AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Anneau unitaire

En mathématiques, un anneau unitaire, parfois anneau unifÚre, mais souvent simplement anneau[1] (voir anneau (mathématiques)), est une des structures algébriques fondamentales de l'algÚbre générale. C'est un triplet indiquant qu'on munit un ensemble de deux opérations qui satisfont certaines des propriétés de l'addition et la multiplication des nombres entiers relatifs.

Aspect historique

L'étude des anneaux trouve son origine dans l'école allemande du XIXe siÚcle. Elle est développée par les mathématiciens Dedekind, Hilbert, Fraenkel et Noether. Elle naßt de l'étude des équations algébriques, des nombres algébriques et de la recherche d'une démonstration du grand théorÚme de Fermat. Elle conduira à un développement important de l'algÚbre générale et de la géométrie algébrique.

Dans le Xe Supplément de sa seconde édition des Leçons sur la théorie des nombres de Dirichlet, en 1871, Dedekind considÚre, à cÎté de la notion de corps (Körper), l'anneau des entiers d'un corps de nombres algébriques ; il introduira un peu plus tard d'autres anneaux qu'il appelle ordres (Ordnung). Mais c'est David Hilbert qui emploie le terme d'anneau (Ring) pour définir ce qui est toujours à l'époque un anneau commutatif unitaire, dans son Rapport sur les nombres (Zahlbericht) de 1897 pour la Deutsche Mathematiker-Vereinigung[2].

DĂ©finition

Un anneau unitaire est un triplet notĂ© (A,+,×) indiquant qu'on a muni l'ensemble A de deux opĂ©rations (appelĂ©es addition et multiplication) qui se comportent comme celles des entiers relatifs au sens prĂ©cis suivant[3] : A muni de l'addition est un groupe abĂ©lien[4], la multiplication est associative, distributive par rapport Ă  l'addition, et elle possĂšde un Ă©lĂ©ment neutre. Il est frĂ©quent de confondre, par abus de notation, l'ensemble que l'on a muni des deux lois avec le triplet lui-mĂȘme. Tout au long de cet article, on dĂ©signera l'anneau par son ensemble associĂ©, au lieu de son triplet.

De façon plus dĂ©taillĂ©e, un anneau est un ensemble A dans lequel sont donnĂ©es[5] deux lois de composition interne, notĂ©es + et ∙, vĂ©rifiant les propriĂ©tĂ©s suivantes :

  • Quels que soient les Ă©lĂ©ments a, b et c appartenant Ă  l'ensemble A :
    • (a + b) + c = a + (b + c)
    • a + b = b + a
    • (a ∙ b) ∙ c = a ∙ (b ∙ c)
    • a ∙ (b + c) = a ∙ b + a ∙ c
    • (b + c) ∙ a = b ∙ a + c ∙ a
  • Il existe un Ă©lĂ©ment, notĂ© 0 et appelĂ© Ă©lĂ©ment neutre de la loi de composition interne +, tel que pour tout Ă©lĂ©ment a appartenant Ă  l'ensemble A :
    • a + 0 = 0 + a = a
  • Tout Ă©lĂ©ment a appartenant Ă  l'ensemble A possĂšde un opposĂ©, notĂ© –a, qui vĂ©rifie :
    • a + (–a) = (–a) + a = 0
  • Il existe un Ă©lĂ©ment, notĂ© 1 et appelĂ© Ă©lĂ©ment neutre de la loi de composition interne ∙, ou Ă©lĂ©ment unitĂ©[6], tel que pour tout Ă©lĂ©ment a appartenant Ă  l'ensemble A :
    • a ∙ 1 = 1 ∙ a = a

Un anneau commutatif est un anneau dont la multiplication est elle aussi commutative[3]. En explicitant comme ci-dessus, c'est un anneau dans lequel l'identité suivante est vérifiée quels que soient les éléments a et b de l'ensemble A :

  • a ∙ b = b ∙ a.

