Euro-obligation
Une euro-obligation (souvent mentionnĂ©e sous lâappellation anglaise eurobond) est une obligation libellĂ©e dans une monnaie diffĂ©rente de celle du pays (ou du marchĂ©) dans lequel elle est Ă©mise. Par exemple, une obligation en dollar Ă©mise sur le marchĂ© europĂ©en[1].
Dans un sens diffĂ©rent, mais d'actualitĂ©, le terme se rĂ©fĂšre au projet d'Ă©mission d'obligations en commun par les pays de la zone euro. Cette idĂ©e a Ă©tĂ© dĂ©battue dans un premier temps au sein de la commission spĂ©ciale sur la crise financiĂšre, Ă©conomique et sociale du Parlement europĂ©en. Cette commission spĂ©ciale est crĂ©Ă©e le 7 octobre 2009 ; elle est prĂ©sidĂ©e par l'eurodĂ©putĂ© allemand Wolf Klinz (ADLE), le rapporteur Ă©tant la socialiste française Pervenche BerĂšs. Cette derniĂšre est par ailleurs la premiĂšre Ă Ă©voquer la nĂ©cessitĂ© de crĂ©er des euro-obligations le , lors d'une sĂ©ance solennelle organisĂ©e au Parlement europĂ©en pour cĂ©lĂ©brer le dixiĂšme anniversaire de l'Euro[2]. En prĂ©sence de l'ancien prĂ©sident français ValĂ©ry Giscard dâEstaing, du prĂ©sident de la Banque centrale europĂ©enne Jean-Claude Trichet, du prĂ©sident de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker et du commissaire europĂ©en aux affaires Ă©conomiques et monĂ©taires JoaquĂn Almunia, elle dĂ©clare notamment : « La crise financiĂšre rend encore plus urgent une meilleure coordination des politiques Ă©conomiques nationales ; c'est pourquoi la Commission europĂ©enne doit examiner la possibilitĂ© de crĂ©er des obligations europĂ©ennes (eurobonds)[3] - [4]. »
En 2010, la proposition est Ă©voquĂ©e comme une partie de la solution Ă la crise de la dette dans la zone euro[5] - [6], elle est reprise plus tard par diffĂ©rents acteurs Ă©conomiques ou politiques, notamment par les chefs d'Ătat de plusieurs pays membres de l'Union europĂ©enne dans le cadre de la rĂ©ponse Ă la crise de 2020 liĂ©e au coronavirus[7]; son objectif est d'Ă©viter la spĂ©culation sur les dettes des Ătats les plus en difficultĂ© via la mutualisation des dettes â et donc des risques â des pays de la zone euro.
Contexte de crise
La crise de la dette publique Ă partir de 2010 dans la zone euro met en lumiĂšre l'extrĂȘme disparitĂ© des situations des finances publiques des Ătats membres de la zone euro. DĂ©ficit public, dette publique, croissance du PIB, contexte politique et notation financiĂšre des Ătats influent sur le rendement des obligations dâĂtat. L'obligation « de rĂ©fĂ©rence » de la zone euro, le Bund allemand Ă dix ans, a par exemple en novembre 2011 un rendement infĂ©rieur Ă 2 %, alors que le rendement de l'obligation italienne Ă dix ans dĂ©passe les 7 %[8], et celui de l'obligation grecque Ă dix ans a atteint des niveaux qui ne permettent plus Ă la GrĂšce de se financer sur le marchĂ© obligataire devenu pour elle totalement illiquide depuis 2010 concernant les Ă©chĂ©ances de moyen-long terme (la GrĂšce ne trouve plus d'acheteurs que pour ses obligations de trĂšs court terme ; ainsi en 2012, elle emprunte seulement sur des Ă©chĂ©ances Ă trois mois ou Ă six mois, Ă des taux dĂ©passant les 4 %[9] - [10]).
