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Utilisation de l'eau

Les utilisations de l'eau sont traditionnellement réparties entre trois secteurs : domestique, agricole et industrielle en pourcentage de l’utilisation totale de l’eau. Le secteur domestique comprend généralement des utilisations domestiques et municipales ainsi que l'utilisation commerciale et gouvernementale de l'eau. Le secteur industriel comprend généralement l'eau utilisée pour le refroidissement des centrales électriques et la production industrielle. Le secteur agricole comprend l'eau pour l'irrigation et l'élevage[1]. Le secteur de l'énergie (compris la production d'électricité et la production d'énergie primaire) est souvent inclus dans le secteur industriel dans les analyses de l'utilisation de l'eau ; gros utilisateur et consommateur, il peut faire d'autre part l'objet d'un comptage séparé[2].

Bien que cette classification fournisse des données précieuses, il s’agit d’un moyen limité d’examiner l’utilisation de l’eau dans un monde globalisé, dans lequel les produits ne sont pas toujours consommés dans leur pays d’origine. Le commerce international des produits agricoles et industriels crée en effet un flux mondial d’eau virtuelle, ou eau incorporée (assimilable à la notion d’énergie incorporée ou énergie grise). La notion d'empreinte eau y est attachée.

Selon la FAO[3] - [4], l'agriculture occupe aujourd’hui 11 % de la surface des terres émergées de la planète aux fins de la production végétale et utilise autour de 70 % de toute l’eau tirée des aquifères, des cours d'eau et des lacs (eau douce). Elle est suivie par l'industrie (autour de 20 %) et le secteur domestique (autour de 10 %).

Histoire

Les premières communautés agricoles dépendaient des caprices de la pluie naturelle et du ruissellement. La sédentarisation progressive apparue au Néolithique en Mésopotamie a associé développement de l'élevage et de l'agriculture, et conduit à la maîtrise des techniques hydrauliques - irrigation, terrassement, calcul de pente, gestion des crues, transports fluviaux et canalisation - et la constitution de formes d'habitat stable. Très vite va se poser la question de l'organisation des grands travaux, et singulièrement de travaux d'irrigation et de drainage, dans les vallées inondées ou inondables des pays semi-arides. Karl August Wittfogel appelle hydroagriculture et parfois agriculture lourde ce type d'activité humaine qui réclame des hommes et des conducteurs[5]. Le lac Moéris que les Égyptiens avaient creusé pour arroser les plaines de Memphis à l'époque des sécheresses demeure un exemple remarquable de l'ingénierie hydraulique égyptienne. Autour et en fonction des problèmes hydraulique, une stratification sociale va émergé, une hiérarchie politique, un État. L'expansion des zones urbaines va éventuellement rendre nécessaire le développement de tuyauteries, canalisations et aqueducs sophistiqués, pour apporter de l'eau aux utilisateurs, et de systèmes innovants pour éliminer les déchets et eaux usées.

Les problèmes d'alimentation en eau se posent avec plus d’acuité à partir de la révolution industrielle pour devenir critique à partir du milieu du XXe siècle.

Au cours de la révolution industrielle et de l'explosion démographique du XIXe siècle, la demande d’eau va considérablement augmenter. La construction sans précédent de dizaines de milliers de projets d'ingénierie monumentaux conçus pour contrôler les inondations, protéger l'approvisionnement en eau douce et fournir de l'eau à l'irrigation ou à l'industrie hydroélectrique, a apporté des avantages considérables à des centaines de millions de personnes. Grâce à l'amélioration des réseaux d'égouts, les maladies liées à l'eau telles que le choléra et la typhoïde, autrefois endémiques dans le monde, ont été largement vaincues dans les pays les plus industrialisés. Les grandes villes survivent grâce à l'eau apportée par centaines et même à des milliers de kilomètres. La production de denrées alimentaires pour répondre aux besoins de la population mondiale dépend désormais largement des systèmes d'irrigation artificiels. Près d'un cinquième de l'électricité produite dans le monde est produite par l'hydroélectricité[1].

De nouvelles approches de la planification et de la gestion de l'eau apparaissent alors.

Entre le début du XXe siècle et la fin de celui-ci, les prélèvements d'eau mondiaux ont été multipliés par six, soit plus du double du taux de croissance démographique[6].

