Wasting Light
Wasting Light est le septième album studio du groupe américain de rock alternatif Foo Fighters, sorti le chez RCA Records. Après Echoes, Silence, Patience and Grace en 2007, mélange de chansons rock et de ballades mélodieuses, et des concerts à guichets fermés à Wembley, la formation de Dave Grohl est devenue célèbre dans le monde entier. Dans cet album, l'ancien batteur de Nirvana souhaite revenir aux fondamentaux du groupe afin d'exprimer l'essence même de leur musique.
Sortie | |
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Enregistré |
- Garage de Dave Grohl, Encino États-Unis |
Durée | 47:53 |
Genre | Rock alternatif, post-grunge, hard rock |
Format | CD, double vinyle, téléchargement |
Producteur |
Butch Vig Foo Fighters |
Label | RCA Records |
Albums de Foo Fighters
Singles
- Rope
Sortie : - Walk
Sortie : - Arlandria
Sortie : - These Days
Sortie : - Bridge Burning
Sortie :
L'album est enregistré dans son garage à Encino, en Californie, avec du matériel analogique et sous les ordres de Butch Vig, qui retrouve Grohl dix-neuf ans après Nevermind. L'utilisation de cet équipement et d'anciennes méthodes de production donne un son plus lourd et plus brut, contrastant avec la musique plus expérimentale des précédents albums du groupe. Les paroles, écrites par Grohl, évoquent des thèmes comme le passé, le futur, la vie et la mort : la chanson I Should Have Known, en duo avec Krist Novoselic, évoque notamment le suicide de Kurt Cobain. Afin de permettre aux fans de suivre l'avancement du travail, les séances d'enregistrement sont filmées et diffusées sur le site web du groupe et sur son compte Twitter. Il en sort également un documentaire intitulé Back and Forth, qui retrace la carrière des Foo Fighters.
Tout comme Rope et Walk, ses deux premiers singles, Wasting Light prend la tête de nombreux classements de ventes mondiaux à sa sortie et remporte de nombreuses certifications, dont un disque de platine aux États-Unis et au Royaume-Uni. Encensé par la presse spécialisée, l'album est également récompensé lors de la 54e cérémonie des Grammy Awards début 2012 avec quatre trophées, dont celui du « Meilleur album rock ». Après huit concerts donnés dans le garage de fans sélectionnés sur concours à sa sortie, Foo Fighters entreprend une tournée mondiale qui dure jusqu'au début du mois d', lorsque Grohl annonce une pause à durée indéterminée pour le groupe.
Genèse
Contexte
Foo Fighters est né en réaction au suicide du leader de Nirvana Kurt Cobain, en . Le batteur du groupe, Dave Grohl, souhaite exorciser par la musique la mort de son camarade : il enregistre seul l'album Foo Fighters au mois d'octobre, avant que Capitol Records (avec qui il vient de signer) ne le pousse à fonder un nouveau groupe autour de ce projet. Il fait appel au bassiste Nate Mendel et au batteur William Goldsmith, tous deux issus du groupe Sunny Day Real Estate, ainsi qu'au guitariste Pat Smear, qui a joué avec Nirvana sur scène[o 1]. Rejoints par le batteur Taylor Hawkins, dont l'intégration permet à Grohl de se concentrer sur le chant, les musiciens produisent un an plus tard le premier album studio des Foo Fighters en tant que groupe : The Colour and the Shape[1]. Goldsmith quitte la formation lors de l'enregistrement, ce qui n'empêche pas le disque, puis la tournée, d'être un succès, provoquant le départ de Smear, épuisé par les concerts[1]. Après un troisième album au succès moindre, There Is Nothing Left to Lose, Chris Shiflett intègre Foo Fighters lors de la tournée qui suit[1]. Le quatuor enchaîne dès lors les succès avec One by One en 2002, In Your Honor (un double album qui comporte un disque de chansons rock et un disque acoustique) en 2005, Skin and Bones (album live de la tournée acoustique pendant laquelle Smear fait son retour) en 2006 et Echoes, Silence, Patience and Grace (mélange de chansons rock et de ballades mélodieuses) en 2007[2].