Note terminologique : « anneaux » sans neutre multiplicatif

Une minoritĂ© d'auteurs dĂ©finissent un anneau sans exiger l'existence d'un Ă©lĂ©ment neutre pour la multiplication[7]. Le lecteur Ă  la recherche d'informations sur cette structure, qui n'est pas l'objet du prĂ©sent article, se rĂ©fĂšrera Ă  l'article pseudo-anneau. Du fait de cette variabilitĂ© de dĂ©finition, il peut ĂȘtre prudent lorsqu'on craint une confusion de prĂ©ciser anneau unitaire (ou unifĂšre[1]) lorsqu'on Ă©voque un anneau au sens de cet article, un anneau ayant un neutre multiplicatif.

Exemples

Exemples d'anneaux commutatifs

  • L'ensemble Ă  un seul Ă©lĂ©ment {0} muni des opĂ©rations 0 + 0 = 0 et 0 · 0 = 0 est un anneau commutatif, appelĂ© anneau nul, ou anneau trivial[8].
  • L'ensemble â„€ des entiers relatifs, muni de l'addition et de la multiplication est un anneau commutatif[9].
  • Un corps commutatif est un anneau commutatif pour lequel tous les Ă©lĂ©ments non nuls sont inversibles pour la multiplication. Parmi beaucoup d'autres, l'ensemble ℚ des nombres rationnels, l'ensemble ℝ des nombres rĂ©els, l'ensemble ℂ des nombres complexes, munis de l'addition et de la multiplication usuelles, sont des corps commutatifs, donc des anneaux commutatifs[10].
  • L'ensemble des classes de congruence modulo un nombre entier strictement positif donnĂ© n est un anneau commutatif pour la loi provenant de la congruence ; il est notĂ© â„€/nâ„€[9].
  • L'ensemble des polynĂŽmes Ă  coefficients dans un anneau commutatif est aussi un anneau commutatif[11].

Exemples d'anneaux non commutatifs

Contre-exemples

  • L'ensemble ℕ des entiers naturels n'est pas un anneau, car ce n'est pas un groupe quand on le munit de l'addition : l'existence des opposĂ©s fait dĂ©faut. C'est un semi-anneau.
  • L'ensemble 2â„€ des entiers (relatifs) pairs n'est pas un anneau, car sa multiplication n'a pas d'Ă©lĂ©ment neutre[14]. C'est un pseudo-anneau.
  • L'ensemble des octonions n'est pas un anneau, car sa multiplication n'est pas associative[13]. On parle parfois d'anneau non associatif (en)[15].
  • Pour tout groupe non trivial (G, +), le groupe (GG, +) des applications de G dans G devient, lorsqu'on le munit de la composition ∘, un presque-anneau (en), mais pas un anneau mĂȘme si G est commutatif, car la distributivitĂ© Ă  gauche n'est pas vĂ©rifiĂ©e : on n'a pas f∘(g + h) = (f∘g) + (f∘h).

Et encore d'autres exemples

On trouvera davantage d'exemples aux sections idoines des articles consacrés à des classes particuliÚres d'anneaux, et notamment les articles anneau commutatif, anneau intÚgre et algÚbre associative sur un corps.

La section « Construction d'anneaux » ci-dessous fournit également une liste plus complÚte et systématisée d'exemples.

Concepts de base

Morphismes

Un morphisme d'anneaux est une application f entre deux anneaux A et B qui est compatible avec leur structure, au sens précis suivant[16] :

Pour tous a, b dans A :

f(a + b) = f(a) + f(b)
f(a ∙ b) = f(a) ∙ f(b)

En particulier, si A et B sont unitaires, ce morphisme est dit unitaire si

f(1A) = 1B.

Les applications suivantes sont des exemples de morphismes d'anneaux :

  • La conjugaison de l'anneau des nombres complexes vers lui-mĂȘme[17]. Ce morphisme est bijectif (on dit que c'est un automorphisme de ℂ) ;
  • Pour n entier strictement positif, la projection de â„€ sur l'anneau â„€/nâ„€ ;
  • La fonction d'Ă©valuation, qui associe Ă  un polynĂŽme P Ă  coefficients rĂ©els sa valeur P(c) en un rĂ©el fixĂ© c.

