Conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl
Les conséquences sanitaires de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, qui eut lieu le 26 avril 1986, à la fois sur la santé des populations et l'intégrité de l'environnement, sont par ordre d'importance et chronologique d'abord dues aux gaz radioactifs (krypton et xénon) et au flux de neutrons qui se sont échappés du réacteur (du 26 avril jusqu'à l'effondrement du réacteur le 6 mai), à l'iode, puis au césium 137,et à d'autres radionucléides comme le strontium 90 et des isotopes de plutonium qui ont été émis par le réacteur no 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Les modÚles utilisés pour étudier la catastrophe sont en partie ceux des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, mais se basent surtout sur des quantités importantes de données accumulées lors des premiers scanners ou radiographies (avant cette période on irradiait beaucoup plus surtout les médecins). Ces modÚles sont essentiellement ceux d'irradiation externe. Leurs extrapolations à une irradiation interne, chronique, due à l'ingestion d'aliments contaminés par des radionucléides (essentiellement par le césium) fait débat, les scientifiques continuent de s'interroger sans résultats définitifs jusqu'à présent. Dans le cas du cancer de la thyroïde l'exposition est rapide et intense (en moyenne 500 mSv chez les enfants évacués de la zone), la radioactivité durant quelques semaines. L'évaluation du nombre de décÚs survenus et à venir imputables à la catastrophe est encore l'objet de controverses opposant l'OMS ainsi que l'AIEA à Greenpeace et d'autres ONG ou chercheurs indépendants, les chiffres avancés variant de quelques dizaines de morts à quelques centaines de milliers. En France, une controverse est née sur les retombées du nuage de Tchernobyl. Voir à ce sujet l'article Conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en France.
Les conséquences politiques, économiques et sociales sont quant à elles détaillées dans l'article catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
ConsĂ©quences sur lâenvironnement
Distinction de différentes zones géographiques
- Zone fermée/confisquée (supérieure à 40 Ci/km2 de césium 137)
- Zone de contrÎle permanent (15 à 40 Ci/km2 de césium 137)
- Zone de contrÎle périodique (5 à 15 Ci/km2 de césium 137)
- Zone innommée (1 à 15 Ci/km2 de césium 137)
La radioactivitĂ© libĂ©rĂ©e par lâexplosion a contaminĂ© une superficie dâenviron 160 000 km2 au Nord de Kiev et aussi au Sud de la BiĂ©lorussie. Des zones d'exclusion du fait d'un environnement trĂšs contaminĂ© ont Ă©tĂ© dĂ©finies en Ukraine (environ 2 600 km2) et en BiĂ©lorussie (environ 2 400 km2) : elles restent d'actualitĂ©[1].
Ă proximitĂ© de la centrale, une zone d'exclusion nuclĂ©aire, nommĂ©e zone d'exclusion de Tchernobyl (officiellement : Zone d'aliĂ©nation de la centrale nuclĂ©aire de Tchernobyl), a Ă©tĂ© dĂ©finie Ă la suite de l'accident pour les Ă©vacuations d'habitants et l'interdiction au public â bien que des visites guidĂ©es rĂ©glementĂ©es et contrĂŽlĂ©es aient lieu dans cette zone depuis environ la fin des annĂ©es 2000[2]. En 2019, plusieurs milliers de personnes travaillent Ă©galement dans cette zone, notamment pour des travaux ou de l'entretien ; elles sont soumises Ă un rĂ©gime d'emploi particulier et des sĂ©jours sur site limitĂ©s Ă des pĂ©riodes maximales de 3 semaines[2].
Zones d'exclusion
Une large zone autour de la centrale est fortement contaminĂ©e et la plupart des espĂšces vivantes ont Ă©tĂ© atteintes. AprĂšs la catastrophe, des malformations gĂ©nĂ©tiques et des troubles de la reproduction ont Ă©tĂ© observĂ©s chez certaines espĂšces animales, dans la zone d'exclusion[3]. Les sols sont polluĂ©s et cette zone d'exclusion, dĂ©finie aprĂšs l'accident, est aussi une zone oĂč sont interdites l'agriculture et la sylviculture[3].
La radioactivitĂ© a notamment provoquĂ© la mort des arbres de la forĂȘt proche de la centrale â sur une surface d'une dizaine de kilomĂštres carrĂ©s, sur un site ayant reçu une forte dose de radiations â, principalement formĂ©e de pins sylvestres dont les aiguilles sĂšches sont devenues rousses, qui est depuis nommĂ©e la ForĂȘt rousse[4]. Dans un article de mai 2019, Ămeline FĂ©rard, journaliste au magazine français GĂ©o, indique que « cette forĂȘt est considĂ©rĂ©e comme l'un des sites naturels les plus contaminĂ©s sur Terre et il est dĂ©conseillĂ© de s'y aventurer trop longtemps »[4]. Certaines espĂšces s'adaptent mieux que d'autres, les arbres rĂ©sineux ont beaucoup de mal Ă supporter les radiations, alors que les bouleaux ont colonisĂ© la ForĂȘt rousse.
La faune et la flore ont depuis repris leurs droits et, en 1995, une nouvelle biodiversité est présente[3]. La reprise connaßt toutefois des disparités selon les espÚces[5] ; on peut notamment observer la présence d'espÚces rares comme le lynx, l'ours et le cheval de Przewalski (introduit depuis une autre réserve en 1998). De plus, les zones ayant reçues les plus fortes retombées d'iode et de césium radioactifs sont marquées par une moindre variété et un plus faible nombre d'insectes et d'oiseaux que des zones comparables moins ou pas impactées[6].
