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Rue Huysmans

La rue Huysmans est une voie du 6e arrondissement de Paris.

6e arrt
Rue Huysmans
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Situation
Arrondissement 6e
Quartier Notre-Dame-des-Champs
DĂ©but 9, rue Duguay-Trouin
Fin 107, boulevard Raspail, allée Claude-Cahun-Marcel-Moore, allée Jacques-Derrida
Morphologie
Longueur 118 m
Largeur 12 m
Historique
Création 1912
DĂ©nomination 1912
GĂ©ocodification
Ville de Paris 4599
DGI 4686
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue Huysmans
GĂ©olocalisation sur la carte : 6e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 6e arrondissement de Paris)
Rue Huysmans
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Situation et accès

Elle relie le boulevard Raspail, au niveau de la rue du Montparnasse, à la rue Duguay-Trouin. Elle est à sens unique pour la circulation automobile et pourvue d'un double-sens cyclable ; le stationnement y est unilatéral.

La rue Huysmans est emblématique de l'architecture parisienne des années 1910.

La rue Huysmans est desservie par les lignes (M) (4) à la station Saint-Placide et (M) (12) à la station Notre-Dame-des-Champs, ainsi que par les lignes de bus RATP 68 82 83. La ligne 82 emprunte la rue Huysmans sur l'intégralité de son tracé en direction de la gare du Luxembourg[1].

Odonymie

Joris-Karl Huysmans vers 1900, photographié par André Taponier.

Il a été attribué à la rue le nom de l'écrivain Joris-Karl Huysmans (1848-1907) qui naquit, vécut et mourut — cinq ans avant l'ouverture de la rue — à diverses adresses du 6e arrondissement, en 1912. L'idée de donner son nom à une voie parisienne a été formulée en conseil municipal dès sa mort en 1907 (Cf. La création de la rue Huysmans).

Histoire

Plan-projet de 1785 avec la nouvelle foire Saint-Germain.
Plan-projet de 1809, avec le tracé d'une transversale arborée.
État parcellaire de l'emplacement de la rue Huysmans à la fin du XIXe siècle, avant le percement du boulevard Raspail et de la rue.
Emplacement de la rue juste avant son ouverture.
La rue dans son environnement actuel.

L'exploitation des carrières

Avant le XIXe siècle, l'emprise de la rue Huysmans est occupée par des jardins non bâtis. Au XVIIIe siècle, des carrières de pierre à bâtir calcaire sont exploitées dans le sous-sol de ces terrains.

Le bâtiment abritant la foire Saint-Germain brûla en 1762 et, celui reconstruit l'année suivante ne donnant pas satisfaction, on envisagea dans les années 1780 d'en élever un nouveau sur un vaste terrain gagné sur le jardin du Luxembourg et compris entre celui-là, la pépinière des Chartreux, le cul-de-Sac Notre-Dame-des-Champs (c'est-à-dire la partie australe de la rue de Fleurus actuelle) et la rue de Vaugirard[2]. Le terrain se serait étendu pour partie sur l'emplacement de la rue Huysmans et aurait modifié la physionomie du quartier. Le marché fut finalement rebâti entre 1813 et 1818 par Jean-Baptiste Blondel et Auguste Lusson sur son emplacement originel, le long de la rue Mabillon[3].

Le banc de calcaire se trouve Ă  une profondeur relativement faible de 9 mètres[4], si bien que la rue Duguay-Trouin est ouverte sous la RĂ©volution, non pour la circulation comme le dĂ©montre son tracĂ©, mais pour l'extraction des pierres par un puits situĂ© dans son coude, sous l'actuel no 2 de la rue Huysmans[5]. Ainsi, les immeubles des nos 1 Ă  7, cĂ´tĂ© impair, et 2 Ă  10, cĂ´tĂ© pair, sont sous-minĂ©s. La carrière qui s'Ă©tendait sous cette emprise a fait l'objet d'un effondrement presque gĂ©nĂ©ralisĂ© entre la fin du XVIIIe et le dĂ©but du XIXe siècle.

Dès la première moitié du XIXe siècle, les équipes de l'atelier du Luxembourg de l'Inspection générale des carrières avaient consolidé les cloches de fontis et remblayé la carrière selon la méthode dite par hagues et bourrages et, en 1855, il ne subsistait plus qu'une galerie d'inspection sous l'actuel côté pair de la rue Huysmans[6]. Seule la galerie d'inspection sous la rue Duguay-Trouin existe encore aujourd'hui.