LâĂ©mission d'euro-obligations pourrait, en l'absence d'une institution Ă©quivalente au DĂ©partement du TrĂ©sor des Ătats-Unis, avoir lieu au niveau soit de l'Union europĂ©enne, soit seulement au niveau de l'Eurozone, via le Fonds europĂ©en de stabilitĂ© financiĂšre (FESF), la Banque europĂ©enne d'investissement (BEI) ou la Banque centrale europĂ©enne (BCE)[11]. Ces euro-obligations offriraient Ă tous les Ătats de la zone euro un taux d'emprunt unique susceptible de soulager les finances des Ătats en difficultĂ© (notamment les PIIGS) par solidaritĂ© des Ătats les plus solides (Allemagne, France, pays nordiques).
Les euro-obligations s'inscriraient dans un cadre plus large de gouvernance Ă©conomique Ă l'Ă©chelle europĂ©enne. Ă cet effet, le traitĂ© de Maastricht prĂ©cise dĂ©jĂ quatre recommandations sur le taux d'inflation, le dĂ©ficit budgĂ©taire (ne devant pas dĂ©passer 3 % du PIB), l'endettement public (ne devant pas dĂ©passer 60 % du PIB) et les taux d'intĂ©rĂȘt Ă long terme. Le mini-sommet franco-allemand sur la crise de la dette en Europe (16/08/11) a ouvert de nouvelles perspectives de convergence Ă©conomique tel qu'un « gouvernement Ă©conomique de la zone euro » (que prĂ©siderait pour deux ans et demi l'actuel prĂ©sident du Conseil europĂ©en, Herman Van Rompuy) et la gĂ©nĂ©ralisation de la « rĂšgle d'or » sur l'Ă©quilibre budgĂ©taire[12]. Une simultanĂ©itĂ© entre l'application gĂ©nĂ©rale de la rĂšgle d'or et l'Ă©mission d'euro-obligations ferait de celles-ci, au fur et Ă mesure de leur amortissement, un outil d'extinction progressive de la dette publique dans la zone euro.
Il n'a pas Ă©tĂ© prĂ©cisĂ© Ă ce stade si ce titre commun de dette serait utilisĂ© comme une possibilitĂ© de financement pour un Ătat ou deviendrait obligatoire. En effet pour les pays les mieux notĂ©s, il serait peu avantageux de faire appel Ă cet unique titre de dette dont les taux de financement seraient nĂ©cessairement supĂ©rieurs Ă ceux proposĂ©s pour le financement de leur dette nationale.
Alors que lâĂ©mission d'euro-obligations n'Ă©tait jusqu'Ă prĂ©sent envisagĂ©e qu'au terme d'un assainissement des finances publiques, les incertitudes persistantes sur les marchĂ©s financiers pourraient entraĂźner leur mise en route dĂšs 2012[13]. Enfin, les modalitĂ©s d'Ă©mission d'euro-obligations, l'instance Ă©mettrice, leur taux, leur note financiĂšre, leur utilisation et les positions des diffĂ©rents gouvernements de la zone euro restent Ă l'automne 2011 susceptibles de changements ; les Euro-obligations Ă©tant toujours au stade des propositions et discussions. Le 14 septembre 2011, le prĂ©sident de la Commission europĂ©enne, JosĂ© Manuel Barroso, annonce de prochaines propositions en vue d'introduire des euro-obligations[14].
RĂ©actions
Les Euro-obligations furent, en dĂ©cembre 2010, Ă©noncĂ©es par Jean-Claude Juncker et Giulio Tremonti sous le nom d'E-bonds dans une tribune commune du Financial Times publiĂ©e juste avant une rĂ©union informelle de l'Eurogroupe[4]. En aoĂ»t 2011, l'idĂ©e fut relancĂ©e Ă l'occasion du mini-sommet franco-allemand sur la crise de la dette en Europe. Ă ces annonces ont inĂ©vitablement suivi des rĂ©actions[15] de la part des gouvernements de la zone euro, plus largement, de l'Europe et dâinstitutions internationales (FMI[16]). On retrouve une logique globale d'appuis et d'oppositions aux Euro-obligations entre des gouvernements dont les taux d'emprunts sont faibles â et qui les verraient augmenter avec des obligations communes â et d'autres gouvernements dont les taux d'emprunts sont forts â et qui Ă l'inverse les verraient baisser.
