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Chasseurs de tĂȘtes (anthropologie)

En anthropologie, on parle de chasseurs de tĂȘtes pour Ă©voquer des groupes humains ayant pour coutume de conserver les tĂȘtes des personnes qu'elles ont tuĂ©es dans ce but exclusif et pour lesquels cette pratique revĂȘt un rĂŽle culturel et social central. La chasse aux tĂȘtes a Ă©tĂ© dĂ©crite Ă  l'Ă©poque historique dans certaines parties de l'OcĂ©anie, en Asie du sud, du sud-est, de l'ouest ainsi qu'en Afrique centrale et en AmĂ©rique centrale. Elle a Ă©galement Ă©tĂ© rapportĂ©e, dans l'AntiquitĂ©, en Europe, chez certaines tribus Celtes, chez les peuples germaniques de l'ouest, et chez les Scythes. Elle a Ă©tĂ© pratiquĂ©e en Europe jusqu'Ă  la fin du Moyen Âge, en Irlande ainsi qu'Ă  la frontiĂšre entre l'Angleterre et l'Écosse, et, jusqu'au XIXe siĂšcle, au MontĂ©nĂ©gro, en Croatie et dans l'ouest de l'HerzĂ©govine[1].

Un prĂȘtre de la civilisation du Mississippi tenant une masse cĂ©rĂ©monielle et une tĂȘte coupĂ©e.

La chasse aux tĂȘtes a donnĂ© lieu Ă  de nombreux dĂ©bats entre anthropologues, concernant notamment le rĂŽle, la fonction, et les motivations d'une telle pratique. Les anthropologues Ă©voquent ainsi la mortification de l'adversaire, les sacrifices humains, l'Ă©quilibre cosmologique, une dĂ©monstration de virilitĂ©, le cannibalisme et le prestige. La pratique peut Ă©galement constituer un moyen de retenir les services de la victime en tant qu'esclave dans l'au-delĂ [2].

Les chercheurs s'accordent gĂ©nĂ©ralement aujourd'hui sur la fonction principalement cĂ©rĂ©monielle de cette coutume, participant au processus de structuration, de renforcement et de dĂ©fense des relations hiĂ©rarchiques entre les communautĂ©s et les individus. Dans certains cas, la pratique dĂ©coulerait de la conviction que la tĂȘte contiendrait la matiĂšre de l'Ăąme ou une force vitale qui pourraient ĂȘtre exploitĂ©es par le biais de sa capture.

Enfin, des pratiques apparentĂ©es, mais ne remplissant pas une fonction rituelle centrale pour les individus et les sociĂ©tĂ©s concernĂ©s, ont Ă©tĂ© dĂ©crites dans des contextes principalement guerriers, oĂč la collecte et l'exhibition systĂ©matiques de tĂȘtes-trophĂ©es constitue un « sous-produit » du conflit, et non le motif premier des hostilitĂ©s.

L'Asie et l'Océanie

Mélanésie

Sur la gauche, plateau porte-tĂȘtes conçu pour en prĂ©senter sept. Sur la droite, un plateau conçu pour prĂ©senter deux tĂȘtes. Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, dĂ©but des annĂ©es 1900. Ce type de prĂ©sentoir Ă©tait accrochĂ© Ă  la paroi de la maison des hommes.
CrĂąnes humains dans un village indigĂšne. Territoire de Papouasie, 1885.

La chasse aux tĂȘtes a Ă©tĂ© pratiquĂ©e par un grand nombre d'AustronĂ©siens, en Asie du Sud-Est et dans les Ăźles du Pacifique. Elle a Ă©tĂ© pratiquĂ©e, Ă  un moment ou Ă  un autre, par la plupart des peuples de MĂ©lanĂ©sie[3], y compris la Nouvelle-GuinĂ©e[4]. En 1901, un missionnaire recensait 10 000 crĂąnes sur l'Ăźle de Goaribari[5].

Dans le passĂ©, les Marind-Anim de Nouvelle-GuinĂ©e Ă©taient rĂ©putĂ©s pour leur pratique de la chasse aux tĂȘtes[6], fortement enracinĂ©e dans leur systĂšme de croyance et liĂ©e au don du nom au nouveau-nĂ©[7] - [8]. Le crĂąne Ă©tait censĂ© contenir une force spirituelle (mana)[9]. La pratique n'Ă©tait pas motivĂ©e par le cannibalisme, mĂȘme si la chair du cadavre Ă©tait consommĂ©e[10].

« Les prisonniers sont rassemblĂ©s et triĂ©s. Les bĂ©bĂ©s sont abandonnĂ©s Ă  leur sort, les enfants emmenĂ©s comme esclaves, les adultes et les adolescents torturĂ©s pour leur extorquer leurs noms. DĂšs que les vainqueurs ont pu apprendre et mĂ©moriser les noms de leurs victimes, ils les dĂ©capitent [
]. La prĂ©paration des tĂȘtes commence sur la route du retour. La premiĂšre opĂ©ration consiste Ă  dĂ©couper le scalp et Ă  le mettre Ă  sĂ©cher sur une noix de coco. Ensuite on retire la cervelle et on la dĂ©guste en gĂąteau, mĂȘlĂ©e Ă  de la farine de sagou. Puis le crĂąne est soigneusement dĂ©charnĂ© et remodelĂ© Ă  la ressemblance du mort au moyen de terre glaise. La dĂ©coration finale se fait plus tard, Ă  l'aise, aprĂšs le retour au village. C'est alors que l'on fixe des yeux de coquillages et que le scalp est remis en place. Le visage est peint, et un Ă©clat de bambou sert d'arĂȘte pour un nez de terre glaise et, en mĂȘme temps, d'attache pour la cordelette de suspension. La tĂȘte est enfin sĂ©chĂ©e Ă  feu doux et se retrouve prĂȘte pour la cĂ©rĂ©monie. Celle-lĂ  s'ordonne autour d'un banquet au cours duquel sont consommĂ©es des quantitĂ©s pantagruĂ©liques de nourriture. Le rite principal est [
] la danse du Serpent : farandole menĂ©e par l'aĂźnĂ© du village, portant une tĂȘte de serpent factice, et formĂ©e de tous les guerriers portant des tĂȘtes coupĂ©es. À un moment donnĂ©, un groupe d'anciens se prĂ©cipite sur les danseurs et essaie de morceler la chaĂźne. Mais un proverbe marindais proclame que « le serpent ne peut pas mourir » et leur attaque est rituellement repoussĂ©e. S'ensuit enfin, toujours sous le signe du Serpent - clairement figure de la chaĂźne des gĂ©nĂ©rations et de la vie du clan Ă  la pĂ©rennitĂ© assurĂ©e par la chasse aux tĂȘtes -, une copulation gĂ©nĂ©rale effrĂ©nĂ©e qui clĂŽt les rĂ©jouissances. »

— C. Sterckx, p. 65-67 passim, citĂ© par Poucet.

Les mĂȘmes problĂ©matiques de « nom de tĂȘte Â» prĂ©occupaient les Asmat et les poussaient aux mĂȘmes extrĂ©mitĂ©s, mais la collecte des tĂȘtes/noms ne bĂ©nĂ©ficiait qu'aux jeunes garçons atteignant la pubertĂ©. Les tĂȘtes collectĂ©es Ă©taient utilisĂ©es lors d'un rite de passage prenant la forme d'une pĂ©rĂ©grination symbolisant la renaissance et associant Ă©troitement les trois parties essentielles du corps humain : le chef, la poitrine et les organes gĂ©nitaux. Chez les Kerewa, les tĂȘtes coupĂ©es Ă©taient Ă©galement utilisĂ©es lors de cĂ©rĂ©monies d'initiation qui s'achevaient par une orgie gĂ©nĂ©rale au cours de laquelle le sperme des hommes Ă©tait recueilli Ă  des fins ultĂ©rieures de magie[11].