Les morphismes d'anneaux se composent entre eux, faisant de la classe des anneaux une catégorie.

Sous-anneaux

Une partie B d'un anneau A est appelée un sous-anneau de A lorsque[16] :

  • B est un sous-groupe additif de A
  • B est stable pour la multiplication
  • Le neutre multiplicatif de A appartient Ă  B.

Voici quelques exemples de sous-anneaux :

  • L'anneau â„€ des entiers relatifs est un sous-anneau de l'anneau ℝ des nombres rĂ©els ;
  • Les polynĂŽmes sans monĂŽme du premier degrĂ© forment un sous-anneau de l'anneau de polynĂŽmes ℝ[X] ;
  • Les fonctions continues de ℝ vers ℝ forment un sous-anneau de l'anneau de toutes les fonctions de ℝ vers ℝ.

Un morphisme d'anneaux injectif entre deux anneaux induit une identification entre son anneau de départ et un sous-anneau de son anneau d'arrivée[18].

Idéaux et anneaux-quotients

De façon duale quoiqu'un peu plus technique, la notion d'anneau quotient permet de décrire l'anneau d'arrivée d'un morphisme surjectif comme un quotient de l'anneau de départ. Sa définition repose sur la notion d'idéaux bilatÚres, qui sont les objets par lesquels on peut quotienter (ils sont en ce sens analogues aux sous-groupes distingués de la théorie des groupes)[19].

Un idéal bilatÚre I d'un anneau A (ou simplement « idéal » quand aucune confusion n'est à craindre, notamment dans le cas commutatif) est un sous-groupe additif de A vérifiant[14] :

pour tout x de I et tout a de A, ax ∈ I et xa ∈ I.

On définit un idéal à gauche (resp. à droite) comme un sous-groupe additif pour lequel on exige seulement la condition ax ∈ I (resp. xa ∈ I)[14]. Quoiqu'ils ne permettent pas la construction d'anneaux quotients, ce sont des concepts importants en théorie des anneaux non commutatifs.

Voici quelques exemples d'idéaux :

  • Dans tout anneau A, {0} et A sont deux idĂ©aux bilatĂšres de A[20].
  • Dans un anneau commutatif A, l'ensemble des multiples d'un Ă©lĂ©ment donnĂ© b (c'est-Ă -dire des ab, a parcourant A) est un idĂ©al de A, dit idĂ©al principal engendrĂ© par b. Par exemple, l'ensemble des multiples de 5 est un idĂ©al de l'anneau â„€.
  • L'ensemble des polynĂŽmes Ă  coefficients entiers dont le terme constant est pair est un idĂ©al de l'anneau commutatif â„€[X], qui n'est pas principal.
  • Dans l'anneau non commutatif des matrices carrĂ©es Ă  coefficients rĂ©els, l'ensemble des matrices dont la premiĂšre colonne est nulle est un idĂ©al Ă  gauche, l'ensemble des matrices dont la premiĂšre ligne est nulle est un idĂ©al Ă  droite. Il n'y a pas d'idĂ©aux bilatĂšres hormis les deux idĂ©aux triviaux du premier exemple.

Un idĂ©al bilatĂšre I permet de construire un anneau quotient : le groupe quotient commutatif A/I peut ĂȘtre muni d'une multiplication qui en fait un anneau, la projection canonique de A sur A/I Ă©tant alors un morphisme surjectif. Comme annoncĂ© en introduction Ă  la sous-section, l'image de tout morphisme surjectif d'anneaux est isomorphe Ă  un quotient de son anneau de dĂ©part (le quotient par le noyau du morphisme)[21].

