Conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en France
Les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en France sont un sujet de débat depuis la catastrophe, en 1986. En effet, officiellement, il n'y aurait pas eu de conséquence négative pour la santé en France, ce qui est contesté par certaines associations souvent proches de mouvances antinucléaires, lesquelles réclament une plus grande transparence des pouvoirs publics sur le sujet.
Passage du panache radioactif sur la France
Lâannonce de la catastrophe
Le , vers 13 h, les SuĂ©dois informent directement le Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI), dĂ©pendant du ministĂšre de la SantĂ© (mais aussi du Centre de rĂ©fĂ©rence europĂ©en pour la mesure des faibles radioactivitĂ©s), de la contamination de leur atmosphĂšre quâils imputent Ă un accident nuclĂ©aire soviĂ©tique. Dans la soirĂ©e, le Kremlin reconnaĂźt la survenue dâun accident dans un rĂ©acteur de type RBMK de la centrale de Tchernobyl, sans en prĂ©ciser la date, lâimportance ni les causes. Le soir mĂȘme, le professeur Pierre Pellerin, directeur du SCPRI, fait Ă©quiper des avions dâAir France, se dirigeant vers le nord et lâest de lâEurope, de filtres permettant, Ă leur retour, dâanalyser et faire connaĂźtre la composition de cette contamination. InvitĂ© du 13 heures dâAntenne 2, le lendemain 29 avril, Pierre Pellerin fait Ă©tat de ses contacts avec les experts suĂ©dois, dĂ©nonce Ă lâavance le catastrophisme des mĂ©dias et tient des propos rassurants : « mĂȘme pour les Scandinaves, la santĂ© nâest pas menacĂ©e. » Le soir mĂȘme, son adjoint, le professeur Chanteur, rĂ©pond Ă une question du prĂ©sentateur : « on pourra certainement dĂ©tecter dans quelques jours le passage des particules mais, du point de vue de la santĂ© publique, il nây a aucun risque »[1]. En France, les prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques sont favorables, et une prĂ©sentatrice de la mĂ©tĂ©o, Brigitte Simonetta, annonce au journal tĂ©lĂ©visĂ© de 20 heures sur Antenne 2, le 29 au soir, que lâanticyclone des Açores devrait retarder lâarrivĂ©e Ă©ventuelle du panache radioactif[2].
Câest le terme impropre de « nuage » qui est bientĂŽt popularisĂ© en France, au lieu du terme de « panache ». Le panache, ensemble des Ă©missions radioactives rejetĂ©es pendant les journĂ©es qui ont suivi lâaccident, mĂ©langĂ©es Ă lâair chaud de lâincendie du rĂ©acteur ne contient que trĂšs peu de vapeur dâeau. Il se dilue dans lâatmosphĂšre, sa radioactivitĂ© diminuant selon les demi-vies des radioĂ©lĂ©ments relĂąchĂ©s. Les dĂ©pĂŽts par temps sec sont fonction de la masse des particules ou aĂ©rosols et du relief. Mais les vrais nuages jouent un rĂŽle important car sâils crĂšvent au-dessus du panache, leurs gouttes dâeau entraĂźnent plus abondamment les particules radioactives. La conjonction des deux, trĂšs difficilement prĂ©visible, crĂ©e des dĂ©pĂŽts humides gĂ©ographiquement trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes, en taches de lĂ©opard[3].
LâarrivĂ©e du panache
Mais les prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques sont fausses et une des branches du panache est dĂ©tectĂ©e dans lâaprĂšs-midi du lendemain 30 avril par le Laboratoire dâĂ©cologie marine de Monaco, avant de lâĂȘtre dans lâensemble du Midi de la France. Pendant la nuit, tandis que cette branche remonte en direction du nord du pays, suivie dâune station mĂ©tĂ©o Ă lâautre, une autre branche venant plus directement de lâest, aborde aussi le territoire Ă une altitude diffĂ©rente. Monaco puis le SCPRI (par tĂ©lex envoyĂ© Ă minuit) en informent lâagence France-Presse. La nouvelle est reprise le lendemain 1er mai par les mĂ©dias en activitĂ© : NoĂ«l MamĂšre, au journal tĂ©lĂ©visĂ© de 13 heures, reprend les termes du tĂ©lex du professeur Pellerin : « Ce matin, le SCPRI a annoncĂ© une lĂ©gĂšre hausse de la radioactivitĂ© de lâair, non significative pour la santĂ© publique, dans le Sud-Est de la France et plus spĂ©cialement au-dessus de Monaco. » La presse nationale du lendemain 2 mai en fera ses gros titres, Le Figaro : « La France touchĂ©e Ă son tour », France-Soir : « Des nuages radioactifs au-dessus de la France », etc.
« La dĂ©tection des aĂ©rosols radioactifs ayant survolĂ© le territoire aprĂšs lâaccident a Ă©tĂ© rapide. Les mesures des activitĂ©s p-total (mesure de lâactivitĂ© de tous les radionuclĂ©ides Ă©metteurs bĂȘta) dans lâair de lâenvironnement des centres du Commissariat Ă lâĂ©nergie atomique (CEA) ont Ă©tĂ© effectuĂ©es dans les 24 heures qui ont suivi leur dĂ©tection (entre le 29 et 30 avril). DĂšs le 1er mai, on avait ainsi connaissance dâune Ă©lĂ©vation anormale de lâactivitĂ© de lâair les 29 et 30 avril[4]. »
La communication
Aucun texte officiel ne prĂ©cise comment doit ĂȘtre organisĂ©e la communication en pareil cas et les ministĂšres du tout nouveau gouvernement Chirac (premiĂšre cohabitation) sont heureux de trouver en la personne du professeur Pellerin un expert qui veut bien lâimproviser, malgrĂ© la faiblesse de ses moyens et son manque dâexpĂ©rience dans le domaine mĂ©diatique. Câest Ă lui principalement que reviendra la tĂąche dâinformer les Français des rĂ©sultats des mesures de contamination radioactive et du niveau de risque couru, mĂȘme si MichĂšle Barzach, ministre chargĂ©e de la SantĂ©, signe certains communiquĂ©s de synthĂšse.