Dès l'achèvement du boulevard du Montparnasse, un projet visant à le relier au jardin du Luxembourg est émis. L'« avenue projetée » d'un plan projet de 1768 emprunte strictement le tracé finalement donné à la rue Huysmans[7]. Sous le Premier Empire, un nouveau projet de transversale connectant les rues Notre-Dame-des-Champs et « de l'Ouest » (c'est-à-dire d'Assas) est formé, malgré l'ouverture récente de la rue de Fleurus jouant ce rôle. La voie, toujours arborée, devait aboutir à l'ouest de la rue Duguay-Trouin, presque à l'angle des rues Madame et de l'Ouest[8]. L'entreprise resta à l'état de projet.

Le percement du boulevard Raspail

Maison habitée par Victor Hugo de 1827 à 1830, à l'emplacement de laquelle se trouve la rue Huysmans.

C'est finalement la percée d'un autre boulevard, plus proche — le boulevard Raspail — qui concrétisa la liaison entre les deux pénétrantes rue d'Assas et rue Notre-Dame-des-Champs, au début du XXe siècle.

Le quartier Notre-Dame-des-Champs est historiquement occupé par des congrégations religieuses, dont un certain nombre a des activités d'enseignement ou d'accueil des malades. Aussi, les parcelles comprises entre la rue Notre-Dame-des-Champs et la rue longtemps nommée « de l'Ouest » — actuelle rue d'Assas —, sont des terrains bâtis de maisons anciennes en bordure de voie publique derrière lesquelles s'étendent de grands jardins. L'achèvement du percement du boulevard Raspail entre les rues Stanislas et de Vaugirard en 1905 a entraîné la destruction d'un certain nombre de bâtiments sur la rue Notre-Dame-des-Champs ; l'emprise de la future rue Huysmans concerne quatre parcelles :

  • aux nos 19 Ă  23 : l'École secondaire ecclĂ©siastique, ou Petit SĂ©minaire, qui s'Ă©tendait sur près d'un hectare[9], amputĂ© des trois quarts de sa superficie par l'opĂ©ration, y compris tout une partie au nord du nouveau boulevard, et qui ferma en 1914[10] - [11] ;
  • au no 25 : une petite maison[11] ;
  • au no 27 : une loge de concierge sur la rue Notre-Dame-des-Champs, derrière laquelle partait un passage de 50 m de long et trois de large qui menait Ă  une maison entourĂ©e d'un vaste jardin qui se dĂ©ployait jusqu'Ă  la rue Duguay-Trouin, sur laquelle la parcelle Ă©tait numĂ©rotĂ©e 9 et 11. C'est Ă  la largeur de cette parcelle que correspond l'actuelle rue Huysmans (y compris les immeubles)[12]. Entre 1827 et 1830, Victor Hugo logeait au premier Ă©tage de cette maison. Son fils François-Victor y est nĂ© et c'est lĂ  qu'il Ă©crivit Cromwell, Les Orientales, Le Dernier Jour d'un condamnĂ©, Marion de Lorme, et surtout Hernani, qui fut l'occasion d'une telle polĂ©mique que l'agitation en son domicile poussa la propriĂ©taire de la maison, Mme Goupy, Ă  chasser le jeune mĂ©nage[13] - [14] ;
  • au no 29 : hĂ´tel particulier dont le jardin a Ă©tĂ© entourĂ© de petites constructions[9].

Le bâti, alors bien moins dense qu'aujourd'hui, se trouvait généralement en bordure de la voie publique plutôt qu'en fond de parcelle. Aussi, les constructions se trouvaient le long de la rue Notre-Dame-des-Champs et donc, pour les parcelles concernées, pour l'essentiel sur l'emprise du boulevard. Au nord de la percée se trouvaient leurs jardins ; séparés des bâtiments ou même désormais sans constructions, ces derniers devinrent dès lors à affecter. L'esprit de la percée haussmannienne ne souffrant aucune rupture dans l'alignement des immeubles bordant les boulevards[15], les terrains furent lotis puis vendus pour être bâtis.

