Marché obligataire
Le marchĂ© obligataire est le marchĂ© sur lequel les entreprises ainsi que les Ătats se financent, les investisseurs y dĂ©terminant les rendements obligataires.
Histoire
GenÚse du marché obligataire
Le rĂŽle historique des marchĂ©s obligataires Ă©tait d'abaisser le coĂ»t de la dette royale, sans forcĂ©ment y parvenir Ă leurs dĂ©buts. Henri II Ă Lyon a lancĂ© en 1555, le premier marchĂ© obligataire, qui visait Ă offrir une liquiditĂ© au Grand Parti de Lyon, un emprunt de deux millions d'Ă©cus sur 11 ans, Ă intĂ©rĂȘt de 16 %, « taux trĂšs supĂ©rieur aux prĂ©cĂ©dents », de 12 % en moyenne. Les trois-quarts de l'emprunt sont d'anciens crĂ©dits, rassemblĂ©s et refondus. Jusque-lĂ , le dĂ©ficit royal Ă©tait comblĂ© par des emprunts Ă trois mois, renouvelĂ©s Ă l'Ă©chĂ©ance.
Marché obligataire moderne
La crise de 1866 a été aggravée par l'imprévisible victoire prussienne à la Bataille de Sadowa, qui renverse complÚtement la tendance sur les marchés obligataires : ils repartent trÚs fortement à la hausse, aprÚs avoir été vendus à découvert: le , le cours de l'emprunt français à 3 % bondit, montant de 64,40 francs à 70 francs, soit une progression de presque 10 % en une seule journée[1]. ParallÚlement, le cours de l'emprunt italien à 5 % passe de 42,60 à 70, soit une progression de presque 40 % en une seule séance[2].
Le , les crĂ©dits militaires de la Guerre de 1870 sont votĂ©s au terme de deux semaines d'agitation nationaliste, dominĂ©es par l'Ă©pisode de la DĂ©pĂȘche d'Ems, qui ont vu le cours de l'emprunt d'Ătat français Ă 3 % perdre plus de 10 %, passant de 72,85 francs le 1er juillet Ă 65,25 francs le [3].
Marché obligataire contemporain
Les marchés obligataires se développent considérablement à partir des années 2000, notamment dans les pays en développement. La Chine est la principale responsable de l'augmentation de la part de ces pays dans le total des pays émetteurs et détenteurs de dette obligataire. Les pays européens qui disposent d'une tradition d'endettement bancaire plutÎt qu'obligataire ont aussi vu le développement de leur marché obligataire dans les années 2000[4].
Produits traités
Signification de la note |
Moodyâs | Standard & Poorâs |
Fitch Ratings | |||
---|---|---|---|---|---|---|
Long terme | Court terme |
Long terme | Court terme |
Long terme | Court terme | |
Prime PremiÚre qualité |
Aaa | P-1 Prime -1 | AAA | A-1+ | AAA | F1+ |
High grade Haute qualité |
Aa1 | AA+ | AA+ | |||
Aa2 | AA | AA | ||||
Aa3 | AAâ | AAâ | ||||
Upper medium grade Qualité moyenne supérieure |
A1 | A+ | A-1 | A+ | F1 | |
A2 | A | A | ||||
A3 | P-2 | Aâ | A-2 | Aâ | F2 | |
Lower medium grade Qualité moyenne inférieure |
Baa1 | BBB+ | BBB+ | |||
Baa2 | P-3 | BBB | A-3 | BBB | F3 | |
Baa3 | BBBâ | BBBâ | ||||
Non-investment grade, speculative Spéculatif |
Ba1 | Not prime Non prime | BB+ | B | BB+ | B |
Ba2 | BB | BB | ||||
Ba3 | BBâ | BBâ | ||||
Highly speculative TrÚs spéculatif |
B1 | B+ | B+ | |||
B2 | B | B | ||||
B3 | Bâ | Bâ | ||||
Risque élevé | Caa1 | CCC+ | C | CCC | C | |
Ultra spéculatif | Caa2 | CCC | ||||
En défaut, avec quelques espoirs de recouvrement |
Caa3 | CCCâ | ||||
Ca | CC | CC | ||||
C | C/CI/R | C | ||||
En défaut sélectif | SD | D | RD | D | ||
En défaut | D | D |
Lorsqu'un Ătat ou une entreprise souhaite s'endetter, elle peut Ă©mettre une obligation, typiquement assortie d'un taux d'intĂ©rĂȘt et d'une date de remboursement de sa valeur nominale. Les crĂ©anciers potentiels peuvent ainsi dĂ©cider d'acheter les dites obligations, sur base du rendement espĂ©rĂ©, lui-mĂȘme fonction du risque de dĂ©faut (cessation de paiement ou faillite) de l'entreprise.
