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Chérubin

Le chérubin ou angelot est une figure d'ange qu'on trouve dans la religion juive et chrétienne. Leur figure originale est une « créature de sainteté », au physique qui mélange le lion, le taureau, l'oiseau et l'homme.

Chérub(in) selon le monde sémite (dont l'interprétation juive des anges, créatures de sainteté, proches des chimÚres étrusques).
TĂȘte de chĂ©rubin en motif ornemental.
L'Ange pleureur, Ɠuvre la plus connue du sculpteur amiĂ©nois Nicolas Blasset se trouvant dans la cathĂ©drale Notre-Dame d'Amiens, date de 1636.

Le chĂ©rubin est un motif ornemental constituĂ© d'une tĂȘte d'ange ou d'enfant figurĂ©s sans corps et pourvus de petites ailes, ce qui le distingue du gĂ©nie ailĂ© figurĂ© avec le corps.

Étymologie

Le mot « chĂ©rubin » vient du latin ecclĂ©siastique cherub (pluriel cherubin), transcription de l'hĂ©breu Ś›ŚšŚ•Ś‘ (kerĆ«v), pluriel Ś›ŚšŚ•Ś‘Ś™Ś (keruvÄ«m). Mais le terme serait d'origine assyrienne. Dans cette langue, « kĂ©roub » ou « karibu » signifierait « celui qui prie » ou « celui qui communique »[1]. En Assyrie, le taureau ailĂ© ou « kĂ©roub » Ă©tait souvent placĂ© au seuil des temples et des palais[2].

Bible

Les citations de la Bible sont issues de la traduction de Louis Segond (1910).

Dans la GenĂšse, des chĂ©rubins gardent l'arbre de vie avec un glaive tournoyant (GenĂšse 3:24), aprĂšs que Dieu eut chassĂ© Adam et Ève du jardin d'Éden.

Le Livre de l'Exode décrit la représentation de chérubins sur l'Arche d'alliance (Exode 25:18-22) :

« Tu feras deux chérubins d'or, tu les feras d'or battu, aux deux extrémités du propitiatoire ; fais un chérubin à l'une des extrémités et un chérubin à l'autre extrémité ; vous ferez les chérubins sortant du propitiatoire à ses deux extrémités. Les chérubins étendront les ailes par-dessus, couvrant de leurs ailes le propitiatoire, et se faisant face l'un à l'autre ; les chérubins auront la face tournée vers le propitiatoire. Tu mettras le propitiatoire sur l'arche, et tu mettras dans l'arche le témoignage, que je te donnerai. C'est là que je me rencontrerai avec toi ; du haut du propitiatoire, entre les deux chérubins placés sur l'arche du témoignage, je te donnerai tous mes ordres pour les enfants d'Israël. »

Avec leurs ailes Ă©tendues, les deux chĂ©rubins forment des sortes d'Ă©couteurs entre lesquels MoĂŻse entend la voix de l'Éternel (Nombres 7, 89) :

« Lorsque MoĂŻse entrait dans la tente d’assignation pour parler avec l’Éternel, il entendait la voix qui lui parlait du haut du propitiatoire placĂ© sur l’arche du tĂ©moignage, entre les deux chĂ©rubins. Et il parlait avec l’Éternel. »

Plus tard seront confectionnées deux statues monumentales de chérubins, cÎte-à-cÎte, aux ailes déployées couvrant toute la largeur du Temple de Salomon (1 Rois 6.23-28) :

« Il fit dans le sanctuaire deux chérubins de bois d'olivier sauvage, ayant dix coudées de hauteur.
Chacune des deux ailes de l'un des chĂ©rubins avait cinq coudĂ©es, ce qui faisait dix coudĂ©es de l'extrĂ©mitĂ© d'une de ses ailes Ă  l'extrĂ©mitĂ© de l'autre. Le second chĂ©rubin avait aussi dix coudĂ©es. La mesure et la forme Ă©taient les mĂȘmes pour les deux chĂ©rubins. La hauteur de chacun des deux chĂ©rubins Ă©tait de dix coudĂ©es. Salomon plaça les chĂ©rubins au milieu de la maison, dans l'intĂ©rieur. Leurs ailes Ă©taient dĂ©ployĂ©es : l'aile du premier touchait Ă  l'un des murs, et l'aile du second touchait Ă  l'autre mur ; et leurs autres ailes se rencontraient par l'extrĂ©mitĂ© au milieu de la maison. Salomon couvrit d'or les chĂ©rubins. »

Les chĂ©rubins sont au centre de la vision d'ÉzĂ©chiel (Ez 10) :

