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DĂ©cennie noire

La guerre civile algĂ©rienne ou dĂ©cennie noire (Ă©galement appelĂ©e dĂ©cennie du terrorisme, annĂ©es de plomb ou annĂ©es de braise[18]) est une guerre civile qui oppose entre 1991 et 2002 le gouvernement algĂ©rien, disposant de l’ArmĂ©e nationale populaire (ANP), et divers groupes islamistes. Le conflit s'achĂšve par la victoire des forces gouvernementales avec la reddition de l'ArmĂ©e islamique du salut (AIS) et la dĂ©faite du Groupe islamique armĂ© (GIA). En dix ans, les violences font entre 60 000[19] et 150 000 morts[16], ainsi que des milliers de disparus, un million de personnes dĂ©placĂ©es, des dizaines de milliers d'exilĂ©s et plus de vingt milliards de dollars de dĂ©gĂąts[17].

Guerre civile algérienne
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
12 janvier 1992 : les blindés de l'ANP occupent les points stratégiques d'Alger, au lendemain de la démission de Chadli Bendjedid.
Informations générales
Date -
(10 ans, 1 mois et 13 jours)
Lieu Drapeau de l'Algérie Algérie
Casus belli Annulation du résultat des élections législatives algériennes de 1991 par les généraux « janviéristes »
Issue Victoire du gouvernement algérien
Belligérants
Drapeau de l'Algérie Algérie Soutiens :
Drapeau de l’Union europĂ©enne Union europĂ©enne[2]
Drapeau de la France France[2] - [3]
Drapeau de l'Égypte Égypte[3] - [4]
Drapeau d'Afrique du Sud Afrique du Sud[5]
Drapeau de la Tunisie Tunisie[3] - [4]
Front islamique du salut et alliés
  • MIA (jusqu'en 1994)
  • Mouvement pour un État islamique (jusqu'en 1994)
  • AIS (1994-1999)
  • FIDA (en) (jusqu'en 1996)
  • Mouvement islamique pour la prĂ©dication et le djihad (1996-1997)
  • Ligue islamique pour la da'wa et le djihad (1997)
Soutiens :
Libye (jusqu'en 1995)[3]
Drapeau de l'Iran Iran[2]
Groupe islamique armé (à partir de 1992)

Soutiens :
Drapeau de l'Iran Iran[7] - [8] - [9]
Drapeau du Soudan Soudan[7] - [8] - [9]
Mosquée de Finsbury Park[10] - [11]
MosquĂ©e de Brandbergen (en)[12] - [13]
Jihad islamique Ă©gyptien (jusqu'en 1995)


Groupe salafiste pour la prédication et le combat (à partir de 1998)
Soutien :
Al-QaĂŻda[7]
Forces en présence
> 240 000 hommes
  • 140 000 hommes (en 1994)[14]
  • Milices locales 100 000 Ă  300 000 hommes[1]
2 000 hommes (en 1992)
40 000 hommes (en 1994)
10 000 hommes (en 1996)[15]
Pertes
Total :
≈ 150 000 morts[16]
Des dizaines de milliers de réfugiés
1 million de déplacés
20 milliards de dollars de dégùts[17]

Batailles



Massacres de la guerre civile algérienne

Le conflit commence en , quand le gouvernement algérien, craignant de perdre le pouvoir à l'issue des premiÚres élections législatives libres, interrompt le processus électoral au vu des résultats du premier tour laissant clairement augurer une victoire du Front islamique du salut (FIS) et la mise en place d'une république islamique. AprÚs l'interdiction du FIS et l'arrestation de milliers de ses membres, différents groupes de guérilla islamiste émergent rapidement. Ils se constituent en plusieurs groupes armés, dont les principaux sont le Mouvement islamique armé (MIA), basé dans les montagnes, et le Groupe islamique armé (GIA), basé dans les villes. Les islamistes visent au commencement l'armée et la police, mais certains groupes s'attaquent rapidement aux civils. En 1994, tandis que des négociations ont lieu entre le gouvernement et les dirigeants du FIS mis en résidence surveillée, le GIA déclare la guerre au FIS et à ses partisans, alors que le MIA et divers groupes plus petits se regroupent pour former l'Armée islamique du salut (AIS), affidée au FIS.

En 1995, les pourparlers échouent et une nouvelle élection a lieu, remportée par le candidat de l'armée, le général Liamine Zéroual. Le conflit entre le GIA et l'AIS s'intensifie. Au cours des années suivantes, le GIA commet une série de massacres visant des villages entiers, avec un pic en 1997 autour des élections parlementaires, qui sont remportées par un parti nouvellement créé favorable à l'armée, le Rassemblement national démocratique (RND). L'AIS, soumise à des attaques des deux bords, opte en 1997 pour un cessez-le-feu unilatéral avec le gouvernement, alors que le GIA se déchire à la suite de sa nouvelle politique de massacres. En 1999, l'élection d'un nouveau président, Abdelaziz Bouteflika, est suivie d'une loi amnistiant la plupart des combattants, ce qui génÚre le retour à un calme relatif. La violence diminue sensiblement avec la victoire du gouvernement mais pas totalement. Les derniers éléments du GIA proprement dit apparaissent comme ayant pratiquement disparus en 2002.

Cependant, un groupe dissident du GIA, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), basé principalement à la périphérie de la Kabylie, était constitué en 1998, se dissociant des massacres. Visant principalement l'armée et la police, il rejette l'amnistie et poursuit son combat. En 2013, ses activités comparativement clairsemées sont les seuls combats persistant en Algérie.

Libéralisation et prélude à la guerre

Libéralisation et victoire électorale du FIS, 1990

À la fin de 1988, le Front de libĂ©ration nationale (FLN), parti unique en AlgĂ©rie dont le pouvoir Ă©tait restĂ© inĂ©branlĂ© depuis les annĂ©es 1960, ne semblait plus adaptĂ© Ă  la situation. Plusieurs Ă©lĂ©ments ont menĂ© Ă  une insatisfaction croissante de la population. Tout d'abord, un systĂšme de parti unique basĂ© sur la dĂ©mocratie populaire mais cachant en rĂ©alitĂ© un rĂ©gime militaire, touchĂ© par la corruption et le clientĂ©lisme[20]. En effet, les annĂ©es 1980 avaient vu trois organes de pouvoir diffĂ©rents : la prĂ©sidence, le parti et l'armĂ©e[21]. Ensuite, les chutes du prix du pĂ©trole en 1986 qui font passer le prix du baril de 30 $ Ă  10 $. Le gouvernement bĂ©nĂ©ficiait du prix Ă©levĂ© du pĂ©trole : celui-ci concernait 95 % des exports algĂ©riens et 60 % du budget du gouvernement[22]. L'Ă©conomie planifiĂ©e subit de fortes contraintes, avec les pĂ©nuries et la montĂ©e du chĂŽmage. En , des manifestations contre le prĂ©sident Chadli Bendjedid eurent lieu dans toutes les villes algĂ©riennes, mettant en avant la montĂ©e de l'islamisme parmi nombre de manifestants. L'armĂ©e, en tirant sur les manifestants, fit plus de 500 morts et choqua la population par la brutalitĂ© de la rĂ©ponse[22].

La rĂ©ponse du prĂ©sident fut d'entreprendre une rĂ©forme. Le [23], il proposa une nouvelle constitution par voie rĂ©fĂ©rendaire qui supprimait le parti unique, la rĂ©fĂ©rence au socialisme[24], et instaurait les libertĂ©s d'expression, d'association et de rĂ©union[25]. La cour de SuretĂ© de l’État chargĂ© de punir les « dĂ©viances politiques » est supprimĂ©e[21]. L’État algĂ©rien socialiste disparut au profit de la nouvelle RĂ©publique populaire et dĂ©mocratique. Des trois centres de pouvoir Ă©voquĂ©s plus haut, seule la prĂ©sidence conserve son pouvoir, alors que le parti du FLN n'est mĂȘme pas nommĂ© dans la Constitution et que l'armĂ©e n'a plus le droit de participation Ă  la vie politique algĂ©rienne[21]. Au dĂ©but de l'annĂ©e 1991, trente trois partis de trĂšs divers courants politiques obtinrent un existence lĂ©gale, parmi eux le front des forces socialistes, le Rassemblement pour la culture et la dĂ©mocratie, le parti social dĂ©mocrate[21] mais aussi et surtout le Front islamique du salut (FIS)[26].