Calcul dans un anneau

Muni de sa seule multiplication, un anneau est un monoĂŻde particulier. Les dĂ©finitions qui font sens dans ce cadre plus large (voire dans un cadre encore plus gĂ©nĂ©ral) peuvent donc ĂȘtre utilisĂ©es pour dĂ©nommer des propriĂ©tĂ©s d'Ă©lĂ©ments de l'anneau. Sont entre autres pertinents en thĂ©orie des anneaux les concepts suivants, qui concernent tous la deuxiĂšme loi (la multiplication) :

Dans tout anneau :

  • 0 est absorbant pour la multiplication ;
  • (–a) ∙ b = –(a ∙ b) (car (–a) ∙ b + (a ∙ b) = (–a + a) ∙ b = 0 ∙ b = 0) ;
  • a ∙ (–b) = –(a ∙ b) (de mĂȘme) ;
  • en particulier, (–1) ∙ x = x ∙ (–1) = –x (donc (–1) ∙ (–x) = (–x) ∙ (–1) = –(–x) = x).

Dans un anneau, il est gĂ©nĂ©ralement impossible de simplifier dans une multiplication sans prĂ©cautions. On sait par exemple que si des matrices carrĂ©es A, B et C vĂ©rifient l'identitĂ© AB = AC, on ne peut en dĂ©duire que B = C et ce mĂȘme si A n'est pas la matrice nulle. Les deux concepts qui suivent permettent d'analyser ces dĂ©fauts de simplification :

  • un Ă©lĂ©ment non nul a de A est un diviseur de zĂ©ro Ă  droite (resp. Ă  gauche) s'il existe un Ă©lĂ©ment b de A non nul tel que ba = 0 (resp. ab = 0)[23]. On dit que c'est un diviseur de zĂ©ro si c'est un diviseur de zĂ©ro Ă  droite ou un diviseur de zĂ©ro Ă  gauche[24].
  • un Ă©lĂ©ment a de A est dit nilpotent lorsqu'il existe un entier m ≄ 1 tel que am = 0. Le plus petit entier pour lequel cette identitĂ© est vĂ©rifiĂ©e est appelĂ© l'ordre de nilpotence de a. Tout Ă©lĂ©ment nilpotent non nul est un diviseur de zĂ©ro.

Exemples : 2 est nilpotent dans tous les anneaux â„€/2nâ„€ oĂč n ≄ 2.

La formule du binÎme de Newton est applicable à tout couple d'éléments permutables[25]. Pour tous x, y permutables et tout entier n positif ou nul :

Elle se généralise à toute famille finie d'éléments permutables deux à deux : c'est la formule du multinÎme.

Caractéristique

La caractéristique d'un anneau est, s'il existe, le plus petit entier strictement positif n tel que :

Si un tel entier n'existe pas (autrement dit si 1 est d'ordre additif infini) on dit que la caractéristique est nulle[26].

Modules

Le formalisme des espaces vectoriels, oĂč des scalaires, Ă©lĂ©ments d'un corps, multiplient des vecteurs, peut ĂȘtre Ă©tendu Ă  des scalaires Ă©lĂ©ments d'un anneau. On appelle modules les structures ainsi dĂ©finies.

L'Ă©tude des modules est une fin en soi, et a de multiples retombĂ©es qui ne sont pas l'objet du prĂ©sent article. L'une d'entre elles a nĂ©anmoins sa place ici : un anneau peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un module sur lui-mĂȘme, ce qui permet le rĂ©investissement en thĂ©orie des anneaux de techniques propres aux modules.

Plus prĂ©cisĂ©ment, Ă©tant donnĂ© un anneau A dont on note x la multiplication, on conserve sa loi de groupe additif, et on le munit d'une loi externe notĂ©e ∙ en posant, pour α scalaire dans A et a vecteur dans A :

α∙a = α x a.

L'addition et cette loi externe munissent alors A d'une structure de module Ă  gauche sur A. De la mĂȘme façon, la loi externe dĂ©finie par : a∙α = a x α le munirait d'une structure de module Ă  droite.

Cette structure fournit un nouvel éclairage sur A. On constate par exemple que les idéaux à gauche (resp. droite) sont exactement les sous-modules pour la structure de module à gauche (resp. droite) et, dans le cas commutatif, que les idéaux sont exactement les sous-modules[27].

