[14] que la Fantaisie D. 940, elle aussi pour piano Ă  quatre mains (comme ses petites "sƓurs" de la mĂȘme annĂ©e, l'Allegro D. 947, le Rondo D. 951, et la Fugue D. 952, toutes compositions Ă  quatre mains) vient refermer sublimement la "parenthĂšse" d'une vie entiĂšrement consacrĂ©e Ă  l'Ă©criture et Ă  l'amitiĂ©, seulement dix-huit plus tard[4]...

Le duo en toute proximité

Le pianiste et musicologue Philippe Cassard, spĂ©cialiste (entre autres) de Schubert, dans une Ă©mission de radio qu'il produit et anime sur France Musiques — Le Matin des musiciens du 15 janvier 2014 consacrĂ© justement Ă  cette Fantaisie D. 940[8] —, commence ainsi en tentant de dĂ©finir ce qu’est le « quatre-mains » au piano, cette forme musicale et cet exercice particulier, fondĂ© justement sur un dialogue d’une proximitĂ© extrĂȘme, et sur une coexistence serrĂ©e dans le mĂȘme « espace vital » : le corps et les mains des pianistes se cĂŽtoient de prĂšs, se frĂŽlent, chacun sur une partie de piano seulement, et les « prises de parole » s'Ă©changent entre le « bas » et le « haut » du piano au grĂ© des « motifs », car chaque partie est soliste Ă  son tour (selon les mots mĂȘmes de Cassard et de son complice le pianiste CĂ©dric Pescia). L'Ă©crivain et musicologue Jean-Marc Geidel dĂ©crit ainsi prĂ©cisĂ©ment Ă  la fois le trouble et la communion nĂ©s de la pratique du piano Ă  quatre mains :

« Bien sĂ»r, il faut une grande complicitĂ© pour jouer ensemble sur un piano Ă  quatre mains puisque cela suppose de partager un mĂȘme instrument, que les mains doivent se frĂŽler, se croiser, s’effacer l’une devant l’autre. Sous d’apparentes banalitĂ©s, deux amis se font les plus intimes confidences. Comme s’ils se racontaient la mĂȘme histoire. Les motifs passent de l’un Ă  l’autre, parfois comme un courant d’eau vive, parfois par simple magnĂ©tisme. Ce que l’on apprend Ă  partager, ce ne sont plus seulement des peurs [de se tromper, de jouer en public, de ne pas ĂȘtre capable d'aimer ni d'ĂȘtre aimĂ©...], mais une sorte de communion dans l’art, ce sont des Ă©motions si prĂ©cises, si particuliĂšres qu’elles ne peuvent s’exprimer que dans un Ă©change de respiration, un Ă©change de souffles, des mains qui promĂšnent leurs vingt doigts sur le clavier, s’effleurent ou se chevauchent, inventent des harmonies insolites, laissent Ă©chapper cinq doigts dans le champ de l’autre pour reprendre leur place et leur jeu, Ă  quoi succĂšde un acquiescement de la main voisine du voisin »[15].

Schubert jouant du piano Ă  quatre mains, pas avec Caroline mais avec la soprane Josephine Fröhlich, et accompagnant le bariton Johann Michael Vogl, ils interprĂštent un lied Ă  trois voix. CrayonnĂ© (1827) de Ferdinand Georg WaldmĂŒller (1793-1865), BibliothĂšque Nationale Autrichienne (Vienne).

Ainsi, Cassard nous dit, corroborant cette étroite relation entre la prédilection de Schubert pour le piano à quatre mains et sa conception de l'amitié en musique :

« Quand deux amis pianistes se rencontrent (et vous-mĂȘmes qui nous Ă©coutez), il arrive souvent que, se mettant au piano, vous lisiez ensemble, pour votre plaisir d’abord ou pour un projet de concert, ce rĂ©pertoire Ă  quatre mains qui est immense : il n’a pas commencĂ© avec Schubert ; mais Schubert lui a donnĂ© Ă©videmment toutes ses lettres de noblesse et a poussĂ© le genre jusqu’à des sommets d’inspiration et de composition. Cette Fantaisie [en fa mineur] en est la preuve Ă©clatante. Et donc le piano Ă  quatre mains c’est une maniĂšre unique de partager la joie de jouer de la musique, de la dĂ©couvrir. Mais c’est aussi un vĂ©ritable travail [spĂ©cifique] »[8].

Place centrale, dimensions affective et spirituelle de la musique chez Schubert

Joseph Freiherr von Spaun (1788-1865), un des fidÚles amis de Schubert, « le plus ancien et sans doute le plus intime »[13].

L'intimitĂ© inhĂ©rente Ă  cette forme musicale fait donc d'elle un espace (voire un vecteur...) privilĂ©giĂ© pour exprimer la chaleur d'une amitiĂ© dans la musique, et bien sĂ»r un Ă©change amoureux... Comme le disait l'ami de Schubert, Josef von Spaun (en), rencontrĂ© au sein de l’orchestre du Stadtkonvikt[alpha 3] (leur collĂšge de jeunesse), dans lequel ils Ă©taient tous deux violonistes[5] : « Ă  travers Schubert, nous devenons tous amis ! »[17]. Amis et mĂȘme : « frĂšres. Dans la communautĂ© naissait son art, et toujours il aspirait Ă  la communautĂ©. Il s’asseyait avec un autre au piano, jouait des Ɠuvres pour orchestre dans des versions Ă  quatre mains, et cela l’incitait Ă  composer lui-mĂȘme Ă  quatre mains »[13]. Dans le mĂȘme ordre d'idĂ©es voici ce que disait de Schubert le musicologue Tom Eastwood : « Schubert, plus que tout autre, a quasiment le pouvoir miraculeux de nous parler directement de telle façon que nous ressentons pour lui ce que nous ressentirions pour un ami proche et intime »[15].

C'est assez dire Ă  quel point chez Schubert la musique et l'amitiĂ© se nourrissaient mutuellement, la musique Ă©tant son mode de communication privilĂ©giĂ©, car Schubert selon le tĂ©moignage de nombre de ses amis Ă©tait Ă  la fois sociable, chaleureux et souriant, bon vivant, mais aussi introverti et timide, parfois bourru[15], avec des Ă©pisodes dĂ©pressifs[18] (dĂšs les annĂ©es 1823-1824, d'abord par dĂ©ception amoureuse peut-ĂȘtre, et par le manque de reconnaissance de sa musique, mais surtout parce qu'il se sait malade et se sent dĂ©jĂ  probablement condamnĂ© Ă  brĂšve Ă©chĂ©ance[19] : il est hantĂ© par la pensĂ©e de la mort[5] - [18], la volontĂ© de laisser sa marque) ; d'ailleurs il parlait peu[15] et Ă©crivait peu[20] : sauf quelques belles lettres Ă  ses amis, et un texte unique, onirique et quasi "somnambulique", « d’une grande portĂ©e littĂ©raire et poĂ©tique, [...] et nous livrant des clĂ©s sur le mystĂšre de la crĂ©ation schubertienne [... ainsi que sur] le symbolisme d’un auteur peu enclin Ă  parler du sens de son Ɠuvre »[20], texte intitulĂ© justement « Mon rĂȘve »[20]. Il assumait la solitude de la crĂ©ation, mais n'aimait rien tant que la joie de partager sa musique, de la jouer pour ses amis, ou d'accompagner leur chant[15]. Ses mots et tous ses sentiments, sa tendresse mĂ©lancolique surtout, il les confiait donc entiĂšrement Ă  la musique, parce que, toujours selon ses amis, « il n’arrivait que difficilement Ă  s’ouvrir au langage normal, [...] Ă  ce bavardage si lĂ©ger et si nĂ©cessaire pourtant » de la conversation de tous les jours[15].

L’ami d’enfance de Schubert, Franz Eckel, Ă©crit justement de lui : « La vie de Schubert fut avant tout celle d’une pensĂ©e intime, spirituelle, rarement exprimĂ©e par des mots mais presque entiĂšrement par la musique »[18]. D'ailleurs, toujours selon von Spaun : « Qui l’a surpris une fois en train de composer, tout bouillonnant et le regard enflammĂ©, ayant tout Ă  fait l’apparence d’un "somnambule", ne pourra jamais l’oublier »[15]. « Cette inquiĂ©tude – il envisageait encore d’étudier le contrepoint avec Simon Sechter quelques semaines avant sa mort –, ce sentiment de vie en sursis peuvent Ă©galement expliquer sa fiĂšvre d’écrire, comme s’il voulait au plus vite jeter sur le papier le tĂ©moignage de son gĂ©nie. [...] Autant d’indices pour une crĂ©ation qui penche constamment entre deux mondes, placĂ©e sous le double signe de la joie de vivre et de l’angoisse du nĂ©ant, chaleureuse et inquiĂšte, sensuelle et confiante Ă  la fois, avec de longs moments de grĂące immatĂ©rielle, le tout dans une sensation d’apesanteur qui impose une vision Ă©thĂ©rĂ©e de l’au-delĂ  »[5].

  • Schubert et ses amis dans la musique
  • 1♄
    1♄
  • 2♄
    2♄
  • 3♄
    3♄
  • 4♄
    4♄
Soit, de gauche Ă  droite :
♄ 1- Schubert et ses amis pour l'apĂ©ritif du soir au Heurigen. Franz Lachner (Ă  gauche),
Schubert et Eduard von Bauernfeld (à droite). [Dessin à la plume de Moritz von Schwind (1804–1871) en 1862].
♄ 2- Le baryton Johann Michael Vogl avec Schubert au piano, lors d'une schubertiade.
[Dessin Ă  la plume de Moritz von Schwind en 1868].
♄ 3- Schubert avec deux de ses amis : Johann Baptist Jenger (Ă  gauche) et le compositeur
Anselm HĂŒttenbrenner (au centre). [Lithographie de Joseph Eduard Teltscher en 1827].
♄ 4- Une autre "schubertiade" : Jeu de sociĂ©tĂ© Ă  Atzenbrugg, thĂ©Ăątre musical sur le thĂšme
de la "Chute de l'homme" (du Paradis). [Voir en note la source et la légende du document
avec sa traduction, comportant le nom et le rĂŽle de plusieurs participants[alpha 4]].
[Photogravure Ă  partir d'une aquarelle de Leopold Kupelwieser, datant de 1821].

Schubert, « l’ñme des schubertiades »

Le chĂąteau d'Atzenbrugg oĂč eurent lieu les premiĂšres schubertiades proprement dites, dĂšs 1821, chez Franz von Schober, grand ami de Schubert.
Schubertiade : jeu théùtral au chùteau d'Atzenbrugg, aquarelle de Leopold Kupelwieser, ami de Schubert, 1821. [Voir légende ci-dessus no 4, et description ci-contre].

Pour mieux comprendre ce lien entre musique et sociabilitĂ© chez Schubert, on peut dĂ©crire et interprĂ©ter l’aquarelle de Kupelwieser (ci-dessus no 4, et ci-contre Ă  gauche), en prenant comme guide Jean-Marc Geidel dĂ©jĂ  citĂ©[15] :

« [Sur ce tableau] rien ne distingue Schubert, si ce n’est sa capacitĂ© Ă  ĂȘtre l’ñme du groupe sans y prĂ©tendre. Physiquement Ă  l’extĂ©rieur, en marge du cercle, comme si cela ne le concernait qu’à moitiĂ©, mais spirituellement au centre. [Tandis que ses amis jouent, il les accompagne au piano en improvisant de la main gauche] tout rĂȘveur et le regard dans le lointain. Il est Ă  la fois l’incarnation du groupe et comme s’étant mis lui-mĂȘme Ă  la marge du groupe. De fait, c’est la force de sa musique qui le propulse au centre d’un cercle dont il est paradoxalement absent [en apparence]. Sa prĂ©sence est faite de sa musique et de son silence. Sa façon de prendre place au pourtour du cercle est bien celle de l’hĂŽte accueillant ses invitĂ©s. On dirait qu’il offre Ă  sa table les nourritures les plus raffinĂ©es mais sans inviter Ă  s’y asseoir sa modeste personne. Il semble que les rayons de sa vie ne soient destinĂ©s qu’à illuminer celle de ses proches. Il devient l’ñme du groupe parce que sa musique devient le lien de la communautĂ© humaine. Pas seulement par sa musique. D’abord et avant tout par l’hospitalitĂ© de son Ăąme »[15].

Et en effet Schubert est bien l'« Ăąme » de ce groupe d'amis Ă  dimension, degrĂ© d'intĂ©gration et gĂ©omĂ©trie variables ; c'est-Ă -dire ni son guide, ni son dirigeant, ni mĂȘme son inspirateur ; et il n'a jamais utilisĂ© le groupe comme faire-valoir de sa personne ou de son Ɠuvre[15], par ambition quelconque[alpha 5] ; mais plus important encore quoique plus discret : il en est l'« Ăąme », et donc le cƓur, celui qui imprime aux relations interpersonnelles du groupe le type de convivialitĂ© qui les rĂ©unit, leur dessein ultime et implicite, leur raison et leur mode d'ĂȘtre ensemble. Sans mot, donc, et par la seule force expressive et Ă©motionnelle de sa musique, qui signe la force de sa prĂ©sence. Geidel en veut pour preuve que ces rĂ©unions se sont appelĂ©es spontanĂ©ment les « schubertiades », c'est plus qu'un symbole :

« C’est un exemple unique dans l’histoire de la musique que celle d’un groupe de jeunes artistes ou d’amis qui forment un cercle autour d’une personnalitĂ© et donnent Ă  ce cercle un nom liĂ© Ă  l’un des leurs. Schubert en l’occurrence qui n’était ni le plus en vue ni le plus charismatique. Mais peut-ĂȘtre celui qui incarnait le plus ce besoin psychologique de communion dans le nous, qui Ă©tait la contre-partie de sa difficultĂ© Ă  affirmer le "je". [...] Plus que par une envie de se mettre en avant ou de singulariser, c’est par sa capacitĂ© Ă  agrĂ©ger autour de lui les individus du groupe que Schubert se particularise. Plus que des paroles ou des actes forts, il dĂ©gage avant tout une prĂ©sence. [Et c'est pourquoi] il donne son nom aux fameuses « schubertiades », soirĂ©es entre amis oĂč l’on cause, boit, joue de la musique, rĂ©cite des poĂšmes, soirĂ©es tout Ă  la fois musicales, littĂ©raires, amicales, oĂč le bon grain se mĂȘle Ă  l’ivraie, le sĂ©rieux Ă  la plaisanterie, la facilitĂ© au bon goĂ»t, oĂč naissent des chefs d’Ɠuvre sans crier gare parce que rien ne les distingue encore sur la liste »[15].

D’ailleurs, Schubert a tĂ©moignĂ© lui-mĂȘme de l’importance qu’avait pour lui ce mode de prĂ©sentation et de « consommation » de sa musique comme vecteur privilĂ©giĂ© de la relation amicale. Ceci explique en partie Ă  la fois la persistance de son cercle d’amis, mais aussi la relative ignorance par le grand public de la majeure partie de son Ɠuvre[5] - [16] : parce qu’il se satisfaisait plutĂŽt d’ĂȘtre admirĂ© surtout par ses amis[5], toujours avec son tempĂ©rament timide et un peu passif en sociĂ©tĂ©[16], voire « totalement inhibĂ© pour ce qui est de faire valoir ses Ɠuvres[alpha 6], de se vendre auprĂšs d’éditeurs ou mĂȘme faire jouer ses Ɠuvres »[15] ; mais aussi parce que le public avait alors des goĂ»ts plus frivoles, orientĂ©s vers l’opĂ©ra italien, ou les musiques pour danser moins ambitieuses[16]). Ainsi Schubert Ă©crivait-il Ă  son ami Schober, lors d'une de ses pĂ©riodes un peu dĂ©pressives dans une lettre datĂ©e du 21 septembre 1824 (probablement depuis ZselĂ­z, alors qu’il Ă©tait auprĂšs de Caroline, sans espoir, et dĂ©jĂ  malade) :

« Qui me rendra seulement une heure de ces temps heureux ? Ce temps oĂč nous Ă©tions ensemble si intimes et oĂč chacun apportait aux autres avec une timiditĂ© naturelle l’enfant de son art, attendant, non sans quelque apprĂ©hension, leurs jugements affectueux et sincĂšres, ce temps oĂč, nous exaltant les uns les autres, une mĂȘme aspiration vers le beau nous animait tous
 »[15].