À ses dĂ©buts, le FIS incorpore un large spectre de la mouvance de l'opinion islamiste, des plus radicaux au plus modĂ©rĂ©s reprĂ©sentĂ©e par ses deux principaux dirigeants. Son prĂ©sident, Abbassi Madani, professeur et combattant Ă  l'Ă©poque de l'indĂ©pendance, reprĂ©sentait un conservatisme religieux relativement modĂ©rĂ© et symboliquement liĂ© Ă  la guerre d'indĂ©pendance algĂ©rienne, source de la lĂ©gitimitĂ© du FLN Ă  diriger le pays ; il manifestait un attachement tiĂšde Ă  la dĂ©mocratie, et plaçait la charia au-dessus de cette derniĂšre[26]. Le vice-prĂ©sident, Ali Belhadj, plus jeune et d'un niveau d'instruction moindre, avait reçu une Ă©ducation en arabe dans des Ă©coles islamiques et Ă©tait prĂ©dicateur Ă  Alger. Tenant d'une ligne salafiste[27], il Ă©tait connu pour ses prĂȘches radicaux et agressifs qui rassemblaient la jeunesse ouvriĂšre déçue et les non-islamistes alarmĂ©s par le rejet de la dĂ©mocratie et des opinions islamistes conservatrices envers les femmes[28]. Belhadj et Madani avaient tous deux des visions diffĂ©rentes de ce que devait ĂȘtre un État islamique, ils rĂ©ussirent Ă  travailler efficacement ensemble[28]. De fait, le FIS devint rapidement de loin le plus grand parti islamiste, avec un Ă©norme Ă©lectorat particuliĂšrement concentrĂ© dans les zones urbaines. Le , il remporta les Ă©lections locales avec 54 % des voix, il fait ainsi le double du score du FLN[28]. Des analyses ont rĂ©vĂ©lĂ© que l'Ă©lectorat du FIS Ă©tait surtout la jeunesse dĂ©favorisĂ©e des bidonvilles et Ă©duquĂ©e en arabe, produit de la croissance dĂ©mographique exponentielle[28]. Les victoires locales du FIS dans plusieurs des municipalitĂ©s permettent Ă  la population d'expĂ©rimenter la gestion politique locale du FIS. Beaucoup d'AlgĂ©riens se disent d'ailleurs surpris de voir une gestion aussi efficace que juste, en comparaison Ă  celle corrompue et inefficace du FLN[29]. Pour autant, certains AlgĂ©riens ont Ă©tĂ© alarmĂ©s de voir de nouvelles pratiques apparaĂźtre sous la gestion locale du FIS : entre autres, le port obligatoire du voile pour les employĂ©es municipales, ou encore l'interdiction de magasins vendant de l'alcool[30]. La guerre du Golfe renforça le parti, car il surpassait l'opposition du gouvernement Ă  l'opĂ©ration TempĂȘte du dĂ©sert[28].

Par ailleurs, la fin des années 80 est marqué par le fait que trois à quatre mille volontaires algériens, encouragés par des organisations intégristes, partent au Pakistan et en Afghanistan mener le djihad contre l'occupant soviétique. Pour Rhéda Malek, c'est l'apport massif de ces éléments soigneusement formés et aguerris en Afghanistan qui donnera consistance au projet islamiste en Algérie[31].

En , le gouvernement dĂ©cida d'un nouveau dĂ©coupage des circonscriptions Ă©lectorales. Les circonscriptions Ă©taient arrangĂ©es de telle sorte qu'elle favorisaient les rĂ©gions rurales du sud et de l'est oĂč le FLN conservait une majoritĂ© lĂ©gislative[28]. En , le FIS appela Ă  une grĂšve pour protester contre ce nouveau dĂ©coupage des circonscriptions Ă©lectorales par le gouvernement, dĂ©nonçant un charcutage Ă©lectoral. La grĂšve elle-mĂȘme Ă©tait un Ă©chec, mais les Ă©normes manifestations organisĂ©es par le FIS Ă  Alger furent efficaces parce qu'elles reprĂ©sentaient une menace pour l'autoritĂ© de l’État[28] ; le FIS accepta d'arrĂȘter la grĂšve en juin en Ă©change d'Ă©lections Ă©quitables. Peu aprĂšs le gouvernement, de plus en plus alarmĂ©, arrĂȘta Madani et Belhadj (ils furent condamnĂ©s Ă  12 ans de prison) ainsi qu'un certain nombre d'autres membres appartenant Ă  des Ă©chelons infĂ©rieurs du FIS, sans pour autant dissoudre le parti[32]. Le FIS resta lĂ©gal, et Abdelkader Hachani en prit le contrĂŽle.

La progression du parti se poursuivit. Il participe aux Ă©lections suivantes, aprĂšs l'expulsion de personnes telles que SaĂŻd Mekhloufi, qui avait prĂ©conisĂ© l'action directe contre le gouvernement. Mais les tendances du « djihad immĂ©diat », composĂ©es d’anciens partisans de Mustapha Bouyali, de vĂ©tĂ©rans d’Afghanistan, d’élĂ©ments du Takfir wal Hijra qui avaient entrepris clandestinement la mise en place des premiers noyaux de groupes armĂ©s en utilisant le cadre lĂ©gal offert par le FIS, n’ont pas attendu ces Ă©vĂ©nements pour se lancer dans les actions armĂ©es. Ainsi, de nombreuses opĂ©rations ont Ă©tĂ© menĂ©es durant la pĂ©riode de grĂšve insurrectionnelle de juin 1991 et mĂȘme avant[33]. À la fin novembre, des islamistes armĂ©s proches du mouvement extrĂ©miste Takfir wal Hijra attaquĂšrent un poste frontalier Ă  Guemmar[33], annonçant le conflit Ă  venir ; ailleurs, un calme tendu rĂ©gnait. La participation du FIS aux Ă©lections lĂ©gislatives n’aura d’aucune influence sur la dĂ©termination de ces tendances du djihad immĂ©diat Ă  entamer l’action armĂ©e pour l’instauration d’un État islamique[33].

Le , les résultats des législatives est un choc pour les représentants politiques algériens. Malgré 39 % d'abstention[34], le FIS gagne facilement le premier tour des élections à l'assemblée nationale algérienne avec 48 % des votes, ils gagnÚrent 118 des 232 siÚges avec un taux de participation de 59 %[32]. Immédiatement, des accusations de sabotage sont lancées notamment par le gouvernement et le FLN. Beaucoup d'individus n'ayant pas voté pour le FIS, ont affirmé qu'ils avaient eu des difficultés à obtenir leur carte électorale[34]. Quoi qu'il en soit la victoire du FIS au second tour et la nomination d'un gouvernement dominé par le FIS semblaient alors inévitables.

Coup d'État et annulation des Ă©lections

Résultats des élections législatives algériennes de 1991.
  • Inconnu.
  • Non dĂ©cidĂ©
  • MajoritĂ© non-FIS
  • FIS 50 %
  • MajoritĂ© FIS

La victoire du FIS aux Ă©lections lĂ©gislatives de 1991 crĂ©e une vĂ©ritable division au gouvernement sur la marche Ă  suivre. La vĂ©ritable question qui se pose est la suivante : doit-on, ou non, accepter de gouverner avec le FIS quand il obtiendra la majoritĂ© aux Ă©lections lĂ©gislatives ? Le gouvernement est divisĂ©. De son cĂŽtĂ©, le prĂ©sident Bendjedid pense pouvoir utiliser son statut de Chef d’État pour contrĂŽler et tempĂ©rer les Ă©ventuels excĂšs des dĂ©putĂ©s du FIS, en fait, il souhaite Ă  tout prix continuer sur la lancĂ©e de dĂ©mocratisation de la sociĂ©tĂ©[35].D'un autre cĂŽtĂ©, le premier ministre Ghozali ainsi que certains gĂ©nĂ©raux (Nezzar et Belkheir) refusent catĂ©goriquement de laisser le pouvoir lĂ©gislatif aux dĂ©putĂ©s du FIS, ils veulent Ă  tout prix conserver la tradition nationaliste et laĂŻque du rĂ©gime algĂ©rien[35]. TrĂšs vite, au dĂ©but du mois de janvier, les opposants Ă  Chedli Bendjedid, ainsi que quelques chefs militaires dĂ©cident de couper court au dĂ©bat et d'imposer leur dĂ©cision au PrĂ©sident.