Sur le vaste espace des zones d'exclusion situĂ©es en Ukraine et en BiĂ©lorussie, la forĂȘt a gagnĂ© du terrain et recouvert une grande partie des terres autrefois cultivĂ©es par l'homme mais Ă©vacuĂ©es et interdites de culture depuis 1986 : toutefois, cette forĂȘt compte de plus en plus de vĂ©gĂ©taux morts, qui s'accumulent ; le risque de propagation de feux de forĂȘt augmente alors[1] - [7]. Des incendies ont eu lieu dans la zone proche de l'ancienne centrale, notamment en 2020 ; certains radionuclĂ©ides issus des zones polluĂ©es ont Ă©tĂ© relarguĂ©s dans l'atmosphĂšre[1].
Nombre de recherches scientifiques ont été menées en 35 ans concernant des espÚces sauvages et les effets de la contamination radioactive sur la faune et la flore dans les zones concernées[8].
Continent européen
Sur une surface d'environ 200 000 km2 principalement en Ukraine, BiĂ©lorussie et Russie, les retombĂ©es radioactives ont Ă©tĂ© la source d'une forte contamination pour les pĂąturages et les plantes cultivĂ©es[3]. Certaines rĂ©gions d'Europe situĂ©es autour de Tchernobyl, comptant aussi des zones situĂ©es dans les pays scandinaves et en Allemagne, ont vu leurs eaux de surface ĂȘtre elles aussi fortement polluĂ©es et pour de longues durĂ©es, de mĂȘme que les poissons de certains lacs[3].
Dans les semaines qui ont suivi la catastrophe, plusieurs pays d'Europe centrale (notamment la Pologne, l'Allemagne) et la SuÚde ont interdit la consommation de légumes verts et de lait frais[3]. Dans les zones arctiques, la toundra a également reçu des retombées radioactives, et des rennes en ayant consommé les plantes ont été à leur tour fortement contaminés, au point que plusieurs milliers d'entre eux ont été abattus afin que leur viande ne soit pas consommée par l'homme[3].
Conséquences sanitaires
Estimations des conséquences humaines
« 20 ans aprĂšs, un rapport dâinstitutions des Nations Unies donne des rĂ©ponses dĂ©finitives et propose des moyens de reconstruire des vies »[9] : ce communiquĂ© conjoint de OMS / AIEA / PNUD annonce, en septembre 2005, la publication du rapport Chernobylâs Legacy: Health, Environmental and Socio-Economic Impacts[10] du Forum Chernobyl. Ce forum est composĂ© de huit institutions spĂ©cialisĂ©es du systĂšme des Nations unies : l'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique (AIEA), l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS), le Programme des Nations unies pour le dĂ©veloppement (PNUD), lâOrganisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme des Nations unies pour lâenvironnement (PNUE), le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le ComitĂ© scientifique des Nations unies pour l'Ă©tude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) et la Banque mondiale, ainsi que des gouvernements du BĂ©larus, de la Russie et de l'Ukraine. L'OMS a produit un rapport abrĂ©gĂ©[11] d'aprĂšs ce rapport de 600 pages, regroupant les travaux de centaines de scientifiques, d'Ă©conomistes et de spĂ©cialistes de la santĂ©.
Principales conclusions du rapport[9] :
- « Environ un millier de membres du personnel du rĂ©acteur ... et de membres des Ă©quipes dâintervention ont Ă©tĂ© fortement exposĂ©s Ă des doses de rayonnements trĂšs Ă©levĂ©es le premier jour de l'accident ; sur les plus de 200 000 de travailleurs affectĂ©s Ă ces Ă©quipes ou chargĂ©s dâassurer le retour Ă la normale en 1986 et 1987, 2 200, selon les estimations, pourraient dĂ©cĂ©der des suites dâune radio-exposition »[9].
On compte environ 50 morts parmi les liquidateurs, les pompiers de Pripiat et les opérateurs de centrale des suites d'irradiation massive. La plupart d'entre eux sont morts quelques mois aprÚs l'événement.
- « Quelque 4 000 cas de cancer de la thyroïde, essentiellement chez des enfants et des adolescents au moment de l'accident, sont imputables à la contamination résultant de l'accident, et au moins neuf enfants en sont morts ; toutefois, à en juger par l'expérience du Bélarus, le taux de survie parmi les patients atteints de ce type de cancer atteint presque 99 % »[9].
Le pronostic des cancers de la thyroĂŻde est plutĂŽt bon car il se soigne relativement mieux que d'autres cancers. Des dĂ©cĂšs par cancer Ă la suite des expositions des populations aux faibles doses, dĂ©cĂšs non mesurables statistiquement, auraient un maximum thĂ©orique de 9000 morts, dans le cas d'une Ă©chelle linĂ©aire sans seuil. Les Ă©chelles âlinĂ©aires avec seuilâ ou avec effet d'hormĂšse, donnent un maximum thĂ©orique encore beaucoup plus faible[12].
