Accueil🇫🇷Chercher

Nicolas Pineau

Nicolas Pineau, né le , et mort le , est un sculpteur ornemaniste et architecte français, l'un des inventeurs de la rocaille française[1].

Nicolas Pineau
Le château d'Asnières à l’aménagement duquel a participé Nicolas Pineau.
Naissance
Décès
(Ă  69 ans)
Paris
Activités
Formation
Maîtres
Lieu de travail
Mouvement
Enfant
Dominique Pineau (d)

Biographie

Fils de Jean-Baptiste Pineau, sculpteur ordinaire du roi, Nicolas Pineau est orphelin de père Ă  tout juste dix ans. Il reçoit nĂ©anmoins une bonne Ă©ducation technique en sculpture et en architecture : Ă©lève d’Hardouin Mansart et de Boffrand, il suit les cours de sculpture de l’acadĂ©mie de Saint-Luc, pendant lesquels il reçoit les conseils de Coysevox pour les figures et frĂ©quente l’atelier de Thomas Germain, l’orfèvre du roi.

François Le Fort, qui avait succĂ©dĂ© Ă  son oncle dans la confiance de Pierre le Grand, l’attire en Russie par la promesse de travaux importants. Il quitte la France en 1716 avec son beau-frère, le peintre Louis Caravaque et l’architecte Alexandre Leblond. HonorĂ© du titre de « premier sculpteur de Sa SacrĂ©e MajestĂ© CĂ©sarienne Â», il apporte Ă  Saint-PĂ©tersbourg les traditions du grand style de Versailles, qui Ă©tait alors un modèle pour tous les souverains europĂ©ens au XVIIIème siècle.

La formation poussée acquise auprès de maîtres réputés permet à Pineau d’être le maître entier de ses œuvres pendant dix ans. En effet, il suit ses œuvres dans tous les détails de leur exécution, se montrant aussi bien capable de donner les plans d’un palais que d’un arsenal, de modeler le masque d’une clef de voûte que l’esquisse d’un monument commémoratif, de sculpter la caisse d’un carrosse que le piédestal d’une statue, de dessiner aussi bien un surtout de table en orfèvrerie que la lanterne en bronze doré d’un escalier d’apparat.

Le talent et la créativité de Pineau donnent satisfaction à toutes les fantaisies impériales. Ainsi, il donne par exemple plus de dix projets pour la décoration d’une salle de fêtes. Peu à peu, Pineau se dégage des influences de Daniel Marot et de Jean Bérain, pour trouver dans des combinaisons de rocailles les éléments dont il forme un peu plus tard le style dont il est crédité. Certains panneaux à décors chinois composés à Saint-Pétersbourg offrent déjà des encadrements, dont les motifs contrariés s’écartent nettement des principes de rigoureuse symétrie propre à l’école de Versailles.

Peu après la mort de Pierre le Grand, Nicolas Pineau rentre en France. Il renonce alors à l’architecture proprement dite pour se livrer à la sculpture d’ornements et au décor des intérieurs. À l’époque où la mode exige que tous les murs soient revêtus de lambris sculptés en plein bois, son talent trouve vite à s’employer dans les aménagements des somptueux hôtels construits à Paris au début du règne de Louis XV.

Les dessins de Nicolas Pineau illustrent ses recherches pour les grands et petits appartements des gens de cour les mieux qualifiés ou des financiers nouvellement enrichis dans les fermes. La duchesse de Mazarin le sollicite tout particulièrement dans son hôtel, lui demandant des sculptures pour le bâtiment, des rampes pour l’escalier, des bronzes pour les portes de son cabinet et même des charnières en bois sculpté pour ses carrosses. Le trésorier de la maison du roi, Étienne-Michel Bouret, lui commanda la boiserie de sa salle à manger, à Croix-Fontaine, et le dessin de son mausolée avec une inscription latine à la gloire du défunt. Le prince d’Isenghien et le comte de Middelbourg Baltazar de Gand lui confièrent la décoration de leur maison de Suresnes. La famille de Voyer de Paulmy d'Agenson, Simon Boutin père, receveur général des finances de la généralité de Tours, Bon Boullogne, et la famille Rouillé furent de ses clients.

Pineau compose des cartouches et des tympans pour les portes cochères des hôtels duc de Chatillon, du prince de Conti, du marquis de Feuquières, du maréchal de Villars, du duc d’Harcourt ; il dessine les dessus-de-porte du cabinet du roi, invente deux modèles de candélabres pour la marquise de Pompadour et fournit à Nattier un cadre en bois sculpté avec attributs galants destiné à un portrait de la favorite.

Nicolas Pineau devient le sculpteur attitrĂ© du grand architecte rocaille Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne pour lequel il compose ses meilleurs ornements. Parmi eux, ceux de la cathĂ©drale Saint-Louis de Versailles (agrafes de la nef, du transept et du chĹ“ur; ancien tabernacle et maĂ®tre-autel; dĂ©coration de la chapelle de la Vierge), de l'ensemble du financier Simon Boutin père, rue de Richelieu Ă  Paris (grand et petit hĂ´tel + maison Ă  loyer)[2] et du château d'Asnières[3]. Il dessine la chaire, les boiseries du chĹ“ur et de la salle capitulaire de la Chartreuse de Lugny et rĂ©alise les fonts baptismaux de l’église Saint-Paul Ă  Paris. Il est aussi sculpteur de la Maison des Dames de Saint-Chaumont1734-1735 ). Les voisins de sa maison de Paris, les religieux de Notre-Dame de Nazareth, lui commandent les sculptures de leur chapelle et toute une ornementation signalĂ©e Ă  l’admiration des voyageurs, dans l’Almanach d’HĂ©bert de 1779.