Le , sous le coup de force de ces gĂ©nĂ©raux et chefs militaires dits « janviĂ©ristes », l'armĂ©e annula les Ă©lections, forçant le prĂ©sident Chadli Bendjedid Ă  dĂ©missionner lors d'un discours tĂ©lĂ©visuel[35]. Le , les gĂ©nĂ©raux "janviĂ©ristes" dĂ©cident de transfĂ©rer le pouvoir prĂ©sidentiel Ă  un Haut ComitĂ© de SĂ©curitĂ© qui devait servir de comitĂ© de conseil prĂ©sidentiel. Le lendemain, ce comitĂ© dĂ©cide d'annuler les Ă©lections lĂ©gislatives et de crĂ©er le Haut ComitĂ© d’État (HCE) qui est une prĂ©sidence collĂ©giale opĂ©rant jusqu'Ă  la fin du mandat de Bendjedid, en [35]. Le HCE rappelant de son exil le combattant de l'indĂ©pendance Mohammed Boudiaf comme nouveau prĂ©sident de la nouvelle autoritĂ© politique chargĂ©e de diriger l’État : le Haut ComitĂ© d’État. Pour les chefs du coup d'État, Boudiaf Ă©tait le meilleur choix, d'une part par sa lĂ©gitimitĂ© acquise lors de la guerre d'indĂ©pendance, et d'autre part, parce que sa rĂ©putation n'avait pas Ă©tĂ© touchĂ©e par les crises politiques de l'AlgĂ©rie indĂ©pendante[36].

Alors qu'il est au pouvoir, Boudiaf se concentre sur trois objectifs[37]. Le premier objectif de Boudiaf est d'ordre Ă©conomique. Il s'agit de remettre Ă  flot l'Ă©conomie algĂ©rienne. En effet, avec un dette de 25 milliards de dollars, une croissance Ă©conomique nĂ©gative et un fort taux de chĂŽmage, l'Ă©conomie algĂ©rienne est en grande difficultĂ©. Or Boudiaf est persuadĂ© que la situation Ă©conomique dĂ©lĂ©tĂšre est le lit de la montĂ©e de l'islamisme et du FIS. Il est donc absolument primordial pour le HCE de relancer au plus vite l'Ă©conomie nationale[37]. En plus de l'Ă©conomie, le rĂ©gime a pour second objectif de rĂ©organiser la classe politique algĂ©rienne. Boudiaf entend exclure tout parti politique islamiste, au premier plan duquel le FIS, en renforçant l'article de la Constitution qui interdit tout parti politique dont la base idĂ©ologique est religieuse[37]. De la mĂȘme maniĂšre, il entend aussi reconquĂ©rir l'Ă©lectorat ayant votĂ© pour le FIS. D'autre part, Il semble nĂ©cessaire Ă  Boudiaf de renforcer le rĂ©gime en lĂ©gitimant le HCE et le coup d’État de janvier, tous deux rejetĂ©s par les trois partis les plus importants sur l'Ă©chiquier politique algĂ©rien : Le Front des Forces Socialistes (FFS), le FIS et le FLN[37]. Boudiaf tente donc d'attirer dans son gouvernement des membres de chacun de ces partis. De cette maniĂšre, des membres modĂ©rĂ©s du FIS ont obtenu des ministĂšres, ainsi qu'un membre du parti des forces socialistes. Enfin, comme pour accĂ©lĂ©rer le processus de modernisation, Boudiaf veut crĂ©er une organisation populaire comme cadre pour discuter des difficultĂ©s rencontrĂ©es par le pays, mais aussi comme plateforme de soutien au rĂ©gime et au HCE. Cette organisation sera crĂ©Ă©e dĂšs mai 1992 sous le nom de Rassemblement patriotique national[37]. Enfin, le troisiĂšme objectif fondamental de la prĂ©sidence de Boudiaf est le rĂ©tablissement de l'ordre et la sĂ©curitĂ© pour les AlgĂ©riens. Pour cela, de nombreux membres du FIS furent arrĂȘtĂ©s : 5 000 d'aprĂšs les rapports de l'armĂ©e, 30 000 (incluant Abdelkader Hachani) selon le FIS et 40 000 selon les chiffres avancĂ©s par Gilles Kepel[20]. Les prisons Ă©tant insuffisantes pour emprisonner tout le monde, des camps furent crĂ©Ă©s au Sahara, et les hommes qui portaient une barbe craignirent de sortir dans la rue de peur d'ĂȘtre arrĂȘtĂ©s en tant que sympathisants du FIS. L’état d'urgence fut dĂ©clarĂ©, et beaucoup de droits constitutionnels suspendus. Toutes les protestations furent Ă©touffĂ©es. Des organisations de dĂ©fense des droits de l'homme, comme Amnesty International, signalĂšrent l'utilisation frĂ©quente de la torture par le gouvernement et la dĂ©tention de suspects sans charges ni procĂšs. Le gouvernement a officiellement dissous le FIS le 4 mars, alors que l'armĂ©e concentrait le pouvoir rĂ©el malgrĂ© les efforts de Boudiaf[38].

DĂ©but de la guerre, 1992-1993

Les quelques activistes du FIS restĂ©s en libertĂ© prirent ces Ă©vĂ©nements comme une dĂ©claration de guerre. Dans la majeure partie du pays, les activistes restants du FIS, ainsi que certains islamistes plus radicaux que le FIS, prirent le maquis avec des armes de fortune. Leurs premiĂšres attaques contre les forces de sĂ©curitĂ© commencĂšrent Ă  peine une semaine aprĂšs le coup d'État, et les soldats et les policiers furent rapidement pris pour cibles. Comme dans les guerres prĂ©cĂ©dentes, les combattants furent presque exclusivement basĂ©s dans les montagnes du Nord de l'AlgĂ©rie, oĂč la forĂȘt et le maquis sont bien adaptĂ©s Ă  la guĂ©rilla, mais aussi dans certains secteurs urbains ; le Sahara, riche en pĂ©trole et en gaz, mais trĂšs peu peuplĂ© resta paisible pendant presque tout le conflit. La principale source de devise du gouvernement fut ainsi en grande partie Ă©pargnĂ©e.

La situation tendue fut aggravĂ©e par l’effondrement de l'Ă©conomie, cette annĂ©e-lĂ , Ă  tel point que les aides alimentaires furent suspendues. Les espoirs placĂ©s par la population dans la personne apparemment intacte de Mohammed Boudiaf furent bientĂŽt déçus quand il fut victime en juin d'un attentat d'un de ses propres gardes du corps. Le , l'un de ses gardes du corps, le lieutenant Lambarek Boumaarafi, assassine Mohamed Boudiaf alors qu'il faisait un discours[36]. Les raisons de son assassinat sont encore floues, mais sa lutte contre la corruption au sein du rĂ©gime, ou son refus de « jouer le rĂŽle porte-parole » pour les acteurs du coup d'Ă©tat de janvier, ont probablement jouĂ© dans la dĂ©cision de son assassinat[36].

Le 26 aoĂ»t, il devint Ă©vident que la guĂ©rilla visait autant les civils que les reprĂ©sentants de l'État : l'attentat de l'aĂ©roport d'Alger fit 9 morts et 128 blessĂ©s. Le FIS condamna l'attentat comme le firent les principaux autres partis, mais l'influence du FIS sur les guĂ©rilleros se rĂ©vĂ©la limitĂ©e.

Le MIA Ă©tait une rĂ©surgence d'un mouvement du mĂȘme nom, celui de Mustafa Bouyali, Ă©liminĂ© par l'armĂ©e en 1987. Or le MIA, relancĂ© clandestinement en 1991, aurait Ă©tĂ© infiltrĂ© par des agents des services secrets de l'armĂ©e algĂ©rienne (le DRS, dĂ©partement du Renseignement et de la SĂ©curitĂ©, nouveau nom depuis septembre 1990 de la SĂ©curitĂ© militaire, au cƓur du pouvoir depuis l'indĂ©pendance de 1962). Soucieux de contrĂŽler les noyaux armĂ©s islamistes en gestation, les chefs du DRS avaient en effet dĂ©cidĂ© de les infiltrer. Cette politique conduira, avec le dĂ©veloppement de la guerre civile, Ă  des manipulations de grande ampleur de la violence perpĂ©trĂ©e « au nom de l'islam ».

DĂšs 1991, le MIA a Ă©tĂ© Ă©quipĂ© par le DRS de vĂ©hicules de service[39] ; le DRS rĂ©digeait, imprimait et distribuait lui-mĂȘme certains tracts[40] ; il aurait Ă©galement constituĂ© des listes noires (d’intellectuels Ă  abattre) au Centre Ghermoul, siĂšge de la Direction du contre-espionnage (DCE).

