Sgraffite
Provenant du mot italien graffiare, signifiant « griffer », le sgraffite ou sgraffito est un art visuel, destiné à la décoration architecturale.
Cette technique décorative par sgraffite, très utilisée pendant la Renaissance et durant la période Art nouveau, consiste en un motif ou dessin réalisé par hachures ou grattage d'un enduit blanc recouvrant un fond noir ou coloré.
Réalisation
Revêtements de façades
La technique consiste à orner un revêtement de mortier d'un dessin gravé. L'artiste grave son trait dans une couche de chaux, appliquée en fine épaisseur sur un enduit noir. Comme pour la technique de la fresque, tant que la couche est fraîche, on peut y appliquer des couleurs diverses. Le tracé en creux donne au dessin une plus grande fermeté que le tracé au pinceau de la fresque. L'exécution doit être rapide. La technique convient aux décors extérieurs observés à distance[1].
Le mortier peut être coloré dans la masse et même posé en couches successives de couleurs différentes. Dans ce cas, après le tracé des contours du dessin, on fait apparaître chaque couleur à sa place par grattage des couches inutiles. Cette technique s'apparente aussi à celle du camée.
Céramique
Ce procédé a été employé, indépendamment de la tradition occidentale des revêtements de façades, à d'autres matériaux. En Corée, surtout dans les deux premiers siècles de la période Joseon (1392-1910), aux XVe et XVIe siècles, un procédé analogue au sgraffite consiste, sur un vase en argile d'un gris moyen, à enduire celui-ci d'un engobe clair, puis à inciser celui-ci d'un motif et à le faire se dégager sur le fond gris en décapant le fond gris de l'argile par un grattage délicat. La pièce est, ensuite cuite pour obtenir un grès. Le résultat est ensuite recouvert d'une glaçure et passe à nouveau au four.
Revêtement architectural : lieux et artistes
On peut observer des sgraffites dans de nombreuses villes surtout dans le centre de l'Europe, notamment à Prague, Bruxelles, Anvers, Charleroi, Namur, Liège, Huy, Tournai, mais aussi Pise, Barcelone…
- Paul Cauchie :
- Maison Cauchie (Bruxelles),
- Maison Delune (Bruxelles).
- Gabriel van Dievoet :
- Église de Machelen (Brabant flamand),
- Maison dorée (Charleroi).
- Adolphe Crespin :
- Hôtel Albert Ciamberlani (Bruxelles).
- Konrad Honold.
- Henri Privat-Livemont (Bruxelles)
- Robert Wehrlin :
- Coopérative Kosum de Winterthour,
- Baptême du Christ, maison paroissiale de Kollbrunn,
- La Roue de la fortune, école de Winterthour-Wülflingen.
- Divers :
- Palais du vin (Bruxelles),
- Village de Guarda, en Suisse,
- Portail renaissance et murs à décor sgraffite du château de Gola Dzierżoniowska, en Pologne,
- Maison à la Minute à Prague,
- Maison Renaissance, dite d'Adam et Ève, à Nice (rue de la Poissonnerie), en France, décor portant la date de 1584.
- Sgraffite sur la Maison Cauchie (1905), deuxième étage, Bruxelles.
- Sgraffite de la Maison dorée (Charleroi), par Gabriel van Dievoet, 1899.
- Château de Frydlant (République tchèque).
- Sgraffite. Maison dite « d'Adam et Ève », Nice.
Les sgraffites sont aussi largement utilisés pour l'ornement des maisons dans le canton des Grisons en Suisse, notamment dans les régions du val Bregaglia, et du val Mustair ainsi qu'en Engadine[2].
- Maison des Grisons ornée de sgraffites
Notes et références
- Chantal Mengeot et Anne-Catherine Bioul, Le patrimoine de Charleroi : Les fleurs de l'industrie : Art nouveau, Art déco et Modernisme, Namur, Institut du patrimoine wallon, coll. « Carnets du Patrimoine » (no 128), , 64 p. (ISBN 978-2-87522-148-3), p. 21
- « Sgraffite - Traditions vivantes », sur wwwt.lbtr.admin.ch (consulté le )