Et c'est pourquoi la vie et l'attitude de Schubert correspondent si exactement avec son Ɠuvre, pour lesquelles Geidel invoque la coĂŻncidence bergsonienne entre action et personnalitĂ©, entre crĂ©ation et libertĂ©, ce qui n'est pas toujours le cas (Geidel repĂšre ainsi parfois des dissonances entre Ɠuvre et biographie qui font que souvent « les tĂ©moignages sur la vie de ces grands hommes nous déçoivent »[15]) :

Henri Bergson (1859–1941).

« Rien de tel concernant le personnage de Schubert. On retrouve tout Ă  fait ce dont parlait Bergson sur la crĂ©ation et la libertĂ© : "Bref, nous sommes libres quand nos actes Ă©manent de notre personnalitĂ© tout entiĂšre, quand ils l’expriment, quand ils ont avec elle cette indĂ©finissable ressemblance qu’on trouve parfois entre l’Ɠuvre et l’artiste". Schubert semble totalement libĂ©rĂ© des contingences, tout entier consacrĂ© Ă  cette nĂ©cessitĂ© impĂ©rieuse d’écrire pour le seul besoin intĂ©rieur qu’il a de crĂ©er. Ce besoin aussi d’offrir, de partager. Sa façon de se tenir si humblement Ă  la marge, sur le cĂŽtĂ©, est peut-ĂȘtre un moyen de rester plus totalement lui-mĂȘme »[15].

C'est aussi la raison de sa vie de bohÚme dans la pauvreté[16] avec le partage de la pénurie comme des bonnes fortunes avec ses amis[15], de son incapacité à rester dans son métier de "maßtre-assistant instituteur" auprÚs de son pÚre (selon les biographes : quatre ans[5], ou tout juste un an[16]), et de sa décision de vivre de ses seules compositions[alpha 7] : vouer toute sa vie à sa création, et puis à ses amis, et qu'importe la célébrité[15] !

Mais pourtant c’est cette amitiĂ© qui aura raison de son anonymat, puisque ses amis parviendront finalement Ă  faire connaĂźtre sa musique au monde, hĂ©las aprĂšs sa mort. MĂȘme si « le grand public n’aura la rĂ©vĂ©lation de son Ɠuvre qu’à la fin du XIXe siĂšcle »[19], surtout en ce qui concerne sa profondeur, sa diversitĂ© et son originalitĂ© inspirĂ©e, sa « beautĂ© chaleureuse et souvent fragile, [sa dimension profondĂ©ment] spirituelle »[5], on sait qu'il fut reconnu — Ă  son insu probable — par ses pairs et non des moindres : Beethoven, son modĂšle trĂšs admirĂ©, qui a saluĂ© son gĂ©nie juste avant de mourir[22] ; son « vieux maĂźtre » Salieri, dont il fut l'Ă©lĂšve de 1812 Ă  1817[5], qui s'exclamera :

« [Schubert] sait tout faire : des lieder, des messes, des quatuors à cordes, et maintenant un opéra [Le Chùteau de plaisance du diable] ! »[5].

Et Schumann, qui se fera son ardent dĂ©fenseur et diffuseur, parlant par exemple avec Ă©motion de son sens de l’orchestration et de la mĂ©lodie dans ses symphonies (notamment la neuviĂšme D. 944), dont il vient de dĂ©couvrir le manuscrit, seulement dix ans aprĂšs la mort de Schubert :

« Il faut toujours regarder comme la preuve d’un talent extraordinaire que lui [Schubert], qui a si peu dans sa vie entendu exĂ©cuter de ses Ɠuvres instrumentales, soit parvenu Ă  manier d’une façon si originale les instruments, soit en particulier soit dans la masse de l’orchestre, si bien qu’on a parfois l’impression que leurs voix se mĂȘlent, qu’ils parlent comme des voix humaines et des chƓurs
 »[15].

Et ainsi il fut connu par un nombre croissant d'initiés tout au long du XIXe siÚcle.

Un concept fluctuant

Selon JĂ©rĂŽme Ducros, si la prĂ©dilection de Schubert pour le piano Ă  quatre mains, Ă©tablie ci-dessus, est une constante jamais dĂ©mentie du dĂ©but Ă  la fin de son Ɠuvre, il est en revanche plus difficile de dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment ce qu’il entendait, lui, par Fantasie, car le concept qui prĂ©side Ă  ces compositions est assez fluctuant[3].

En effet, quand on parcourt son Ɠuvre, on trouve des exemples de Fantaisies qui se prĂ©sentent comme « une grande improvisation avec quelques rappels thĂ©matiques qui « soudent » les parties entre elles »[3], ce qui donne un ensemble trĂšs relativement homogĂšne. C’est le cas par exemple de la Fantaisie en ut mineur pour piano seul D.2e du jeune Schubert (il avait quatorze ans), oĂč se succĂšdent de nombreux changements de tonalitĂ© et « une sĂ©rie de variations assez ornementĂ©es, accompagnĂ©es par des basses en arpĂšges »[3]. C’est aussi le cas de la Grazer Fantasie (« Fantaisie de Graz ») en ut Majeur D.605a, qui fait partie de ces fantaisies sans forme prĂ©cise, ou durchkomponiert (« composĂ©e d’un bout Ă  l’autre, ou d’un premier jet ») comme le cite Ducros, et qui « comporte une succession d’épisodes qui ont chacun un tempo, une mĂ©trique, et une tonalitĂ© propres »[3].

Au contraire, on trouve aussi dans l’Ɠuvre de Schubert des exemples de fantaisies d’une forme beaucoup plus Ă©laborĂ©e et structurĂ©e, qui apparente presque la fantaisie Ă  une sonate, mais « avec une volontĂ© d’unitĂ© que la forme classique ne permet pas »[3]. C’est le cas bien sĂ»r de cette Fantaisie Ă  quatre mains D.940, mais aussi de l’autre cĂ©lĂšbre Fantaisie de Schubert pour piano, la Fantaisie en ut Majeur, op. 15, D.760 dite Wanderer Fantasie (« Fantaisie du randonneur ou du voyageur ») de 1822.

La forme d’une Fantaisie Ă©volue donc chez Schubert d’une cohĂ©rence plus faible Ă  une cohĂ©rence plus intense que celle de la forme sonate :

« Autrement dit, dans le premier cas une dissolution et dans le deuxiĂšme cas une concentration de la forme sonate. Mais en tout cas jamais Schubert ne se dĂ©sintĂ©resse de la forme lorsqu’il Ă©crit une Fantaisie. Dans le cas de la Wanderer Fantasie, elle est mĂȘme l’essentiel de l’Ɠuvre »[3].

Toutes les fantaisies de Schubert

MusĂ©e Franz Schubert Ă  ZselĂ­z en Hongrie (aujourd'hui Ćœeliezovce en Slovaquie), villĂ©giature d'Ă©tĂ© du comte Johann von EsterhĂĄzy de GalĂĄntha, oĂč Schubert fut le professeur de piano de ses deux filles Marie et Caroline EsterhĂĄzy ; la tradition retient que Schubert fut dĂ©sespĂ©rĂ©ment amoureux de cette derniĂšre.

Comme le rappelle Ducros dans le livret du disque qu’il a consacrĂ© aux Fantaisies de Schubert pour piano[11], nous connaissons neuf Fantaisies de Schubert, plutĂŽt en dĂ©but et en fin de son Ɠuvre, un peu comme un "encadrement" de libertĂ© crĂ©atrice pour sa vie de compositeur. D’abord quatre pour piano Ă  quatre mains (dont trois de jeunesse) : - D. 001 en sol Majeur (1810), - D. 009 en sol mineur (1811), - D. 048 en ut mineur et en deux versions diffĂ©rentes (1813), et enfin cette Fantaisie en fa mineur - D. 940 (1828, Ă  la toute fin de sa vie donc, ce qui lui confĂšre a posteriori un statut testamentaire en plus de sa dĂ©dicace "amoureuse" Ă©perdue).

Puis quatre pour piano à deux mains (dont une inachevée) : - D. 002 E en ut mineur (1811 ? Anciennement D. 993), - D. 605 en ut Majeur (1818 ? fragment), - D. 605 A en ut Majeur ou Grazer Fantasie (1817-1818), et - D. 760 en ut Majeur ou Wanderer Fantasie (1822, la seule publiée de son vivant[3]).

Enfin, une Fantaisie pour violon et piano : - D. 934 en ut Majeur[23]. Brigitte Massin[24] signale également une Fantaisie pour piano en mi bémol Majeur, qui aurait été écrite en 1825 pour une jeune pianiste et perdue depuis[11].

La Fantaisie D. 940 et la recherche de la « forme parfaite »

Schubert, en seulement dix-huit ans (1810-1828) a Ă©crit presque mille compositions achevĂ©es connues, sans compter les Ɠuvres inachevĂ©es ni les piĂšces perdues. De plus, certaines de ces Ɠuvres sont de dimension considĂ©rables (symphonies, messes, opĂ©ras, octuors, quatuors, grandes sonates, etc.). [Voir l’article consacrĂ© au Catalogue Deutsch recensant les Ɠuvres de Schubert]. Et cela dĂšs l’ñge de treize ans : comme le dit Ducros,

« on peut au passage s’étonner de la quantitĂ© d’Ɠuvres produites par un garçon si jeune, Ă  qui on ne demandait pas d’écrire de la musique [tout au moins au dĂ©but]. »[11]

Une veine crĂ©atrice d’une telle puissance, un rythme de composition aussi soutenu pour une fĂ©conditĂ© d’une telle intensitĂ© et d’une telle variĂ©tĂ©, alliĂ©s Ă  l’« Ă©vidence » d’une beautĂ© qui semble « couler de source », pourraient laisser penser qu’une inspiration plus ou moins consciente y prĂ©side et qu’elle laisse une large place Ă  l’improvisation « sacrĂ©e ». Or on l’a vu, il n’en est rien : la plupart des Ɠuvres de Schubert sont trĂšs Ă©laborĂ©es et rĂ©flĂ©chies, et lorsqu’on dispose de ses "brouillons" et des Ă©bauches successives (ce qui est le cas pour la Fantaisie D. 940), on peut constater que leur forme Ă©volue parfois considĂ©rablement au cours de cette rĂ©flexion[11].

La forme ― que Ducros juge « si parfaite[11] » ―, de cette Fantaisie en fa mineur est Ă  cet Ă©gard trĂšs Ă©loquente : Schubert reprend ici l’idĂ©e de mouvements enchaĂźnĂ©s formant un tout, idĂ©e qu’il a dĂ©jĂ  mise en Ɠuvre pour la Wanderer Fantasie D. 760 (op. 15) en 1822, et pour la toute rĂ©cente Fantaisie pour violon et piano (Ă©crite en dĂ©cembre 1827, crĂ©Ă©e en janvier 1828[25] - [26]) :

« Les premiers auditeurs, y compris [les critiques viennois de l’époque], paraissent avoir Ă©tĂ© dĂ©routĂ©s par la longueur et par la structure inhabituelle de la Fantaisie [pour violon et piano] : une sĂ©rie de sections contrastĂ©es, vaguement connexes, bĂąties autour d’une sĂ©quence de variations sur un lied schubertien [prĂ©cĂ©dent] »[26].

Il faut dire que cette Ɠuvre ― elle aussi de la maturitĂ© de Schubert ― est dense, ambitieuse, assez novatrice[26] et d’exĂ©cution difficile, virtuose[27] - [28], tant pour le violon que pour le piano[29].

Mais il semble que l’idĂ©e de structuration globalisante de l’Ɠuvre en un seul ensemble ait en tout cas bien cheminĂ© depuis cette prĂ©cĂ©dente Fantaisie car pour Ducros (avis partagĂ© aujourd’hui par la plupart des critiques), Schubert atteint un sommet dans le genre pour cette Fantaisie D. 940, « s’affranchissant du mĂȘme coup des problĂšmes de forme et d’exĂ©cution, jusqu’à crĂ©er peut-ĂȘtre la plus "schubertienne" de ses Ɠuvres »[11].

Le style "schubertien"

Mais qu'est-ce donc que ce style, cette signature de Schubert, reconnaissable dĂšs la premiĂšre Ă©coute? Serrou, aprĂšs avoir Ă©voquĂ© l'inachĂšvement essentiel de l’Ɠuvre[alpha 8] liĂ© Ă  cette urgence d'Ă©crire vite avant la mort, tente de le rĂ©sumer ainsi grĂące Ă  Schumann encore, en parlant « [...] de ses "divines longueurs" [ou "cĂ©leste lenteur"[32]], notion proposĂ©e par Robert Schumann, entre autres Ă  propos de la Symphonie n°9 en ut majeur "la Grande" [D. 944], et qui laisse percer ce qu’il y a de surhumain chez Schubert, capable d’étirer Ă  l’infini un matĂ©riau d’apparence tĂ©nue »[5]. Étirement du thĂšme et du temps pour retarder les Ă©chĂ©ances fatales, conjointement Ă  l'obsession de la mort?

Wundersame Klange
 (« Un son merveilleux
 ») : un Schubert bucolique composant un lied peut-ĂȘtre Ă  ZselĂ­z, prĂšs du manoir EsterhĂĄzy. Carte postale de chant de Schubert (Feith, 1920).

C'est le cas aussi par exemple de la mĂȘme Wanderer Fantasie dont, pour Ducros, en plus de sa construction d'un seul tenant, « [...] la profondeur du discours, ici fondĂ© sur une seule et mĂȘme idĂ©e, contrebalance les Ă©lans "instrumentaux" [i.e. virtuoses Ă  l'extrĂȘme] qui, entendus indĂ©pendamment du reste de l’Ɠuvre, n'auraient pas le mĂȘme poids »[33]. Cette idĂ©e consiste en une « [...] sĂ©rie de variations oscillant sans cesse entre mineur et majeur »[33], sur un seul thĂšme empruntĂ© Ă  « [...] la strophe la plus sombre dans un des plus sombres de ses Lieder [Der Wanderer (« Le Voyageur ») D. 493, 1816] »[33]. « L'imagination fertile du compositeur » qui est son gĂ©nie propre consiste alors Ă  « [...] construire toute une Ɠuvre autour de ce seul Ă©lĂ©ment »[33]. C'est encore le cas pour une autre Fantaisie de Schubert, celle en ut majeur D. 605 (d'ailleurs inachevĂ©e), elle aussi « monothĂ©matique », dans l'andantino de laquelle (troisiĂšme partie) « le thĂšme y est tellement Ă©tirĂ© qu'il est Ă  peine reconnaissable, d'autant qu'il semble submergĂ© par un flot chromatique venu de l'extrĂȘme grave du piano. Ce passage ressemble Ă©trangement d'ailleurs Ă  la deuxiĂšme variation de la Wanderer Fantasie »[33].

Et Ducros de dĂ©finir Ă  son tour ce caractĂšre Ă©minemment "schubertien" de l’Ɠuvre, en se focalisant cette fois sur la Fantaisie D. 940 :

« les similitudes mĂ©lodiques des deux mouvements extrĂȘmes [comme une tendre obsession, un souvenir tĂȘtu, ou un sentiment dont on ne peut se dĂ©partir], les similitudes harmoniques des deux mouvements centraux, le rapport tonal trĂšs resserrĂ© (fa-fa diĂšse), l’omniprĂ©sence du mode mineur, tout concours Ă  une prodigieuse unitĂ©, que la forme sonate n’aurait pas permise Ă  ce degrĂ© »[11].

Peu avant Ducros a résumé ce qu'il appelle les « "critÚres" objectifs propres à cette forme » fantaisie chez Schubert :

« Changements particuliÚrement fréquents de tonalité, de métrique et de tempo, utilisation inhabituelle des silences et surtout construction générale ne ressemblant à aucune autre forme connue »[34].