Après la tournée de promotion de Echoes, Silence, Patience and Grace, Foo Fighters se rend aux studios Grand Master de Hollywood pour y enregistrer une quinzaine de chansons composées sur la route, avec pour objectif d'en tirer un album moins médiatisé, ne devant pas donner lieu à une tournée internationale. Le groupe décide de s'accorder une pause avant d'exploiter les différents enregistrements. Deux de ces morceaux, Wheels et Word Forward, apparaissent sur la compilation Greatest Hits sortie en 2009. Ils sont produits par Butch Vig, avec qui Dave Grohl avait déjà travaillé à l'époque de Nirvana sur l'album Nevermind[p 1]. L'idée d'un nouvel album studio revient sur la table en 2010, et le leader de la formation décide de faire appel à Vig pour le produire[p 2]. Il imagine également un documentaire retraçant à la fois l'enregistrement de cet album et l'histoire des Foo Fighters. Plutôt que d'utiliser un studio d'enregistrement « très coûteux avec un équipement de pointe », Grohl choisit une méthode plus rudimentaire, rappelant le passé : enregistrer sur des bandes dans son garage[p 3]. Grohl espère ainsi « produire un disque qui définit le groupe, peut être pas leur meilleur, mais celui qui en viendrait à symboliser le groupe pour le public, comme Back in Black pour AC/DC ou le black album de Metallica »[p 1].
Lorsque Grohl explique à Vig qu'il souhaite enregistrer l'album de manière analogique dans son garage, le producteur est d'abord incrédule : cela fait plus de dix ans qu'il n'a pas travaillé ainsi. Grohl lui explique ses raisons : il veut « capturer l'essence même du groupe, comme sur leurs deux premiers disques »[p 4]. Selon lui, « la magie c'est d'être dans un groupe capable de jouer à guichets fermés à Wembley, mais également de faire un disque dans son garage. […] Où est le rock 'n' roll sinon ? »[3]. Grohl reconnaît que d'enregistrer de cette façon est « un moyen d'avoir un son vraiment primitif »[4], parfois imparfait, mais c'est également l'occasion d'innover, d'aller à contre-courant de ce que les gens attendent et de « faire un disque comme on doit faire un disque »[1]. Pour lui, les méthodes informatiques ne sont pas sans défauts : « avec Pro Tools, tu peux tout contrôler. Et quand j'écoute la musique d'aujourd'hui, j'ai l'impression que la batterie est une machine, ça enlève toute vie de la musique »[5]. Shiflett et Hawkins abondent dans ce sens, le premier estimant que « le rock 'n' roll est fait de défauts et d'imperfections »[1], tandis que le second souligne l'artificialité du rock contemporain : « les musiciens jouent, puis quelqu'un modifie ensuite les pistes pour obtenir le son désiré »[p 1]. Pour lui, ce projet en analogique est un moyen pour le groupe de « retrouver sa liberté artistique »[6]. Mendel explique aussi qu'ils ont grandi en faisant des disques sur bandes : ils ont donc conscience de la sonorité et des limites que ce type d'enregistrement implique[1]. Ainsi, Grohl n'hésite pas à dire qu'ils ont voulu faire « un album au son plus brut et quelque peu imparfait »[4].
Une fois que Vig comprend que ce n'est pas une blague[p 5], il prévient la formation qu'ils « vont devoir vraiment bien jouer, parce que rien ne pourra être corrigé »[1]. À l'approche de l'enregistrement et avec quelques démos de Grohl, réalisées lors de sa tournée avec Them Crooked Vultures et présentées ensuite à Hawkins[p 2], les cinq musiciens passent trois semaines au studio 606, celui que Grohl a construit chez lui à Alexandria en Virginie pour le groupe, pour répéter et commencer la préproduction de l'album. Ils y terminent la composition des chansons et réduisent leur nombre de quarante à quatorze. Ils se préparent également à les jouer comme en concert et non plus comme ils faisaient auparavant, « partie par partie », ce qui pouvait amener certains morceaux à évoluer au cours de la session[1] - [p 6].