Pour compliquer la situation, le panache survient Ă la veille dâun week-end de quatre jours (le 1er mai tombe un jeudi) qui a vidĂ© les ministĂšres, comme certains organes de presse, et ralenti le transport par la poste des Ă©chantillons radioactifs prĂ©levĂ©s dans toute la France, alors que Jacques Chirac accompagne le prĂ©sident Mitterrand Ă Tokyo pour un sommet des chefs dâĂtat occidentaux. Les ministres concernĂ©s, mal coordonnĂ©s, interviendront peu par la suite, et de façon parfois maladroite. MobilisĂ© 24 heures sur 24, le SCPRI, assistĂ© de lâInstitut de protection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (IPSN), une branche semi-autonome du CEA que dirige François CognĂ©, multiplie les mesures globales sur le territoire (lait, eau, air) et tous les soirs Ă minuit, Ă partir du 30 avril, fait Ă©tat par tĂ©lex Ă lâAFP de ses constatations et conclusions. Aucun chiffre nâest communiquĂ© durant la premiĂšre semaine mais le ton est rassurant. Se basant sur les recommandations en vigueur de la communautĂ© scientifique internationale, le SCPRI juge tout de suite que la contamination des aliments produits en France sera trop faible pour poser un vrai problĂšme de santĂ© publique et quâil nây a pas lieu de prendre de mesures de prĂ©caution particuliĂšres, sauf sur les produits importĂ©s de lâest de lâEurope (une question dĂ©battue Ă Bruxelles par lâensemble des pays de la CommunautĂ© europĂ©enne). Ce faisant, il cherche Ă Ă©viter les paniques constatĂ©es dans les autres pays affectĂ©s et ses consĂ©quences (des milliers dâavortements totalement injustifiĂ©s sur le plan mĂ©dical, par exemple[5]).
Déclarations des autorités
Le gouvernement français estime alors quâaucune mesure particuliĂšre de sĂ©curitĂ© nâest nĂ©cessaire. Le Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI), placĂ© sous la direction du professeur Pierre Pellerin et sous la tutelle du ministĂšre de la SantĂ©, annonce le par un premier communiquĂ© qu'« aucune Ă©lĂ©vation significative de la radioactivitĂ© n'a Ă©tĂ© constatĂ©e ».
L'analyse dix-sept ans plus tard des relevĂ©s faits Ă l'Ă©poque confirme ce diagnostic : « Les mesures dâaĂ©rosols atmosphĂ©riques effectuĂ©es principalement par le SCPRI et le CEA, permettaient la caractĂ©risation des masses dâair contaminĂ© trĂšs rapidement en fournissant une bonne indication des niveaux dâactivitĂ© atteints. Ces mesures [âŠ] permettaient dâĂ©valuer dans des dĂ©lais satisfaisants les doses reçues par la population lors du passage du nuage. Ces doses efficaces qui sont faibles, infĂ©rieures Ă 0,5 ÎŒSv pour lâirradiation externe et infĂ©rieures Ă 20 ÎŒSv pour lâinhalation (IPSN, 1986 ; Renaud et al., 1999a), ne nĂ©cessitaient pas Ă elles seules de dispositions particuliĂšres de protection de la population (mise Ă lâabri ou distribution dâiode stable). » [4] Le SCPRI mentionne dans un communiquĂ© dĂšs le 30 avril une « lĂ©gĂšre hausse de la radioactivitĂ© atmosphĂ©rique, non significative pour la santĂ© publique[6] ».
Le , le professeur Pellerin diffuse un communiqué selon lequel « les prises préventives d'iode ne sont ni justifiées, ni opportunes » et « il faudrait imaginer des élévations dix mille ou cent mille fois plus importantes pour que commencent à se poser des problÚmes significatifs d'hygiÚne publique[7] ».
Controverses sur le nuage radioactif
Le 30 avril, la prĂ©sentatrice Brigitte Simonetta annonce dans un bulletin mĂ©tĂ©orologique d'Antenne 2 que la France devrait ĂȘtre protĂ©gĂ©e du « nuage » par lâanticyclone des Açores et pourrait le rester pendant les trois jours suivants[8] - [9].
Une polĂ©mique sâensuit, animĂ©e par de nombreuses dĂ©clarations visant plus particuliĂšrement Pierre Pellerin[10], souvent rĂ©sumĂ©e par « le nuage sâest arrĂȘtĂ© Ă la frontiĂšre ». LibĂ©ration affirme que « les pouvoirs publics ont menti en France » et que « Le professeur Pellerin [en] a fait lâaveu », alors que le journal indique clairement le 2 mai 1986, que le professeur annonçait que « l'augmentation de radioactivitĂ© enregistrĂ©e sur l'ensemble du territoire Ă©tait sans aucun danger pour la santĂ© »[11].
Par la suite, le professeur Pellerin porte plainte pour diffamation contre diffĂ©rents mĂ©dias ou personnalitĂ©s qui ont affirmĂ© qu'il avait dĂ©clarĂ© que « le nuage de Tchernobyl s'est arrĂȘtĂ© Ă la frontiĂšre française ». N'ayant jamais prononcĂ© cette phrase[12], il gagne tous les procĂšs en premiĂšre instance, en appel et en cassation[13]. Seule une condamnation de la justice française pour « diffamation publique envers un fonctionnaire » de NoĂ«l MamĂšre pour des propos tenus en 1999 a Ă©tĂ© sanctionnĂ©e par la Cour europĂ©enne des droits de l'homme, celle-ci estimant qu'en 1999 « le SCPRI nâexistait plus et, ĂągĂ© de 76 ans, le fonctionnaire en question nâĂ©tait plus en activitĂ© »[14] - [15] - [16].