Les premiers combats semblent avoir Ă©tĂ© menĂ©s par le petit groupe extrĂ©miste Takfir wal Hijra et des anciens combattants d’Afghanistan[33]. Ces derniers constituent le fer de lance de la violence terroriste[33]. Cependant, le premier mouvement armĂ© important Ă  Ă©merger fut le mouvement islamique armĂ© (MIA), juste aprĂšs le coup d'État. Il Ă©tait dirigĂ© par l'ex-militaire Abdelkader Chebouti, un islamiste de longue date qui avait gardĂ© ses distances avec le FIS pendant le processus Ă©lectoral. En , un ex-soldat, ex-combattant en Afghanistan et ancien responsable de la sĂ©curitĂ© au FIS, Said Mekhloufi fonda le Mouvement pour un État islamique (MEI) qui, lui, n'Ă©tait pas encore infiltrĂ© par le DRS. Les divers groupes organisĂšrent plusieurs rĂ©unions pour essayer d'unir leurs forces, acceptant le principe d'un rassemblement autour de Chebouti. Le 1er septembre, il dĂ©nonça le manque de discipline et l’attaque de l’aĂ©roport d’Alger, qui pouvait Ă©loigner des soutiens. Alors que Takfir wal Hijra et les Afghans de Noureddine Seddiki rejoignaient le MIA, les forces de sĂ©curitĂ© donnĂšrent l’assaut. Les soupçons nĂ©s de cette attaque empĂȘchĂšrent toute rĂ©union ultĂ©rieure.

Le FIS lui-mĂȘme organise un rĂ©seau clandestin, avec des journaux et mĂȘme une radio liĂ©e au MIA, et vers la fin de 1992, il commence Ă  diffuser depuis l'Ă©tranger des rapports officiels. Cependant, l'avis des mouvements de guĂ©rilla sur le FIS Ă  cette Ă©poque est mitigĂ© ; une grande partie soutient le FIS, une minoritĂ© significative, menĂ©e par les « Afghans », considĂšre l'activitĂ© politique du parti comme non islamique, et rejeta donc les rapports avec le FIS.

En janvier 1993, Abdelhak Layada déclare que son groupe est indépendant de celui de Chebouti. La nouvelle faction devient le Groupe islamique armé (GIA). Elle fut particuliÚrement active à Alger, dans sa banlieue et dans les zones urbaines. Elle prit une position dure, s'opposant au gouvernement et au FIS, déclarant « Nous rejetons la religion de la démocratie. Nous affirmons que le pluralisme politique équivaut à la sédition »[41] et publiant des menaces de mort contre plusieurs chefs du FIS et du MIA. Elle était nettement moins sélective que le MIA, qui insistait sur la formation idéologique ; en conséquence, elle a réguliÚrement été infiltrée par les forces de sécurité, provoquant un renouvellement fréquent au fur et à mesure que les dirigeants étaient abattus.

En 1993, la division entre les mouvements de guĂ©rilla devint plus claire. Le MIA et le MEI, concentrĂ©s dans le « maquis », essayĂšrent de dĂ©velopper une stratĂ©gie militaire contre l'État, visant plus particuliĂšrement les services de sĂ©curitĂ© et sabotant ou bombardant les Ă©tablissements d'État. Depuis sa crĂ©ation, le GIA Ă©tait concentrĂ© dans les secteurs urbains, prĂ©conisait et appliquait le massacre envers ceux qui soutenaient le pouvoir, y compris les employĂ©s de l'État, comme les professeurs et les fonctionnaires. Il assassina des journalistes et des intellectuels (comme Tahar Djaout), disant que « Les journalistes qui combattent l'islamisme par la plume pĂ©riront par la lame »[42]. Il intensifia ses attaques en visant les civils qui refusaient de respecter ses interdictions, puis il commença Ă  massacrer des Ă©trangers, fixant un ultimatum d'un mois avant leur dĂ©part « n'importe qui dĂ©passera le dĂ©lai d'un mois sera responsable de sa mort »[43]. AprĂšs quelques massacres, pratiquement tous les Ă©trangers quittĂšrent le pays ; l'Ă©migration algĂ©rienne (souvent illĂ©gale) augmenta aussi sensiblement, car les gens cherchaient une issue au conflit. Durant la mĂȘme pĂ©riode, le nombre de visas accordĂ©s aux AlgĂ©riens par les autres pays chuta.

Montée en puissance de la lutte antiterroriste

Au moment du coup d'État, les autoritĂ©s militaires dĂ©cident d’engager l'armĂ©e seule pour lutter contre les maquis islamistes qui commencent Ă  se constituer sur l’ensemble du territoire national. 140 000 hommes sont engagĂ©s contre les groupes armĂ©s. Mais les militaires, influencĂ©s par le modĂšle soviĂ©tique d'armĂ©e de masse peu flexible, subissent de lourdes pertes dans les mois suivant le putsch. Cette situation oblige les autoritĂ©s Ă  engager progressivement les autres composantes des forces de sĂ©curitĂ© de l'État. La gendarmerie entame les premiĂšres opĂ©rations contre les maquisards en et la police (DGSN) est elle aussi intĂ©grĂ©e dans la lutte antiterroriste Ă  partir de 1993. Au total, 300 000 hommes sont engagĂ©s contre les Groupes Islamistes ArmĂ©s.

Jusqu'Ă  la fin de l'annĂ©e 1994, les forces de sĂ©curitĂ© sont dĂ©passĂ©es par les nombreuses actions de guĂ©rilla menĂ©es par les groupes armĂ©s. La dĂ©sertion massive de membres des forces de sĂ©curitĂ© et l'imprĂ©paration de l'État Ă  une guĂ©rilla bien implantĂ©e au sein de la population cause de nombreuses pertes dans les rangs de l’armĂ©e, la police et la gendarmerie.

À partir de cette date, les autoritĂ©s militaires dĂ©cident de la crĂ©ation de milices populaires pour Ă©pauler les forces de sĂ©curitĂ© et couper les groupes armĂ©s de leur assise populaire. L'ensemble des effectifs engagĂ©e par l'État algĂ©rien dans la lutte anti-terroristes atteint 500 000 hommes en 1996.

Échec des nĂ©gociations et luttes intestines, 1994

La violence continua au cours de l'annĂ©e 1994, bien que l'Ă©conomie dans le mĂȘme temps ait commencĂ© Ă  se redresser. Les nĂ©gociations avec le FMI avaient permis de rĂ©Ă©chelonner le remboursement de la dette ; le gouvernement obtint aussi un prĂȘt de 40 milliards de francs de la communautĂ© internationale pour libĂ©raliser son Ă©conomie. Comme il devenait Ă©vident que les troubles continueraient pendant un certain temps, le gĂ©nĂ©ral Liamine ZĂ©roual fut nommĂ© nouveau prĂ©sident du Haut Conseil d'État ; il avait la rĂ©putation d’ĂȘtre plus un homme de dialogue qu'un membre des Ă©radicateurs de l'armĂ©e. Peu aprĂšs sa prise de fonction, il entreprit des nĂ©gociations avec les dirigeants du FIS emprisonnĂ©s, libĂ©rant certains prisonniers en signe de bonne volontĂ©. Les entretiens ont divisĂ© la scĂšne politique les grands partis politiques, en particulier le FLN et le FFS (kabyle et socialiste), continuĂšrent Ă  rĂ©clamer un compromis, Ă  l'inverse d'autres, notamment, l'Union gĂ©nĂ©rale des travailleurs algĂ©riens (UGTA), sans oublier des groupes de gauche ou fĂ©ministes tels que le laĂŻque RCD proche des Ă©radicateurs. Quelques mouvements paramilitaires vaguement pro-gouvernementaux, tels que l'Organisation des jeunes AlgĂ©riens libres (OJAL), Ă©mergĂšrent et commencĂšrent Ă  s'attaquer aux dĂ©fenseurs civils de l'islamisme. Le , plus de mille prisonniers (principalement des islamistes) s'Ă©vadĂšrent de la prison de Tazoult, reprĂ©sentant pour la guĂ©rilla un succĂšs ; plus tard, les partisans de la thĂ©orie de la conspiration suggĂ©rĂšrent qu'il s'agissait d'une mise en scĂšne pour permettre aux forces de sĂ©curitĂ© d'infiltrer le GIA.

