Rendements obligataires
Les rendements obligataires dĂ©signent les taux d'intĂ©rĂȘt rapportĂ©s par les obligations, dans un pays donnĂ©, en tenant compte de la valeur de ces obligations au jour le jour sur le marchĂ© obligataire.
Les rendements obligataires changent donc en permanence. L'intĂ©rĂȘt auquel une obligation donne droit chaque annĂ©e, appelĂ© aussi coupon obligataire, est fixĂ© une fois pour toutes lors de sa crĂ©ation. Mais le prix de cette obligation variant chaque jour, le rendement de cette obligation, qui compare son prix et son coupon obligataire fixe, varie donc lui aussi chaque jour. Les rendements obligataires sont tombĂ©s Ă des plus bas historiques lors de la crise financiĂšre de 2007 Ă 2011 puis ont continuĂ© Ă baisser pour toucher de nouveaux plus bas, passant en France sous le seuil de 2 %.
Les rendements obligataires sont appelĂ©s aussi « taux d'intĂ©rĂȘt Ă long terme » car ils concernent des emprunts Ă long terme, les obligations, par opposition aux « taux d'intĂ©rĂȘt Ă court terme » fixĂ©s par la Banque centrale.
Mode d'Ă©volution des rendements obligataires
Les rendements obligataires Ă©voluent en sens inverse du prix des obligations :
- Lorsque ce prix monte sur le marché obligataire, le revenu (fixe) que rapporte l'obligation (coupon obligataire) est proportionnellement moins important : il baisse donc en pourcentage.
- Inversement, lorsque le prix des obligations baisse, ce revenu fixe (coupon obligataire) devient proportionnellement plus important : il augmente en pourcentage.
Exemple : une obligation acquise 1 000 ⏠au moment de son Ă©mission, avec un taux d'intĂ©rĂȘt nominal de 10 % et une Ă©chĂ©ance de 10 ans.
- Si l'acquĂ©reur la conserve, l'Ă©metteur verse 100 ⏠chaque annĂ©e durant 10 ans, puis rembourse 1 000 ⏠à la date prĂ©vue. Le rendement sera donc de 10 % (100 âŹ/1 000 âŹ).
- En revanche, en cas de revente sur le marchĂ© boursier Ă 800 ⏠(on dit alors qu'elle est nĂ©gociĂ©e au-dessous du pair ou Ă escompte), le rendement pour son acheteur sera de 12,5 % (100 âŹ/800 âŹ).
- En cas de revente Ă un cours de 1 200 ⏠(soit « au-dessus du pair » ou « Ă prime »), le rendement pour l'acheteur sera de 8,3 % (100 âŹ/1 200 âŹ).
Exemple concret
L'obligation la plus suivie au monde est l'emprunt d'Ătat amĂ©ricain Ă dix ans. Cent millions de dollars de cette obligation rapportaient en environ 3 millions de dollars d'intĂ©rĂȘt par an, soit un rendement de 3 %. Au cours de l'Ă©tĂ© 2011, le cours de cette obligation progresse d'environ 50 % en cinq semaines. Du coup, le paquet de cent millions de dollars vaut 150 millions de dollars Ă la fin de l'Ă©tĂ©. Mais comme il rapporte toujours 3 millions de dollars d'intĂ©rĂȘt par an, il faut rapporter ces 3 millions Ă la nouvelle valeur des obligations (150 millions). Trois millions de 150 millions ne reprĂ©sentent plus que 2 %. C'est le rendement auquel aura droit celui qui achĂšte Ă la fin de l'Ă©tĂ© : 2 %, au lieu de 3 % pour celui a achetĂ© au dĂ©but de l'Ă©tĂ©.
Conséquence pour les différentes générations d'investisseurs
Une baisse importante des rendements obligataires pénalise doublement les nouvelles générations d'investisseurs : ils recevront un rendement plus bas que celui touché par leurs aßnés, et courent des risques de moins-values en capital, car les cours ont monté.
Inversement, une forte hausse des rendements obligataires favorise doublement les nouvelles générations d'investisseurs : ils percevront un rendement plus élevé que leurs aßnés, et seront moins exposés au risques de moins-values, car cette hausse des rendements signifie que les cours ont baissé.
Conséquence pour les différentes génération d'emprunteurs
Quand les rendements obligataires baissent, du fait d'une hausse des cours des obligations sur le marchĂ©, causĂ©e par un vif appĂ©tit des investisseurs-crĂ©anciers, les emprunteurs peuvent profiter de ce vif appĂ©tit pour s'endetter Ă des taux d'intĂ©rĂȘt plus modestes lors de la prochaine Ă©mission obligataire. La baisse des rendements obligataires incite Ă emprunter.