- « La pauvretĂ©, les maladies liĂ©es au âmode de vieâ qui se gĂ©nĂ©ralisent dans l'ex-Union soviĂ©tique, et les troubles mentaux constituent, pour les populations locales, une menace beaucoup plus grave que l'exposition aux rayonnements. »[9]
Autres études prévoyant relativement peu de conséquences sanitaires :
- une Ă©tude[13] du dĂ©partement d'Ă©pidĂ©miologie et de biostatistique de l'Institut national de santĂ© pour le dĂ©veloppement de Tallinn publiĂ© en 2013 sur les liquidateurs venant de pays baltes ne parvient pas Ă montrer un risque accru de cancer radio-induit, les auteurs notent cependant un Ă©ventuel risque accru de cancer de la thyroĂŻde. Cette Ă©tude confirme les rĂ©sultats prĂ©cĂ©dents[14] sur cette mĂȘme cohorte, elle met aussi en Ă©vidence un plus grand nombre de cancers liĂ©s Ă l'alcoolisme ;
- une méta analyse de 2013[15] souligne des difficultés à interpréter la bibliographie à cause du manque de données et des biais statistiques. Les auteurs évoquent la possibilité d'un surplus de cancer du sein chez les femmes exposées ;
- en 2007, une étude[16] montre l'absence de surplus de leucémie, sauf chez les liquidateurs russes ;
- les liquidateurs présentent un risque de suicide[17] plus important que la population générale.
Ătudes de controverse prĂ©voyant de fortes consĂ©quences sanitaires, sans toutefois ĂȘtre publiĂ©es scientifiquement :
- une étude de physiciens et biologistes, travaillant en Ukraine, Biélorussie et Russie, Alexey Yablokov, Vassili Nesterenko et Alexey Nesterenko : « Chernobyl : Consequences of the catastrophe for people and the environment », a été publiée en profitant de la publication sans revue par les pairs par les Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 1181. Elle évalue les conséquences de Tchernobyl à plusieurs centaines de milliers de morts parmi l'ensemble de la population mondiale[18] - [19] ;
- selon Kate Brown, auteur de Manual for Survival : A Chernobyl Guide to the Future et qui s'est plongĂ©e dans les archives mĂ©dicales d'Ukraine, de BiĂ©lorussie et de Russie, ainsi que celles de l'ONU, les consĂ©quences rĂ©elles du dĂ©sastre sont largement mĂ©connues et sous-estimĂ©es, par les autoritĂ©s russes et internationales, afin de minimiser l'impact des essais nuclĂ©aires[20]. Au cours d'un entretien Ă LibĂ©ration, elle prĂ©cise n'avoir pas compilĂ© elle-mĂȘme de chiffres, mais elle avance que « en Ukraine, 35 000 personnes ont reçu une aide car leur conjoint Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ© Ă cause de la radioactivitĂ© de Tchernobyl. Cela ne compte donc que les personnes qui Ă©taient mariĂ©es. Certains scientifiques ukrainiens estiment plutĂŽt Ă 150 000 les morts causĂ©es par lâaccident ces 30 derniĂšres annĂ©es. Je nâai pas pu trouver de chiffre pour la BiĂ©lorussie ou la Russie car les autoritĂ©s nâont jamais acceptĂ© les comptages, mais leur territoire a reçu bien plus de radioactivitĂ© que lâUkraine, qui Ă©tait lâendroit le plus "propre", avec seulement 20 % des retombĂ©es radioactives. »[20] ;
- Adam Higginbotham (en) âMidnight in Chernobyl (en) : The Untold Story of the World's Greatest Nuclear Disasterâ. Ădition Simon and Schuster, 561 pages, 2019 arrive aux conclusions similaires.
Gestion des sites
Depuis 2013, le programme de surveillance a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©.
Entre 2011 et 2019, 25 Ă 33 annĂ©es aprĂšs la catastrophe, des cĂ©rĂ©ales â blĂ©, seigle, avoine et orge â cultivĂ©es Ă l'extĂ©rieur de la zone de sĂ©curitĂ© (48 kilomĂštres) ont des niveaux de contaminations dĂ©passant les seuils, notamment pour le strontium 90 et le cĂ©sium 137 selon Greenpeace.
De mĂȘme le bois ne rĂ©pond pas aux normes du bois de chauffage et dĂ©passe les seuils rĂ©glementaires de strontium 90.
Conséquences sanitaires modélisées, limites et polémiques
L'Ă©valuation des consĂ©quences sanitaires de la catastrophe fait l'objet d'une controverse oĂč s'opposent des enjeux politiques, idĂ©ologiques et scientifiques. Si la mortalitĂ© directe et les cancers de la thyroĂŻde chez les enfants les plus exposĂ©s ne font pas dĂ©bat, les autres chiffres avancĂ©s proviennent tous de modĂšles mathĂ©matiques et nourrissent des polĂ©miques incessantes. On estime Ă environ 6 millions le nombre de personnes ayant reçu des faibles doses radioactives en Ukraine, en BiĂ©lorussie et en Russie[21].
Ces modÚles mathématiques employés sont issus de projections faites à partir des données sur des individus irradiés à haute et moyenne dose lors des bombardements atomiques au Japon ou d'accidents dans l'industrie nucléaire civile et militaire. Le risque est extrapolé selon les principes de l'effet linéaire sans seuil et de la dose collective, ces deux concepts sont utilisés en radioprotection des travailleurs exposés mais leur usage en épidémiologie est trÚs critiqué quand il s'agit d'évaluer de trÚs faible doses sur de trÚs longues durées à l'échelle d'une population, ce qui est le cas en dehors de la zone interdite de Tchernobyl[22].
