Mustapha Bouyali
Mustapha Bouyali (en arabe : Ù Ű”Ű·ÙÙ ŰšÙÙŰčÙÙ), nĂ© le Ă Draria et mort abattu dans une embuscade des forces de sĂ©curitĂ© algĂ©riennes le prĂšs de Larbaa, est le leader du premier mouvement islamiste armĂ© algĂ©rien, un groupe basĂ© aux alentours de Larbaa au sud d'Alger, de 1982 Ă 1987.
Biographie
NĂ© le Ă Draria, Bouyali a combattu dans les rangs du FLN durant la guerre dâAlgĂ©rie. Capitaine dans la Wilaya IV, en 1963-1965, il rejoint le maquis du « Front des forces socialistes » (FFS). Coordinateur de fĂ©dĂ©ration FLN de ChĂ©raga en 1970, il demande Ă ĂȘtre candidat aux Ă©lections lĂ©gislatives de 1977, car il souhaitait une plus grande islamisation de la lĂ©gislation. Il est ensuite Ă©cartĂ© des instances du parti. En 1976, il deviendra Ă©lectricien employĂ© Ă la sociĂ©tĂ© nationale dâĂ©lectricitĂ© Sonelec d'El Achour, et sera le pĂšre de sept enfants[1] - [2].
Vers 1979, il tombe sous l'influence de l'imam Doudi Abdelhadi de la mosquĂ©e d'El-Achour[3] - [4], au sud d'Alger et il commence Ă prĂȘcher lui-mĂȘme dans cette mosquĂ©e. Il crĂ©e le « Groupe de DĂ©fense contre l'Illicite », pour lutter contre la « dĂ©viation des mĆurs ». En 1981, il constitue une organisation de seize cellules en vue de la lutte armĂ©e. Il divise le territoire en dix rĂ©gions et s'assure d'un important armement[5].
Mustapha Bouyali crĂ©e ainsi le « Mouvement islamique armĂ© » (MIA)[6]. Il envoie aux autoritĂ©s un mĂ©morandum en treize parties, et Ă©labore un guide en quatre-vingt-dix-neuf parties, avec pour but de crĂ©er une rĂ©publique islamique en AlgĂ©rie, afin d'arriver Ă un rĂ©gime qui regrouperait tous les pays islamiques, avec pour capitale La Mecque. Le , il organise un rassemblement des prĂ©dicateurs d'Alger et de nombreuses autres villes. Il propose une marche pacifique pour le lendemain, en vue de demander l'application de la Charia (constitution) et la libĂ©ration d'islamistes arrĂȘtĂ©s peu auparavant Ă Sidi-Bel-AbbĂšs. Ali Belhadj est prĂ©sent. La rĂ©union refuse la proposition de Bouyali. Deux mois plus tard, en , le groupe fabrique une premiĂšre bombe qu'il expĂ©rimentent.
Le , Mustapha Bouyali tire pour la premiĂšre fois sur un barrage de gendarmerie prĂšs de Oued Romane Ă Alger. Le , un mandat d'amener est lancĂ© contre lui. En , son frĂšre Mokhtar est tuĂ© dans une fusillade. Mustapha Bouyali prĂ©pare d'autres attaques. Les forces de sĂ©curitĂ© dĂ©couvrent Ă son domicile des plans dĂ©taillĂ©s de la villa ainsi que l'emploi du temps du numĂ©ro deux du FLN Mohamed Cherif Messaadia. Des membres du groupe seront arrĂȘtĂ©s, parmi eux Ali Belhadj, et le premier procĂšs du Mouvement islamique en AlgĂ©rie se tient devant la cour de sĂ»retĂ© de l'Etat de MĂ©dĂ©a. Dans la nuit du 26 au , le groupe MIA attaque la caserne de la police de Soumaa, prĂšs de Boufarik, dans la Mitidja. L'attaque est menĂ©e par dix-sept Ă dix-huit personnes, dirigĂ©es par Bouyali lui-mĂȘme. Elle se solde par la mort d'un vieux brigadier de police, Boualem Boukazoula, ligotĂ© et tuĂ© Ă coups de sabre, et le vol d'une quantitĂ© d'armes. Le , ils tuent cinq gendarmes dans une embuscade dans la rĂ©gion de Larbaa. Bouyali se rĂ©fugie dans la forĂȘt, prĂšs de Larbaa, oĂč il rĂ©ussit Ă survivre. Il passe l'annĂ©e 1986 dans des conditions difficiles. Le , il est tuĂ© dans une embuscade des forces de sĂ©curitĂ© [1].
Notes et références
- Abed Charef, Algérie : le grand dérapage, La Tour-d'Aigues, Editions de l'Aube, , 525 p. (ISBN 2-87678-196-4, lire en ligne), p. 27
- Youcef Zirem, Algérie : la guerre des ombres : Volume 263 de Les dossiers du GRIP, Bruxelles/Paris/Bruxelles, GRIP, , 123 p. (ISBN 2-87027-931-0), p. 85
- (en) De Martin Evans et John Phillips, Algeria : Anger of the Dispossessed, Yale University Press, , 352 p. (ISBN 978-0-300-10881-1 et 0-300-10881-8, lire en ligne), p.129
- (en) François Burgat, The Islamic movement in North Africa, Center for Middle Eastern Studies, , 310 p. (ISBN 0-292-70793-2), p. 262
- Mohamed Harbi, « Et si l'histoire bĂ©guĂ©yait », Jeune Afrique plus,â
- Rhéda Malek, Une expérience cruciale à méditer : le terrorisme islamiste en Algérie, Recherches Internationales, Année 2003, 67-68, pp. 81-90