Controverses sur la contamination
Niveau négligeable des traces relevées
Pour apprĂ©cier le niveau rĂ©el de pollution nuclĂ©aire relevĂ© en France, il faut garder en tĂȘte que pour ce qui est de l'irradiation externe :
- Une contamination au sol de 1 MBq/m2 en césium 137 (un million de becquerels par mÚtre carré) entraßne un débit de dose de quelques dizaines de mSv par an (1,5 à 4 ”Sv/h)[17] pour une personne qui y serait exposée en permanence.
- Le seuil de rĂ©fĂ©rence Ă©dictĂ© par lâUnion EuropĂ©enne en dessous duquel une exposition Ă des rayonnements est en pratique nĂ©gligeable du point de vue de la protection contre les rayonnements et n'impose pas de dĂ©claration est de 1 ÎŒSv/h[18]. Attention le texte citĂ© prĂ©cĂ©demment parle de certains appareils, la limite d'exposition du public et des travailleurs non classĂ©s dans une entreprise en France est de 1 mSv/an corps entier[19] soit environ 80 ÎŒSv/mois, ce qui Ă©quivaut Ă 100 nSv/h si on compte 24h/24 (si l'Ă©tablissement en question ne fonctionne pas 24h/24 c'est Ă la Personne CompĂ©tente en Radioprotection d'adapter le calcul pour son plan de zonage si elle le souhaite). Cette limite dĂ©signe les rayonnements produits par cette entreprise dans une zone non rĂ©glementĂ©e (ne compte pas les soins mĂ©dicaux dans un hĂŽpital par exemple), et peut monter jusqu'Ă 20 mSv/an pour certains travailleurs. Elle ne reprĂ©sente pas non plus l'exposition totale que l'on peut subir, la moyenne française est d'ailleurs de 4,5 mSv/an dont 3 mSv causĂ©e par la radioactivitĂ© naturelle[20].
- Ce seuil (pour lequel une surveillance de radioprotection devient justifiĂ©e) est lui-mĂȘme trĂšs infĂ©rieur au dĂ©bit de dose Ă partir duquel un effet nocif sur la santĂ© peut ĂȘtre mis en Ă©vidence, qui est de cent Ă mille fois plus Ă©levĂ©. Un dĂ©bit de dose « non nĂ©gligeable » n'est donc pas dangereux pour autant.
Les traces de radioactivité relevées en France, qui se chiffrent en dizaine de milliers de Bq/m2, sont donc de l'ordre du centiÚme de ce qui est considéré comme un débit de dose en pratique négligeable. Ces traces relevées, tout en étant détectables, restent à un niveau faible, ne justifiant pas le qualificatif de « contamination ». Il faudrait des contaminations dix à cent mille fois plus importantes pour que commencent à se poser des problÚmes significatifs de santé publique.
Le becquerel mesure en effet la dĂ©sintĂ©gration d'un atome unique chaque seconde, une radioactivitĂ© mesurable peut ĂȘtre le fait de traces chimiques Ă peine dĂ©tectables par ailleurs. Ă titre de comparaison, la radioactivitĂ© naturelle d'un corps humain (due principalement au potassium 40 contenu dans les os) est de l'ordre de 8 000 becquerels pour une surface de peau de l'ordre de 2 m2.
Dose moyenne reçue par la population
La dose moyenne reçue Ă la suite du passage du « nuage » de Tchernobyl sur la France a pu ĂȘtre Ă©valuĂ©e par certaines sources Ă une moyenne d'environ 0,01 mSv (millisievert), « correspondant Ă un sĂ©jour de quelques semaines en montagne » (pour l'irradiation externe)[21], et par d'autres de 0,025 mSv Ă 0,4 mSv, selon la localisation gĂ©ographique. Cet Ă©cart est retenu par exemple par Georges Charpak[22] : « la dose moyenne reçue par les populations françaises estimĂ©e pour 1986 est comprise entre moins de 0,025 mSv dans l'Ouest et 0,4 mSv dans l'Est. » Dans tous les cas, ces doses se situent donc dans la gamme des faibles doses d'irradiation.
Douze ans aprĂšs le passage du nuage, des travaux rĂ©trospectifs gĂ©ographiquement plus prĂ©cis ont Ă©tĂ© mis en Ćuvre, avec par exemple le Projet CAROL pour la basse vallĂ©e du RhĂŽne[3], qui concluent Ă une trĂšs nette corrĂ©lation entre contamination surfacique au sols et pluviomĂ©trie au moment du passage du nuage : « NĂ©gligeables en Camargue, ces dĂ©pĂŽts humides ont dĂ©passĂ© couramment 15 000 Bqâąmâ2, et 25 000 Bqâąmâ2 dans les endroits les plus arrosĂ©s dĂ©but mai 1986, comme les environs de Vaison-la-Romaine. Ils sont venus sâajouter Ă la rĂ©manence des retombĂ©es anciennes des essais atmosphĂ©riques dâarmes nuclĂ©aires, de lâordre de 1 500 Ă 2 500 Bqâąmâ2. ». Cette Ă©tude a Ă©galement montrĂ© de trĂšs fortes hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©s entre les contaminations mesurĂ©es au sein dâune mĂȘme commune, et pose quelques hypothĂšses d'explication, Ă©valuant aussi les incertitudes pour ce type de cartographie[3].
