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Bataille de la Bicoque

La bataille de la Bicoque[n 1], du , au début de la sixiÚme guerre d'Italie, oppose dans la région de Milan une armée franco-vénitienne commandée au nom de François Ier par Odet de Foix, vicomte de Lautrec, et celles de l'empereur Charles Quint et du pape Léon X, commandées par Prospero Colonna, qui remporte la victoire. Lautrec, ayant perdu une grande partie de son infanterie, est contraint de se replier en Vénétie, laissant ses adversaires maßtres du duché de Milan.

Bataille de la Bicoque
Description de l'image Battle of Bicocca (location).png.
Informations générales
Date
Lieu Jardins de la Bicoque, au nord de Milan
Issue Victoire espagnole
Forces en présence
19 Ă  31 000 hommes7 000 hommes
Pertes
4 000 hommes
192 gendarmes
0-1 hommes

SixiĂšme guerre d'Italie

CoordonnĂ©es 45° 31â€Č 05″ nord, 9° 12â€Č 36″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Bataille de la Bicoque

Cette bataille tire son nom d'un lieu-dit Bicocca[n 2], aujourd'hui dans les quartiers du nord-est de Milan[n 3].

Pris de vitesse par les ImpĂ©riaux Ă  la fin de 1521 et dissuadĂ© par lĂ -mĂȘme de marcher directement sur Milan, Lautrec regroupe ses forces pour tenter de couper les lignes de communication de Colonna. Mais les mercenaires suisses au service de la France, n'ayant pas perçu leur solde, exigent un affrontement immĂ©diat, contraignant Lautrec Ă  attaquer les positions retranchĂ©es de Colonna dans le parc de La Bicoque. Les piquiers suisses marchent Ă  travers champs sous un tir d'artillerie nourri en direction des positions ennemies lorsqu'ils sont bloquĂ©s par un chemin inondĂ© surplombĂ© d'un glacis. DĂ©jĂ  dĂ©cimĂ©s par les tirs des arquebusiers espagnols, ils sont obligĂ©s de se replier. Par ailleurs, une charge de la cavalerie française destinĂ©e Ă  dĂ©border l'aile de Colonna se solde par un Ă©chec. Les Suisses dĂ©cident d'abandonner la campagne et repartent dans leurs cantons quelques jours plus tard, tandis que Lautrec se replie avec les dĂ©bris de son armĂ©e en territoire vĂ©nitien.

Cette bataille marque la fin de la domination des fantassins suisses sur les champs de bataille des guerres d'Italie, avec la progression de colonnes compactes de piquiers privĂ©s de tirs d'appui, ainsi que le dĂ©but d'une sĂ©rie d’engagements oĂč le rĂŽle des armes Ă  feu devient dĂ©cisif.

Contexte

Le début de la sixiÚme guerre d'Italie

En 1521, Charles Quint est à la fois empereur, chef de la maison de Habsbourg (possesseur des principautés autrichiennes), roi de Castille et roi d'Aragon, occupant la plus grande partie de la Navarre, souverain des Pays-Bas, comte de Bourgogne[1] : ses possessions encerclent le royaume de France.

En Italie, François Ier occupe le duché de Savoie et détient depuis 1515 le duché de Milan (traité de Viterbe, à la suite de la victoire de Marignan), dont le gouverneur est le vicomte de Lautrec, maréchal de France. De son cÎté, Charles Quint détient le royaume de Naples, convoité par les rois de France depuis Charles VIII, et le royaume de Sicile, possessions anciennes de la couronne d'Aragon.

Le conflit entre Charles Quint et François Ier, qui a en vain tentĂ© d'ĂȘtre Ă©lu empereur, Ă©clate en 1521 sur plusieurs fronts : en Espagne, l'armĂ©e franco-navarraise[n 4] de Guillaume Gouffier de Bonnivet s'empare notamment de Fontarrabie ; dans le nord du royaume, les Français attaquent Luxembourg et les NĂ©erlandais conduits par Henri de Nassau rĂ©pliquent Ă  Ardres, Aubenton et MĂ©ziĂšres ; en Italie, une grande opĂ©ration est lancĂ©e contre le duchĂ© de Milan par la coalition rĂ©unissant Charles Quint, le pape LĂ©on X[n 5] et la famille Sforza.