Les Korowai, une tribu papoue du sud-est de l'Irian Jaya, habitent des maisons arboricoles perchĂ©es Ă  prĂšs de 40 mĂštres de haut, sans doute pour se prĂ©munir des attaques de leurs voisins chasseurs de tĂȘtes, les Citak[12]. Il est possible que Michael Rockefeller, disparu en Nouvelle-GuinĂ©e en 1961, ait Ă©tĂ© victime de tels chasseurs de tĂȘte.

Jack London, relatant ses aventures Ă  bord du Snark vers 1905, raconte que son navire fut attaquĂ© par les chasseurs de tĂȘtes de Malaita pendant son sĂ©jour dans la lagune de Langa Langa, et en particulier aux environs de l'Ăźle de Laulasi. Le capitaine Mackenzie, naviguant Ă  bord du blackbirder Minolta, a Ă©tĂ© dĂ©capitĂ© pendant une expĂ©dition de « recrutement Â», en reprĂ©sailles de l'attaque d'un village. Son navire aurait ainsi Ă©tĂ© redevable de plusieurs tĂȘtes, qui devaient ĂȘtre collectĂ©es pour que les comptes soient rĂ©glĂ©s[13].

Asie du Sud-Est

En Asie du Sud-Est, des Ă©tudes anthropologiques Ă©voquent les pratiques de chasseurs de tĂȘtes des tribus Murut, Ilongot, Igorot, Iban, Dayak, Berawan, Wana, et Mappurondo. Il s'agit gĂ©nĂ©ralement chez eux d'une activitĂ© rituelle — d'ailleurs limitĂ©e au prĂ©lĂšvement d'un spĂ©cimen — plutĂŽt que d'un acte de guerre ou relatif Ă  une dispute. Le rituel permettait de mettre fin au processus de deuil. Des notions de virilitĂ© et de mariage Ă©taient Ă©galement englobĂ©es dans la pratique, et les tĂȘtes collectĂ©es Ă©taient hautement prisĂ©es. La chasse aux tĂȘtes pouvait Ă©galement ĂȘtre associĂ©e Ă  la capture d'ennemis pour les asservir comme esclaves, aux pillages, aux Ă©changes intra et inter-ethniques, Ă  des conflits et Ă  l'expansion territoriale.

« Ces chasses Ă  l'homme s'organisent encore pĂ©riodiquement partout oĂč l'autoritĂ© europĂ©enne ne les a pas rĂ©primĂ©es Ă  grand effort. Deux ou trois jeunes gens, parfois un bien plus grand nombre, se donnent le mot pour une incursion Ă  l'intĂ©rieur, et, aprĂšs avoir consultĂ© les prĂ©sages, partent en campagne sans emporter avec eux autre chose que leurs armes et un peu de sel roulĂ© dans les plis de leur ceinture. Ils en assaisonnent les pousses d'arbre, les feuilles, les choux-palmistes qui, une fois dans la forĂȘt, deviendront leur unique nourriture, si mĂȘme ils ne sont pas rĂ©duits Ă  mĂącher, pour tromper la faim, quelques boulettes d'argile grasse. À partir de ce moment, ces forĂȘts oĂč ils se sont enfoncĂ©s recĂšlent des hĂŽtes plus redoutables qu'aucun des fauves abritĂ©s dans leurs impĂ©nĂ©trables profondeurs. Ces pas furtifs qui froissent Ă  peine l'herbe Ă©paisse, ces yeux qu'on voit Ă©tinceler dans l'Ă©troit interstice de deux branches voisines, ces formes hĂąves et lĂ©gĂšres qui traversent en bondissant une clairiĂšre indiscrĂšte, sont bien plus Ă  craindre que s'ils annonçaient la prĂ©sence du tigre ou de la panthĂšre. Dans les eaux limpides de cette source, et masquĂ© par les larges feuilles tombĂ©es d'un arbre penchĂ© sur elle, vous pourriez distinguer, avec l’Ɠil du lynx, le haut d'un visage humain. Le menton lui-mĂȘme est submergĂ©. Qu'un Malais, un Chinois, vienne imprudemment s'agenouiller au bord de cette onde tentatrice pour y tremper ses lĂšvres altĂ©rĂ©es, et sa mort est aussi certaine que s'il s'Ă©tait jetĂ©, par-dessus bord, au milieu de l'ocĂ©an. La nuit, dans une prahu amarrĂ©e au rivage par un cĂąble de rotins, tout l'Ă©quipage d'un de ces bateaux marchands s'est endormi Ă  quelques pas d'un village populeux. CouchĂ© Ă  plat ventre sur un de ces troncs flottants que les courants enlĂšvent aux forĂȘts par eux traversĂ©es, un homme avance Ă  la dĂ©rive et, perdu dans les tĂ©nĂšbres, s'approche sans bruit de la nef silencieuse. Un seul coup de sa hache bien aiguisĂ©e a rompu le cable : la prahu cĂšde au courant qui l'entraĂźne et, sans que personne Ă  bord se rĂ©veille, va lentement toucher, au premier dĂ©tour du fleuve, sur un point connu d'avance, oĂč l'attend un groupe de Dayaks altĂ©rĂ©s de sang, avides de tĂȘtes humaines. Ils sautent Ă  bord et, armĂ©s du kriss comme le moissonneur l'est de sa faucille, achĂšvent en quelques tours de main leur sanglante rĂ©colte. Et quelques jours plus tard, Ă©puisĂ©s de fatigue, amaigris par le jeĂ»ne, pĂąles comme les cadavres qu'ils ont laissĂ©s derriĂšre eux, les chasseurs de tĂȘtes rentrent au village natal, saluĂ©s par de triomphales acclamations. Ils seront dĂ©sormais parmi les plus braves, ils seront la gloire et l'espĂ©rance de la tribu. Les jeunes filles leur sourient, et ils choisissent parmi les plus belles. Les vieillards les comblent d'Ă©loges et les comparent aux plus vaillants des chefs que, jadis, ils suivirent dans de semblables expĂ©ditions. La « maison aux tĂȘtes Â» (chaque village a la sienne) s'enrichit de nouveaux trophĂ©es et, en s'y rĂ©unissant pour fumer ensemble, les hommes de la tribu se raconteront les incidents de la pĂ©rilleuse campagne qui vient de s'accomplir. »

— E.-D. Forgues, La chasse aux tĂȘtes, scĂšnes d'un voyage Ă  BornĂ©o, 1848[14]

En 1886, l'anthropologue et explorateur italien Elio Modigliani a Ă©tudiĂ© en profondeur l'organisation sociale et les croyances des chasseurs de tĂȘte du sud de l'Ăźle de Nias (Ă  l'ouest de Sumatra). Il a dĂ©couvert que la chasse aux tĂȘtes Ă©tait principalement fondĂ©e sur la croyance que la victime dĂ©capitĂ©e deviendrait le serviteur du propriĂ©taire de la tĂȘte correspondante dans l'au-delĂ , ce qui faisait des crĂąnes humains une possession convoitĂ©e[15]. Des cas sporadiques de chasse aux tĂȘtes ont Ă©tĂ© dĂ©crits sur l'Ăźle de Nias jusqu'Ă  une Ă©poque trĂšs rĂ©cente, le dernier signalement datant de 1998.

