AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Elisabeth Schwarzkopf

Elisabeth Schwarzkopf est une musicienne et soprano allemande, naturalisée anglaise, née le à Jarotschin[alpha 1] et morte le à Schruns, en Autriche. Elle fut l'une des grandes sopranos du XXe siÚcle.

Elisabeth Schwarzkopf
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Elisabeth Schwarzkopf lors des Semaines musicales de Lucerne vers 1948.
Nom de naissance Olga Maria Elisabeth Friederike Schwarzkopf
Naissance
Jarotschin, Posnanie,
Royaume de Prusse,
Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
DĂ©cĂšs
Schruns, Drapeau de l'Autriche Autriche
Activité principale Artiste lyrique
soprano
Années d'activité 1938 - 1979
Collaborations Wilhelm FurtwÀngler, Karl Böhm, Herbert von Karajan, Dietrich Fischer-Dieskau, Maria Callas, Christa Ludwig, George Szell, Irmgard Seefried, Gerald Moore...
Formation Hochschule fĂŒr Musik de Berlin
MaĂźtres Maria IvogĂŒn
Conjoint Walter Legge

Biographie

Jeunesse

Olga Maria Elisabeth Friederike Schwarzkopf naĂźt le 9 dĂ©cembre 1915 Ă  Jarotschin, prĂšs de Posen. Son pĂšre, Friedrich, est un instituteur prussien Ă  la mentalitĂ© rigide qui lui fait don de son intransigeance et de sa passion pour la langue allemande. Sa mĂšre, nĂ©e Elisabeth Fröhlich, la gratifie d’une oreille musicale trĂšs sĂ»re, d’une volontĂ© de fer, et de son prĂ©nom.

DĂšs l’ñge de 10 ans, Elisabeth dĂ©chiffre parfaitement les partitions, s’accompagne elle-mĂȘme au piano et chante souvent dans des concerts amateurs, ce qui lui permet de tenir le rĂŽle-titre de l’OrphĂ©e et Eurydice de Gluck dans la production de fin d’annĂ©e de son Ă©cole de Magdebourg, en 1928.

Studieuse, appliquĂ©e, elle est facilement reçue Ă  la Hochschule fĂŒr Musik de Berlin en 1934 oĂč son premier professeur, Lula Mysz-Gmeiner, dĂ©cide qu’elle a une tessiture de mezzo-soprano. Sa mĂšre proteste fermement, et obtient qu’Elisabeth soit acceptĂ©e dans la classe du professeur Egonolf comme soprano colorature. Le 15 avril 1938, elle fait ses dĂ©buts en fille-fleur de Klingsor dans Parsifal, de Richard Wagner, sous la baguette de Karl Böhm, puis comme l’une des trois dames de La FlĂ»te enchantĂ©e de Mozart.

PĂ©riode 1933 - 1945

Elle n'a pas encore 18 ans lorsque Adolf Hitler arrive au pouvoir en Allemagne. Comme bon nombre de jeunes artistes, elle s’inscrit, dĂšs 1935, au syndicat des Ă©tudiants nazis. En 1938, elle demande son adhĂ©sion au Parti national-socialiste, mais elle soutiendra plus tard ne pas en avoir reçu la carte[1] — cette initiative lui vaudra d'ĂȘtre surnommĂ©e « la diva nazie » par le quotidien amĂ©ricain The New York Times. Mais si on lui offre des rĂŽles plus importants — que ce soit dans l’opĂ©rette aussi bien que dans les productions de Richard Strauss —, c’est aussi parce que son talent est dĂ©jĂ  exceptionnel.

Richard Strauss la recommande Ă  sa cantatrice fĂ©tiche, Maria IvogĂŒn, qui la prend comme Ă©lĂšve. En 1942, le chef d’orchestre Karl Böhm l’invite Ă  Vienne, oĂč elle touche un public de connaisseurs dans ses interprĂ©tations de lieder, accompagnĂ©e par le pianiste Michael Raucheisen, avec qui elle rĂ©alise ses premiers enregistrements.