Dans une tribune publiĂ©e dans LibĂ©ration (journal) le 18 octobre 2011 [17], Jacques Delors, Pervenche BerĂšs, Yves Bertoncini et Daniel Cohen font un distinguo entre « eurobonds » et « Union bonds », ces derniers Ă©tant Ă©galement appelĂ© « project bonds ». Dans leur projet, les «eurobonds» seraient Ă©mis par le MĂ©canisme europĂ©en de stabilitĂ©. Pour les auteurs, le capital du MES est insuffisant pour « casser la spĂ©culation contre les Ătats ». Il prĂ©conise de permettre au « MES dâĂ©mettre environ 3 000 milliards dâeuro-obligations Ă moyen terme, soit une somme Ă la hauteur des dĂ©fis actuels et potentiels crĂ©Ă©s par la crise de la dette ». Les « Union bonds » seraient Ă©mis par la Banque europĂ©enne dâinvestissement, pour lâensemble de lâUnion europĂ©enne, cadre adaptĂ© selon eux au dĂ©veloppement et Ă la mutualisation des dĂ©penses dâavenir. La philosophie des « Union bonds » se retrouve dans les « projects bonds » prĂ©conisĂ©s aujourdâhui par la Commission europĂ©enne.
Cependant, il n'existe pas de ligne d'opinion unique entre les « bons » et les « mauvais » Ă©lĂšves de la zone Euro. Il peut apparaĂźtre des divergences entre un gouvernement au pouvoir et son opposition, voire entre un mĂȘme parti politique. Il convient Ă©galement de noter que nombre des soutiens ou rejets sont assortis de rĂ©serves sur une gouvernance Ă©conomique Ă l'Ă©chelle europĂ©enne, une temporalitĂ© restant Ă Ă©tudier et des modalitĂ©s d'Ă©mission toujours floues. Ainsi, nombre des rĂ©actions listĂ©es ne sont pas figĂ©es et peuvent donc Ă©voluer. Enfin, des propositions distinctes peuvent ĂȘtre Ă©noncĂ©es telle que la crĂ©ation de project bonds initiĂ©e par le commissaire europĂ©en Michel Barnier, c'est-Ă -dire « d'obligations orientĂ©es vers des projets, vers des investissements[18] ».
Au sein des institutions européennes
- Union europĂ©enne : le prĂ©sident de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, qui avait initialement introduit l'idĂ©e d'euro-obligations la dĂ©fend en ces termes : « Je suis convaincu que les obligations europĂ©ennes pourraient ĂȘtre, et un jour seront, un instrument pour contrecarrer les mouvements irrationnels des marchĂ©s financiers[19]... »
- Union europĂ©enne : le Commissaire europĂ©en aux Affaires Ă©conomiques et monĂ©taires, Olli Rehn, s'est dĂ©clarĂ© sĂ©duit par l'idĂ©e (« Je trouve cette idĂ©e intellectuellement sĂ©duisante. L'UE est toujours ouverte aux nouvelles idĂ©es des Ătats dans la lutte contre la crise systĂ©mique. »)[20].
- Le prix Nobel d'Ăconomie Joseph Stiglitz a quant Ă lui estimĂ© quâ« il serait trĂšs difficile pour l'euro de survivre sans la mise en place d'obligations Ă©mises en commun par les pays de la zone[21] ».
