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Casa Vicens

La Casa Vicens est un Ă©difice moderniste situĂ© Ă  Barcelone, dans le district de GrĂ cia. Construit par Antoni GaudĂ­, c’est le premier projet majeur de l’architecte. Les travaux se dĂ©roulent entre 1883 et 1885, mais le projet originel est Ă©laborĂ© par GaudĂ­ entre 1878 et 1880. L’ouvrage s’inscrit dans un style orientaliste, proche du nĂ©o-mudĂ©jar, mais selon une interprĂ©tation personnelle, avec la signature originale qui caractĂ©rise les projets de l’architecte. Dans cette rĂ©alisation, GaudĂ­ dĂ©veloppe pour la premiĂšre fois des systĂšmes constructifs qui seront couramment utilisĂ©s dans les dĂ©buts du modernisme. À l’époque, l’ouvrage fait l’objet de nombreux commentaires et crĂ©e une grande sensation auprĂšs du public. GrĂ cia est encore une commune Ă  part entiĂšre, dotĂ©e de sa propre mairie et du statut de ville. Elle a depuis Ă©tĂ© rattachĂ©e Ă  Barcelone pour devenir un district de la ville.

Casa Vicens
Façade principale de la Casa Vicens
Présentation
Type
Monument, bùtiment d'habitation, maison-musée (en)
Partie de
Liste des bñtiments Modernistes de Barcelone (en), Iconic Houses Network (d), Ɠuvres d'Antoni Gaudí (d)
Destination actuelle
musée
Style
Architecte
Matériau
Construction
1883 - 1885
Surface
1 239 m2 ou 1 200 m2
Patrimonialité
Bien culturel d'intĂ©rĂȘt national ()
Bien d'intĂ©rĂȘt culturel
Partie d'un site du patrimoine mondial UNESCO (d) ()
Site web
Logo du patrimoine mondial Patrimoine mondial
Identifiant
Coordonnées
41° 24â€Č 13″ N, 2° 09â€Č 02″ E
Carte

Le projet originel comprend un grand espace amĂ©nagĂ© en jardin, en plus de la maison, mais le terrain est progressivement divisĂ© en parcelles et vendu pour la construction d’immeubles d’habitation. Actuellement, le site ne compte plus que la maison et une petite surface extĂ©rieure. Afin d’optimiser l’espace, GaudĂ­ conçoit un projet Ă  trois façades, adossĂ© contre un ancien couvent par un mur mitoyen. En 1925, la maison fait l’objet d’un projet d’agrandissement proposĂ© Ă  GaudĂ­, mais celui-ci refuse et soumet le nom de l’un de ses disciples, Joan Baptista Serra, pour le remplacer. Ce dernier rĂ©alise une nouvelle travĂ©e en respectant le style originel de GaudĂ­, avec la crĂ©ation d’une nouvelle façade pour aboutir Ă  un Ă©difice Ă  quatre cĂŽtĂ©s.

Cet ouvrage s’inscrit dans l’étape orientaliste de GaudĂ­ (1883-1888), pĂ©riode durant laquelle l’architecte rĂ©alise une sĂ©rie d’ouvrages de style rĂ©solument oriental, inspirĂ©s de l’art du Proche-Orient et de l’ExtrĂȘme-Orient (Inde, Perse, Japon), mais aussi de l’art hispano-mauresque, principalement le mudĂ©jar et le nasride. Pendant cette pĂ©riode, GaudĂ­ fait grand usage des carreaux en cĂ©ramique pour la dĂ©coration, mais aussi des arcs angulaires, des corbeaux en brique apparente et des couronnements en forme de tourelle ou de dĂŽme.

L’édifice est classĂ© Monument historico-artistique en 1969 sous le numĂ©ro 52-MH-EN, Bien d’intĂ©rĂȘt culturel en 1993 sous la rĂ©fĂ©rence RI-51-0003823 et Patrimoine mondial en 2005 sous la rĂ©fĂ©rence 320bis.

Histoire

Premier ouvrage majeur de GaudĂ­

Antoni GaudĂ­ (Reus ou Riudoms, 1852 - Barcelone, 1926) Ă©tudie l’architecture Ă  l’École de la Llotja et Ă  l’École technique supĂ©rieure d'architecture de Barcelone, d’oĂč il sort diplĂŽmĂ© en 1878. Pour payer ses Ă©tudes, GaudĂ­ travaille comme dessinateur en bĂątiment pour diffĂ©rents architectes et constructeurs, Ă  l’instar de Leandre Serrallach, Joan Martorell, Emili Sala i CortĂ©s, Francisco de Paula del Villar y Lozano et Josep FontserĂš.[1] En 1878, son diplĂŽme d’architecture en poche, il rĂ©alise ses premiers travaux dont des rĂ©verbĂšres pour la Place Royale, le projet des kiosques Girossi, la vitrine de la ganterie Esteban Comella et le mobilier de la chapelle-panthĂ©on du palais de Sobrellano Ă  Comillas, tous rĂ©alisĂ©s l’annĂ©e mĂȘme de l’obtention de son diplĂŽme, ainsi que la CoopĂ©rative ouvriĂšre des mataronais (1878-1882), sa premiĂšre grosse commande, qui ne sera construite qu’en partie, avec un seul bĂątiment. Ses rĂ©alisations suivantes sont le mobilier de la pharmacie Gisbert (1879), ainsi que la dĂ©coration de l’église Sant PaciĂ  Ă  Sant Andreu de Palomar (1879-1881) et de l’église du Col·legi de JesĂșs i Maria de Tarragone (1880-1882).[2]

GaudĂ­ concilie la construction de la Casa Vicens avec d’autres projets : en 1883, il se voit confier les travaux du temple expiatoire de la Sagrada FamĂ­lia, entamĂ©s l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente d’aprĂšs un projet de Francisco de Paula del Villar y Lozano, lequel renonce peu aprĂšs pour cause de dĂ©saccord avec le comitĂ© de construction. GaudĂ­ consacrera le reste de sa vie Ă  la construction du temple, qui sera son Ɠuvre suprĂȘme et la synthĂšse de toutes ses innovations architecturales. Cette mĂȘme annĂ©e, il rĂ©alise un projet de retable pour la chapelle du SantĂ­ssim Sagrament de l’église paroissiale Sant Feliu d’Alella, ainsi que des plans topographiques du domaine Can Rossell de la Llena Ă  Gelida, et se voit confier le projet d’une villa attenante au palais de Sobrellano, du marquis de Comillas, dans la ville du mĂȘme nom (Cantabrie), surnommĂ©e El Capricho, construite entre 1883 et 1885 dans un style orientaliste similaire Ă  celui de la Casa Vicens, qui se distingue Ă©galement par son parement en cĂ©ramique. Le pavillon GĂŒell de Pedralbes (1884-1887) qu’il construit pour le compte d’Eusebi GĂŒell, son principal mĂ©cĂšne et ami, arborent un style similaire.[3]

GaudĂ­ connaĂźt alors la premiĂšre pĂ©riode de sa carriĂšre, qui se caractĂ©rise par l’utilisation d’un langage architectural d’une grande simplicitĂ© constructive, dans lequel la ligne droite prime sur la ligne courbe. Sur le plan stylistique, elle correspond Ă  une Ă©tape aux influences orientalistes, oĂč les formes structurelles et ornementales s’inspirent de l’art oriental, principalement mudĂ©jar, perse et byzantin, tel qu’on peut l’apprĂ©cier dans d’autres ouvrages comme les pavillons GĂŒell, le Cellier GĂŒell ou El Capricho de Comillas.[4] GaudĂ­ Ă©tudie l’art nĂ©omudĂ©jar dans les livres d’Owen Jones, tels que Plans, Elevations, Sections and Details of the Alhambra (1842), Designs for Mosaics and Tessellated Pavements (1842) et Grammar of Ornament (1856).[5]

L’idĂ©e que GaudĂ­ se fait de la maison familiale – et qu’il met en pratique dans la Casa Vicens – est trĂšs bien exprimĂ©e dans un article non publiĂ© qu’il rĂ©dige en 1881, intitulĂ© La maison de famille (catalan : La casa pairal): « La maison est la petite nation de la famille. La famille, comme la nation, a une histoire, des relations extĂ©rieures, des changements de gouvernement, etc. La famille indĂ©pendante a sa maison Ă  soi, celle qui ne l’est pas a une maison de location. La maison Ă  soi est le pays natal, celle de location le pays de l’émigration ; c’est pourquoi il n’y a pas mieux que la maison Ă  soi. On ne conçoit pas la maison Ă  soi sans famille, seule celle de location est conçue ainsi ».[6]

La commande

Dessin de la Casa Vicens (1910), par Francesc Berenguer et Aleix Clapés

En 1878, Manuel Vicens i Montaner confie Ă  GaudĂ­ la construction d’une seconde rĂ©sidence familiale d’étĂ© dans la localitĂ© de GrĂ cia.[7] Manuel Vicens (1836-1895) est courtier en bourse,[8] mĂȘme si l’on en sait trĂšs peu Ă  son sujet. De par son testament, on sait qu’il possĂšde une maison Ă  Alella, ainsi que deux propriĂ©tĂ©s dans le centre de Barcelone et plusieurs terrains dans le secteur de Vallvidrera.[9] Manuel Vicens fait construire la maison sur un terrain qu’il a hĂ©ritĂ© de sa mĂšre, Rosa Montaner i Matas, en 1887[10]. Il meurt le 29 avril 1895, laissant ses biens Ă  sa veuve, Dolors Giralt i GrĂ­fol.[note 1]