Controverse sur les estimations initiales
Le rĂ©examen des donnĂ©es collectĂ©es montre que les premiĂšres communications, faites dans lâurgence, avaient sous-Ă©valuĂ© les retombĂ©es, parfois d'un facteur dix : « Cette relation pluie-dĂ©pĂŽt a permis dâaboutir Ă une carte des dĂ©pĂŽts thĂ©oriques de cĂ©sium 137 et d'iode 131 en 1986. Cette carte fait apparaĂźtre des dĂ©pĂŽts supĂ©rieurs, voire trĂšs supĂ©rieurs aux estimations faites Ă lâĂ©poque, notamment sur toutes les zones de lâEst de la France ayant reçu des prĂ©cipitations supĂ©rieures Ă 20 mm. Si lâon excepte le premier bilan Ă©tabli le 7 mai par le SCPRI, mentionnant des dĂ©pĂŽts extrĂȘmement faibles et infĂ©rieurs Ă 1 000 Bq/m2, la premiĂšre carte publiĂ©e par cet organisme dans son bulletin mensuel de juin 1986 (sorti quelques semaines plus tard) faisait Ă©tat de dĂ©pĂŽts moyens rĂ©gionaux de cĂ©sium 137 allant de 1 000 Ă 5 400 Bq/m2 dans lâEst de la France (SCPRI, 1986) alors quâils ont pu atteindre jusquâĂ 40 000 Bq/m2. »[4]
Le , la CRIIRAD publie un atlas qui, selon elle, révélerait de façon détaillée la contamination du territoire français par le nuage de Tchernobyl[23] - [24]. Par extrapolation des mesures relevées entre 1988 et 1992, les villes de Ghisonaccia, Clairvaux-les-Lacs ou Strasbourg y sont présentées comme ayant eu en mai 1986 des activités surfaciques de césium 137 supérieures à 30 000 becquerels/m2. Les ordres de grandeurs sont trÚs similaires à ceux publiés par l'IRSN en 2005 dans sa reconstitution des retombées de Tchernobyl[25]. En 1992, les mesures dans certaines villes mettaient en évidence un taux supérieur à 3 000 Bq/m2.
Le 25 fĂ©vrier 2002, la controverse, qui dure depuis des annĂ©es, conduit le gouvernement Jospin (lettre de mission de Bernard Kouchner et Yves Cochet) Ă demander au professeur AndrĂ© Aurengo de prĂ©sider un groupe de travail chargĂ© de « rĂ©aliser la cartographie de la contamination du territoire (âŠ) afin de reconstituer les doses et les risques correspondants pour la population française ». Le dĂ©lai fixĂ© par le gouvernement est de six mois, mais les associations antinuclĂ©aires refusent de participer au groupe de travail et, pour constituer ce dernier, AndrĂ© Aurengo doit faire appel Ă des experts Ă©trangers. Le , lâIRSN publie une nouvelle carte de la contamination de la France par le nuage de Tchernobyl, oĂč les valeurs atteignent 40 000 becquerels/m2. Le professeur Aurengo se dĂ©clare « consternĂ© que de tels rĂ©sultats, mĂ©thodologiquement aussi contestables et trĂšs probablement faux, aient pu ĂȘtre diffusĂ©s sans aucune validation scientifique »[26].
Les dĂ©saccords d'ordre scientifique se poursuivent entre lâInstitut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire et le prĂ©sident du groupe de travail quant aux modĂšles physiques utilisĂ©s (proportionnalitĂ© discutable entre prĂ©cipitations pluviales et contamination alimentaire, validitĂ© des mesures du cĂ©sium pour Ă©valuer la contamination en iode). Faute dâaccord, le Conseil scientifique de lâIRSN fait appel Ă une commission ad hoc constituĂ©e dâexperts Ă©trangers du domaine du nuclĂ©aire. Leur avis, rendu le , rend hommage au travail effectuĂ© par lâIRSN, mais conclut Ă lâimpossibilitĂ© de reconstituer fidĂšlement le passĂ© et juge inappropriĂ© dâestimer les doses Ă la thyroĂŻde sur la base dâestimation de dĂ©pĂŽts de cĂ©sium corrĂ©lĂ©s avec des donnĂ©es mĂ©tĂ©orologiques lorsque les pluies sont importantes. Faute dâun accord entre lâIRSN et le professeur Aurengo, ce dernier remet au gouvernement un rapport personnel, le 18 avril 2006. Il ne sera pas rendu public.
Les retombĂ©es en France ont fait lâobjet dâun rapport de l'IRSN[27].
Poursuites judiciaires
Dans l'instruction d'une plainte déposée en France en 2001 pour « empoisonnement et administration de substances nuisibles » par la CRIIRAD, l'AFMT et des personnes ayant contracté un cancer de la thyroïde, un rapport rédigé par Georges Charpak, Richard L. Garwin et Venance Journé, affirme que le SCPRI a fourni des cartes « inexactes dans plusieurs domaines » et « n'a pas restitué toutes les informations qui étaient à sa disposition aux autorités décisionnaires ou au public »[28]. Ce rapport reproche au SCPRI une communication fausse mais pas d'avoir mis en danger la population.
Ouverte en 2001, l'instruction judiciaire est menĂ©e par la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy. Devant la difficultĂ© d'Ă©tablir un lien de causalitĂ© entre les dissimulations des pouvoirs publics et les maladies de la thyroĂŻde, la juge Bertella-Geffroy requalifie pĂ©nalement la plainte d'« empoisonnement » en celle plus large de « tromperie aggravĂ©e ». Le , Pierre Pellerin est mis en examen pour « infraction au code de la consommation », « tromperie aggravĂ©e » et placĂ© sous statut de tĂ©moin assistĂ© concernant les dĂ©lits de « blessures involontaires et atteintes involontaires Ă l'intĂ©gritĂ© de la personne ». Pierre Pellerin aurait dĂ©sirĂ© ĂȘtre mis en examen, car il « Ă©tait dans lâignorance de la teneur exacte des griefs formulĂ©s Ă son encontre »[29].
