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Royaume du prĂȘtre Jean

Le royaume du prĂȘtre Jean Ă©tait un État chrĂ©tien nestorien situĂ© en Orient, attestĂ© par plusieurs voyageurs europĂ©ens des XIIe et XIIIe siĂšcles (dont Hugues de Gabala, Guillaume de Rubrouck et Marco Polo).

ReprĂ©sentation du prĂȘtre Jean sur un dessin datant de 1800.

NĂ©anmoins, les recherches ultĂ©rieures des EuropĂ©ens pour le situer prĂ©cisĂ©ment (Inde, Empire mongol, Asie centrale, Afrique de l'Est) s'avĂ©reront toutes infructueuses et vont progressivement transformer le royaume en contrĂ©e mythique. Au XIVe siĂšcle, certains situaient ce royaume en Éthiopie.

La naissance de la rumeur

Otton de Freising

La premiĂšre mention du prĂȘtre Jean apparaĂźt au milieu du XIIe siĂšcle dans la Chronique de l'Ă©vĂȘque allemand Otton de Freising. Il y est fait mention d'un Ă©vĂȘque syrien nommĂ© Hugues de Gabala, arrivĂ© en Occident pour y annoncer la chute de la ville d'Édesse, tombĂ©e aux mains des musulmans. Il s'agit du premier revers sĂ©rieux des CroisĂ©s en Terre Sainte. Hugues raconte Ă©galement que :

« 
 un certain prĂȘtre Jean habitant en ExtrĂȘme-Orient, au-delĂ  de la Perse et de l'ArmĂ©nie, roi et prĂȘtre, chrĂ©tien mais nestorien, aurait fait la guerre aux rois perses et mĂšdes appelĂ©s Sarmiades et les aurait chassĂ©s de leur capitale, Ecbatane. »

— Marie-Paule Caire-Jabinet, Le Royaume du prĂȘtre Jean, p. 37.

Lettres reçues par des souverains

Vers 1165, commence Ă  circuler dans l'entourage des rois chrĂ©tiens, une lettre en latin adressĂ©e Ă  l'empereur Manuel Ier ComnĂšne de Byzance. RĂ©digĂ©e par un certain « prĂȘtre Jean », elle dĂ©crit l'existence d'un royaume chrĂ©tien tout Ă  l'est :

« Au-delĂ  de la Perse et de l'ArmĂ©nie, s'Ă©tend un merveilleux royaume dirigĂ© par le prĂȘtre Jean. Cette terre est traversĂ©e par un fleuve provenant du Paradis, charriant Ă©meraudes, saphirs et rubis. Toutes les valeurs chrĂ©tiennes sont respectĂ©es Ă  la lettre. Le vol, la cupiditĂ©, le mensonge sont inconnus. Il n'y a pas de pauvres. Surtout pas le prĂȘtre Jean, dont le palais sans fenĂȘtres est Ă©clairĂ© de l'intĂ©rieur par toutes les pierres prĂ©cieuses dont il est paré  »

PrĂȘtre Jean, illustration de La Chronique de Nuremberg par Hartmann Schedel 1493 (manuscrit original en collection privĂ©e)

À l'Ă©poque des croisades, le mythe du prĂȘtre Jean prend de l'ampleur. Il pourrait devenir un soutien potentiel de l'Europe contre les musulmans. Au cours des derniĂšres croisades, des Ă©crivains considĂšrent son existence comme certaine.

Une lettre reçue par Saint Louis en 1248 (d'aprĂšs les Grandes Chroniques de France conservĂ©es en l'Ă©glise Saint Denis) mentionne que le PrĂȘtre Jean aurait eu une fille :

Si ont une ancienne coustume que quant le grant roy Cham est mort, les princes et les chevetains ont povoir d'establir nouvel roy; mais il convient qu'il soit fils ou nepveu de celluy qui devant est roy, et qui derreniÚrement est mort, ou qu'il luy appartiengne de bien prÚs. Et si disoient les messages que le roy qui les avoit envoiés, estoit issu de femme crestienne, et avoit esté fille de prestre Jehan, le roy d'Ynde; et par l'amonnestement de celle bonne dame et d'un évesque qui estoit nommé Thalassias, le roy des Tartarins et dix-huit autres princes avoient receu baptesme; et sont encore entr'eux mains haus princes et mains autres qui ne se veullent crestienner. «Et sachiez que le prince Eschartay par qui nous sommes ça venus est religieux de long temps, et n'est point du royal ligniée né, mais haut homme et puissant, et est en la contrée de Perse.»[1]