En attendant, sous la direction de Cherif Gousmi (son chef depuis mars), le GIA devint le groupe le plus en vue en 1994. En mai, le FIS souffrit un coup apparent quand plusieurs de ses chefs qui n'avaient pas Ă©tĂ© emprisonnĂ©s, avec Said Makhloufi du MEI, rejoignirent le GIA. Comme le GIA avait publiĂ© des menaces de mort contre eux en , cela surprit beaucoup d'observateurs, qui l'interprĂ©tĂšrent comme le rĂ©sultat des luttes intestines au FIS ou comme une tentative de rĂ©orienter le GIA. Le 26 aoĂ»t, le GIA dĂ©clara mĂȘme un califat, ou gouvernement islamique, pour l'AlgĂ©rie, avec Gousmi comme « Commandeur des croyants ». DĂšs le lendemain, Mekhloufi annonça son retrait du GIA, dĂ©clarant que le GIA avait dĂ©viĂ© de l'islam et que ce califat Ă©tait une tentative de l'ex-chef du FIS Mohammed Said pour contrĂŽler le GIA. Celui-ci continua des attaques sur ses cibles habituelles, assassinant notamment des artistes, comme Cheb Hasni, et menaçant en aoĂ»t les Ă©coles insuffisamment islamistes d'incendie criminel.

Les guĂ©rillas fidĂšles au FIS, menacĂ©es de marginalisation, essayĂšrent d'unir leurs forces. En , le MIA, ainsi que le reste du MEI et divers petits groupes, s'unirent sous le nom d’ArmĂ©e islamique du salut (un terme qui avait Ă©tĂ© parfois employĂ© par la guĂ©rilla favorable au FIS), dĂ©clarant leur allĂ©geance au FIS et renforçant de ce fait le FIS dans les nĂ©gociations. Vers la fin de 1994, elles contrĂŽlaient plus de la moitiĂ© de la guĂ©rilla Ă  l'est et Ă  l'ouest, mais Ă  peine 20 % au centre, prĂšs de la capitale, qui Ă©tait l'implantation principale du GIA. Elles publiĂšrent des communiquĂ©s condamnant les attentats aveugles du GIA contre les femmes, les journalistes et d'autres civils « non impliquĂ©s dans la rĂ©pression », et attaquĂšrent la campagne d'incendie criminel des Ă©coles par le GIA.

Fin octobre, le gouvernement annonça l'échec de ses négociations avec le FIS. Zéroual proposa en remplacement un nouveau plan : il programma une élection présidentielle pour 1995, tout en favorisant des « éradicateurs » de l'armée comme Lamari et organisant des « milices d'autodéfense » dans les villages pour combattre la guérilla. La fin 1994 fut marquée par une croissance notable de la violence. Au cours de 1994, l'isolement de l'Algérie se renforça ; la plupart des agences de presse étrangÚre quittÚrent le pays cette année-là, alors que la frontiÚre marocaine se fermait et que les lignes aériennes étrangÚres étaient interrompues. Le manque de couverture des événements par la presse étrangÚre et algérienne est encore aggravé en juin par le gouvernement qui interdit aux médias algériens de mentionner toute nouvelle en rapport avec le terrorisme non traitée par les communiqués de presse officiels[44].

Quelques chefs du FIS, notamment Rabah Kebir, s'exilĂšrent Ă  l'Ă©tranger. À l'invitation de la CommunautĂ© de Sant'Egidio basĂ© Ă  Rome, en , ils entamĂšrent des nĂ©gociations avec tous les autres partis d'opposition, islamiques ou pas (LADDH, FLN, FFS, FIS, MDA, PT, JMC). Ils conclurent un accord mutuel le : la plate-forme de Sant'Egidio. Elle regroupe un ensemble de principes :

  • respect des droits de l'homme, de la dĂ©mocratie, et du multipartisme,
  • rejet du rĂŽle de l'armĂ©e sur la scĂšne politique et de la dictature,
  • reconnaissance de l’islam, des identitĂ©s ethniques arabe et berbĂšre en tant qu'aspects essentiels de l'identitĂ© nationale de l'AlgĂ©rie,
  • demande de remise en libertĂ© des chefs du FIS, et l'arrĂȘt des massacres et des tortures extrajudiciaires dans tous les camps.

À la surprise de beaucoup, mĂȘme Ali Belhadj approuva l'accord, ce qui signifiait que le FIS retournait dans la lĂ©galitĂ©, d'un commun accord avec les autres partis d'opposition. Cependant, un signataire crucial Ă©tait absent : le gouvernement lui-mĂȘme. En consĂ©quence, la plateforme eut peu d'effets immĂ©diats. Les mois suivants furent marquĂ©s par le massacre d'environ 100 prisonniers islamistes dans la rĂ©volte de la prison de Serkadji, et d'un succĂšs important pour les forces de sĂ©curitĂ© lors de la Ain Defla, provoquant la mort de centaines d’islamistes.

En fin de compte, cependant, selon Andrea Riccardi qui mena les négociations pour la Communauté Sant'Egidio, « la plateforme incita les militaires algériens à abandonner l'unique confrontation militaire et les força à réagir par un acte politique » : l'élection présidentielle de 1995.

Cherif Gousmi fut remplacĂ© Ă  la tĂȘte du GIA par Djamel Zitouni. Zitouni Ă©tendit les attaques du GIA aux civils sur le sol français, Ă  commencer par le dĂ©tournement du vol Air France 8969 Ă  la fin , puis plusieurs attentats Ă  la bombe au cours de l'annĂ©e 1995. En AlgĂ©rie mĂȘme, il continua les plasticages de voiture et les assassinats de musiciens, de sportifs, et des femmes non voilĂ©es, aussi bien que les cibles habituelles. On pouvait alors s'interroger sur la nature apparemment contre-productive de plusieurs de ses attaques et Ă©mettre l'hypothĂšse (encouragĂ©e par des membres du FIS Ă  l'Ă©tranger) que le groupe avait Ă©tĂ© infiltrĂ© par les services secrets algĂ©riens. La rĂ©gion au sud d'Alger, en particulier, fut dominĂ©e par le GIA, qui l'appela « la zone libĂ©rĂ©e », avant d'ĂȘtre appelĂ©e le « triangle de la mort ».

Les communiquĂ©s de guerre entre l'AIS et le GIA prolifĂ©rĂšrent, et le GIA rĂ©itĂ©ra ses menaces de mort contre des chefs du FIS et de l'AIS, assassinant un cofondateur du FIS, Abdelbaki Sahraoui, Ă  Paris. Des sources Ă©trangĂšres estimĂšrent alors qu'il y avait environ 27 000 guĂ©rilleros.

Poursuite de l'expression politique, Ă©mergence des milices, 1995-96

À la suite de l'arrĂȘt des nĂ©gociations avec le FIS, le gouvernement dĂ©cida d'organiser une Ă©lection prĂ©sidentielle. Le , Liamine ZĂ©roual fut Ă©lu prĂ©sident avec 60 % des voix. L'Ă©lection fut contestĂ©e par beaucoup de candidats, y compris par les islamistes Mahfoud Nahnah (25 %) et Noureddine Boukrouh (moins de 4 %) et le tenant de la laĂŻcitĂ© Said Sadi (10 %)[45], mais Ă  l'exception du FIS, tous constatĂšrent un fort taux de participation (officiellement 75 %, taux confirmĂ© par la plupart des observateurs)en dĂ©pit de l'appel Ă  l'abstention du FIS, du FFS et du FLN et les menaces de mort du GIA pour tous les votants (avec le slogan « une voix, une balle »). Un niveau Ă©levĂ© de sĂ©curitĂ© fut maintenu pendant la pĂ©riode Ă©lectorale jusqu'au jour de l'Ă©lection, par une mobilisation massive. Les observateurs Ă©trangers de la ligue arabe, de l'ONU et des organisations de l'unitĂ© africaine n'exprimĂšrent aucune rĂ©serve fondamentale. Les Ă©lections furent gĂ©nĂ©ralement perçues par les Ă©trangers comme tout Ă  fait libres, et les rĂ©sultats raisonnablement plausibles, Ă©tant donnĂ© le choix limitĂ© de candidats[46].

Les rĂ©sultats reflĂ©tĂšrent les diverses opinions de la population, allant du soutien Ă  la laĂŻcitĂ© et l'opposition Ă  l'islamisme Ă  un dĂ©sir d’arrĂȘt des violences, indĂ©pendamment de la politique. L'espoir naquit que la politique algĂ©rienne s'apaise finalement. ZĂ©roual en profita pour prĂ©senter une nouvelle constitution en 1996, qui renforçait nettement le pouvoir du prĂ©sident et en crĂ©ant une deuxiĂšme assemblĂ©e, en partie Ă©lue et en partie nommĂ©e par le prĂ©sident. En , le texte fut soumis Ă  un rĂ©fĂ©rendum national ; tandis que le taux officiel de participation Ă©tait de 80 %, cette Ă©lection ne fut pas contrĂŽlĂ©e, et le fort taux de participation fut considĂ©rĂ© comme peu vraisemblable.