Le procÚs se termine par un non-lieu le 7 septembre 2011[30]. Le , il est reconnu innocent des accusations de « tromperie et tromperie aggravée » par la Cour de cassation de Paris, qui explique notamment qu'il était « en l'état des connaissances scientifiques actuelles, impossible d'établir un lien de causalité certain entre les pathologies constatées et les retombées du panache radioactif de Tchernobyl »[31].
Controverses sur les conséquences sanitaires en France
Cancers de la thyroĂŻde
Dans la zone de Tchernobyl, beaucoup plus exposée que les régions françaises, il n'y a pas eu d'augmentation des cancers provoqués par la catastrophe chez les adultes, mais il y a eu une augmentation du nombre d'enfants atteints, estimée à 5 000 cas[32] - [33].
En France, l'Institut de veille sanitaire exclut une augmentation des cancers de la thyroïde à la suite des retombées de Tchernobyl[34]. Toutefois, une thÚse de médecine publiée quelques mois aprÚs ce rapport, en 2011, établit un lien entre la catastrophe et l'augmentation des cancers diagnostiqués : celle de la doctoresse Sophie Fauconnier, fille du docteur Denis Fauconnier[35]. Ce dernier, interrogé dans une émission diffusée sur France Culture en janvier 2015, explique que « c'est la politique qui contrÎle les données scientifiques »[36].
Effet des faibles doses de radiations
Les conséquences sanitaires des faibles doses de radiations sont controversées, et deux hypothÚses principales existent :
- selon les méthodes communément acceptées au niveau international, notamment par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)[37], le risque de cancer varie linéairement avec la dose, sans qu'il existe de seuil de disparition du risque ; c'est cette derniÚre que reprennent notamment un rapport de l'Académie des sciences de 1995[38], et un rapport de l'académie de science américaine. Si l'on retient cette hypothÚse, la catastrophe de Tchernobyl a entraßné un surcroßt de décÚs par cancers en France ;
- selon des rĂ©sultats de recherche prĂ©liminaires qui sont considĂ©rĂ©s avec intĂ©rĂȘt par la communautĂ© scientifique mais qui ne font pas consensus[37], les faibles doses de radiations n'auraient pas de consĂ©quences nĂ©fastes en matiĂšre de cancer, et le risque pourrait mĂȘme diminuer dans certains cas (phĂ©nomĂšne d'hormĂšse) ; c'est cette thĂšse que dĂ©fend le professeur AndrĂ© Aurengo[39], ainsi que l'AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine[40]. Si l'on retient cette hypothĂšse, la catastrophe de Tchernobyl n'a pas provoquĂ© d'augmentation du nombre de cancers en France.
En France, l'Académie des sciences et l'Académie de médecine adoptÚrent en 2005 les conclusions du groupe de travail du professeur Aurengo[41].
Nombre de cancers supplémentaires
Georges Charpak a Ă©valuĂ© le surcroĂźt de cancers Ă 100 dĂ©cĂšs sur un an, et environ 300 sur 30 ans, en partant de l'hypothĂšse d'une dose moyenne de 0,05 mSv une annĂ©e aprĂšs Tchernobyl, soit environ 10 000. Il juge que « la grande majoritĂ© des cancers ne sont pas causĂ©s par l'accident, y compris dans les zones les plus affectĂ©es, Ă la notable exception du cancer de la thyroĂŻde de l'ensemble des cancers mortels sur la mĂȘme pĂ©riode[42] ».
Le nombre de cancers de la thyroĂŻde a augmentĂ© en France rĂ©guliĂšrement d'environ 7 % en moyenne par an depuis 1975 (soit un quadruplement en 19 ans), sans inflexion particuliĂšre en 1986. Selon la sociĂ©tĂ© française d'Ă©nergie nuclĂ©aire cette augmentation est due Ă l'amĂ©lioration du dĂ©pistage ; ces cancers reprĂ©sentent sensiblement 1 % du total des cancers qui apparaissent en France et la mortalitĂ© correspondante a tendance Ă diminuer[6]. Dans la zone de Tchernobyl elle-mĂȘme, il a Ă©tĂ© constatĂ© une augmentation du nombre de cancers de la thyroĂŻde des adultes dans les mĂȘmes proportions, donc il n'y a pas eu de surmortalitĂ© dĂ©tectable des adultes. Dans les rĂ©gions françaises du Calvados, on assiste au mĂȘme quadruplement de ce nombre de cancers ; en rĂ©gion Champagne-Ardenne, il y a eu seulement un doublement de ce nombre rĂ©vĂ©lĂ© par une Ă©tude Ă©quivalente, alors que cette rĂ©gion a reçu plus de retombĂ©es que l'Ouest de la France.
Les cancers de la thyroïde sont trÚs majoritairement féminins et l'évolution de leur nombre suit l'évolution du nombre de cancers du sein. A priori deux phénomÚnes concomitants sont à prendre en compte :
- l'augmentation du nombre de cancers détectés par l'accroissement de la sensibilité des appareils à ultrasons : le seuil de détection des nodules est passé d'un diamÚtre de 10 mm à 2 mm.
- évolution dans les comportements féminins de prise d'hormones de substitutions pré- à post-ménopause.
L'iode radioactif est trÚs couramment utilisé comme radiopharmaceutique en scintigraphie ou en traitement d'hyperthyroïdies. Le service de médecine nucléaire d'un hÎpital consomme environ un curie d'iode 131 par an. Ces examens ne sont pas pratiqués sur les enfants de moins de quinze ans, qui seraient plus susceptibles de développer ce type de cancer. Il a été constaté une augmentation du taux de cancers secondaires de la thyroïde sur des personnes soumises à une radiothérapie de la thyroïde utilisant une forte dose d'iode 131.
