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Repo (finance)

Un repo, dont les noms juridiques en français sont notamment pension livrĂ©e ou pension de titres[1], est la contraction utilisĂ©e aux États-Unis pour l'expression sale and repurchase agreement, ou accord de rachat ou opĂ©ration de pension, importants instruments financiers du marchĂ© monĂ©taire.

Description

Il s'agit en substance de l'habillage, sous la forme juridique de deux transactions en sens inverse et dĂ©calĂ©es dans le temps (une cession au comptant suivie d'un rachat au terme de l'opĂ©ration), du refinancement d'actifs financiers nĂ©gociables (obligations, BTAN, certificats de dĂ©pĂŽt, actions...) Ă  un taux d'intĂ©rĂȘt nĂ©gociĂ© entre les deux parties contractantes, le prĂȘteur des titres et le prĂȘteur du numĂ©raire[1]. Ainsi :

  • Au dĂ©part, une partie A, souvent le client, cĂšde temporairement des titres qui lui appartiennent auprĂšs d'une partie B en effectuant un transfert rĂ©el de propriĂ©tĂ©. On dit que A « met en pension » ses titres et que B rĂ©alise une « prise de/en pension » des titres. En Ă©change, B finance A Ă  hauteur du montant nominal des titres auquel on ajoute un coussin de sĂ©curitĂ©.
  • À l'Ă©chĂ©ance, A rachĂšte les titres cĂ©dĂ©s temporairement en remboursant B du montant du financement accordĂ©, majorĂ© des intĂ©rĂȘts et des appels de marge si la valeur des titres, et donc la quantitĂ© de financement ou loan to value (LTV), a baissĂ©.

Le prĂȘteur des titres est donc l'emprunteur du numĂ©raire et, en face de lui, sa contrepartie le prĂȘteur d'argent est l'emprunteur des titres.

Taille du marché

Selon l'ISMA, International Securities Market Association, organisation professionnelle internationale des marchĂ©s financiers, l'encours des repos en vie dĂ©passait, fin 2004, 8 000 milliards de dollars amĂ©ricains, essentiellement Ă  trĂšs court terme (moins de trois mois). Environ 45 % Ă©taient libellĂ©s en dollars et Ă  peine moins l'Ă©taient en euro.

Le dernier rapport de l'ICMA (International Capital Market Association issue de la fusion en de l'ISMA et de l'International Primary Market Association[2]) évalue l'encours du marché européen du repo à 7 761 milliards d'euros en [3].

Deux objectifs bien différents

Il existe en fait deux segments bien distincts du marchĂ© du repo, quoique gĂ©nĂ©ralement ils sont dĂ©volus aux mĂȘmes Ă©quipes :

  • celui du vrac, oĂč ce qui importe c'est l'opĂ©ration de refinancement, et donc le taux d'intĂ©rĂȘt, non le titre-sous-jacent ;
  • celui du spĂ©cifique, oĂč l'on cherche Ă  couvrir ponctuellement des positions courtes en tel ou tel titre.

Le vrac

Le marché dit du vrac (en anglais : general collateral ou GC), véritable marché monétaire-bis, est de loin le plus important de ces deux segments en termes de montants. Comme il apporte une sécurité accrue par rapport à des dépÎts interbancaires classiques, il est en train de supplanter le marché monétaire traditionnel et sa part dans les montants traités augmente chaque année.

Structurellement, on trouve plutĂŽt comme prĂȘteurs de titres sur le marchĂ© du repo en vrac les banques d'investissement et les assureurs, cherchant Ă  refinancer leurs positions en titres, et plutĂŽt comme prĂȘteurs d'argent les organismes de gestion collective, notamment pour le compte de leurs OPCVM monĂ©taires.

Le spécifique

Le marchĂ© dit du spĂ©cifique reprĂ©sente, lui, une petite partie des volumes, mais une part considĂ©rable des marges dĂ©gagĂ©es globalement par les repo. Le cadre juridique est gĂ©nĂ©ralement le mĂȘme, bien qu'il existe en France depuis le milieu des annĂ©es 1990 un contrat type de prĂȘt de titre, qui n'a jamais vĂ©ritablement rĂ©ussi Ă  s'imposer.

Plus un titre est demandĂ©, plus bas sont les taux de repo auxquels il se traite. Il peut mĂȘme s'agir parfois de taux d'intĂ©rĂȘt nĂ©gatifs, pour des titres ponctuellement rares. Le profit des prĂȘteurs de titres viendra du replacement aux taux du marchĂ© monĂ©taire de l'argent reçu en garantie.

On trouve, sur ce segment de marché, une quasi-inversion des rÎles traditionnels tenus sur le marché du vrac : les banques d'investissement y cherchent généralement à emprunter des titres, pour assurer la couverture ponctuelle de leurs positions, avec en face d'elles les détenteurs structurels de portefeuilles de placement, c'est-à-dire les assureurs et organismes de gestion collective.