La façon dont Vicens fait la connaissance de GaudĂ­ demeure un mystĂšre, mais il est probable qu’ils se rencontrent dans les cercles culturels en lien avec la Renaixença que tous deux frĂ©quentent.[14] Par la suite, Vicens et GaudĂ­ entretiennent une relation d’amitiĂ© et, entre 1880 et 1890, l’architecte passe l’étĂ© dans la maison d’Alella de Vicens Ă  maintes reprises. Pour cette rĂ©sidence, GaudĂ­ rĂ©alise une armoire d’angle et une cheminĂ©e en mĂ©tal et bois d’angle portant les initiales M. V. (de Manuel Vicens), actuellement conservĂ©es dans la Casa Vicens. Les sĂ©jours de GaudĂ­ dans cette localitĂ© de bord de mer l’amĂšnent Ă  travailler en 1883 sur un projet de retable pour l’église Sant Feliu d’Alella Ă  la demande du curĂ© Jaume Puig Claret, qui finalement n’aboutit pas. Un dessin Ă  l’encre de Chine sur papier vĂ©lin, Ă  l’échelle 1:25, est conservĂ©.[15]

Façade de la Casa Vicens, signée par Gaudí le 15 janvier 1883

La localitĂ© de GrĂ cia est alors indĂ©pendante de Barcelone. Le centre s’est formĂ© autour du couvent carmĂ©lite Santa MarĂ­a de GrĂ cia – plus connu sous le nom de els Josepets –, fondĂ© en 1630. Il s’agit Ă  cette Ă©poque d’une zone agricole, parsemĂ©e de fermes, qui au dĂ©but du XIXe siĂšcle commence Ă  s’urbaniser et Ă  dĂ©velopper un tissu industriel naissant. La localitĂ© est rattachĂ©e Ă  Barcelone en 1897, en mĂȘme temps que cinq autres villes limitrophes : Sants, Les Corts, Sant Gervasi de Cassoles, Sant Andreu de Palomar et Sant MartĂ­ de Provençals.[16] Les familles de la bourgeoisie sont alors nombreuses Ă  Ă©tablir leur seconde rĂ©sidence Ă  GrĂ cia, car la localitĂ© allie proximitĂ© avec la ville et tranquillitĂ©. La maison se situe dans le Carrer de les Carolines, baptisĂ© ainsi en l’honneur des Ăźles Carolines – ancienne colonie espagnole – en 1908; son nom prĂ©cĂ©dant Ă©tait Sant Gervasi[17].

Le terrain d’origine se situe entre le couvent des Filles de la charitĂ© de Saint-Vincent-de-Paul, dont le mur mitoyen est adossĂ© sur un pan Ă  l’édifice (cĂŽtĂ© nord-est), et une ruelle sans issue, surnommĂ©e CarrerĂł RacĂł de Sant Gervasi, qui disparaĂźt par la suite. Ce terrain est issu de trois parcelles acquises entre 1846 et 1854 par AgustĂ­ Maria BarĂł i TastĂ s, comprenant plusieurs constructions basses. En 1866, Rosa Montaner i Matas, veuve d’Onofre Vicens i DomĂšnech, la mĂšre de Manuel Vicens, en hĂ©rite. À la mort de cette derniĂšre en 1877, Manuel Vicens en hĂ©rite Ă  son tour.[note 2] On ignore si les constructions existantes sur le terrain sont dĂ©molies ou rĂ©utilisĂ©es en partie pour le projet de GaudĂ­. En 1876 et 1881, Vicens acquiert deux terrains adjacents dans le CarrerĂł RacĂł de Sant Gervasi, qui permettent d’agrandir le jardin de la propriĂ©tĂ©.[19]

Plan du site
Plan du rez-de-chaussée

GaudĂ­ achĂšve le projet englobant la maison et le jardin en 1880, bien que les plans sont signĂ©s en 1883, date Ă  laquelle ils sont dĂ©posĂ©s Ă  la mairie de GrĂ cia.[20][note 3] En matiĂšre de conception, il combine une structure architecturale relativement simple avec la complexitĂ© d’une dĂ©coration trĂšs soignĂ©e, notamment avec l’utilisation de carreaux en cĂ©ramique D’un point de vue stylistique, ce projet correspond pleinement Ă  sa pĂ©riode orientaliste, mais le recours massif aux arts dĂ©coratifs (cĂ©ramique, fer forgĂ©, verrerie, menuiserie) offre un avant-goĂ»t de ce que sera son Ă©poque dorĂ©e dans le Modernisme catalan.[7] Les travaux se dĂ©roulent entre 1883 et 1885.[22][note 4] GaudĂ­ dirige personnellement les travaux : d’aprĂšs un tĂ©moignage de Joan Baptista Serra Ă  George Collins en 1959, l’architecte s’assoit sous un parasol et supervise la construction, ordonnant parfois la dĂ©molition de ce qu’il considĂšre mal fait.[12]

Pendant l’exĂ©cution, GaudĂ­ compte sur l’aide de plusieurs artisans qui rĂ©apparaĂźtront rĂ©guliĂšrement dans ses futures rĂ©alisations, Ă  l’instar du sculpteur Llorenç Matamala, l’ébĂ©niste Eudald PuntĂ­ ou le ferronnier Joan Oñós, ainsi que l’entrepreneur Claudi Alsina.[24][25] La dĂ©coration est confiĂ©e au peintre Francesc Torrescassana et au sculpteur Antoni Riba.[26]

Le terrain d’origine fait 30 × 34,5 m, pour une superficie de 1 035 m2.[12][note 5] La maison compte alors trois façades, puisque cĂŽtĂ© nord-est elle est adossĂ©e au mur mitoyen d’un couvent contigu. Bien que l’entrĂ©e est situĂ©e cĂŽtĂ© sud-est, dans le Carrer de Sant Gervasi, la façade principale est celle orientĂ©e vers le jardin, cĂŽtĂ© sud-ouest, bordĂ©e par la ruelle du CarrerĂł RacĂł de Sant Gervasi, de 35 m de long sur 32,5 m de large. La maison, conçue comme une demeure unifamiliale, comporte un sous-sol faisant office de cellier ; un Ă©tage noble composĂ© d’un vestibule, d’une salle Ă  manger, d’une fenĂȘtre en saillie, d’un fumoir, d’une cuisine et d’une buanderie ; un premier Ă©tage avec des chambres, des salles de bain, un vestiaire et une bibliothĂšque ; des combles pour loger le personnel de maison ; et un toit-terrasse avec un petit chemin de ronde entre les toits avec cheminĂ©e et une tourelle Ă  l’angle nord-est.[12] Elle possĂšde un escalier sur voĂ»te catalane avec une rambarde en bois dont chaque marche est dĂ©corĂ©e de petites peintures Ă  l’huile de Torrescassana, qui disparaissent lors de la rĂ©novation de 1925[28].

Meubles conçus par Gaudí pour la maison de Manuel Vicens à Alella

L’architecte imagine un ensemble de murs en maçonnerie alternant avec des rangĂ©es de carreaux en cĂ©ramique, qui reproduisent les fleurs jaunes typiques du secteur (Ɠillets d’Inde ou Tagetes erecta),[29] que GaudĂ­ dĂ©couvre sur le terrain de la maison avant la construction et qu’il souhaite reproduire dans le projet final. Il s’inspire Ă©galement d’un palmier du terrain pour concevoir la grille en fer forgĂ© de l’entrĂ©e principale, en forme de feuilles de palmier nain (Chamaerops humilis). Pour reprendre ses propres mots : « Lorsque je suis allĂ© prendre les mesures, le terrain Ă©tait entiĂšrement recouvert de ces petites fleurs jaunes que j’ai adoptĂ©es comme motif ornemental sur les carreaux en cĂ©ramique. Il y avait aussi un exubĂ©rant palmier, dont les feuilles coulĂ©es en fer habillent la clĂŽture et la porte d’entrĂ©e de la maison ».[8]

Lors de la conception de la maison, GaudĂ­ cherche Ă  allier l’aspect pratique et esthĂ©tique avec le confort, l’hygiĂšne et le bien-ĂȘtre, ainsi qu’une harmonie parfaite avec le jardin et le cadre environnant. Comme dans chacun de ses projets, il planifie tout jusque dans les moindres dĂ©tails et apporte un soin particulier Ă  des aspects tels que l’éclairage et la ventilation, en essayant de mettre en Ɠuvre des conditions d’habitabilitĂ© optimales.[8] L’un des espaces les plus Ă©vocateurs de la maison est la fenĂȘtre en saillie attenante Ă  la salle Ă  manger, donnant sur le jardin au moyen de jalousies en bois d’inspiration orientale qui, une fois ouvertes, laissent cet espace Ă  l’air libre. Elle abrite une fontaine composĂ©e d’une vasque de style Renaissance et d’une grille mĂ©tallique elliptique, semblable Ă  une toile d’araignĂ©e, qui transforme l’eau en une fine lame laissant apparaĂźtre les couleurs de l’arc-en-ciel lorsqu’elle est traversĂ©e par la lumiĂšre.[30]

Carreaux Ă  motifs d'Ɠillets. GaudĂ­ a affirmĂ© avoir trouvĂ© ces fleurs sur le site Ă  construire et a voulu leur rendre hommage