Selon l'Ă©tude de l'INVS parue en 2006, les rĂ©sultats ne vont pas globalement dans le sens dâun Ă©ventuel effet de lâaccident de Tchernobyl sur les cancers de la thyroĂŻde en France. Toutefois, l'incidence observĂ©e des cancers de la thyroĂŻde en Corse est Ă©levĂ©e chez l'homme[43] - [44].
L'IRSN se refuse à fournir les estimations des quantités d'iode 131 qui se sont déposées dans l'environnement français à la suite de l'accident de Tchernobyl. Ces données, réclamées depuis 2009 par le directeur de recherche de l'INSERM de Villejuif, Florent de Valthaire, sont destinées à conduire une étude sur les cancers de la thyroïde [45].
Actions en justice des malades de la thyroĂŻde
Depuis mars 2001, 400 poursuites ont Ă©tĂ© engagĂ©es en France contre "X" par l'Association française des malades de la thyroĂŻde, dont 200 en avril 2006. Ces personnes sont affectĂ©es par des cancers de la thyroĂŻde ou goitres, et ont accusĂ© le gouvernement français, Ă cette Ă©poque dirigĂ© par le premier ministre Jacques Chirac, de ne pas avoir informĂ© correctement la population des risques liĂ©s aux retombĂ©es radioactives de la catastrophe de Tchernobyl. L'accusation met en relation les mesures de protection de la santĂ© publique dans les pays voisins (avertissement contre la consommation de lĂ©gumes verts ou de lait par les enfants et les femmes enceintes) avec la contamination relativement importante subie par l'Est de la France et la Corse. Plusieurs Ă©tudes europĂ©ennes (dont l'Ă©tude de 2006 de l'IRSN) ont Ă©tudiĂ© une possible corrĂ©lation entre la catastrophe de Tchernobyl et l'augmentation du nombre de cancers de la thyroĂŻde en Europe sans pouvoir Ă©tablir un lien de cause Ă effet. Les causes de mortalitĂ© n'Ă©tant plus les mĂȘmes, la proportion de mort par cancer augmente[46], cela est antĂ©rieur Ă la catastrophe et s'observe Ă©galement dans les zones non contaminĂ©es[47].De nouvelles plaintes sont nĂ©anmoins dĂ©posĂ©es par des malades et il reste Ă la justice Ă se prononcer sur ce phĂ©nomĂšne[48].
Dans une lettre publiĂ©e Ă leur frais dans LibĂ©ration le 19 novembre 2005, 52 mĂ©decins spĂ©cialistes, dont Maurice Tubiana et LĂ©on Schwartzenberg, montrent que « ces malades français sont les otages dâun lobby anti-nuclĂ©aire et juridicomĂ©dical » : alors que seuls des enfants ont Ă©tĂ© atteints en Ukraine, la plupart des plaignants français Ă©taient adultes en 1986. Les signataires soulignaient que[49] :
- lâincidence des cancers de la thyroĂŻde est multipliĂ©e par 3 depuis 1975 mais sans accĂ©lĂ©ration aprĂšs 1986 ;
- le nuage a bien traversĂ© lâEst de la France, le Midi et la Corse et les autoritĂ©s lâont annoncĂ© dĂšs le ;
- le vent avait dispersĂ© les particules radioactives et elles avaient dĂ©cru pendant les 2 000 km du trajet dâun facteur de 50 000 ;
- la quantitĂ© de radioactivitĂ© respirĂ©e par la population et dĂ©posĂ©e sur les sols Ă©tait infĂ©rieure au seuil dâalerte de lâĂ©poque.
Selon la sociĂ©tĂ© française d'Ă©nergie nuclĂ©aire « Les registres des cancers ont rĂ©vĂ©lĂ© une augmentation prĂ©fĂ©rentielle de cas Ă lâOuest de la France, rĂ©gion la moins exposĂ©e aux retombĂ©es du nuage radioactif. » « Lâaugmentation mondiale des dĂ©couvertes de cancers de la thyroĂŻde rĂ©sulte surtout des progrĂšs de la mĂ©decine et du dĂ©pistage. » « Câest un besoin naturel des individus de trouver une explication simple et de bon sens, idĂ©alement extĂ©rieure, aux maux qui les accablent. En matiĂšre de maladie thyroĂŻdienne, Tchernobyl fournit le parfait alibi[6]. »
Risques liés à l'alimentation
Les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le lait préconisent une activité annuelle inférieure à 100 000 becquerels d'iode radioactif, soit une activité moyenne inférieure à 600 becquerels par litre de lait.
Le , un courrier de l'OMS indique que « des restrictions quant Ă la consommation immĂ©diate [du] lait peuvent donc demeurer justifiĂ©es. » Une note du 16 mai Ă©manant du ministĂšre de l'IntĂ©rieur, Ă l'Ă©poque dirigĂ© par Charles Pasqua dĂ©clare « Nous avons des chiffres qui ne peuvent pas ĂȘtre diffusĂ©s. (âŠ) Accord entre SCPRI et IPSN pour ne pas sortir de chiffres[50]. »
Le 16 mai, une rĂ©union de crise se tient au ministĂšre de l'IntĂ©rieur : du lait de brebis en Corse prĂ©sente une contamination par l'iode 131 anormalement Ă©levĂ©e, d'une activitĂ© de plus de 10 000 becquerels par litre ; les relevĂ©s du SCPRI de 1986 relĂšvent 6 000 becquerels par litre de lait en certains endroits du territoire, notamment en Corse et dans l'Est de la France. Dans la mesure oĂč la catastrophe qui produisait la pollution Ă l'iode radioactif Ă©tait un Ă©vĂ©nement ponctuel, et que l'iode 131 a une demi-vie courte (l'activitĂ© au bout de deux mois est difficilement dĂ©tectable), il a Ă©tĂ© jugĂ© que le bilan de l'activitĂ© radioactive sur une annĂ©e ne serait pas affectĂ© sensiblement, et les autoritĂ©s n'ont pas pris de mesure particuliĂšres.