Si au contraire le peu d'intĂ©rĂȘt des investisseurs-crĂ©anciers a causĂ© une baisse des cours des obligations, les rendements obligataires ont proportionnellement augmentĂ©. Du coup, Ă la prochaine Ă©mission obligataire, les emprunteurs seront bien obligĂ©s d'offrir un taux d'intĂ©rĂȘt plus Ă©levĂ© pour tenter d'attirer quand mĂȘme les investisseurs-crĂ©anciers. La hausse des rendements obligataires dĂ©courage d'emprunter.
Les facteurs qui influencent l'Ă©volution des rendements obligataires
- La hausse de l'inflation rogne la valeur du coupon obligataire. Elle fait baisser le cours de l'obligation et donc monter les rendements obligataires.
- Les risques de non-remboursement contribuent aussi Ă la baisse du cours des obligations et donc Ă la hausse des rendements obligataires, comme en GrĂšce, oĂč ils sont montĂ©s au-dessus de 15 % pendant la crise grecque.
- La baisse des taux d'intĂ©rĂȘt directeurs d'une banque centrale rend plus attractif, comparativement, le coupon obligataire. Le cours de l'obligation, plus recherchĂ©e, monte. Donc les rendements obligataires baissent.
Quelques données historiques
En Allemagne, le rendement obligataire des emprunts d'Ătat Ă dix ans Ă©tait Ă 8,7 % en 1990, 8,5 % en 1991, 7,9 % en 1992, 6,5 % en 1993, 6,9 % en 1994, 6,9 % en 1995, 6,2 % en 1996[1].
En France, ils ont également fortement baissé sur trois décennies et demie.
Année[2] | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | Années 1980 |
Taux 10 ans (fr) | 17,4 % | 14,8 % | 14,4 % | 13,4 % | 11,9 % | 9,2 % | 9,9 % | 8,6 % | 9,3 % | 10,0 % | 11,9 % |
Indice prix[3] | 13,4 % | 11,8 % | 9,6 % | 7,4 % | 5,8 % | 2,7 % | 3,1 % | 2,7 % | 3,6 % | 3,4 % | 6,6 % |
Taux 10 ans réel | 4,0 % | 3,0 % | 4,8 % | 6,0 % | 6,1 % | 6,5 % | 6,8 % | 5,9 % | 5,7 % | 6,6 % | 5,5 % |
Année[2] | 1991 | 1992 | 1993 | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1999 | 2000 | Années 1990 |
Taux 10 ans (fr) | 8,6 % | 8,1 % | 5,6 % | 8,3 % | 6,6 % | 5,8 % | 5,3 % | 3,9 % | 5,5 % | 5 % | 6,3 % |
Indice prix[3] | 3,2 % | 2,4 % | 2,1 % | 1,6 % | 1,8 % | 2,0 % | 1,2 % | 0,7 % | 0,5 % | 1,7 % | 1,7 % |
Taux 10 ans réel | 5,4 % | 6,1 % | 3,5 % | 6,7 % | 4,8 % | 3,8 % | 4,1 % | 3,2 % | 5 % | 3,3 % | 4,6 % |
Année[2] | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | Années 2000 |
Taux 10 ans (fr) | 5 % | 4,3 % | 4,3 % | 3,7 % | 3,3 % | 4 % | 4,4 % | 3,4 % | 3,6 % | 3,4 % | 3,9 % |
Indice prix[3] | 1,7 % | 2,1 % | 1,9 % | 2,1 % | 1,8 % | 1,6 % | 1,5 % | 2,8 % | 0,1 % | 1,5 % | 1,7 % |
Taux 10 ans réel | 3,3 % | 2,2 % | 2,4 % | 1,6 % | 1,5 % | 2,4 % | 2,9 % | 0,6 % | 3,5 % | 1,9 % | 2,2 % |
Année | 2011 | 2012 | 2013 | Années 2010 |
Taux 10 ans | 2,5 % | 3,2 % | 2,2 % | 2,6 % |
Indice prix | 1,7 % | 2,1 % | 1,3 %[4] | 1,7 % |
Taux 10 ans réel | 0,8 % | 1,1 % | 0,9 % | 0,9 % |
Cas particulier, les obligations Ă taux d'intĂ©rĂȘt flottant
Les rendements obligataires ne sont pas calculĂ©s pour les obligations Ă taux d'intĂ©rĂȘt flottant, car le contrat de l'obligation prĂ©cise que le taux d'intĂ©rĂȘt versĂ© change chaque annĂ©e, en fonction de paramĂštres prĂ©cis, en gĂ©nĂ©ral le taux directeur de la Banque centrale.
Références
- "1900-2000, un siĂšcle d'Ă©conomie", par Les Ăchos, page 441
- Les taux de référence des bons du Trésor et OAT, site de la Banque de France
- Site de l'INSEE
- Insee