La politique du gouvernement fut combinée avec une augmentation substantielle avec la création de la garde communale et des milices pro-gouvernementales. Ces « milices d'autodéfense », souvent appelées les « patriotes » pour faire court, se composant de citoyens locaux entraßnés par l'armée et armés par le gouvernement, furent organisées dans les villes « sûres » et proches des zones d'activité des groupes de guérilla islamiste. Le programme fut plus ou moins bien accueilli suivant les régions du pays ; il fut sensiblement renforcé au fil des années, en particulier aprÚs les massacres de 1997.

Les élections furent un revers pour les groupes armés, qui enregistrÚrent une augmentation significative des désertions juste aprÚs les élections. Rabah Kebir du FIS répondit aux modifications dans l'opinion populaire en adoptant une tonalité plus conciliante vis-à-vis du gouvernement, mais cette évolution fut condamnée par une partie du Front et par l'AIS. Le GIA fut secoué par des dissensions internes ; peu de temps aprÚs l'élection, sa direction tua les chefs du FIS qui avaient rejoint le GIA, les accusant de tenter une récupération. Cette purge accéléra la désintégration du GIA : les factions de Mustapha Kartali, Ali Benhadjar et Hassan Hattab refusÚrent de reconnaßtre l'autorité de Zitouni vers la fin 1995, bien qu'ils n'aient formellement fait sécession que bien plus tard. En décembre, le GIA tua le chef de l'AIS pour l'Algérie centrale, Azzedine Baa, et en janvier s'engagea à combattre l'AIS comme un ennemi ; en particulier dans l'ouest, la guerre entre les deux mouvements fut totale.

Massacres et réconciliation, 1996-1997

En juillet 1996, le chef du GIA Djamel Zitouni fut assassiné par une ex-faction du GIA et Antar Zouabri lui succéda, se révélant encore plus sanglant.

Les élections législatives se déroulÚrent le . Elles furent dominées par le Rassemblement national démocratique (RND), un nouveau parti créé au début 1997 par les défenseurs de Zéroual, qui obtint 156 siÚges sur 380, suivi par le MSP (aprÚs le changement de nom du Hamas) et le FLN avec plus de 60 siÚges chacun. Les analyses de cette élection furent partagées ; la plupart des principaux partis d'opposition se plaignirent, et le succÚs du tout nouveau RND surprit tout le monde. Le RND, le FLN et le MSP formÚrent un gouvernement de coalition, avec Ahmed Ouyahia du RND comme premier ministre. Il y eut des mesures d'assouplissement envers le FIS : Abdelkader Hachani fut libéré, et Abbassi Madani assigné à résidence.

Massacres ayant fait plus de 50 victimes dans les années 1997 et 1998.

C'est Ă  cette Ă©poque qu'apparut un nouveau problĂšme. Au cours du mois d'avril, l'AlgĂ©rie subit des massacres d'une brutalitĂ© et d'une ampleur sans prĂ©cĂ©dent (voir le massacre de Thalit) ; d'autres massacres avaient Ă©tĂ© commis au cours du conflit, mais toujours Ă  une Ă©chelle nettement moindre. Visant particuliĂšrement les villages ou les banlieues sans distinction d'Ăąge et de sexe des victimes, les partisans du GIA tuĂšrent des dizaines, et parfois mĂȘme des centaines, de civils Ă  la fois. Ces massacres se poursuivirent jusqu'Ă  la fin 1998, modifiant notablement la situation politique. Le sud et l'est d'Alger, qui avait votĂ© pour le FIS en 1991, furent particuliĂšrement frappĂ©s ; les massacres de Rais et de Bentalha choquĂšrent en particulier les observateurs internationaux. Le matin du 29 aout 1997, le massacre de Rais fait entre 98 et 300 morts hommes, femmes et enfants ont Ă©tĂ© massacrĂ©s Ă  l’arme blanche (couteaux, haches) ou brulĂ©s. Des femmes enceintes furent Ă©ventrĂ©es et dĂ©coupĂ©es en tranches, des enfants furent taillĂ©s en morceaux ou jetĂ©s contre des murs, les membres des hommes furent coupĂ©s, dans leur retraite les attaquants enlevĂšrent des jeunes femmes pour en faire des esclaves sexuelles.Ce massacre a Ă©tĂ© suivi par d’autres massacres Ă  Beni Messous et Ă  Bentalha Ă  quelques kilomĂštres au nord de Sidi Moussa le avec la mort de 250 civils. D’autres massacres autour de Tiaret et Relizane entre et ont fait entre 400 et 500 morts civils[47].

À la fin de l’annĂ©e 1997, uniquement durant les deux premiĂšres semaines du Ramadan, plus de 1 000 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es en AlgĂ©rie.

Bien que cette citation attribuĂ©e Ă  Nesroullah Yous, un survivant de Bentalha, soit peut-ĂȘtre une exagĂ©ration, elle exprime l'humeur apparente des attaquants :

« nous avons toute la nuit pour violer vos femmes et les enfants, boire votre sang. MĂȘme si vous nous Ă©chappez aujourd'hui, nous reviendrons demain pour vous finir ! Nous sommes ici pour vous renvoyer Ă  votre Dieu ! »[48]

La responsabilitĂ© du GIA dans ces massacres est incontestable. Il revendiqua les massacres de Rais et Bentalha, les qualifiant « d'offrandes Ă  Dieu » et les victimes de dĂ©fenseurs « impies » des tyrans dans un communiquĂ© de presse. Cette politique de massacres de civils fut l'une des principales raisons de la scission du Groupe salafiste pour la prĂ©dication et le combat (GSPC). À ce stade, il avait apparemment adoptĂ© l'idĂ©ologie takfiriste, selon laquelle tous les AlgĂ©riens ne combattant pas activement le gouvernement Ă©taient corrompus au point d'ĂȘtre des kafirs, et pouvaient ĂȘtre tuĂ©s « lĂ©galement » en toute impunitĂ© ; un communiquĂ© non confirmĂ© de Zouabri dĂ©clarait qu'« exceptĂ© ceux qui sont avec nous, tous les autres sont des apostats et mĂ©ritent la mort »[49]. Certains pensent que le motif de la destruction d'un village venait de l'adhĂ©sion de celui-ci au programme gouvernemental, qu'il vit comme une preuve de dĂ©loyautĂ© ; pour d'autres, la rivalitĂ© avec d'autres groupes (par exemple, la faction dĂ©tachĂ©e de Mustapha Kartali) joua un rĂŽle.

Cependant, pour Rais et Bentalha, Amnesty International et les survivants relĂšvent que l'armĂ©e avait des baraquements Ă  quelques centaines de mĂštres, mais n’était pas intervenue ; ceci et d'autres dĂ©tails conduisirent certains Ă  voir des connexions entre l'armĂ©e et le GIA, et en particulier remettre en lumiĂšre la thĂ©orie selon laquelle le GIA Ă©tait infiltrĂ© par la police secrĂšte, non seulement parmi des thĂ©oriciens de la conspiration, mais aussi parmi quelques chercheurs occidentaux. Dans un certain cas (le massacre de Guelb -el-Kebir et le massacre Sidi Hamed) les journaux algĂ©riens soupçonnĂšrent l'AIS, en dĂ©pit d'un dĂ©menti formel de sa participation ; la crĂ©dibilitĂ© de ces rapports est peu claire.

C'est Ă  cette Ă©poque que l'AIS engagea une guerre totale, tant avec le GIA qu’avec le gouvernement, se trouvant dans une position intenable. Le GIA apparut comme un ennemi plus immĂ©diat, et les membres de l'AIS craignirent que les massacres, qu'ils avaient rĂ©guliĂšrement condamnĂ©s, leur soient imputĂ©s. Le , le dirigeant de l'AIS, Madani Mezrag, ordonna le cessez-le-feu unilatĂ©ral et sans condition dĂ©butant le 1er octobre, « dĂ©voilant l'ennemi qui se cache derriĂšre ces massacres abominables. » L'AIS s'est mis en grande partie hors de la scĂšne politique, ramenant le combat Ă  une lutte entre le gouvernement, le GIA, et les divers groupes qui quittaient petit Ă  petit de l'orbite du GIA. La ligue islamique pour Da'wa et Jihad d'Ali Benhadjar (LIDD), formĂ©e en fĂ©vrier 1997, s'allia Ă  l'AIS et observa le mĂȘme cessez-le-feu. Au cours des trois annĂ©es suivantes, l'AIS nĂ©gocia une amnistie graduelle pour ses membres.