Selon la sociĂ©tĂ© française d'Ă©nergie nuclĂ©aire des Ă©tudes montrent que pour le cas extrĂȘme d'un chasseur consommant 40 kg de sangliers « contaminĂ©s » par an, « sa dose efficace engagĂ©e serait alors voisine de 1 millisievert pour lâannĂ©e 1997, câest-Ă -dire nettement infĂ©rieure Ă la dose rĂ©sultant de la seule radioactivitĂ© naturelle et de lâordre de la limite de dose rĂ©glementaire Ă©tablie pour le public (1 mSv/an) â elle-mĂȘme bien en deçà des niveaux prĂ©sentant un risque avĂ©rĂ©[6]. »
Controverses sur la position des autorités
DĂšs l'Ă©poque de la catastrophe de Tchernobyl, des Ă©cologistes et des scientifiques ont dĂ©noncĂ© le contraste entre les dĂ©clarations des autoritĂ©s françaises et les mesures d'urgences prises dans les autres pays voisins â en Allemagne par exemple, oĂč la consommation des produits frais a Ă©tĂ© interdite.
Le livre Contaminations radioactives : atlas France et Europe (éditions Yves Michel, 2002), publié par la CRIIRAD, affirme mettre en évidence les « carences et les mensonges des services officiels français ».
Selon un article de Fabrice Nodé-Langlois dans Le Figaro du , citant un reportage d'Envoyé spécial, il serait aujourd'hui « bien établi que le SCPRI a menti par omission, et n'a pas rendu publiques toutes les mesures de radioactivité dont il disposait ».
En mars 2005, deux « experts indépendants », Paul Genty et Gilbert Mouthon, ont remis un rapport à la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy. Ce rapport s'inscrit dans l'instruction judiciaire entamée en mars 2001 par le dépÎt de plainte contre X pour « défaut de protection des populations contre les retombées radioactives de l'accident » par l'Association française des malades de la thyroïde et la CRIIRAD. Ils affirment qu'ils ont constaté que sur la base de documents saisis lors de perquisitions dans des ministÚres et organismes impliqués dans la prévention du risque nucléaire, les mesures de radioactivité effectuées à l'époque par les autorités françaises, EDF, la Cogema ou la gendarmerie étaient beaucoup plus élevées que celles communiquées à la presse et à l'opinion publique[51].
Sur la base du rapport Genty-Mouthon, la CRIIRAD a demandé la mise en examen du professeur Pierre Pellerin pour « mise en danger délibérée et diffusion de fausses nouvelles de nature à tromper les concitoyens sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl », et l'audition de Pierre Galle, Raymond Paulin et Jean Coursaget sur « les éléments erronés » contenus dans leur Mise au point historique sur Tchernobyl (article publié par l'Académie des sciences). Cet article concluait qu'« en France, les retombées ont été trÚs inférieures à celles qui auraient pu justifier des contre-mesures (sanitaires) préventives ». Le secrétaire perpétuel de l'Académie a rappelé que cet article n'exprime pas la position officielle de l'Académie mais n'est qu'un élément du débat[52].
Le professeur Pellerin est par la suite innocenté des accusations proférées à son encontre par une décision de la cour de cassation en date du 20 novembre 2012. Cette derniÚre juge que « en l'état des connaissances scientifiques actuelles, impossible d'établir un lien de causalité certain entre les pathologies constatées et les retombées du panache radioactif de Tchernobyl »[53].
Nicolas Sarkozy, ultérieurement président de la République française de 2007 à 2012, a été chargé de mission de 1987 à mai 1988 pour la lutte contre les risques chimiques et radiologiques au sein du ministÚre de l'Intérieur[54], une fonction qui donne lieu à polémiques, en 2007, en raison de sa possible implication dans la gestion des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl[55].
Le cas particulier de la Corse
Le cas de la Corse semble néanmoins justifier une étude plus attentive.
En raison de fortes pluies concomitantes au passage du « nuage de Tchernobyl » au-dessus de l'est de la Corse, une partie de cette région semble avoir été la plus touchée de France par les retombées aériennes du nuage[56]. D'autre part, les populations vivant en zone de montagne semblent avoir une alimentation déficitaire en iode, ce qui est un facteur de risque supplémentaire pour la thyroïde.
Deux mesures d'activité du sol pour le 137Cs ont été faites par les autorités en 1986 dans les zones les plus touchées par les pluies. La premiÚre a été faite sur un échantillon de sol de la région d'Aléria montrait des dépÎts de 14 500 Bq/m2, l'autre de 19 250 Bq/m2 sur une terrasse alluviale de la vallée du Tavignano, au lieu-dit de « Tobia » prÚs de Corte[57]. De son cÎté, la CRIIRAD a mesuré 31 400 Bq/m2 sur un sol de Ghisonaccia[58]. Comme il y a eu des orages importants ces jours-là , des précipitations intenses ont aussi pu avoir lieu sur des zones non équipées de pluviomÚtres[58]. En 2002, sur la base de mesures de radioactivité de plus d'une centaine d'échantillons, l'IRSN publie un tableau de mesure pour différents sites en Corse, montrant que l'activité surfacique totale était localement importante, atteignant par exemple 89 500 Bq/m2 au col de Larone)[58].