Le prĂ©lĂšvement et la conservation de tĂȘtes a Ă©tĂ© pratiquĂ©e chez les Sumba jusqu'au dĂ©but du XXe siĂšcle. Elle prend place exclusivement lors de grand affrontements guerriers[16]. Les crĂąnes collectĂ©s sont accrochĂ©s sur « arbre Ă  crĂąnes » Ă©rigĂ© au centre du village. En 1998, dans le village de Waikabubak, une violente guerre tribale a entraĂźnĂ© plusieurs dĂ©capitations[17] qui rappellent les anciennes coutumes.

Kenneth George a dĂ©crit les pratiques des chasseurs de tĂȘtes qu'il a observĂ©s au sein de la minoritĂ© religieuse des Mappurondo, une tribu montagnarde du sud-ouest de l'Ăźle indonĂ©sienne de Sulawesi. Le rituel, appelĂ© pangngae, a lieu Ă  la fin de la rĂ©colte du riz. Il met en jeu des simulacres de crĂąnes, reprĂ©sentĂ©s par des noix de coco, et clĂŽt le processus de deuil pour les dĂ©funts de l'annĂ©e Ă©coulĂ©e. Il a Ă©galement pour fonctions la rĂ©solution des tensions accumulĂ©es, l'affichage de la virilitĂ© des membres masculins du groupe, la redistribution de certaines ressources communautaires, et la dĂ©fense du mode de vie traditionnel des Mappurondo contre les tentations du monde extĂ©rieur.

Dans les annĂ©es 1930, aux Philippines, la chasse aux tĂȘtes a Ă©tĂ© interdites chez les Ilongot par les autoritĂ©s amĂ©ricaines. Toujours aux Philippines, les Igorot ont Ă©galement pratiquĂ© la chasse aux tĂȘtes.

Les membres de la tribu Wa, dont le territoire s'Ă©tend de part et d'autre de la frontiĂšre qui sĂ©pare la Birmanie de la Chine, Ă©taient autrefois connus sous le nom de wild Was en raison de leur pratique assidue de la chasse aux tĂȘtes, qui s'est prolongĂ©e jusque dans les annĂ©es 1970[18].

TĂȘtes de membres de la tribu des Punan collectĂ©es par des guerriers iban.

Au Sarawak (nord-ouest de BornĂ©o), la dynastie coloniale fondĂ©e par James Brooke a Ă©radiquĂ© la chasse aux tĂȘtes au dĂ©but des annĂ©es 1800. Avant l'arrivĂ©e de Brooke, les Iban avaient dĂ©jĂ  agrandi par deux fois leur territoire, en repoussant devant eux, par la violence, les tribus Seru, Bukitan, Kanowit et Baketan.

En 1849, Brooke fut pour la premiĂšre fois tĂ©moin, au Sarawak, de la pratique de la chasse aux tĂȘtes, lors de la bataille de Betting Maru, conclue par la proposition d'un traitĂ© entre Brooke et le chef Iban nommĂ© Orang Kaya Pemancha Dana Bayang. Par la suite, la dynastie des Brooke Ă©largit son territoire en enrĂŽlant des Malais, des Iban et d'autres indigĂšnes pour crĂ©er un contingent important, mais sans solde, destinĂ© Ă  Ă©craser toute rĂ©bellion dans leurs Ă©tats. Les Brooke dĂ©savouĂšrent la chasse aux tĂȘtes (ngayau en langue Iban) en imposant des sanctions Ă  ceux qui contrevenaient au dĂ©cret Ă©manant de leur gouvernement dirigĂ© par un Rajah, tout en autorisant la pratique lors des expĂ©ditions approuvĂ©es par les mĂȘmes Brooke. Les indigĂšnes participant Ă  ces expĂ©ditions Ă©taient par ailleurs exemptĂ©s d'impĂŽt et se voyaient dotĂ©s de nouveaux territoires oĂč ils pouvaient migrer, dĂ©clenchant des Ă©pisodes de chasse aux tĂȘtes internes aux tribus ou inter-tribaux.

Le plus cĂ©lĂšbre des guerriers Iban Ă  s'ĂȘtre opposĂ© au gouvernement des Brooke fut Libau Rentap, contre lequel trois expĂ©ditions punitives furent organisĂ©es pour le dĂ©loger de son sanctuaire au sommet de Sadok Hill.

La troisiĂšme grande migration des Iban provoqua le dĂ©placement des tribus connues par les Iban sous les noms de Kayan, Kajang et Ukits. Ces derniers dĂ©placements vers les nouveaux territoires conquis par les Brooke se firent de maniĂšre pacifique. Mais ils Ă©taient associĂ©es Ă  des rituels complexes comportant des invocations aux dieux protecteurs et des phases de chasse aux tĂȘtes destinĂ©s Ă  permettre aux jeunes de devenir des guerriers accomplis.

Les plus rĂ©centes mentions de chasse aux tĂȘtes au Sarawak remontent Ă  l'occupation japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale, aux conflits entre la faction emmenĂ©e par Soekarno et les tenants de la FĂ©dĂ©ration de Malaisie, et au cours de l'insurrection communiste dans l'Ă©tat de Sarawak. Les Iban, rendus cĂ©lĂšbres pour leur pratique de la chasse aux tĂȘtes, furent ensuite connus pour ĂȘtre de bons Ă©claireurs et de bons pisteurs, et nombre d'entre eux reçurent des dĂ©corations pour leur participations Ă  des opĂ©rations militaires.

Depuis 1997, des violences inter-ethniques sont rapportĂ©es Ă  Kalimantan, impliquant notamment les indigĂšnes Dayak et des immigrants venus de l'Ăźle de Madura. En 2001, lors du conflit de Sampit, dans la ville homonyme, au centre de Kalimantan, au moins 500 Madurais ont Ă©tĂ© tuĂ©s et jusqu'Ă  100 000 d'entre eux ont Ă©tĂ© contraints de fuir. Les corps de certaines victimes des Ă©meutes ont alors Ă©tĂ© dĂ©capitĂ©s, dans un rituel rappelant les anciennes traditions Dayaks[19].

Les Ambonese, une tribu d'origine Papouo-malaise et vivant dans les Moluques, ont Ă©tĂ© de fĂ©roces chasseurs de tĂȘtes jusqu'Ă  l'Ă©poque de la domination coloniale nĂ©erlandaise en IndonĂ©sie[20].

Nouvelle-ZĂ©lande

H. G. Robley avec sa collection de mokomokai.

En Nouvelle-ZĂ©lande, les Maoris conservaient la tĂȘte fumĂ©e de leurs ennemis, aprĂšs en avoir retirĂ© le cerveau et les yeux. Leurs communautĂ©s tentent d'ailleurs actuellement de rĂ©cupĂ©rer certains de ces trophĂ©es exposĂ©s dans des musĂ©es occidentaux. Vingt tĂȘtes maories — vendues Ă  des collectionneurs dans les annĂ©es 1800, et parfois rĂ©alisĂ©es « Ă  la demande » — ont ainsi Ă©tĂ© retournĂ©es par les autoritĂ©s françaises en janvier 2012. D'autres pays, comme la Suisse, la Grande-Bretagne, le Danemark, les Pays-Bas et l'Allemagne, sont engagĂ©es dans des dĂ©marches similaires[21].

