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Rue de Varenne

La rue de Varenne est une voie située dans le quartier des Invalides du 7e arrondissement de Paris.

7e arrt
Rue de Varenne
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La rue de Varenne vue en direction du boulevard des Invalides. À gauche, la rue Barbet-de-Jouy.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissement 7e
Quartier Invalides
DĂ©but 14, rue de la Chaise
Fin 17, boulevard des Invalides
Morphologie
Longueur 930 m
Largeur 10 m
Historique
Création Début XVIIe siècle
DĂ©nomination
Ancien nom Rue du Plessis
Rue de Garenne
GĂ©ocodification
Ville de Paris 9653
DGI 9597
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue de Varenne
GĂ©olocalisation sur la carte : 7e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 7e arrondissement de Paris)
Rue de Varenne
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Situation et accès

Longue de 930 mètres, elle commence rue de la Chaise, près du boulevard Raspail et se termine boulevard des Invalides.

C'est dans cette rue que se trouvent plusieurs bâtiments gouvernementaux, comme l'hôtel Matignon (résidence et bureau du Premier ministre), l'hôtel de Villeroy (ministère de l'Agriculture) ou encore l'hôtel de Castries (ministère de l'Égalité des Territoires et du Logement), l'ambassade d'Italie en France ainsi que le musée Rodin à l'angle du boulevard des Invalides.

Origine du nom

L'origine du nom Varenne est controversée :

  • une varenne (ou garenne) est un terrain inculte et riche en gibier, et donc une rĂ©serve de chasse (voir la rue de Bellechasse) ;
  • le nom pourrait venir d'un abbĂ© de Varennes, comme Mathieu Perrot, chancelier de l'acadĂ©mie et de l'Ă©glise de Bourges sous Charles IX ou Jacob de Nuchez, coadjuteur de l'Ă©vĂŞque de Chalon-sur-SaĂ´ne sous Louis XIV, d'un seigneur de Varennes, comme François Perron, Ă©cuyer, sieur de Varennes au XVIIe siècle, ou encore de Florent de Varennes, amiral de France. Il existe une famille chevaleresque dans le Beaujolais dont les membres ont participĂ© Ă  plusieurs croisades : les Varennes, seigneurs du château de Rapetour Ă  TheizĂ© ;
  • le bailliage et le greffe de la Varenne Ă©taient une juridiction forestière qui se tenait au Louvre oĂą Ă©tait Ă©galement le siège de la capitainerie des chasses de la Varenne du Louvre.

En aucun cas, elle ne commémore donc le lieu où le roi Louis XVI est arrêté au moment de sa fuite à Varennes[1] - [2] (les plans la figurent bien avant l'épisode de 1791, comme sur l'extrait du plan de Turgot visible ci-dessous).

Historique

Les hĂ´tels de Castries, Mazarin et Villeroi dans la rue de Varenne Ă  Paris dans le plan de Turgot, vers 1737.

Cette rue est formée de 2 voies qui furent réunies sous la même dénomination par un décret ministériel du [3].

  • Première partie, comprise entre la rue de la Chaise et celle du Bac :
    • au commencement du XVIIe siècle, la rue de Varenne s'Ă©tendait jusqu'Ă  la rue de la Chaise.
      En 1607, Raphaël de la Planche, trésorier général des bâtiments du Roi, établit au coin de ces deux rues une manufacture de tapisseries de haute lisse en or, argent et soie. Vers l'année 1640, la partie de la rue de Varenne comprise entre les rues de la Chaise et du Bac prit la dénomination de « rue de la Planche ».
      Une dĂ©cision ministĂ©rielle du 2 thermidor an V (), signĂ©e Pierre BĂ©nĂ©zech, fixa la largeur de cette voie publique Ă  9 mètres. Cette largeur sera portĂ©e Ă  10,30 mètres, en vertu d'une ordonnance royale du .
      Conformément à une décision ministérielle du , la rue de la Planche est réunie à la rue de Varenne.
  • Seconde partie, comprise entre la rue du Bac et le boulevard des Invalides :
    • cette rue a Ă©tĂ© ouverte au commencement du XVIIe siècle.
      Un plan de 1651 l'appelle « rue de la Varenne ». Elle tire probablement son nom d'une garenne (par corruption « varenne »), qui se trouvait en cet endroit avant que l'on construisit cette partie du faubourg Saint-Germain.
      Une dĂ©cision ministĂ©rielle du 2 thermidor an V (), signĂ©e Pierre BĂ©nĂ©zech, fixa la moindre largeur de cette voie publique Ă  9 mètres.
      En vertu d'une ordonnance royale du , cette largeur est portĂ©e Ă  10,30 mètres.