Flux financiers

Les flux financiers d'un repo conclu Ă  un taux d'intĂ©rĂȘt in fine T sont en gĂ©nĂ©ral les suivants :

  • vente au comptant, avec livraison Ă  une date D1, d'un montant nominal N de titres pour un montant numĂ©raire M1,
  • accompagnĂ©e d'un engagement de rachat par le cĂ©dant, Ă  une date D2, du mĂȘme nominal, pour un montant M2 correspondant Ă  M1 augmentĂ© des intĂ©rĂȘts T du repo :
DĂ©cote

Plus le crĂ©dit du vendeur de titres (= emprunteur du numĂ©raire) est Ă©levĂ© aux yeux de sa contrepartie, et plus M1 pourra ĂȘtre proche de la valeur de marchĂ© VM des titres. En revanche, l'application d'une dĂ©cote (le rapport (VM - M1)/VM)) importante aura pour objectif de limiter le risque de crĂ©dit supportĂ© par le prĂȘteur du numĂ©raire. En limitant les capacitĂ©s de refinancement de l'Ă©tablissement vendeur des titres, elle aura aussi pour consĂ©quence de diminuer l'importance des risques que celui-ci peut prendre sur les marchĂ©s financiers.

L'application par les principales banques d'investissement amĂ©ricaines et europĂ©ennes, pour des raisons de concurrence commerciale, de dĂ©cotes trop faibles Ă  certains hedge funds au cours des annĂ©es 1990 a provoquĂ© indirectement une crise majeure du systĂšme financier international Ă  l'Ă©tĂ© 1998. Le fonds Long Term Capital Management avait pu ainsi bĂątir et refinancer des positions gigantesques sur les marchĂ©s de taux d'intĂ©rĂȘt, Ă©quivalent Ă  plusieurs dizaines de fois les fonds qu'il gĂ©rait, dont la liquidation a requis l'intervention active des banques centrales.

Appels de marge

Afin d'assurer la plus grande sĂ©curitĂ© des transactions, et en sus de la dĂ©cote Ă©ventuellement appliquĂ©e, les titres sont gĂ©nĂ©ralement rĂ©Ă©valuĂ©s pĂ©riodiquement, et des appels de marge en numĂ©raire permettent de rĂ©ajuster le montant effectivement prĂȘtĂ© en fonction des fluctuations du marchĂ©.

Repo renouvelable

Certains repos sont conclus pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e ou pour une durĂ©e dĂ©terminĂ©e pouvant ĂȘtre reconduite tacitement. Une partie peut y mettre fin en prĂ©venant l'autre avec un prĂ©avis (gĂ©nĂ©ralement 24 ou 48 heures) qui a Ă©tĂ© convenu initialement. Dans ce cas, le taux du repo est gĂ©nĂ©ralement fixĂ© par rapport au taux variable au jour le jour (par exemple EONIA -0,25 %)

Cadre juridique

Dans la zone euro, le repo a remplacé trÚs rapidement dÚs 1999 les anciennes formes juridiques nationales de refinancement de titres, et suit quasi-universellement la convention-cadre mise au point par l'ISMA.

Il y a, par le repo, transfert certes temporaire mais entier de la propriĂ©tĂ© des titres du prĂȘteur Ă  l'emprunteur de ceux-ci. En particulier, les coupons Ă©ventuels tombant pendant le repo restent propriĂ©tĂ© de l'emprunteur des titres, et il convient donc d'en tenir compte dans le calcul des flux de l'opĂ©ration.

Le repo a donc toutes les apparences et caractĂ©ristiques d'une vente au comptant suivie d'un rachat, sauf le traitement comptable et fiscal qui, lui, est celui d'un prĂȘt/emprunt de numĂ©raire, et qui ignore la partie "titres" de l'opĂ©ration.

Pour des raisons fiscales, on utilise ainsi parfois dans certains pays une variante appelée en anglais le sell and buyback, soit donc vente avec rachat, qui se matérialise entiÚrement, elle, par deux transactions au comptant, pour laquelle il existe aussi une convention-cadre de l'ISMA.

Anciennes formes juridiques françaises

En France, jusqu'à l'adoption des lois définissant la pension livrée sur le modÚle anglo-saxon du repo en 1993-1994[1], les formes juridiques utilisées, faute de mieux, pour le refinancement de titres étaient :

  • soit le rĂ©mĂ©rĂ©, c'est-Ă -dire une vente assortie d'une simple facultĂ© de rachat, et non d'un engagement ferme de rachat ;
  • soit, la pension sans livraison.

Ce systÚme faisait courir un risque systémique important à l'ensemble de l'industrie financiÚre française.

Références

  1. FrĂ©dĂ©ric Hervo, « Le marchĂ© de la pension livrĂ©e », Bulletin de la Banque de France, no 28,‎ , p. 101-108 (lire en ligne)
  2. (en) James Chen, « International Securities Market Association (ISMA) », sur Investopedia (consulté le )
  3. (en) Richard Comotto, European Repo MarketSurvey Number 37 - Conducted june 2019, International Capital Market Association, , 40 p. (lire en ligne), p. 4

Voir aussi

Articles connexes

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