La guerre pour le duché de Milan

Situation politique de l'Italie : les duchĂ©s de Savoie et de Milan sont sous domination française et la rĂ©publique de Venise est alliĂ©e Ă  la France. Les principautĂ©s autrichiennes et le royaume de Naples sont des possessions de Charles Quint, qui est alliĂ© au pape, chef temporel des États pontificaux. La rĂ©publique de Florence et les autres États changent rĂ©guliĂšrement de camp.

Une puissante armĂ©e issue des États pontificaux, menĂ©e par le marquis de Mantoue FrĂ©dĂ©ric II, renforcĂ©e par des troupes espagnoles venues du royaume de Naples et de contingents plus modestes d'autres principautĂ©s italiennes, se concentre prĂšs de Mantoue[2] sous le commandement de Prospero Colonna. Une force d'appoint formĂ© de contingents souabes convoquĂ©s en Italie par Charles Quint traverse le territoire vĂ©nitien par la vallĂ©e du Mincio sans rencontrer d'opposition[3] et s'installe Ă  Valeggio sul Mincio.

Les troupes de Colonna quittent alors Mantoue et entrent en territoire milanais. Mais pendant quelques mois, Colonna mĂšne une tactique de guĂ©rilla contre les garnisons françaises, mettant le siĂšge devant quelques villes, mais Ă©vitant toute bataille rangĂ©e. À l’automne 1521, les forces de Lautrec, qui ont entrepris la mise en place d'une ligne dĂ©fensive entre l’Adda et CrĂ©mone, sont affaiblies du fait de nombreuses dĂ©sertions, particuliĂšrement parmi les mercenaires suisses[4].

Colonna saisit l'occasion et franchit l’Adda Ă  Vaprio, Ă  30 km Ă  l'est de Milan ; Lautrec, manquant d’infanterie et considĂ©rant que la campagne de l'annĂ©e en cours est terminĂ©e, se replie sur Milan[5]. Mais Colonna n'a pas l'intention de renoncer Ă  l'avance qu'il a prise. Dans la nuit du 23 novembre, il attaque la ville par surprise, dĂ©bordant les dĂ©fenseurs vĂ©nitiens qui gardent les remparts. AprĂšs quelques combats de rues dĂ©sespĂ©rĂ©s, Lautrec se retire Ă  CrĂ©mone avec 12 000 hommes[6].

Au mois de janvier 1522, les Français perdent Alexandrie, Pavie et CĂŽme[7]. François II Sforza, commandant des renforts venus d'Allemagne, contourne l'armĂ©e vĂ©nitienne Ă  Bergame et fait sa jonction avec Colonna Ă  Milan. Lautrec a entre-temps obtenu le renfort de 16 000 piquiers suisses, de quelques contingents vĂ©nitiens et de compagnies françaises commandĂ©es par Thomas de Foix et par Pedro Navarro. Il s'est Ă©galement assurĂ© les services du condottiere Jean des Bandes Noires[8]. Les Français attaquent Novare et Pavie, espĂ©rant ainsi attirer Colonna dans une bataille rangĂ©e[9]. Colonna quitte Milan et Ă©tablit une place forte dans le monastĂšre de Certosa au sud de la ville. ConsidĂ©rant que cette position serait trop difficile Ă  prendre, Lautrec prĂ©fĂšre attaquer les lignes de ravitaillement de Colonna en effectuant des chevauchĂ©es entre Milan et Monza, barrant ainsi les routes entre le Milanais avec les Alpes[10].

Mais Lautrec doit alors faire face aux exigences des mercenaires suisses, qui forment l'essentiel des effectifs de l'armĂ©e française et qui n'ont pas reçu de solde depuis leur arrivĂ©e en Lombardie. Les capitaines suisses, reprĂ©sentĂ©s par Albert von Stein (en), exigent que Lautrec attaque l’armĂ©e impĂ©riale, faute de quoi les mercenaires repartiraient vers leurs cantons d'origine. Lautrec se rĂ©sout alors Ă  regret Ă  faire marcher ses troupes vers le sud, en direction de Milan[11].