Le 15 juillet 1918, durant la première Guerre mondiale, un obus lancé par la Grosse Bertha explose au no 58 rue de Varenne[4].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

La rue de Varenne est l'une des plus riches en hôtels particuliers du XVIIIe siècle. La plupart ont été gravés dans les recueils de Mariette ou de Blondel.

  • No 21, façade de l'hĂ´tel de Narbonne-Pelet (lycĂ©e Paul-Claudel-d'Hulst), cĂ´tĂ© rue.
    No 21, façade de l'hôtel de Narbonne-Pelet (lycée Paul-Claudel-d'Hulst), côté rue.
  • Grand portail de l'hĂ´tel de Narbonne-Pelet.
    Grand portail de l'hĂ´tel de Narbonne-Pelet.
  • No 33 : domicile du peintre LĂ©o Fontande 1913 Ă  1922.
  • No 45 : hĂ´tel de Jaucourt, appelĂ© aussi « hĂ´tel de Narbonne », ou « maison des Huguenots ». Construit en 1777 par Denis Antoine pour Élisabeth de La Châtre, celle-ci Ă©pousa en secondes noces le comte Louis Pierre de Jaucourt, qui a donnĂ© son nom Ă  l'hĂ´tel.
  • No 45, entrĂ©e de l'hĂ´tel de Narbonne avec, en aperçu, la cour intĂ©rieure.
    No 45, entrée de l'hôtel de Narbonne avec, en aperçu, la cour intérieure.
  • Vue gĂ©nĂ©rale de la façade de l'hĂ´tel de Narbonne, cĂ´tĂ© rue.
    Vue générale de la façade de l'hôtel de Narbonne, côté rue.
  • No 53 : la romancière amĂ©ricaine Edith Wharton (1862-1937) a habitĂ© cet immeuble Ă  partir de 1906.
  • Le no 53 avec une plaque commĂ©morative.
    Le no 53 avec une plaque commémorative.
  • No 56, portail de l'hĂ´tel Gouffier de Thoix, cĂ´tĂ© rue.
    No 56, portail de l'hôtel Gouffier de Thoix, côté rue.
  • Façade sur cour de l'hĂ´tel Gouffier de Thoix.
    Façade sur cour de l'hôtel Gouffier de Thoix.
  • No 60, entrĂ©e de l'hĂ´tel du Prat ou Duprat.
    No 60, entrée de l'hôtel du Prat ou Duprat.
  • No 61 : ancien hĂ´tel de Mazarin, dit auparavant hĂ´tel d'Étampes[9]. Il s'agissait d'un des plus importants hĂ´tels de la rue de Varenne, construit en 1703 par Jean Courtonne, remaniĂ© et dĂ©corĂ© en 1729 par Germain Boffrand et Claude III Audran, transformĂ© en 1736 par Jean-Baptiste Leroux et Nicolas Pineau pour la duchesse de Mazarin. L'hĂ´tel a Ă©tĂ© amputĂ© d'une moitiĂ© lors du percement de la rue Vaneau en 1826, et l'architecte Jean-Joseph Rougevin a reconstruit un bâtiment sur rue[10].
  • No 61.
    No 61.
  • No 73 : hĂ´tel de Broglie, dit le grand hĂ´tel de Broglie. Sur l'emplacement d'un hĂ´tel construit en 1704 pour le comte de Langonnay et remaniĂ© en 1711 par Germain Boffrand, l'hĂ´tel est bâti en 1752 pour les ducs de Broglie par Pierre Mouret. Cet hĂ´tel a lui-mĂŞme Ă©tĂ© remaniĂ©, ou peut-ĂŞtre mĂŞme reconstruit, après 1782 par Jean-Baptiste Louis Élisabeth Le Boursier pour le marĂ©chal de Broglie[14]. Le principal corps de logis comporte onze travĂ©es, un Ă©tage, un attique et un toit-terrasse dissimulĂ© par une balustrade. Pour assurer l'Ă©tanchĂ©itĂ© de celui-ci, Le Boursier