Le GIA détruit, le GSPC continue, 1998-2000

AprĂšs que de nombreuses pressions internationales se sont manifestĂ©es, l'Union europĂ©enne envoya deux dĂ©lĂ©gations, l'une d'elles menĂ©e par MĂĄrio Soares, pour visiter l'AlgĂ©rie et enquĂȘter sur les massacres au premier semestre de 1998 ; leurs rapports condamnĂšrent les groupes islamistes armĂ©s.

Les villes devinrent plus sûres, bien que les massacres continuassent dans des secteurs ruraux. La politique de massacres des civils du GIA avait déjà creusé un fossé parmi ses dirigeants, certains la rejetant ; le , ce désaccord fut formalisé avec la formation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), basé dans les montagnes à l'ouest de la Kabylie et mené par Hassan Hattab.

Le 11 septembre, ZĂ©roual surprit les observateurs en annonçant sa dĂ©mission. Une nouvelle Ă©lection fut organisĂ©e, et le , l'ex-combattant pour l'indĂ©pendance Abdelaziz Bouteflika soutenu par l'armĂ©e, fut Ă©lu prĂ©sident avec, selon les autoritĂ©s, 74 % des voix. Tous les autres candidats s'Ă©tant retirĂ©s de l'Ă©lection peu avant, mentionnant la crainte de fraudes. Bouteflika poursuivit les nĂ©gociations avec l'AIS, et le 5 juin l'AIS accepta le principe de sa dissolution. Bouteflika accompagna ce succĂšs d'une amnistie du gouvernement d'un certain nombre d'islamistes prisonniers condamnĂ©s pour des actes mineurs et en soumettant la loi d'harmonie civile au parlement, une loi dĂ©signĂ©e sous le nom de la « Concorde civile » permettant Ă  des combattants islamistes non coupables de meurtre ou de viol d'Ă©chapper Ă  toute poursuite s'ils se rendaient. Cette loi fut finalement approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum le , et un certain nombre de combattants, y compris Mustapha Kartali, en profitĂšrent pour reprendre une vie normale provoquant la colĂšre de ceux qui avaient Ă©tĂ© victimes des islamistes. La direction du FIS exprima son mĂ©contentement vis-Ă -vis des rĂ©sultats, estimant que l'AIS arrĂȘtait le combat sans avoir rĂ©solu aucun problĂšme ; mais leur principal porte-parole hors de prison, Abdelkader Hachani, fut assassinĂ© le 22 novembre. La violence diminua, sans toutefois disparaĂźtre totalement, et le calme revint en AlgĂ©rie.

L'AIS fut entiĂšrement dissoute le , ayant nĂ©gociĂ© une amnistie spĂ©ciale avec le gouvernement. Le GIA, dĂ©chirĂ© par les dissensions et les abandons et dĂ©noncĂ© de tous les cĂŽtĂ©s et mĂȘme par le mouvement islamiste, fut lentement dĂ©truit par des opĂ©rations militaires au cours des annĂ©es suivantes ; Ă  la mort d'Antar Zouabri au dĂ©but 2002, il Ă©tait incapable de poursuivre son action. Les efforts du gouvernement furent davantage soutenus au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 ; les États-Unis manifestĂšrent leur soutien envers le gouvernement algĂ©rien, en gelant les avoirs du GIA et du GSPC et en fournissant des lunettes infrarouges Ă  l'armĂ©e.

Avec le dĂ©clin du GIA, le GSPC subsistait en tant que groupe rebelle le plus actif, avec environ 300 combattants en 2003[50]. Il continua une campagne de tueries de policiers et de militaires dans son secteur, parvenant mĂȘme Ă  progresser au Sahara, oĂč sa division, menĂ©e par Amari Saifi (surnommĂ© « Abderrezak el-Para »), enleva des touristes allemands en 2003, avant d'ĂȘtre forcĂ© de fuir dans des secteurs dĂ©peuplĂ©s du Mali, et plus tard au Niger et au Tchad, oĂč il fut capturĂ©. À la fin 2003, le fondateur du groupe fut supplantĂ© par l'encore plus radical Nabil Sahraoui, lequel annonça son soutien Ă  Al-QaĂŻda, renforçant les liens des gouvernements des États-Unis et d'AlgĂ©rie. Il aurait Ă©tĂ© tuĂ© peu de temps aprĂšs.

La libĂ©ration des chefs du FIS Madani et Belhadj en 2003 n'a eu aucun effet visible sur la situation, illustrant une confiance gouvernementale retrouvĂ©e qui fut confirmĂ©e par l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2004, dans laquelle Bouteflika fut rĂ©Ă©lu avec 85 % des voix et l'appui des deux principaux partis. L'Ă©lection fut analysĂ©e comme la confirmation du soutien populaire fort Ă  la politique de Bouteflika envers les terroristes et la rĂ©ussite de l'arrĂȘt des violences Ă  grande Ă©chelle.

En , un référendum proposant l'amnistie fut soumis par le gouvernement de Bouteflika, comme la loi de 1999, pour mettre un terme aux poursuites pour les personnes qui n'avaient plus d'activités militaires et pour offrir des compensations aux familles des personnes tuées par les forces gouvernementales. La proposition fut acceptée par 97 % des votants. Ces résultats restent mitigés.

Les lois de "rĂ©conciliation nationale" et de "consolidation de la paix" jouissent d’un soutien populaire relativement moindre malgrĂ© les rĂ©sultats au rĂ©fĂ©rendum de . C’est la loi d’amnistie de 2006 qui marque le point focal d’impossibilitĂ© de tenir responsable quiconque pour l’ensemble des crimes ayant eu lieu durant cette dĂ©cennie. Cette loi qui Ă  la base excluait les personnes ayant commis des meurtres ou des viols, a Ă©tĂ© Ă©tendue Ă  l’ensemble des personnes ayant commis un crime durant cette pĂ©riode, ce qui a entrainĂ© la colĂšre populaire ainsi que cette impossibilitĂ© de dĂ©signer des responsables.

De nombreuses associations civiles contestent ces lois, particuliĂšrement des associations de familles ayant perdu des proches ou ayant des proches disparus[51]. Ali Merabet, reprĂ©sentant de l'association Somoud, qui lutte pour une justice envers les victimes et les familles des victimes du terrorisme durant cette dĂ©cennie et dont les deux frĂšres ont Ă©tĂ© tuĂ©s par un groupe armĂ© en 1995 Ă©nonce aprĂšs la promulgation de la loi d’amnistie en 2006 : « Pour moi le problĂšme n’était pas l’État, mais le terroriste, l’islamiste qui Ă©tait mon voisin Ă  qui je n’ai jamais fait de mal mais qui m’en a fait. Mais on a rĂ©alisĂ© avec cette loi, que l’État et les terroristes ont fait un deal entre eux
 Si la personne responsable du meurtre de mes frĂšres est protĂ©gĂ©e par l’État qui est le vrai agresseur ? »[52]

En 2006, Abdelmalek Droukdal, alias Abou Moussab Abd El-Ouadoud, le numĂ©ro 1 du GSPC algĂ©rien, sous le parrainage d’Abou Moussab El-Zarqaoui, fait allĂ©geance Ă  Al-QaĂŻda. Le GSPC devient Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). L'organisation va perpĂ©trer plusieurs attentats spectaculaires dont plusieurs en ayant recours aux kamikazes ( et ). On lui attribue aussi des attentats et des prises d'otage au Sahel, notamment l'exĂ©cution de 11 gendarmes Ă  Tinzaoutine le et celle de Michel Germaneau (revendiquĂ©e) le au Mali.

Le bilan mensuel des violences en 2010 s’élĂšve Ă  entre 20 et 25 tuĂ©s. Un bilan de l'OTAN tirĂ© de sources publiques annonce, en 2011, 105 attaques terroristes causant 159 tuĂ©s, 191 blessĂ©s et 9 enlevĂ©s[53].

Depuis l'amnistie de 2005, les services de sĂ©curitĂ© ont arrĂȘtĂ© jusqu’à 1 290 terroristes, tandis que 7 540 autres, dont 81 Ă©mirs, Ă  leur tĂȘte Hassan Hattab, se sont rendus et ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de la cessation de l’action publique[54].