Des indices laissaient penser que pour des personnes qui ont vĂ©cu ou vivent encore dans les zones de Corse touchĂ©es par les pluies du « nuage de Tchernobyl », existait une augmentation du nombre de plusieurs pathologies de la thyroĂŻde, cancer notamment. Mais le lien avec lâaccident de Tchernobyl a Ă©tĂ© contestĂ©[59] - [60]. Personne ne nie que dans le monde le nombre de pathologies de la thyroĂŻde a effectivement augmentĂ© (doublement en Europe[61]) et il y a bien une augmentation significative du risque de cancer de la thyroĂŻde signalĂ©e et scientifiquement reconnue dans plusieurs pays[62] - [63] - [64]. Cependant, cette augmentation d'une part a commencĂ© avant l'accident de Tchernobyl, et d'autre part n'est pas centrĂ©e sur les zones oĂč il a plu lors du passage du nuage ; une grande partie du monde non concernĂ©e par les pluies lors du passage du nuage est Ă©galement touchĂ©e par l'augmentation des thyroĂŻdites.
NĂ©anmoins, quelques anomalies Ă©taient observĂ©es dans le cas de la Corse pouvant ĂȘtre attribuĂ©es au passage du nuage[65] - [66]. Deux mĂ©decins-experts avaient Ă©tĂ© nommĂ©s par la Justice Ă la suite des inquiĂ©tudes de la « Commission sur les retombĂ©es de Tchernobyl en Corse », mais sans avoir pu produire des rĂ©sultats statistiquement significatifs[67]. Pour sortir du doute, les membres de l'assemblĂ©e de Corse ont dĂ©cidĂ© de « faire rĂ©aliser par une structure indĂ©pendante (âŠ) une enquĂȘte Ă©pidĂ©miologique sur les retombĂ©es en Corse de la catastrophe de Tchernobyl »[56]. Cette nouvelle Ă©tude[56] a Ă©tĂ© conduite par une Ă©quipe d'Ă©pidĂ©miologistes et statisticiens de l'unitĂ© mĂ©dicale universitaire de GĂȘnes. Elle est basĂ©e sur lâanalyse dâenviron 14 000 dossiers mĂ©dicaux.
Les auteurs concluent en 2013 Ă un risque effectivement plus Ă©levĂ© chez les hommes des pathologies thyroĂŻdiennes dues Ă l'exposition au nuage. L'augmentation chez eux des cancers de la thyroĂŻde due au facteur Tchernobyl serait de 28,29 %, celle des thyroĂŻdites de +78,28 %, et celle de l'hyperthyroĂŻdisme de 103,21 %. Concernant les femmes, la faiblesse des Ă©chantillons statistiques ne permet pas de conclure pour les pathologies hors thyroĂŻdites ; pour ces derniĂšres, l'augmentation due Ă Tchernobyl est chiffrĂ©e Ă 55,33 %[56]. Concernant les enfants corses exposĂ©s au nuage, l'Ă©tude conclut Ă une augmentation des thyroĂŻdites et adĂ©nomes bĂ©nins, et Ă une augmentation statistiquement non significative des leucĂ©mies aiguĂ«s et des cas dâhypothyroĂŻdisme[68].
Cette étude, non publiée dans une revue à comité de lecture, a fait l'objet de critiques de la part d'une association, qui met en avant des faiblesses méthodologiques (erreur dans un calcul, absence de mention de l'intervalle de confiance sur certaines données)[69].
Alors que les responsables de l'Ă©tude mettent en avant la mĂ©thodologie utilisĂ©e pour Ă©liminer les facteurs de confusion possibles, dont l'augmentation gĂ©nĂ©rale des cas de cancers de la thyroĂŻde[70], la ministre de la SantĂ©, Marisol Touraine rappelle ce facteur de confusion possible, et rejette ces rĂ©sultats car « l'Ă©tude italienne ne permet pas aujourd'hui selon ses donnĂ©es mĂ©thodologiques d'Ă©tablir un lien de cause Ă effet plus direct entre le nuage de Tchernobyl et le dĂ©veloppement de ces cancers »[71]. L'IRSN juge dans un avis[72] que « les interprĂ©tations des auteurs en termes de ârisques attribuables au nuage de Tchernobylâ vont bien au-delĂ de ce que devraient permettre les analyses rĂ©alisĂ©es ».
La commission nommĂ©e par la collectivitĂ© territoriale de Corse, qui a commandĂ© cette Ă©tude, et sa prĂ©sidente Josette Risterucci estiment que lâaugmentation du risque est maintenant incontestable. Ă l'occasion du rendu de l'Ă©tude, elle a dĂ©plorĂ© « le manque de rĂ©activitĂ© des autoritĂ©s compĂ©tentes » lors du passage du nuage[67], de mĂȘme que â selon elle â les carences des enquĂȘtes effectuĂ©es par les organismes officiels qui ont abouti à « une situation dĂ©lĂ©tĂšre de confusion et polĂ©miques ». Elle souhaite une « reconnaissance officielle du prĂ©judice »[67]. Dans un reportage diffusĂ© sur France Culture en octobre 2013, un mĂ©decin corse admet s'ĂȘtre tu pendant 27 ans sur l'augmentation des pathologies de la thyroĂŻde pour "protĂ©ger sa carriĂšre"[73].
Notes et références
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Voir aussi
Bibliographie
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Articles connexes
Liens externes
- Vidéo de l'évolution du nuage radioactif (césium 137) au-dessus de l'Europe du 26 avril au 9 mai 1986
- [PDF] Tchernobyl 20 ans aprÚs : Nouveau regard sur Tchernobyl. L'impact sur la santé et l'environnement, Société française d'énergie nucléaire (SFEN)
- 1986-2016 : Tchernobyl, 30 ans aprÚs. Impacts de l'accident de Tchernobyl en France et en Europe, par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)
- Archive Ina, A2 30/04/1986 Duplex Claude SĂ©rillon & commentaires de Brigitte Simonetta