L'épidémiologie permet de dégager des certitudes scientifiques face aux conséquences sanitaires d'une exposition à un agent chimique ou biologique à l'échelle d'une population, pour autant dans le cas de la catastrophe de Tchernobyl elle n'est pas d'un grand secours. Il n'existe en effet pas de données épidémiologiques suffisamment précises permettant d'apporter des réponses solides. Cette absence de précision est le résultat de plusieurs facteurs :
- l'effondrement des structures sanitaires et économiques aprÚs la chute de l'URSS a fortement affecté le suivi sanitaire de ces populations, entraßnant une perte d'espérance de vie et une chute de la fécondité[23]. Il est donc difficile d'obtenir des données sur ces populations les plus exposées et surtout d'interpréter les données au vu des bouleversements économiques et sociaux qui ont suivi ;
- la dispersion des liquidateurs et des évacués dans toute l'ex-URSS, les difficultés à évaluer le nombre réel de liquidateurs rendent nécessaire un suivi individuel de chaque personne exposée, ce qui est trÚs coûteux et n'est pas assuré ;
- la dilution des effets des radiations dans l'incidence « normale » des pathologies pouvant ĂȘtre favorisĂ©es par les radiations rend toute comparaison trĂšs dĂ©licate. Or les statistiques en Ă©pidĂ©miologie nĂ©cessitent des chiffres prĂ©cis et des effets relativement Ă©levĂ©s pour observer une diffĂ©rence mathĂ©matiquement significative. C'est par exemple le cas de cette Ă©tude[24] qui ne parvient Ă faire le lien entre la tabagisme passif et le cancer du sein que pour des expositions Ă©levĂ©es ;
- l'effet « moisson » : le dépistage systématique du cancer ou d'autres pathologies entraßne souvent une augmentation des cas connus sans que l'état sanitaire de la population soit réellement en détérioration. Cet effet explique par exemple la remise en cause du dépistage du cancer de la prostate[25]. Les faux positifs et les tumeurs qui n'auraient jamais évolué viennent alors gonfler les chiffres si on les compare à des populations qui ne font pas l'objet d'un dépistage aussi pointu[26].
Du fait de l'absence de donnĂ©es extrĂȘmement prĂ©cises, il est peu probable que ce dĂ©bat puisse ĂȘtre tranchĂ© un jour. L'incidence du cancer est forte chez l'humain (20 % Ă 25 % des humains habitant l'OCDE auront un cancer au cours de leur vie[27]) et varie en permanence en fonction des trĂšs nombreux facteurs (alimentation, alcool, tabac, activitĂ© physique, pollution, gĂ©nĂ©tique de la population, etc.) qui Ă©voluent eux-mĂȘmes rapidement. MĂȘme les estimations les plus alarmistes citĂ©es (plusieurs centaines de milliers de cas sur 80 ans) seraient extrĂȘmement difficile Ă isoler au niveau statistique car rien qu'en Europe 3,2 million de cancers sont diagnostiquĂ©s chaque annĂ©e[28]. Il est donc possible d'avancer des chiffres trĂšs diffĂ©rents tout en revendiquant Ă raison leur assise thĂ©orique : tant qu'ils restent dans la zone de flou statistique, dont l'Ă©chelle est de l'ordre de plusieurs centaines de milliers de cas par an, ils ne peuvent ĂȘtre dĂ©finitivement contredit ou confirmĂ©s. Ce type de raisonnement peut mĂȘme ĂȘtre renversĂ©: il est possible d'attribuer Ă la catastrophe une baisse de l'incidence du cancer par effet d'hormĂšse : il suffirait d'utiliser un modĂšle mathĂ©matique prenant en compte cet effet dĂ©jĂ observĂ© dans de nombreux travaux sur les modĂšles animaux[29]. Dans ce cas on pourrait dĂ©clarer que la catastrophe pourrait Ă©viter des dizaines de milliers de cas de cancer, ce peut paraĂźtre provocateur mais reste scientifiquement aussi dĂ©fendable quâaffirmer qu'elle ait provoquĂ© tout autant de dĂ©cĂšs.
Ensuite, il convient de faire attention Ă la date de publication des Ă©tudes. On peut constater que les Ă©tudes issues d'un mĂȘme organisme ont largement modifiĂ© leurs conclusions au cours des annĂ©es. Il convient donc de ne considĂ©rer comme les plus fiables que les Ă©tudes les plus rĂ©centes. Ainsi le rapport ONU de 2009 rend caducs les rapports prĂ©cĂ©dents. Ces derniers sont prĂ©sentĂ©s ci-dessous mais n'ont dâintĂ©rĂȘt que pour retracer l'histoire de nos connaissances d'une catastrophe nuclĂ©aire.
Histoire
Septembre 2005 : rapport provisoire de l'ONU
Selon le rapport officiel de l'Organisation mondiale de la santĂ©[30] (OMS), jusquâĂ 4 000 personnes au total pourraient Ă terme dĂ©cĂ©der des suites d'une radioâexposition consĂ©cutive Ă la catastrophe de Tchernobyl. Sur 72 000 liquidateurs, 212 sont morts[31]. L'impartialitĂ© de l'OMS sur cette question est contestĂ©e par le collectif Independent WHO, un groupement d'associations antinuclĂ©aires, en raison d'un accord passĂ© avec l'AIEA en 1959. Ă la suite de ces doutes sur son impartialitĂ©, l'OMS a publiĂ© une dĂ©claration expliquant que cet accord « suit le modĂšle des accords passĂ©s entre lâOMS et les Nations Unies ou dâautres organisations internationales », et rĂ©affirmant son indĂ©pendance sur ce sujet[32] - [33].