Préparatifs

Plan de la bataille. Les mouvements des troupes de Lautrec sont marqués en bleu ; ceux des Impériaux, commandés par Colonna, en rouge.

Le camp retranché de Colonna à la Bicoque

Pendant ce temps, Colonna déplace ses troupes dans un nouveau camp fortement retranché : le parc du manoir de La Bicoque, à environ km au nord de Milan.

Ce parc contrĂŽle la route de Milan Ă  Monza et Bergame, le long de laquelle a Ă©tĂ© creusĂ© un grand fossĂ©, qui protĂšge le parc Ă  l'est. Il ne peut ĂȘtre franchi que par un seul pont (de pierre), situĂ© Ă  quelque distance au sud des jardins. Du cĂŽtĂ© ouest, le parc est Ă  l'abri d'une vaste Ă©tendue marĂ©cageuse. Le cĂŽtĂ© nord est bordĂ© par une route en dĂ©blai ; Colonna en fait encore abaisser l'assise et dresser une levĂ©e en terre au sud de cette route. Son artillerie, mise en batterie sur des plates-formes en dĂ©bord de cette levĂ©e, peut ainsi Ă  loisir balayer le glacis au nord, ainsi qu'une partie de la route elle-mĂȘme[12].

Organisation des troupes de Colonna

Le flanc nord des jardins fait moins de 500 m de longueur, ce qui permet Ă  Colonna d'y disposer ses troupes en rangs compacts.

Juste en contrebas des remparts, quatre rangs d’arquebusiers espagnols, commandĂ©s par Fernando de Àvalos prennent position. Ils sont appuyĂ©s par des piquiers espagnols et des lansquenets souabes commandĂ©s par Georg von Frundsberg[13]. Le gros de la cavalerie impĂ©riale se tient Ă  l'extrĂ©mitĂ© sud des jardins, loin en arriĂšre de l'infanterie ; un corps de cavalerie Ă  part protĂšge le pont au sud-est[14].

Au soir du 26 avril, Lautrec dĂ©pĂȘche en Ă©claireurs 400 cavaliers sous les ordres du sieur de Pontdormy afin de reconnaĂźtre les positions ennemies. Cette patrouille constate que la position est barrĂ©e par des fossĂ©s inondĂ©s et est inexpugnable de ce cĂŽtĂ©, informations qui ne dissuadent cependant pas les capitaines suisses de leur projet d'attaque[15].

Colonna, averti de l'arrivĂ©e des Français, envoie des messagers vers Milan pour demander des renforts ; Francesco Sforza rallie le camp le matin suivant avec 6 400 hommes, faisant sa jonction avec la cavalerie de Colonna prĂšs du pont de pierre[16].

Dispositif de l'attaque française

Arrivant de Crémone située au sud-est de Milan, les troupes françaises s'installent pour la plus grande part au nord du camp de Colonna.

Le gros des troupes d'assaut est constituĂ© par deux colonnes de fantassins suisses (de 4 000 Ă  7 000 hommes chacune[17]), appuyĂ©es par de l’artillerie de campagne. Ces colonnes doivent s'emparer du rempart nord du camp de Colonna.

Une attaque simultanée est prévue sur le cÎté est, par un corps de cavalerie commandé par Lescun qui doit s'emparer du pont de pierre et prendre le camp à revers[18]. Pontdormy est chargé de couvrir Lescun avec un escadron distinct et d'interdire toute attaque de flanc.

Le reste de l'armĂ©e française, et notamment l'infanterie, le gros des cavaliers et le reste des bataillons suisses, se dĂ©ploie assez loin en arriĂšre des deux premiĂšres colonnes d'assaut. Les contingents vĂ©nitiens commandĂ©s par François Marie della Rovere, duc d’Urbino[19] sont positionnĂ©s un peu Ă  droite (en regardant vers le sud) de l'armĂ©e française, face au cĂŽtĂ© ouest du camp impĂ©rial, protĂ©gĂ© par les marĂ©cages.