Guillaume de Rubrouck

Guillaume de Rubrouck, dont le voyage en Asie date de 1253-1254, rapporte (on peut lire en ligne Deux voyages en Asie dans l'Ă©dition de 1888, pp. 59-61) :

« Du temps que les Français prirent Antioche (1097), il y avait pour monarque, en ces parties septentrionales (Rubrouck vient de traverser la Volga), un prince nommĂ© Ken-Khan. [
] Au-dedans de certaines montagnes par oĂč j'ai passĂ© Ă©tait un seigneur d'un peuple nommĂ© Nayman, tous chrĂ©tiens nestoriens. Ce Ken-Khan Ă©tant mort, ce prĂȘtre nestorien s'Ă©leva et se fit roi. Tous les nestoriens l'appelaient le PrĂȘtre-Jean, et disaient de lui des choses merveilleuses, mais beaucoup plus qu'il n'y avait en effet. [
] Le roi PrĂȘtre-Jean Ă©tant mort sans enfants, son frĂšre Vut lui succĂ©da et se fit appeler khan. [
] Gengis le vainquit en bataille. Gengis prit une des filles de Vut qu'il donna pour femme Ă  un de ses fils, qui devint ainsi pĂšre du grand khan Mangu, qui rĂšgne aujourd'hui. »

450 ans aprÚs la destruction de l'empire tangoute, certaines cartes d'origine européenne (comme celle-ci de 1682) mentionnent toujours l'existence d'un "Royaume de Tenduc ou Tangut" à la frontiÚre nord-ouest de la Chine.

Marco Polo

Marco Polo, dans ses souvenirs, dictĂ©s entre 1296 et 1299 Ă  un certain Rusta de Pise alors qu'il Ă©tait incarcĂ©rĂ© Ă  GĂȘnes, mentionne l'existence de communautĂ©s nestoriennes en de multiples rĂ©gions de Chine. Il y Ă©voque Ă  plusieurs reprises un roi chrĂ©tien et son royaume, le prĂȘtre Jean. Dans le passage oĂč il dĂ©crit la ville de Suquian (ou Singuy, dans le Jiangsu), il explique qu'Ă  trois jours de lĂ  se trouve le fleuve Jaune, qui vient dudit royaume.

Dans celui oĂč il Ă©voque la ville de Chiehsien (dans le Shaanxi[2]), il parle de la personne qui la fit faire, un certain roi Dot[3]. Ce monarque Ă©tait Ă  une Ă©poque en guerre avec le prĂȘtre Jean, qui ne pouvait pas l'atteindre dans sa forteresse imprenable. Dix-sept jeunes gens de la cour du prĂȘtre conçurent alors un plan. Ils se prĂ©sentĂšrent au roi pour entrer Ă  son service et gagner sa confiance. Deux ans plus tard, ils profitĂšrent d'une partie de chasse pour l'enlever et l'amener au prĂȘtre. Ce dernier força son prisonnier Ă  garder les bĂȘtes pour l'humilier pendant deux ans. PassĂ© ce dĂ©lai, le prĂȘtre Jean fit paraĂźtre le roi Dot devant lui, le vĂȘtit de superbes vĂȘtements, lui donna des chevaux et lui demanda de ne plus lui tenir tĂȘte, avant de lui rendre la libertĂ©. Depuis, le roi est le vassal du prĂȘtre.

Toujours dans son ouvrage, le voyageur Ă©voque Caracorum, premiĂšre capitale de l'Empire mongol et en profite pour raconter l'histoire du prĂȘtre Jean. Il Ă©voque l'Ă©poque oĂč les Tartares, qui demeuraient prĂšs des Djurtchets, payaient un tribut (le dixiĂšme de leurs biens) Ă  un grand seigneur. Celui-ci se nommait dans leur langue Ong Khan (Toghril), dont le nom signifie "prĂȘtre Jean" et dont tout le monde vante le grand pouvoir. Cependant, ces Tartares devinrent de plus en plus nombreux et le prĂȘtre eut peur qu'ils ne lui fissent tort. Il leur envoya alors un de ses gĂ©nĂ©raux pour les disperser dans plusieurs contrĂ©es. Apprenant cela, ils en furent trĂšs affligĂ©s et partirent tous par un dĂ©sert vers le nord. Ainsi, se rebellant, ils ne lui payĂšrent plus tribut. En 1187, ils se firent un nouveau roi, Genghis Khan, homme trĂšs valeureux, courageux et intelligent. Ils le tinrent pour leur seigneur et, avec son armĂ©e, il multiplia les conquĂȘtes. En 1200, il envoya des Ă©missaires au prĂȘtre, lui rĂ©clamant sa fille pour Ă©pouse. DĂ©daigneux d'entendre cette requĂȘte de la part de celui qu'il tenait pour son vassal, ce dernier les renvoya. Entendant la rĂ©ponse, Genghis Khan Ă©clata de colĂšre et mena sa grande armĂ©e dans la plaine de Tenduc[4] (en Mongolie-IntĂ©rieure), qui appartenait au prĂȘtre Jean, zone idĂ©ale pour livrer bataille. Les deux armĂ©es se rencontrĂšrent pour se livrer un combat, Ă  l'issue duquel le prĂȘtre mourut et le khan sortit vainqueur, prenant alors les terres du vaincu.