Aux États-Unis, les prélèvements en eau ont culminé en 1980, pour ensuite se stabiliser voire décroitre progressivement, résultat des efforts de conservation et efficacité dans l'utilisation de l'eau. Jusqu'en 2005, le secteur des fournitures publiques était le seul secteur d'utilisation d'eau qui augmentait continuellement depuis 1950, mais la consommation d'eau dans les services publics a diminué depuis 2010[7].

Aux États-Unis, la consommation d’eau pour la production électrique a augmenté de près de 400 % entre 1950 et 2005, mais elle a diminué d’environ 19 % entre 2005 et 2010[7]. La consommation d'eau d'irrigation a augmenté d'environ 29 % entre 1950 et 2010. Elle s'est stabilisée à partir de 1980[7].

Disponibilité de l'eau

Le rapport de l'eau de mer à l'eau douce sur Terre est d'environ 40 à 1. Seulement 0,3 % de l'eau douce est sous forme liquide à la surface de la terre. Environ 30 % de cette eau liquide est souterraine et quelquefois contaminée et impropre à la consommation humaine. Sur les 0,3 %, seulement 2 % sont dans les cours d'eau. Les ressources en eau renouvelables existant dans chaque pays varient considérablement et les moyennes annuelles masquent souvent une variabilité saisonnière considérable. Plus d'un milliard de personnes vivent dans des zones de stress hydrique, chiffre qui devrait plus que tripler d'ici 2025 (World Water Assessment Programme (en) (WWAP, 2014). D'ici à 2040, près d'un pays sur cinq devrait avoir un taux d'extraction extrêmement élevé, notamment au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Inde[8] - [2]

En 2008, 52 millions de m3/jour Ă©taient prĂ©levĂ©s dans le monde par dessalement dans 13 869 usines de dessalement[9].

Indicateurs d'utilisation de l'eau

Eau consommée / Eau prélevée

L'eau prélevée et l'eau consommée sont deux indicateurs essentiels de l'utilisation de l'eau[10] :

  • on parle d'« eau prĂ©levĂ©e » lorsque l'eau est retournĂ©e après son usage[10]; une autre dĂ©finition considère que l'eau prise de son environnement devient une eau prĂ©levĂ©e (Water withdrawals)[11].
  • on parle d'« eau consommĂ©e » lorsque l'eau dans les cultures et l'industrie est incorporĂ©e au produit[10]. Dans l'autre dĂ©finition l'eau consommĂ©e est une eau prĂ©levĂ©e qui n'est pas restituĂ©e aux eaux de surface (par exemple Ă©vaporation dans un aĂ©rorĂ©frigĂ©rant) et n'est pas disponible pour une rĂ©utilisation en aval[11].

Sauf aux États-Unis (USGS), souvent les prélèvements en eaux de mer ou en eau saumâtre ne sont pas considérés dans ces indicateurs[12].

Dans le refroidissement de certaines centrales électriques thermiques, l'eau prélevée est rejetée dans l'environnement après usage[10], mais à une température légèrement supérieure. Elle est alors disponible pour réutilisation dans le même bassin[11]. Des données de l'Institut d'études géologiques des États-Unis pour 1995 établissent que 2 % des eaux prélevées pour le refroidissement des centrales aux États-Unis étaient consommés[11].

L'eau prélevée peut être rejetée après épuration dans le cas des eaux grises et des eaux vannes ou de certaines eaux usées industrielles[10].

L'eau consommée désigne l'eau incorporée – dans les cultures, les produits industriels, ou notre corps – ou évaporée[10].

  • L'eau d'irrigation agricole est incorporĂ©e ou Ă©vaporĂ©e, donc consommĂ©e. Une partie de l'eau d’irrigation retourne toutefois au cours d'eau dans des proportions difficilement quantifiables. L'agriculture qui fait usage de l'irrigation est le secteur principal de consommation d'eau.
  • Une partie des eaux de refroidissement des centrales thermiques est Ă©vaporĂ©e, donc consommĂ©e (2 %).
  • Le plan d'eau d'un barrage peut Ă©vaporer de l'eau qui constitue alors une eau consommĂ©e.

Dans les statistiques de l'Organisation de coopération et de développement économiques, les prélèvements d'eau sont définis comme de l'eau douce prélevée de sources d'eau souterraine ou de surface, de manière permanente ou temporaire, et acheminée vers un lieu d'utilisation. Si l'eau retourne à une eau de surface, le prélèvement de la même eau par l'utilisateur en aval est à nouveau pris en compte dans la compilation des prélèvements totaux: cela peut conduire à un comptage double. Les données comprennent des prélèvements pour l'approvisionnement public en eau, l'irrigation, les processus industriels et le refroidissement des centrales électriques. Les eaux de mine et les eaux de drainage sont incluses, tandis que l'eau utilisée pour la production d'hydroélectricité est normalement exclue[13].