La bataille

L'assaut des colonnes suisses

L'attaque est lancée par Lautrec à l'aube du 27 avril. En premier lieu, les Bandes Noires dispersent par une charge sur les ailes les avant-postes espagnols, dégageant le terrain devant les positions ennemies.

C'est Anne de Montmorency qui commande les colonnes d'assaut suisses. Alors qu'elles progressent vers le camp de Colonna, il leur ordonne de faire halte en attendant que l’artillerie ait bombardĂ© les lignes de dĂ©fense, mais elles refusent d'obĂ©ir[20], sans doute parce que les capitaines suisses ne croient pas Ă  l'efficacitĂ© de tirs sur des levĂ©es de terre. L’historien Charles Oman rapporte l'opinion de tĂ©moins français de la bataille, selon laquelle « ils Ă©taient en proie Ă  une rage aveugle et Ă  une confiance excessive[18]. » Selon Oman, il existe aussi une certaine compĂ©tition entre les deux bataillons de mercenaires, dont l'un, commandĂ© par Arnold Winkelried d’Unterwald, est formĂ© de soldats des cantons ruraux, tandis que celui d’Albert von Stein est formĂ© de soldats de Berne et d'autres cantons urbains[18].

Les Suisses, laissant l’artillerie d’appui loin en arriĂšre, se trouvent bientĂŽt Ă  portĂ©e de l’artillerie impĂ©riale. N'ayant aucun endroit pour se mettre Ă  couvert, ils essuient de lourdes pertes : selon Oman, prĂšs d'un millier d'hommes sont fauchĂ©s Ă  ce moment[19].

Anne de Montmorency, peint par Jean Clouet (vers 1530). Montmorency, qui commande l'assaut, est le seul Français survivant de ce raid.

Les assaillants rescapĂ©s tombent finalement sur l'obstacle annoncĂ© par les Ă©claireurs français : la route, profondĂ©ment enfoncĂ©e par rapport au niveau gĂ©nĂ©ral du terrain, et les levĂ©es en terre, trop hautes pour la longueur des piques, arrĂȘtent leur progression. En tentant de descendre sur la route, les mercenaires subissent de nouvelles pertes du fait des tirs des arquebusiers du capitaine d'Avalos[21]. NĂ©anmoins, ils lancent une sĂ©rie d'assauts dĂ©sespĂ©rĂ©s pour ouvrir une brĂšche dans la dĂ©fense des ImpĂ©riaux. Quelques uns d'entre eux parviennent Ă  atteindre le sommet de la levĂ©e, oĂč ils se trouvent aux prises avec les lansquenets, qui dĂ©bouchent de derriĂšre les arquebusiers. Il semble qu'un des capitaines suisses soit tuĂ© Ă  ce moment dans un combat singulier avec von Frundsberg.

Les Suisses ne parviennent pas à reformer leurs rangs au sommet de la levée et sont repoussés[22]. Au bout d'une demi-heure de tentatives infructueuses pour atteindre le haut du rempart, les survivants se replient sur les lignes françaises.

Ils laissant 3 000 morts sur le glacis et en contrebas des remparts, dont vingt-deux officiers, parmi lesquels Winkelried et Albert von Stein[23]. Des nobles français qui ont accompagnĂ© l'assaut, seul Montmorency survit[24].

L'attaque de revers de Lescun

Lescun, qui commande 400 gens d'armes, atteint pendant ce temps le pont au sud des jardins, force le passage et fait irruption dans le camp des Impériaux[25].

Colonna dĂ©tache contre lui un corps de cavalerie commandĂ© par Antonio de Leiva pour arrĂȘter sa progression, tandis que François Sforza marche vers le pont pour enfermer Lescun dans le camp. Mais Pontdormy rĂ©ussit Ă  empĂȘcher le blocage du pont et lorsque la cavalerie française se replie, elle peut s'Ă©chapper et rejoindre le gros de l'armĂ©e[26].