Le VĂ©nitien raconte que depuis la victoire de Genghis Khan sur le prĂȘtre Jean, tous les descendants de ce dernier sont les vassaux du Grand Khan. De plus, tous les rois de la parentĂ© du prĂȘtre Ă©pousent toujours des filles de la famille du Khan. C'est ainsi le cas du roi du Tenduc, Georges, petit-fils et sixiĂšme successeur du prĂȘtre. Marco Polo dĂ©crit ce territoire comme situĂ©e Ă  l'est du royaume d'Egrigaia (aujourd’hui RĂ©gion autonome du NĂ­ngxiĂ [2]). Il regorge de lapis-lazuli. Les habitants, vivant essentiellement de l'agriculture, fabriquent des camelots en poils de chameaux trĂšs fins et de toutes les couleurs. Bien que le pouvoir y soit au mains de chrĂ©tiens, y vivent aussi des « idolĂątres » et des musulmans. Parmi ces chrĂ©tiens, il y a une « race de gens » qui sont appelĂ©s "Argon" (que le voyageur compare aux Gasmules) et qui sont marchands[5]. C'est dans la citĂ© de Tenduc que le prĂȘtre Jean demeurait quand il gouvernait les Tartares, qui y vivent encore. Marco Polo explique que c'est ce lieu que les EuropĂ©ens appellent Gog et Magog (deux noms propres citĂ©s dans la Bible et le Coran, dĂ©signant soit des lieux, soit des peuples, soit des personnes). Il assimile ces noms aux ƒng et aux Mongols, les deux « races » de ce pays avant que les Tartares ne s'en allassent, les premiers Ă©tant les gens du pays et les seconds les Tartares[6].

Le voyageur raconte qu'en 1266, QaĂŻdu et son cousin Jesudar attaquĂšrent deux gĂ©nĂ©raux du Kubilai Khan et en ressortirent victorieux[7]. Deux annĂ©es passĂšrent avant que le premier ne parte pour Caracorum oĂč se trouvaient Nomoukan (quatriĂšme fils de Kubilai), ainsi que Georges (le nouveau prĂȘtre Jean)[8]. S'ensuivit alors une terrible bataille. Mais un jour, QaĂŻdu appris que Nomoukan allait recevoir une grande armĂ©e en renfort envoyĂ©e par son pĂšre, il renonça Ă  s'attarder et s'enfuit avec ses hommes. Leurs adversaires renoncĂšrent Ă  les poursuivre, Ă©tant eux-mĂȘmes trĂšs fatiguĂ©s, se reposant sans regret. QaĂŻdu et les siens finnirent par retourner chez eux au Turkestan, Ă  Samarcande et restĂšrent lĂ  longtemps en paix sans faire la moindre guerre.

Marco Polo situe la capitale du prĂȘtre (sans doute en raison d'une confusion linguistique le conduisant Ă  assimiler la lĂ©gende Ă  un potentat local[9]) en une ville qu'il appelle Ciorcia (qui serait en chinois Iou-Tchi, Mongolie-extĂ©rieure[10]).

Jean de Joinville

Jean de Joinville est convaincu que le royaume du prĂȘtre Jean a existĂ©, mais qu'il a Ă©tĂ© vaincu rĂ©cemment par les peuples tatares (mongols) environnants.