De fait, comme l'affirme la biographe de Schubert et musicologue Brigitte Massin, en rapprochant ces grandes Ɠuvres de sa derniĂšre annĂ©e : « venant juste aprĂšs la Fantaisie en fa mineur, ce Duo [Allegro en la mineur LebenstĂŒrme (« Orages de la vie »), D. 947 op. 144] confirme que Schubert est en train d’inaugurer une voie nouvelle et admirable de crĂ©ativitĂ© pour l’écriture Ă  quatre mains »[13], de mĂȘme que ces deux Ɠuvres expriment et rĂ©sument l’état de ses rĂ©flexions croisĂ©es, dans toute leur originalitĂ©, sur la forme sonate et la forme fantaisie.

Le défi au temps

Cette rĂ©flexion sur la forme, exprimant le rapport singulier de Schubert au temps, se rencontre non seulement dans son rĂ©pertoire pour piano mais aussi ailleurs dans son Ɠuvre. Ainsi de son emblĂ©matique Symphonie no 8 inachevĂ©e, l'une des plus belles pages jamais Ă©crite de l'avis de tous les amoureux de Schubert, d'ailleurs « aujourd’hui l’une des symphonies les plus jouĂ©es au monde et considĂ©rĂ©e comme l’un des chefs d’Ɠuvre de Schubert. Typique du langage du compositeur, et notamment de son rapport au temps »[31]. Ce rapport au temps et Ă  l'inachĂšvement, cette volontĂ© de reprise et de variation Ă  l'infini du matĂ©riau mĂ©lodique (« un sens mĂ©lodique innĂ© ainsi qu’un vĂ©ritable gĂ©nie modulatoire »[35]) se situent en effet au cƓur de la spĂ©cificitĂ© du langage schubertien, de la dimension mĂ©taphysique de sa musique comme de sa motivation profonde Ă  composer :

« Comme si, [souligne le chef d’orchestre Wilhelm FurtwĂ€ngler citĂ© par Geidel], c’était le propre de cette musique expansive et sans limite, qui tend toujours Ă  se dĂ©passer elle-mĂȘme, de ne jamais ĂȘtre complĂštement terminĂ©e, de ne jamais ĂȘtre finie une fois pour toutes. »[31].

Et Geidel de constater que cette notion de "temps shubertien" est partagĂ©e par tous les musicologues qui se sont intĂ©ressĂ©s Ă  Schubert : « car il existe un temps schubertien comme il existe un hĂ©roĂŻsme beethovĂ©nien, une grĂące mozartienne ou un universalisme bachien. Le temps schubertien, c’est l’instant du lied (le chef d’Ɠuvre en miniature), tout aussi bien que le temps dilatĂ© de la neuviĂšme symphonie »[31], celle qui passionnait Schumann et dont il disait encore :

« Elle ressemble Ă  un Ă©pais roman en quatre volumes, un roman qui ne saurait finir, et ceci pour les meilleures raisons du monde, afin de laisser au lecteur le soin de l’achever Ă  sa guise »[31].

L’inachĂšvement essentiel de l'Ɠuvre est alors compris par Geidel comme une sorte de dĂ©fi au temps, une façon de dire que rien n'est jamais vraiment terminĂ©, dĂ©finitif, clos sur soi-mĂȘme, que la vie est mouvement, voyage et passage (Wanderer, le cheminement toujours), et que l’Ɠuvre est en perpĂ©tuel devenir, qu'elle court comme un flux d'impermanence fondamentale ; qu’on peut toujours intervenir, toujours changer le cours, et que l’on partage peut-ĂȘtre ce soin avec son auditeur[31]
 Pour lui « on retrouve Ă©galement le temps schubertien dans les sonates, les fantaisies et la musique de chambre, dans sa façon de ne pas dĂ©velopper un thĂšme, mais de le rĂ©pĂ©ter avec un Ă©clairage diffĂ©rent, comme un cameraman tourne autour d’une scĂšne »[31]. Et d'invoquer RĂ©my Stricker qui surenchĂ©rit : « ce n’est pas un des moindres enchantements schubertiens, que d’inventer le mouvement et le temps, dans le mĂȘme geste oĂč on leur Ă©chappe, Ă  partir d’instants bloquĂ©s »[36].

Dans le mĂȘme ordre d'idĂ©es, AngĂšle Leroy remarque elle aussi que : « Les caractĂ©ristiques du langage de Schubert, fondĂ© notamment sur une attention portĂ©e au thĂšme comme mĂ©lodie (et non comme matĂ©riau servant des constructions patiemment Ă©laborĂ©es, [
] soit le lieu privilĂ©giĂ© d’une expression dialectique et d’une intention bĂątisseuse dont Beethoven reprĂ©sente le modĂšle) et aux variations d’éclairage comme Ă©lĂ©ments architecturaux, le firent volontiers classer parmi les maĂźtres de la forme lyrique, dont des piĂšces comme les Impromptus [les derniĂšres Fantaisies aussi] reprĂ©sentent en effet de superbes exemples. [... Mais dans les sonates aussi] oĂč il prend sa place parmi les plus grands compositeurs de sonates, [Schubert] y est profondĂ©ment lui-mĂȘme, et ce bien vite, ignorant les sirĂšnes d’une virtuositĂ© brillante qu’il ne possĂ©dait pas au profit d’un pianisme subtil (et non sans difficultĂ©s), adoptant une dramaturgie qui s’affranchit des injonctions de concision — les fameuses "divines longueurs" dont parlait Schumann — ou de dĂ©duction, et qui se fonde sur un sens mĂ©lodique innĂ© ainsi qu’un vĂ©ritable gĂ©nie modulatoire »[35].

CaractĂ©risation de l’Ɠuvre et de son exception

L'Ă©criture d'un compositeur en pleine possession de ses moyens, infiniment triste...

Portrait de Schubert en 1827, un an avant sa mort. Tableau de la mĂȘme annĂ©e, commandĂ© par Josef Sonnleithner, non signĂ© et attribuĂ© selon les sources aux peintres : Josef Willibrord MĂ€hler, ou Anton Depauly, ou encore Franz Eybl.

Pour autant cette Fantaisie D. 940 fait exception, Ă  plus d'un titre, de mĂȘme qu'elle est emblĂ©matique, a contrario (mais la contradiction n'est qu'apparente), de son style original mais aussi de sa vie : elle est la seule piĂšce de ce genre que Schubert ait composĂ©e dans sa maturitĂ©. MaturitĂ© si l'on peut dire, puisqu'Ă  31 ans il Ă©tait encore bien jeune pour mourir... C'est aussi, de loin, la piĂšce la plus connue ; elle est d'ailleurs considĂ©rĂ©e comme une des Ɠuvres majeures de la littĂ©rature pour piano Ă  quatre mains. Ainsi, pour cette Ɠuvre, « Schubert dĂ©laisse complĂštement la sphĂšre de la convivialitĂ© et crĂ©e une Ɠuvre de dimensions quasi symphoniques dont l'atmosphĂšre Ă©lĂ©giaque initiale l'imprĂšgne tout entiĂšre »[9].

Écrite donc au dĂ©but de 1828, l'annĂ©e de la mort du musicien, proposĂ©e Ă  l'Ă©diteur Schott le 21 fĂ©vrier 1828[3], mais achevĂ©e probablement en avril 1828 comme mentionnĂ© sur le manuscrit[3], Schubert lui-mĂȘme, accompagnĂ© par Franz Lachner (1803 – 1890, organiste, pianiste et compositeur), la jouera pour la premiĂšre fois Ă  Vienne le , au cours de l'une de ses fameuses Schubertiades. « Schubert avait manifestement conscience de l'importance de cette Ɠuvre et la destinait Ă  l'impression comme le montre le numĂ©ro d'opus notĂ© de sa main sur le manuscrit autographe, qui figure Ă©galement sur la premiĂšre Ă©dition parue en mars 1829 »[9]. Mais c’est donc entre amis que la crĂ©ation a lieu, et les rares tĂ©moins de cette premiĂšre sont Ă©merveillĂ©s[3]. Ainsi que le dit encore JĂ©rĂŽme Ducros (qui a enregistrĂ© plusieurs fois Schubert, seul ou avec Renaud et Gautier Capuçon) :

« Ils peuvent l'ĂȘtre [Ă©merveillĂ©s] : non seulement cette Ɠuvre, en matiĂšre de Fantaisie, est un aboutissement inĂ©galĂ© mĂȘme par Schubert, mais d'une façon plus gĂ©nĂ©rale, au sein de toute son Ɠuvre, elle semble reprĂ©senter la quintessence mĂȘme de l'Ăąme Schubertienne »[3].

Et l'on peut voir Ă  l'Ă©vidence comme Ducros cette Ɠuvre comme un rĂ©sumĂ© mĂ©lancolique de l'histoire de la vie de Schubert tourmentĂ©e par tant d'impossibilitĂ©s[11], sur lesquelles les victoires obtenues se payent au prix fort : impossibilitĂ© d'Ă©crire aprĂšs Beethoven[alpha 9], difficultĂ© Ă  se faire publier[4] - [5], impossibilitĂ© de conquĂ©rir le grand public, de faire jouer un opĂ©ra[5] ; d'oĂč les difficultĂ©s matĂ©rielles et les privations qui dĂ©coulent de cet Ă©tat de fait[15], ainsi que les souffrances psychologiques de ne pas voir reconnus, au-delĂ  d'un cercle relativement restreint, son talent de compositeur et la beautĂ© de sa musique[37] :

« Qu’importent ces Ă©tats d’abattement dans lesquels [Schubert] se trouve frĂ©quemment. Franz continue de s’enflammer pour de nouveaux poĂšmes dans lesquels il se retrouve. Il met en musique le Voyage d’hiver [D. 911] sur des poĂšmes de Wilhelm MĂŒller[alpha 10], dont les textes, illustrant la solitude, correspondent parfaitement au jeune compositeur [il sublime la tristesse de sa vie dans la beautĂ© dĂ©chirante, « bouleversante[alpha 11] » et « funĂšbre[alpha 12] » de sa musique : « la bien-aimĂ©e n'est plus sienne », et Schubert/MĂŒller dit adieu au monde[40]]. En effet, malgrĂ© son cercle d’amis, Franz est aussi seul que le personnage des lieder de MĂŒller : sa vie s’achĂšve bientĂŽt, sans mariage, sans aucune rĂ©ussite Ă  l’opĂ©ra, il n’est pas reconnu du public pour ses vraies Ɠuvres [il est surtout connu — un peu — pour ses musiques de danse lĂ©gĂšres], il n’est que trĂšs peu Ă©ditĂ©, de plus en plus incompris [voir l'accueil mitigĂ© de sa Fantaisie pour violon et piano, autre chef d’Ɠuvre pourtant, trop ambitieux pour les viennois de l'Ă©poque]
 »[19].

Et par-dessus tout, sa fin de vie, qu'il sait proche, est marquĂ©e par l'impossibilitĂ© de se faire aimer — ouvertement en tous cas — de celle qu'il aime[3]...

... et l’écho de ses amours malheureuses

Comtesse Karoline von EsterhĂĄzy de GalĂĄntha (1805-1851).
Franz Schubert (1797-1828) : lithographie de Josef Kriehuber, 1846.

En effet, la dédicataire de cette Fantaisie en fa mineur est la comtesse Caroline Esterhåzy, une élÚve du compositeur dont certains biographes pensent qu'il était éperdument amoureux. En , Eduard von Bauernfeld, dramaturge et ami de Schubert, note dans son journal :

« Schubert semble ĂȘtre rĂ©ellement amoureux de la comtesse E. Cela me fait plaisir pour lui. Il lui donne toujours des leçons »[2] - [41].

Il l'avait connue en 1818, alors qu'ayant 21 ans il quittait Vienne pour la premiĂšre fois, engagĂ© par le comte Johann Karl EsterhĂĄzy dans sa villĂ©giature d'Ă©tĂ© Ă  ZselĂ­z en Hongrie (aujourd'hui Ćœeliezovce en Slovaquie) comme maĂźtre de musique et de piano de ses deux filles Marie et Caroline, dĂ©jĂ  excellentes pianistes et musiciennes (Marie Ă©galement trĂšs bonne soprano)[3]. Au grĂ© de ses sĂ©jours estivaux en Hongrie, et des leçons donnĂ©es aussi Ă  Vienne en hiver par Schubert Ă  la famille EsterhĂĄzy[42], il se prend d'affection pour la cadette, Caroline (elle avait treize ans lors de son premier sĂ©jour[4]), tendresse contre-tissĂ©e d'une complicitĂ© musicale intense : il ira par exemple jusqu'Ă  lui confier la seule copie manuscrite qu'il eĂ»t de son Trio en mi bĂ©mol[3]. Cette tendresse se muera bientĂŽt en passion sans espoir[3] : « quand il revint [Ă  ZselĂ­z] six ans plus tard, elle Ă©tait devenue une [jolie] jeune femme et, aux dires de tous, il en tomba profondĂ©ment amoureux »[4]. On ne sait pas au juste si Schubert a pu un jour dĂ©clarer sa flamme Ă  la jeune fille au dĂ©tour d'un moment musical intime[3] (peut-ĂȘtre, selon certains biographes, l'a-t-il fait en 1824[5]), ni si cet amour platonique Ă©tait peut-ĂȘtre partagĂ© par elle, ni mĂȘme si Schubert le sĂ»t jamais[5], mais il Ă©tait certain en tout cas que jamais sa condition sociale ne lui permettrait d'Ă©pouser une comtesse[43].

Toujours est-il que c'est aussi « la connaissance de son mal [il est atteint de syphilis, incurable Ă  l'Ă©poque], autant que l'Ă©cart de leurs conditions sociales, [qui] l'empĂȘche de donner suite Ă  la passion naissante qui l'unit Ă  Caroline EsterhĂĄzy, passion qui semble avoir Ă©tĂ© partagĂ©e car la jeune femme ne se mariera que longtemps aprĂšs la mort du musicien. [...] Sa santĂ© [Ă©tant] dĂ©labrĂ©e, Schubert sait dĂ©sormais que ses jours sont comptĂ©s, mais son gĂ©nie surmonte et transfigure l'angoisse mĂ©taphysique qui l'Ă©treint car il ne trouve pas, dans une foi toute relative, de certitude suffisante »[44]. C'est donc peut-ĂȘtre Ă  « l'inaccessible Ă©toile » de cet amour, mais aussi Ă  l'omniprĂ©sence de la mort, que nous devons « l'incomparable sĂ©rie de chefs-d'Ɠuvre[45] » de sa fin de vie, de 1824 Ă  1828.

Et l'on sait, entre autres par Schönstein[46], que « cet amour impossible va le hanter jusqu'à la fin de ses jours »[3]. On en a plusieurs autres témoignages de la part de ses amis à qui il se confiait ; ainsi, il écrit de Zselíz à Moritz von Schwind, le 2 août 1824 :

« En dépit de mon irrésistible attirance pour l'étoile que tu connais, j'éprouve souvent une grande nostalgie de Vienne »[3] - [46].

Salon de musique du chĂąteau de ZselĂ­z, avec piano-forte Karl Schmidt 1810 de Presbourg (aujourd’hui Bratislava). Image tirĂ©e de la page 257 du livre : Franz Schubert. Die Dokumente seines Lebens und Schaffens (« Franz Schubert. Les documents de sa vie et de son Ɠuvre ») (1913)[47]. C’est peut-ĂȘtre sur ce piano que Schubert a donnĂ© ses leçons de musique aux deux sƓurs EsterhĂĄzy, au chĂąteau de ZselĂ­z. [Voir en note le texte de la lĂ©gende dĂ©chiffrĂ© avec sa traduction[alpha 13] ].