Enregistrement et production
Contrairement aux deux précédents albums studio qui avaient été enregistrés au studio 606, le studio du groupe à Alexandria, en Virginie, c'est dans le garage de Grohl à Encino, quartier de Los Angeles, que s'effectue celui de ce septième opus de Foo Fighters[7]. Des micros et des enceintes sont placés sur la porte et derrière la batterie pour éviter les pertes de son. Un tapis est également installé sous l'instrument de Hawkins pour rendre « sa sonorité moins lourde et vive ». De même, pour éviter une trop grande résonance de la cymbale, les micros sont réorganisés et la cymbale crash est remplacée par « une cymbale Zildjian plus courte et percée ». Une pièce voisine est aménagée en cabine isolée pour enregistrer le chant, tandis qu'une salle de contrôle est installée dans l'arrière-cour[8]. Le matériel utilisé pour cette session est le même que celui pour les albums There Is Nothing Left to Lose et One by One enregistrés dans l'ancienne maison de Grohl à Alexandria[p 7].
La session commence le pour une durée de onze semaines, soit une par chanson. Vig considère que « ce jalonnement permet à chaque morceau d'avoir sa propre vie »[7] - [p 6]. Les enregistrements débutent avec la guitare rythmique de Grohl et la batterie d'Hawkins afin de voir « si les fondations tiennent ». Le second joue régulièrement plusieurs heures avant d'obtenir « une piste qui lui convient »[1]. Il se sert de click tracks pour respecter le tempo, mais Vig estime qu'il n'est pas grave que la batterie ne les suive pas à la perfection, car « ils se sont rendu compte qu'avec un écart de quelques millisecondes, le son devient plus sauvage et plus consistant ». Mendel ajoute ensuite sa basse aux deux autres instruments, souvent en une seule prise[1] - [p 8]. Le jour suivant, Shiflett et Smear complètent le morceau par leur guitare, le second utilisant de temps en temps une guitare baryton afin d'avoir une sonorité différente des autres guitaristes[p 8] - [p 7]. Ce n'est qu'une fois la partie instrumentale terminée que Grohl ajoute la partie vocale, enregistrée soit dans la cabine isolée, soit dans la salle de contrôle. Afin d'obtenir des chansons « au pouvoir émotionnel maximum », il crie au point d'en avoir des migraines. Il précise que « comme le micro captait les inconstances de sa voix, aussi petites soient-elles, il devait forcer pour que cela rende bien »[p 8].
Plusieurs musiciens sont invités à participer à l'enregistrement de l'album. Ainsi, Bob Mould d'Hüsker Dü, une des idoles de Grohl, joue de la guitare et chante en duo avec lui sur Dear Rosemary, alors que Vig n'avait prévu que le chant[p 9] - [9]. Lors de ces sessions, le bassiste de Nirvana Krist Novoselic rejoue avec Grohl et Smear, assurant la basse et l'accordéon sur I Should Have Known[p 2]. Grohl invite aussi son ami Fee Waybill (en) des Tubes pour Miss the Misery, dont il trouve que « la sonorité lui convient à merveille »[10]. Certains musiciens qui accompagnent habituellement le groupe en tournée sont aussi de la partie : Rami Jaffee au clavier, Jessy Greene au violon et Drew Hester aux percussions[1].
Vig commence à douter du tout analogique lorsque les bandes du premier morceau enregistré, Miss the Misery, commencent à se désagréger, mais Grohl lui assure qu'« il n'y aura aucun ordinateur dans cette maison »[5]. Le producteur raconte qu'il « s'est arraché quelques cheveux » pour se rappeler le mode d'emploi du matériel analogique, dépourvu d'affichage numérique[p 8]. Il reprend son ancienne technique de découpe des bandes à la lame de rasoir pour les premières chansons, mais se rend vite compte que ses automatismes l'ont abandonné : « avant, je pouvais faire jusqu'à vingt modifications en une demi-heure et là, il m'a fallu vingt minutes pour faire la première ! ». Lorsque l'une des filles de Grohl détruit presque intégralement une cassette envoyée par les studios Smart, Vig abandonne ce procédé et décide de faire du poinçonnage en recouvrant les mauvaises parties par une autre bande ou en ré-enregistrant par-dessus[p 10] - [p 11]. Parmi toutes les bandes avec ajouts et bouts ré-enregistrés, seule I Should Have Known est à reprendre de zéro, car le chanteur a l'impression que Vig « veut en faire un single » alors que lui la veut « brute et primitive »[8].