L'ampleur de la parcelle du 27, rue Notre-Dame-des-Champs, la configuration de la rue Duguay-Trouin et le besoin de logements à Paris incitèrent à ouvrir une voie selon un axe sud-ouest/nord-est.

La création de la rue Huysmans

La crĂ©ation d'une voie partant de la rue Duguay-Trouin dans le cadre des travaux du boulevard Raspail est Ă©voquĂ©e dès le mois de [16]. Le « raccordement de la rue du Montparnasse et de la rue Duguay-Trouin Â» est rĂ©solu en Conseil municipal le [17]. Une enquĂŞte est alors ouverte Ă  la mairie du 6e arrondissement pour Ă©valuer l'intĂ©rĂŞt du projet. « ConsidĂ©rant que l'ouverture de cette voie nouvelle rendra des services apprĂ©ciables Ă  la circulation gĂ©nĂ©rale et que l'utilitĂ©, Ă  cet Ă©gard, justifie amplement la dĂ©pense […] prĂ©vue pour cette opĂ©ration[18] Â», le Conseil municipal du autorise le PrĂ©fet de la Seine Ă  provoquer un dĂ©cret dĂ©clarant d'utilitĂ© publique l'ouverture de la rue projetĂ©e, permettant Ă  la rue Duguay-Trouin de retrouver une utilitĂ© dans le rĂ©seau viaire : depuis un siècle, elle naissait et aboutissait Ă  la mĂŞme rue d'Assas. Dans le cadre d'un grand emprunt municipal de 900 millions de francs visant Ă  mener des opĂ©rations d'urbanisme dans toute la ville, un million est affectĂ© Ă  la crĂ©ation de cette voie nouvelle et Ă  l'Ă©largissement de la rue Madame, parmi lesquels seuls 181 000 francs servent Ă  l'ouverture de la future rue Huysmans[18], dont 52 000 francs sont consacrĂ©s Ă  la viabilisation[19].

C'est ainsi qu'en 1912, à la faveur des travaux du boulevard Raspail, une voie, d'abord privée et presque aussitôt publique, est ouverte sur une parcelle tout en longueur qui reliait à l'origine la rue Notre-Dame-des-Champs au coude que forme la rue Duguay-Trouin, en vue de la border d'immeubles d'habitation.

« Considérant que le romancier Huysmans a honoré grandement les Lettres », le conseiller municipal de Paris Pierre Quentin-Bauchart[20] formule en 1907, au nom de ses collègues Fortuné d'Andigné et Adrien Mithouard, la proposition d'attribuer le nom de Joris-Karl Huysmans à une rue de Paris, sans qu'il soit décidé laquelle[21]. Henri Galli reprend la proposition en 1912 et, avec l'accord des propriétaires qui venaient d'acquérir les terrains à bâtir[22], il est attribué à la rue le nom de l'écrivain qui naquit, vécut et mourut — cinq ans avant l'ouverture de la rue — à diverses adresses du 6e arrondissement (il est né 9, rue Suger[23], a vécu 11, rue de Sèvres[24] et est mort 31, rue Saint-Placide[25]).

La construction des immeubles d'habitation s'est faite aussitĂ´t, ce qui donne une homogĂ©nĂ©itĂ© urbanistique et architecturale Ă  l'alignement. La rue est de ce fait signalĂ©e au PLU pour son intĂ©rĂŞt patrimonial et paysager en tant qu'« ensemble architectural cohĂ©rent d'immeubles d'habitation du tournant du XXe siècle[26] ».

La rue est viabilisĂ©e (eau, gaz, Ă©lectricitĂ©, Ă©gouts, pavage) en 1913[27]. Les premiers immeubles sont achevĂ©s la mĂŞme annĂ©e. Le numĂ©rotage dĂ©finitif des immeubles de la rue est dĂ©crĂ©tĂ© en 1915[28]. Les travaux de ceux qui ne l'Ă©taient pas en 1914 ont Ă©tĂ© suspendus jusqu'Ă  l'armistice de 1918. PavĂ©s de bois avant la Première Guerre mondiale, les 1 100 m2 de chaussĂ©e de la rue ont Ă©tĂ© asphaltĂ©s en 1921[29].

La rue Huysmans est parcourue par la ligne de bus 82 depuis sa création en 1951.