« Je regardai, et voici, sur le ciel qui Ă©tait au-dessus de la tĂȘte des chĂ©rubins, il y avait comme une pierre de saphir ; on voyait au-dessus d’eux quelque chose de semblable Ă  une forme de trĂŽne.
Et l’Éternel dit Ă  l’homme vĂȘtu de lin : Va entre les roues sous les chĂ©rubins, remplis tes mains de charbons ardents que tu prendras entre les chĂ©rubins, et rĂ©pands-les sur la ville ! Et il y alla devant mes yeux.
Les chĂ©rubins Ă©taient Ă  la droite de la maison, quand l’homme alla, et la nuĂ©e remplit le parvis intĂ©rieur.
La gloire de l’Éternel s’éleva de dessus les chĂ©rubins, et se dirigea vers le seuil de la maison ; la maison fut remplie de la nuĂ©e, et le parvis fut rempli de la splendeur de la gloire de l’Éternel.
Le bruit des ailes des chĂ©rubins se fit entendre jusqu’au parvis extĂ©rieur, pareil Ă  la voix du Dieu tout-puissant lorsqu’il parle.
Ainsi l’Éternel donna cet ordre Ă  l’homme vĂȘtu de lin : Prends du feu entre les roues, entre les chĂ©rubins ! Et cet homme alla se placer prĂšs des roues.
Alors un chĂ©rubin Ă©tendit la main entre les chĂ©rubins vers le feu qui Ă©tait entre les chĂ©rubins ; il en prit, et le mit dans les mains de l’homme vĂȘtu de lin. Et cet homme le prit, et sortit. On voyait aux chĂ©rubins une forme de main d’homme sous leurs ailes.
Je regardai, et voici, il y avait quatre roues prĂšs des chĂ©rubins, une roue prĂšs de chaque chĂ©rubin ; et ces roues avaient l’aspect d’une pierre de chrysolithe.
À leur aspect, toutes les quatre avaient la mĂȘme forme ; chaque roue paraissait ĂȘtre au milieu d’une autre roue.
En cheminant, elles allaient de leurs quatre cĂŽtĂ©s, et elles ne se tournaient point dans leur marche ; mais elles allaient dans la direction de la tĂȘte, sans se tourner dans leur marche.
Tout le corps des chĂ©rubins, leur dos, leurs mains, et leurs ailes, Ă©taient remplis d’yeux, aussi bien que les roues tout autour, les quatre roues.
J’entendis qu’on appelait les roues tourbillon.
Chacun avait quatre faces ; la face du premier Ă©tait une face de chĂ©rubin, la face du second une face d’homme, celle du troisiĂšme une face de lion, et celle du quatriĂšme une face d’aigle.
Et les chĂ©rubins s’élevĂšrent. C’étaient les animaux que j’avais vus prĂšs du fleuve du Kebar.
Quand les chĂ©rubins marchaient, les roues cheminaient Ă  cĂŽtĂ© d’eux ; et quand les chĂ©rubins dĂ©ployaient leurs ailes pour s’élever de terre, les roues aussi ne se dĂ©tournaient point d’eux.
Quand ils s’arrĂȘtaient, elles s’arrĂȘtaient, et quand ils s’élevaient, elles s’élevaient avec eux, car l’esprit des animaux Ă©tait en elles.
La gloire de l’Éternel se retira du seuil de la maison, et se plaça sur les chĂ©rubins.
Les chĂ©rubins dĂ©ployĂšrent leurs ailes, et s’élevĂšrent de terre sous mes yeux quand ils partirent, accompagnĂ©s des roues. Ils s’arrĂȘtĂšrent Ă  l’entrĂ©e de la porte de la maison de l’Éternel vers l’orient ; et la gloire du Dieu d’IsraĂ«l Ă©tait sur eux, en haut.
C’étaient les animaux que j’avais vus sous le Dieu d’IsraĂ«l prĂšs du fleuve du Kebar, et je reconnus que c’étaient des chĂ©rubins.
Chacun avait quatre faces, chacun avait quatre ailes, et une forme de main d’homme Ă©tait sous leurs ailes.
Leurs faces Ă©taient semblables Ă  celles que j’avais vues prĂšs du fleuve du Kebar ; c’était le mĂȘme aspect, c’était eux-mĂȘmes. Chacun marchait droit devant soi. »

Théologie

Le grand théoricien de la hiérarchie céleste reste le Pseudo-Denys l'Aréopagite, dans sa Hiérarchie céleste (vers 490).