Les agences de notation ont pour activitĂ© d'Ă©valuer cet aspect du risque, tant pour les Ătats que pour les principales entreprises Ă©mettant des obligations. Au dĂ©but des annĂ©es 2010, trois agences se partagent 90 % du marchĂ© : Fitch, Moodyâs et Standard and Poor's. Chaque agence utilise sa propre codification de notation.
En , les obligations des Ătats reprĂ©sentaient 46 % du marchĂ© obligataire mondial.
S'échangent aussi sur les marchés obligataires :
- avant tout des produits dérivés :
- futures sur emprunts d'Ătat, qui en sont le marchĂ© directeur ;
- Swaps de taux d'intĂ©rĂȘt ;
- des credit default swaps et autres dérivés de crédit ;
Distinction marché primaire, marché secondaire
Pour les obligations (comme c'est le cas aussi pour les actions) :
- l'expression marché primaire désigne les émissions de nouvelles obligations, dont le placement auprÚs des investisseurs institutionnels et, éventuellement, particuliers, est assuré, généralement en prise ferme par un groupe de banques d'investissement choisies par l'émetteur.
- l'expression marché secondaire désigne les transactions sur les obligations déjà émises.
Marché directeur
Aux Ătats-Unis et dans la zone euro, ainsi que, dans une moindre mesure, au Japon et en Grande-Bretagne, il existe en permanence deux marchĂ©s de rĂ©fĂ©rence des taux d'intĂ©rĂȘt de 0 Ă 30, voire 50 ans, d'une trĂšs grande liquiditĂ© :
- celui des principaux emprunts d'Ătat ;
- celui des swaps contre IBOR.
Pour les taux d'intĂ©rĂȘt des autres devises, cela est un peu moins vrai.
Le marchĂ© des emprunts d'Ătat fournit les taux d'intĂ©rĂȘt sans risque ; celui des swaps les taux d'intĂ©rĂȘt interbancaires.
Les taux des emprunts d'Ătat Ă taux fixe se forment suivant l'offre et la demande instantanĂ©e sur les contrats Ă terme (ou futures) :
- pour la zone euro, sur les contrats Ă terme sur emprunts d'Ătat allemand (Bund et Bobl, essentiellement) ;
- aux Ătats-Unis, sur les contrats Ă terme du CBOT portant sur T-Notes.
Ces contrats Ă terme sont les vĂ©ritables marchĂ©s directeurs des taux d'intĂ©rĂȘt Ă moyen et long terme. Ils donnent des points d'ancrage aux courbes des taux.
Formation des prix des obligations
Le prix des obligations conditionne les rendements obligataires appelĂ©s aussi « taux d'intĂ©rĂȘt Ă long terme », par opposition aux « taux d'intĂ©rĂȘt Ă court terme » fixĂ©s par la Banque centrale.
La valorisation d'un instrument Ă taux fixe comportant un risque de crĂ©dit (prĂȘt, obligation, etc) s'effectue thĂ©oriquement en :
- actualisant l'Ă©chĂ©ancier des flux financiers de l'instrument avec les coefficients d'actualisation applicables aux emprunts d'Ătat ;
- en lui ajoutant une prime de liquidité, c'est-à -dire une estimation du coût de négociation de l'instrument ;
- et enfin en ajoutant une estimation de l'espĂ©rance mathĂ©matique du risque de dĂ©faut de l'emprunteur pendant la durĂ©e du prĂȘt.
En pratique, la modélisation des risques de crédit posés par les entreprises étant compliquée et malaisée, prime de liquidité et espérance mathématique du risque de défaut sont souvent remplacés dans l'esprit des opérateurs par une valeur globale, dite credit spread en anglais et spread de crédit en franglais des marchés de capitaux. Celui-ci s'établit avant tout par comparaison avec la maniÚre dont des dettes comparables sont déjà évaluées par le marché.
Notes et références
- La Prodigieuse Histoire de la Bourse, par Alfred Colling, page 279
- La Prodigieuse Histoire de la Bourse, par Alfred Colling, page 279
- La Prodigieuse Histoire de la Bourse, par Alfred Colling, page 283
- Direction générale du Trésor, « Endettement obligataire des sociétés non-financiÚres », sur Direction générale du Trésor, (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
L'expression marchĂ© monĂ©taire dĂ©signe la partie Ă court terme des marchĂ©s de taux d'intĂ©rĂȘt, c'est-Ă -dire, suivant les banques, moins de un Ă deux ans. Parmi les produits Ă la lisiĂšre des deux parties, on trouve :