Le stationnement bilatéral est abandonné en 2021 au profit d'un double-sens cyclable, simultanément avec la partie est-ouest de la rue Duguay-Trouin.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

La rue Huysmans vue depuis la tour Montparnasse, qui est exactement dans son axe.
No 1.
No 2.

La rue est bordĂ©e de onze immeubles : six du cĂ´tĂ© pair et cinq du cĂ´tĂ© impair. Leur gabarit est de 25 m[26] ; y compris les Ă©tages en retrait de la façade, ils ont tous une hauteur comprise entre 24 et 27 m[30]. Aucune destruction ni aucune construction n'Ă©tant intervenue depuis le lotissement de la rue, l'alignement originel de 1912[31] est respectĂ©. SoulignĂ©e par le PLU[26], la singularitĂ© de l'unitĂ© architecturale est Ă©galement relevĂ©e par l'historien de l'architecture François Loyer, qui note que l'immeuble posthaussmannien est « organisĂ© en ensembles, il dĂ©termine un espace original, très prĂ©gnant visuellement Â», et qui illustre son propos entre autres photos par celle de la rue Huysmans[32]. Fait singulier, aucune porte de service ne donne sur la rue Huysmans cĂ´tĂ© pair alors que la plupart des immeubles du cĂ´tĂ© impair permettent un accès sĂ©parĂ© aux voies de circulation prĂ©vues Ă  l'origine pour la domesticitĂ©. Tous sont nĂ©anmoins pourvus d'un escalier de service menant aux chambres de bonne, dont l'usage est encore gĂ©nĂ©ralisĂ© dans la bourgeoisie parisienne du dĂ©but du XXe siècle.