Il est communément admis que l'eau consommée est un indicateur plus important que l'eau prélevée, parce qu’une grande part de l'eau prélevée est retournée à l'environnement et est potentiellement disponible pour réutilisation. Mais sous certaines conditions, le prélèvement d'eau est l'indicateur le plus important de l'utilisation de l'eau. Durant une sécheresse, ou dans des régions où l'eau est rare, il n'y aura tout simplement pas assez d'eau pour réaliser les services d'eau demandés[11]. À cela s'ajoute que l'eau se raréfiant ou devenant trop chaude par temps de sécheresse, elle devient inadaptée pour le refroidissement des centrales[11].

Eau virtuelle, empreinte eau, eau bleue, eau verte

Aux États-Unis, l'agriculture et la production d'électricité représentent la grande majorité des prélèvements d'eau directs (90 %). Une majorité de la consommation d'eau (60 %) est indirecte. On parle d'eau incorporée ou d'eau virtuelle, indicateurs qui s'avèrent utiles dans analyse du cycle de vie environnementale. 96 % des secteurs consomment indirectement plus d'eau dans leurs chaînes d'approvisionnement que directement. L'industrie agroalimentaire représente 30 % des retraits indirects[14].

Les concepts d'« eau bleue » et « eau verte » a été proposés en 1993 l'hydrologue suédoise Malin Falkenmark pour avoir une perspective plus réaliste de la différence entre prélèvements et consommations (Voir ci-dessus), afin d'améliorer les capacités de gestion des ressources en eau[15]. Elle affine les concepts d'eau virtuelle et d'empreinte eau en établissant une distinction entre « eau bleue » et « eau verte ». On entend par « eau verte » les précipitations efficaces ou l'humidité du sol qu'utilisent directement les plantes, et par « eau bleue » l'eau des cours d'eau, lacs, aquifères ou réservoirs. Selon les définitions généralement retenues, l'« eau bleue » peut être déplacée pour les besoins de l'irrigation ou la mise à disposition à d'autres fins, tandis que l'eau verte est tirée sur place du profil de sol[16]. Une étude publiée le 26 avril 2022 dans la revue Nature démontre que dans le cadre des mesures évaluant le franchissement des neuf limites planétaires (dont l'utilisation mondiale de l'eau douce fait partie), l'"eau verte" a été jusqu'ici sous évaluée, et que sa limite est déjà transgressée[17] - [18].

Utilisation de l'eau douce par secteur

Au niveau mondial l'agriculture et l'industrie sont les principaux consommateur d'eau douce :

Prélèvements mondiaux en eau douce par secteur[4] - [19]
  • Usage agricole: 70%
  • Usage industriel: 20%
  • Usage domestique: 10%

Les retraits annuels d'eau douce de l'agriculture en % du prélèvement total d'eau douce, indice de la FAO, mesurent la pression exercée par l'irrigation sur les ressources en eau renouvelable d'un pays. Selon la Commission du développement durable (CDD), l'agriculture représente plus de 70 % de l'eau douce prélevée dans les lacs, les rivières et les sources souterraines. La plupart est utilisée pour l'irrigation, qui fournit environ 40 % de la production alimentaire mondiale. Les prélèvements d'eau peuvent dépasser 100 % des ressources renouvelables lorsque l'eau d'extraction des aquifères non renouvelables, ou des usines de dessalement, sont significatifs ou lorsque la réutilisation de l'eau est importante. Les prélèvements pour l'agriculture et l'industrie sont les retraits totaux pour l'irrigation et la production animale et pour une utilisation industrielle directe, refroidissement des centrales thermiques compris[19].

Les utilisations de l'eau sont traditionnellement réparties entre secteurs : eau domestique, agricole et industrielle en pourcentage de l’utilisation totale de l’eau. Le secteur domestique comprend généralement des utilisations domestiques et municipales ainsi que l'utilisation commerciale et gouvernementale de l'eau. Le secteur industriel comprend généralement l'eau utilisée pour le refroidissement des centrales électriques et la production industrielle. Le secteur agricole comprend l'eau pour l'irrigation et l'élevage[1] (abreuvement et nettoyage) (et la pêcherie - FAO[20]). Le secteur de l'énergie (compris la production d'électricité et la production d'énergie primaire) est souvent inclus dans le secteur industriel dans les analyses de l'utilisation de l'eau; gros utilisateur et consommateur, il peut faire d'autre-part l'objet d'un comptage séparé[2].