AlgĂšbres associatives unitaires

On appelle algÚbre associative unitaire sur un anneau commutatif R un anneau A qui est en outre muni d'une loi externe de module ayant R pour anneau de scalaires, compatible avec la loi interne de multiplication au sens suivant : pour tout scalaire α dans R et tous éléments a, b de A :

α(ab) = (αa)b = a(αb).

Les algĂšbres associatives unitaires forment donc une vaste classe d'anneaux et en fournissent des collections trĂšs variĂ©es d'exemples importants. Par ailleurs tout anneau peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une algĂšbre sur â„€ de la mĂȘme façon que tout groupe abĂ©lien peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un â„€-module, et tout anneau commutatif peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une algĂšbre sur lui-mĂȘme (la commutativitĂ© est indispensable ici)[28]. Les outils propres Ă  la thĂ©orie des algĂšbres associatives sont donc disponibles pour construire et Ă©tudier des anneaux.

Anneaux commutatifs

La trÚs riche théorie spécifique aux anneaux commutatifs est appelée algÚbre commutative. On se réfÚrera à l'article détaillé anneau commutatif, prolongé par l'article anneau intÚgre, pour un panorama des concepts qui sont propres à cette classe d'anneaux : anneaux principaux, anneaux factoriels, élément entier, etc.

Construction d'anneaux

Deux des concepts les plus fondamentaux pour produire des exemples d'anneaux ont déjà été évoqués plus haut :

Ces deux procédés nécessitent de disposer préalablement d'un anneau. Pour initialiser les constructions, les techniques suivantes sont particuliÚrement importantes :

  • Étant donnĂ© un groupe abĂ©lien E, l'ensemble Endâ„€(E) des endomorphismes de groupe de E muni de l'addition des fonctions et de la composition est un anneau. En appliquant cette construction Ă  E = â„€2, on obtient un premier exemple non commutatif, isomorphe Ă  l'anneau des matrices (2, 2) Ă  coefficients entiers.
    • Si E est muni d'une structure plus riche que celle de groupe abĂ©lien, notamment de module sur un anneau plus Ă©toffĂ© que celui des entiers relatifs, voire d'espace vectoriel, les endomorphismes de groupe respectant la structure additionnelle peuvent constituer un sous-anneau de celui fourni Ă  l'exemple prĂ©cĂ©dent. Par exemple, si E = ℝ2 vu comme espace vectoriel sur ℝ, l'ensemble de ses endomorphismes d'espace vectoriel Endℝ(ℝ2) est un anneau, sous-anneau du gigantesque anneau Endâ„€(ℝ2) de ses endomorphismes de groupe. Il est isomorphe Ă  l'anneau des matrices (2, 2) Ă  coefficients rĂ©els.
    • En fait, tout anneau A est sous-anneau d'un tel anneau de morphismes de â„€-module, Ă  savoir Endâ„€(A). Si l'on dĂ©finit la : A → A par la(x) = ax, on constate que la est un endomorphisme pour la structure de groupe abĂ©lien, puis que a ↩ la est un morphisme d'anneaux injectif de A dans Endâ„€(A).
  • Étant donnĂ© un anneau A, on sait construire un anneau de polynĂŽmes Ă  coefficients dans A, notĂ© A[X].

Un autre outil fondamental, à partir d'anneaux déjà connus, est le produit direct :

  • Étant donnĂ© une famille d'anneaux Ai, on construit un produit de ces anneaux (dont l'ensemble sous-jacent est le produit cartĂ©sien des ensembles Ai).
    • Un cas remarquable est celui oĂč tous les Ai sont un mĂȘme anneau A. L'ensemble sous-jacent Ă  leur produit est alors l'ensemble AI des applications de I vers A, muni de l'addition et de la multiplication usuels des applications.
    • Lorsque les Ai constituent un systĂšme projectif, on construit comme sous-anneau de leur produit un anneau limite projective du systĂšme. Cette procĂ©dure permet de construire les anneaux de sĂ©ries formelles sur un anneau commutatif ou l'anneau â„€p des entiers p-adiques.