  • No 1 : l'immeuble Ă  ce numĂ©ro a Ă©tĂ© Ă©difiĂ© dans un style Art nouveau posthaussmannien entre 1913 et 1919 par l'architecte Raoul Brandon. Il fut laurĂ©at du Concours de façades de la ville de Paris en 1922-1923 pour sa façade sur rue[33]. Il fait l'objet d'une protection patrimoniale au PLU pour les Ă©lĂ©ments suivants : « façade en pierre de taille, bow-windows, balcons arrondis, loggia de l'attique en anse de panier, riche dĂ©cor floral et animalier des trumeaux et des linteaux de fenĂŞtres, deux mĂ©daillons symĂ©triques illustrant la maternitĂ©, ferronnerie[26] ». Les loggias Ă  arcades mises au point par Charles Plumet dès 1897 sont archĂ©typales de l'architecture Art nouveau parisienne[34]. Les sculptures sur la façade sont l'Ĺ“uvre d'Antoine Sartorio. Immeuble de rapport Ă  sa construction, il a Ă©tĂ© commandĂ© par Jeanne-Louise Rolland d'Estape en 1913. Lorsque, en 1923, Raoul Brandon Ă©pouse la commanditaire[35], il rĂ©alise un dessin de l'immeuble qui illustra leur faire-part de mariage[36]. Le couple y Ă©lut domicile[37]. Le rez-de-chaussĂ©e abrite aujourd'hui le siège et la bibliothèque de l'École de la cause freudienne[38].
  • No 2 : cet immeuble a Ă©tĂ© construit simultanĂ©ment par le mĂŞme Raoul Brandon, sur la commande de M. Beaudoire[39], en brique et pierre. Il est Ă©galement protĂ©gĂ© au PLU, notamment pour la loggia Ă  arcades du 5e Ă©tage et l'ornementation florale de la façade[26]. Il est remarquable par sa loggia d'angle (avec la rue Duguay-Trouin), au cinquième Ă©tage. Après avoir Ă©tĂ© la propriĂ©tĂ© du Quai d'Orsay et avoir logĂ© des diplomates français, l'immeuble a Ă©tĂ© en partie vendu Ă  la dĂ©coupe par France Domaine au dĂ©but des annĂ©es 2010[40].
  • No 3 : immeuble construit par l'architecte LĂ©on Perrain, qui en Ă©tait aussi le premier propriĂ©taire, et qui y Ă©tablit son domicile dès la livraison[28]. La construction Ă©tait prĂ©vue en pierre de taille ; le rez-de-chaussĂ©e et le premier Ă©tage Ă©taient ainsi Ă©levĂ©s lorsque la Première Guerre mondiale Ă©clata. Le bâtiment a Ă©tĂ© achevĂ© après la guerre, non plus en pierre mais en brique. Une idĂ©e du projet dessinĂ© pour le 3, rue Huysmans est donnĂ©e par le 101, rue du Cherche-Midi, que l'architecte parvint Ă  terminer au dĂ©but de l'annĂ©e 1914 avec le mĂŞme constructeur J. Marguinaud[41].
  • No 4 : la demande de permis de construire de l'immeuble a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e par le propriĂ©taire en 1913[42] ; l'architecte en est Louis Marnez, qui avait dessinĂ© dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes plusieurs immeubles en pierre de taille de la rue du Montparnasse dont la rue Huysmans est le prolongement lĂ©gèrement dĂ©saxĂ© au-delĂ  de la rue Notre-Dame-des-Champs et du nouveau boulevard Raspail. Il fut prolifique Ă  Neuilly-sur-Seine et sur la rive gauche de Paris de la fin du XIXe siècle aux annĂ©es 1930, en particulier dans le quartier du Montparnasse[43].
  • No 5 : immeuble Ă  six travĂ©es, dont deux pourvues d'oriels. Ce bâtiment dispose de quatre portes d'accès sur la rue : l'entrĂ©e principale, celle de service et deux accès indĂ©pendants. La façade n'est pas signĂ©e. RaphaĂ«l Antonetti, gouverneur gĂ©nĂ©ral de l'Afrique-Équatoriale française, y vĂ©cut et y mourut[44].
  • Nos 6 et 8 : ces deux immeubles sont l'Ĺ“uvre de l'architecte français Henri Preslier (1878-1934)[45]. Le no 6 a Ă©tĂ© Ă©levĂ© en 1913 dans le style Art nouveau finissant, comme les deux immeubles de Raoul Brandon formant les angles avec la rue Duguay-Trouin. L'ornementation est faite de grappes de raisin et de feuilles de vigne, tant sur les chapiteaux des pilastres encadrant la porte d'entrĂ©e que sur les consoles des fenĂŞtres et balcons de tous les Ă©tages. Les deux travĂ©es d'oriels sont coiffĂ©es de frontons imitant les pignons ornementaux de l'architecture traditionnelle d'Europe du Nord. Quoique de plans visiblement diffĂ©rents, les façades Ă  vagues verticales formĂ©es par les oriels des nos 6 et 8 sont d'une parentĂ© très nette.
Au numéro 8 vécurent Victor et Hélène Basch de 1913 à leur fuite en zone libre en 1940. Leur appartement fut pillé dès le début de l'Occupation. Victor Basch fut cofondateur et président de la Ligue des droits de l'homme comme le rappelle une plaque apposée au bas de l'immeuble. Habitèrent également à cette adresse le médiéviste et académicien Bernard Guenée[46] et le médecin et écologue François Bourlière[47].
  • Nos 7 et 9 : ces deux immeubles, comme le bâtiment numĂ©rotĂ© 12 sur la rue Huysmans et 107 sur le boulevard Raspail, ont pour architecte le Suisse Julien Flegenheimer. ComparĂ© aux deux autres, qui sont d'angle et sur le boulevard, le no 7 est de dimensions plus modestes : il a cinq travĂ©es Ă©troites et 25 m de hauteur[48]. Un bossage droit couvre le rez-de-chaussĂ©e et le premier Ă©tage. Il est datĂ© de 1917. Le peintre belge Edmond de Grimberghe[49], le sculpteur russe Alexandre Wolkowyski[50] et le neuropsychiatre Joseph LĂ©vy-Valensi[51] vĂ©curent Ă  cette adresse. Le , l'immeuble fut le théâtre du meurtre d'une bonne travaillant dans un appartement[52].
  • Nos 9, rue Huysmans et 107, boulevard Raspail : ces deux immeubles jumeaux, dont les entrĂ©es principales sont sur des voies diffĂ©rentes, se font face aux angles entre la rue Huysmans et le boulevard Raspail. Ils ont Ă©tĂ© construits respectivement en 1914 et 1913 dans un style post-haussmannien par l'architecte suisse Julien Flegenheimer.
De 2000 à 2012, le rez-de-chaussée du no 9 abritait Kissman Productions, la société de production de Jamel Debbouze[53]. Elle a déménagé à la Cité du cinéma à Saint-Denis lorsqu'elle a ouvert.
  • Plaque au no 8.
    Plaque au no 8.
  • Plaque au no 10.
    Plaque au no 10.