Le mixage commence aux studios Chalice Recording, mais c'est chez Grohl qu'il est terminé, Alan Moulder estimant qu'il n'y a « pas d'autre moyen de garder la sonorité du garage ». Comme la table de mixage de Grohl n'est pas automatisée, quatre personnes (Vig, Grohl, Moulder et l'ingénieur du son James Brown) doivent travailler simultanément dessus. Le chanteur apprécie cette phase, car chaque chanson est réalisée différemment et « même cette partie-là est une performance en soi »[8]. Les mixes sont ensuite testés dans les voitures des musiciens et Vig considère que « si ça rend bien sur ces radios pourries, ça rendra bien partout »[1]. En parallèle de l'enregistrement, le documentaire Back and Forth retraçant l'histoire du groupe est filmé afin d'expliquer leur décision d'enregistrer dans un garage[11] - [12].
Parution et accueil
Sortie et promotion
Le groupe souhaitant « se rapprocher de ses fans », son site web et son compte Twitter sont régulièrement mis à jour avec des images des sessions, du tableau d'avancement de l'enregistrement et une barre de progression[3] - [8] - [13]. Le jour-même où ils achèvent Wasting Light, le , ils se rendent au bar Paladino de Tarzana, en Californie, pour y jouer quatre chansons en avant-première[14] - [15].
Le , un premier aperçu de trente secondes de Bridge Burning est mis en ligne sur leur site officiel[16]. Quinze jours plus tard, un extrait du même type est publié pour Miss the Misery, avec l'annonce des détails de l'album (titre, chansons et date de sortie)[17]. Le , Foo Fighters sort un premier clip vidéo pour White Limo, dans lequel figure Lemmy Kilmister, le chanteur de Motörhead[17]. Le premier single, Rope, paraît dix jours plus tard en streaming et entre en première position du Billboard Rock Songs[18] - [19], ainsi que du Billboard Alternative Songs[3]. Quatre autres singles sont ensuite publiés : Walk (qui fait aussi bien que Rope) le , Arlandria le , These Days le 1er novembre et Bridge Burning le [20].
La campagne de promotion de Wasting Light comprend également un concours organisé par Fuse TV, pour lequel les fans proposent leurs propres clips vidéo pour chaque chanson de l'album et dont les meilleures réalisations sont affichées sur le site du groupe[3]. La chaîne de télévision américaine ESPN choisit cinq morceaux du disque pour ses programmes d'[21], tandis que Miss the Misery et Walk et apparaissent respectivement dans les films Real Steel et Thor[22] - [23]. Bridge Burning est reprise pour sa part dans le jeu vidéo de football américain Madden NFL 12[24]. Walk est aussi sélectionnée par la WWE pour le final de la cérémonie d'introduction d'Edge au WWE Hall of Fame en 2012[25].
Accueil critique
Site | Note |
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Metacritic | 78[26] |
L'accueil médiatique de Wasting Light est très bon, comme l'atteste le score de 78 % sur Metacritic, basé sur trente-sept analyses[26]. Dans son numéro du mois de , l'Alternative Press décrit ainsi l'album comme « enfin à la hauteur de la réputation de l'homme le plus cool du rock »[p 15]. Entertainment Weekly le qualifie de « défi rock & roll musclé, où Foo Fighters réalise à la perfection le genre d'hymnes accrocheurs et triturés pour lesquels ils sont connus, sans se soucier de ce qu'on en pensera »[33]. Stephen Thomas Erlewine, pour AllMusic, et Mikael Wook, du Spin, estiment que leur pari est réussi puisque c'est leur meilleur album depuis 1997 et The Colour and the Shape[35]. Le premier ajoute que c'est également celui qu'il considère comme « le plus féroce », laissant « enfin apparaître la patte de Josh Homme sur un disque des Foo Fighters, près de dix ans après le passage de Grohl au sein de Queens of the Stone Age et Songs for the Deaf »[30], tandis que le second voit un rappel de la « pop frénétique de Nevermind » dans l'alternance de riffs de guitare explosifs, de heavy metal musclé et d'injonctions terriblement accrocheuses[35]. Le Billboard approuve, évoquant « un set de onze chansons tel un sursaut d'énergie rock, explosif et à l'indice d'octane élevé, en provenance d'un groupe vieux de seize ans mais très bien affûté et vertueusement brut »[41], rejoint par le Mojo, qui place l'album « en tête des productions les plus agressives et les plus vives de la formation »[p 13].