DĂ©nouement

Malgré les appels d'Avalos et de plusieurs officiers, Colonna refuse d'ordonner une contre-attaque massive, considérant que le gros des troupes de Lautrec, notamment sa cavalerie, est encore intact. Il estime aussi que les Français ne vont pas tarder à se replier, avis partagé par von Frundsberg[27]. Quelques cavaliers espagnols appuyés par des arquebusiers essayent néanmoins de harceler les Suisses qui se replient, mais ils doivent lùcher prise face aux Bandes Noires de Jean de Médicis, chargées de couvrir le repli de l'artillerie française[28].

La dĂ©cision de Colonna d'attendre sans intervenir s’avĂšre judicieuse : les Suisses abandonnent l'idĂ©e de reprendre le combat et lĂšvent le camp le 30 avril ; Lautrec, estimant que la faiblesse de l'infanterie qui lui reste ne lui permet pas de poursuivre sa campagne de reconquĂȘte, se replie vers l'est en territoire vĂ©nitien, franchissant l’Adda pour faire halte Ă  Trezzo[29].

Revenu à Crémone, Lautrec confie le commandement de l'armée à Lescun et part sans escorte pour Lyon faire son rapport à François Ier[30].

Suites : de La Bicoque Ă  Pavie (1525)

Le départ de Lautrec annonce l'effondrement des positions françaises dans le nord de l'Italie.

Colonna et d'Avalos, libĂ©rĂ©s de la menace française, marchent sur GĂȘnes, dont ils s’emparent aprĂšs un bref siĂšge[31] (mai 1522). Lorsque Lescun apprend la chute de GĂȘnes, il nĂ©gocie avec Francesco Sforza pour que le reste des forces françaises puisse repasser sans encombre les Alpes, en Ă©change de la reddition du Castello Sforzesco Ă  Milan, encore aux mains des Français[32].

Les Vénitiens, gouvernés par un nouveau doge, Andrea Gritti, ne souhaitent pas poursuivre la guerre ; en juillet 1523, Gritti conclut avec Charles Quint un traité de paix signé à Worms[33].

Les Français font plusieurs tentatives jusqu'en 1525 pour reconquérir le Milanais, notamment celle qui conduit au désastre de Pavie en 1525 ; fait prisonnier, François Ier est contraint de signer le traité de Madrid en 1526, par lequel, entre autres, il renonce à toute intervention en Italie.

Conséquences

Une conséquence de cette bataille est le changement de comportement au feu des mercenaires suisses. Guichardin écrit à ce propos : « Ils se retirÚrent dans leurs montagnes diminués non seulement en nombre, mais plus encore en audace ; car il est certain que les pertes qu'ils déplorÚrent à La Bicoque les affectÚrent à tel point qu'ils se départirent du courage qu'on leur enviait[34]. »

Tout en continuant à participer aux guerres d'Italie, les mercenaires suisses n'ont plus l'audace de lancer des attaques frontales comme ils l'avaient fait à Novare en 1513 ou à Marignan en 1515. Leur comportement pendant la bataille de Pavie surprend par son manque d’initiative[35].

Une autre consĂ©quence est la rĂ©vĂ©lation de l'importance dĂ©cisive des armes Ă  feu sur les champs de bataille[36]. Deux ans plus tard, la bataille de la Sesia montrent les possibilitĂ©s de l’arquebuse : les arquebusiers y dĂ©font un assaut de cavalerie lourde en bataille rangĂ©e. Cette arme devient dĂšs lors un Ă©quipement sine qua non de toute armĂ©e. Les piquiers conservent un rĂŽle essentiel, mais moindre que celui des arquebusiers.