L’ancien jardin comprend trois espaces distincts : celui qui sĂ©pare la maison de la rue, celui qui fait face Ă  la partie noble, avec des parterres de palmiers circulaires, et un autre sur le cĂŽtĂ©, peuplĂ© d’arbres fruitiers.[31] GaudĂ­ apporte un soin particulier Ă  la conception du jardin de la maison, car s’agissant d’une rĂ©sidence d’étĂ©, cet espace joue une fonction de lieu de loisir trĂšs importante. Outre les Ă©lĂ©ments naturels, deux Ă©lĂ©ments se dĂ©marquent tout particuliĂšrement : une fontaine en brique et en cĂ©ramique Ă  l’entrĂ©e et une cascade monumentale, en brique Ă©galement. La cascade, de la mĂȘme hauteur que la maison, est constituĂ©e d’un grand arc catĂ©naire soutenant une structure de faux arcs en briques formant deux loggias de piliers alternĂ©s, flanquĂ©es de deux escaliers.[32] Au sommet, deux rĂ©servoirs d’eau dĂ©versent une pluie fine sur une grotte de rocaille.[33] Les Ă©coinçons de l’arc abritent des bas-reliefs en terre cuite du sculpteur Antoni Riba, reprĂ©sentant des enfants en train de nager[34]. Dans le projet de GaudĂ­, cette cascade est adossĂ©e au mur dĂ©limitant la propriĂ©tĂ©, mais l’extension de 1925 en fait une structure isolĂ©e. Elle est dĂ©molie en 1946, lorsqu’une partie du jardin est vendue pour la construction de logements[35]. Le jardin abrite une autre fontaine Ă  l’entrĂ©e principale, formĂ©e de deux vasques superposĂ©es : celle du bas, plus grande et cylindrique, recouverte de stuc avec des dalles Ă  motifs d’Ɠillets d’Inde sur la partie supĂ©rieure, et celle du haut, en forme de prisme octogonal, avec des faces de 75 × 45 cm, recouverte de dalles en cĂ©ramique Ă  motifs de fleurs et de feuilles de tournesol ; elle disparaĂźt lors de l’agrandissement de 1925[36].

Section de la grille en cƓur de palmier conservĂ©e au MusĂ©e national d'art de Catalogne

La propriĂ©tĂ© est dĂ©limitĂ©e par un mur en moellons avec des crĂ©neaux semi-elliptiques et une grille en fer forgĂ© arborant des motifs de feuilles de palmier nain et d’Ɠillets d’Inde, surmontĂ©e de pointes en forme de trident, Ă  l’entrĂ©e principale[37]. À l’angle sud-ouest, une petite tourelle fait office de belvĂ©dĂšre, formĂ©e de deux colonnes en brique et de trois colonnes en pierre – celle du milieu est gĂ©minĂ©e –, supportant une structure en brique en forme de L avec des arcs aveugles, couronnĂ©e d’une toiture Ă  deux versants avec des Ă©lĂ©ments en cĂ©ramique[36]. La clĂŽture d’origine fait 30 × 34,50 m et chaque cadre mesure 0,49 × 0,49 × 0,12 cm. Le dessin de la grille rĂ©alisĂ© par GaudĂ­ figure sur le plan de la façade qui est conservĂ© dans les Archives historiques de Catalogne, signĂ© par GaudĂ­ et Vicens le 15 janvier 1883. Le sculpteur Llorenç Matamala part de ce dessin pour fabriquer un moule en plĂątre, qui par la suite est coulĂ© en fonte par le forgeron Joan Oñós. D’aprĂšs le dessin de GaudĂ­, chaque feuille doit ĂȘtre disposĂ©e en diagonale. Mais elles sont finalement orientĂ©es Ă  l’horizontal, alternant un alignement vers la gauche et vers la droite.[38] À la suite de l’extension de la propriĂ©tĂ© en 1925, le mur en pierre est remplacĂ© par de nouveaux panneaux de clĂŽture de palmiers nains, qui entourent alors tout le pĂ©rimĂštre. Cependant, aprĂšs la vente de plusieurs parties du jardin Ă  des fins de constructions, plusieurs panneaux de la clĂŽture sont retirĂ©s. Certains d’entre eux sont rĂ©installĂ©s Ă  la porte d’entrĂ©e du parc GĂŒell et dans la maison Larrard – rĂ©sidence d’Eusebi GĂŒell – Ă  l’intĂ©rieur du parc (actuelle Ă©cole Baldiri Reixac), tandis que d’autres sont conservĂ©s dans la Maison-musĂ©e GaudĂ­.[24]

Sur un terrain adjacent Ă  la Casa Vicens, au numĂ©ro 28 du Carrer de les Carolines, se trouve depuis longtemps une fontaine d’eau minĂ©rale appelĂ©e fontaine de Santa Rita. La tradition veut que le 22 mai, jour de la Saint-Rita, les habitants viennent boire l’eau de la fontaine. En 1895, l’eau est dĂ©clarĂ©e d’utilitĂ© publique et commence Ă  ĂȘtre commercialisĂ©e. Lorsque Joan Baptista Serra entreprend l’agrandissement de la Casa Vicens en 1925, il fait construire une chapelle dĂ©diĂ©e Ă  sainte Rita Ă  l’emplacement de la fontaine. En 1963, la chapelle est dĂ©molie en vue de construire un nouvel immeuble de logements[39].

Agrandissement et évolution ultérieure

La maison en 1898, sur une photo publiée dans l'hebdomadaire La Campana de Gràcia

En 1899, la veuve de Manuel Vicens, Dolors Giralt i GrĂ­fol, vend la maison au docteur Antonio Jover Puig pour 45 000 pesetas.[40] Antonio Jover (Barcelone, 1855-1930) est un pĂ©diatre de renom, diplĂŽmĂ© de l’universitĂ© de Barcelone en 1876. Il part s’installer Ă  Cuba oĂč il enseigne Ă  l’universitĂ© de La Havane jusqu’à l’indĂ©pendance de l’üle, lorsqu’il rentre en Espagne. C’est grĂące Ă  la fortune amassĂ©e outre-Atlantique, comme d’autres Indianos de l’époque, qu’il peut acquĂ©rir la Casa Vicens. Il reprĂ©sente diverses sociĂ©tĂ©s commerciales espagnoles Ă  Cuba et, mĂȘme aprĂšs l’indĂ©pendance, il rĂ©alise plusieurs sĂ©jours sur l’üle. Il prĂ©side Ă©galement le Casino Español de La Habana et le Cercle CatalĂ . Il s’installe dĂ©finitivement Ă  Barcelone en 1924, oĂč il est Ă©lu conseiller municipal de 1924 Ă  1930 et nommĂ© adjoint au maire sous le baron de Viver[41]. En 1908, le Dr Jover vend la maison Ă  son frĂšre, JosĂ© Jover, en se rĂ©servant le droit d’usufruit ; ce dernier ne laissant aucun descendant Ă  sa mort en 1913, il la cĂšde Ă  Ángela GonzĂĄlez SĂĄnchez, Ă©pouse d’Antonio Jover[42].

En 1925, le Dr Jover envisage d’agrandir l’édifice dans le but d’en faire sa rĂ©sidence principale. Pour ce faire, il acquiert un terrain jouxtant le mur mitoyen avec le couvent, d’une superficie de 212,88 m2, correspondant aux numĂ©ros 18-20 du Carrer de les Carolines[43]. Il achĂšte Ă©galement le terrain situĂ© entre la ruelle CarrerĂł RacĂł de Sant Gervasi et l’Avinguda de la Riera de Cassoles, et parvient Ă  faire dĂ©clarer la ruelle « excĂ©dent de voie publique », ce qui lui permet d’agrandir le jardin sur toute cette superficie.[44] À cette Ă©poque, la propriĂ©tĂ© atteint son extension maximale, 1 738 m2.[45] Pour agrandir la maison, il demande Ă  GaudĂ­ de prendre en charge le projet, mais ce dernier refuse, car il consacre alors tout son temps Ă  la Sagrada FamĂ­lia. Il recommande l’un de ses disciples, Joan Baptista Serra, qui conçoit la moitiĂ© droite de la façade en respectant le style de GaudĂ­.[46]

Joan Baptista Serra de MartĂ­nez (Barcelone, 1888-1962) Ă©tudie Ă  l’école d’architecture de Barcelone, d’oĂč il sort diplĂŽmĂ© en 1914. Cette mĂȘme annĂ©e, il fait la connaissance de GaudĂ­ dans l’église Sants Just i Pastor, oĂč les rĂ©unit leur passion pour la musique. Son style Ă©clectique tire ses influences du modernisme, du noucentisme, du classicisme et de l’architecture europĂ©enne moderne. L’un de ses premiers ouvrages est la maison Cucuruy Ă  Barcelone, suivie de sa propre maison, la Villa Mercedes, dans le Carrer Escoles Pies ; la maison d’Eduard SchĂ€fer, dans le Carrer CopĂšrnic ; et la maison ValentĂ­ Soler, sur la Via Laietana, entre autres. Il travaille comme architecte municipal de Montcada i Reixac, Ripollet, Begues, Molins de Rei et Sant Feliu de Codines, oĂč il rĂ©alise divers ouvrages, comme le marchĂ© de Ripollet, le lotissement de Begues, un Ă©tablissement scolaire et un projet d’assainissement et de revĂȘtement de sol Ă  Molins de Rei, et les Ă©glises Santa EngrĂ cia et Sagrat Cor Ă  Montcada i Reixac[47].

