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Bataille de Pavie (1525)

La quatriĂšme bataille de Pavie qui se dĂ©roule le devant Pavie en Lombardie, oppose les troupes de Charles Quint Ă  celles de François Ier, chacun Ă  la tĂȘte de leurs armĂ©es. Charles Quint remporte la bataille et François Ier est capturĂ© et fait prisonnier. Cet Ă©vĂ©nement dĂ©cisif de la sixiĂšme guerre d'Italie (1521-1526) marque la dĂ©faite des rois de France dans leur tentative de domination du Nord de l’Italie.

Bataille de Pavie
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
La bataille de Pavie par Ruprecht Heller.
Informations générales
Date
Lieu Pavie, Lombardie
Issue Victoire espagnole
Forces en présence
17 000 fantassins
6 500 cavaliers
53 canons
19 000 fantassins
4 000 cavaliers
17 canons
Pertes
8 000 morts, blessĂ©s ou prisonniers[1]1500 morts ou blessĂ©s[1]

SixiĂšme guerre d'Italie

CoordonnĂ©es 45° 11â€Č 51″ nord, 9° 09â€Č 54″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Bataille de Pavie

Situation

La péninsule avant le début des guerres d'Italie.

À la suite de l'Ă©chec des troupes impĂ©riales de Charles Quint en Provence en 1523, le roi de France, François Ier, suit les conseils de l'amiral Guillaume de Bonnivet qui veut reprendre le Milanais alors mĂȘme que la France est isolĂ©e diplomatiquement. À l'inverse, ses conseillers, experts en stratĂ©gie militaire, comme La TrĂ©moille et le marĂ©chal de La Palice, conseillent au roi d'attendre avant de se lancer dans la conquĂȘte du duchĂ© de Milan.

Fin , Milan tombe aux mains des Français qui décident alors de poursuivre sur Pavie, l'ancienne capitale de Lombardie, dont le siÚge commence le . Pendant le siÚge, les hommes du roi de France occupÚrent et pillÚrent les nombreux monastÚres et villages situés hors des murs de Pavie[2]. Fin , des renforts impériaux commandés par un noble de Bruxelles, Charles de Lannoy, premier conseiller de Charles Quint, se présentent devant Pavie et chaque camp se retranche pendant prÚs de trois semaines.

Forces en présence

À l'image du chef de l'armĂ©e impĂ©riale, le Français Charles III de Bourbon, ancien connĂ©table de France passĂ© au service de Charles Quint, les armĂ©es n'ont pas d'unitĂ©s nationales : on parle français, espagnol, allemand et italien dans les deux camps. Il n'y a pas d'uniformes et l'historien Jean-Marie Le Gall parle d'« armĂ©es composites » et de « mosaĂŻques ethniques »[3]. François Ier peut compter sur sa cavalerie lourde, des chevaliers français accompagnĂ©s chacun de plusieurs archers montĂ©s. Son infanterie est majoritairement composĂ©e de mercenaires : principalement des piquiers suisses, mais aussi des lansquenets allemands et flamands des « bandes noires ».

L'armée impériale s'appuie essentiellement sur son infanterie composée d'Espagnols et de lansquenets allemands.

Les opposants ont recruté parmi les Italiens : des chevau-légers et des fantassins de toutes sortes, les arquebusiers étant réputés.

Les effectifs des deux armées sont difficiles à chiffrer, surtout parce que les sources contemporaines divergent[4]. Au début de la campagne, le rapport de forces est favorable aux Français ; cela devient plus confus cinq mois plus tard.

Selon l'ambassadeur de Charles Quint Ă  GĂȘnes, Lope de Soria, les troupes royales ont Ă©tĂ© affaiblies par l'occupation de l'Italie : les escarmouches ont dĂ©cimĂ© ses rangs et bon nombre de soldats ont Ă©tĂ© dispersĂ©s pour tenir les villes et les points stratĂ©giques. L'hiver a encouragĂ© les dĂ©sertions. Comme leur engagement de trois mois est arrivĂ© Ă  son terme, plusieurs milliers de Suisses et de Grisons sont rentrĂ©s chez eux le [5].