En Allemagne
L'opposition sociale-dĂ©mocrate (SPD), les Verts, ainsi que quelques Ă©lus du parti au pouvoir (CDU) militent pour un dĂ©bat sur des euro-obligations contre l'avis du gouvernement Ă l'instar du dĂ©putĂ© europĂ©en Burkhard Balz (« Nous devons aussi en Allemagne nous poser la question de savoir Ă quelles conditions nous pourrions accepter des euro-obligations. »)[22] ou du prĂ©sident du groupe parlementaire Ă©cologiste, JĂŒrgen Trittin (« (L'accord entre l'Allemagne et la GrĂšce) va dans la direction des euro-obligations. »)[23]. Enfin, le prĂ©sident de l'association des exportateurs allemands (BGA), Anton Boerner, suit cet avis : « Nous devons montrer aux marchĂ©s que nous sommes prĂȘts Ă utiliser les outils appropriĂ©s, c'est-Ă -dire des eurobonds signĂ©s par l'Allemagne[24] ».
Le SPD, Ă l'instar du PS, a par la voix de son prĂ©sident au Bundestag, Frank-Walter Steinmeier, invitĂ© le gouvernement allemand Ă ne pas refuser de discuter de l'introduction des euro-obligations : « Les eurobonds peuvent ĂȘtre un moyen important pour rĂ©soudre la crise de refinancement des Ătats endettĂ©s[25] ».
En Belgique
Le chef de file des dĂ©putĂ©s libĂ©raux europĂ©ens, Guy Verhofstadt, accueille favorablement la crĂ©ation d'euro-obligations : « Cette euro-crise ne peut ĂȘtre rĂ©solue Ă moins que nous prenions des mesures pour introduire de telles euro-obligations[26] ». De mĂȘme pour le ministre fĂ©dĂ©ral belge des Finances, Didier Reynders, qui plaide en leur faveur : « Une vraie rĂ©ponse serait la crĂ©ation d'euro-obligations, couplĂ©e Ă davantage d'intĂ©gration budgĂ©taire[27] ».
En Espagne
Le porte-parole du gouvernement espagnol, JosĂ© Blanco, a dĂ©clarĂ© Ă la radio publique : « Plus nous avançons vers l'intĂ©gration de la politique Ă©conomique, plus nous nous approchons de l'idĂ©e d'euro-obligations[28] ». Plus nuancĂ©e, le ministre espagnol de lâĂconomie et des Finances, Elena Salgado, dĂ©clare : « Je pense que ce serait une bonne idĂ©e mais je ne la vois pas, sincĂšrement, en ce moment, Ă l'ordre du jour[29] ».
En France
L'ancien ministre socialiste de lâĂconomie et des Finances et prĂ©sident de la Commission europĂ©enne, Jacques Delors, plaide pour une mutualisation partielle des dettes des Ătats (« La mutualisation partielle des dettes, c'est la pompe pour Ă©teindre le feu et redonner un sens Ă la coopĂ©ration communautaire. »)[30]. Pour l'ancien prĂ©sident de la RĂ©publique, ValĂ©ry Giscard d'Estaing, les euro-obligations ne peuvent entrer en service dans l'immĂ©diat, mais « il faut annoncer que l'on va s'y prĂ©parer[31] ».
- Parti socialiste : L'ancien ministre de l'Ăconomie, des Finances et de l'Industrie Laurent Fabius s'est dit déçu du mini-sommet franco-allemand du 16 aoĂ»t 2011 (« Le prĂ©sident sâest couchĂ© sur les euro-obligations. C'est une faute majeure qui aura une grave consĂ©quence. »)[32]. L'ancien dĂ©putĂ© de CorrĂšze et prĂ©sident de la RĂ©publique, François Hollande, regrette lui aussi que la question des euro-obligations ait Ă©tĂ© passĂ©e sous silence (« Les Eurobonds auraient pu servir Ă la croissance. »)[33]. Enfin, la prĂ©sidente de la rĂ©gion Poitou-Charente, SĂ©golĂšne Royal, Ă©crit dans une lettre de contribution Ă Nicolas Sarkozy et Angela Merkel : « Nous devons absolument crĂ©er les eurobonds, c'est une forme de solidaritĂ© europĂ©enne[34] ». Jean-Marc Ayrault a invitĂ© le gouvernement, Ă l'AssemblĂ©e nationale, Ă ne pas refuser de discuter de l'introduction des euro-obligations[25].