Ben Patashnik, du Rock Sound, remarque que « Foo Fighters s'était un peu laissé aller ces dernières années, mais s'il suffisait de revenir à ses racines pour faire un album aussi bon, alors ainsi soit-il. Avec Wasting Light, ils prouvent qu'ils sont un groupe de dimension internationale et toujours capable de produire un son jeune, affamé et surtout important »[37]. Consequence of Sound nuance légèrement ces propos et estime que « la cohérence est comme un mode de vie pour Foo Fighters, ce qui permet d'obtenir un rock moderne, tangible, agréable et authentique au groupe », avant de préciser que « même si leur son atteint un palier, ils continuent de proposer ce qui se fait de meilleur : ils ne réinventent pas la roue, ils s'efforcent de toujours la faire tourner »[43]. Le Q estime d'ailleurs que « le disque définit la carrière du groupe », comme si « Dave Grohl y mettait toute sa vie »[p 12], alors que David Gassmann, de PopMatters le place « parmi les meilleurs albums de l'année, et de leur carrière »[29]. Rob Parker, journaliste pour le NME, suit également cette voie, le qualifiant d'« embrasement de vieux clichés revitalisés et redynamisés par le doigté et l'inventivité de musiciens passionnés qui prennent énormément de plaisir », soit « le meilleur de la musique à base de guitare »[28].
Le Rolling Stone met principalement en avant les retrouvailles de Grohl et Vig dix-sept ans après l'enregistrement de Nevermind. David Fricke y retrouve d'ailleurs « l'approche nuancée », mais y voit surtout un moyen pour les deux musiciens de « se libérer de leurs derniers tourments » vis-à-vis de la mort de Kurt Cobain, profitant de chaque instant qu'ils vivent[36]. Le Guardian explique que « si cela avait été une reconnexion avec ce que serait le groupe aujourd'hui avec Cobain vivant, le disque en serait incroyablement et brutalement proche »[27]. Andrew Perry, du Daily Telegraph, surenchérit et qualifie le producteur de « gouvernail », qui, associé à Alan Moulder, permet à Foo Fighters d'« avoir enfin une musique consistante et délicieuse, alors qu'ils avaient erré jusque-là entre thrash metal et angoisse acoustique »[42]. Avis également partagé par l'A.V. Club, qui juge qu'il s'agit « du premier bon album en six ans, solide du début à la fin et sans le remplissage des disques précédents »[31], et Sputnikmusic, dont le rédacteur « ne pensait pas écouter un jour un album des Foo Fighters sans remplissage »[38].
Pour David Bevan, de Pitchfork, Grohl a toujours fait le type de musique que Nirvana produisait, avec des guitares puissantes, des mélodies, des coups de cymbales et une batterie puissante, mais cette fois-ci, le disque « manque de mélodies » pour le rédacteur de l'article[34]. Kerrang! estime même que « l'album n'a rien d'impressionnant »[p 14], la BBC ajoutant que « ce n'est qu'une œuvre de routine : certains morceaux sont excellents, certains sont du remplissage », en comparaison de ceux qui le placent au niveau de The Colour and the Shape[39]. Drowned in Sound estime d'ailleurs que « Foo Fighters n'a plus rien à prouver ou besoin de faire un meilleur album que le précédent, mais que leur objectif est plus de créer une suite d'albums logiques, chaque fois moins stimulant que le précédent, même si les intentions sont là, comme pour tout groupe qui fait carrière. Et cet album ne déroge à la règle »[32]. Pour l'Independent, l'expérience est même « terne et non valorisante »[40].
