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Combats de la poche d'Idleb (juillet 2017)

Les combats de la poche d'Idleb ont lieu du 18 au lors de la guerre civile syrienne. Les affrontements opposent deux groupes rebelles syriens : Hayat Tahrir al-Cham et Ahrar al-Cham.

Combats de la poche d'Idleb
Informations générales
Date 18 -
Lieu Gouvernorat d'Idleb, ouest du gouvernorat d'Alep, nord du gouvernorat de Hama
Issue Victoire d'Hayat Tahrir al-Cham
Commandants
Abou Jaber
Abou Mohammed al-Joulani
• Ali al-Omar
Pertes
92 morts au moins, dont 15 civils[1]

Guerre civile syrienne

Batailles

Coordonnées 35° 55′ 47″ nord, 36° 37′ 54″ est
Géolocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Combats de la poche d'Idleb

Prélude

Peuplé de deux millions d'habitants, dont 900 000 réfugiés, le gouvernorat d'Idleb est presque entièrement contrôlé par la rébellion[2]. Sa capitale, Idleb, a été prise en 2015 par une coalition de groupes islamistes : l'Armée de la conquête[3]. Cependant dès 2013, la région est le théâtre de combats ponctuels entre rebelles, en particulier entre le Front al-Nosra et des groupes liés à l'Armée syrienne libre[4].

Mais en 2017, la situation se dégrade particulièrement lorsque le Front Fatah al-Cham — l'ancien Front al-Nosra — attaque plusieurs groupes rebelles accusés d'être liés aux États-Unis[5]. Ces derniers fusionnent alors avec Ahrar al-Cham pour obtenir sa protection[5]. Peu après, le Front Fatah al-Cham fusionne à son tour avec plusieurs groupes pour former un nouveau mouvement : Hayat Tahrir al-Cham[5]. Ahrar al-Cham et Hayat Tahrir al-Cham sont alors les deux plus puissants groupes rebelles dans le gouvernorat d'Idleb[6].

En , un accord est conclu à Astana entre la Russie, l'Iran et la Turquie, pour mettre en place des « zones de désescalade » dans les régions contrôlées par les rebelles, et notamment la région d'Idleb[2]. Cependant l'accord exclut Hayat Tahrir al-Cham en raison de ses liens avec Al-Qaïda ; le groupe s'oppose également farouchement à une trêve avec le régime, contrairement à Ahrar al-Cham, qui est soutenu par la Turquie et le Qatar[2].

Déroulement

Les violences débutent le soir du [7], après que des hommes d'Ahrar al-Cham ont hissé un drapeau de la révolution syrienne à Idleb[8] - [6]. Des affrontements entre Hayat Tahrir al-Cham et Ahrar al-Cham se répandent alors dans tout le gouvernorat d'Idleb, touchant la plupart des grandes villes de la province[6]. La ville d'Idleb, partagée entre les deux groupes, est cependant épargnée par les combats[8].

Certains habitants restent terrés chez eux, d'autres sortent dans la rue et manifestent pour réclamer la fin des hostilités, d'autres encore manifestent directement contre Tahrir al-Cham[2]. À Saraqeb, petite ville à l'est d'Idleb, la population participe pour la première fois à des élections le pour élire les nouveaux membres du conseil local[9]. Environ 2 500 personnes, dont un quart de femmes, se rendent aux urnes ; soit un taux de participation de 55 %[9]. Les djihadistes du Hayat Tahrir al-Cham pénètrent le lendemain dans la ville, arrachent le drapeau de l'opposition syrienne et tuent un journaliste[9]. Des milliers de personnes sortent alors dans la rue pour réclamer leur départ[9]. Les djihadistes se retirent finalement le [9]. La ville est alors tenue par le Front des révolutionnaires et la police locale[9].

Le , 150 rebelles soutenus par la Turquie, auparavant engagés dans l'Opération Bouclier de l'Euphrate, franchissent le poste-frontière de Bab al-Hawa pour venir appuyer Ahrar al-Cham[8].