- MoDem: François Bayrou se déclare favorable aux eurobonds et à l'emprunt auprÚs des européens pour financer des grands travaux[35]. Le 30 juillet 2011, ses conseillers économiques Robert Rochefort, Stéphane Cossé et Vincent Chauvet[36] se prononcent dans Le Monde pour une mutualisation des dettes liée à l'instauration d'une rÚgle d'or européenne.
- EELV : le député européen Daniel Cohn-Bendit déclare : « Sans un pas en avant vers la communautarisation, tant qu'on ne mutualise pas la dette européenne (avec les eurobonds) et les investissements, il n'y aura pas de rÚgle d'or européenne[37] ». Opinion qu'il réaffirme le lendemain : « Nous avons aussi besoin d'euro-obligations pour relancer l'économie, notamment pour sa transformation écologique[38] ».
- UMP : le secrétaire général Jean-François Copé s'est montré trÚs favorable à leur introduction : « Quant à la création d'eurobonds pour enfin assurer une gestion collective et rigoureuse des dettes souveraines en Europe, je la crois urgente et inéluctable[39] ».
- MEDEF et CFDT : l'organisation patronale MEDEF, prĂ©sidĂ©e par Laurence Parisot, exprime dans un communiquĂ© son attachement Ă plus d'intĂ©gration europĂ©enne : « Une initiative telle que la crĂ©ation d'un marchĂ© des Eurobonds irait dans ce sens[40] ». Avis que partage le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la CFDT, François ChĂ©rĂšque, dans une interview : « Mais cette rĂšgle d'or, ils la font sans les euro bonds, c'est-Ă -dire une mutualisation de la dette [...]. Ăa n'a pas de sens[41] ».
En GrĂšce
L'ex-Premier ministre grec Georges Papandréou avec le soutien des principaux responsables socialistes européens a plaidé pour la création d'une agence de restructuration de la dette et à des euro-obligations (« à cet égard, la zone euro pourrait bénéficier de l'émission d'euro-obligations. »)[42].
Soutiens en Hongrie
Le financier milliardaire George Soros apporte également son soutien à l'idée : « Pour sortir de l'orniÚre, les pays membres doivent se financer à un coût raisonnable. Les euro-obligations sont le meilleur moyen d'y parvenir[43] ».
En Italie
Le ministre italien de l'Ăconomie et des Finances Giulio Tremonti est un des premiers partisans de l'introduction d'Euro-obligations dĂ©clarant que « s'il y avait eu les eurobonds, nous ne serions pas arrivĂ©s Ă (la crise d')aujourd'hui[44] ». Tout comme le chef du groupe parlementaire du parti au pouvoir (PdL), Fabrizio Cicchitto, qui s'est exprimĂ© en ces termes : « Nous espĂ©rons que Merkel sera convaincue de l'utilitĂ© des euro-obligations en septembre[45] ».
Le directeur général du groupe automobile italien Fiat, Sergio Marchionne, interrogé sur l'option des euro-obligations déclara : « C'est un discours complexe mais s'il n'y a pas un partage des risques de la part des pays européens, je vois mal comment on peut s'en sortir[46] ».
Au Royaume-Uni
Le ministre britannique des Finances, le chancelier de l'Ăchiquier George Osborne, plaide pour plus dâintĂ©gration budgĂ©taire au sein de la zone euro ainsi que pour les euro-obligations : « Des solutions comme les euro-obligations ou d'autres formes de garanties doivent dĂ©sormais ĂȘtre considĂ©rĂ©es sĂ©rieusement[47] ».