En , elle fait entrer La Chauve-Souris de Johann Strauss II au rĂ©pertoire de l'OpĂ©ra de Paris devant un public de sympathisants de l'armĂ©e d'occupation. Ce dĂ©but de carriĂšre est interrompu brutalement par un dĂ©but de tuberculose qu’elle doit soigner pendant deux ans dans un sanatorium des Monts Tatras, dans le sud de la Pologne, oĂč le Gauleiter Hans Frank lui fait une cour assidue.

GuĂ©rie, elle fait ses grands dĂ©buts, en 1944, Ă  Vienne, en Rosine, du Barbier de SĂ©ville, en Blondine, de L’EnlĂšvement au SĂ©rail, et en Zerbinetta d’Ariane Ă  Naxos de Richard Strauss.

AprĂšs la dĂ©faite de l’Allemagne, son appartenance au parti nazi et ses liens avec Hans Frank et Joseph Goebbels, ministre de la propagande d’Hitler, lui valent de passer devant le tribunal de dĂ©nazification des artistes de Berlin. Ce tribunal l’acquitte, ainsi que bien d’autres artistes, comme son ami le chef d’orchestre Wilhelm FurtwĂ€ngler. C’est alors que commence une carriĂšre internationale d’une incomparable qualitĂ©[2], sous la houlette d’un producteur et directeur artistique anglais, Walter Legge, qui lui fait rĂ©aliser ses premiers enregistrements et qu’elle Ă©pouse en 1953.

La carriĂšre internationale

En 1946, Ă  Vienne, elle chante les rĂŽles de Mimi (La BohĂȘme) et de Violetta (La Traviata) ; par la suite, c'est aprĂšs avoir vu Maria Callas l'interprĂ©ter qu'elle renoncera Ă  Violetta. À Londres, en 1947, elle est Donna Elvira (Don Giovanni de Mozart). La mĂȘme annĂ©e, elle est Suzanne Ă  Salzbourg (Les Noces de Figaro). Herbert von Karajan l’engage Ă  la Scala de Milan oĂč elle chante Mozart (La FlĂ»te enchantĂ©e, Cosi fan Tutte), Wagner (TannhĂ€user), Gounod (Faust), Richard Strauss (Le Chevalier Ă  la rose), Debussy (PellĂ©as et MĂ©lisande).

En 1950, elle est Marcelline dans Fidelio et Marguerite de La Damnation de Faust, sous la baguette de Wilhelm FurtwÀngler. Pendant la période 1950-54, elle chante souvent avec le chef d'orchestre allemand : dans la célÚbre Symphonie n° 9 de Beethoven pour la réouverture du festival de Bayreuth en 1951, ainsi qu'à Lucerne en 1954. Elle participe aux Don Giovanni de Wilhelm FurtwÀngler aux festivals de Salzbourg de 1953 et 1954. Le chef d'orchestre allemand l'accompagne aussi au piano, en 1953, dans les Lieders d'Hugo Wolf[3]. La personnalité musicale de Wilhelm FurtwÀngler semble avoir beaucoup impressionné Elisabeth Schwarzkopf car elle déclare, à la fin de sa vie, dans une interview, qu'elle le tenait pour le plus grand chef d'orchestre sous la direction de qui elle avait chanté[4].

En 1951, elle crĂ©e, Ă  Venise, le rĂŽle d’Anne Trulove dans l’opĂ©ra The Rake's Progress (La CarriĂšre d'un libertin) d'Igor Stravinsky, sous la direction du compositeur. En 1952, avec Karajan, ce sont les dĂ©buts de la MarĂ©chale du Chevalier Ă  la rose, Ă  la Scala de Milan. En 1951, pour le cinquantenaire de la mort de Verdi, elle chante le Requiem, sous la direction de Victor de Sabata. La mĂȘme annĂ©e, elle crĂ©e Le Triomphe d’Aphrodite de Carl Orff. En 1955, Ă  San Francisco, elle est de nouveau la MarĂ©chale. La mĂȘme annĂ©e, elle est Alice Ford dans le Falstaff de Verdi.