Le , le Forum de Tchernobyl, fondĂ© par l'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique (AIEA) produit un rapport intitulĂ© L'hĂ©ritage de Tchernobyl : impacts sanitaires, environnementaux et socio-Ă©conomiques[34]. Ce rapport commun de l'Organisation mondiale de la santĂ©, l'Agence internationale pour l'Ă©nergie atomique, l'UNDP et d'autres agences onusiennes avance un bilan des victimes de Tchernobyl de 47 secouristes (« liquidateurs »), morts des suites de l'exposition aux radiations (28 en 1986, et 19 entre 1987 et 2004), et de quinze personnes, enfants au moment de la catastrophe, morts de cancers de la thyroĂŻde (jusqu'Ă 2002), sur 600 000 personnes affectĂ©es â 200 000 liquidateurs et les personnes les plus exposĂ©es aux radiations.
D'aprĂšs le communiquĂ© de presse de l'AIEA : « JusquâĂ 4 000 personnes au total pourraient Ă terme dĂ©cĂ©der des suites d'une radio-exposition consĂ©cutive Ă l'accident survenu il y a une vingtaine d'annĂ©es dans la centrale nuclĂ©aire de Tchernobyl : telles sont les conclusions dâune Ă©quipe internationale de plus d'une centaine de scientifiques. Toutefois, Ă la fin du premier semestre de 2005, moins d'une cinquantaine de dĂ©cĂšs avait Ă©tĂ© attribuĂ©e directement Ă cette catastrophe. Pratiquement tous Ă©taient des membres des Ă©quipes de sauvetage qui avaient Ă©tĂ© exposĂ©s Ă des doses trĂšs Ă©levĂ©es : un grand nombre sont morts dans les mois qui ont suivi l'accident, mais d'autres ont survĂ©cu jusquâen 2004. » Michael Repacholi, responsable de l'OMS citĂ© dans le rapport a dĂ©clarĂ© : « Les effets sanitaires de lâaccident Ă©taient potentiellement catastrophiques, mais une fois que vous les additionnez en vous basant sur des conclusions scientifiques dĂ»ment validĂ©es, en ce qui concerne le public, ils nâont pas Ă©tĂ© aussi forts que ce que lâon pouvait craindre initialement. »[35]
Le rĂ©sumĂ© considĂšre que « Ă en juger par l'expĂ©rience du BĂ©larus, le taux de survie parmi les patients atteints de ce type de cancer [cancer de la thyroĂŻde] atteint presque 99 %. »[35] De plus, il ne conclut à « aucune indication ni probabilitĂ© dâune diminution de la fertilitĂ© parmi les populations touchĂ©es, ni aucune indication dâune augmentation de malformations congĂ©nitales pouvant ĂȘtre attribuĂ©es Ă une radio-exposition. »[35]. En fait, « les principales causes de mortalitĂ© dans les rĂ©gions affectĂ©es par Tchernobyl sont les mĂȘmes que celles prĂ©valant en Russie, maladies cardio-vasculaires, blessures et empoisonnements plutĂŽt que les maladies liĂ©es Ă la radioactivitĂ©. »[21]
En outre, le rapport provisoire critique ce qui y est interprĂ©tĂ© comme le manque d'initiative de la population locale et sa « tendance Ă mettre tous les problĂšmes de santĂ© sur le compte de l'exposition aux rayonnements. » Il souligne « lâimpact sur la santĂ© psychique des personnes affectĂ©es » : les dĂ©sordres psychologiques sâexprimeraient sous forme de « manque de confiance dans son propre Ă©tat de santĂ©, de craintes exagĂ©rĂ©es pour lâespĂ©rance vie », de dĂ©pendance de lâassistance Ă lâĂtat et de manque dâinitiative[36].
Critiques du rapport de 2005
Le bilan proposĂ© en septembre 2005 par l'AIEA (47 morts directs et au total encore 4 000 dĂ©cĂšs futurs Ă attribuer Ă la catastrophe de 1986) a Ă©tĂ© vivement critiquĂ© par Angelika Claussen, prĂ©sidente de la section allemande de l'Association internationale des mĂ©decins pour la prĂ©vention de la guerre nuclĂ©aire (IPPNW) dĂ©clarait dans Le Monde[37] que « ces chiffres [Ă©taient] sous-estimĂ©s et absolument faux ». Cette mĂȘme association IPPNW rendait public le 6 avril 2006 un autre rapport, intitulĂ© « ConsĂ©quences de Tchernobyl sur la santĂ© », qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© avec la SociĂ©tĂ© pour la protection contre les rayonnements (GSF). Toutefois, du propre aveu de l'IPPNW, des estimations prĂ©cises sont « impossibles Ă obtenir pour des raisons de mĂ©thode »[37].
Selon ce rapport IPPNW-GSF : « plus de 10 000 personnes [seraient] atteintes d'un cancer de la thyroïde et 50 000 cas supplémentaires [seraient] attendus à l'avenir » (contre 4 000 cancers de la thyroïde répertoriés par des agences de l'ONU[38]). « En Europe, il y a eu 10 000 malformations chez les nouveau-nés en raison de Tchernobyl et 5 000 décÚs chez les nourrissons ». Par ailleurs, « plusieurs centaines de milliers de membres des équipes d'intervention [sur le site] sont de nos jours malades des suites des radiations, plusieurs dizaines de milliers sont morts ». « Il est trÚs cynique de reprocher aux personnes en Ukraine, en Biélorussie et en Russie une mentalité de victime et de leur recommander de mieux se nourrir et d'avoir un style de vie plus sain », ajoutait Angelika Claussen en référence aux critiques de la prétendue passivité de la population locale[37]. Ces chiffres ne s'appuient néanmoins sur aucune donnée de terrain.