Institutions europĂ©ennes et position commune dâĂtats membres
- Banque centrale europĂ©enne : l'Autrichien Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la banque centrale europĂ©enne (BCE), estime que le dĂ©bat sur les euro-obligations est prĂ©maturĂ©[48]. Aussi, l'Allemand JĂŒrgen Stark, Ă©conomiste en chef de la BCE, exprime son scepticisme mais ajoute : « Nous aurions besoin d'une Constitution europĂ©enne avec des transferts de souverainetĂ© de tous les pays. Alors des eurobonds auraient du sens[49] ».
- France et Allemagne : la France et l'Allemagne ont fait part de leur opposition Ă l'idĂ©e d'Euro-obligations lors du mini-sommet franco-allemand du 16 aoĂ»t 2011 par les voix de Nicolas Sarkozy et d'Angela Merkel (A. Merkel : « Moi, je ne crois pas Ă ce type de solution unique et je ne crois pas que dâun seul coup de baguette magique on va rĂ©soudre tous les problĂšmes. » ; N. Sarkozy : « Cela voudrait donc dire que nous garantirions la totalitĂ© de la dette sans avoir la maĂźtrise de la dĂ©pense et de la crĂ©ation de la dette. »)[50] - [51].
En Allemagne
- Allemagne : le vice-chancelier et ministre allemand de lâĂconomie, Philipp Rösler, a dĂ©clarĂ© : « Les eurobonds signifieraient que tout le monde partagerait le mĂȘme poids des taux d'intĂ©rĂȘt, ce qui serait une punition pour les pays (financiĂšrement) sains[52] ». Avis partagĂ© pour le ministre allemand des Finances, Wolfgang SchĂ€uble, qui dĂ©clare : « Les eurobonds restent exclus aussi longtemps que les Ătats membres de lâUnion dĂ©cident de leur propre politique financiĂšre[53]... »
En Autriche
Le ministre autrichien des Finances, Maria Fekter, rejette l'idĂ©e d'euro-obligations estimant qu'elle coĂ»terait des milliards (« La zone euro n'est pas prĂȘte pour des euro-obligations sans politique Ă©conomique et financiĂšre commune. »)[54].
En Finlande
Le ministre finlandais des Finances Jutta Urpilainen a également exprimé son désaccord (« Chaque pays est responsable de sa propre dette aujourd'hui et demain. »)[55]. Avant elle, la PremiÚre ministre finlandaise, Mari Kiviniemi, s'était aussi exprimée contre : « Nous sommes fermement opposés aux eurobonds, car ils représenteraient une sorte de plan de sauvetage dans lequel nous porterions le fardeau de la dette d'autres pays[56] ».
En France
Le Premier ministre, François Fillon, dĂ©clare dans une tribune : « On voit bien qu'en pratique les eurobonds ne peuvent se concevoir sans un renforcement considĂ©rable de la discipline budgĂ©taire et de la gouvernance Ă©conomique au sein de la zone euro[57] ». Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, Alain JuppĂ©, estime qu'il est trop tĂŽt pour des euro-obligations, citant son blog : « Qui ne voit, en effet, quâune telle rĂ©forme ne peut ĂȘtre que le point dâaboutissement de tous les progrĂšs quâil nous reste Ă faire (...)[58] ? » Enfin, le ministre français des Affaires europĂ©ennes, Jean Leonetti, rĂ©agissant Ă l'appel commun des prĂ©sidents des dĂ©putĂ©s socialistes français et allemands, dĂ©clara dans la ligne politique du gouvernement : « En mutualisant les dettes de pays qui n'ont pas les mĂȘmes politiques Ă©conomiques et budgĂ©taires, les eurobonds sanctionneraient les Ătats vertueux en renchĂ©rissant le coĂ»t de leurs emprunts[25]... »
Du cĂŽtĂ© du FN, le dĂ©putĂ© europĂ©en Bruno Gollnisch, a pour sa part rappelĂ© que « le scĂ©nario de sa disparition (de la monnaie unique) devait ĂȘtre envisagĂ© sans a priori et lucidement[59] ».