Elisabeth Schwarzkopf le 23 juin 1964, arrivant Ă  l’aĂ©roport d'Amsterdam-Schiphol.

En 1957, sous la direction de Tullio Serafin, elle est LiĂč, (Turandot de Puccini) aux cĂŽtĂ©s de Maria Callas dans le rĂŽle-titre, pour l'enregistrement studio de cet opĂ©ra. Elle ne fait sa premiĂšre apparition au Metropolitan Opera de New York qu’en 1964, dans Le Chevalier Ă  la Rose, car Rudolf Bing, le directeur du Met, reste longtemps opposĂ© Ă  la venue de certains artistes dont il conteste la « dĂ©nazification »[5]. De 1960 Ă  1967, elle se consacre surtout aux rĂŽles mozartiens, Donna Elvira, la comtesse Almaviva, Fiordiligi, et Ă  ses deux rĂŽles fĂ©tiches des opĂ©ras de Richard Strauss : la MarĂ©chale du Chevalier Ă  la rose et la comtesse Madeleine de Capriccio. En 1967, elle interprĂšte le Duo des chats de Rossini avec Victoria de los Ángeles.

Durant toute cette carriĂšre consacrĂ©e au thĂ©Ăątre lyrique, elle reste fidĂšle aux lieder de langue allemande, de Mozart Ă  Mahler, en passant par Schubert, Schumann, et donne de nombreux rĂ©citals. On notera en particulier tous ceux qu’elle a rĂ©alisĂ©s avec le pianiste Gerald Moore, ceux chantĂ©s avec les sopranos Irmgard Seefried ou Victoria de los Ángeles, la mezzo-soprano Christa Ludwig et le baryton Dietrich Fischer-Dieskau. Parmi ses rĂ©citals devenus lĂ©gendaires : un rĂ©cital Schubert en 1952 avec Edwin Fischer, un rĂ©cital Wolf avec Wilhelm FurtwĂ€ngler au piano en 1953, un rĂ©cital Mozart en 1956 avec Walter Gieseking, les Quatre derniers Lieder de Richard Strauss avec George Szell en 1965, Des Knaben Wunderhorn de Mahler avec le mĂȘme Szell en compagnie de Fischer-Dieskau en 1968


À partir de 1971, elle ne chante plus sur les scĂšnes lyriques. Le 19 mars 1979, son mari Walter Legge, qui vient de subir un infarctus, veut pourtant assister au rĂ©cital qu’elle donne Ă  Zurich, et meurt trois jours plus tard. Schwarzkopf quitte alors dĂ©finitivement la scĂšne. Elle consacre Ă  son mari un livre sous forme d’autobiographie, On and Off The Record, qui, curieusement mais avec son assentiment, est traduit en français par La Voix de mon maĂźtre. Elle se consacre dĂ©sormais Ă  l’enseignement et donne, de par le monde, des classes de maĂźtre mĂ©morables, notamment Ă  Paris, salle Gaveau. Faite « Dame Commander of the Most Excellent Order of the British Empire (DBE) » par la reine Élisabeth II en 1992, Elisabeth Schwarzkopf dĂ©cĂšde le , Ă  l'Ăąge de 90 ans, dans la petite ville autrichienne de Schruns, dans le Vorarlberg, oĂč elle vient de s’installer.

Elisabeth Schwarzkopf réalise une mise-en-scÚne du Chevalier à la rose au théùtre de la Monnaie à Bruxelles, en mai 1981, le rÎle de la Maréchale étant tenu par Elisabeth Söderström.

Juste aprÚs sa mort, une rumeur infondée fait surface, elle serait la tante du général américain Norman Schwarzkopf. Cette légende a été publiée dans de nombreuses nécrologies[1] - [6], alors que, fille unique, Elisabeth Schwarzkopf n'a pas pu avoir de neveu.