Le , les combats s'intensifient lorsque les hommes du Hayat Tahrir al-Cham attaquent au cours de la nuit le poste-frontière de Bab al-Hawa, tenu par les combattants d'Ahrar al-Cham[3].

Les hostilités cessent cependant dans la journée du , lorsque les belligérants annoncent la signature d'un cessez-le-feu[1] - [7].

Conséquences

Les combats se terminent à l'avantage de Hayat Tahrir al-Cham qui s'est emparé d'une trentaine de villes et de localités, principalement aux abords de la frontière turque[1]. Ces localités les plus importantes étant Sarmada, Atmeh, Qah, Harem et Maarat al-Nouman[10]. L'accord prévoit également que les hommes d'Ahrar al-Cham, encerclés à Bab al-Hawa, se retirent du poste-frontière pour en remettre le contrôle à une autorité civile[7]. Plusieurs bataillons d'Ahrar al-Cham font aussi défection pour rejoindre Tahrir al-Cham[1] - [11] - [4].

Le , des centaines de combattants d'Ahrar al-Cham se retirent de la ville d'Idleb qui passe entièrement sous le contrôle de Hayat Tahrir al-Cham[1] - [11] - [4] - [2]. Conformément à l'accord, le groupe quitte aussi le poste-frontière de Bab al-Hawa, qu'il contrôlait depuis trois ans[11]. Après ces combats, la présence d'Ahrar al-Cham dans le gouvernorat d'Idleb se concentre dans la ville d'Ariha et dans une partie du Jabal al-Zawiya, au sud-est de la province[1]. Hayat Tahrir al-Cham a alors pris l'ascendant sur son rival et devient le plus important groupe armé de la région[1] - [4].

La frontière entre la Turquie et la région d'Idleb étant désormais entièrement sous le contrôle des djihadistes, Ankara annonce alors suspendre toutes ses aides humanitaires dans cette région[4] - [2].

Les pertes

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les combats ont fait au moins 92 morts, dont 15 civils[1].

Par ailleurs, le , un attentat kamikaze frappe des combattants de Hayat Tahrir al-Cham à Idleb : l'attaque fait au moins 11 morts selon l'OSDH[1] ; 13 tués, dont deux civils parmi lesquels un enfant, selon le SNHR ; et 50 tués d'après la télévision panarabe al-Mayadeen[12] - [13].

Voir aussi

Notes et références

  1. AFP, « Syrie: la ville d'Idleb sous contrôle jihadiste après le retrait des rebelles »,
  2. Georges Malbrunot, « Syrie : en s'emparant de la ville d'Idlib, al-Qaida menace la Turquie et l'Europe », Le Figaro,
  3. AFP, « Syrie: les combats entre rebelles et djihadistes s'intensifient »,
  4. Madjid Zerrouky et Laure Stephan, « La rébellion syrienne en perdition », Le Monde,
  5. Romain Caillet, « Jihadistes proches d’al-Qaïda et rebelles radicaux s’unissent pour former l’Organisation de Libération du Sham », Jihadologie, 29 janvier 2017.
  6. Anthony Samrani, OLJ avec agences, « Mauvais temps pour l’opposition armée en Syrie »,
  7. Reuters, « Cessez-le-feu entre islamistes syriens dans la province d'Idleb », .
  8. Suleiman al Khalidi et Jean-Stéphane Brosse, Challenges avec Reuters, « Les combats entre rebelles se poursuivent dans le Nord syrien »,
  9. Delphine Minoui, « Syrie : au cœur de la province d'Idlib, un fragile îlot de résistance », Le Figaro,
  10. « Following the renewed fighting … Ahrar Al-Sham and Tahrir Al-Sham reconcile », OSDH,
  11. Reuters, « Hayat Tahrir al Cham assoit son emprise dans la province d'Idlib »,
  12. « Individuals killed in the explosion of a car bomb driven by a suicide bomber in Idlib city on July 23 », SNHR, 23 juillet 2017.
  13. Paul Khalifeh, « Syrie: Idleb tombe sous le contrôle des jihadistes de Tahrir al-Cham », RFI, .
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