Et puis il y a cette célÚbre et douloureuse réplique rapportée par le Baron Karl von Schönstein, ami des Esterhåzy et de Schubert :

« Comme [Caroline] reprochait personnellement un jour Ă  Schubert [hommage, taquinerie tendre ou coquetterie?] de ne lui avoir jamais dĂ©diĂ© aucun morceau de musique, celui-ci lui rĂ©pondit : — Et pour quoi faire ? Tout ne vous est-il pas dĂ©jĂ  dĂ©diĂ© en fait ? »[3] - [48]

Ne pouvant donc au grand jamais prĂ©tendre Ă  obtenir sa main, « il lui donnait [ainsi] la seule chose qu'il possĂ©dait, et dont lui seul alors [et elle peut-ĂȘtre?...] connaissait le prix »[10].

Rita Steblin, prĂšs de la tombe de Schubert Ă  WĂ€hring (Vienne) en juin 2012. Musicologue canadienne, une des dĂ©fenseures de la thĂšse de l’amour impossible de Schubert pour Caroline.

Pourtant, il lui dĂ©diera quand mĂȘme un morceau, un seul[3], ce qui donne justement Ă  cette piĂšce un relief particulier : si « tout lui est dĂ©diĂ© » implicitement, alors la seule piĂšce Ă  lui ĂȘtre dĂ©diĂ©e explicitement se prĂ©sente comme un rĂ©sumĂ©, un symbole de toute sa production, Ă  tout le moins pour piano (puisque Karoline Ă©tait pianiste). Une seule piĂšce, mais c’est une des plus belles de toutes ses Ɠuvres[3], et c’est justement cette Fantaisie en fa mineur pour piano Ă  quatre mains — oui, Ă  quatre mains, « le symbole a son importance »[3]. Ainsi, le sachant confusĂ©ment peut-ĂȘtre, il donnait lĂ  :

« outre la dĂ©claration d’amour dĂ©sespĂ©rĂ©e qu’on a pu y voir, la clĂ© de son Ɠuvre pour piano Ă  quatre mains dont cette Fantaisie semble le sommet : de la musique Ă  jouer Ă  deux pour conjurer la solitude. [...] [Ce faisant il trahit aussi son vƓu original le plus cher] qui Ă©tait d'avoir un jour Karoline Ă  ses cĂŽtĂ©s, dans la proximitĂ© [brĂ»lante ici] de l'exĂ©cution Ă  quatre mains »[10].

Toutefois une source ancienne, de la fin du XIXe siĂšcle, indique que peut-ĂȘtre la dĂ©dicace de cette Fantaisie ne serait pas de la main mĂȘme de Schubert, mais serait le fait de son Ă©diteur aprĂšs la mort du compositeur[48]. Mais cet Ă©lĂ©ment est aujourd'hui considĂ©rĂ© comme peu vraisemblable par les biographes et musicologues qui assurent que la dĂ©dicace Ă  la jeune comtesse Caroline est bien de Schubert[10] - [49] - [50] - [51].

C'est peut-ĂȘtre l'ensemble de ces circonstances qui rendent cĂ©lĂšbre cette Ɠuvre, mĂȘme si la question de l'amour secret de Schubert n'est aujourd'hui pas tout Ă  fait tranchĂ©e[52] - [37] ; (pour autant, de nombreux biographes et musicologues y ont vu, Ă  l'instar de Brigitte Massin, Ă  tout le moins « le rĂȘve sublimĂ© d'une complicitĂ© amoureuse avec sa dĂ©dicataire Caroline Estherazy »[53]) ; mais ce qui la fait exceptionnelle, c'est bien davantage son envergure et surtout sa « troublante » beautĂ© (toujours selon Macia), dans « ces pages farouches [...] oĂč le discours schubertien ouvre des portes inattendues, aux lumiĂšres ambiguĂ«s faites de clair-obscur et de murmures coupĂ©s de forte fracassants »[7].

Influence ou emprunt

Plus qu'une utilisation comme simple musique de film pour "ambiancer" et souligner des Ă©lĂ©ments scĂ©naristiques, cette Fantaisie de Schubert est vĂ©ritablement au centre de l'intrigue d'un Ă©pisode de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e policiĂšre française Cassandre, lequel met en scĂšne la duretĂ© des enjeux de l'apprentissage de la musique pour les jeunes pianistes prodiges. Elle reprĂ©sente mĂȘme dans ce film un leitmotiv qui oriente l'action Ă  plusieurs reprises, prĂ©pare les rebondissements inattendus et noue le drame final, par le fait mĂȘme qu'il s'agit justement d'une Ɠuvre pour piano Ă  quatre mains (sans cela le drame n'aurait pas eu lieu).

Il s'agit du premier Ă©pisode de la saison 3 (2018-2019) : « Épisode 1 : Fausse note ». Le dĂ©but du premier mouvement et thĂšme principal de cette Fantaisie de Schubert, teintĂ© de mĂ©lancolique reproche, est repris volontairement de maniĂšre obsĂ©dante et rythme l'ensemble du film, crĂ©ant parfois un saisissant effet d'anxiĂ©tĂ© sourde, et contribuant largement Ă  l'atmosphĂšre poignante de cet Ă©pisode particuliĂšrement rĂ©ussi[alpha 14].

Structure et analyse

Portrait de Schubert en 1821, l'année des premiÚres « schubertiades[5] ». Reproduction d'une esquisse au crayon par Leopold Kupelwieser, empruntée à la premiÚre biographie complÚte de Schubert par Heinrich Kreissle von Hellborn en 1865. On pourra en voir une reproduction photomécanique sur le site de la BnF : « Franz Schubert ».

La Fantaisie en fa mineur D. 940 comprend quatre parties et sa durée d'exécution est d'environ (un peu moins de) vingt minutes. Sa structure se rapproche de celle d'une sonate, mais dont les mouvements sont joués d'un seul trait, formant un bloc avec transitions explicites (donc sans « silence de séparation ») entre les mouvements de tempo différent :

  1. Allegro molto moderato
  2. Largo
  3. Allegro vivace
  4. Tempo primo (c'est-Ă -dire retour au tempo de la premiĂšre section : Allegro molto moderato).

Les quatre Ă©tapes d’un seul Ă©lan mouvementĂ©

La Fantaisie est donc remarquable d'abord par sa construction, avec ses quatre sections qui forment un tout unitaire : Schubert avait dĂ©jĂ  eu cette idĂ©e (de « fusion » englobante de l'Ɠuvre en un ensemble Ă  cohĂ©sion renforcĂ©e) pour la Wanderer Fantasie en ut Majeur, op. 15, D. 760 de 1822, et pour « la plus rĂ©cente Fantaisie pour violon et piano [en ut Majeur, D. 934, de 1827], mais il surpasse ici tout ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit dans le genre (...) »[3].

On parlera de « sections » donc, plutĂŽt que de « mouvements », car elles sont Ă©crites et conçues comme devant ĂȘtre enchaĂźnĂ©es[51]. Aucun mouvement n’est donc repliĂ© sur lui-mĂȘme, ils sont en interdĂ©pendance plus Ă©troite que dans une sonate classique oĂč chaque mouvement forme un tout avec une introduction, un dĂ©veloppement de plusieurs thĂšmes, et une conclusion : comme un sous-ensemble au sein d'un grand ensemble divers dont l'unification relative repose essentiellement sur la tonalitĂ© principale utilisĂ©e qui « fĂ©dĂšre » cette diversitĂ© morcelĂ©e.

Rien de tel ici, dans cette Fantaisie : un seul ensemble dont la diversité est balisée par la reprise quasi obsédante et hypnotique, « fataliste » pourrait-on dire, de quelques thÚmes avec variation, ce qui confÚre à l'ensemble une forte cohérence de type plus structurel que tonal ; d'autant que deux tonalités génériques se partagent la Fantaisie : les deux sections (premiÚre et derniÚre) sont en fa mineur, la tonalité principale ; elles encadrent néanmoins les deux sections centrales en fa diÚse mineur, deux tonalités donc, resserrées dans la gamme[3] mais pourtant étrangement éloignées dans l'harmonie[51] - [4] - [3]. Et il y a plusieurs incursions dans d'autres tonalités, comme dans le trio du scherzo (section 3), qui « est un délicat épisode en ré majeur »[4].

Schubert, Fantaisie en fa mineur D.940, extrait de la partition : mesures 98 à 106 (premiÚre section, en fa mineur, quatre bémols à la clef, voir le cycle des quintes).

La premiÚre section, en fa mineur donc et Allegro molto moderato (« trÚs modérément joyeux[alpha 15] »), expose deux thÚmes opposés, comme dans la sonate classique[51]. « Le thÚme initial inquiet, fragile, distille une infinie tristesse, [teintée de tendre reproche ou de nostalgie]. Il reviendra en boucle au fil de la piÚce »[54]. Les deux thÚmes en effet seront repris plusieurs fois notamment dans les sections finales, sous des formes variées, notamment fuguées, ou ré-harmonisés ou quasiment tels quels.

La deuxiĂšme section est un Largo, « qui Ă©volue sous l'armure de fa diĂšse mineur, une tonalitĂ© [ harmoniquement ] Ă©loignĂ©e de fa mineur »[51] dans le cycle des quintes, mĂȘme si leurs toniques ne sont sĂ©parĂ©es que d'un demi-ton (fa - fa#, et toujours en mineur) dans la gamme. Ce qui signifie que Schubert utilise dĂ©libĂ©rĂ©ment et « crĂąnement » la proximitĂ© chromatique pour s'autoriser Ă  moduler aussi loin de sa tonalitĂ© de base (presque diamĂ©tralement Ă  l'opposĂ© dans le cercle des quartes), ce qui Ă©tait encore assez inhabituel Ă  cette Ă©poque encore si proche de la pĂ©riode classique, malgrĂ© le passage dĂ©fricheur de Beethoven.

Cette tonalité de fa diÚse mineur est gardée dans la troisiÚme section qui est un scherzo, de tempo Allegro vivace « engageant, plein de verve, avec son trio marqué con delicatezza »[54], lequel est un des rares passages en mode majeur, justement.

La quatriĂšme et derniĂšre section reprend les thĂšmes de la premiĂšre, Ă  nouveau en fa mineur, mais cette fois-ci le deuxiĂšme thĂšme devient support principal d'une fugue double choisie par Schubert afin « d'intensifier son matĂ©riau [issu de la premiĂšre section], pour pouvoir terminer sa piĂšce de façon satisfaisante »[4]. « Ce vaste dĂ©veloppement fuguĂ© [est d'une] ampleur presque orchestrale »[54] : « les contre-sujets qui se rajoutent au thĂšme mettent en Ă©vidence son caractĂšre dramatique. Le paroxysme du dĂ©roulement polyphonique est arrĂȘtĂ© brusquement pour une derniĂšre apparition mĂ©lancolique du thĂšme du dĂ©but, suivie (en coda) par une succession d'accords dissonants, dĂ©sespĂ©rĂ©s dans leur tentative de se rĂ©soudre l'un l'autre »[51], une succession comme « erratique » donc, cherchant difficilement son chemin en tĂątonnant dans le noir de l'harmonie. Sa rĂ©solution, « douloureuse »[54], n'intervient qu'au tout dernier accord, et encore celui-ci est-il pianissimo, Ă  peine audible[55]. « Le "dehors" chromatique [qui a dĂ©jĂ  servi Ă  rehausser le thĂšme initial dans sa derniĂšre reprise en coda, et Ă  le tirer encore plus vers la mĂ©lancolie, voir plus loin, NDLR] est repris dans les derniĂšres mesures de l’Ɠuvre ― un cri d'angoisse qui s’élĂšve jusqu’à un summum avant de sombrer dans un ultime accord tenu [presque imperceptible] »[4], profondĂ©ment rĂ©signĂ©[51] « en son mystĂšre insondable »[54].

La musique des silences

« Le Silence », sculpture en plĂątre peint d'Auguste PrĂ©ault (1809-1879), vers 1842-1843, conservĂ©e au Baltimore Museum of Art. Illustration utilisĂ©e aussi pour l'article « Musique et silence : l’éternel retour », sur ResMusica[56].

On l'a vu, la forme fantaisie chez Schubert se caractĂ©rise entre autres, selon Ducros, par une « utilisation inhabituelle des silences »[34]. De mĂȘme, selon Macia, le « caractĂšre tragique » de cette Ɠuvre est dĂ» entre autres au fait qu'il s'agit lĂ  « d'une musique oĂč les silences parlent autant que les notes »[7].

Et en effet, pour cette Fantaisie en fa mineur, le thÚme initial, particuliÚrement mélancolique, et son contre-thÚme de la premiÚre partie sont repris plusieurs fois, notamment dans une forme fuguée tourmentée dans la troisiÚme partie, puis une double fugue plus intense encore dans la quatriÚme, fugues qui s'achÚvent brutalement sur un fortissimo dramatique, puis un silence poignant, préparant le retour du thÚme initial (précédé de son accompagnement pianissimo), en coda[4] : à deux reprises[alpha 16] la rupture de continuité abrupte renforçant le contraste entre le tragique tempétueux de la fugue, et la reprise douloureuse et intime du thÚme principal, comme murmurée, toute en douceur d'autant plus triste maintenant, engendre une mise valeur exceptionnelle de ce thÚme[57].

En effet, comme le dit Misha Donat, « Ă  la fin du da capo, un remarquable changement de tonalitĂ© et un brusque silence prĂ©parent le retour [en douceur] de la mĂ©lodie initiale de la Fantaisie, d’une maniĂšre particuliĂšrement spectaculaire »[4]. Celle-ci doit tout Ă  ce silence brusque qui prĂ©cĂšde la derniĂšre reprise du thĂšme premier, comme chacun peut le constater Ă  la simple Ă©coute[57]. Silence frĂ©missant parce qu’inattendu, et qui se produit au sommet de la montĂ©e chromatique et de l’intensitĂ© du volume sonore (les « forte fracassants » dont parlait Macia[7]), brutalement interrompues sans aucune prĂ©paration : le silence intervient alors non comme une conclusion logique d’un enchaĂźnement clos sur lui-mĂȘme (aprĂšs que la derniĂšre note de musique se meurt[alpha 17], dĂ©finitivement tue), mais en tant que mise en suspens imprĂ©visible du discours musical, en un temps dĂšs lors perçu comme indĂ©fini (comme un silence en point d’orgue, comme un « instant d’éternitĂ© » selon la formule de Jorge Milchberg[alpha 18]). Ce silence n’est alors pas un vide, une absence d’onde et de son, mais plutĂŽt un Ă©cho ad libitum[57].

Ici, le silence agit surtout comme mise en tension du discours par sa brisure mĂȘme, par l’inachĂšvement de la phrase, par le changement de tonalitĂ©, qui porte Ă  leur paroxysme le contraste (fortissimo/silence brusque/pianissimo) et l’imprĂ©visibilitĂ© de l’enchaĂźnement. Ce faisant, il renforce la plĂ©nitude de l’attente par une incertitude maximum sur la suite du morceau ; alors la reprise du thĂšme initial, devenu familier comme un refrain, se prĂ©sente comme un soulagement de cette tension, une rĂ©solution de cette incertitude, mais dĂ©sormais dans une certitude triste[57] - [3]. Car « l’Ɠuvre finit dans une atmosphĂšre de profonde rĂ©signation »[51] - [55].

LĂ  encore, comme dans la troisiĂšme section,

« alors que la section fuguĂ©e a atteint son apogĂ©e, la musique est spectaculairement interrompue, comme pour renouer [par le mĂȘme silence] le lien entre le scherzo et le finale [de la section 3]. [Et] lĂ  encore, au silence fait suite le thĂšme initial de l’Ɠuvre, mais cette fois, la mĂ©lodie est exposĂ©e dans une harmonisation nouvelle, chromatiquement optimisĂ©e, qui ajoute une dimension poignante »[4].

Peut-ĂȘtre peut-on y voir, dans l’optique d’une « dĂ©claration d’amour dĂ©sespĂ©rĂ©e », comme JĂ©rĂŽme Ducros le dit[3] - [10], la douceur nostalgique d’un souvenir heureux mais enfui, aprĂšs l’impasse brutalement rĂ©vĂ©lĂ©e de la passion interdite (la fugue brisĂ©e par le fracas du forte), le silence se chargeant alors aussi du sens d’un amour secret impossible Ă  dire[3].