Plus tard, ces deux types de fantassins sont combinĂ©s pour former les rĂ©giments de tercios, qui vont opĂ©rer jusqu'Ă  l'avĂšnement de la baĂŻonnette Ă  la fin du XVIIe siĂšcle[37]. La doctrine offensive des Suisses du choc de piquiers appuyĂ© par des tirs de flanc devient obsolĂšte. À plus long terme, le siĂšcle suivant est marquĂ© par l'avĂšnement de stratĂ©gies plus dĂ©fensives ; la combinaison de l'arquebuse et du tracĂ© Ă  l'italienne transforme les assauts frontaux sur les positions fortifiĂ©es en vĂ©ritables massacres. Il n'y a plus d'attaque de ce type jusqu'Ă  la fin des guerres d'Italie[38].

À la suite de cette bataille, le mot bicoca passe Ă  l'espagnol[39] avec le sens de « gain sans effort », d' « aubaine », tandis qu'en français il signifiera « maison dĂ©labrĂ©e ».

Notes et références

Notes

  1. Les Italiens appellent battaglia della Bicocca la bataille de Novare du , victoire du maréchal autrichien Joseph Radetzky sur les troupes du royaume de Sardaigne (« Piémont-Sardaigne »).
  2. Le terme italien bicocca signifiait : « petit chùteau établit sur une hauteur ». Aujourd'hui, en français comme en italien, ce terme est devenu péjoratif.
  3. À l'Ă©poque Ă  la campagne, Bicocca fait aujourd'hui partie de la commune de Milan, prĂšs de Sesto San Giovanni.
  4. La Basse-Navarre est détenue avec le titre de « roi de Navarre » par la maison d'Albret, à cette date : Henri II de Navarre, qui est aussi comte de Foix et vicomte de Béarn.
  5. Jusqu'au 1er décembre ; Adrien VI, un Néerlandais (Adriaan Floriszoon) proche de Charles Quint, à partir de janvier 1522.