La production hydroélectrique, la pêche et la navigation ne sont généralement pas incluses dans la comptabilisation de l’utilisation d’eau par secteur en raison d’un taux d'extraction physique minime. Ce qui n'enlève rien de l'importance de ces secteurs dans l'appréhension de l'état de santé d'une économie[21].

Les prĂ©lèvements totaux en eau douce pour l'ensemble de la planète sont Ă©valuĂ©s Ă  3 853 km3/an ce qui constitue 9 % des ressources totales en eau douce renouvelables. Les PrĂ©lèvements totaux en eau (eau salĂ©e comprise) pour l'ensemble de la planète sont Ă©valuĂ©s Ă  4 001 km3/an. Hors de cette dernière quantitĂ© 464 km3/an soit 12 % sont allĂ©s Ă  un usage domestique, 768 km3/an soit 19 % sont allĂ©s Ă  un usage industriel, 2 769 km3/an soit 69 % sont allĂ©s Ă  un usage agricole[4].

Secteur agricole

L'agriculture contribue pour 70 % des prélèvements et 93 % de la consommation globale  essentiellement dans les pays en développement où ce secteur demeure une activité majeure.

Cette répartition en secteur met surtout en évidence la pression exercée par l'irrigation sur les ressources en eau renouvelable au niveau mondial (69-70 % des prélèvements totaux d'eau douce selon la FAO). Le rapport entre secteurs d'utilisation peut être modifié pour les pays favorisés par leur climat n'ayant pas recours à l'irrigation (agriculture pluviale) et pour lesquels les taux de prélèvement en eau à destination de l'agriculture avoisinent zéro. Dans ce cas, si le secteur industriel est significatif et consommateur d'eau il deviendra dominant (Belgique - jusqu'à 97%[22]-, ou Allemagne par exemple). D'autre-part si le secteur industriel est inexistant ou faiblement consommateur, le secteur domestique peut alors dominer (République démocratique du Congo - 57 % -[21]). Deux tiers des pays dédiant moins de 10 % de leurs prélèvements à l'agriculture (au nombre de 36) sont des pays industriels, avec un climat tempéré, en Europe[20]. Dix-sept pays ont des prélèvements d'eau douce à destination de l'agriculture supérieurs à 90 %[20]. Il faut insister sur le caractères saisonnier des prélèvements d'eau douce en agriculture. En France par exemple les prélèvements d'eau pour l'agriculture comptent en gros pour moitié dans les prélèvements totaux annuels ; en été, ils peuvent atteindre 70 %[23].

L’irrigation des matières premières pour la production de biocarburants se traduit par une empreinte eau importante[24] pour ceux-ci.

Secteur domestique

Les retraits pour usage domestique comprennent généralement l'eau potable, l'utilisation ou l'approvisionnement municipal et l'utilisation pour les services publics, les établissements commerciaux et les habitations (FAO)[19].

L'usage domestique de l'eau en France fait rĂ©fĂ©rence Ă  un prĂ©lèvement d’eau infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  1 000 m3 d’eau par an et par personne (physique ou morale)[25].

Secteur industriel

Près de 10 % des prélèvements d'eau mondiaux en 2014 ont été réalisés pour l'industrie (à l'exclusion du secteur de l'énergie). Dans les pays industrialisés avancés, l'industrie représente 12 % des prélèvements d'eau, alors que dans de nombreux pays en développement, l'industrie représente moins de 8 %. L'eau est utilisée dans l'industrie pour le traitement, mais aussi pour la fabrication et le lavage. La production d'énergie primaire et la production d'électricité représentent d'autre-part environ 10 % du total des prélèvements d'eau mondiaux et environ 3 % de la consommation totale d'eau[2]. Le total des prélèvements d'eau douce pour le secteur industriel tourne autour de 20%[19].

Secteur de l'Ă©nergie

Le secteur de l'énergie, y compris la production d'électricité et la production d'énergie primaire, est souvent inclus dans le secteur industriel dans les analyses de l'utilisation de l'eau. Gros utilisateur et consommateur, il peut faire d'autre-part l'objet d'un comptage séparé[2].