Chine

Pendant la pĂ©riode des Printemps et Automnes et celle des Royaumes combattants, les soldats Qin avaient l'habitude de prĂ©lever la tĂȘte de leurs ennemis. La plupart des soldats Ă©taient des serfs, enrĂŽlĂ©s sans solde. Ils gagnaient des rĂ©compenses et leurs galons en recueillant les tĂȘtes des ennemis, comme durant le gĂ©nocide des Dzungar. La vue des soldats Qin arborant les tĂȘtes coupĂ©es au moment de livrer bataille frappait d'horreur leurs ennemis. La pratique est considĂ©rĂ©e comme un des facteurs dĂ©terminants qui a permis aux Quin de venir Ă  bout de six autres nations et d'unifier la Chine. 

Le 8 octobre 1884, lors de la Bataille de Tamsui (Campagne de Keelung), durant la Guerre franco-chinoise, les Chinois firent prisonniers et dĂ©capitĂšrent 11 marins français blessĂ©s, ainsi que le capitaine Fontaine, servant sur le croiseur La GallissonniĂšre, utilisant des perches de bambou pour exposer leurs tĂȘtes et alimenter le ressentiment anti-français en Chine. Des images du supplice ont Ă©tĂ© publiĂ©es dans le Tien-shih-tsai Pictorial Journal de Shanghai[22]

« Une scĂšne Ă  laquelle personne ne pouvait Ă©chapper s'est produite sur la place du marchĂ©. Six tĂȘtes de Français, des tĂȘtes typiques de Français ont Ă©tĂ© exposĂ©es, au grand dam des Ă©trangers. Quelques-uns visitaient la place, oĂč ils se trouvĂšrent bloquĂ©s, et l'ont quittĂ©e sans regret - non seulement en raison du caractĂšre barbare et rĂ©pugnant de cette scĂšne, mais Ă©galement parce que la foule commençait Ă  montrer des signes d'agitation. Au camp se trouvaient Ă©galement huit tĂȘtes de Français, une scĂšne qui aurait satisfait les goĂ»ts d'un sauvage ou d'un montagnard, mais peu compatible avec les goĂ»ts qu'on imagine plus Ă©clairĂ©s des soldats chinois de nos jours. On ignore combien de Français ont Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©s ; 14 corps ont Ă©tĂ© laissĂ©s sur le rivage et sans doute des blessĂ©s ont-ils pu ĂȘtre ramenĂ©s Ă  leur navire. Les Chinois disent qu'il y a eu 20 tuĂ©s et de trĂšs nombreux blessĂ©s.

Dans la soirĂ©e, le capitaine Boteler et le consul Frater ont rendu visite au gĂ©nĂ©ral Sun, lui faisant reproche de ces tĂȘtes coupĂ©es et d'avoir autorisĂ© qu'elles soient exhibĂ©es. Le consul Frater lui a fait parvenir une dĂ©pĂȘche dĂ©nonçant de telles pratiques et il apparaĂźt que le gĂ©nĂ©ral s'est engagĂ© Ă  les faire cesser et Ă  faire enterrer les tĂȘtes. [...] On dit que les Chinois enterrĂšrent les cadavres des Français tuĂ© lors de l'engagement du 8 dĂšs que le gĂ©nĂ©ral Sun leur en eut donnĂ© l'ordre. Ils sont en possession d'une mitrailleuse prise ou trouvĂ©e sur la plage. »

— James Wheeler Davidson, "The island of Formosa, past and present: History, people, resources, and commercial prospects. Tea, camphor, sugar, gold, coal, sulphur, economical plants, and other productions, 1903, also published as "The Island of Formosa: Historical View from 1430 to 1900"[23]

En chine, les tĂȘtes de criminels exĂ©cutĂ©s ont Ă©tĂ© exhibĂ©es en public jusqu'au XXĂšme siĂšcle.

Japon

TĂȘtes de criminels exposĂ©es Ă  un poste d'observation. Japon ca 1909

Tom O'Neill a Ă©crit: « Les samouraĂŻ recherchaient aussi la gloire en chassant les tĂȘtes. Quand une bataille Ă©tait terminĂ©e, le guerrier, fidĂšle Ă  ses origines mercenaires, prĂ©sentait cĂ©rĂ©monieusement un trophĂ©e de tĂȘtes Ă  un gĂ©nĂ©ral, qui le rĂ©compensait d'une promotion en argent, en or ou bien en terres prĂ©levĂ©es sur le clan vaincu. Les gĂ©nĂ©raux exhibaient la tĂȘte de leurs adversaires vaincus dans les places publiques[24]. ». Des fonctionnaires dĂ©diĂ©s Ă©taient chargĂ©s de vĂ©rifier l'authenticitĂ© des trophĂ©es. « Il arrivait en effet que, dans le feu de l'action, un guerrier coupĂąt la tĂȘte d'un alliĂ© : la peine d'une telle mĂ©prise Ă©tait gĂ©nĂ©ralement l'amputation d'un doigt. Plus frĂ©quemment, certains tricheurs tentaient de faire passer des tĂȘtes coupĂ©es Ă  des civils ou Ă  des valets pour celles de hĂ©ros renommĂ©s[25] Â».

Taiwan

La chasse aux tĂȘtes Ă©tait une pratique courante chez les aborigĂšnes taiwanais. Toutes les tribus pratiquaient cette coutume, Ă  l'exception des Yami, qui avaient Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment isolĂ©es sur l'Ăźle de Lanyu.

Les TaĂŻwanais aborigĂšnes des plaines, les Taiwanais Han et les colons japonais constituaient des victimes de choix lors des raids menĂ©s par les TaĂŻwanais aborigĂšnes des montagnes chasseurs de tĂȘtes, et en particulier les deux derniers groupes, considĂ©rĂ©s comme des envahisseurs, des menteurs et des ennemis. Les raids ciblaient gĂ©nĂ©ralement des travailleurs aux champs, ou bien surprenaient les occupants d'une habitation Ă  laquelle le feu avait Ă©tĂ© mis intentionnellement au moment oĂč ils s'enfuyaient. La pratique s'est poursuivie pendant l'occupation japonaise de Taiwan, pour s'Ă©teindre dans les annĂ©es 1930 sous la fĂ©rule coloniale sĂ©vĂšre du gouvernement japonais.

Les tribus autochtones taĂŻwanaises qui s'Ă©taient prĂ©cĂ©demment alliĂ©es avec les Hollandais contre les Chinois au cours de la rĂ©bellion Guo Huaiyi (1652) se retournĂšrent contre les Hollandais pendant le SiĂšge de Fort Zeelandia et rejoignirent les forces chinoises de Koxinga[26]. Les indigĂšnes formosans de Sincan firent allĂ©geance Ă  Koxinga, aprĂšs qu'il leur eut offert une amnistie. Puis ils se mirent Ă  son service et commencĂšrent Ă  dĂ©capiter des Hollandais lors des exĂ©cutions. Les aborigĂšnes de la frontiĂšre, dans les montagnes et les plaines, rejoignirent Ă©galement les Chinois le 17 Mai 1661, cĂ©lĂ©brant leur libĂ©ration de l'enseignement obligatoire imposĂ© par la domination nĂ©erlandaise en traquant les Hollandais, en les dĂ©capitant et en dĂ©truisant les livres scolaires chrĂ©tiens[27].

Les Hans et les aborigĂšnes taĂŻwanais se soulevĂšrent contre les Japonais en 1907, puis Ă  nouveau en 1915. Les indigĂšnes Seediq se soulevĂšrent contre les Japonais dans les annĂ©es 1930 et ressuscitĂšrent la pratique de la chasse aux tĂȘtes, dĂ©capitant plusieurs Japonais lors de la rĂ©volte.