Le succĂšs de la stratĂ©gie gouvernementale pendant la dĂ©cennie noire s’explique par le fait que l'armĂ©e, bien que non prĂ©parĂ©e au combat de guĂ©rilla et en partie infiltrĂ©e par les islamistes, ait su garder son unitĂ© et son objectif de dĂ©fense du territoire, face Ă  la diversitĂ© des mouvements armĂ©s islamistes, aux objectifs et moyens divergents, se combattant parfois entre eux. Ainsi, l'armĂ©e, Ă©tant restĂ©e solidaire et unie face aux menaces des islamistes, a empĂȘchĂ© l'effondrement de l'État.

Chronologie

1991

Le Front islamique du salut gagne largement le premier tour des élections législatives en Algérie. Une partie de la société civile exprime publiquement son inquiétude. Une partie des généraux dits « janviéristes » de l'armée prépare une prise de pouvoir des militaires en cas de victoire du FIS au second tour prévu en 1992. Le président Chadli Bendjedid décrÚte l'état de siÚge en juin devant les démonstrations de force du FIS. Les premiers attentats contre les forces de sécurité apparaissent.

1992

Les gĂ©nĂ©raux organisent un putsch et s'emparent du pouvoir le . L'armĂ©e se dĂ©ploie dans les rues d'Alger. La constitution de 1989 est dĂ©clarĂ©e illĂ©gale, le parlement dissous et le prĂ©sident contraint Ă  la dĂ©mission. Un Haut ComitĂ© d'État est constituĂ© par les gĂ©nĂ©raux putschistes pour remplacer le pouvoir politique alors vacant. L'opposant Mohamed Boudiaf est nommĂ© prĂ©sident du HCE. Il sera assassinĂ© la mĂȘme annĂ©e. Le FIS est dissous par l'armĂ©e et ses militants pourchassĂ©s et emprisonnĂ©s dans des centres de dĂ©tention Ă©tablis dans le Sud saharien. Les dirigeants du FIS sont arrĂȘtĂ©s. Les premiers maquis se constituent. CrĂ©ation du « Groupe islamique armĂ© » (GIA). Premiers attentats contre des intellectuels. Les attentats se multiplient contre les forces de sĂ©curitĂ©. En septembre un militant syndicaliste universitaire est assassinĂ© Ă  Constantine.

Le , le couvre-feu, de 22h30 à 5 heures du matin est décrété dans sept wilayas : Alger, Tipaza, BoumerdÚs, Blida, Médéa, Aïn Defla, Bouira[55] - [56].

1993

L'assassinat de personnalité connues, intellectuels, journalistes, citoyens militants s'accentuent. L'armée organise de nombreuses opérations de ratissage dans les maquis au nord du pays. Les pouvoirs de la justice et des forces de l'ordre sont renforcés dans le cadre de la lutte antiterroriste. Premiers assassinats de personnalités civiles. PremiÚres attaques du GIA contre les étrangers en fin d'année.

1994

Les Ă©trangers (journalistes, ambassades
) quittent en masse le pays aprĂšs les nombreuses menaces et attentats Ă  leur encontre. Les attaques redoublent d’intensitĂ© contre les infrastructures Ă©conomiques, de communication et de transport du pays. Premiers attentats contre la population civile. De nombreux membres des forces de sĂ©curitĂ© sont tuĂ©s ou ont dĂ©sertĂ©. Les dĂ©faites successives des militaires face aux groupes armĂ©s obligent l'État Ă  abandonner de nombreux territoires aux forces non conventionnelles. Attentat du GIA contre un avion Airbus d'Air France. Le FIS (parti islamiste dissous) crĂ©e l'« ArmĂ©e islamique du salut » (AIS), destinĂ©e Ă  la lutte armĂ©e contre l'État algĂ©rien. L'AlgĂ©rie accepte le plan de restructuration du FMI et reçoit un prĂȘt de 40 milliards de dollars[57]. Une lettre de Ali Benhadj, alors en rĂ©sidence surveillĂ©e, est diffusĂ©e dans la presse, il prĂȘte allĂ©geance au chef du GIA en promettant qu'une fois libre, il rejoindrait le maquis.

Le gĂ©nĂ©ral Liamine ZĂ©roual est dĂ©signĂ© prĂ©sident du Haut ComitĂ© d'État par les gĂ©nĂ©raux janviĂ©ristes.

1995

Attentats trĂšs meurtriers contre les forces de l'ordre et les civils. L'armĂ©e rappelle 50 000 rĂ©servistes et lance des contre-offensives victorieuses contre les groupes armĂ©s, rĂ©occupant progressivement le terrain perdu depuis 2 ans. PremiĂšres constitutions de « milices civiles » contre les islamistes. Le succĂšs international de la plate-forme de Sant'Egidio (accord de l’ensemble des partis politiques, dont le FIS, sur la paix civile en AlgĂ©rie) oblige les militaires Ă  organiser une Ă©lection prĂ©sidentielle en novembre. L'armĂ©e mobilise alors 350 000 hommes pour garantir la sĂ©curitĂ© des bureaux de vote. Le gĂ©nĂ©ral Zeroual est Ă©lu avec 61 % des voix. La France est touchĂ©e en fin d'annĂ©e par plusieurs attentats commanditĂ©s par le GIA.

PremiÚres négociations entre le FIS et le président-général Liamine Zeroual.

1996

Le prĂ©sident Zeroual fait promulguer une nouvelle constitution renforçant considĂ©rablement les pouvoirs prĂ©sidentiels. Premiers massacres de masse contre les civils, revendiquĂ©s par le GIA. Assassinat des moines de Tibhirine en mars, puis de l'Ă©vĂȘque d'Oran Pierre Claverie avec son chauffeur Mohamed Bouchikhi le . L'armĂ©e mobilise 100 000 soldats pour reprendre le contrĂŽle d’Alger et de sa rĂ©gion. Les attaques ne cessent pas pour autant.

480 000 hommes sont engagĂ©s contre les maquis. 20 % des dĂ©penses de l’État sont consacrĂ©es Ă  la lutte contre le terrorisme.

1997

L'annĂ©e 1997 est la plus meurtriĂšre pour la population civile, victime de vĂ©ritables campagnes de massacres par les groupes armĂ©s, dont le GIA. Plusieurs centaines de personnes (femmes, enfants, personnes agĂ©es, familles
) sont assassinĂ©es Ă  chaque tuerie. On estime le total des assassinats Ă  plus de 40 000 pour la seule annĂ©e de 1997. Face Ă  ces massacres, l'ArmĂ©e islamique du salut annonce une trĂȘve sans conditions avec le gouvernement algĂ©rien (trĂȘve Ă  laquelle le FIS est opposĂ©).

Le pouvoir organise des élections législatives en juin, largement remportés par le Rassemblement national démocratique, parti de l'armée.

1998

Échec des nĂ©gociations entre le prĂ©sident algĂ©rien et le parti islamiste FIS dissous. DĂ©mission forcĂ©e de Liamine ZĂ©roual. Annonce d'Ă©lections prĂ©sidentielles pour 1999. Les massacres continuent contre la population.

1999

Élection d'Abdelaziz Bouteflika Ă  la tĂȘte du pays. L'AIS annonce qu'elle dĂ©pose dĂ©finitivement les armes. AprĂšs de longues nĂ©gociations avec l'ArmĂ©e nationale populaire (AlgĂ©rie) pendant le mandat de Liamine ZĂ©roual, un projet de loi de « concorde civile », approuvĂ© par rĂ©fĂ©rendum en 1999. Amnistie gĂ©nĂ©rale des combattants acceptant de dĂ©poser les armes. Fin progressive des violences.

La guerre a coĂ»tĂ© plus de 20 milliards de dollars Ă  l'État algĂ©rien.

Les premiers bilans humains de ces sept annĂ©es de conflit indiquent que la guerre a fait prĂšs de 200 000 morts et disparus. L'État a payĂ© aussi un lourd tribut avec plus de 30 000 soldats tuĂ©s et des dizaines de milliers blessĂ©s.

2000

Les violences contre la population et les forces de l'État continuent de maniĂšre sporadique. Nombreuses manifestations et rĂ©pressions des forces de l'ordre, marasme Ă©conomique et Ă©lections encore largement contrĂŽlĂ©es par l'armĂ©e.

La fin de la "décennie noire"

La fin de la « dĂ©cennie noire » est apprĂ©ciĂ©e diffĂ©remment selon les auteurs suivants : pour Benjamin Stora, elle n'est terminĂ©e qu'en 2001 ; pour Sid Ahmed Ghozali[58] ainsi que pour Pierre-Jean Roca[59], elle prend fin en 2002 ; pour Fanny Colonna, elle ne s'arrĂȘte qu'en 2003[60] ; voire pour Pierre Daum qu'en 2005[61] - [62].

Filmographie

Notes et références

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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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