52 milliards de mètres cubes d'eau douce seraient consommés chaque année pour la production mondiale d'énergie[26].

Utilisation de l'eau par pays

Les prélèvements mondiaux d'eau douce provenant de sources d'eau de surface et d'eaux souterraines ont augmenté d'environ 1 % par an depuis les années 1980, la demande dans les pays en développement ayant fortement augmenté (WWAP, 2016). Actuellement, les eaux souterraines fournissent environ un tiers de l'approvisionnement. Les réserves d'eau souterraine se sont systématiquement réduites par un taux d'extraction de 1 à 2 % par an dans le monde, dépassant les taux de recharge (WWAP, 2012). On estime que 21 des 37 plus grands aquifères du monde sont gravement surexploités[2].

Afrique

En 2010, environ 81 % des prĂ©lèvements d’eau en Afrique Ă©taient consacrĂ©s Ă  l’agriculture, 4 % Ă  l’industrie et 15 % Ă  l’utilisation domestique (FAO 2016). En 2010, l'agriculture a prĂ©levĂ© 184 km3 d'eau douce, l'industrie km3, le secteur domestique 33 km3[4].

République démocratique du Congo

Avec le fleuve Congo dont le bassin versant incorpore de manière assez Ă©troite la totalitĂ© du pays - un dĂ©bit moyen de 41 000 m3/s (1 260 km3/an), et des prĂ©cipitations abondantes et rĂ©gulières, la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo n'est pas dĂ©pourvue d'eau. Les eaux de surface de la RDC reprĂ©sentent environ 52 pour cent des rĂ©serves en eau de l’Afrique. Cependant, l’abondance en eau contraste nettement avec l’approvisionnement effectif, estimĂ© en 2000 Ă  seulement m3 par individu par an lorsque la quantitĂ© d’eau disponible par individu est estimĂ©e Ă  19 967 m3 (2008). L’utilisation d’eau par habitant en RDC est considĂ©rablement plus faible que celle de plusieurs pays arides du Sahel faisant face Ă  un problème de pĂ©nurie physique d’eau[27].

Les prĂ©lèvements en eau douce vont principalement Ă  un usage domestique (52 %), le secteur agricole bĂ©nĂ©ficiant des prĂ©cipitations abondante a recours Ă  une agriculture pluviale et ne nĂ©cessite que de très peu de prĂ©lèvements supplĂ©mentaires en eau pour l'irrigation (32 %), les prĂ©lèvements Ă  destination de l'industrie sont faibles (16 %), le taux d'exploitation des ressources renouvelable en eau est bas (0,04 %). En 2000, FAO Aquastat a estimĂ© que les prĂ©lèvements totaux d’eau s’élevaient Ă  356 millions de m3 pour cette annĂ©e[27].

MalgrĂ© l’abondance des eaux de surface, la grande majoritĂ© de la population congolaise dĂ©pend des nappes phrĂ©atiques et des sources pour s’approvisionner en eau potable. On estime que les nappes phrĂ©atiques reprĂ©sentent presque 47 pour cent (421 km3 /an) des ressources hydriques renouvelables de la RDC[27]. L'aquifère du bassin du Congo fait partie des 37 plus grands aquifères du monde, a dĂ©passĂ© son seuil de durabilitĂ© et est en dĂ©plĂ©tion[28] - [29].

Amérique du Nord

En 2010, environ 40 % des prĂ©lèvements d’eau en AmĂ©rique du Nord Ă©taient consacrĂ©s Ă  l’agriculture, 47 % Ă  l’industrie et 13 % Ă  l’utilisation domestique (FAO 2016). En 2010, l'agriculture a prĂ©levĂ© 241 km3 d'eau douce, l'industrie 289 km3, le secteur domestique 79 km3[4].

Aux États-Unis, tous les cinq ans, l’Institut d'Ă©tudes gĂ©ologiques des États-Unis (USGS) compile les prĂ©lèvements d’eau des comtĂ©s, États et du pays, pour un certain nombre de catĂ©gories d’utilisation de l’eau. En 2010, environ 355 milliards de gallons par jour (355 Bgal/d, soit plus de 490 milliards de m3 sur l'annĂ©e) ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s pour utilisation. 85 % Ă©taient de l'eau douce, et 15 % de l'eau salĂ©e[30]. L'USGS mentionne 428,6 Bgal/d, chiffres de 2005 pour les mĂŞmes proportions en eau douce et en eau de mer [31]. Les prĂ©lèvements pour la production d’électricitĂ© thermoĂ©lectrique et l’irrigation, les deux principales utilisations de l’eau, se sont stabilisĂ©s ou ont diminuĂ© depuis 1980. Les retraits destinĂ©s Ă  l’approvisionnement public et les utilisations domestiques ont augmentĂ© rĂ©gulièrement depuis le dĂ©but des estimations[31].