Références

  1. Le (ou la) comté de Bourgogne, qui est alors dans l'Empire, correspond à la Franche-Comté, sans Besançon, qui est une ville libre. La capitale est Dole. Les Pays-Bas et le comté de Bourgogne forment le cercle impérial de Bourgogne.
  2. Oman, Art of War, 174.
  3. Oman, Art of War, 174–175. L’incapacitĂ© apparente des VĂ©nitiens Ă  interdire le passage Ă  l’ennemi Ă  travers leur territoire suscitera par la suite la colĂšre des Français.
  4. Oman, Art of War, 175. Oman cite des sources contemporaines mentionnant seulement 4 000 Suisses encore Ă  leur poste pour un recrutement initial de 20 000.
  5. Oman, Art of War, 175–176.
  6. Oman, Art of War, 176. Les forces restantes de Lautrec se composent de 5 500 Français et de 6 400 VĂ©nitiens.
  7. Oman, Art of War, 176. CÎme tombe aprÚs avoir été assiégée ; les deux autres villes se soulÚvent et chassent les garnisons françaises.
  8. Oman, Art of War, 176. Jean, qui Ă©tait encore rĂ©cemment au service des États pontificaux, dĂ©nonce son contrat (sa condotta) au motif qu’il ne s'est engagĂ© qu’avec le prĂ©cĂ©dent pape, LĂ©on X, et non avec son successeur, Adrien VI.
  9. Hackett, Francis the First, 249 ; Oman, Art of War, 176–177.
  10. Oman, Art of War, 176–177.
  11. Arfaioli, Black Bands, 10; Hackett, Francis the First, 249 ; Oman, Art of War, 177–178.
  12. Hall, Weapons and Warfare, 175 ; Oman, Art of War, 178–179. Oman signale que les descriptions du glacis au nord des jardins diffĂšre d'une source Ă  l'autre, certaines Ă©voquant une route en dĂ©blai tandis que d’autres parlent d’un fossĂ©.
  13. Oman, Art of War, 178–179 ; Taylor, Art of War, 51–52.
  14. Oman, Art of War, 179 ; Taylor, Art of War, 125. Oman pense que d'Avalos et les autres capitaines espagnols gardent en mémoire le fiasco qui avait résulté de la précipitation des chevaliers à la bataille de Ravenne dix ans plus tÎt, et adoptent cette disposition pour se prémunir d'une répétition.
  15. Oman, Art of War, 179.
  16. Oman, Art of War, 179. Ces contingents de Milanais sont composĂ©s de 400 chevaliers et de 6 000 fantassins. Oman dĂ©crit des hommes en uniforme ; il pense qu'il s'agit essentiellement de membres des milices urbaines.
  17. Arfaioli, Black Bands, 11 ; Hall, Weapons and Warfare, 175; Oman, Art of War, 179–180. Arfaioli estime le contingent des colonnes suisses Ă  7 000, Oman Ă  4 000. Hall et Oman indiquent que les sapeurs commandĂ©s par Pedro Navarro accompagnent les Suisses, pour permettre la mise en batterie de l’artillerie.
  18. Oman, Art of War, 180.
  19. Oman, Art of War, 180–181.
  20. Oman, Art of War, 180 ; Taylor, Art of War, 126.
  21. Hall, Weapons and Warfare, 175 ; Oman, Art of War, 181. Oman indique que « tous les enseignes furent abattus, et que les trois ou quatre premiers rangs furent fauchés ».
  22. Hall, Weapons and Warfare, 175 ; Oman, Art of War, 182. Arnold Winkelried et Albert von Stein sont tous deux cités comme les ennemis de Frundsberg par les sources d'époque. Oman pense que les hauts-faits de Winkelried sont à l'origine de la légende de Arnold von Winkelried.
  23. Hackett, Francis the First, 250 ; Oman, Art of War, 182.
  24. Oman, Art of War, 182. Montmorency griĂšvement blessĂ©, doit ĂȘtre tirĂ© hors de la route en dĂ©blai.
  25. Oman, Art of War, 182.
  26. Oman, Art of War, 182–183. Oman observe que l’engagement entre Pontdormy et Sforza n'est mentionnĂ© que par une seule source contemporaine.
  27. Oman, Art of War, 183. Selon des chroniqueurs de l'époque, la réticence de Frundsberg s'explique par le fait que les lansquenets ont revendiqué une double solde dans le cas d'une nouvelle attaque, mais Oman juge l'histoire improbable.
  28. Oman, Art of War, 183.
  29. Oman, Art of War, 183–184.
  30. Hackett, Francis the First, 250 ; Oman, Art of War, 184. Lautrec blùme le baron de Semblançay, trésorier, pour ne pas avoir versé les subsides permettant de payer les mercenaires suisses ; accusation qui débouche sur un scandale lorsque Semblançay révÚle que l'argent a été confisqué par Louise de Savoie, la mÚre du roi.
  31. Oman, Art of War, 186. Pedro Navarro, fait prisonnier Ă  GĂȘnes, reste emprisonnĂ© trois ans Ă  Naples en chĂątiment de son renversement d'alliance.
  32. Oman, Art of War, 186.
  33. Guichardin, Histoire d’Italie, 335 ; Norwich, History of Venice, 439 ; Oman, Art of War, 186.
  34. Oman, Art of War, 184.
  35. Hall, Weapons and Warfare, 175 ; Oman, Art of War, 184–185.
  36. Arfaioli, Black Bands, 10–11 ; Oman, Art of War, 185 ; Taylor, Art of War, 51.
  37. Taylor, Art of War, 53–54, 57–58.
  38. Arfaioli, Black Bands, 11 ; Oman, Art of War, 185.
  39. Real Academia Española, Diccionario de la lengua española, 22e éd. (Madrid: Espasa Calpe, 2001), s.v. "bicoca."

Voir aussi

Bibliographie

Guerres d’Italie

En français

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  • Francesco Guicciardini (direction Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini), Histoire d'Italie, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1537-1540 (rĂ©impr. novembre 1996), 1290 p., 14 cm x 20 cm (ISBN 978-2-221-91029-0 et 2-221-91029-X).

En anglais

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  • (en) F. L. Taylor, The art of war in Italy, 1494-1529, Westport, Conn, Greenwood Press, coll. « Prince consort prize essay » (no 1920), , 228 p. (ISBN 978-0-837-15025-3).

Liens externes

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