Photo historique de l'intérieur de la Casa Vicens

Serra construit la moitiĂ© droite de l’édifice – vu depuis le Carrer de les Carolines – qui se distingue de la partie construite par GaudĂ­ par son volume en saillie vers la rue. La division est Ă©galement reconnaissable Ă  l’aspect diffĂ©rent des carreaux en cĂ©ramique : GaudĂ­ les alterne pour donner plus de dynamisme, tandis que Serra les dispose de maniĂšre uniforme. L’agrandissement se dĂ©roule entre 1925 et 1927.[8]

L’agrandissement est rĂ©alisĂ© du cĂŽtĂ© du mur mitoyen avec l’ancien couvent, de sorte que l’édifice vient Ă  gagner une nouvelle façade pour en possĂ©der quatre.[48] À l’angle de la rue, Serra construit une tourelle semblable Ă  celle que GaudĂ­ a Ă©rigĂ©e de l’autre cĂŽtĂ©.[49] Le nouveau rĂ©amĂ©nagement implique de transformer la maison unifamiliale en trois logements indĂ©pendants, un par Ă©tage. À cette fin, l’escalier d’origine conçu par GaudĂ­ est remplacĂ© par un autre conforme Ă  sa nouvelle finalitĂ©[50].

La fenĂȘtre en saillie fait Ă©galement l’objet d’une modification. Les jalousies en bois sont remplacĂ©es par un vitrage qui ferme complĂštement l’espace, perdant ainsi l’idĂ©e d’origine d’un espace ouvrant directement sur le jardin[51]. La fontaine, l’un des Ă©lĂ©ments les plus Ă©vocateurs du projet de GaudĂ­, est Ă©galement supprimĂ©e.[30]

Du cĂŽtĂ© sud-ouest, la ruelle ayant disparu, le mur dĂ©limitant la propriĂ©tĂ© est dĂ©moli et remplacĂ© par de nouveaux panneaux de clĂŽture aux feuilles de palmier nain. Il respecte la cascade qui est adossĂ©e au mur en en faisant une construction isolĂ©e, ce qui l’amĂšne Ă  ouvrir l’arc parabolique de l’autre cĂŽtĂ© ; en revanche, la rocaille disposĂ©e au bas de la cascade est supprimĂ©e pour y mettre une piscine Ă  la place. Une partie de la structure de la cascade est Ă©galement recouverte de carreaux en cĂ©ramique, imitant ceux de la maison.[30]

Il construit Ă©galement une tourelle de l’autre cĂŽtĂ© du jardin donnant sur l’Avinguda de la Riera de Cassoles, pour abriter l’ancienne fontaine de Santa Rita. De plan circulaire, elle est recouverte de carreaux en cĂ©ramique jaunes et surmontĂ©e d’un dĂŽme hĂ©misphĂ©rique, recouvert de carreaux en cĂ©ramique et couronnĂ© d’une lanterne avec une croix. DĂ©molie en 1963, les anciens jardins sont dĂ©sormais occupĂ©s par des immeubles de logement.[30]

La bande verticale marque la transition entre la partie originale de Gaudí (à droite) et l'agrandissement de Serra (à gauche). Notez que Gaudí a alterné la position des carreaux pour donner du dynamisme, tandis que Serra les a disposés uniformément

Le Carrer de les Carolines est Ă©largi en 1925, situant la maison en bordure de rue. À ce titre, la porte d’entrĂ©e est dĂ©placĂ©e sur la façade sud-ouest, oĂč se trouve la fenĂȘtre en saillie, Ă  l’endroit occupĂ© auparavant par une fenĂȘtre du vestibule, et une terrasse avec des escaliers est construite pour y accĂ©der. L’ancienne porte est transformĂ©e en une double baie vitrĂ©e avec des grilles en fer forgĂ©.[52] DisparaĂźt Ă©galement une porte secondaire pour le personnel de maison, situĂ©e Ă  cĂŽtĂ© du mur mitoyen du couvent – actuellement une fenĂȘtre. Tout comme une terrasse surplombant cette entrĂ©e menant Ă  l’une des chambres du premier Ă©tage, qui est remplacĂ©e par un balcon[53]. L’entrĂ©e principale de la rue est dĂ©placĂ©e un peu vers la gauche et couronnĂ©e de deux lampadaires rĂ©alisĂ©s par le forgeron Bonaventura Batlle. Une entrĂ©e secondaire est amĂ©nagĂ©e Ă  l’angle du Carrer de les Carolines et de l’Avinguda de la Riera de Cassoles, identique Ă  l’entrĂ©e principale[54]. La tourelle-belvĂ©dĂšre situĂ©e Ă  l’angle donnant sur la ruelle CarrerĂł RacĂł de Sant Gervasi est conservĂ©e, mĂȘme si aprĂšs la suppression de la ruelle, elle devient un Ă©lĂ©ment du mur. Enfin, disparaĂźt Ă©galement la fontaine de l’entrĂ©e, situĂ©e dans la partie qui a Ă©tĂ© supprimĂ©e cĂŽtĂ© sud-est en raison de l’élargissement du Carrer de Sant Gervasi.[32]

L’intervention de Serra est plus sobre Ă  l’intĂ©rieur qu’à l’extĂ©rieur : il emploie les nouveaux matĂ©riaux de construction de l’époque, dont des solives en fer avec des entrevous cĂ©ramique aux plafonds. Il remplace l’ancien escalier conçu par GaudĂ­ par un patio intĂ©rieur qui arrose de lumiĂšre les piĂšces adjacentes, et amĂ©nage un nouvel escalier dans la partie agrandie. Le sous-sol perd une chambre Ă  la suite de l’élargissement de la rue, mais en gagne une sous la nouvelle terrasse amĂ©nagĂ©e dans l’entrĂ©e principale. Les finitions intĂ©rieures de la partie agrandie sont plus simples que celles du projet de GaudĂ­, comprenant principalement des sols en mosaĂŻque, des murs de plĂątre peints et des faux-plafonds de plĂątre bordĂ©s de moulure. Dans les salles de bain, il utilise des dalles d’origine andalouse ornĂ©es de fleurs et d’une grenade au centre[54].

Putti en terre cuite situés dans le coin correspondant à l'extension Serra, à l'imitation des originaux d'Antoni Riba du projet gaudinien

En 1927, la municipalitĂ© de Barcelone dĂ©cerne Ă  la Casa Vicens le Prix du plus bel Ă©difice pour la rĂ©novation et l’agrandissement rĂ©alisĂ©s par Joan Baptista Serra, rĂ©compensant en second plan le travail de GaudĂ­.[25] Le prix, d’une valeur de 1 000 pesetas, est remis le 5 mars 1929.[55] GaudĂ­ avait remportĂ© ce prix en 1900 pour la Casa Calvet, l’un de ses ouvrages les plus conservateurs.[56]

L’édifice fait l’objet d’un nouvel agrandissement en 1935, lorsque l’architecte Francisco VĂ­ctor Ortenbach BertrĂĄn est chargĂ© d’ajouter une nouvelle section au rez-de-chaussĂ©e, du cĂŽtĂ© de la façade ouest[57].

En 1946, une partie du jardin est vendue pour la construction de logements, y compris la cascade, qui est dĂ©molie, et l’ancien belvĂ©dĂšre.[note 6] La partie du jardin qui abrite la chapelle Santa Rita est sĂ©parĂ©e du reste[57].

En 1962, la veuve du Dr Jover, Ángela GonzĂĄlez SĂĄnchez dĂ©cĂšde, laissant pour hĂ©ritiers ses enfants Antonio, Gaspar, MarĂ­a de la Paloma et Fabiola. AprĂšs le partage de ses biens, la Casa Vicens revient Ă  Fabiola,[58] mariĂ©e au gynĂ©cologue Antonio Herrero LĂłpez (Saragosse, 1914 - Barcelone, 2004), qui installe son cabinet dans la Casa Vicens[41]. L’annĂ©e suivante, une autre partie du jardin est vendue pour la construction de logements et la chapelle Santa Rita est dĂ©molie[59]. La clĂŽture aux feuilles de palmier nain est en grande partie dĂ©montĂ©e et certains panneaux sont rĂ©installĂ©s en diffĂ©rents endroits du Park GĂŒell.[60] La propriĂ©tĂ© prĂ©sente alors sa taille actuelle et l’architecte Antonio Pineda Gualba se voit confier la rĂ©novation du sous-sol et du rez-de-chaussĂ©e, dont les travaux se dĂ©roulent en 1964[61]. Une entrĂ©e au sous-sol est alors amĂ©nagĂ©e au niveau de la rue, sous l’escalier de la porte principale[62].

La maison est restaurĂ©e en 1997 suivant un projet d’Ignacio Herrero, membre de la famille propriĂ©taire et architecte de profession. Les travaux concernent principalement les façades et la toiture[63].

En 2001, Ă  la mort de Fabiola, l’hĂ©ritage est transmis Ă  ses fils Antonio, Ignacio, Carlos MarĂ­a et Javier Herrero Jover[64].