Certaines techniques sont du domaine de l'algĂšbre commutative :

  • La localisation consiste, Ă©tant donnĂ© un anneau intĂšgre, Ă  ajouter des Ă©lĂ©ments de sorte Ă  rendre possible la division par certains des Ă©lĂ©ments de l'anneau (le concept existe aussi pour des anneaux commutatifs quelconques, mais est un peu plus technique). Lorsqu'on autorise tous les dĂ©nominateurs (sauf 0), on construit le corps des fractions de l'anneau intĂšgre, ainsi le corps ℚ des nombres rationnels Ă  partir de l'anneau des entiers ; lorsqu'on autorise les seuls dĂ©nominateurs n'appartenant pas Ă  un idĂ©al maximal donnĂ©, on construit un anneau local, construction particuliĂšrement frĂ©quente en gĂ©omĂ©trie algĂ©brique.
  • La complĂ©tion (en) d'un anneau topologique fournit le corps des nombres rĂ©els Ă  partir de celui des nombres rationnels. Les exemples de limite projective donnĂ©s plus haut (sĂ©ries formelles, entiers p-adiques) peuvent aussi ĂȘtre rattachĂ©s Ă  ce mode de construction.

Le point de vue des algĂšbres associatives unitaires fournit un dernier outil :

  • Le produit tensoriel peut ĂȘtre utilisĂ© de diverses façons pour construire de nouveaux anneaux. En premier lieu, Ă©tant donnĂ© un anneau commutatif R et un R-module V, l'algĂšbre tensorielle de V est une algĂšbre associative unitaire remarquable, donc un anneau remarquable. En second lieu, le produit tensoriel d'algĂšbres permet de « multiplier » entre eux deux anneaux d'une façon trĂšs diffĂ©rente de la construction du produit direct donnĂ©e plus haut.

Bibliographie

Pour une introduction à la théorie des anneaux

  • (en) David M. Burton, A First Course in Rings and Ideals, Addison Wesley,
    Tout en restant accessible à un débutant, ne néglige pas les anneaux non commutatifs. Prendre garde que dans cet ouvrage ring est employé pour désigner un pseudo-anneau.
  • Jean Fresnel, Anneaux, Paris, Hermann, , 359 p. (ISBN 978-2-7056-1447-8, BNF 37692694)
    Traite de façon prépondérante des anneaux commutatifs.

Les cours d'algÚbre générale contiennent inévitablement un ou plusieurs chapitres consacrés aux anneaux. Sans chercher l'exhaustivité, on citera :