Greenpeace a critiqué les conclusions du résumé de septembre 2005[39]. Ses principaux arguments sont les suivants :
- L'OMS, dans une étude de 1998, aurait annoncé 212 morts sur 72 000 liquidateurs et n'en annonce plus que 59 alors qu'il y aurait eu 600 000 liquidateurs.
- L'Ă©tude ne prend pas en compte en Europe occidentale les effets des faibles doses.
- L'étude fait le distinguo entre les malades du stress (dû à l'évacuation ou à la perte de situation) et les autres, ce que Greenpeace réfute.
- L'une des deux méthodes, la méthode épidémiologique, est remise en cause par Greenpeace car elle ne serait pas adaptée à l'Europe.
Selon certains, ces critiques ne seraient pas crédibles, et visent simplement à relancer sans cesse la polémique :
- Les Soviétiques n'ont jamais occulté ni gonflé le chiffre de 47 morts, mais les occidentaux sont longtemps restés sceptiques, en témoignent les chiffres farfelus qui ont circulé les premiers jours de la catastrophe[40]. à l'époque il était communément admis que les Soviétiques falsifiaient toutes leurs données économiques ou sanitaires, or ce ne fut pas le cas pour Tchernobyl.
- L'effet stress ne peut ĂȘtre attribuĂ© au caractĂšre nuclĂ©aire de l'accident, il n'est jamais pris en compte Ă la suite de catastrophes naturelles, sociales, politiques ou industriels, il n'y a aucune raison de le prendre en compte pour gonfler les chiffres.
- L'effet des faibles doses fait l'objet de polĂ©miques scientifiques car il n'a jamais Ă©tĂ© scientifiquement prouvĂ© : on peut polĂ©miquer Ă l'infini sur la question dans la mesure oĂč un effet faible sera quasi impossible Ă mettre en Ă©vidence.
- Il n'existe pas d'autre mĂ©thode que l'Ă©pidĂ©miologie dans la mesure oĂč l'effet des faibles doses n'a jamais Ă©tĂ© mesurĂ©. Or l'Ă©pidĂ©miologie donnant elle aussi des rĂ©sultats peu fiables (pour les raisons invoquĂ©es plus haut), critiquer cette mĂ©thode est aussi une source de polĂ©mique sans fin.
Selon l'organisation écologiste et antinucléaire, qui cite une étude publiée en dehors des revues à comité de lecture, 67 000 personnes sont mortes en Russie entre 1990 et 2004 des suites de Tchernobyl[37].
Vladimir Tchouprov, responsable de la branche russe de Greenpeace, a dĂ©clarĂ© que le rapport onusien avait « pour objectif de soutenir idĂ©ologiquement le programme de construction de 40 nouveaux rĂ©acteurs nuclĂ©aires en Russie d'ici Ă 2030 [âŠ] alors que 70 % Ă 80 % des Russes s'opposent Ă la construction de centrales nuclĂ©aires prĂšs de chez eux. »
Lioudmila Komogortseva, présidente de la commission écologique de l'assemblée régionale de Briansk, la région russe la plus touchée par la radioactivité, a pour sa part déploré que plusieurs programmes d'approvisionnement des écoles en produits alimentaires et eau non contaminés ne soient plus financés depuis plusieurs années. Selon elle, 2 700 cas de cancers de la thyroïde ont été enregistrés entre 1991 et 2003 dans cette région, dont 290 cas chez des personnes qui étaient enfants au moment de la catastrophe. Des académiciens russes ont eux parlé de seulement 226 cas répertoriés au total dans la région de Briansk[37].
Selon Hervé Kempf, journaliste connu pour ses engagements écologistes et antinucléaires : « La présentation du Forum Tchernobyl en septembre 2005 est (il n'y a pas d'autre mot) mensongÚre »[41] les approximations exprimées dans le chapeau du communiqué ou commentÚrent la controverse[42] - [43] - [44] - [45].
Avril 2006 : rapport définitif de l'ONU
L'AIEA diffusa ainsi, durant une conférence tenue le , un résumé du bilan global provisoire : 4 000 personnes sur les 600 000 les plus touchées pourraient décéder des suites de la radio-exposition consécutive à l'accident (page 7 du communiqué francophone). Ce chiffre de 4 000 morts qui n'est expliqué et nuancé que plus loin, a incité la presse et les médias à le présenter comme un bilan total de toutes les victimes de l'accident.
Le rapport définitif[46], publié en , prévoit quant à lui (page 106) une surmortalité causée par les seuls cancers solides de « 4 000 décÚs parmi les 600 000 personnes les plus exposées » (0,67 %), semblable aux estimations préliminaires mais pour les seuls cancers solides, ainsi que de « 5 000 autres parmi les 6 millions de personnes proches » (0,08 %). Les auteurs du rapport y insistent sur le caractÚre trÚs incertain de leurs estimations[47].
Melissa Fleming, attachée de presse de l'AIEA, déclara à la revue Nature : « Je suis navrée de voir des chiffres sauvages communiqués par des organisations honorables qui sont ensuite attribués à l'ONU. C'était donc une action audacieuse que d'avancer une estimation bien inférieure à celle que dicte le sens commun. »[48]
Rapport de 2008 de l'UNSCEAR
Le Comité scientifique des Nations unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) a produit un rapport en 2008[49] qui poursuit et affine l'analyse des rapports de l'ONU précédents. Les résultats sont sensiblement différents des nombreux travaux antérieurs. Les données de santé sont réparties selon la population concernée.