Sous-continent indien

La chasse aux tĂȘtes a Ă©tĂ© dĂ©crite chez les tribus Naga de l'Inde et du Myanmar. La pratique Ă©tait courante jusqu'au dĂ©but du XXe siĂšcle et elle est peut-ĂȘtre encore pratiquĂ©e par des groupes isolĂ©s au Myanmar. Beaucoup de guerriers Naga portent encore les marques (tatouages et autres) attestant de leurs succĂšs dans cet exercice. Dans l'Ă©tat d'Assam, dans le nord-est de l'Inde, tous les peuples vivant au sud du Brahmapoutre —Garosi, Khasis, Nagas, Kukis— ont Ă©tĂ© des chasseurs de tĂȘtes, y compris les Mizo des collines de Lushai. La pratique a Ă©tĂ© abolie lorsque le christianisme a Ă©tĂ© introduit dans la rĂ©gion[28].

Amériques

Amazonie

TĂȘte rĂ©duite provenant de la partie supĂ©rieure du cours de l'Amazone.

Plusieurs tribus appartenant au groupe Jivaro, y compris les Shuar dans l'est de l'Équateur et le nord du PĂ©rou, le long des riviĂšres Chinchipe, Bobonaza, Morona, Upano, et Pastaza, principaux affluents de l'Amazone, pratiquaient la collecte des tĂȘtes qui Ă©taient ensuite rĂ©duites. Ces trophĂ©es, appelĂ©s localement tzan-tzas semblaient rĂ©pondre Ă  trois fonctions : les Jivaros croient que l'Ăąme a son siĂšge dans la tĂȘte. En la momifiant « et en lui cousant les yeux et les lĂšvres, on emprisonne cette Ăąme et on la tue de façon superlative et mĂ©taphysique Â». Les tĂȘtes rĂ©duites sont Ă©galement des fĂ©tiches de prospĂ©ritĂ© et de fĂ©conditĂ© pour le meurtrier, sa tribu et ses possessions. Enfin une « transfusion magique Â» des qualitĂ©s vitales et spirituelles du dĂ©funt s'effectue au profit de son meurtrier[29].

Chez les Jivaros, le seul motif de la chasse aux tĂȘtes ne pouvait ĂȘtre que la vengeance, et seules les tĂȘtes d'hommes[30] adultes Ă©trangers Ă  la tribu, et sans aucun lien de parentĂ© avec elle, pouvaient ĂȘtre coupĂ©es. Seule la dĂ©capitation pouvait clĂŽturer la vengeance, le meurtre seul ne suffisant pas[29].

Aujourd'hui encore, les Shuar produisent des rĂ©pliques en utilisant le procĂ©dĂ© original appliquĂ© Ă  des tĂȘtes de singes et de paresseux, afin de les vendre aux touristes. Il existe peut-ĂȘtre encore des groupes isolĂ©s qui perpĂ©tuent les pratiques ancestrales lorsque leurs tribus sont en Ă©tat de guerre ou pour venger un crime passionnel.

Les Quechuas lamistas du PĂ©rou ont Ă©galement Ă©tĂ© des chasseurs de tĂȘtes[31].

Civilisations mésoaméricaines

Un tzompantli est reprĂ©sentĂ© Ă  droite de la description d'un temple AztĂšque dĂ©diĂ© Ă  la divinitĂ© Vitzliputzli. RamĂ­rez Codex (Juan de Tovar, 1587).

Un tzompantli est une claie, un support de bois ou une palissade, décrite dans plusieurs études sur les civilisations mésoaméricaines, qui a été utilisé pour l'exposition publique de crùnes humains, généralement ceux des prisonniers de guerre ou d'autres victimes sacrificielles.

Une structure de la civilisation zapotĂšque correspondant Ă  un tzompantli a Ă©tĂ© mise au jour sur le site de La Coyotera (Oaxaca). Elle est datĂ©e du IIe siĂšcle avant notre Ăšre au IIIe siĂšcle de notre Ăšre[32]. Des tzompantli ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©crit dans d'autres cultures mĂ©soamĂ©ricaines prĂ©colombiennes, comme celles des ToltĂšques et des MixtĂšques.

Selon des chiffres donnĂ©s par le conquistador AndrĂ©s de Tapia et par le frĂšre Diego DurĂĄn, Bernard Ortiz de Montellano[33] a calculĂ© qu'il y avait 60 000 crĂąnes sur le Hueyi Tzompantli (la grande claie) de Tenochtitlan. Il y avait au moins cinq autres claies dĂ©volues Ă  cet usage Ă  Tenochtitlan, mais, selon tous les tĂ©moignages, elles Ă©taient beaucoup plus petites.

D'autres exemples viennent de sites appartenant Ă  la civilisation Maya. De magnifiques inscriptions nous sont parvenues intactes sur le site de Chichen Itza[34].

Amérique du Nord

Dans un film sorti en 1914 et intitulĂ© In the Land of the Head Hunters (Au pays des chasseurs de tĂȘtes), Edward Sheriff Curtis met en scĂšne des membres de la tribu Kwakiult, originaire de l'Ăźle de Vancouver au Canada, en intĂ©grant au scĂ©nario une pratique la « chasse aux tĂȘtes Â» (d'ailleurs plus proche du trophĂ©e) rĂ©volue depuis longtemps Ă  l'Ă©poque du tournage[35].

Moyen-Orient

La Bible n'est pas avare de tĂȘtes coupĂ©es : les guerriers d'EphraĂŻm massacrent un grand nombre de Madianites et apportent Ă  GĂ©dĂ©on les tĂȘtes de deux de leurs chefs, Oreb et Zeeb [Juges, VII, 24-25]. AprĂšs avoir abattu Goliath, David tranche sa tĂȘte qu'il apporte au roi SaĂŒl [Samuel, I, 17, 48-58]. Plus tard les Philistins, dĂ©couvrant le cadavre de SaĂŒl parmi les morts de Guilboa, emportent sa tĂȘte en trophĂ©e [Samuel, I, 31, 8-10]. Le fils de SaĂŒl, Ishboseth, est assassinĂ© par des traĂźtres qui portent sa tĂȘte Ă  David [Samuel, II, 4, 5-9]. AprĂšs la dĂ©faite d'Achab, JĂ©hu ordonne qu'on lui envoie les tĂȘtes des soixante-dix enfants royaux Ă©levĂ©s Ă  Samarie, et il en fait faire deux tas de part et d'autre de la porte de la ville de JizrĂ©Ă«l [Rois, II, 10, 5-8][36].

Les Assyriens coupaient systĂ©matiquement les tĂȘtes des vaincus pour les exposer en tas aux portes de villes soumises. Les tĂȘtes des chefs les plus prestigieux Ă©taient rĂ©servĂ©es Ă  l'ornement du jardin royal[36].

Afrique

Nigeria et BĂ©nin

La chasse aux tĂȘtes Ă©tait pratiquĂ©e par les guerriers de la tribu Igbo au Nigeria[37].

Au Dahomey, les crĂąnes-trophĂ©es Ă©taient exposĂ©s sur le toit du palais royal d'Abomey et la formule de dĂ©claration de guerre Ă©tait « le palais a besoin d'un nouveau toit ». Selon Claude Sterkcx[38], aprĂšs la prise de Badagry, en 1874, les DahomĂ©ens « rapportĂšrent plus de six mille tĂȘtes Ă  l'encolure de leurs chevaux et, comme il en manquait cent vingt-sept pour la dĂ©coration murale dĂ©cidĂ©e, cent vingt-sept prisonniers furent aussitĂŽt exĂ©cutĂ©s. Les crĂąnes-trophĂ©es servaient Ă  tous les usages du roi. La Cour comptait mĂȘme un artiste officiel, l'adjakije, chargĂ© de les transformer en coupes ou en toute sorte d'autres objets Â».