Les Grands Lacs d'Amérique du Nord constituent un des grands réservoirs d'eau douce du globe (un cinquième des eaux douces de surfaces) mais leur exploitation à des fin d'eau douce est proportionnellement peu élevée.

Amérique du Sud

En 2010, environ 71 % des prĂ©lèvements d’eau en AmĂ©rique du Sud Ă©taient consacrĂ©s Ă  l’agriculture, 12 % Ă  l’industrie et 17 % Ă  l’utilisation domestique (FAO 2016). En 2010, l'agriculture a prĂ©levĂ© 154 km3 d'eau douce, l'industrie 26 km3, le secteur domestique 36 km3[4].

Chine

En 2010, environ 65 % des prélèvements d’eau en Chine étaient consacrés à l’irrigation, 23 % à l’industrie et 12 % à l’utilisation municipale (FAO 2012). Les prélèvements d'eau par habitant s'élevaient à environ 460 mètres cubes par an[32].

Les ressources en eau de la Chine vont devenir de plus en plus soumises à l’urbanisation et au développement économique du pays. Sur le plan national, les ressources en eau renouvelables par habitant en Chine étaient de 2 070 mètres cubes en 2010, juste au-dessus du niveau de « stress hydrique » ; mais les ressources varient considérablement d'une région à l'autre. Les problèmes d’eau en Chine sont exacerbés par la disparité géographique entre l’offre et la demande: l’eau est beaucoup plus abondante dans le sud que dans le nord et l’ouest, où se concentrent les secteurs agricoles et industriels à forte intensité en eau. L'approvisionnement en eau limité et la pollution généralisée des réseaux hydrographiques dans certaines régions de Chine ont exercé une pression croissante sur les ressources en eaux souterraines (BIRD, 2009)[32].

Parallèlement à ces efforts, la Chine développe sa capacités de dessalement et de grands projets d’infrastructure d’eau, notamment le projet de transfert d’eau du sud vers le nord, qui devrait être achevé en 2050 et détourner 45 milliards de mètres cubes d’eau par an (Le débit annuel cumulé du Tigre et de l'Euphrate!) des rivières du sud au nord sec. En dépit de ces mesures, la menace demeure que l’avenir de certaines industries à forte consommation d’eau - y compris certains types de production d’énergie - pourrait être limité dans certaines régions soumises à un stress hydrique par une compétition intense pour l’eau[32].

Moyen Orient

Au Koweït ce pays ne comportant pas de rivières, la FAO renseigne des prélèvements répartis entre eaux souterraines (45 %), eau dessalinisée (46 %) et eaux réutilisées (9 %)[33].

Europe

En 2010, environ 25 % des prĂ©lèvements d’eau en Europe Ă©taient consacrĂ©s Ă  l’agriculture, 54 % Ă  l’industrie et 21 % Ă  l’utilisation domestique (FAO 2016). En 2010, l'agriculture a prĂ©levĂ© 84 km3 d'eau douce, l'industrie 181 km3, le secteur domestique 69 km3[4]. Deux tiers des pays dĂ©diant moins de 10 % de leurs prĂ©lèvements Ă  l'agriculture (au nombre de 36 dans le monde) sont des pays industriels avec un climat tempĂ©rĂ© en Europe[20]

En Europe, les cours d'eau (46 %) et les eaux souterraines (35 %) fournissent plus de 80 % du total de la demande en eau européenne[34].

France

En France, une majoritĂ© des informations connues sur les prĂ©lèvements en eau sont issues des donnĂ©es dĂ©clarĂ©es dans le cadre de la redevance sur les prĂ©lèvements en eau par les prĂ©leveurs aux agences de l'eau en mĂ©tropole et aux offices de l'eau en outre-mer[35]. L'eau domestique en France est un prĂ©lèvement d’eau infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  1 000 m3 d’eau par an, utilisĂ© par un particulier[25] Ă  ne pas confondre avec l'approvisionnement en eau potable. Du fait des catĂ©gories des usages pour dĂ©clarer les redevances, les usages sur lesquels sont rĂ©partis les usages prĂ©levĂ©s sont principalement: la production d'Ă©nergie, les barrages (eau turbinĂ©e), l'alimentation de canaux, l'eau potable, l'industrie et l'irrigation[36] - [37].