DĂ©roulement

Dans la nuit du au , les ImpĂ©riaux ouvrent une brĂšche dans l'enceinte française et surprennent les assiĂ©geants. Ils sont dirigĂ©s par Charles de Lannoy, Antonio de Leiva et, dans une moindre mesure, par l'ancien connĂ©table Charles de Bourbon. Ce dernier s'Ă©tait illustrĂ© aux cĂŽtĂ©s de François Ier lors de la bataille de Marignan en 1515, mais sa disgrĂące, arrangĂ©e par Guillaume Gouffier seigneur de Bonnivet, l'avait fait changer de camp. Face au danger, le mĂȘme Bonnivet s'indigne Ă  l'idĂ©e d'une retraite, proposĂ©e par les gĂ©nĂ©raux les plus expĂ©rimentĂ©s ; il veut Ă©pargner au roi la honte d'une fuite. Il fait dans le conseil une harangue que BrantĂŽme a consignĂ©e[6] et emporte la dĂ©cision du roi. Constatant ensuite les dĂ©plorables effets de son conseil et l'inutilitĂ© de ses efforts pour arracher son maĂźtre aux pĂ©rils environnants, Bonnivet se prĂ©cipite au milieu des bataillons ennemis et est tuĂ©. Charles de Bourbon, voyant les restes sanglants de son adversaire, se serait Ă©criĂ©, en dĂ©tournant les yeux : « Ah ! Malheureux ! Tu es cause de la perte de la France et de moi-mĂȘme ! »[6].

Conséquences de la défaite française

Charles Quint visitant François Ier, par Richard Parkes Bonington.

La dĂ©route est totale. Les Français perdent environ 10 000 hommes (dont 5 000 sont des mercenaires suisses)[7]. Une grande partie des cadres de l'armĂ©e, dont Bonnivet, La Palice et le grand Ă©cuyer de France Galeazzo Sanseverino sont tuĂ©s dans la bataille. ClĂ©ment Marot y est blessĂ© au bras.

Plusieurs soldats sont crĂ©ditĂ©s de la capture de François Ier, en particulier le gentilhomme basque Juan de Urbieta auquel le roi se fait connaĂźtre, le français De la Mothe qui est proche du connĂ©table de Bourbon, le vice-roi de Naples Charles de Lannoy[8]. Mais Ă©galement le comtois Jean d'Andelot, premier Ă©cuyer de Charles Quint, qui sera blessĂ© Ă  la joue par le roi de France au cours de l’évĂ©nement[9]. Un chevalier italien, CĂ©sar Hercolani, de la ville de ForlĂŹ, sera surnommĂ© le vainqueur de Pavie. François Ier est le troisiĂšme souverain français Ă  ĂȘtre capturĂ© sur un champ de bataille[10].

Le prisonnier royal est embarquĂ© Ă  Villefranche, prĂšs de Nice, pour l'Espagne, oĂč il est dĂ©tenu par Charles Quint pendant un an en attendant le versement d'une rançon par la France et la signature d'un traitĂ© (traitĂ© de Madrid, ) l'engageant Ă  cĂ©der ou restituer le duchĂ© de Bourgogne et le comtĂ© de Charolais, Ă  abandonner la revendication de l'Artois et de la Flandre, enfin Ă  renoncer Ă  ses prĂ©tentions sur la pĂ©ninsule italienne. LibĂ©rĂ©, il laisse son Ă©pĂ©e Ă  Charles Quint, mais ses deux fils ainĂ©s[11] ĂągĂ©s de 7 et 6 ans restent dĂ©tenus en Espagne. Ils sont relĂąchĂ©s en 1530 contre le versement de la rançon.

François Ier reste « obnubilé par le Milanais », pour lequel il entre encore deux fois en guerre[12].

Mot de la fin

Le billet du roi, transmis au lendemain de la terrible dĂ©faite, Ă  sa mĂšre, la duchesse d'AngoulĂȘme, devenue rĂ©gente du royaume, a Ă©tĂ© rĂ©duit pour la postĂ©ritĂ© Ă  quelques mots bien frappĂ©s mais ne correspondant pas Ă  la rĂ©alitĂ© :

« Tout est perdu, fors l'honneur. »

Le véritable texte du billet était le suivant[13] :

« Madame, pour vous faire savoir comment se porte le reste de mon infortune, de toutes choses ne m'est demeuré que l'honneur et la vie qui est sauve. »

Représentation dans l'art

Une version romancée de la bataille de Pavie est présentée dans le livre 1523-1526 : Le cataclysme par le Chroniqueur de la Tour[14].