Succès commercial
Wasting Light entre directement à la première place du Billboard 200, avec plus de 235 000 exemplaires vendus dès sa première semaine aux États-Unis. Il s'agit du deuxième meilleur départ de l'histoire du groupe, après In Your Honor et ses 311 000 ventes en une semaine en 2005[44]. Il occupe la même position au Canada avec 21 000 unités écoulées[45], tout comme au Royaume-Uni où ses 114 000 exemplaires vendus lui permettent de détrôner Adele et son album 21, installés depuis onze semaines au sommet du UK Albums Chart[46]. L'album arrive en tête des ventes dans douze pays[47]: en Allemagne[48], en Autriche[49], en Flandre[50], en Finlande[51], en Norvège[52], en Suède[53] et en Suisse pour l'Europe[54], à Singapour pour l'Asie[47]. Il fait aussi bien en Australie et en Nouvelle-Zélande[55] - [56], voire mieux puisque le disque effectue le meilleur départ de l'histoire des deux classements en téléchargement légal[47]. En revanche, il n'atteint que la 18e place en France[57].
Les certifications sont par conséquent nombreuses : double disque de platine en Australie[58], disque de platine aux États-Unis[58], au Canada[59], en Nouvelle-Zélande[60] et au Royaume-Uni[61], et disque d'or dans plusieurs autres. Début 2012, Wasting Light s'était vendu à 663 000 exemplaires dans son pays d'origine et à 318 000 unités au Royaume-Uni[62] - [63]. Grâce à iTunes, six chansons de l'album se classent également dans le UK Top40 Rock Chart : Better Off en 5e, Bridge Burning en 14e, Walk en 24e, White Limo en 28e, Arlandria en 35e et These Days en 39e[64].
Début 2012, Foo Fighters remporte quatre des six Grammy Awards pour lesquels le groupe est nommé : celui du « Meilleur album rock », ceux de la « Meilleure interprétation rock » et de la « Meilleure chanson rock » pour Walk et celui de la « Meilleure interprétation hard rock/metal » pour White Limo. Wasting Light échoue face à 21 d'Adele pour celui du « Meilleur album de l'année » et Vig n'obtient pas celui du « Producteur de l'année » pour sa réalisation sur le disque[13] - [65]. Ce dernier est élu « 4e meilleur album de 2011 » par Kerrang![66] et apparaît dans de nombreux classements du « Meilleur album de l'année » : premier pour iTunes[67], dans les dix premiers du Hollywood Reporter[68], 20e du Rolling Stone[69], 43e du NME[70] et 46e du Spin[71].
Classements et certifications
Tournées
Après la sortie de Wasting Light, Foo Fighters donne huit concerts dans le garage de huit fans sélectionnés sur concours[100] - [101]. La tournée mondiale, simplement intitulée Wasting Light World Tour, débute le aux États-Unis et propose la plupart du temps l'album joué dans son intégralité en plus de quelques autres morceaux connus du groupe[102] - [103]. Ils se produisent ensuite au cours des mois de juin et juillet dans un certain nombre de festivals européens, tels que le Festival de l'île de Wight ou le T in the Park[104] - [105], et jouent à guichet fermé deux soirs de suite, les 2 et , au Milton Keynes National Bowl devant 65 000 personnes chaque soir, et avec Biffy Clyro en première partie notamment[106]. Après un retour rapide à Chicago pour clôturer la vingtième édition du Lollapalooza sous une pluie battante le [107], la formation repart en Europe pour quelques dates, dont Rock en Seine le [108]. Début septembre, avec un clip humoristique dans lequel ils se mettent en scène sous la douche, ils lancent une intense tournée nord-américaine de vingt-huit dates qui s'achève à la mi-novembre[109]. Ils s'envolent ensuite pour l'Océanie et terminent l'année par plusieurs concerts en Australie et en Nouvelle-Zélande, accompagnés par Tenacious D, groupe de l'acteur et ami de Grohl Jack Black[110].