utilisa le ciment du chevalier d'Estienne, encore insuffisamment au point puisque des craquelures se produisirent dès le premier hiver qui contraignirent le chevalier de refaire la chape Ă  ses frais. L'hĂ´tel de Broglie a Ă©tĂ©, sous l'Empire, la rĂ©sidence de Charles-Louis Huguet de SĂ©monville. Il le loue Ă  Charles-François Lebrun, duc de Plaisance, Ă  partir de 1815, puis le vend Ă  la duchesse de Montebello, veuve du marĂ©chal Lannes en 1826[15]. On pense que c'est l'hĂ´tel de Broglie qui a inspirĂ© Ă  Stendhal la description — au demeurant succincte — de l'hĂ´tel de La MĂ´le dans Le Rouge et le Noir : « La gravitĂ© du portier et surtout la propretĂ© de la cour l’avaient frappĂ© d’admiration. Il faisait un beau soleil. — Quelle architecture magnifique ! dit-il Ă  son ami. Il s’agissait d’un de ces hĂ´tels Ă  façade si plate du faubourg Saint-Germain, bâtis vers le temps de la mort de Voltaire. Jamais la mode et le beau n’ont Ă©tĂ© si loin l’un de l’autre[16]. » Il a Ă©tĂ© restaurĂ© vers 1970 par Jacques Robine. La splendeur du bâtiment est insoupçonnable de la rue. L'hĂ´tel a longtemps appartenu Ă  un aristocrate britannique, Arthur Forbes, neuvième comte de Granard[17]. L'Ă©crivain Maurice Druon y occupait un appartement dans les communs. L’hĂ´tel appartient dĂ©sormais au roi du Maroc[18].
  • No 78 : hĂ´tel de Villeroy (en fond de parcelle), hĂ´tel construit entre 1713 et 1724 par François Debias-Aubry pour le baron Antoine Hogguer Ă  l'intention de sa maĂ®tresse Charlotte Desmares. TransformĂ© pour Louis François Anne de Neufville de Villeroy, duc de Villeroy, qui lui a laissĂ© son nom par Jean-Baptiste Leroux, avec une participation possible de Nicolas Pineau. Très remaniĂ© au XIXe siècle. On mentionne une intervention d'Étienne-Louis BoullĂ©e qui n'est pas discernable. C'est aujourd'hui l'hĂ´tel du ministre de l'Agriculture.
  • Nos 78-80 : le bâtiment sur rue a Ă©tĂ© construit entre 1881 et 1889 par les architectes Emmanuel Brune puis Abel Chancel et Georges Lambert pour abriter les services du ministère de l'Agriculture. La construction est d'une qualitĂ© remarquable. Elle a fait disparaĂ®tre le petit hĂ´tel de Castries construit par l'architecte Nicolas Marie Potain pour le marquis de Castries et donnĂ© en location par celui-ci en 1772 au prince de Rohan et en 1778 au duc de Guines.
Plaques
  • Plaque au no 21.
    Plaque au no 21.
  • Plaque au no 53.
    Plaque au no 53.
  • Plaque au no 54.
    Plaque au no 54.
  • Plaque au no 54.
    Plaque au no 54.
  • Plaque au no 56.
    Plaque au no 56.
  • Plaque au no 59.
    Plaque au no 59.
  • Plaque au no 86.
    Plaque au no 86.

Bâtiments détruits

Le percement du boulevard Raspail a entraîné la destruction de plusieurs édifices de la rue de Varenne, notamment une maison où ont vécu l'écrivain Remy de Gourmont et sa maîtresse Berthe de Courrière.