Citations

  • « Le son numĂ©rique rend toutes les voix beaucoup trop claires. Elles deviennent perçantes au point de nous faire mal, on croirait des lames de couteau. Mais la jeune gĂ©nĂ©ration ne connaĂźt rien d'autre ; son oreille est faussĂ©e, pervertie. »

Bibliographie

  • (en) Elisabeth Schwarzkopf, On and Off the Record. A Memoir of Walter Legge, Charles Scribner's Sons, New York, 1982, 2e Ă©d. 1988.
  • (fr) Elisabeth Schwarzkopf, La Voix de mon maĂźtre : Walter Legge (traduit de l'anglais par Janine Barry-Delongchamps), Belfond, collection Voix, Paris, septembre 1983, 322 pages (ISBN 978-2-71441-627-8), rĂ©Ă©ditions 1990 (ISBN 2-7144-1627-6), 1998, 2003.
  • (fr) Sergio Segalini, Elisabeth Schwarzkopf, Ă©ditions Fayard, Paris, octobre 1983, 158 pages (ISBN 978-2-21301-327-5).
  • (fr) Elisabeth Schwarzkopf et AndrĂ© Tubeuf, Les autres soirs, MĂ©moires[7], Tallandier, Paris, juillet 2004, 370 pages (ISBN 2-84734-068-8 et 978-2-84734-068-6).
  • (en) Kirsten Liese, Elisabeth Schwarzkopf. From Flower Maiden to Marschallin. Amadeus Press, New York, 2009, (ISBN 978-1-57467-175-9).

Discographie

Sauf indication contraire, ces enregistrements ont été publiés par EMI.

Notes et références

Notes

  1. Ville de l'ancienne province prussienne de Posnanie, actuellement en Pologne.

Références

  1. Le Nouvel Observateur (avec AP) du 4 août 2006 : Elisabeth Schwarzkopf est morte en Autriche - article intégral [consulté la 13 juin 2010].
  2. François Lesueur, Hommage à Elisabeth schwarzkopf, ScÚnes Magazine, GenÚve, 1er novembre 2006 : article intégral [consulté le 14 juin 2010].
  3. « Il faut fĂ©liciter Walter Legge d'avoir provoquĂ© cette rencontre de deux « monstres sacrĂ©s » et d'avoir enregistrĂ© ce document inestimable rĂ©unissant Schwarzkopf et FurtwĂ€ngler. On se demande, en Ă©coutant, la grande cantatrice, si l'on pourra jamais atteindre de tels sommets dans le naturel et la perfection. Mais la valeur du disque rĂ©side peut-ĂȘtre davantage encore dans le document sur le style pianistique de FurtwĂ€ngler : le modĂšle absolu de sonoritĂ©, de phrasĂ©, d'intelligence avec la partenaire... ». Dictionnaire des disques Diapason : Guide critique de la musique classique enregistrĂ©e, Paris, Robert Laffont, , 964 p. (ISBN 2-221-50233-7), p. 921.
  4. DVD The Art of Conducting : Great Conductors of the Past, Elektra/Wea, .
  5. Sir Rudolf Bing, "5000 nuits à L'Opéra" - traduit de l'américain par Henry Muller -, Paris, éditions Robert Laffont, 1972, 1975 (327 p.).
    À noter la diffĂ©rence que Sir Rudolf Bing fera entre le retour de Kirsten Flagstad, dont seul le mari collabora avec les nazis, et celui d'Elisabeth Schwarzkopf. Cela montre bien que cette derniĂšre s'Ă©tait, aux yeux de beaucoup, engagĂ©e trop loin dans l'Allemagne nazie. — Voir Schwarkopf, Elisabeth, dans : Fabian Gastellier, L'OpĂ©ra, sous la direction de Pierre Brunel, Ă©ditions Bordas, 1980.
  6. William J. Kole, « Famed Soprano Elisabeth Schwarzkopf Dies », Associated Press obituary via Forbes, 3 août 2006, et Tom Huizenga, « Soprano Schwarzkopf Dies at 90 » (link to audio), National Public Radio, 3 août 2006.
  7. Les autres soirs, sur le site de l'Ă©diteur, Tallandier.

Article connexe

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.