Au début du printemps 2012, la tournée asiatique des Foo Fighters doit être annulée en raison de l'état de la voix de Grohl[111]. Les concerts reprennent début avril en Amérique du Sud à l'occasion du festival Lollapalooza aux côtés d'Arctic Monkeys, de Björk, de MGMT et de Joan Jett, entre autres[112] - [113]. Après quelques dates nord-américaines au cours de l'été, le groupe revient en Europe au mois d'août pour plusieurs festivals comme le Reading and Leeds Festivals. Au cours de la deuxième soirée qui les voit dédier These Days à ses anciens compères Kurt Cobain et Krist Novoselic mais aussi jouer Winnebago pour la première fois sur scène, Grohl annonce que « c'est leur dernier concert avant longtemps »[114]. Après trois nouvelles apparitions à la fin septembre, le chanteur annonce de nouveau lors de cette dernière qu'« ils jouent autant de morceaux que possible car il ne sait pas quand ils pourront le refaire »[115]. Le Wasting Light World Tour s'achève donc au bout d'un an et demi environ, avec presque cent concerts sur quatre continents : cinquante-et-un en Amérique du Nord, trente-quatre en Europe, dix en Océanie et quatre en Amérique du Sud. Quelques jours plus tard, le , la page Facebook officielle des Foo Fighters annonce que le groupe entre en pause à durée indéterminée[115].
Caractéristiques artistiques
Thèmes et composition
Pour Wasting Light, Grohl veut un son plus brut et plus lourd que sur les albums précédents, où ils ont « exploré de nouvelles bases musicales »[p 2]. Il ajoute qu'ils « se sont trop concentrés sur la musicalité avec Echoes, Silence, Patience and Grace et qu'il est désormais temps pour eux de redevenir un groupe de rock »[p 16]. Ce changement de registre au profit de « morceaux plus courts et plus accrocheurs de quatre minutes trente » contraste avec sa participation au groupe Them Crooked Vultures, caractérisée par « des chansons de sept-huit minutes, avec sept-huit sections et deux-trois changements de rythme »[116]. Hawkins approuve et estime que le fait que « Wasting Light soit plus direct est une bonne chose pour eux : les deux précédents disques avaient beaucoup de changements de nuances »[6].
Le leader des Foo Fighters justifie également par son âge « le gros effort réalisé par le groupe » sur ce disque : « j'ai 42 ans aujourd'hui et je ne sais pas si je serai capable de faire un tel album à 46 ou 49 ans. C'est ma dernière chance »[p 2]. Après les premières démos et avant même la première session d'enregistrement, Grohl est certain que ce sera leur album le plus puissant. Vig le prend au mot et définit ainsi leur travail : « ça doit être accrocheur, puissant et 100 % analogique »[p 2] - [14]. Pour cela, ils essayent de trouver un équilibre entre les trois guitares du groupe : « la guitare rythmique de Grohl comme fondation, la mélodie claire et aiguisée de celle de Shiflett, et le son agressif de celle de Smear »[1]. Le chanteur explique qu'« avec ces trois guitares, vous devez faire très attention parce que cela peut vite devenir le bordel (sic). Mais lorsque chacun joue très bien sa partie, ça donne quelque chose de très orchestré ». Smear se sert d'ailleurs d'une guitare baryton, avec un son plus lourd, pour trancher avec les deux autres : « si on sent qu'une section n'est pas assez puissante, on y met la baryton et ça devient énorme »[p 7]. De même, Hawkins suit le conseil de Vig en ajoutant beaucoup de roulements de tambours à ses parties : c'est une spécialité du batteur de Deep Purple Ian Paice, que le producteur adore[p 11].
Les paroles des chansons sont écrites durant la semaine dédiée à chacune d'entre elles, et reflètent ce que Grohl « avait en tête sur le moment »[p 8]. Il met ainsi « en perspective la différence entre ce qu'il était à ce moment-là et ce qu'il est aujourd'hui »[p 17], abordant des thèmes comme le passé, la vie et la mort[p 2]. Pour lui, ce rapport au temps « n'est pas ce qui importe le plus. Trop de gens se concentrent sur le passé et oublient l'avenir »[p 18]. Il explique que ce travail d'introspection et de rétrospection est motivé par la nostalgie suscitée par leur méthode de travail à l'ancienne et les retrouvailles avec Vig[p 8]. En effet, celui-ci « l'a beaucoup aidé à repartir, renaître et traverser la tragédie pour se remettre dans le droit chemin »[p 2], se référant au suicide de son ami Kurt Cobain qui met fin à Nirvana et qui l'inspire en partie pour la chanson I Should Have Known : « elle est à propos de tous les gens que j'ai perdus, pas juste Kurt »[p 8], déclare-t-il. Il continue en parallèle d'écrire des morceaux moins graves et à l'atmosphère plus détendue, tels que White Limo, dont les paroles sont terminées en moins de deux minutes[p 2]. Mendel l'encourage d'ailleurs à s'engager dans cette voie, lui envoyant un courriel où il lui dit qu'il « aime ses chansons stupides et qui ne veulent rien dire », et ajoutant que Grohl « n'est pas obligé d'essayer d'écrire Imagine à chaque fois qu'il prend un crayon et du papier »[p 18].