  • No 8 : dans les annĂ©es 1930, la photographe suisse Florence Henri (1893-1982) Ă©tablit son studio-appartement Ă  cette adresse[19].
  • Nos 26-28 : hĂ´tel Saint-Celais. Emplacement d'un hĂ´tel particulier qui a Ă©tĂ© habitĂ©, sous le règne de Louis XVI, par la duchesse de Lauzun et qui a notamment appartenu (avant 1881) au politicien Daniel Wilson, gendre de Jules GrĂ©vy, qui l'avait hĂ©ritĂ© de son père.
  • No 32, Ă  l'angle avec la rue du Bac : couvent des RĂ©collets. Le plan de Turgot tĂ©moigne de sa prĂ©sence au XVIIIe siècle.
  • No 51 : hĂ´tel de Maisons.
  • No 59 : hĂ´tel de La Tour-Maubourg, dĂ©truit au moment du percement de la rue Vaneau.
  • No 63 : hĂ´tel de Rohan-Chabot, construit par Jean-Baptiste Leroux vers 1736. Il appartient sous l'Empire au marĂ©chal Lannes. AchetĂ© par Rougevin en 1827, il permet le lotissement de la rue Mademoiselle comprise entre la rue de Varenne et la rue de Babylone. Cette dernière prendra le nom de « rue Vaneau » après les journĂ©es de 1830.

Dans la fiction

Dans son film Babette s'en va-t-en guerre sorti en 1959, le réalisateur Christian-Jaque situe une partie de l'action dans un appartement du 42, rue Varenne dans lequel la famille de Crécy-Lozère est censée habiter.

Dans le feuilleton Au plaisir de Dieu, le marquis et la marquise de Plessis-Vaudreuil demeurent rue de Varenne où ils accueillent leur neveu et le fils du métayer ainsi que le précepteur de leurs deux plus jeunes fils qui peuvent ainsi poursuivre leurs études à Paris. La marquise y reçoit l'intelligentsia française et célèbre le dadaïsme. Ruinée par la crise de 1929 et le suicide de son mari, la marquise vend l'hôtel particulier de la rue de Varenne pour acheter un appartement avenue de Breteuil, où seulement « trois domestiques suffiront ».

Notes et références

  1. « Le Défi du Luberon », Urbanisme, no 233,‎ :
    « La rue de Varenne n'a absolument rien à voir avec la fuite de Louis XVI, le maître de poste Drouet et tutti quanti. Le nom de Varenne, sans s, vient tout bêtement de Garenne, car les terrains qu'elle traverse appartenaient autrefois à l'abbaye de Varennes »
  2. Frédérick Gersal raconte Paris: 110 lieux mythiques, Hachette Tourisme, 2016, chap. « L'Hôtel Matignon ». Pour l'étymologie de Varenne, il suppose que c'est une déformation de garenne, un terrain en friche.
  3. Louis et FĂ©lix Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments.
  4. [bpt6k4605797h/f6.item lire en ligne] sur Gallica
  5. Émile Galichon, Annuaire publié par la Gazette des beaux-arts, 1869, p. 34.
  6. « Hôtel de Chanterac, vue de la cour, 19, rue de Varenne, 7e arrondissement, Paris », sur parismuseescollections.paris.fr (consulté le ).
  7. Marthe de HĂ©douville, La Comtesse de SĂ©gur et les siens, p. 100.
  8. Notice no PA00088711, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  9. La base Mérimée indique « Hôtel de Rohan-Chabot » ou « Hôtel de Tessé-Vendome » (voir ici).
  10. Notice no PA00088732, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  11. 64, rue de Varennes (VIIe arrt), photographie d'Eugène Atget, notice sur le site de l'INHA.
  12. « Immeubles parisiens classés monuments historiques », Combat, 6 août 1949, sur RetroNews.
  13. Michel Gallet, dans Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle, mentionne également une intervention de Jean-François-Thérèse Chalgrin.
  14. Le projet de Le Boursier fut déposé devant la chambre des Bâtiments le . Un jeu des plans, profils et élévations se trouve aux Archives nationales (N III Seine 90) avec le journal de la construction.
  15. Yvan Christ, Le Faubourg Saint-Germain, Paris, Henri Veyrier, , p. 309.
  16. Stendhal, Le Rouge et le Noir, t. II, chap. 1er.
  17. Olivier Faye, La Conseillère, Paris, Fayard, , 256 p. (ISBN 978-2213700908)
  18. Les palaces des chefs d'État étrangers en France : « Le château du roi du Maroc, dans l'Oise », www.journaldunet.com.
  19. Guillaume Evin, Cosette Harcourt. Un studio de légende, Hugo Document, 2018, 240 p. (ISBN 978-2755636130), p. 46.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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