Distinctions

La Casa Vicens est classĂ©e Monument historico-artistique par le dĂ©cret 1794/1969 du 24 juillet 1969 (Bulletin officiel de l'État du 20 aoĂ»t 1969). D’autres constructions de GaudĂ­ sont Ă©galement concernĂ©es : le temple expiatoire de la Sagrada FamĂ­lia, le Parc GĂŒell, le Palais GĂŒell, la Casa MilĂ , la Casa BatllĂł, le portail Miralles, la Casa Calvet, la Casa Figueras (Bellesguard), le pavillon GĂŒell et le CollĂšge Sainte-ThĂ©rĂšse Ă  Barcelone ; la crypte de la Colonie GĂŒell Ă  Santa Coloma de CervellĂł ; la CoopĂ©rative ouvriĂšre des mataronais Ă  MatarĂł ; la Casa Botines Ă  LeĂłn ; le palais Ă©piscopal d'Astorga ; El Capricho Ă  Comillas ; et les Ă©lĂ©ments liturgiques installĂ©s dans la chapelle principale de la cathĂ©drale de Palma de Majorque. Le dĂ©cret stipule que « l’Ɠuvre de GaudĂ­ prĂ©sente un intĂ©rĂȘt exceptionnel pour l’architecture contemporaine. La mĂ©canique, la construction et l’esthĂ©tique s’unissent pour l’élever Ă  un haut degrĂ© de sincĂ©ritĂ©. L’empreinte particuliĂšre qui ressort de toutes ses Ɠuvres prĂ©sente GaudĂ­ comme un innovateur Ă  la forte personnalitĂ©, ce qui n’empĂȘche pas que nombre de ses solutions originales s’appuient sur la tradition architecturale, notamment sur le style gothique caractĂ©ristique de la rĂ©gion catalane. La figure de GaudĂ­, extrĂȘmement apprĂ©ciĂ©e de par le monde, a fait de son Ɠuvre le reprĂ©sentant le plus intĂ©ressant et le plus pĂ©renne des mouvements artistiques majeurs de notre Ă©poque ». Il dĂ©finit Ă©galement la Casa Vicens comme « l’un des premiers jalons du modernisme d’inspiration orientale, avec la nouveautĂ© des façades polychromes en matĂ©riaux naturels aux textures variĂ©es combinĂ©es Ă  des cĂ©ramiques glacurĂ©es »[65].

En 1993, elle est classĂ©e Bien culturel d’intĂ©rĂȘt national (BCIN), conformĂ©ment aux dispositions de la loi 9/1993 du 30 septembre 1993 sur le patrimoine culturel catalan[61].

En juillet 2005, la Casa Vicens est classĂ©e Patrimoine mondial par l’Unesco. Trois autres rĂ©alisations de GaudĂ­ sont Ă©galement classĂ©es au Patrimoine mondial : la façade de la NativitĂ©, la crypte et l’abside du temple expiatoire de la Sagrada FamĂ­lia, et la Casa BatllĂł Ă  Barcelone, et la crypte de la ColĂČnia GĂŒell Ă  Santa Coloma de CervellĂł. Le Park GĂŒell, le Palau GĂŒell et la Casa MilĂ  Ă©taient dĂ©jĂ  classĂ©s au Patrimoine mondial depuis 1984. Lors de son inscription, l’Unesco dĂ©clare que « ces ouvrages tĂ©moignent de la contribution exceptionnelle des crĂ©ations de GaudĂ­ Ă  l’évolution de l’architecture et des techniques de construction Ă  la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle. Ils sont l’expression d’un style Ă©clectique et trĂšs personnel auquel son auteur a donnĂ© libre cours non seulement dans l’architecture, mais aussi le jardinage, la sculpture et de nombreux autres arts dĂ©coratifs »[66].

Vente, restauration et ouverture au public

La tribune avant la restauration, avec l'enceinte vitrée installée en 1925 par Serra
La tribune aprĂšs la restauration, selon le projet original gaudinien

En 2014, la famille Herrero Jover vend la Casa Vicens Ă  la banque andorrane MoraBanc, qui transforme l’édifice en maison-musĂ©e aprĂšs des travaux de rĂ©amĂ©nagement[67]. Elle ouvre ses portes au public le 16 novembre 2017[68].

La rĂ©novation est rĂ©alisĂ©e par les architectes ElĂ­as Torres et JosĂ© Antonio MartĂ­nez Lapeña, avec la collaboration de David GarcĂ­a du cabinet d’architectes Daw Office SLP, entre 2015 et 2017. Entre autres modifications, mentionnons les suivantes : l’ancien escalier est remplacĂ© par un escalier plus moderne adaptĂ© au nouvel usage de la maison comme musĂ©e, et un ascenseur est installĂ©[69]. Les volumes ajoutĂ©s en 1935 et 1964, qui avaient dĂ©naturĂ© l’Ɠuvre d’origine de GaudĂ­, sont supprimĂ©s[70]. La fenĂȘtre en saillie fait l’objet d’une autre modification : les fermetures en verre sont remplacĂ©es par un systĂšme de jalousies basculantes aux formes gĂ©omĂ©triques et la fontaine retrouve sa place, comme dans le projet originel de GaudĂ­[70].

Casa Vicens pendant les travaux de restauration

Le parcours de la visite se concentrant sur les piĂšces du projet originel de GaudĂ­, l’agrandissement rĂ©alisĂ© par Serra en 1925 est transformĂ© en espace de rĂ©ception pour les visiteurs au rez-de-chaussĂ©e, et d’espace pour les expositions permanentes et temporaires aux premier et deuxiĂšme Ă©tages. L’espace d’exposition du deuxiĂšme Ă©tage conserve une cheminĂ©e conçue par GaudĂ­ pour la maison de Manuel Vicens Ă  Alella, ainsi que des plans du projet dessinĂ©s par GaudĂ­ et une maquette de la propriĂ©tĂ© Ă  l’échelle 1:33. L’exposition est agrĂ©mentĂ©e de vidĂ©os sur le projet de GaudĂ­. Le sous-sol abrite une boutique-librairie et un bar-cafĂ©tĂ©ria est amĂ©nagĂ© dans un coin du jardin[71].

Restauration de céramique
Restauration de tableaux

Pendant le processus de rĂ©habilitation, les peintures de Torrescassana sont restaurĂ©es par l’entreprise Policromia en collaboration avec le Centre de restauration des biens meubles de la GĂ©nĂ©ralitĂ© de Catalogne. Le travail consiste Ă  nettoyer les tableaux, Ă  retoucher la couche picturale et Ă  consolider les supports[72]. Certaines dalles en cĂ©ramique abĂźmĂ©es sont Ă©galement restaurĂ©es, un travail rĂ©alisĂ© par Manel Diestre, de l’atelier de cĂ©ramique Sot, qui utilise la mĂȘme technique de pochoir que pour les originales[73]. Les lampes de la maison sont Ă©galement remises en Ă©tat, un projet pilotĂ© par les architectes responsables de la restauration, assistĂ©s par divers spĂ©cialistes de diffĂ©rentes techniques telles que le bois, la cĂ©ramique, le mĂ©tal, la peinture murale, le tissu et la pierre[74].

Le projet de restauration est finaliste du prix d’architecture FAD en 2018, ainsi que de la 11e Biennale ibĂ©ro-amĂ©ricaine d’architecture et d’urbanisme en 2019. Il remporte le prix RĂ©habilitation lors de la premiĂšre Ă©dition des Prix LledĂł d’architecture ibĂ©rique en 2018 et est rĂ©compensĂ© lors de la 14e Biennale espagnole d’architecture et d’urbanisme 2016-2017 en 2018. D’aprĂšs le jury du FAD, « les architectes ont proposĂ© une rĂ©habilitation complĂšte et trĂšs soignĂ©e de cette premiĂšre rĂ©alisation de GaudĂ­ »[75].

À la suite de la dĂ©couverte de plans originaux Ă©tablis par GaudĂ­, une reconstitution de la cascade conçue par l’architecte pour le jardin est rĂ©alisĂ©e en 2019 et installĂ©e au musĂ©e Agbar de les AigĂŒes de CornellĂ  de Llobregat[76].

Description

Vue depuis la rue des Carolines

Le terrain actuel a une superficie de 711 m2 et la surface construite est de 1 239 m2. La maison est rĂ©partie sur quatre niveaux ou Ă©tages : un niveau souterrain servant de cellier ; deux Ă©tages destinĂ©s Ă  l’habitation, le premier avec une cuisine, une salle Ă  manger et diverses piĂšces, et le second aux chambres ; et des combles pour le personnel de maison.[77] GaudĂ­ utilise la technique de construction traditionnelle catalane avec des murs porteurs et un plancher avec des entrevous et des solives en bois, encore bien loin de ce que seront ses futures solutions constructives basĂ©es sur la gĂ©omĂ©trie rĂ©glĂ©e, mĂȘme si pour la cascade du jardin il a recours Ă  l’arc parabolique, l’une de ses futures marques de fabrique. Pour les murs, il combine maçonnerie de pierres appareillĂ©es, briques apparentes et carreaux en cĂ©ramique.[25]

L’architecte rĂ©alise une demeure rĂ©solument estivale, totalement intĂ©grĂ©e au jardin environnant. La structure est fondĂ©e sur la ligne droite, contrairement Ă  sa prĂ©fĂ©rence future pour la courbe, mais elle apporte du dynamisme grĂące aux volumes en retrait et en saillie. Le bĂątiment donne par ailleurs une impression de continuitĂ© spatiale entre l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur, grĂące Ă  la fenĂȘtre en saillie du rez-de-chaussĂ©e et Ă  la galerie du deuxiĂšme Ă©tage, ainsi qu’aux diffĂ©rents balcons et terrasses et Ă  l’ensemble de jalousies installĂ©es sur les ouvertures. Tout cela confĂšre au bĂątiment une sensation de luminositĂ© et de lĂ©gĂšretĂ©, presque comme une construction Ă©phĂ©mĂšre, qui constitue le premier manifeste architectural de sa carriĂšre.[78]