Titre et pochette
Le titre de l'album provient de la chanson Miss the Misery, que Grohl décrit comme « convenant parfaitement à la situation : [gaspiller de la lumière], c'est exactement ce qu'on fait ». Il explique que le groupe « a enregistré chaque album comme si ça devait être le dernier », en donnant à chaque fois le maximum : « la vie est courte, on a de la chance d'être vivants, d'être un groupe. Je ne tiens rien pour acquis. Je ne veux pas regarder derrière, juste aller de l'avant »[116].
Chaque copie de la première édition CD de Wasting Light est vendue avec un fragment des bandes analogiques ayant servi pour l'enregistrement. Grohl décrit ce choix comme une « façon originale de détruire toutes les cassettes, tout en les donnant aux fans », ce qui n'aurait pas été possible avec le numérique. Cela permet aussi de rassurer les techniciens qui ont participé à l'album qui s'inquiétaient de ce qu'elles allaient devenir[5]. Le design et l'artwork de la pochette sont réalisés par le studio Mornin Breath Inc. de New York, qui adopte également l'idée de base de ne pas utiliser d'ordinateur : c'est à l'aide « d'anciens outils du métier » (photocopieurs, encre transparente et scalpels X-Acto) qu'ils conçoivent la pochette en quadrichromie[117].
Fiche technique
Liste des chansons et versions
Toutes les chansons sont écrites et composées par Foo Fighters.
Crédits
InterprètesFoo Fighters
Musiciens additionnels
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Équipe de production
|
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Wasting Light » (voir la liste des auteurs).
Ouvrage
- (en) Jeff Apter, The Dave Grohl Story, Omnibus Press, , 288 p. (ISBN 1846097622 et 978-1846097621), p. 256–260
Articles de presse
- (en) Paul Brannigan, « Kerrang's 50 albums you need to hear in 2011 - Foo Fighters (Interview) », Kerrang!,
- (en) « I have all these huge fucking riffs, I can scream for three hours... LET'S GO! », Classic Rock, (lire en ligne)
- (en) « PREVIEW: FOO FIGHTERS MAKING MUSIC TO BREAK INTO CARS TO », Q, (lire en ligne)
- (en) Mikael Wood, « Rock Of Ages », Nylon Guys, (lire en ligne)
- (en) « The Garbage super-producer on recording the Foo Fighters' new album Wasting Light », Rythm,
- (en) Brian Fox, « Mendelian Genesis », Bass Player,
- (en) « Hey. What's That Buzz? », Guitar World,
- (en) Ken Micallef, « THE FOO FIGHTERS TAKE A LOW-TECH APPROACH TO HIGH-INTENSITY ROCK », Electronic Musician, (lire en ligne)
- (en) Keith Cameron, « Dave Grohl; album review Q&A », Mojo,
- (en) « Some bands go quietly into the good night. But not the Foos, with Nevermind producer Butch Vig urging them », Hot Press,
- (en) « Rocking Off The Grid », Modern Drummer,
- (en) « Foo Fighters - Wasting Light Review », Q, , p. 110
- (en) « Foo Fighters - Wasting Light », Mojo, , p. 101
- (en) « Foo Fighters - Wasting Light », Kerrang!, , p. 50
- (en) « Foo Fighters - Wasting Light », Alternative Press, , p. 92
- (en) « Studio Insider: Dave Grohl talks to Paul Brannigan », Q, (lire en ligne)
- (en) Hanna Hanra, « The Rock God », Elle UK,
- (en) Sophie Heawood, « At Home With Foos », NME,
Autres sources
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