Le bilan des ressources internes en eau de la France (Les prĂ©cipitations plus les eaux transfrontalières moins l'eau perdue par Ă©vaporation) s'Ă©lève Ă  170 milliards de mètres cubes par an[38].

En 2013, le volume d’eau douce prĂ©levĂ©e pour la production d’eau potable, l'irrigation ou pour les usages industriels et le refroidissement des centrales Ă©lectriques (c’est-Ă -dire en dehors du turbinage des barrages hydroĂ©lectriques) s’élève Ă  33 milliards de m3 pour la France mĂ©tropolitaine[39]. Ce sont donc approximativement 20 % des ressources en eau douce interne du pays qui sont prĂ©levĂ©s.

Plus de 80 % de ce volume est puisé dans les eaux de surface (Onema 2016)[39] :

  • 17 milliards de m3 vont au refroidissement des centrales Ă©lectriques dont 70 % sont allĂ©s en 2013, aux centrales nuclĂ©aires de Tricastin, Saint-Alban, Bugey, toutes trois situĂ©es sur le RhĂ´ne, suivies de Fessenheim (Rhin supĂ©rieur), respectivement 4 895 millions, 3 668 millions, 2 363 millions, 1 752 millions de m3[40].
  • 5,6 milliards de m3 vont Ă  l'alimentation des canaux ;
  • 1,7 milliard de m3 vont Ă  des usages principalement industriels ;
  • 1,7 milliard de m3 vont Ă  des usages principalement agricoles ;
  • 1,7 milliard de m3 vont Ă  la production d'eau potable.

Les principaux usages des eaux souterraines sont l'eau potable et l'agriculture[39]:

  • 3,6 milliards de m3 vont Ă  la production d'eau potable ;
  • 1,7 milliard vont Ă  des usages principalement agricoles.

51 % du volume total prélevé d'eau douce est donc allé au refroidissement des centrales. Toutefois cette eau est la plupart du temps rejetée dans les eaux de surface.

  • Plus de 26 milliards de m3 (2007) ont par ailleurs Ă©tĂ© prĂ©levĂ© dans la mer, pour les besoins des centrales de bord de mer[41].

La France est consommatrice d'eau pour l'irrigation, mais cela concerne surtout le sud-est et le sud-ouest[42], (Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Aquitaine, le Centre se situe juste après. Rhône-Alpes, Poitou-Charentes, Pays de la Loire et Alsace irriguent également[43]), pour le reste la France est favorisée par son climat pour une agriculture pluviale. Conformément à ce qui a été dit sur la différence entre consommation et prélèvement, l'agriculture est le plus gros consommateur d'eau et compte pour la moitié des volumes consommés[12]. Alors que les quantités d'eau utilisée en industrie se sont stabilisés dans les années 1990, l'irrigation a continué de croitre. L'irrigation est saisonnière en France et arrive au moment où la ressource est plus rare et alors que d'autres secteurs, comme le tourisme, pèsent également sur la consommation. Les niveaux de prélèvements conduisent à des débits extrêmement faibles des cours d'eau (étiage) et à une détérioration des écosystèmes aquatiques[44].

Les prélèvements à usage industriel se retrouvent essentiellement dans les grandes régions industrielles et celles à activités industrielles consommatrices d’eau (agro-alimentaire, industrie papetière, chimie, pétrochimie, etc.): Rhône-Alpes, Alsace, Haute-Normandie, Lorraine, Aquitaine, Nord-Pas-de-Calais et Île-de-France[43].

Les utilisations de l'eau de mer :

Notes et références

  1. Peter Gleick. Water Use. Annu. Rev. Environ. Resour. 2003. lire en ligne
  2. (en) « IEA Water Energy Nexus, Excerpt from the World Energy Outlook 2016 » [PDF], sur Agence internationale de l'énergie.
  3. L’état des ressources en terres et en eau pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde. Gérer les systèmes en danger sur le site fao.org
  4. Water withdrawal by sector, around 2010, Prélèvements d'eau par secteur, vers 2010, Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
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