Europe

Celtes

En Europe, les Celtes pratiquaient la chasse aux tĂȘtes, croyant qu'elles Ă©taient le siĂšge de l'Ăąme. « Un rĂ©sidu, variable, de puissance vitale subsisterait dans la tĂȘte d’un guerrier tuĂ© au combat, prĂ©cisĂ©ment parce que c’était quelqu’un de particuliĂšrement vigoureux et qu’il est mort avant la fin normale de son existence ; ce potentiel serait rĂ©cupĂ©rable et pourrait ĂȘtre transfĂ©rĂ© au bĂ©nĂ©fice d’un individu ou d’une communautĂ© Â»[39]. Les anciens Romains et les Grecs on dĂ©crit l'habitude que les Celtes avaient de clouer aux murs la tĂȘte de leurs ennemis ou de les suspendre aux cous de leurs chevaux[40] - [41].

La pratique perdura longtemps chez les Gaels â€” dans le Cycle d'Ulster, CĂșchulainn dĂ©capite les trois fils de Nechtan et arbore leurs tĂȘtes sur son char — pratique probablement traditionnelle plutĂŽt que religieuse. Le guerrier Ceat Mac Maghach, « depuis son enfance, n’est jamais passĂ© en Ulster sans en ramener une tĂȘte d’Ulate »[42], tout comme l’Ulate Conall Cearnach, qui ne passait jamais par le Connaught sans y couper une tĂȘte et « ne pouvait dormir sans une tĂȘte sous son genou »[43]. La pratique s'est poursuivie jusqu'Ă  la fin du Moyen Âge en Irlande et Ă  la frontiĂšre anglo-Ă©cossaise[28]. Les motivations religieuses de cette coutume se sont probablement Ă©teintes aprĂšs la conversion des Celtes au christianisme.

Les tĂȘtes Ă©taient Ă©galement collectĂ©es par les tribus germaniques et par les IbĂšres. La signification qu'ils attribuaient Ă  ces pratiques nous est inconnue, mais elles ont laissĂ© des traces archĂ©ologiques, comme le sanctuaire aux tĂȘtes coupĂ©es de Roquepertuse (Bouches-du-RhĂŽne)[44], ou les piliers phalliques utilisĂ©s comme supports de trophĂ©es crĂąniens dĂ©couvert Ă  Pfalzfeld (RhĂ©nanie-Palatinat)[45].

Scythes

Excellents cavaliers, les Scythes sont dĂ©crits par HĂ©rodote comme une peuplade sauvage et fĂ©roce, qui pratiquaient le sacrifice humain, s'abreuvaient de sang, scalpaient leurs ennemis et buvaient du vin dans des coupes confectionnĂ©es avec leurs crĂąnes[46] - [47]

Monténégro

Les MontĂ©nĂ©grins sont un groupe ethnique du sud-est de l'Europe, centrĂ© autour des monts Dinariques. Ils ont pratiquĂ© la chasse aux tĂȘtes jusqu'en 1876. On prĂ©tend qu'ils portaient les tĂȘtes suspendues Ă  une tresse de cheveux que leurs propriĂ©taires auraient laissĂ© pousser Ă  cet usage exclusif[48]. Dans les annĂ©es 1830, le dirigeant MontĂ©nĂ©grin Petar II Petrović-NjegoĆĄ commença la construction d'une tour appelĂ©e Tablja au-dessus du monastĂšre de Cetinje. La tour ne fut jamais Ă©tĂ© terminĂ©, et les MontĂ©nĂ©grins l'utilisĂšrent pour y exposer des tĂȘtes de Turcs. Le roi Nicolas Ier de MontĂ©nĂ©gro commanda en 1876 aux MontĂ©nĂ©grins de cesser cette pratique, considĂ©rĂ©e comme barbare par les diplomates europĂ©ens de l'Ă©poque. Tablja a Ă©tĂ© dĂ©moli en 1937.

Turcs ottomans

Les Turcs ottomans sont Ă©galement accusĂ©s d'avoir collectĂ© des tĂȘtes de MontĂ©nĂ©grins, Ă  l'occasion des conflits qui les opposaient[49].

Temps modernes

La seconde Guerre mondiale

Un Dayak chasseur de tĂȘtes de l'Ăźle de BornĂ©o.

Pendant la seconde Guerre Mondiale, les troupes alliĂ©es (et notamment les AmĂ©ricains) ont occasionnellement prĂ©levĂ© les crĂąnes de combattants Japonais, pour en faire des trophĂ©es, les rapporter comme souvenirs ou pour les vendre. La pratique est restĂ©e limitĂ©e au thĂ©Ăątre Pacifique[50].

En septembre 1942, ces pratiques Ă©taient suffisamment rĂ©pandues pour que le commandant en chef de la flotte du Pacifique Ă©dicte de sĂ©vĂšres mesures disciplinaires Ă  l'encontre de tout soldat qui se livrerait Ă  cette occupation. La pratique n'en persista pas moins : le magazine Life, dans son numĂ©ro du 22 mai 1944, a ainsi publiĂ© la photo d'une jeune femme posant avec un crĂąne de Japonais dĂ©dicacĂ©, envoyĂ© par son fiancĂ© servant dans les Marines, provoquant Ă  l'Ă©poque un tollĂ© dans l'opinion publique[51] - [52]. De fait, si les pratiques des soldats amĂ©ricains sur le thĂ©Ăątre Pacifique peuvent avoir des points communs avec celles des peuples premiers, les premiers ne trouvĂšrent pas, dans leurs foyers, « les rĂ©fĂ©rences culturelles qui auraient permis d'accepter ces comportements et d'intĂ©grer ces objets dans la communautĂ© familiale. Ce type de souvenir semble au contraire avoir transgressĂ© la frontiĂšre entre personnes et objet (ou personnes et propriĂ©tĂ©) de telle maniĂšre Ă  s'opposer Ă  leur assimilation dans les relations sociales de leurs propriĂ©taires et, finalement, dans la mĂ©moire collective »[53].

Les Dayaks de BornĂ©o, Ă©prouvĂ©s par l'occupation japonaise, formĂšrent une force pour aider les AlliĂ©s. Des agents australiens et britanniques de l'UnitĂ© SpĂ©ciale Z enrolĂȘrent les Dayak de l'intĂ©rieur pour former une unitĂ© d'un millier de chasseurs de tĂȘtes. Cette armĂ©e tribale tua ou captura quelque 1 500 soldats Japonais[54].

La guerre du Vietnam

Au cours de la guerre du Vietnam, certains soldats amĂ©ricains pratiquĂšrent la prise de « crĂąnes trophĂ©es »[55] - [56]. Cette pratique est Ă©voquĂ©e dans le film de 1995 intitulĂ© Dead Presidents.

Guerre d'Afghanistan

Un Gurkha a dĂ©capitĂ© un individu supposĂ© ĂȘtre un chef Taliban, et il l'a rapportĂ© Ă  la base pour procĂ©der Ă  son identification[57].