Extérieur

Façade jardin

La structure de la maison est fondĂ©e sur la ligne droite, les charges Ă©tant rĂ©parties sur des murs parallĂšles. Cette simplicitĂ© est attĂ©nuĂ©e par la richesse dĂ©corative, dans laquelle GaudĂ­ dĂ©ploie toute son imagination dĂ©bordante.[27] Les murs de la maison sont en maçonnerie alternĂ©e avec des rangĂ©es de carreaux en cĂ©ramique, qui reproduisent des fleurs jaunes que GaudĂ­ a trouvĂ©es sur le terrain de la maison avant sa construction, appelĂ©es Ɠillets d’Inde ou Ɠillets mauresques.[29] Les carreaux ont une dimension modulaire de 15 cm.[79]

Les murs aux volumes proĂ©minents, caractĂ©ristiques de l’architecture islamique, sont remarquables. Les pierres de taille alternent avec des carreaux en cĂ©ramique, aussi bien ceux Ă  motifs vĂ©gĂ©taux que ceux de couleur verte et blanche en forme d'Ă©chiquier. Les diffĂ©rentes surfaces et les effets gĂ©omĂ©triques crĂ©ent un clair-obscur qui accentue la diversitĂ© chromatique de l’extĂ©rieur. Au deuxiĂšme Ă©tage, la façade de la rue comme celle du jardin prĂ©sentent une galerie continue d’arcs en mitre entourant la partie supĂ©rieure, fermĂ©e par des jalousies en bois de style oriental.[80] Les angles sont pourvus d’oriels situĂ©s Ă  45 degrĂ©s, avec des balcons Ă  encorbellement en brique.[25] Les rebords des balcons sont ornĂ©s de putti en terre cuite d’Antoni Riba.[81] La partie infĂ©rieure des saillies des fenĂȘtres est bordĂ©e de grosses gouttes en forme de pyramide arrondie de 4 × 4 × 4 cm[82], qui alternent avec des caissons en forme de coquillages et de motifs vĂ©gĂ©taux.[83]

La façade du rue de les Carolines, orientĂ©e sud-est, correspond Ă  l’époque Ă  l’entrĂ©e de la maison, qui est dĂ©placĂ©e lors de la rĂ©novation de 1925 en raison de l’élargissement de la rue et de la perte de l’espace de jardin existant autrefois entre cette façade et la grille d’entrĂ©e, qui est de trois mĂštres.[33] Deux fenĂȘtres habillĂ©es de grilles en fer forgĂ© sont amĂ©nagĂ©es Ă  la place de la porte. La moitiĂ© droite de cette façade, qui s’avance sur la rue par rapport Ă  la moitiĂ© gauche, correspond Ă  l’agrandissement de Serra. La façade originale mesure 7,5 m de long et en gagne sept autres avec l’agrandissement. Le premier Ă©tage arbore deux balcons aux formes arrondies, qui contrastent avec les formes droites de la façade. Sur le toit-terrasse, au centre de la façade originale, se dresse une cheminĂ©e, tandis que l’angle droit – correspondant Ă  l’extension – est surmontĂ© d’une tourelle.[84]

Entrée principale

La façade du jardin, orientĂ©e sud-ouest, est la façade principale du projet de GaudĂ­. Elle est structurĂ©e sur trois niveaux diffĂ©rents, un pour chaque Ă©tage : au rez-de-chaussĂ©e, la partie centrale est occupĂ©e par l’extĂ©rieur de la fenĂȘtre en saillie, qui communique avec la salle Ă  manger du rez-de-chaussĂ©e, flanquĂ©e Ă  droite de l’entrĂ©e de la maison – une fenĂȘtre dans le projet originel – et, Ă  gauche, de la porte menant au fumoir ; au premier Ă©tage, plus sobre, se trouve un balcon qui donne sur les chambres ; le deuxiĂšme Ă©tage, qui correspond aux combles, est recouvert de carreaux en cĂ©ramique et est couronnĂ© au centre par une cheminĂ©e, tandis que dans l’angle gauche s’élĂšve un petite tourelle avec dĂŽme. Cette tourelle correspond au point culminant de la maison, qui est de 17 m.[85]

La partie extĂ©rieure de la fenĂȘtre en saillie atteint 5,5 m de haut, en tenant compte de la terrasse supĂ©rieure. Au centre, la fontaine repose sur un corps adossĂ© de base semi-circulaire, recouvert de carreaux en cĂ©ramique ornĂ©s d’Ɠillets. Les jalousies en bois qui ferment les ouvertures de la fenĂȘtre en saillie mesurent 2 × 2 m. D’inspiration orientale, elles rappellent un type de volet japonais appelĂ© shitomido. GaudĂ­ dĂ©couvre ce systĂšme lors d’une exposition d’architecture japonaise organisĂ©e Ă  Barcelone en 1881. La terrasse situĂ©e au-dessus de la fenĂȘtre en saillie arbore des bancs en bois avec des garde-corps mĂ©talliques et des bacs Ă  fleurs dans les coins, ornĂ©s de carreaux alternant fleurs et feuilles de tournesol, semblables Ă  ceux utilisĂ©s dans El Capricho de Comillas.[86]

Inscription Ă  la fenĂȘtre en saillie: sol, solet, vinam a veure (« soleil, petit soleil, viens me voir »)

La frise de la fenĂȘtre en saillie se compose de plusieurs phrases tirĂ©es de contes populaires catalans : « Sol, solet, vinam a veure » (« soleil, petit soleil, viens me voir ») sur le cĂŽtĂ© sud-est ; « Oh, la sombra d’istiu » (« oh, ombre d’étĂ© ») cĂŽtĂ© nord-ouest ; « De la llart lo foch, visca lo foch de l’amor » (« du foyer le feu, vive le feu de l’amour ») sur le mur sud-ouest.[32]

La porte principale de la maison, contiguĂ« Ă  la fenĂȘtre en saillie, date de la rĂ©novation de 1925, puisqu’elle se trouvait auparavant sur la façade donnant sur la rue. SurĂ©levĂ©e par rapport au sol, on y accĂšde par une volĂ©e de marches avec une rambarde mĂ©tallique. La porte est flanquĂ©e de deux battants en fer forgĂ© Ă  motifs floraux. Le haut de la porte prend la forme d’un arc en mitre rectiligne, dĂ©corĂ© de grosses gouttes. Lors de la rĂ©novation de 1925, une terrasse est amĂ©nagĂ©e devant cette porte, puis retirĂ©e lors de la restauration de 2017. Une lampe en fer forgĂ© Ă  motifs vĂ©gĂ©taux est suspendue au-dessus de la porte.[87]

Cheminée et tourelle sur le toit

L’accĂšs au fumoir se fait par une volĂ©e de quatre marches dĂ©corĂ©es de carreaux ornĂ©s d’Ɠillets, avec deux rambardes en forme de spirale avec des fleurs aux tiges allongĂ©es. La porte en bois arbore des formes gĂ©omĂ©triques d’inspiration orientale. La fenĂȘtre contiguĂ« dispose Ă©galement d’un volet en bois avec des piĂšces arrondies disposĂ©es alternativement Ă  l’horizontale et Ă  la verticale. Une lampe identique Ă  celle de l’entrĂ©e principale est suspendue au-dessus de la porte. À cĂŽtĂ© de cet accĂšs trĂŽne un vase en cĂ©ramique ornĂ© de fleurs et d’une tĂȘte de faune.[88]

Les deux autres façades arborent la mĂȘme apparence que le reste. Sur la façade nord-ouest, comme sur celle donnant sur la rue, la moitiĂ© de la façade – dans ce cas la gauche – correspond Ă  l’agrandissement de Serra. La façade nord-est est quant Ă  elle l’Ɠuvre originale de Serra, puisque dans le projet de GaudĂ­, ce cĂŽtĂ© de la maison est adossĂ© au mur mitoyen du couvent voisin.[83]

Grille inspirée de la feuille de palmier nain

Le toit-terrasse a une superficie de 150 m2, dont 85 m2 correspondent Ă  la maison originelle conçue par GaudĂ­ et le reste Ă  l’agrandissement de Serra. Les deux projets diffĂšrent Ă©galement au niveau de la toiture : le toit-terrasse d’origine prĂ©sente quatre plans inclinĂ©s construits sur les poutres en bois du toit des combles, recouverts de rangĂ©es de tuiles creuses, avec un chemin de ronde avec des dalles en cĂ©ramique cuite permettant d’accĂ©der Ă  la tourelle situĂ©e Ă  l’angle et aux cheminĂ©es ; la partie construite par Serra prĂ©sente une terrasse plate, avec des marches menant Ă  l’autre tourelle situĂ©e Ă  l’angle opposĂ©. Ces tourelles – celle de Serra est une fidĂšle copie de l’original de GaudĂ­ – sont recouvertes de carreaux en cĂ©ramique, combinant Ɠillets et damier vert et blanc, avec un dĂŽme surmontĂ© d’une flamme en bronze. Les cheminĂ©es sont en briques Ă©galement recouvertes de carreaux en cĂ©ramique.[89] L’accĂšs Ă  cet espace se fait par l’ancienne grille d’entrĂ©e du Carrer de les Carolines, lorsque l’entrĂ©e principale se situait cĂŽtĂ© sud-est, retirĂ©e lors de la rĂ©novation de 1925. Elle prĂ©sente des motifs floraux aux tiges circulaires.[90]

L’accĂšs de la rue est dotĂ© d’une grille ornĂ©e de feuilles de palmier nain et de fleurs d’Ɠillet, conçue par Matamala et rĂ©alisĂ©e par Oñós. Elle fait 2,3 m de haut.[91] La grille est couronnĂ©e par deux lampes installĂ©es lors de la rĂ©novation de 1925, attribuĂ©es Ă  l’atelier de Bonaventura Batlle.[92]

Le site actuel possĂšde un jardin, beaucoup plus petit que celui d’origine, mais qui vise Ă  reconstituer du mieux possible l’espace paysager conçu par GaudĂ­. Les plantes se composent de palmiers (Phoenix, Trachycarpus), de magnolias, de roses et de plantes grimpantes. Dans le jardin se trouve Ă©galement une niche imitant celle de l’ancienne tourelle qui abritait l’image de sainte Rita, reconstruite par les architectes chargĂ©s de la restauration du site, mais sans l’image de la sainte[69].