« Silence is so accurate » (Le silence est si prĂ©cis/ si aigu/ si exact/ si juste/ si fidĂšle/ si fiable), aquarelle de la peintre norvĂ©gienne Beate Gjersvold. (76 Ă— 93 cm, 2017).

Mais au-delĂ  de l’anecdote existentielle, l’intĂ©gration du silence comme partie prenante du discours musical, utilisĂ©e ici de « maniĂšre spectaculaire »[4] par Schubert, relĂšve d’une longue tradition tant en Occident que ― surtout ― en Orient. Par exemple, G. S. Sachdev (en), le maĂźtre du BansurĂź, la grande flĂ»te traversiĂšre de l'Inde du nord, nous dit, dans le livret accompagnant l’un de ses disques[58] : « La musique se trouve dans les notes et aussi entre les notes. Car dans la musique le silence n’est ni vide, ni simple attente ou transition : c’est vĂ©ritablement une rĂ©sonance dans l’esprit des sons et des vibrations entendus prĂ©cĂ©demment, c’est leur reflet dans l’abĂźme. [
] Cette importance accordĂ©e aux silences requiert une concentration extraordinaire » et beaucoup de subtilitĂ© dans le jeu, car il ne s’agit pas moins que de « faire "chanter" le silence ». C’est Ă  cette condition seulement que selon lui « la musique existe pour la plĂ©nitude de l’ñme, [et atteint] Ă  la puretĂ©, (aussi par la stabilitĂ© des notes qui demande une grande maĂźtrise du souffle) », et que le silence s'exprime pleinement comme « vivante respiration ».

Schubert en effet, peut-ĂȘtre plus qu’aucun autre compositeur, joue lui aussi des silences dans l’écriture de sa musique[7], Ă  la fois intensĂ©ment (drame) et subtilement (poĂ©sie, tendresse)[4]. Un autre exemple presque aussi cĂ©lĂšbre que notre Fantaisie D. 940 se trouve dans l’Allegro (ou Rondo) en la mineur D. 947, lui aussi composĂ© pendant cette fatidique annĂ©e 1828, donc tout prĂšs de la Fantaisie. Mais cette piĂšce ne sortira pas de l’ombre avant 1840[4], lorsqu’Anton Diabelli la publiera sous le titre de LebensstĂŒrme (« Les tempĂȘtes de la vie ») ― surnom qui selon certains critiques ne correspond pas Ă  l’ensemble de l’Ɠuvre, car « aux turbulentes pages d’ouverture s’oppose la sĂ©rĂ©nitĂ© d’un second sujet exposĂ© Ă  la maniĂšre d’un lointain choral, et qui laisse derriĂšre lui toute notion de tempĂȘtes »[4]. Ainsi peut-on mesurer la parentĂ© des deux Ɠuvres dans l’utilisation de ce procĂ©dĂ© saisissant : montĂ©e jusqu’à un paroxysme (de complexitĂ©, de volume, de drame) / rupture brusque / silence angoissĂ© / reprise du thĂšme principal transfigurĂ©. Et comme dans la Fantaisie D.940,

« globalement cette piĂšce [LebensstĂŒrme D.947] use avec drame de brusques silences ― nulle part de façon plus saisissante qu’à la fin de son premier volet, quand la musique s’interrompt en plein milieu [d’une phrase] pour plonger soudain dans une tonalitĂ© des plus inattendues au dĂ©but du dĂ©veloppement central. Ce dernier repose avant tout sur le sujet inaugural, mĂ©tamorphosĂ©, dans ses moments conclusifs, en un passage dĂ©licatement sautillant qui souligne le dĂ©part explosif de la rĂ©exposition [du thĂšme] »[4].

Et Schubert "met en scĂšne" ce procĂ©dĂ© de « silence musical de rupture » Ă  deux et trois reprises, respectivement, dans chacune des deux Ɠuvres[59]. On peut aussi Ă©couter un autre genre de silence, qu’on pourrait dire « silence de rĂ©sonance infinie » comme Sachdev[58], Ă  la toute fin de la Fantaisie en fa mineur, entre l’avant-dernier et l’ultime accord de l’Ɠuvre[55].

Ce faisant, Schubert accomplit par avance le vƓu de MallarmĂ© de « faire du silence musique » dans son cĂ©lĂšbre poĂšme Sainte[60], certes dans une atmosphĂšre plutĂŽt romantique et tourmentĂ©e chez Schubert, que mĂ©diĂ©vale et "angĂ©lique" chez MallarmĂ©, mais le principe reste le mĂȘme [-c'est nous qui soulignons, NDLR.] :

Vitrail Sainte Cécile et anges musiciens de l'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Piré-sur-Seiche (35). L'historien de l'art Stefano Biolchini associe, dans son "beau-livre" géant Le Paris des poÚtes maudits, un vitrail de Sainte Cécile, patronne des musiciens, à ce poÚme de Mallarmé[61].

« - SAINTE

À la fenĂȘtre recĂ©lant
Le santal vieux qui se dédore
De sa viole Ă©tincelant
Jadis avec flûte ou mandore,

Est la Sainte pĂąle, Ă©talant
Le livre vieux qui se déplie
Du Magnificat ruisselant
Jadis selon vĂȘpre et complie :

À ce vitrage d’ostensoir
Que frîle une harpe par l’Ange
Formée avec son vol du soir
Pour la délicate phalange

Du doigt que, sans le vieux santal
Ni le vieux livre, elle balance
Sur le plumage instrumental,
Musicienne du silence. »

Ce jeu du « silence musical » est rĂ©current dans l’écriture schubertienne[4] - [7], mais il dĂ©pend Ă©troitement Ă  l’évidence de la maniĂšre dont l’interprĂšte s’en empare pour en jouer[10].

Transcriptions

Des transcriptions de cette piÚce pour piano à deux mains ont été réalisées par Johann Friedrich Carl Dietrich (1816-1875), Louis Köhler (1820-1886), Michael Zadora (1882-1946), JérÎme Ducros (en 2001[62]), et Sergey Kouznetsov[63] (en 2011[64]), ainsi qu'une transcription pour orgue par Léonid Karev.

Il existe une transposition pour piano et orchestre de cette Fantaisie en fa mineur de Schubert, par Dmitry Kabalevsky, qui transmue son atmosphĂšre intime en lui donnant l’ampleur et la forme plus spectaculaire d’une sorte de concerto. On a vu que cette dimension orchestrale Ă©tait en germe dans l’importance quasi symphonique de l’Ɠuvre originale[9]. Cette version a Ă©tĂ© jouĂ©e et enregistrĂ©e en concert Ă  Moscou par Emil Gilels (avec orchestre), en 1965, et republiĂ©e en CD en 2003 et 2017, dans le cadre d’une grande rĂ©trospective chez Naxos, label ℗© 2017 DOREMI : Emil Gilels Legacy (« HĂ©ritage d'Emil Gilels »), volume 9 (consacrĂ© Ă  Chopin et Schubert), collection : Legendary Treasures (« TrĂ©sors lĂ©gendaires »)[65].

Il existe aussi une transposition pour trio (violon, piano et violoncelle, avec prĂ©dominance du piano) et orchestre par le mĂȘme Dmitry Kabalevsky, datant de 1961. Elle a Ă©tĂ© enregistrĂ©e en concert en 2016 (disque publiĂ© en 2018)[66].

Discographie

Cette partie regroupe les enregistrements en disques, mais aborde aussi les prises de vues en concert non Ă©ditĂ©es en disques, ainsi que les adaptations de la partition originale et ses diverses interprĂ©tations. Cette Ɠuvre importante a Ă©tĂ© souvent jouĂ©e et enregistrĂ©e sous sa forme originale par de nombreux duos dont certains sont prestigieux[67]. Elle a aussi Ă©tĂ© jouĂ©e en adaptation pour piano Ă  deux mains, soit pour un soliste, soit pour un pianiste avec orchestre (comme un genre de concerto), ou encore pour trio et orchestre. Si souvent jouĂ©e d’ailleurs qu’il est difficile de proposer une liste exhaustive de ces interprĂ©tations. Cette liste ne prĂ©tend donc pas Ă  l’exhaustivitĂ© (elle est seulement "semi-exhaustive"), elle n’a pas non plus une visĂ©e comparative critique ni vraiment sĂ©lective : sont surtout retenues les versions qui ont Ă©tĂ© publiĂ©es en disques, ou les captations des interprĂštes les plus connu(e)s. Elle est prĂ©sentĂ©e en ordre chronologique des dates de concert ou de premiĂšre publication.

Robert et Gaby Casadesus.
Et en concert, avec des partenaires variés, notamment :

Arrangements Ă  deux mains

  • 1960 : Maria Grinberg, Schubert - Liszt (1984, LP Melodiya М10 45763 008[132]. RĂ©Ă©dition dans la collection « The Art of Maria Grinberg », volume 1 (Arlecchino)[133](OCLC 1040361120) — Une version historique de la Fantaisie D.940, transcrite par elle pour deux mains, enregistrĂ©e en concert.
JĂ©rĂŽme Ducros (piano) & JĂ©rĂŽme Pernoo (violoncelle) le 23 octobre 2018 dans la salle de concert de la HfM (Hochschule fĂŒr Musik), la mĂȘme AcadĂ©mie de Musique de Detmold que ci-dessus pour Badura-Skoda.
  • 2001 : JĂ©rĂŽme Ducros, Fantaisie en fa mineur in « Franz Schubert, The Fantasies for piano » (transcription pour deux mains par l’interprĂšte, premier enregistrement mondial). Label : Ligia Digital, rĂ©fĂ©rencĂ© : « Lidi 0103095-01 » (code : 3 487549 900959). RĂ©compensĂ© par le « diapason d’Or 2000 » et « choc de Classica »[134] - [62].
  • 2011 : Sergey Kouznetsov, captation en public de la Fantasie in F minor de Scubert arrangĂ©e pour piano Ă  deux mains par l’interprĂšte[135].

Arrangements avec orchestre

  • 1965 : Emil Gilels, Schubert Fantasy in F minor, autre version historique enregistrĂ©e en concert, Ă  Moscou, dans un arrangement pour piano seul et orchestre par Dmitri Kabalevski[65].
  • 2018 : Claire Huangci (piano) ; Benjamin Schmid (violon) ; Harriet Krijgh (violoncelle) ; l’ORF Vienna Radio Symphony Orchestra dir. Cornelius Meister – transcription pour trio et orchestre datĂ©e de 1961 par Dmitri Kabalevski (2016, Capriccio LC 08748 et C 5310)[66].

Bibliographie

Livres

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

La biographie de Schubert par Christopher Gibbs.
Une des plus anciennes biographies complĂštes de Schubert en 1865, par Heinrich Kreissle von Hellborn.
Die Unsinnsgesellschaft - Franz Schubert, Leopold Kupelwieser und ihr Freundeskreis (« La sociĂ©tĂ© du non-sens : Schubert, Kupelwieser et leur cercle d'amis »), par Rita Seblin (1998). (ISBN 3205988205 et 978-3205988205). Éditeur : Böhlau.

Articles, livrets, préfaces

Documents iconographiques

  • Par l'auteur qui a Ă©tabli la liste complĂšte des Ɠuvres de Schubert, dans le cĂ©lĂšbre catalogue Deutsch, et dont l'initiale prĂ©cĂšde le numĂ©ro d'opus comme dans « Fantaisie en fa mineur D. 940 » : (de) Otto Erich Deutsch, Franz Schubert. Die Dokumente seines Lebens und Schaffens [« Franz Schubert. Les documents de sa vie et de son Ɠuvre »], Munich et Leipzig, Ă©diteur original : Georg MĂŒller, conservĂ© et digitalisĂ© par Harold B. Lee Library, UniversitĂ© Brigham-Young, , 734 p. (lire en ligne).

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Fantasia in F minor (Schubert) » (voir la liste des auteurs).