Notes et références

  1. Plan de la ligne 82, www.ratp.fr.
  2. Le projet est visible notamment sur le plan de Lattré de 1785 et le plan d'Esnault et Rapilly de 1789.
  3. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, 8e Ă©dition, 1985, p.82.
  4. Nexus, Plan des catacombes de Paris 2011, version 5. Voir également la planche 10 de l'atlas souterrain de la Ville de Paris exécuté en 1859 par l'Inspecteur général des carrières Eugène de Fourcy sur ordre du préfet Georges Eugène Haussmann.
  5. Irène Delage et Chantal Prévot, Atlas de Paris au temps de Napoléon, Parigramme, 2014, 223 p. (ISBN 9782840967637).
  6. Cf. Fourcy, ibid. Note : les f. reportés sur le plan correspondent à des fontis, c'est-à-dire à des effondrements du ciel de carrière qui menacent la stabilité du sol et finissent généralement par venir au jour et engloutir les éventuelles constructions qui s'y trouvent.
  7. Projet de communication du Luxembourg au Nouveau Boulevard, chez Le Rouge, 1768.
  8. Voir le Plan routier de la ville et fauxbourgs de Paris : divisé en douze mairies, publié chez Jean en 1809.
  9. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 2 mars 1905, p. 844.
  10. Petit séminaire de Notre-Dame-des-Champs, page de l'institution en tant qu'éditeur sur le site data.bnf.fr.
  11. Les bâtiments des nos 19 à 25 subsistent aujourd'hui, amputés de leur partie nord au niveau du boulevard et du terrain qui en dépendait.
  12. La comparaison des parcellaires est claire Ă  cet Ă©gard.
  13. Lucien Lambeau, « La maison de Victor Hugo rue Notre-Dame-des-Champs Â», Procès-verbal de la Commission municipale du Vieux Paris sur Gallica, 15 dĂ©cembre 1904, p. 310-318.
  14. Les héritiers Goupy ont été expropriés de la totalité de la parcelle sise 27, rue Notre-Dame-des-Champs et 9-11, rue Duguay-Trouin en avril 1904, Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 16 avril 1904, p. 1623.
  15. Voir notamment le règlement du 27 juillet 1859, cf. l'article « Règlements d'urbanisme de Paris Â».
  16. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 16 janvier 1904, p. 348.
  17. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 20 avril 1910, p. 1644.
  18. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 17 janvier 1912, p. 479.
  19. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 12 janvier 1912, p. 355.
  20. Pierre Quentin-Bauchart (1881-1916), historien et conseiller municipal de Paris, tué au champ d'honneur, fils de Quentin Bauchart, est l'objet de l'hommage de la rue Quentin-Bauchart à Paris.
  21. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 11 juillet 1907, p. 2960.
  22. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 5 avril 1912, p. 1897.
  23. Maisons d'écrivains : Joris-Karl Huysmans. Rue Suger, no 9. Façade de sa maison natale, Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
  24. Maisons d'écrivains : Joris-Karl Huysmans. Rue de Sèvres, no 11 (1872 à 1898). Cour intérieure, Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
  25. Maisons d'écrivains : Joris-Karl Huysmans. Rue Saint-Placide, no 31, maison où il mourut. Partie de la façade avec plaque commémorative, Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
  26. Protections patrimoniales du 6e arrondissement, annexe VI au Plan local d'urbanisme.
  27. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 4 novembre 1913, p. 468.
  28. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 20 décembre 1915, p. 2703.
  29. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 6 janvier 1921, p. 122-123.
  30. « Les immeubles de la rue Huysmans », pss-archi.eu.
  31. « Rue Huysmans », Nomenclature officielle de la voirie de la Ville de Paris, www.v2asp.paris.fr.
  32. François Loyer, Paris XIXe siècle. L’immeuble et la rue, Paris, Hazan, 1987, p. 418-419.
  33. Revue L'Architecture, vol. XXXVII, no 18, 1924, p. 245.