- Les personnels de la centrale et les équipes de secours : le rapport conclut que 134 personnels de la centrale et des équipes de secours ont subi le syndrome d'irradiation aiguë (SIA) et que parmi elles, 28 sont mortes de la maladie. Beaucoup de survivants ont souffert de lésions de la peau et des cataractes radio-induits. 19 sont décédés, mais généralement il n'y a pas de maladies associées à l'exposition aux rayonnements.
- les liquidateurs : le rapport analyse les données de santé de centaines de milliers de liquidateurs. Un risque accru de leucémie est identifié, mais il n'y a pas de preuves d'autres effets sur la santé.
- Les populations environnantes : Les seules « preuves convaincantes » du lien entre une maladie et la catastrophe sont les 6 848 cas de cancer de la thyroïde, survenus entre 1991 et 2005, chez les personnes de moins de 18 ans au moment de l'accident, observés dans les zones touchées (en Biélorussie, Ukraine et les 4 oblasts les plus affectés de Russie (Bryansk, Kaluga, Orel et Tula)) dont une fraction substantielle sont dues à la catastrophe. En 2005, il y avait 15 décÚs parmi ces personnes.
Les décÚs attribuables « de façon fiable » au rayonnement produit par l'accident sont donc maintenant estimés à 43 décÚs qui se déclinent ainsi :
- 28 personnels de la centrale et des Ă©quipes de secours morts du syndrome dâirradiation aiguĂ« ;
- 15 personnes dans la population environnante mortes de cancer de la thyroĂŻde.
Ă cela peut ĂȘtre ajoutĂ© les 2 travailleurs morts des suites de blessures non liĂ©es Ă l'exposition aux rayonnements immĂ©diatement aprĂšs l'accident.
Parmi les survivants du syndrome d'irradiation aiguë, 19 sont morts entre 1986 et 2006 mais la cause du décÚs est diverse et généralement pas associée à l'exposition aux radiations.
Le rapport conclut que « la grande majorité de la population n'a pas à vivre dans la peur des conséquences graves sur la santé de l'accident de Tchernobyl ».
Ce rapport est critiqué par les organisations militantes anti-nucléaires qui proposent leurs propres contre-analyses. Cependant ce rapport a été publié dans des revues scientifiques à comité de lecture « peer reviewed » ce qui n'est pas le cas des contre-analyses.
2011
Le Commissariat Ă l'Ă©nergie atomique (CEA) français synthĂ©tise et offre un regard critique sur des Ă©tudes scientifiques concernant les « impacts sanitaires, prĂ©coces et tardifs » de l'accident de Tchernobyl dans un numĂ©ro spĂ©cial de sa lettre dâinformation de lâUnitĂ© Prositon[50] - [51].
2018 : Livre blanc de l'UNSCEAR sur les cancers de la thyroĂŻde
En 2018, l'UNSCEAR a publiĂ© un livre blanc sur "l'Ă©valuation des donnĂ©es sur le cancer de la thyroĂŻde dans les rĂ©gions affectĂ©es"[52]. Ce dernier rĂ©actualise les connaissances sur les cancers de la thyroĂŻde du rapport de 2008. Sur la pĂ©riode 1991-2015, 19 233 cas de cancer de la thyroĂŻde ont Ă©tĂ© recensĂ©s dans les mĂȘmes zones et pour les mĂȘmes populations que le rapport prĂ©cĂ©dent. Parmi ces cas, 25% sont attribuables Ă l'exposition de la radiation aux populations non Ă©vacuĂ©es. Les autres pouvant ĂȘtres attribuĂ©s Ă l'augmentation du taux d'incidence spontanĂ©e avec le vieillissement de la cohorte; Ă la sensibilisation au risque de cancer de la thyroĂŻde aprĂšs l'accident et Ă l'amĂ©lioration des mĂ©thodes de diagnostique.
Trente années aprÚs l'accident des doses de radioactivité jusqu'à cinq fois supérieure aux normes de sécurité se trouvent encore dans le lait donné aux enfants dans certaines régions d'Ukraine[53].
2021
Les études sur les conséquences de l'accident de Tchernobyl se poursuivent et des archives s'ouvrent au fil des ans ; de nouvelles recherches scientifiques, d'une part, et des ouvrages destinés au grand public, d'autre part, sont publiés[54].
Analyses venant de diverses origines
- Rapports d'agences internationales
- L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), avance les chiffres de 47 personnes mortes parmi les « liquidateurs », ainsi que quinze personnes (enfants lors de la catastrophe) décédées d'un cancer de la thyroïde jusqu'à 2002 sur 600 000 personnes concernées. Selon l'AIEA, 4 000 personnes pourraient mourir « pour avoir été exposées aux radiations aprÚs l'accident » selon une ébauche de rapport qui fut reprise par la presse. La version définitive du rapport, publiée en , ne reprend pas ce bilan[48] - [55]. L'impartialité de cette agence est remise en cause par son implication dans l'industrie nucléaire et son bilan officiel est fortement contesté par certains chercheurs[56].
- Le Centre international de recherche sur le cancer, en 2006, estime à 16 000[57] le nombre de décÚs imputables d'ici 2065, sans observer d'augmentation mesurable au niveau épidémiologique.