Au Moyen Âge, les thĂ©ologiens estiment que ce sont sans doute les chĂ©rubins qui rĂ©pandent leur lumiĂšre sur les Vertus motrices des cieux, c'est-Ă -dire expliquent le mouvement des astres. Saint Thomas d'Aquin : « Quant au nom de ChĂ©rubin, on l’emploie pour signifier un certain excĂšs de science, si bien qu’on le traduit par « plĂ©nitude de science ». Ce que Denys explique de quatre maniĂšres : par rapport Ă  leur parfaite vision de Dieu ; par rapport Ă  leur pleine rĂ©ception de la lumiĂšre divine ; par rapport au fait qu’en Dieu ils contemplent la beautĂ© de l’ordre des choses dĂ©rivĂ© de Dieu ; enfin, par rapport Ă  cet autre fait qu’étant remplis d’une telle connaissance, ils la diffusent avec abondance sur les autres[3]. »

Symbolique

Les « angelots » accompagnent l'adoration de la Vierge dans cette peinture d'Albrecht DĂŒrer.

L'apparence des chĂ©rubins bibliques, ĂȘtres hybrides associant des caractĂ©ristiques humaines et animales, est sans aucun doute influencĂ©e par l'iconographie du Proche-Orient ancien (notamment les sphinx ailĂ©s ou les taureaux ailĂ©s Ă  tĂȘte humaine de MĂ©sopotamie).

Dans le christianisme, les chĂ©rubins sont les anges du second chƓur de la premiĂšre hiĂ©rarchie. Ils prĂ©cĂšdent les trĂŽnes et suivent les sĂ©raphins. Dans l'iconographie chrĂ©tienne du Moyen Âge, ils sont reprĂ©sentĂ©s avec deux paires d'ailes bleues[4] - [5] contrairement aux sĂ©raphins dotĂ©s de trois paires d'ailes rouges.

Les redoutables Keroubim de la Bible glissent progressivement vers les angelots joufflus des Ă©glises baroques. À partir de la Renaissance, ils sont souvent dĂ©peints comme de jeunes et gracieux enfants dotĂ©s d'une seule paire d'ailes, les putti. Le peintre RaphaĂ«l en a donnĂ© une cĂ©lĂšbre illustration.

  • En hĂ©raldique, le chĂ©rubin ou angelot est une figure hĂ©raldique imaginaire sans modification notable de l'icĂŽne classique : tĂȘte d'ange flanquĂ©e de deux ailes. PrĂ©sent sur le champ, il est plus frĂ©quent dans les ornements extĂ©rieurs de l'Ă©cu.
  • En reprĂ©sentation picturale, l’angelot figure Ă©galement sur les tableaux du Trecento, ainsi que sur les fresques murales dĂ©coratives des palais et Ă©difices religieux de Florence.

Arts et littérature

Chérubin, jeune page du comte Almaviva, est un personnage de deux piÚces de théùtre de Beaumarchais, Le mariage de Figaro et La mÚre coupable. Il apparaßt également sous le nom de Cherubino dans l'opéra de Mozart, Le Nozze di Figaro. C'est également le titre d'un opéra de Jules Massenet, Chérubin (1905).

Références en islam

Dans la tradition islamique, les anges qui portent le trÎne de Dieu sont décrits comme des chérubins (al-Karubiyyin)[6]. Les quatre archanges leur appartiennent également.

Ils sont mentionnés dans la sourate 40:8[7] :

« Ceux (les anges) qui portent le trÎne et ceux qui l'entourent célÚbrent les louanges de leur Seigneur, croient en Lui et implorent le pardon pour ceux qui croient : « Seigneur ! Tu étends sur toute chose Ta miséricorde et Ta science. Pardonne donc à ceux qui se repentent et suivent Ton chemin et protÚge-les du chùtiment de l'Enfer. »

Notes et références

  1. Sophy Burnham, Le Livre des Anges, Alleur, Marabout, 1994 (ISBN 2-501-02182-7).
  2. Michel Serres, La LĂ©gende des anges, Paris, Flammarion, 1993 (ISBN 2-08-035192-3), p. 161.
  3. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, qu. 108, art. 5 ; Michel-Pierre Lerner, Le monde des sphÚres, Les Belles Lettres, 2008, t. I, p. 349.
  4. Marcel Joseph Bulteau, Monographie de la cathédrale de Chartres, volume 2, éd. R. Selleret, 1891, p. 312.
  5. Florent Wolff, Anges et verticalitĂ©s : La voie rĂȘvĂ©e des anges, UniversitĂ© de MontrĂ©al, 2003.
  6. Moojan Momen Studies in Honor of the Late Hasan M. Balyuzi Kalimat Press 1988 (ISBN 978-0-933-77072-0) page 83
  7. Stephen Burge, Angels in Islam: Jalal al-Din al-Suyuti's al-Haba'ik fi akhbar al-mala'ik, Routledge, 2015 (ISBN 978-1-136-50473-0).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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