Au Luxembourg
Le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden, approuve l'idée d'euro-obligations mais estime cependant le contexte inopportun (« Je pense que les euro-obligations sont une bonne idée mais que le contexte pour les introduire n'est pas bon. »)[60].
Aux Pays-Bas
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s'est également déclaré défavorable (« Cela passe avant toutes ces spéculations sur des 'eurobonds' ou un renforcement du Fonds européen de stabilité financiÚre (FESF). »)[61].
En RĂ©publique tchĂšque
Le ministre tchĂšque des Affaires Ă©trangĂšres, Karel Schwarzenberg lui faisait Ă©cho Ă la mĂȘme pĂ©riode : « Il est trop tĂŽt pour en parler[62] ».
En SuĂšde
Le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, dont le pays ne fait pas partie de la zone Euro a pour sa part déclaré en 2010 : « Ce n'est pas vraiment le moment de prendre une décision là -dessus[63] ».
Crise du Covid-19
Les dirigeants espagnols et italiens appellent à l'émission conjointe d'euro-obligations « corona bonds » afin d'aider leurs pays, durement touchés par la maladie à coronavirus 2019, à se remettre de l'épidémie[65]. Les obligations Corona sont discutées le 26 mars 2020 lors d'une réunion du Conseil européen, mais l'Allemagne et les Pays-Bas excluent l'émission de ces obligations[66] - [67]. La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, qui prévoit (séparément) d'acheter plus de mille milliards d'euros d'obligations en réponse au coronavirus, exhorte l'UE à envisager d'émettre des obligations corona. AprÚs la réunion, les dirigeants espagnols continuent de plaider pour une dette émise conjointement[68].
En dĂ©pit du fait que la Commission europĂ©enne et la Banque centrale europĂ©enne dĂ©bloquent des milliards de fonds spĂ©ciaux, assoupli les limites des dĂ©ficits budgĂ©taires et de la dette publique des pays de l'UE, certains membres tels que la France, l'Italie, l'Espagne, la Belgique, l'Irlande, le Portugal, la GrĂšce, la SlovĂ©nie et le Luxembourg demandent que davantage soit fait en ce qui concerne la pandĂ©mie de Corona. Cependant, l'Allemagne, qui est le plus fort opposant aux euro-obligations, est soutenue par l'Autriche, les Pays-Bas, la Finlande et l'Estonie. Dans l'intervalle, le Premier ministre italien Giuseppe Conte s'interroge : « Que voulons-nous faire en Europe? Est-ce que chaque Ătat membre veut suivre sa propre voie?[69] ». Il ajoute Ă©galement dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit : « Si nous sommes un syndicat, c'est le moment de le prouver[70]. » Conte dĂ©crit le mĂ©canisme europĂ©en de stabilitĂ© (MES) comme « complĂštement inadĂ©quat » pour faire face Ă la crise[71]. Cependant, les opposants aux euro-obligations craignent que les EuropĂ©ens du Sud ne taxent trop peu et ne dĂ©pensent trop[72].
Plus tard, la chef de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mentionne : « Aujourd'hui l'Europe se mobilise aux cÎtés de l'Italie. Malheureusement, cela n'a pas toujours été le cas. » Elle ajoute par la suite que l'UE « allouera jusqu'à 100 milliards d'euros (110 milliards de dollars) aux pays les plus durement touchés, à commencer par l'Italie, pour compenser la baisse des salaires des travailleurs qui travaillent moins d'heures[70] ».
Sources
Références
- (en) « Eurobond », sur Investopedia (consulté le ).