Notes

  1. Plus prĂ©cisĂ©ment, elle partage selon le Catalogue Deutsch cette derniĂšre annĂ©e de Schubert avec trois autres compositions pour piano Ă  quatre mains, de dimension (et d'importance?) moindres : un Allegro D. 947, le fameux « LebensstĂŒrme » ("Les tempĂštes de la vie", surnom posthume), un Rondo D. 951, et une Fugue D. 952. Mais on sait que l'ordre des numĂ©ros du catalogue ne suit pas toujours la chronologie des dates probables de composition des Ɠuvres, particuliĂšrement pour celles qui sont publiĂ©es Ă  titre posthume.
  2. C'est le cas par exemple de la Wanderer Fantasie, qui comporte des passages trĂšs virtuoses notamment dans le dernier mouvement. Elle Ă©tait une commande d'un riche particulier : Emmanuel von Liebenberg, Ă©lĂšve de Johann Nepomuk Hummel qui lui avait transmis le goĂ»t du piano virtuose. On sait par le peintre Leopold Kupelwieser, ami de Schubert, que celui-ci avait lui-mĂȘme du mal Ă  l'exĂ©cuter et, restĂ© en panne dans le dernier mouvement, il aurait bondi de son siĂšge en s'Ă©criant : « Seul le diable doit jouer cette pacotille ! ». Tous ces Ă©lĂ©ments sont empruntĂ©s au livret du disque que JĂ©rĂŽme Ducros a consacrĂ© aux Fantaisie de Schubert[11].
  3. Le Stadtkonvikt Ă©tait un « collĂšge tenu par une congrĂ©gation religieuse vouĂ©e Ă  l’enseignement [gĂ©nĂ©ral, avec une forte orientation musicale, et aussi religieuse]. Les Ă©lĂšves apprennent les matiĂšres gĂ©nĂ©rales, le piano et le violon, et l’orchestre du Stadtkonvikt joue tous les soirs[16]. »
  4. Image tirĂ©e de la page 19 du livre : Franz Schubert. Die Dokumente seines Lebens und Schaffens (« Franz Schubert. Les documents de sa vie et de son Ɠuvre ») d'Otto Erich Deutsch (1913)[21]. Le dĂ©chiffrement de la lĂ©gende en caractĂšres gothiques du document donne : Gesellschaftsspiel der Schubertianer in Atzenbrugg. (Charade : Der SĂŒdenfall). Aquarelle von Leopold Kupelwieser (1821). (Schlange). (Baum der Crtenntnis). Jeanette Cuny de Pierron, Doblhoffs srĂŒh verstorbene Braut (Cherub). Schubert Museum der Stadt Wien. (« Jeu de sociĂ©tĂ© des Schubertiens Ă  Atzenbrugg. (Charade : L'automne du Sud -??-). Aquarelle de Leopold Kupelwieser, datant de 1821. (Serpent). (L'arbre de la connaissance). Jeanette Cuny de Pierron, l’épouse de Doblhoff dĂ©cĂ©dĂ©e prĂ©maturĂ©ment (ChĂ©rubin). MusĂ©e Schubert de la ville de Vienne. »). Schubert est assis au piano devant Ă  gauche, de profil, il improvise un accompagnement de la main gauche, un chien tranquillement assis prĂšs de lui. Ses amis et lui sont les hĂŽtes de la famille Schober au chĂąteau de Atzenbrugg prĂšs de Tulln, en Basse-Autriche non loin de Vienne ; ils ont mis au point un divertissement thĂ©Ăątral et musical sur le thĂšme biblique de la tentation et de la Chute de l'homme expulsĂ© du Paradis. On distingue (de gauche Ă  droite), en haut Ă  gauche debout : Johann Vogl en Dieu le PĂšre ; puis numĂ©rotĂ©s, Ă  gauche : 1 - assis Karl Hartmann, 2 – Schubert. Au centre : 3 - Franz von Schober (le Serpent, en haut de l’ « arbre »), 4 - Leopold Kupelwieser (l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal), 5 – Johann Baptist Jenger (Adam), 6 - Jeanette Cuny de Pierron, Ă©pouse de Doblhoff, (ChĂ©rubin). À droite : 7 – Katharina et Joseph Derfell puis Joseph von Spaun, 8 - Anton von Doblhoff-Dier, au-dessus des prĂ©cĂ©dents.
  5. Comme le confirme Lamour : « Durant toute sa courte vie, il passe Ă  cĂŽtĂ© de tous les postes qui auraient pu amĂ©liorer son quotidien [il laisse passer, peut-ĂȘtre par dĂ©faut de manifestation de la force de sa motivation, Ă  24 et 29 ans, ses candidatures aux postes de "compositeur de la cour", puis de "second directeur musical Ă  la chapelle de la cour royale et impĂ©riale"], se brouille avec ses Ă©diteurs ou des collĂšgues en raison de sa maladresse. Il rĂȘve constamment, attend que ses amis se cotisent pour faire publier ses premiĂšres Ɠuvres, et s’en tient Ă  son rythme quotidien : composition le matin, cafĂ© le midi, fĂȘte musicale entre amis le soir. », Jean-Marie Lamour, « Franz Schubert », sur Philharmonie de Paris (consultĂ© le ).
  6. « Ce sont ses amis, et singuliĂšrement Bauernfeld qui le pousseront Ă  organiser l’unique concert public qu’il donnera de sa vie pour faire entendre ses Ɠuvres. Et c’est en 1828, quelques mois avant sa mort »[15]. Jean-Marc Geidel.
  7. « La dĂ©cision [de vivre des compositions qu'il vend aux Ă©diteurs dans une Vienne si friande de musique] peut paraĂźtre osĂ©e pour l’époque car personne n’avait encore eu l’idĂ©e dĂ©libĂ©rĂ©e de vivre seulement de ses compositions ! (Schubert est en effet le premier musicien de l'histoire Ă  n’avoir que le statut de compositeur, sans ĂȘtre concertiste virtuose). Mais Franz est optimiste : il s’est fait de nombreux amis au Stadtkonvikt, et compte se faire hĂ©berger par ceux qui l’acceptent au grĂ© des saisons. Le systĂšme fonctionne d’ailleurs durant toute sa - courte - vie, Ă  de rares exceptions prĂšs. Cela tombe bien car il ne peut se passer de compagnie [ni de composer]: il choisit ses amis parmi les meilleurs poĂštes de l’époque et les meilleurs peintres, dont il apprend beaucoup »[16]. Jean-Marie Lamour.
  8. InachĂšvement essentiel de l’Ɠuvre, certes, mais aussi conjoncturel car frĂ©quent : en effet Schubert est le seul grand compositeur Ă  laisser inachevĂ©es autant d’Ɠuvres importantes et belles, et souvent bien entamĂ©es voire presque terminĂ©es. La cause en serait sa difficile "vie de bohĂšme", ses pĂ©riodes dĂ©pressives consĂ©cutives Ă  sa solitude relative et Ă  la maladie[18] avec la conscience de l'imminence de sa mort[5], et surtout la briĂšvetĂ© de sa vie de 31 ans[19] ; mais aussi la crise crĂ©ative (de 1818 Ă  1822 environ) liĂ©e Ă  la confrontation et au dĂ©calage entre « sa puissante exigence de progrĂšs, [...] ses ambitions d'artiste novateur et ce que ce public plus vaste mais plus anonyme [le public viennois plus frivole de l'Ă©poque], dont il attendait sa rĂ©tribution, pouvait accueillir favorablement »[30]... L'exemple le plus cĂ©lĂšbre est sa Symphonie nÂș 8 inachevĂ©e, que plusieurs compositeurs ont tentĂ© de complĂ©ter, et qui Ă©tait « restĂ©e longtemps oubliĂ©e dans les tiroirs d’un des amis de Schubert, HĂŒttenbrenner »[31]. Constatant le nombre des esquisses ou des fragments symphoniques, ainsi que des sonates pour piano « restĂ©es en plan, parfois Ă  un stade trĂšs avancĂ© », Jean-Marc Geidel s'interroge : « On dirait qu’il est submergĂ© par des idĂ©es constamment nouvelles, l’une chassant l’autre et il a Ă  peine le temps de coucher une phrase sur le papier qu’une inspiration nouvelle le mobilise sur un autre sujet »[31].
  9. On sait pourtant par Schindler, ami et biographe de Beethoven, que cette admiration profonde de Schubert pour son grand devancier Ă©tait rĂ©ciproque : aprĂšs avoir lu longuement et intensĂ©ment plusieurs partitions de Schubert et alors qu'il Ă©tait dĂ©jĂ  trĂšs malade, Ludwig lui aurait confiĂ© en s'exclamant : « Vraiment, en ce Schubert habite une Ă©tincelle divine ! — [ajoutant qu'il] ferait encore beaucoup de sensation dans le monde... et qu'il regrettait de ne pas l'avoir connu plus tĂŽt ». Mais Schubert le sut-il jamais avec certitude ? Pour son bonheur et pour le nĂŽtre permettons-nous d'espĂ©rer que oui, Ă  l'instar de sa biographe, Brigitte Massin... On sait d'ailleurs par Anselm HĂŒttenbrenner et son frĂšre Josef, amis de Schubert (Anselm ayant Ă©tĂ© son camarade d'Ă©tudes au Konvikt — collĂšge de musique), qu'ils rendirent visite Ă  Beethoven sur son lit de mort, mais celui-ci Ă©tait au plus mal ; et aussi que Schubert participe, comme l'un des trente-six porte-flambeau qui entouraient le cercueil de Beethoven pendant le cortĂšge (Brigitte Massin), Ă  l'imposante cĂ©rĂ©monie des funĂ©railles du « plus grand compositeur de tous les temps ». Voir les sections Reconnaissance et DerniĂšres annĂ©es de l'article consacrĂ© Ă  Schubert, et voir ce rĂ©cit dĂ©veloppĂ© par la grande musicologue et biographe de Schubert ici : Brigitte Massin, Franz Schubert, Fayard, 1Ăšre Ă©dition en 1977, Ă©d. revue et corrigĂ©e en 1993, 1400 p. (ISBN 2213030049 et 978-2-213-63887-4, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne).
  10. Voyage d’hiver, cycle de 2 × 12 lieder pour piano et voix, est terminĂ© en octobre 1827, comme en « prĂ©lude » aux chefs-d'Ɠuvre de sa derniĂšre annĂ©e et donc peu avant la Fantaisie D. 940.
  11. « Winterreise est l'un des cycles les plus bouleversants de toute l'histoire de la musique »[38].
  12. « Le but de ce Voyage d'hiver, c'est la mort »[39].
  13. DĂ©chiffrement de la lĂ©gende de cette image avec sa traduction : Musiczimmer auf Schloss ZselĂ­z : Das klavier um 1810 von Karl Schmidt in Pressburg fĂŒr 800 fl. geliefert. Das Schubert Bildnis darĂŒber in neuerer Zeit nach dem Original auf Seite 16 kopiert. Photographie von Frau Marie GrĂ€fin v. Coudenhove, ZselĂ­z. (« Salon de musique au chĂąteau de ZselĂ­z : le piano date de 1810 environ, construit par Karl Schmidt Ă  Pressburg et livrĂ© pour 800 florins. Le portrait de Schubert au-dessus a Ă©tĂ© copiĂ© Ă  une Ă©poque plus rĂ©cente d’aprĂšs l'original de la page 16. Photographie de Madame Marie GrĂ€fin von Coudenhove Ă  ZselĂ­z. »).
  14. Cet épisode a obtenu l'audience record de la série avec 20,3 % de part de marché, confirmée à sa rediffusion sur France 3 le 28 mai 2020, en premiÚre partie de soirée. Voir la section Audience en France de l'article consacré à la série.
  15. en traduction littĂ©rale, ce qui fait ici euphĂ©misme, puisque ce premier mouvement est plutĂŽt infiniment triste (et beau) que modĂ©rĂ©ment joyeux
 Il est vrai qu'il s'agit ici de tempo (trĂšs peu rapide mais pas lent pour autant), et non d’atmosphĂšre

  16. (d’abord entre le scherzo et le finale, en section 3, puis entre la double fugue et la coda, en section 4).
  17. ainsi que le conseille Marin Marais : « toute note doit finir en mourant... », Ă  la fin du film d'Alain Corneau tirĂ© du livre Ă©ponyme de Pascal Quignard en 1991 : Tous les matins du monde, mĂȘlant ce faisant acoustique, jeu de l'instrument, sens symbolique et mĂ©taphysique, car il est lui-mĂȘme en train de mourir en le disant... sous-entendant ainsi que la mort est nĂ©cessaire Ă  la vie, comme Ă  la plus belle des musiques... soit le silence et le nĂ©ant non pas comme « vide [mais comme] potentialitĂ© infinie qui va se manifester dans un rĂ©el », selon la tradition orientale dĂ©crite par l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan dans le numĂ©ro spĂ©cial 202 consacrĂ© Ă  « L’Infini », de la revue Sciences et Avenir,‎ , p. 7.
  18. Voir notamment le titre que Milchberg a donnĂ© Ă  l’album Ă©ponyme de Los Incas, et son livret. Le titre choisi en français est « un instant d’éternitĂ© », mais le titre original en espagnol Ă©tait : Un pedazo de infinito (« Un fragment d’infini »), soit la mĂȘme idĂ©e appliquĂ©e au temps ou Ă  l’espace (mais on sait que c’est un mĂȘme continuum spatio-temporel selon Einstein). PrĂ©sentation en ligne de cet album vinyle sous label « Paris Album –DKB 3363 », distribution MELODIE : « Un instant d’éternitĂ© », sur Discogs, (consultĂ© le ). RĂ©Ă©dition en CD sous label « CelluloĂŻd– CEL 6778 », distribution MELODIE : « Un instant d’éternitĂ© », sur Discogs, annĂ©e inconnue, puis sous label « Buda Records – 82412-2 », distribution ADÈS : « Un instant d’éternitĂ© », sur Discogs, .