  34. Charles Bilas, Architectures Art nouveau : Paris et environs, Parigramme, 2021, p.35.
  35. Jean-Marie Mayeur (dir.), Les Parlementaires de la Seine sous la Troisième République, Publications de la Sorbonne, 1981, t. 1, p. 104.
  36. « Raoul Brandon. Immeuble de rapport, Paris 6e Â» sur le site du musĂ©e d'Orsay, qui conserve les dessins et photos de l'immeuble faits par Raoul Brandon.
  37. C'est encore l'adresse que déclare Raoul Brandon en 1928, y compris pour son activité professionnelle. Cf. le Bulletin municipal de la ville de Paris du 1er juillet 1928, p. 2687. Les époux y vécurent de leur mariage en 1923 à leur divorce en 1931, dans l'appartement du deuxième étage, qui était encore le plus noble malgré l'ascenseur, eu égard à la hauteur sous plafond et au programme de décoration intérieure.
  38. Site officiel, École de la cause freudienne (consulté le 18 septembre 2017).
  39. Monsieur Beaudoire sur Archiwebture, archiwebture.citechaillot.fr.
  40. David Bensoussan, « L'État ose faire le ménage dans ses logements de fonction », challenges.fr, 6 février 2014.
  41. L'architecte est l'auteur d'un troisième immeuble d'habitation dans l'arrondissement : le 101, boulevard du Montparnasse. Cf. la fiche de l'immeuble sur la Base Mistral du ministère de la Culture.
  42. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 21 septembre 1913, p. 4126.
  43. Il est notamment l'architecte des 112 et 139, boulevard Raspail, des 101 et 166, avenue du Maine (vis-à-vis duquel se trouve un immeuble dû à Raoul Brandon, qui a également travaillé rue Huysmans, cf. supra), du 54, boulevard Saint-Jacques, du siège des Éditions Larousse au 15, rue du Montparnasse, ainsi que des 59 et 65-67, rue du Montparnasse, du 68, avenue des Gobelins, du 17, rue de la Procession, du 137, rue de Vaugirard, du 14, rue de Chartres à Neuilly, etc. Il a restructuré la crèche Jules-Guesde au 14, rue Jules-Guesde en 1921 et 1922. Il est également célèbre pour avoir dirigé la décoration intérieure du restaurant Maxim's, rue Royale.
  44. « Nouvelles brèves, en France », L'Homme libre, 8 avril 1938, p. 3.
  45. Outre des deux immeubles de la rue Huysmans, Henri Preslier a été l'architecte, entre autres, des 67, rue de Tocqueville, 27-29, rue Raffet, 84, rue Jean-de-La-Fontaine, 8 bis, rue de la Terrasse, 6, avenue Boudon à Paris, ainsi que le 4, rue de la République aux Lilas.
  46. « État de la Section au 1er juillet 1982 »École pratique des hautes études. 4e section, sciences historiques et philologiques, livret 1 : « Rapports sur les conférences des années 1978-1979, 1979-1980, 1980-1981, 1982 », p. 15.
  47. Bulletin du 28 mai 1941. In: Bulletin de la Société entomologique de France, volume 46 (5), mai 1941. p. 57
  48. Fiche du 7, rue Huysmans, www.pss-archi.eu.
  49. Baron de Tully, Annuaire des grands cercles. Cercle de l'Union, Jockey-Club, Cercle agricole, Cercle de la rue Royale, Cercle des chemins de fer, Cercle de l'Union artistique, Sporting-Club, 1920, p. 104.
  50. Journal officiel de la République française, 12 octobre 1942, p. 3451. Le patronyme est ici orthographié « Wolkowyssky ».
  51. Liste des docteurs en médecine, officiers de santé, sages-femmes, chirurgiens-dentistes et pharmaciens : exerçant dans le ressort de la Préfecture de police de Paris, 1918, p. 45. Le patronyme est ici orthographié « Lévy-Valency ».
  52. L'Ouest-Éclair, 21 avril 1940, p. 3.
  53. Kissmann Productions, www.verif.com.
  54. « Liste des membres de la SociĂ©tĂ© d'histoire ecclĂ©siastique de la France Â», Revue d'histoire de l'Église de France, t. 32, no 120, 1946, p. 25.
  55. Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris sur Gallica, 10 juillet 1967, p. 196.
  56. Armand La Fare, Annuaire des châteaux et des départements sur Gallica, 1920, p. 539.
  57. « Auguste-Toussaint Le Grain (1860-1935) », Les Annales des Mines, www.annales.org.
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