Pour aller un peu plus loin

Notes et références

  1. Voir par exemple : Bourbaki 1970, p. I-12, I.92 et I.93, définit bien le qualificatif « unifÚre » mais pour les magmas. Sa définition d'anneau suppose un élément neutre pour la multiplication. En l'absence de cette seule propriété, il parle de « pseudo-anneau ».
  2. Jean Dieudonné (dir.), Abrégé d'histoire des mathématiques 1700-1900 [détail des éditions], vol. 1, p. 111-112, 201-203, et (de) D. Hilbert, « Die Theorie der algebraischen Zahlkörper », Jahresbericht der DMV, vol. 4, 1897, p. 175-546, § 31.
  3. MacLane et Birkhoff 1967, p. 135 ; Bourbaki 1970, p. I-92 ; Lang 2004, p. 90-91.
  4. La condition de commutativitĂ© de l'addition est traditionnellement exigĂ©e dans la dĂ©finition d'un anneau, mais elle dĂ©coule de la conjonction des autres et est donc superflue : en effet, si l'on dĂ©veloppe de deux façons diffĂ©rentes (1 + 1)∙(a + b) = 1∙(a + b) + 1∙(a + b) = a + b + a + b mais aussi (1 + 1)∙(a + b) = (1 + 1)∙a + (1 + 1)∙b = a + a + b + b puis qu'on simplifie Ă  gauche et Ă  droite, la commutativitĂ© de l'addition apparaĂźt, cf. Grillet 2007, p. 107.
  5. La majoritĂ© des sources ne formalise pas outre mesure ce point. Le « dans lequel sont donnĂ©es » utilisĂ© dans l'article est une citation de A.G. Kurosh (trad. J.-P. Peaudecerf), AlgĂšbre gĂ©nĂ©rale, Dunod, , p. 24 ; d'autres auteurs Ă©crivent « muni de » (Bourbaki 1970, p. I-92) ou simplement « avec » (Cohn 1974, p. 136). Une minoritĂ© de sources formalise davantage, de façon variable. Selon l'ouvrage consultĂ©, un anneau peut ĂȘtre dĂ©fini comme un triplet (A, +, ∙), ainsi Godement 1966, p. 137 ou Grillet 2007, p. 105, ou un quadruplet (A, +, ∙, 1), cf. MacLane 1967, p. 135, voire un quintuplet (A, +, ∙, 0, 1), ainsi dans (en) Nathan Jacobson, Basic Algebra I, W. H. Freeman and company, (ISBN 978-0-7167-0453-9), p. 84 et mĂȘme un sextuplet (A, +, ∙, -, 0, 1) dans (en) Stanley Burris et H. P. Sankappanavar, A Course in Universal Algebra, New York, Springer, , 276 p. (ISBN 978-0-387-90578-5, BNF 37371612), p. 24.
  6. Maurice Glaymann, « L'algÚbre », dans Les mathématiques, Retz, coll. « Les encyclopédies du savoir moderne », (ISBN 978-2-72566025-7, lire en ligne), p. 47.
  7. Ainsi (en) Neal H. McCoy, The Theory of Rings, The MacMillan Company, (ISBN 978-1-124-04555-9), (Burton 1970, p. ?) et Joseph Gallian, Contemporary Abstract Algebra, Houghton Mifflin, (ISBN 978-0-618-51471-7) ou, en langue française, Jacqueline Lelong-Ferrand et Jean-Marie ArnaudiÚs, Cours de mathématiques - Tome 1, AlgÚbre, Dunod, , p. 79.
  8. MacLane et Birkhoff 1967, p. 135 sous le nom d'« anneau trivial » ; Bourbaki 1970, p. I-96 sous le nom d'« anneau nul ».
  9. MacLane et Birkhoff 1967, p. 135.
  10. MacLane et Birkhoff 1967, p. 152-153.
  11. MacLane et Birkhoff 1967, p. 162.
  12. MacLane et Birkhoff 1967, p. 226 (oĂč l'Ă©noncĂ© est donnĂ© pour des modules, donc s'applique en particulier aux groupes abĂ©liens).
  13. MacLane et Birkhoff 1967, p. 294-296.
  14. Bourbaki 1970, p. I-98.
  15. Raymond Raffin, Anneaux non-associatifs, exposé au séminaire Dubreil (1950-1951) disponible en ligne.
  16. Bourbaki 1970, p. I.97.
  17. Godement 1966, p. 155.
  18. Cohn 1974, p. 137-138.
  19. Cette analogie est soulignée par exemple dans (en) Låszló Rédei, Algebra, vol. 1, Pergamon Press, , p. 129.
  20. Bourbaki 1970, p. I.99.
  21. Bourbaki 1970, p. I.100 - I.101.
  22. On peut remarquer qu'en posant cette condition, on décide en particulier de fixer la convention pas forcément naturelle selon laquelle 00 = 1. La remarque figure dans Rédei 1967, p. 47.
  23. Bourbaki 1970, p. I.93.
  24. Lang 2004, p. 99.
  25. Godement 1966, p. 144-146.
  26. Lang 2004, p. 97.
  27. Lang 2004, p. 127.
  28. Bourbaki 1970, p. III-2.
  29. Godement 1966, p. 139-140, exemple 4.
  30. Godement 1966, p. 628, exercice 41.

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.