Références

  1. On pourra consulter un enregistrement vidéo du Duo Latsos jouant cette Fantaisie de Schubert ici : « The Latsos Piano Duo plays Schubert's Fantasy in F Minor, D940 », sur YouTube, (consulté le ).
  2. Témoignage d'Eduard von Bauernfeld à retrouver chez : Ian Bostridge (trad. de l'anglais par Denis-Armand Canal), Le Voyage d'hiver de Schubert : anatomie d'une obsession [« Schubert's Winter Journey, anatomy of an Obsession »], Arles, Actes Sud, (1re éd. 2015 (en)), 442 p. (ISBN 2330077459, OCLC 1024315310). Ce témoignage est aussi évoqué par Rita Seblin ici : (en) Rita Seblin, « Schubert à la Mode », sur The New York Review of Books, (consulté le ), § 3.
  3. ... et ainsi qu'il est dit dans le livret — rĂ©digĂ© par l'interprĂšte et transcripteur lui-mĂȘme — du CD que le pianiste, compositeur et musicologue JĂ©rĂŽme Ducros a entiĂšrement consacrĂ© aux Fantaisies de Schubert au piano solo (avec transcription, donc, pour celle-ci) en 2001, et qui est rĂ©fĂ©rencĂ© ci-dessous.
  4. (en + de + fr) Misha Donat, Livret du CD "Schubert piano duets", par Paul Lewis et Steven Osborne (voir discographie), HypĂ©rion, , 16 p. (lire en ligne), pp. 8 Ă  11.
  5. Bruno Serrou, « Franz Schubert, notre contemporain », sur ResMusica, (consulté le ).
  6. Christofer Howard Gibbs (trad. La Vie de Schubert), The Life of Schubert, Cambridge University Press, , 240 p. (ISBN 978-0-521-59512-4, lire en ligne), pp. 161 et 150-151.
  7. Dans le cadre de la critique de disques de ce numĂ©ro de la Revue des deux mondes de septembre 2015, il s'agit d'une recension du CD Erato : 461669 9, prĂ©sentant la Sonate D. 894, la MĂ©lodie hongroise et la Fantaisie D. 940 de Schubert par David Fray et Jacques Rouvier : Jean-Luc Macia, « Un rĂȘve, des jumeaux et des claviers », sur dev.cosavostra.com, Revue des deux mondes, (consultĂ© le ), p. 171.
  8. Philippe Cassard et Cédric Pescia, « [VIDEO] Fantaisie D 940 de Franz Schubert pour piano à quatre mains », sur France Musique, (consulté le ), le passage cité débute à 1'02".
  9. Franz Schubert, Fantaisie en fa mineur op. 103 D. 940, partition Ă©tablie par Willi Kahl, Henle Verlag, , 32 p. (ISMN 9790201801803, prĂ©sentation en ligne). MĂȘme prĂ©sentation ici : « Fantaisie en Fa Mineur », sur di-arezzo.fr (consultĂ© le )
  10. Préface (par le transcripteur) à l'édition de la partition suivante : Franz Schubert (trad. JérÎme Ducros), Fantaisie en fa mineur D 940, transcription pour piano à deux mains, Paris, Gérard Billaudot (partition référencée : G 7588 B), coll. « Brigitte Bouthinon-Dumas », , 40 p. (ISMN 979-0043075882), p. 2, présentation en ligne : (ASIN B003JYOW08).
  11. Livret — rĂ©digĂ© par l'interprĂšte et transcripteur lui-mĂȘme — du CD de 2001 : « Franz Schubert, The Fantasies for piano » par JĂ©rĂŽme Ducros, label : Ligia Digital, rĂ©fĂ©rencĂ© : « Lidi 0103095-01 » (code : 3 487549 900959).
  12. (de) Otto Erich Deutsch (trad. Franz Schubert : Index thĂ©matique de ses Ɠuvres par ordre chronologique), Franz Schubert: Thematisches Verzeichnis seiner Werke in chronologischer Folg, Kassel, BĂ€renreiter, coll. « New Schubert Edition », , 736 p. (ISBN 9783761805718, ISMN 9790006305148, lire en ligne).
  13. Brigitte Massin, « Livret du disque "L’Ɠuvre pour piano Ă  quatre mains de Schubert - Volume 1" par Christian Ivaldi et NoĂ«l Lee, chez Arion, rĂ©f. : ARN 336 011 », sur amazon.fr, (consultĂ© le ).
  14. Christian Lorandin, « Schubert, l’Ɠuvre pour piano Ă  quatre mains : les lettres de noblesse d'un genre », Piano n° 11,‎ 1997-98, p. 24 (1 sur 5) (lire en ligne, consultĂ© le ).
  15. Citations et analyses à retrouver chez : Jean-Marc Geidel, « "Schubertiade", conférence donnée à la Folle Journée de Nantes », sur le site personnel de l'écrivain, (consulté le ).
  16. Jean-Marie Lamour, « Franz Schubert », sur Philharmonie de Paris (consulté le ).
  17. Von Spaun, cité par Bruno Serrou dans « Franz Schubert, notre contemporain », sur ResMusica, (consulté le ).
  18. Jean-Luc Caron, « Schubert, déstabilisé par une maladie vénérienne incurable », sur ResMusica, (consulté le ).
  19. Jean-Marie Lamour, « Franz Schubert », sur Philharmonie de Paris (consulté le ), § « Un élan brisé à 26 ans ».
  20. On pourra lire ce texte et son commentaire ici : Jean-Marc Geidel, « "Mon rĂȘve", un texte de Schubert : Schubert prĂ©curseur de Proust ?, confĂ©rence donnĂ©e Ă  la Folle JournĂ©e de Nantes », sur le site personnel de l'Ă©crivain, (consultĂ© le ).
  21. L’auteur de ce recueil de tĂ©moignages et de documents d’époque sur Schubert est le mĂȘme Deutsch (1883-1967), que le musicologue qui a Ă©tabli le catalogue systĂ©matique Ă©ponyme des Ɠuvres de Schubert ; ce document est donc tirĂ© du livre de : (de) Otto Erich Deutsch (trad. Franz Schubert. Les documents de sa vie et de son Ɠuvre), Franz Schubert. Die Dokumente seines Lebens und Schaffens, Munich et Leipzig, Ă©diteur original : Georg MĂŒller, conservĂ© et digitalisĂ© par Harold B. Lee Library, Brigham Young University, , 734 p. (lire en ligne), p. 19.
  22. Brigitte Massin, Franz Schubert, Fayard, 1Úre édition en 1977, éd. revue et corrigée en 1993, 1400 p. (ISBN 2213030049 et 978-2-213-63887-4, présentation en ligne, lire en ligne). [Voir aussi note "i" de la section : "L'écriture d'un compositeur en pleine possession de ses moyens"].
  23. Cette seule Fantaisie de Schubert pour violon et piano a Ă©tĂ© enregistrĂ©e par le mĂȘme JĂ©rĂŽme Ducros avec Renaud Capuçon et publiĂ©e en 1999 dans leur disque consacrĂ© aux duos piano/violon de Schubert chez Virgin Classics, code : 7243 5 61600 2 6. PrĂ©sentation en ligne de ce CD : « "Grand Duo", Franz Schubert », sur Amazon, (consultĂ© le ).
  24. Brigitte Massin, Franz Schubert, Fayard, 1Úre édition en 1977, éd. revue et corrigée en 1993, 1400 p. (ISBN 2213030049 et 978-2-213-63887-4, présentation en ligne, lire en ligne), p. 313.
  25. (de) Otto Erich Deutsch (trad. Franz Schubert : Index thĂ©matique de ses Ɠuvres par ordre chronologique), Franz Schubert: Thematisches Verzeichnis seiner Werke in chronologischer Folg, Kassel, BĂ€renreiter, coll. « New Schubert Edition », , 736 p. (ISBN 9783761805718, ISMN 9790006305148, lire en ligne), page 597.
  26. Richard Wigmore Livret du disque Schubert: Complete works for violin and piano par Alina Ibragimova (violon), Cédric Tiberghien (piano). Sous label : Hyperion, réf. : CDA67911/2, 2013.
  27. François-René Tranchefort et alii, Guide de la musique de chambre, Fayard, coll. « Musique », , 1000 p. (ISBN 2213024030 et 978-2213024035, présentation en ligne).
  28. (en) David Montgomery et Christopher Howard Gibbs (trad. Les compagnons de Schubert Ă  Cambridge / La musique de Franz Schubert en concert : une brĂšve histoire des gens, des Ă©vĂ©nements et de la rĂ©ception/des enjeux), The Cambridge Companion to Schubert, Cambridge University Press, coll. « Titres de la collection des "Compagnons de la Musique Ă  Cambridge" (en) », , 354 p. (ISBN 0521482291, 978-0521482295 et 978-0-521-48424-4, prĂ©sentation en ligne), « Franz Schubert's music in performance: a brief history of people, events, and issues », page 294 (?).
  29. « Nikolaï Lugansky, quasi sans exclusive », lugansky.homestead.com (consulté le ).
  30. Dictionnaire de la musique Larousse, « Franz Peter Schubert », sur Encyclopédie Larousse en ligne (consulté le ), § "De la prolixité à l'inhibition".
  31. Points de vue et citations empruntĂ©es Ă  Jean-Marc Geidel, « "Mon rĂȘve", un texte de Schubert : Schubert prĂ©curseur de Proust ?, confĂ©rence donnĂ©e Ă  la Folle JournĂ©e de Nantes », sur le site personnel de l'Ă©crivain, (consultĂ© le ).
  32. Ce mot célÚbre de Schumann à propos de Schubert est diversement traduit. Par exemple : « l'expression de Schumann, "céleste durée" (au singulier !), demeure un perpétuel sujet de malentendu. » In : Dictionnaire de la musique Larousse, « Franz Peter Schubert », sur Encyclopédie Larousse en ligne (consulté le ), § "Le « chemin de la grande symphonie »".
  33. JérÎme Ducros, Livret du CD : Franz Schubert - The Fantasies for piano, par JérÎme Ducros (transcription et interprétation), label : Ligia Digital, référencé : « Lidi 0103095-01 » (code : 3 487549 900959), , 32 p., page 6, présentation en ligne : (ASIN B06XJB73SB).
  34. JérÎme Ducros, Livret du CD : Franz Schubert - The Fantasies for piano, par JérÎme Ducros (transcription et interprétation), label : Ligia Digital, référencé : « Lidi 0103095-01 » (code : 3 487549 900959), , 32 p., page 4, présentation en ligne : (ASIN B06XJB73SB).
  35. [C'est nous qui soulignons, NDLR] AngÚle Leroy, « Schubert et ses sonates pour piano (introduction au concert de Daniel Barenboim consacré aux sonates de Schubert) », sur Philharmonie de Paris, (consulté le ), p. 5
  36. [C'est nous qui soulignons, NDLR]. Rémy Stricker, Franz Schubert : le naïf et la mort, nrf Gallimard, coll. « BibliothÚque des Idées », , 360 p. (ISBN 2070741826 et 978-2070741823, présentation en ligne). Sur le site de l'éditeur Gallimard : Franz Schubert : le naïf et la mort (présentation en ligne)
  37. (en) William Smith Rockstro (trad. Une histoire générale de la musique : de ses débuts dans le théùtre grec jusqu'à nos jours), A General History of Music : From the Infancy of the Greek Drama to the Present Period, Cambridge University Press, (ISBN 9781108064798, lire en ligne), pp. 330-331.
  38. Marc Honegger et Paul PrĂ©vost, Dictionnaire des Ɠuvres de la musique vocale, Paris, Bordas, , 2367 p., Tome I, II & III (ISBN 2040153950, OCLC 25239400, BNF 34335596), p. 2249..
  39. Marcel Schneider, Schubert, Paris, Éditions du Seuil, coll. « SolfĂšges » (no 4), , 219 p. (ISBN 2-02-019889-4, OCLC 3459993), p. 92.
  40. « Voix, texte et musique : Schubert, Winterreise », sur France Musique, (consulté le )
  41. La phrase originale (traduite en anglais de l'allemand par Brian Newbould) est la suivante : « Schubert appears seriously in love with the Countess E. This pleases me about him. He’s giving her lessons. » À retrouver ici : (en) Brian Newbould, Schubert Studies, Routledge, (ISBN 9781351549943, lire en ligne), p. 237.
  42. (en) Brian Newbould, Schubert Studies, Routledge, (ISBN 9781351549943, lire en ligne), p. 237.
  43. JérÎme Ducros, Livret du CD : Franz Schubert - The Fantasies for piano, par JérÎme Ducros (transcription et interprétation), label : Ligia Digital, référencé : « Lidi 0103095-01 » (code : 3 487549 900959), , 32 p., p. 7, présentation en ligne : (ASIN B06XJB73SB).
  44. Dictionnaire de la musique Larousse, « Franz Peter Schubert », sur Encyclopédie Larousse en ligne (consulté le ), § "Le « chemin de la grande symphonie »".
  45. Dictionnaire de la musique Larousse, « Franz Peter Schubert », sur EncyclopĂ©die Larousse en ligne (consultĂ© le ), § "Une incomparable sĂ©rie de chefs-d'Ɠuvre".
  46. (en) Brian Newbould, Schubert Studies, Routledge, (ISBN 9781351549943, lire en ligne), p. 253.
  47. (de) Otto Erich Deutsch (1883-1967) (trad. Franz Schubert. Les documents de sa vie et de son Ɠuvre), Franz Schubert. Die Dokumente seines Lebens und Schaffens, Munich et Leipzig, Ă©diteur original : Georg MĂŒller , conservĂ© et digitalisĂ© par Harold B. Lee Library, Brigham Young University, , 734 p. (lire en ligne), p. 257.
  48. Cet Ă©pisode, dans une traduction lĂ©gĂšrement diffĂ©rente, et cette information sont aussi repris dans la biographie de Schubert Ă©crite au XIXe siĂšcle par Agathe Audley, Franz Schubert : sa vie et ses Ɠuvres, Paris, Didier et Cie, , 365 p. (lire en ligne), pagination originale p. 108, pagination numĂ©rique p. 122.
  49. Misha Donat, Livret du CD "Schubert piano duets", par Paul Lewis et Steven Osborne (voir discographie), Hypérion, , 16 p. (lire en ligne), p. 11.
  50. Brigitte Massin, Franz Schubert, Fayard, 1Úre édition en 1977, éd. revue et corrigée en 1993, 1400 p. (ISBN 2213030049 et 978-2-213-63887-4, présentation en ligne, lire en ligne), pp. 41 et 411.
  51. Manuela Iana- Mihăilescu, Livret du CD Schubert, Brahms, Rahmaninov (graphie roumaine) par le Duo Mihăilescu (voir discographie), Arad, Roumanie, Show Factory, , 12 p. (lire en ligne), p. 7.
  52. Sont encore nombreuses en effet les controverses sur l'amour platonique vouĂ© par Schubert Ă  Caroline EsterhĂĄzy, dont la frustration sublimĂ©e en ferait l'origine de certaines de ses Ɠuvres les plus belles et les plus dĂ©chirantes de sa fin de vie, justement en musique de chambre et piano quatre-mains ; ce qui place la jeune femme en position de « muse » et inspiratrice. Certains critiques en doutent, mettant en cause les sources, d'autres l'affirment s'appuyant sur des tĂ©moignages oculaires. Certains critiques Ă©voquent mĂȘme la possibilitĂ© d'une homosexualitĂ© de Schubert, bien cachĂ©e et peu attestĂ©e (mais rappelons que celle-ci Ă©tait encore Ă  l'Ă©poque punie d'enfermement), voir notamment : Jean-Luc Caron, « Schubert, dĂ©stabilisĂ© par une maladie vĂ©nĂ©rienne incurable », sur ResMusica, (consultĂ© le ). D'ailleurs, comme le dit Rita Seblin dans l'article ci-aprĂšs rĂ©fĂ©rencĂ© : The memoirs of Schubert’s friends are full of his devotion to Caroline EsterhĂĄzy, but perhaps this “fact” is unknown to musicologists and theorists who for so long have preached that music is autonomous from biography. (« Les mĂ©moires des amis de Schubert sont pleines de sa vĂ©nĂ©ration pour Caroline EsterhĂĄzy, mais ce "fait" est peut-ĂȘtre inconnu des musicologues et des thĂ©oriciens qui ont si longtemps prĂȘchĂ© que la musique est autonome par rapport Ă  la biographie. ») : (en) Rita Steblin, et rĂ©ponse de Charles Rosen, « Schubert Ă  la Mode », The New York Review of Books,‎ (lire en ligne). On trouvera des Ă©lĂ©ments pour informer cette controverse dans les tĂ©moignages citĂ©s, mais aussi dans les points de vue musicologiques, nuancĂ©s ou hostiles Ă  l'hypothĂšse, dans les liens et ouvrages suivants : (en) Scott Messing (trad. Schubert dans l'imaginaire europĂ©en), Schubert in the European Imagination, University of Rochester Press, (ISBN 9781580462136, lire en ligne), p. 83 et suivantes. Et enfin : (en) Brian Newbould, Schubert Studies, Routledge, (ISBN 9781351549943, lire en ligne), p. 237.
  53. citée par Jean-Pierre Robert dans sa recension du disque de Philippe Entremont consacré à Schubert (dont entre autres la Fantaisie D. 940, voir la section "discographie"), à lire ici : Jean-Pierre Robert, « CD : Schubert par Philippe Entremont », sur on-mag.fr, "On-topaudio" (consulté le ).
  54. Jean-Pierre Robert, « Recension du CD « Franz SCHUBERT : Fantaisie en fa mineur D. 940 et autres piÚces pour piano à quatre mains » d'Andreas Staier et Alexander Melnikov. », sur L'éducation musicale.com, (consulté le ).
  55. On pourra Ă©couter ce dernier passage de l'Ɠuvre par exemple dans le concert donnĂ© par les frĂšres Jussen, jeunes virtuoses, en 2014, au Seoul Arts Center : le passage commence Ă  17’00’’ et se termine Ă  18’00’’ ; la reprise du thĂšme initial rĂ©-harmonisĂ© se situe donc Ă  17’00’’, la cadence terminale en suite d'accords « errants » dĂ©bute Ă  17’23’’, et le dernier accord pianissimo se trouve Ă  17’50’’ aprĂšs un long silence laissant « infiniment » rĂ©sonner dans les airs l’avant-dernier accord irrĂ©solu (Ă  17’42’’, soit plus de huit secondes de silence rĂ©sonant en suspens) : « Schubert Fantasie in F minor - Lucas & Arthur Jussen », sur YouTube (consultĂ© le ).
  56. Patrice Imbaud, « Musique et silence : l’éternel retour », sur ResMusica, (consultĂ© le ).