Ă€ sa mort, Pineau est membre de l’AcadĂ©mie de Saint-Luc. Son confrère Blondel, dit de lui qu’il fut l’inventeur « du contraste dans les ornements Â» et loue vivement la sobriĂ©tĂ© qu’il avait su conserver dans ses compositions. Pineau rompt volontairement avec son système de courbes inĂ©gales et avec l'ancienne symĂ©trie. Ainsi, au moyen de rocailles habilement combinĂ©es et pleines de fantaisie, Pineau parvient Ă  conserver dans ses dĂ©corations l’équilibre et la pondĂ©ration. Cela explique que ses rĂ©alisations deviennent des modèles non seulement pour les architectes, mais aussi les sculpteurs sur bois, les ferronniers, les fabricants de bronzes et les Ă©bĂ©nistes.

Il a Ă©galement eu un fils, Dominique Pineau.

Source

Cet article est la copie d'un texte tombé dans le domaine public, texte paru dans le Bulletin des Musées de France publié sous la direction de Paul Vitry, en 1908[4].

Notes et références

  1. « Architecte, décorateur, ornemaniste : 25 dessins de Nicolas Pineau des collections du Musée des Arts Décoratifs », sur madparis.fr (consulté le )
  2. « "Le fabuleux ensemble de M. Boutin, rue de Richelieu" », sur philippecachau.e-monsite.com, (consulté le )
  3. « Cheminée du château d'Asnières », sur philippecachau.e-monsite.com (consulté le )
  4. Et actuellement disponible en ligne Ă  cette adresse.

Annexes

Bibliographie

  • Émile Biais : Les Pineau, sculpteurs, dessinateurs du cabinet du roi, graveurs, architectes (1682-1886), Paris, 1892.
  • Stanislas Lami : Dictionnaire des sculpteurs de l'Ă©cole française sous le règne de Louis XIV, t. II, Paris, 1906, p. 259-261.
  • MusĂ©es et monuments de France, Paris, Librairie centrale d’art et d’architecture, 1908, p. 68-69.
  • Philippe Cachau : Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, dernier des Mansart (1711-1778), thèse de doctorat d'histoire de l'art soutenue Ă  Paris-I, 2004, t. I, p. 322-347.
  • Philippe Cachau : "La maison des Musiciens Italiens de Montreuil Ă  Versailles", Cahiers Philidor, n° 35, dĂ©cembre 2008, p. 1-59 (Ă©tude en ligne sur le site du Centre de Musique Baroque de Versailles, http://philidor.cmbv.fr).
  • Philippe Cachau : La cathĂ©drale Saint-Louis de Versailles, un grand chantier royal du règne de Louis XV, Ă©d. Somogy, Paris, 2009, p. 41-45.
  • Philippe Cachau : "Le château de Jossigny : une rĂ©alisation pittoresque de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1753)", Les Cahiers d’Histoire de l’Art, n° 9, 2011 (1ère partie), p. 52-71.
  • Philippe Cachau : "Le château de Jossigny : une rĂ©alisation pittoresque de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne", Les Cahiers d'Histoire de l'Art, n° 10, 2012 (2e partie), p. 60-74.
  • Philippe Cachau : "Le château de Christian IV, duc des Deux-Ponts, Ă  Jägersburg. Un château français en Allemagne (1752-1756)", revue Francia, n° 39, Institut historique allemand, Paris, 2012, p. 135-165.
  • Philippe Cachau : "L’entrepĂ´t gĂ©nĂ©ral d’Asnières ou les beaux haras oubliĂ©s du marquis de Voyer (1752-1755)", Revue des Amis du Cadre noir de Saumur, n° 89, 2016, p. 57-60.
  • Philippe Cachau : "Le fabuleux ensemble de M. Boutin, rue de Richelieu", Paris au cĹ“ur, Bulletin de la SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologiques des 1er et 2e arrondissements de Paris, n° 7, 2017, p. 7-9.
  • Philippe Cachau : "Le mĂ©cĂ©nat du marquis de Voyer au château et aux haras d'Asnières-sur-Seine : enjeux politiques et culturels (1750-1755)", Bulletin de la SociĂ©tĂ© de l'Histoire de l'Art français, annĂ©e 2013, 2017, p. 139-171.
  • Philippe Cachau : "Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, premier architecte des États de Bourgogne (1742-1746-1776), Revue Dijon Histoire et Patrimoine, n° 81, 2021, p. 17-29.
  • Philippe Cachau : "Blondel et les Mansart : une leçon d’architecture particulière", Jacques-François Blondel, la dernière leçon d’architecture « Ă  la française », actes du colloque international Jacques-François Blondel, CitĂ© de l’Architecture et du Patrimoine, AurĂ©lien Davrius (dir.), Bruxelles, 2022, p. 33-53.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.