- 10e anniversaire de la zone euro
- Députés socialistes français au Parlement - 2009
- Juncker et Tremonti 2010
- BerĂšs 2010
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- « Financial Times », sur www.ft.com (consulté le )
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- Discours de José Manuel Barroso, Europa.eu, 14/09/11
- Recueil de réactions 2010, Europaforum.lu, 07/12/10
- Greece's economy at a crucial crossroads, FMI, Dominique Strauss-Kahn, 12/12/10
- Bruxelles va proposer des obligations européennes pour financer des projets, AFP via France 24, 31/08/11
- Rehn approuve, Juncker persiste et signe, Obliginvest.com, 10/12/10
- Eurobonds : Juncker convaincu du processus, Europe 1, 10/12/10
- L'euro survivrait à un départ de l'Allemagne, dit Joseph Stiglitz, AFP via 20 Minutes, 16/08/11
- Euro-obligations : le front du refus se fissure en Allemagne, Les Ăchos, Jean-Philippe Lacour, 17/08/11
- Merkel vend avec succĂšs l'accord sur la GrĂšce aux dĂ©putĂ©s allemands, Les Ăchos, Karl de Meyer, 25/07/11
- Des exportateurs allemands pour la création rapide des eurobonds, Reuters via L'Expansion, 15/08/11
- Guy Verhofstadt est déçu par les propositions de Paris et Berlin, RTBF.be, 17/08/11
- "L'Europe ne pourra éviter le débat sur son intégration budgétaire", Le Monde, Jean-Pierre Stroobants, 09/08/11
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- « Les euro-obligations : "une bonne idée" mais pas pour tout le monde », RTBF.be, 16/08/11
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- « C.-Bendit : Merkel et Sarkozy "n'ont rien décidé" », Europe 1, 18/08/11
- « Daniel Cohn-Bendit : "La parole de nos gouvernants est triple zéro" », Le Monde, Sylvia Zappi, 19/08/11
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- « L'Europe est en danger », Le Monde, Cécile de CorbiÚre et Claire Gatinois, 18/08/11
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- Madrid et Rome veulent toujours des euro-obligations, Reuters via 20 minutes, 17/08/11
- « Eurobonds : le patron de Fiat favorable », AFP via Le Figaro, 24/08/11
- Osborne veut plus d'intégration, AFP via Le Figaro, 15/08/11
- « Euro-obligations : débat prématuré (BCE) », AFP via Le Figaro, 16/08/11
- « L'économiste en chef de la BCE "prend au sérieux" la fébrilité des banques européennes », AFP via L'Express, 19/08/11
- Pourquoi Paris et Berlin ne veulent pas des eurobonds, L'Expansion, Julie de la Brosse, 17/08/11
- Conférence de presse franco-allemande (Paris, 16.08.2011), 16/08/11
- L'Allemagne reste opposée aux eurobonds, AP via Le Nouvel Obs, 15/08/11
- LâAllemagne partagĂ©e par les eurobonds, Tribune de GenĂšve, Michel Verrier, 15/08/11
- « Dette : l'Autriche reste opposĂ©e aux euro-obligations », AFP via Les Ăchos, 16/08/11
- Accord entre la Finlande et la GrĂšce sur un collatĂ©ral aux prĂȘts, Reuters, 16/08/11
- La Finlande vent debout contre les eurobonds, dit le PM, Reuters via Investir.fr, 21/01/11
- Dette, rÚgle d'or : l'appel à l'unité nationale de Fillon, Le Figaro, François Fillon, 19/08/11
- Nouvel accord franco-allemand, 17/08/11
- Sauver lâeuro ? Vraiment ?, www.gollnisch.com, 17/08/11
- « Les euro-obligations, "bonne idĂ©e" mais pas encore d'actualitĂ© », AFP via Les Ăchos, 18/08/11
- Le PM néerlandais contre les eurobonds ou doper le FESF, Reuters, 16/08/11
- « Sommet UE : la controverse autour des "euro-obligations" se poursuit », AFP via La DĂ©pĂȘche, 16/12/10
- L'UE écarte les euro-obligations dans l'immédiat, AFP via Le Monde, 17/12/10
- EU Fails to Agree on 500 Billion-Euro Response to Virus Crisis
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- Frédéric Bonnevay, Pour un eurobond, une stratégie coordonnée pour sortir de la crise, Instiut Montaigne, (lire en ligne)