  • FenĂȘtres avec grille en fer forgĂ© et balcon supĂ©rieur
    FenĂȘtres avec grille en fer forgĂ© et balcon supĂ©rieur
  • Lampe de porte d'entrĂ©e
    Lampe de porte d'entrée
  • Porte de fumoir
    Porte de fumoir
  • FenĂȘtre de fumoir
    FenĂȘtre de fumoir
  • JardiniĂšre avec tuiles fleuries et feuilles de tournesol
    JardiniĂšre avec tuiles fleuries et feuilles de tournesol
  • Vase en cĂ©ramique
    Vase en céramique

Intérieur

La fenĂȘtre en saillie vue de l'intĂ©rieur

L’intĂ©rieur de la maison est constituĂ© de murs en maçonnerie, avec des voĂ»tes plates au sous-sol et des plafonds avec des poutres en bois aux autres Ă©tages. GaudĂ­ sĂ©pare les diffĂ©rentes piĂšces au moyen de petits vestibules hexagonaux, afin de pouvoir les isoler en fermant simplement les portes.[93] L’architecte conçoit une structure fonctionnelle, attribuant Ă  chaque Ă©tage un usage spĂ©cifique : le sous-sol pour le cellier ; l’étage noble pour les usages publics de la famille, notamment la salle Ă  manger, la fenĂȘtre en saillie, le fumoir, la cuisine et la buanderie ; le premier Ă©tage pour les chambres, les salles de bain et la bibliothĂšque ; et les combles pour loger le personnel de maison.[94] GaudĂ­ dessine tous les meubles de la maison, y compris les portes coulissantes et les serrures en laiton fondu des armoires.[95]

L’accĂšs Ă  la maison se fait par l’étage noble (162 m2), qui se compose d’un vestibule, d’une salle Ă  manger, d’une fenĂȘtre en saillie et d’un fumoir comme piĂšces principales[69]. La porte d’entrĂ©e mĂšne Ă  un porche donnant sur le vestibule. La porte est en bois, ornĂ©e d’un quadrillage serti de moulures circulaires.[96] Le vestibule prĂ©sente un plafond de poutres en bois avec des moulures polychromes, ainsi que des sgraffites Ă  motifs vĂ©gĂ©taux sur les murs. Une lampe en fer forgĂ© et en verre, de style islamique, postĂ©rieure Ă  l’Ɠuvre de GaudĂ­, est suspendue au plafond.[97]

Salle Ă  manger

La salle Ă  manger (32 m2) est dĂ©corĂ©e de lierres grimpants en stuc sur fond dorĂ© sur les surfaces non boisĂ©es et non carrelĂ©es,[48] alternant avec du carton-pierre Ă  motifs de fruits et de feuilles d’arbousier entre les poutres du plafond.[8] Le sol est en mosaĂŻque romaine opus tessellatum.[98] Sur le mur donnant sur la fenĂȘtre en saillie trĂŽne une cheminĂ©e bordĂ©e de cĂ©ramiques glacurĂ©es en relief. Les voĂ»tes sont dĂ©corĂ©es de motifs de cerisier et de coquillages en plĂątre polychrome. Les jambages sĂ©parant la salle Ă  manger de la fenĂȘtre en saillie sont Ă©galement dĂ©corĂ©s de peintures de Francesc Torrescassana reprĂ©sentant des motifs naturels (faune et flore) tels que des moineaux, des colibris, des hĂ©rons, des grues et des flamants roses.[48] Tous les oiseaux sont reprĂ©sentĂ©s en vol, Ă  l’exception des flamants roses de la partie infĂ©rieure, tandis que les feuilles se balancent dans le vent. Au total, il y a vingt-quatre figures d’oiseaux.[99] Les armoires de la salle Ă  manger, dessinĂ©es par GaudĂ­, forment un ensemble avec les cadres dans lesquels sont logĂ©s les tableaux de Torrescassana. L’architecte conçoit Ă©galement les verrous, tous diffĂ©rents, dĂ©montrant ainsi sa connaissance des diffĂ©rents mĂ©tiers artistiques.[100] Les deux portes d’entrĂ©e de la salle Ă  manger arborent deux figures en terre cuite de style orientaliste, rĂ©alisĂ©es par Antoni Riba, un homme et une femme, probablement une odalisque.[101]

Fumoir

La salle Ă  manger donne sur la fenĂȘtre en saillie (13 m2), qui est ouverte sur l’extĂ©rieur grĂące Ă  un systĂšme de jalousies d’inspiration orientale. Au centre, elle abrite une fontaine formĂ©e par un font baptismal de style plateresque,[102] de forme circulaire, surmontĂ© par un piĂ©destal carrĂ© bordĂ© de carreaux aux feuilles de tournesol, sur lequel s’élĂšve une colonne de marbre couronnĂ©e d’une vasque circulaire, dont la base est ornĂ©e de tĂȘtes de chĂ©rubins d’oĂč jaillit l’eau ; la fontaine est surmontĂ©e d’une grille mĂ©tallique elliptique semblable Ă  une toile d’araignĂ©e. La fontaine est flanquĂ©e de bancs en bois. La piĂšce est dĂ©corĂ©e avec des carreaux en cĂ©ramique ornĂ©s d’Ɠillets, tandis que le plafond arbore des sgraffites avec des motifs de grenades et d’hortensias, et des peintures Ă  la tempera en trompe-l’Ɠil reprĂ©sentant un ciel vu Ă  travers des feuilles de palmier nain.[103] La sĂ©paration entre les deux piĂšces Ă©tait autrefois assurĂ©e par des portes coulissantes rĂ©alisĂ©es par Eudald PuntĂ­.[29]

Coupole du salon

Le fumoir (10 m2) attenant Ă  la salle Ă  manger est l’une des piĂšces les plus singuliĂšres de la maison, avec une voĂ»te plate avec tirants recouverte d’un faux-plafond de muqarnas de style islamique en forme de stalactites en plĂątre polychrome,[104] qui reproduit des feuilles de palmier et des grappes de dattes. Les murs sont recouverts de dalles de carton-pierre aux tons or, bleu et vert, ainsi que d’un soubassement bleu et ocre, avec des roses rouges et jaunes peintes Ă  l’huile[69]. Ces dalles de carton-pierre ont Ă©tĂ© fabriquĂ©es par Hermenegildo Miralles, l’un des clients de GaudĂ­, pour qui il construit l’entrĂ©e de la propriĂ©tĂ© Miralles[105]. Cette piĂšce dispose d’une porte en bois menant au jardin, rĂ©alisĂ©e avec une trame de style chinois.[104] La piĂšce est Ă  l’époque meublĂ©e d’une table basse pliante et de tabourets bas, et dispose d’un hookah ou narguilĂ© pour fumer du tabac.[106] La famille Jover ajoute une lampe de style islamique, en verre translucide ornĂ© de lettres arabes, qui est retirĂ©e en 2020 lors du processus de restauration car elle ne correspond pas au projet originel de GaudĂ­.[107]

Le premier Ă©tage (143 m2) est occupĂ© par les chambres : la chambre principale se situe au-dessus de la salle Ă  manger, avec une terrasse Ă©rigĂ©e sur la fenĂȘtre en saillie ; il comporte Ă©galement un salon, situĂ© au-dessus du fumoir, une salle de bain, un vestiaire avec lavabo, mais aussi une chambre d’amis et une autre piĂšce faisant probablement office de bureau ou de bibliothĂšque.[108] Ces piĂšces sont dĂ©corĂ©es de fresques Ă  motifs vĂ©gĂ©taux inspirĂ©s des plantes du torrent de Cassoles tout proche (roseaux, joncs et fougĂšres).[8] La chambre principale (34 m2) prĂ©sente un plafond Ă  entrevous en cĂ©ramique avec des sarments de vigne compacts de couleur verte. Elle compte Ă©galement une terrasse au-dessus de la fenĂȘtre en saillie du premier Ă©tage, avec un banc en bois et une grille en fer. Le salon se distingue par une coupole arborant une peinture en trompe-l’Ɠil d’influence baroque qui reproduit la coupole de la tourelle qui s’élĂšve au-dessus de cette piĂšce, tournĂ©e vers le ciel et avec un groupe de colombes blanches en vol, ainsi que des branches de plantes grimpantes sur le rebord.[109] Cette piĂšce a Ă©galement un soubassement de carreaux de couleur bleue, blanche et ocre[69]. Dans l’angle, il y a un balcon avec des bancs en bois et une fermeture de jalousies orientales semblables Ă  celles que l’on retrouve dans le reste de la maison.[110] Le vestiaire (m2) a deux portes d’accĂšs et des plinthes en damier blanc et bleu bordĂ©es de carreaux de couleur ocre, avec un plafond Ă  poutres Ă  motifs floraux et des corbeaux ornĂ©s de marguerites sur fond bleu. La salle de bain (m2) a un sol en terrazzo gris et des murs carrelĂ©s, alternant des tons ocre avec un damier blanc et bleu, ainsi qu’une frise de carreaux avec des fleurs peintes Ă  l’huile, unique dans toute la maison ; le plafond arbore des poutres avec des reliefs en cĂ©ramique de feuilles de lierre. Le lavabo (1,4 m2) est quant Ă  lui revĂȘtu de carreaux Ă  motifs de roues et d’étoiles.[111]