Notes et références

  1. (en) Spencer Tucker, Battles that Changed History: An Encyclopedia of World Conflict, ABC-CLIO, , 163 p. (ISBN 978-1-59884-429-0, lire en ligne)
  2. (en) Fabio Romanoni, Il Libro dei Censi (1315) del Monastero di San Pietro in Verzolo di Pavia (lire en ligne)
  3. Le Gall 2015, p. 98.
  4. Le Gall 2015, p. 103-106.
  5. Le Gall 2015, p. 104.
  6. D'aprÚs Pierre de BrantÎme, Vie des hommes illustres et grands capitaines français, « Livre III ».
  7. Certaines sources donnent mĂȘme des nombres trĂšs supĂ©rieurs. Cf. FirstName Bouquet, Histoire de la Suisse, Paris, Presses universitaires de France, (ISBN 9782130472964), p. 50.
  8. Le Gall 2015, p. 95.
  9. Nicole Tournier et Daniel Ronfort, Adieu l'Encrine: 4 variations sur un thÚme collectif, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-25473-1, lire en ligne)
  10. Le premier est Saint Louis à la bataille de Fariskur ; et le deuxiÚme, Jean le Bon à la bataille de Poitiers (1356). Le quatriÚme sera Napoléon III à la bataille de Sedan.
  11. François de France et Henri, le futur roi de France.
  12. Ferrand 2014, p. 86.
  13. Donné dans l'Encyclopédie des mots historiques, 2 volumes édités par Historama (Paris, 1970).
  14. Le Chroniqueur de la Tour, 1523-1526 : Le cataclysme, BoD, , 582 p. (ISBN 978-2-322-21056-5)

Voir aussi

Sources primaires

  • BrantĂŽme, Vie des hommes illustres et grands capitaines français, J. Sambix le jeune, (rĂ©impr. 1699 en 6 vol., 1722 en 4 vol.).

Bibliographie

  • Jean Giono, : Le DĂ©sastre de Pavie, Paris, Gallimard, coll. « Trente journĂ©es qui ont fait la France », 1963.
  • RenĂ© Guerdan, La Bataille de Pavie, Paris, 1976.
  • Jean Jacquart, François Ier, Paris, Fayard, (ISBN 978-2-213-00771-7).
  • Jean-Paul Mayer (prĂ©f. gĂ©nĂ©ral Henri Paris), Pavie 1525 : l'Italie joue son destin pour deux siĂšcles, Le Mans, Editions CĂ©nomane, coll. « Les grandes batailles », , 157 p. (ISBN 978-2-905-59656-7).
  • Antonio JimĂ©nez Estrella, « Pavie (1525) et Rocroi (1643) : impact politique et idĂ©ologique de deux batailles contre « el francĂ©s » », dans Ariane Boltanski, Yann Lagadec et Franck Mercier (dir.), La bataille : du fait d'armes au combat idĂ©ologique, XIe – XIXe siĂšcle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 288 p. (ISBN 978-2-7535-4029-3, DOI 10.4000/books.pur.90934, prĂ©sentation en ligne), p. 157-170.
  • Jean-Marie Le Gall, « Autopsie d'une figure de la dĂ©faite : le roi prisonnier ou les embarras du vainqueur, François Ier aprĂšs Pavie », HypothĂšses : Travaux de l'École doctorale d'histoire, Paris, Éditions de la Sorbonne, no 11,‎ , p. 297-314 (lire en ligne).
  • Jean-Marie Le Gall, « Les combattants de Pavie. - », Revue historique, Paris, Presses universitaires de France, no 671,‎ , p. 567-596 (DOI 10.3917/rhis.143.0567, lire en ligne).
  • Jean-Marie Le Gall, « Pavie, 1525 : une annĂ©e de politisation urbaine », dans Laurent Bourquin, Philippe Hamon, Alain Hugon et Yann Lagadec (dir.), La Politique par les armes : conflits internationaux et politisation (XVe-XIXe siĂšcle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 326 p. (ISBN 978-2-7535-2877-2, lire en ligne), p. 221-243.
  • Jean-Marie Le Gall, L'Honneur perdu de François Ier : Pavie, 1525, Paris, Payot, coll. « BibliothĂšque historique Payot », , 595 p. (ISBN 978-2-228-91208-2, prĂ©sentation en ligne), [prĂ©sentation en ligne].
  • Jean-Marie Le Gall, « La capture de François Ier, une mauvaise nouvelle ? », Parlement(s) : revue d'histoire politique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, no 25 « « Oiseaux de malheur ». Annoncer les mauvaises nouvelles (XVIe-XXe siĂšcles) »,‎ , p. 121-140 (ISBN 978-2-7535-5357-6, ISSN 1768-6520, DOI 10.3917/parl2.025.0121, lire en ligne).

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