Galerie

  • TĂȘte trophĂ©e, indiens Munduruku, nord du BrĂ©sil, ca 1820.
    TĂȘte trophĂ©e, indiens Munduruku, nord du BrĂ©sil, ca 1820.
  • Les captifs tombĂ©s entre les mains des Amazones du Dahomey ont souvent Ă©tĂ© dĂ©capitĂ©s.
    Les captifs tombés entre les mains des Amazones du Dahomey ont souvent été décapités.
  • Un guerrier Ifugao avec certains de ses trophĂ©es. Philippines, 1912.
    Un guerrier Ifugao avec certains de ses trophées. Philippines, 1912.
  • Femmes Dayak dansant avec des tĂȘtes humaines, 1912.
    Femmes Dayak dansant avec des tĂȘtes humaines, 1912.
  • Portrait d'un samourai japonais samurai tenant une tĂȘte coupĂ©e.
    Portrait d'un samourai japonais samurai tenant une tĂȘte coupĂ©e.
  • Les tĂȘtes des victimes du massacre de Nankin (1937-38).
    Les tĂȘtes des victimes du massacre de Nankin (1937-38).

Notes et références

  1. Encyclopaedia Britannica, « headhunting (anthropology) – Britannica Online Encyclopedia »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), Britannica.com (consultĂ© le ).
  2. E-Modigliani, Un viaggio a Nias. Fratelli Treves Editori, Milano, 1890.
  3. Some Head-Hunting Traditions of Southern New Guinea, by Justus M. van der Kroef, american Anthropologist, New Series, Vol. 54, No 2 Apr.
  4. « Hunter Gatherers – New Guinea », Climatechange.umaine.edu (consultĂ© le ).
  5. Laurence Goldman (1999).
  6. Nevermann 1957: 9.
  7. « Il leur faut en effet couper une tĂȘte pour chaque enfant mĂąle car chaque homme porte plusieurs noms, mais le seul qui ait de l’importance est le « nom de tĂȘte » hĂ©ritĂ© d'une victime dĂ©capitĂ©e. En principe mĂȘme, aucun bĂ©bĂ© ne peut naĂźtre sans qu'un tel nom ne soit Ă  sa disposition : lui en fournir un constitue un devoir sacrĂ© du pĂšre ou, Ă  dĂ©faut, de l'oncle ou du grand-pĂšre. Mais le bĂ©bĂ© peut aussi recevoir son nom en cadeau d'un tiers : c'est mĂȘme lĂ  l'un des gestes les plus prestigieux dans la sociĂ©tĂ© marindaise, et le trĂ©sor le plus prĂ©cieux des chefs est leur rĂ©serve de noms de tĂȘte, dans laquelle ils puisent selon leur bon plaisir. Si la rĂ©serve du village est Ă©puisĂ©e, il devient nĂ©cessaire de monter une expĂ©dition pour la rĂ©approvisionner Â»
  8. Sterckx, p. 65-67, citĂ© par Doucet : « Toutes les tĂȘtes ne conviennent pas. Seules celles des tribus homophones peuvent servir. Les allophones - et les Occidentaux entre autres - ne sont que des sauvages sous-humains dont les tĂȘtes n'ont aucune valeur. Â»
  9. Nevermann 1957: blurb.
  10. Nevermann 1957: 13.
  11. Sterckx, cité par Poucet.
  12. « Head-Hunters Drove Papuan Tribe Into Tree-Houses », Sciencedaily.com (consulté le ).
  13. Jack London, The Cruise of the Snark, Harvard University Digitized Jan 19, 2006, (lire en ligne).
  14. Revue des Deux Mondes, XXXIIIe année, seconde période, tome 43, Paris, 1863, p.138.
  15. E.Modigliani, Un viaggio a Nias, Fratelli Treves Editori. Milano, 1890.
  16. Hoskins, Janet.
  17. « Tragedy in Sumba ». Site insideindonesia.org.
  18. Soldiers of Fortune, TIME Asia
  19. « Behind Ethnic War, Indonesia's Old Migration Policy », Globalpolicy.org (consulté le )
  20. http://www.nunusaku.com/pdfs/politicians_magicans.pdf
  21. La France restitue vingt tĂȘtes maories Ă  la Nouvelle-ZĂ©lande, Le Monde.fr, 23/01/2012.
  22. Maritime Taiwan (lire en ligne)
  23. The Island of Formosa (lire en ligne)
  24. "Samurai: Japan's Way of the Warrior".
  25. Claude Sterckx, Les mutilations des ennemis chez les Celtes prĂ©chrĂ©tiens. La TĂȘte, les Seins, le Graal, L’Harmattan, 2005, 183 pages. CitĂ© par Jacques Poucet, Sur la « chasse aux tĂȘtes » dans l’ethnographie et dans la Rome antique sur le site de la Biblioteca classica selecta , UniversitĂ© catholique de Louvain.
  26. Ralph R. Covell, Pentecost of the Hills in Taiwan : The Christian Faith Among the Original Inhabitants, Hope Publishing House, , 96–97 p. (ISBN 0-932727-90-5, lire en ligne)
  27. Chiu Hsin-Hui, The Colonial 'civilizing Process' in Dutch Formosa : 1624 - 1662, vol. Volume 10 of TANAP monographs on the history of the Asian-European interaction, BRILL, , 346 p. (ISBN 978-90-04-16507-6 et 90-04-16507-X, lire en ligne), p. 222
  28. http://www.lard.net/headhunters.html, EncyclopĂŠdia Britannica entry 1996
  29. Sterckx, p. 59-60, cité par Poucet.
  30. Les femmes n'ont pas d'Ăąme pour les Jivaros.
  31. Plants, Health And Healing (lire en ligne)
  32. Spencer (1982), p. 236–239
  33. OrtĂ­z de Montellano 1983
  34. Miller and Taube (1993), p.176.
  35. Dossier de presse Capricci Films/Centre culturel canadien, Paris.
  36. C. Sterckx, p. 87-88, cité par J. Poucet.
  37. « AfricaBib - The heroic age of the Ohafia Igbo: its evolution and socio-cultural consequences »
  38. C. Sterckx, p. 85, cité par J. Poucet.
  39. Sterckx, pp. 121, 126, 166, cité par Poucet.
  40. Posidonius, repris par Strabon (IV, 4, 5) : « L'irrĂ©flexion des Gaulois s'accompagne aussi de barbarie et de sauvagerie, ainsi qu'il est frĂ©quent chez les peuples du nord. Je pense Ă  leur usage, lorsqu'ils reviennent du combat, de suspendre Ă  l'encolure de leur cheval les tĂȘtes de leurs ennemis et d'ainsi les rapporter pour les clouer devant leurs portes. [...] Ils embaumaient dans l'huile de cĂšdre les tĂȘtes des ennemis de marque pour les montrer aux Ă©trangers, et ils refusaient de les rendre contre rançon, mĂȘme pour leur poids d'or ».
  41. Diodore de Sicile (V, 29, 5) : « Ils coupent les tĂȘtes des ennemis tombĂ©s au combat et attachent alors ces tĂȘtes au cou de leur cheval, puis, confiant Ă  leurs suivants les armes ensanglantĂ©es de leurs adversaires, ils rapportent ces tĂȘtes comme trophĂ©es en chantant sur elles un pĂ©an de victoire. Ils accrochent ensuite ces dĂ©pouilles dans leurs demeures, comme d'autres le font avec celles du gibier qu'ils ont tuĂ© Ă  la chasse. Les tĂȘtes des ennemis les plus fameux, ils les embaument dans de l'huile de cĂšdre et les conservent prĂ©cieusement dans des coffrets. Ils les exhibent alors aux Ă©trangers, affirmant sĂ©rieusement qu'un de leurs ancĂȘtres, ou leur pĂšre, ou eux-mĂȘmes ont refusĂ© de les rendre mĂȘme contre une grosse rançon. Certains, dit-on, se vantent d'avoir refusĂ©, pour la tĂȘte qu'ils montrent, son poids en or ».
  42. Sterckx, p. 36, cité par Poucet.
  43. Sterckx, p. 35-36, cité par Poucet.
  44. Sterckx, p. 28-29, cité par Poucet.
  45. Sterckx, pp. 119, cité par Poucet.
  46. Sterckx (p. 93-94).
  47. Quand un Scythe a abattu son premier ennemi, il boit de son sang. De tous ceux qu’il tue sur le champ de bataille, il prĂ©sente les tĂȘtes au roi ; car ce n’est que s’il prĂ©sente une tĂȘte qu’il a part au butin qui est fait ; s’il n’en prĂ©sente pas, il n’y a point part. Ces tĂȘtes sont Ă©corchĂ©es de la maniĂšre suivante : le Scythe pratique une incision circulaire contournant les oreilles, saisit la peau et l’arrache du crĂąne en secouant ; il racle ensuite la chair avec une cĂŽte de bƓuf, pĂ©trit la peau dans ses mains, et, quand il l’a assouplie, en fait une espĂšce de serviette ; il l’attache aux rĂȘnes du cheval qu’il monte, et s’en glorifie ; car celui qui possĂšde un grand nombre de ces serviettes, celui-lĂ  est jugĂ© un homme trĂšs brave. Beaucoup d’entre eux font aussi avec les peaux Ă©corchĂ©es des manteaux dont ils se revĂȘtent, formĂ©s de piĂšces cousues ensemble comme des capes de bergers ; beaucoup arrachent aux cadavres de leurs ennemis la peau de la main droite, avec les ongles, et en font des couvercles pour leurs carquois ; j’ai pu constater que la peau humaine Ă©tait Ă©paisse et brillante, presque, de toutes les peaux, la plus brillante de blancheur. Beaucoup Ă©corchent mĂȘme des hommes tout entiers, Ă©tendent les peaux sur des morceaux de bois et les promĂšnent Ă  cheval. Tels sont leurs usages en la matiĂšre. Quant aux tĂȘtes, non pas de tous leurs ennemis, mais des pires, voici comment ils les traitent. Ils dĂ©tachent Ă  la scie le crĂąne jusqu’au-dessous des sourcils, et le nettoient ; chez les pauvres, on se contente de l’envelopper extĂ©rieurement d’un cuir de bƓuf non tannĂ©, et on l’emploie tel quel ; chez les riches, non seulement on l’enveloppe de cuir, mais Ă  l’intĂ©rieur on le dore ; et c’est ainsi traitĂ© qu’on l’emploie comme un verre Ă  boire. Ils en font autant des crĂąnes mĂȘme de leurs proches, s’il y a entre eux des diffĂ©rends et que l’un a triomphĂ© de son adversaire devant le roi ; quand il vient chez lui des hĂŽtes dont il fait cas, il leur prĂ©sente ces tĂȘtes et explique que c’était de ses proches qui lui avaient cherchĂ© noise, et qu’il les a vaincus ; et ils parlent de cela comme d’un exploit (HĂ©rodote, IV, 64, trad. Ph.-E. Legrand).
  48. Albania and the Albanians (lire en ligne)
  49. « Head-hunting in Europe: Montenegrin heroes, Turkish barbarians and Western observers = Chasse aux tĂȘtes en Europe : HĂ©ros montĂ©nĂ©grins, barbares turcs et observateurs occidentaux »
  50. « En Europe, nous avions le sentiment que nos ennemis, si horribles et dangereux qu'ils soient, restaient des ĂȘtres humains Â», Ă©crivait un correspond de guerre citĂ© Simon Harrison dans Skull Trophies of the Pacific War : Transgressive Objects of remembrance' « Copie archivĂ©e » (version du 19 fĂ©vrier 2019 sur Internet Archive) in Journal of the Royal Anthropological Institute, December 1, 2006. L'auteur Ă©met l'hypothĂšse que l'Ă©loignement gĂ©ographique et culturel a contribuĂ© Ă  dĂ©shumaniser l'adversaire et Ă  raviver des comportements profonds relevant de la chasse, y compris la collecte et l'exhibition de trophĂ©es.
  51. Fussel 1990: 117
  52. Harrison 2006.
  53. Simon Harrison dans Skull Trophies of the Pacific War : Transgressive Objects of remembrance' « Copie archivée » (version du 19 février 2019 sur Internet Archive) in Journal of the Royal Anthropological Institute, December 1, 2006.
  54. 'Guests' can succeed where occupiers fail, November 9, 2007.
  55. Michelle Boorstein, « Eerie Souvenirs From the Vietnam War », Washingtonpost.com (consulté le )
  56. « Signs of the Times – Trophy Skulls » [archive du ], George.loper.org (consultĂ© le )
  57. « Gurkha who beheaded Taliban soldier in Afghanistan battle cleared to return to duty », sur Mail Online