  57. Effet que chacun pourra vĂ©rifier par exemple dans l’enregistrement en concert des frĂšres Jussen, dĂ©jĂ  citĂ©, dans les extraits suivants : - 1re occurrence de ce procĂ©dĂ©, en section 3, le passage commence Ă  11’40’’ et le silence intervient Ă  12’11’’. - 2e occurrence, avant la fin de la derniĂšre section, le passage commence Ă  16’20’’ et le silence intervient Ă  16’53’’, sur 18’21’’ au total : « Schubert Fantasie in F minor - Lucas & Arthur Jussen », sur YouTube, Seoul Arts Center, (consultĂ© le ).
  58. G.S. Sachdev, « Incantations », : master of bamboo flute, label Arion, 1983, rééd. 1999, 8 p. (présentation en ligne), p. 4.
  59. On pourra donc vĂ©rifier encore l’effet de ce procĂ©dĂ© de « silence musical » dans un autre enregistrement en public des frĂšres Jussen, pour comparer avec celui de la Fantaisie D.940, dans les extraits suivants de LebensstĂŒrme D. 947 : - 1re occurrence de ce procĂ©dĂ©, le passage commence Ă  5’30’’ et le silence intervient Ă  5’42’’. - 2e occurrence, le passage commence Ă  8’10’’ et le silence intervient Ă  8’21’’. - 3e occurrence, le passage commence Ă  12’00’’ et le silence intervient Ă  12’11’’, sur 13’31 au total : « Schubert: LebensstĂŒrme, Allegro in A Minor, D 947 - Lucas & Arthur Jussen », sur YouTube, Konzerthaus Dortmund, (consultĂ© le ).
  60. Stéphane Mallarmé, Poésies : édition complÚte contenant plusieurs poÚmes inédits et un portrait, Paris, nrf, éditions de la Nouvelle Revue Française, 1914 (8e édition), pages totales réelles : 186, paginées : 172 (lire en ligne), p. 82.
  61. Stefano Biolchini, Le Paris des poĂštes maudits, Éditions de la MartiniĂšre, (ISBN 978-2-732-47521-9, prĂ©sentation en ligne), p. 48.
  62. Cette partition-ci en version rĂ©duction pour piano Ă  deux mains par JĂ©rĂŽme Ducros est donc encore accessible dans le commerce en juin 2020 : Franz Schubert (trad. JĂ©rĂŽme Ducros), Fantaisie en fa Mineur D 940 : transcription pour piano Ă  deux mains de l'original pour piano Ă  4 mains, GĂ©rard Billaudot, coll. « Brigitte Bouthinon-Dumas », , 40 p. (ISMN 979-0043075882), (ASIN B003JYOW08). JĂ©rĂŽme Ducros a enregistrĂ© cette transcription dans un disque remarquĂ© entiĂšrement consacrĂ© aux Fantaisies de Schubert au piano solo, avec un livret proposant une analyse dĂ©taillĂ©e de celles-ci par l’interprĂšte, et publiĂ© en 2001 sous le label : Ligia Digital, rĂ©fĂ©rencĂ© « Lidi 0103095-01 », (ASIN B06XJB73SB).
  63. Pianiste russe né en 1978 : (en) Aryeh Oron, « Sergey Kuznetsov (Piano), Short Biography », sur Bach Cantatas Website, (consulté le ).
  64. On pourra voir un enregistrement vidéo de la transcription de Sergey Kuznetsov ici : Sergey Kuznetsov, « Schubert, Fantasie in F minor (arrangement for piano two-hands) », sur YouTube, (consulté le ) ; ainsi qu'une biographie du pianiste ici : (en) Aryeh Oron, « Sergey Kuznetsov (Piano), Short Biography », sur Bach Cantatas Website, (consulté le ).
  65. PrĂ©sentation en ligne du CD comprenant cette version pour piano et orchestre de la Fantaisie de Schubert, transcrite par Kabalevsky et jouĂ©e par Gilels : (ASIN B071438YCQ). À noter, la rĂ©fĂ©rence du volume 7 de la mĂȘme rĂ©trospective est : Doremi (2) – DHR 7815. On pourra entendre cette version historique ici : « Franz Schubert-Dmitri Kabalevsky (arrangement), Fantasy in F Minor, Emile Gilels », sur YouTube, (consultĂ© le ).
  66. Version trĂšs proche de celle enregistrĂ©e par Emil Gilels en 1965, Ă  moins qu'il ne s'agisse tout simplement de la mĂȘme partition. PrĂ©sentation en ligne de ce disque sous label Capriccio (LC 08748, C 5310, code : 8 45221 05310 3) : « Weinberg, Kabalevsky (composition, arrangements) - Benjamin Schmid (violon), Claire Huangci (piano), Harriet Krijgh (violoncelle), ORF Vienna Radio Symphony Orchestra, Cornelius Meister (dir.) – Concertos », sur Discogs, (consultĂ© le ). Ainsi que : (ASIN B077BQGBT1). On pourra entendre cette version ici : - Section 1 : « Fantasy in F Minor (After Schubert's Fantasy, D. 940) : I. Allegro molto moderato - PiĂč mosso - Tempo I », sur YouTube. - Section 2 « II. Largo », sur YouTube - Sections 3 et 4 : « III. Vivace - Cadenza - Largamente - Allegro marcato », sur YouTube (consultĂ© le )
  67. Pour approcher (en partie) l’ensemble des disques publiĂ©s susceptibles de contenir la Fantaisie en fa mineur D. 940 de Schubert, consulter : « Franz Schubert piano Ă  quatre mains », sur Discogs (consultĂ© le ). Et aussi : « Schubert Piano Duets », sur Discogs.
  68. (en) Robert et Gaby Casadesus sur Discogs, (OCLC 5869016)
  69. [vidéo] Casadesus, Schubert Fantasie in F minor D.940 (1954) sur YouTube.
  70. [vidéo] Schubert / A. Brendel / E. Crochet : Fantasia in F Minor, D. 940 (Op. 103) 1961 sur YouTube
  71. (en) Sviatoslav Richter, Benjamin Britten – Schubert Piano Duets (1965) sur Discogs
  72. « Schubert, musique de chambre », sur Discogs.
  73. [vidéo] Richter-Britten. Schubert: Fantasy for Piano in f minor, Four Hands D. 940 (1965) sur YouTube
  74. Présentation en ligne de ce coffret de 9 CD : « Schubert, the complete piano sonatas played on period instruments » [« Schubert : Intégrale des sonates pour piano jouées sur instruments d'époque »], sur Amazon, (consulté le ).
  75. PrĂ©sentation en ligne de ce disque de Badura-Skoda et Demus : « Schubert – VierhĂ€ndige Klaviermusik », sur Discogs. On pourra entendre cet enregistrement (bizarrement notĂ© « pour deux pianos », et "1963 Ludwigsburg live recordings", alors qu'il est manifestement en studio sur un piano Ă  quatre mains) ici : « Fantasie in F Minor for 2 Pianos, Op. 103, D. 940 », sur YouTube.
  76. Ă©d. française de la « Guide du disque ex-libris » chez Grammoclub XL 172 560 / D.P. 139 107
  77. PrĂ©sentation en ligne de ce coffret : « Les Chefs-d’Ɠuvre du Piano, plage : G2 », sur Discogs.
  78. [vidéo] Emil & Elena Gilels play Schubert Fantasy in F Minor (1968) sur YouTube et [vidéo] Emil & Elena Gilels play Schubert Fantasy in F Minor (part 2/2) sur YouTube.
  79. Présentation en ligne de ce disque de Jacques Février et Gabriel Tacchino (Album vinyle LP) : « Franz Schubert - PiÚces Pour Piano à Quatre Mains », sur Discogs.
  80. PrĂ©sentation en ligne de ce CD : « Cyril Smith & Phyllis Sellick – Piano Duo », sur Discogs, (consultĂ© le ).
  81. PrĂ©sentation en ligne de cet album vinyle (apparemment non rĂ©Ă©ditĂ© en CD) : « Mozart, Schubert, Victoria Postnikova, Gennadi Rozhdestvensky – Piano Duets », sur Discogs, enregistrĂ© en 1973, publiĂ© en 1975 (consultĂ© le ).
  82. PrĂ©sentation en ligne du disque de Christian Ivaldi et NoĂ«l Lee : « L'ƒuvre Pour Piano À Quatre Mains de Franz Schubert, Vol.1 », sur Discogs. On peut entendre cette interprĂ©tation ici : « Fantaisie en fa mineur, Op. 103, D 940 », sur YouTube (consultĂ© le ). PrĂ©sentation en ligne du coffret de 4 CD rĂ©capitulant tous les enregistrements par Ivaldi et Lee de l’Ɠuvre pour piano Ă  quatre mains de Schubert : (ASIN B0012Y1IG8).
  83. (en) Schubert, Christoph Eschenbach, Justus Frantz – Piano Duets (1978) sur Discogs.
  84. (en) Schubert-Ɠuvres pour piano à quatre mains (1979) sur Discogs
  85. [vidéo] Fantasia in F Minor for Piano 4 Hands, Op. 103, D. 940: I. Allegro molto moderato (1979) sur YouTube, [vidéo] D. 940: II. Largo sur YouTube et [vidéo] D. 940: III. Allegro vivace sur YouTube.
  86. (en) Schubert Piano Duets - Imre Rohmann, AndrĂĄs Schiff – Fantasy In F Minor / LebensstĂŒrme / Rondo In A Major / 2 Marches CaractĂ©ristiques (1977) sur Discogs
  87. [vidéo] Imre Rohmann & Andrås Schiff play Schubert: Fantasy in F minor Op.103, D.940 (1977) sur YouTube.
  88. (en) Alfons et Aloys Kontarsky sur Discogs
  89. (en) Piano Ă  quatre mains : Strategier, Debussy, Schubert (19) sur Discogs
  90. PrĂ©sentation en ligne de ce disque de Murray Perahia et Radu Lupu : « Mozart / Schubert - Murray Perahia ‱ Radu Lupu – Sonata K. 448 / Fantasia, Op.103, D 940 », sur Discogs. On pourra entendre cette version ici : « Franz Schubert - Fantasia for piano, 4 hands in F minor, D. 940 », sur YouTube (consultĂ© le ). Ou ici : « Schubert : Fantasia in F minor, Four-Hands Op.103, D. 940 Radu Lupu, Murray Perahia ».
  91. (en) Bracha Eden, Alexander Tamir – Schubert Piano Duets Vol. 2 (2004) sur Discogs
  92. (en) « Schubert – The Masterworks » (2004) sur Discogs
  93. (en) Wyneke Jordans et Leo van Doeselaar, Schubert Four Hand Piano Music (1991) sur Discogs
  94. [vidéo] Fantasy in F Minor, D. 940, Op. 103 : I. Allegro molto moderato - Largo sur YouTube, [vidéo] II. Allegro vivace - Con delicatezza sur YouTube et [vidéo] III. Tempo I sur YouTube. On peut aussi voir Wyneke Jordans et Leo van Doeselaar filmés en concert en 1987, mais sur piano moderne : [vidéo] Wyneke Jordans & Leo van Doeselaar: Franz Schubert's Fantasy in f minor (Part 1) sur YouTube, [vidéo] Schubert's Fantasy in f minor (Part 2) sur YouTube et [vidéo] Schubert's Fantasy in f minor (Part 3) sur YouTube.
  95. [vidéo] Fantasie in F Minor, Op. 103, D.940 sur YouTube.
  96. [vidéo] Schubert : Fantasia in F minor for piano 4 hands sur YouTube. En quatre parties : [vidéo] Levin et Bilson, Schubert: Fantasy in F minor, D. 940 (Op.103) - Allegro molto moderato - 1/4 sur YouTube ; [vidéo] Largo - 2/4 sur YouTube ; [vidéo] Allegro vivace - 3/4 sur YouTube et [vidéo] Tempo Primo - 4/4 sur YouTube.
  97. (en) Franz Schubert, Goldstone And Clemmow – The Complete Original Piano Duets (1998) sur Discogs
  98. (ASIN B01K8RHYZI)
  99. (en) Alexandre Tharaud et Zhu Xiao-Mei sur Discogs
  100. [vidéo] Fantasie, Op. 103, D 940 (2003) sur YouTube.
  101. [vidéo] Schubert - Fantasia in F minor (Kissin, Levine) sur YouTube.
  102. [vidéo] Paul Badura-Skoda et Jörg Demus, Fantaisie en fa mineur, D.940 (2007) sur YouTube.
  103. [vidéo] 1/4 Fantasie in F Minor, D. 940: I. Allegro molto moderato sur YouTube ; [vidéo] 2/4 Largo sur YouTube ; [vidéo] 3/4 Allegro vivace sur YouTube et [vidéo] 4/4 Tempo primo sur YouTube.
  104. (en) Schubert, Brahms, Rahmaninov : Morceaux Pour Piano À Quatre Mains (2008) sur Discogs
  105. (en) Schubert / Steven Osborne, Paul Lewis – Piano Duets (2010) sur Discogs
  106. [vidéo] Fantasie in F Minor, Op. 103, D. 940 sur YouTube.
  107. On pourra voir les vidéos de ces deux interprétations en concert par les frÚres Jussen, jeunes pianistes, ici : « Fantasie in f Moll », sur YouTube, (consulté le ). Et ici, complÚte : « Fantasie in f Moll, live recording at Seoul Arts Center », .
  108. [vidéo] Schubert Fantasy in F minor (2012 sur YouTube.
  109. « Fantaisie D 940 de Franz Schubert pour piano Ă  quatre mains », sur France Musiques, (consultĂ© le ). Cette Ă©mission, avec d’autres, est aussi proposĂ©e en coffret de 6 CD audio : Franz Schubert : Notes du traducteur vol. 1 par Philippe Cassard, label : Radio France. PrĂ©sentation en ligne : (ASIN B005SJIOBU).
  110. (en) Schubert - Philippe Cassard & CĂ©dric Pescia – 1828 - Sonata D959 + Piano Duets (2014) sur Discogs
  111. [vidĂ©o] David Fray nouvel album Schubert : "Fantaisie" - PrĂ©sentation sur YouTube et Ɠuvre complĂšte : [vidĂ©o] Fantasia in F Minor for Piano Four Hands, D. 940, par David Fray et Jacques Rouvier (2015) sur YouTube
  112. Jean-Luc Macia, « Un rĂȘve, des jumeaux et des claviers », Revue des deux mondes,‎ , p. 171 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  113. On pourra écouter cette version en quatre parties ici : « Claire Désert et Emmanuel Strosser Fantasie in F Minor, D. 940: I. Allegro molto moderato », sur YouTube (consulté le ). Puis : « II. Largo ». Puis : « III. Allegro vivace ». Enfin : « IV. Allegro molto moderato ».
  114. Christophe Huss, « Franz Schubert, Fantaisie en fa mineur et autres oeuvres pour piano à quatre mains. Recension du CD d'Andreas Staier et Alexander Melnikov », sur Le Devoir.com, (consulté le ).
  115. « Franz Schubert 1797-1828 Fantaisie en fa mineur et autres Ɠuvres pour piano Ă  4 mains », sur harmonia mundi. (en) Franz Schubert, Andreas Staier, Alexander Melnikov – Fantasie In F Minor And Other Piano Duets (2015) sur Discogs
  116. [vidéo] Schubert: Fantasia in F minor for four-hands piano. Staier, Melnikov (2015 sur YouTube. Et en version de concert en 2020 : [vidéo] Concert (mono), Staier et Melnikov, Schubert Fantasie in F minor, mars 2020 sur YouTube
  117. Revue : Jean-Pierre Robert, « Franz Schubert : Fantaisie en fa mineur D. 940 et autres piĂšces pour piano Ă  quatre mains », sur leducation-musicale.com, L’éducation musicale, (consultĂ© le )
  118. Christophe Huss, « Franz Schubert, Fantaisie en fa mineur et autres Ɠuvres pour piano Ă  quatre mains, Andreas Staier et Alexander Melnikov », sur ledevoir.com, Le devoir, (consultĂ© le ).
  119. « concert Franz Schubert, Fantaisie en fa mineur D. 940 », sur francemusique.fr, France Musique, (consulté le ).
  120. PrĂ©sentation en ligne de ce CD du Duo Latsos : (ASIN B0752RVLY8). Voir aussi en entĂȘte de l’article.
  121. [vidéo] duo Silver-Garburg, Fantasy in f Minor - Franz Schubert sur YouTube.
  122. (en) Philippe Entremont sur Discogs
  123. Jean-Pierre Robert, « CD : Schubert par Philippe Entremont », sur on-mag.fr - ON topaudio (consulté le ).
  124. PrĂ©sentation en ligne et recension critique de cet enregistrement du duo Tal & Groethuysen : « Schubert, Complete Piano Music for Four Hands », sur Cultura.com. Et prĂ©sentation en ligne du concert du duo le 10 janvier 2020 Ă  l’UniversitĂ© de Chicago : (en) UChicago presents, « Duo Tal & Groethuysen », sur Chicago University presents, (consultĂ© le ).
  125. (en) Pires & Sermet joue Schubert, Fantasie in F minor, op.103 (1987) sur Discogs
  126. [vidéo] M.J.Pires & H.Sermet plays Schubert Fantasie in F minor, op.103 (I) sur YouTube et [vidéo] M.J.Pires & H.Sermet plays Schubert Fantasie in F minor, op.103 (II) sur YouTube.
  127. (en) Franz Schubert - Maria JoĂŁo Pires - Ricardo Castro – Music For Piano Four Hands(2014) sur Discogs (liste des versions d'une mĂȘme Ɠuvre)
  128. [vidéo] Schubert: Fantasy in F Minor, D. 940 (Op. 103) sur YouTube ou [vidéo] Schubert: Fantasy in F Minor, D. 940 (Op. 103) For Piano Duet sur YouTube. Extrait du premier mouvement en vidéo et en concert [vidéo] Maria João Pires & Ricardo Castro - Piano Duet sur YouTube.
  129. On pourra voir l’enregistrement vidĂ©o de ce concert ici : « Maria JoĂŁo Pires & Julien Libeer play Schubert Fantasy in F minor, op. 103 (live) », sur YouTube, (consultĂ© le ).
  130. [vidéo] Maria-João Pires and Lilit Grigoryan - Franz Schubert - Fantasy in F minor op. 103 (concert 2016) sur YouTube.
  131. [vidéo] Maria João Pires - Julien Brocal: Schubert Fantasia in fa minore D940 op.103 (2016) sur YouTube.
  132. (en) Maria Grinberg, Schubert - Liszt – Collected Recordings sur Discogs
  133. [vidéo] Maria Grinberg, Schubert - Liszt (concert, 1960) sur YouTube)
  134. On pourra entendre cette version à deux mains de JérÎme Ducros, les quatre mouvements étant séparés, ici : « 1/4 Fantasie in F Minor, D. 940: I. Allegro molto moderato », sur YouTube (consulté le ). Puis : « 2/4 Fantasie in F Minor, D. 940: II. Largo ». Puis : « 3/4 Fantasie in F Minor, D. 940: III. Allegro vivace ». Enfin : « 4/4 Fantasie in F Minor, D. 940: IV. Tempo primo ».
  135. [vidéo] Schubert, Fantasie in F minor (arrangement for piano two-hands) sur YouTube.

Voir aussi

Articles connexes

Le fameux catalogue thĂ©matique des Ɠuvres de Schubert par Otto Erich Deutsch.

Liens externes


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