Le deuxiĂšme Ă©tage (150 m2), destinĂ© aux chambres du personnel de maison, est actuellement occupĂ© par un espace d’exposition. GaudĂ­ conçoit cet Ă©tage dans un style plus austĂšre, adaptĂ© Ă  ses fonctions, avec des murs unis, un sol dallĂ© et un plafond Ă  poutres en bois. Il dessine un espace ouvert avec de hauts plafonds, faisant office de rĂ©gulateur thermique de l’édifice.[112]

Le sous-sol, dont le plafond est en voĂ»te catalane, est Ă  l’époque utilisĂ© comme cellier et cave Ă  charbon. Aujourd’hui, il abrite la boutique du musĂ©e[69].

  • Salle Ă  manger cĂŽtĂ© sud-est
    Salle à manger cÎté sud-est
  • Peintures d'oiseaux sur les jambages de la salle Ă  manger
    Peintures d'oiseaux sur les jambages de la salle Ă  manger
  • Figure d'odalisque, par Antoni Riba
    Figure d'odalisque, par Antoni Riba
  • Plafond de la chambre
    Plafond de la chambre
  • FenĂȘtre du balcon du salon
    FenĂȘtre du balcon du salon
  • Salle de bain
    Salle de bain

Peintures

ScĂšne de costumes
Marine

Les peintures de la salle Ă  manger sont de Francesc Torrescassana i SallarĂ©s (Barcelone, 1845-1918). Le peintre Ă©tudie Ă  l’école de la Llotja Ă  Barcelone de 1859 Ă  1865, oĂč il est l’élĂšve de RamĂłn MartĂ­ Alsina. Il poursuit ses Ă©tudes Ă  Rome et Ă  Paris, oĂč il dĂ©couvre les tendances artistiques de son Ă©poque. À son retour, il se consacre surtout Ă  la peinture d’histoire, de mƓurs, de portraits et de paysages, dans un style rĂ©aliste qui Ă©volue vers un certain impressionnisme lors de l’étape finale. Certaines de ses Ɠuvres sont conservĂ©es au MusĂ©e national d'Art de Catalogne, au MusĂ©e du Prado Ă  Madrid et au MusĂ©e du Louvre Ă  Paris, bien que le plus grand nombre d’Ɠuvres de cet artiste se trouvent dans la Casa Vicens[113].

On ne connaĂźt pas les dĂ©tails de la commande, mais il semble que Manuel Vicens collectionnait des Ɠuvres de Torrescassana avant la construction de la maison. On peut donc supposer que nombre de ces Ɠuvres – dont beaucoup ne sont pas datĂ©es – sont des productions antĂ©rieures de l’artiste et n’ont pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es spĂ©cifiquement pour la maison. GaudĂ­ conçoit le mobilier de la salle Ă  manger pour mettre en valeur l’exposition de ces tableaux. Il fabrique donc des meubles-cadres en bois de citronnier de Ceylan qui se marient Ă  merveille avec les Ɠuvres exposĂ©es. Au total, la salle Ă  manger abrite trente-deux tableaux, dont deux portraits, deux intĂ©rieurs et vingt-huit paysages. Ces Ɠuvres sont hĂ©ritiĂšres du style rĂ©aliste de ses dĂ©buts, influencĂ© par MartĂ­ Alsina, mais on peut percevoir une certaine Ă©volution, une atmosphĂšre lĂ©gĂšrement romantique qui rappelle l’Ɠuvre de Modest Urgell. De l’ensemble d’Ɠuvres, seules quatre sont signĂ©es et datĂ©es, plus prĂ©cisĂ©ment en 1879, ce qui corrobore le fait qu’elles sont antĂ©rieures Ă  la construction de la maison ; une porte une signature uniquement. Toutes les peintures sont des huiles sur toile[114].

Les tableaux conservés dans la salle à manger de la Casa Vicens sont (classés de haut en bas et de gauche à droite)[115] :

  • Mur sud-ouest :
    • Paysage, c. 1870-1888
    • Paysage, c. 1870-1888
    • Paysage, c. 1870-1888
    • Paysage, c. 1870-1888
    • Paysage, c. 1870-1888
    • Paysage, c. 1870-1888
    • Roda de Ter, c. 1870-1888
    • Paysage, c. 1870-1888
  • Mur nord-ouest :
    • Marine, c. 1870-1888 (signĂ©)
    • Village, c. 1870-1888
    • Portrait masculin, c. 1870-1888
    • Village, c. 1870-1888
    • Grange, c. 1870-1888
    • Marine, 187(4?) (signĂ© et datĂ©, difficile Ă  lire)
  • Mur nord-est :
    • ScĂšne de costumes, c. 1870-1888
    • Marine, c. 1870-1888
    • Marine, c. 1870-1888
    • Rue d'une village, c. 1870-1888
    • Vue d'un village, 1879 (signĂ© et datĂ©)
    • Arbres, c. 1870-1888
    • IntĂ©rieur, 1879 (signĂ© et datĂ©)
    • Arbres, c. 1870- 1888
    • Paysage, 1879 (signĂ© et datĂ©)
    • Rue d'une village, c. 1870- 1888
    • Paysage, c. 1870-1888
    • Paysage, c. 1870-1888
  • Mur sud-est :
    • Marine, c. 1870-1888
    • Paysage, c. 1870-1888
    • Jardin, c. 1870-1888
    • Paysage, c. 1870-1888
    • Portrait inconnu, c. 1870-1888
    • Paysage, c. 1870-1888

Notes et références

Notes

  1. De nombreuses bibliographies indiquent Ă  tort que Vicens Ă©tait un fabricant de carreaux en cĂ©ramique.[9][11][12] Toutefois, la documentation conservĂ©e le concernant a permis de dĂ©couvrir qu’il Ă©tait agent de change.[13][10]
  2. AgustĂ­ BarĂł, courtier de la Bourse royale, est mort sans descendance. Manuel Vicens, qui a travaillĂ© comme commis pour lui, Ă©pouse en premiĂšres noces l’une de ses niĂšces, Manuela BarĂł i Cunill, bien qu’il devient veuf peu aprĂšs. À son tour, l’une des sƓurs de Manuel, Rosa, Ă©pouse Joan BarĂł i Cunill, le frĂšre de Manuela. En consĂ©quence, BarĂł lĂšgue sa fortune Ă  leur mĂšre, en Ă©tablissant une clause pour qu’elle ne puisse faire un testament qu’en faveur de ses enfants[18].
  3. SignĂ©s par GaudĂ­ le 15 janvier 1883, les plans sont dĂ©posĂ©s le 20 janvier et approuvĂ©s par l’architecte municipal de GrĂ cia, Miquel Pascual Tintorer, le 26 fĂ©vrier 1883. Enfin, le 1er mars, ils sont approuvĂ©s en sĂ©ance plĂ©niĂšre du conseil municipal de GrĂ cia. GaudĂ­ prĂ©sente quatre plans : un du site, Ă  l’échelle 1:100 ; un du rez-de-chaussĂ©e, Ă  l’échelle 1:50 ; une coupe de la façade donnant sur la rue, Ă  l’échelle 1:50 ; et un plan de la façade sud-est, Ă  l’échelle 1:50. Le plan de la cascade est dĂ©posĂ© plus tard, le 1er septembre, pour ĂȘtre approuvĂ© le 8 septembre. Il comprend un plan de masse, d’élĂ©vation et de coupe, Ă  l’échelle 1:50[21].
  4. Certaines sources indiquent 1888 comme annĂ©e d’achĂšvement, mais aucun document ne vient le corroborer. Cependant, l’un des premiers biographes de GaudĂ­, Josep Francesc RĂ fols, qui a Ă©tĂ© l’un de ses disciples et a bien connu l’architecte, affirme dans son ouvrage Antoni GaudĂ­ (1928) que les travaux de construction ont durĂ© deux ans.[23]
  5. D’autres sources indiquent une superficie de 983 m2.[27][21]
  6. En 1976, Ă  l’occasion du cinquantiĂšme anniversaire de la mort de GaudĂ­, un projet prĂ©voit de reconstruire cette cascade Ă  Reus, sa ville de naissance, mais le projet n’aboutit pas.[55]

Références

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  • Tarragona i ClarasĂł Josep Maria, GaudĂ­, el arquitecto de la Sagrada Familia, Barcelona, Torsimany, (ISBN 978-84-96783-42-3)
  • Van Hensbergen Gijs, Antoni GaudĂ­, Barcelona, Penguin Random House, (ISBN 978-84-663-3601-7)

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