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Davidson, James Wheeler, The island of Formosa, past and present: History, people, resources, and commercial prospects. Tea, camphor, sugar, gold, coal, sulphur, economical plants, and other productions (London, 1903)
  • Davidson, James Wheeler, The Island of Formosa: Historical View from 1430 to 1900 (London, 1903)
  • Paul Fussell, Wartime : Understanding and Behavior in the Second World War, New York, Oxford University Press,
  • (en) Kenneth George, Showing signs of violence : the cultural politics of a twentieth-century headhunting ritual, Berkeley, University of California Press, , 339 p. (ISBN 0-520-20041-1)
  • (en) Simon Harrison, « Skull Trophies of the Pacific War: Transgressive Objects of Remembrance », The Journal of the Royal Anthropological Institute, vol. 12, no 4,‎ , p. 817-836 (ISSN 1359-0987, OCLC 437653788, DOI 10.1111/J.1467-9655.2006.00365.X, JSTOR 4092567). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (de) Hans Nevermann, Söhne des tötenden Vaters. DĂ€monen- und KopfjĂ€gergeschichten aus Neu-Guinea, Eisenach ‱ Kassel, Erich Röth-Verlag, coll. « Das Gesichtder Völker »,
  • Steven L. Rubenstein, « Circulation, Accumulation, and the Power of Shuar Shrunken Heads », Cultural Anthropology, vol. 22, no 3,‎ , p. 357–399 (DOI 10.1525/can.2007.22.3.357)
  • Shih-shan Henry Tsai, Maritime Taiwan : Historical Encounters with the East and the West, M.E. Sharpe, (ISBN 978-0-7656-2328-7 et 0-7656-2328-5, lire en ligne [archive du ])
  • James J. Weingartner (1992) "Trophies of War: U.S. Troops and the Mutilation of Japanese War Dead, 1941 – 1945" Pacific Historical Review
  • Hitoshi Yamada, Religionsethnologie der Kopfjagd (in Japanese), Tokyo, Chikuma Shobo, , 464 p. (ISBN 978-4-480-84305-0)

Lectures complémentaires

  • Head-Hunting Roman Cavalry - Un article concernant le combat singulier et le prĂ©lĂšvement de tĂȘtes et de scalps par les guerriers romains.
  • Jean-Louis Voisin, « Les Romains, chasseurs de tĂȘtes », dans Du chĂątiment dans la citĂ© : supplices corporels et peine de mort dans le monde antique, Rome, École française de Rome, (ISBN 2-7283-0084-4, lire en ligne).
  • CornĂ©lis De Witt Willcox (1912). The head hunters of northern Luzon : from Ifugao to Kalinga, a ride through the mountains of northern Luzon. With an appendix on the independence of the Philippines. Philippine culture series. Volume 31. Franklin Hudson Publishing Co. Retrieved 24 April 2014.

Articles connexes

Liens externes

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