- Dans un rapport paru début 2013, L'Agence européenne pour l'environnement écrit que, par extrapolation en combinant le modÚle linéaire sans seuil et le concept de dose collective, la catastrophe causerait en 50 ans entre 17 000 et 68 000 cancers mortels[58]. L'impartialité de cette agence est remise en cause par la présence de nombreux dirigeants engagés dans des ONG environnementalistes et antinucléaires[59].
- ONG ou militants anti-nucléaire
- Des Ă©tudes ont Ă©tĂ© faites par Vassili Nesterenko et Youri Bandajevsky sur l'irradiation des habitants de l'Ukraine et de la BiĂ©lorussie[60]. Les circonstances de l'irradiation Ă Tchernobyl sont diffĂ©rentes de celles de Hiroshima et Nagasaki. Pour Bandajevsky, il s'agit dans le premier cas d'irradiations internes, rĂ©pĂ©tĂ©es et de faible dose, et dans le second, d'expositions externes massives en une fois. Il affirme que les effets en sont trĂšs diffĂ©rents[61]. Il est arrĂȘtĂ© puis condamnĂ© pour corruption Ă la suite d'une procĂ©dure fortement critiquĂ©e[62].
- Selon l'Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW), plus de 10 000 personnes sont atteintes d'un cancer de la thyroïde et 50 000 cas supplémentaires sont attendus à l'avenir. En Europe, 10 000 malformations sur des nouveau-nés en raison de Tchernobyl et 5 000 décÚs chez les nourrissons. Plusieurs centaines de milliers de membres des équipes d'intervention [sur le site] sont de nos jours malades des suites des radiations, et plusieurs dizaines de milliers sont morts[63].
- En 2006, Greenpeace publia un rapport fondé sur une méta-étude de communications et de rapports scientifiques et médicaux[64] dont la conclusion ne contient pas d'estimation du nombre de victimes et en appelle à d'autres études.
- Selon une communication en russe de 2007 de trois scientifiques dont Alekseï Iablokov (ru) (cofondateur de Greenpeace Russie[65], membre-correspondant de l'Académie des sciences de Russie, conseiller du président russe pour l'écologie, homme politique) et Vassili Nesterenko (déjà cité), les dossiers médicaux relatifs à la période 1986 à 2004 reflÚtent 985 000 décÚs causés par la catastrophe (pour la plupart en Russie, en Biélorussie et en Ukraine, mais également dans d'autres pays). L'Académie des sciences de New York publia dans ses annales une adaptation en anglais intitulée « Chernobyl: Consequences of the Catastrophe for People and the Environment (en) » en 2009, et deux critiques clairement défavorables à cette étude, en 2011 et en 2012 avec réponse des auteurs.
- Association de liquidateurs
- Selon Union Tchernobyl, principale organisation des liquidateurs, sur 600 000 liquidateurs, 60 000 sont morts avant 2006 et 165 000 sont handicapés[37].
- DĂ©clarations
- Dans un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU publiĂ© en 2000, Kofi Annan Ă©voque plus de 7 millions de personnes affectĂ©es, 3 millions d'enfants qui ont besoin d'ĂȘtre soignĂ©s, dont beaucoup mourront prĂ©maturĂ©ment[66].
- Le professeur Maurice Tubiana, cancérologue impliqué au niveau international dans la recherche sur le cancer depuis plusieurs décennies prend position en faveur des chiffres de l'OMS : une centaine de morts. Il affirme dans son dernier livre (N'oublions pas demain) qu'il existe une véritable campagne de désinformation orchestrée par diverses ONG dont l'intention est de discréditer le développement de l'énergie atomique quoi qu'il en soit. Le Pr Tubiana est un ancien président du Conseil scientifique de radioprotection de EDF[67].
Notes et références
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- Emeline Férard, « Des scientifiques se sont aventurés à Tchernobyl pour cartographier la radioactivité avec des drones », sur Geo.fr, (consulté le )
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- Maurice Tubiana - Académie des sciences [PDF]
Annexes
Bibliographie
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Articles connexes
- Youri Bandajevsky, chercheur sur les conséquences sanitaires de la catastrophe.
- Chernobyl Recovery and Development Programme
- Zone d'exclusion de Tchernobyl
- Retombée radioactive
- Conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en France
- La Zone (roman, 2015)
Liens externes
- août 1986 : un premier bilan sanitaire présenté par les experts soviétiques, no 96/97 de la Gazette nucléaire de l'association GSIEN.
- Tchernobyl. Ăvaluation de lâimpact radiologique et sanitaire. Mise Ă jour 2002 de Tchernobyl : Dix ans dĂ©jĂ â Rapport de l'Agence de l'OCDE pour l'Ă©nergie nuclĂ©aire, dĂ©cembre 2002 [PDF]
- (en) Chernobylâs Legacy: Health, Environmental and Socio-Economic Impacts and Recommendations to the Governments of Belarus, the Russian Federation and Ukraine â Rapport du Forum Tchernobyl (ONU) mis Ă jour en 2006 sur le site internet de l'AIEA [PDF]
- Consensus scientifique sur lâAccident NuclĂ©aire de Tchernobyl â RĂ©sumĂ© par GreenFacts du rapport du Forum Tchernobyl.
- DonnĂ©es mĂ©trologiques et Ă©valuation des risques en France lors de lâaccident de Tchernobyl (26 avril 1986). Mise au point historique â Rapport Ă lâAcadĂ©mie de MĂ©decine publiĂ© en 2003, sur le site internet de l'Association des Ă©cologistes pour le nuclĂ©aire [PDF]
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- Video de l'évolution du nuage radioactif (césium 137) au-dessus de l'Europe du 26 avril au 9 mai 1986