Jean de Mandeville

Le prĂȘtre Jean et son royaume sont longuement Ă©voquĂ©s par Jean de Mandeville dans son ouvrage gĂ©ographique Livre des merveilles du monde, Ă©crit entre 1355 et 1357. Pour en parler, l'auteur s'est essentiellement basĂ© sur des textes dĂ©jĂ  existants, tels que les Ă©crits de Otton de Freising et d'Odoric de Pordenone, ainsi que la lettre Ă  l'empereur Manuel Ier ComnĂšne Ă©voquĂ©e plus haut. Toutefois, Mandeville ajoute des informations inĂ©dites, tel que l'origine du prĂ©nom du prĂȘtre, anecdote qu'il a peut-ĂȘtre connue en Égypte. Il explique qu'autrefois, un empereur trĂšs vaillant avait pour compagnon des chevaliers chrĂ©tiens. Ce souverain voulut voir comment se passent les offices chrĂ©tiens. Il entra donc avec un de ces chevaliers dans une Ă©glise Ă©gyptienne, le jour samedi aprĂšs la PentecĂŽte, alors que l'Ă©vĂȘque faisait les ordinations. L'empereur interrogea alors son compagnon sur ce qu'il voyait, en particulier les prĂȘtres. Alors, il ne voulĂ»t plus ĂȘtre empereur mais prĂȘtre. Il demanda Ă  prendre le nom du premier qui sortirait de l'Ă©glise : l'homme en question s'appelant Jean, l'empereur se fit appeler PrĂȘtre Jean[11].

Les conquĂȘtes ottomanes

Par la suite, les conquĂȘtes ottomanes, notamment la chute de Constantinople en 1453, ravivĂšrent en Europe un instinct de dĂ©fense. La perspective d'une terre chrĂ©tienne au-delĂ  des terres musulmanes permettait d'envisager de prendre les infidĂšles en tenaille. La recherche de ce royaume poussa les EuropĂ©ens Ă  s'avancer vers les Indes, persuadĂ©s d'y trouver un soutien chrĂ©tien[12].

L’Éthiopie chrĂ©tienne du negus

Carte de l'Éthiopie, Royaume du prĂȘtre Jean (vers 1570)
Preste Juan de las Indias, carte espagnole de l'Afrique de L'Est, XVIe siĂšcle.

En 1323, dans le chapitre VI de ses Mirabilia, Jourdain de SĂ©verac, identifie le prĂȘtre Jean au NĂ©gus, empereur de la lointaine Éthiopie et souverain des monophysites. Il situe son royaume dans ce qu'il appelle "India Tertia", qu'il n'a jamais visitĂ©, mais dont il rapporte des tĂ©moignages qu'il juge dignes de confiance. D'aprĂšs lui, on y trouve beaucoup de dragons portant sur la tĂȘte des escarboucles. Ces brillantes pierres sont souvent associĂ©es dans les lĂ©gendes europĂ©ennes aux vouivres, crĂ©atures semblables aux dragons. Toujours selon l'ouvrage, quand les dragons meurent, les habitants de la rĂ©gion rĂ©cupĂšrent ces pierres, qu'ils offrent Ă  l'empereur des Éthiopiens, « que vous appelez Prestre Johan ». Cette rĂ©gion est aussi habitĂ©e par des oiseaux gĂ©ants, les Rokhs, notamment mentionnĂ©s dans la littĂ©rature arabe. On y trouve aussi des licornes et des chats produisant un parfum (possiblement la civette indienne, rĂ©putĂ©e pour son musc (en)). L'auteur dit qu'entre cette Inde et l'Éthiopie se trouve le Paradis terrestre, car c'est de ces rĂ©gions que descendent ses quatre fleuves[13].

Les Portugais, en particulier, n'auront de cesse de chercher ce royaume, et leurs missions atteindront finalement l’Éthiopie chrĂ©tienne du NĂ©gus. Vers la fin du XVe siĂšcle, des missions portugaises arrivent dans ce pays. Parmi les membres de ces expĂ©ditions se trouve notamment PĂȘro da CovilhĂŁ qui arrive en Éthiopie en 1490 et prĂ©sente au Negusse Negest chrĂ©tien une lettre du roi du Portugal, adressĂ©e au prĂȘtre Jean[14].

Auparavant, les EuropĂ©ens avaient Ă©galement cru reconnaĂźtre le mythique royaume du prĂȘtre Jean dans l'Empire mongol dirigĂ© par un petit-fils de Gengis Khan dont l'Ă©pouse, Börte, Ă©tait une fervente chrĂ©tienne qui se rendait Ă  la messe tous les jours.

Il existait d'autres communautĂ©s chrĂ©tiennes sans lien avec l’Occident, dont :

Le prĂȘtre Jean dans la culture et les arts

Littérature

Bande dessinée

Télévision

  • Dans la sĂ©rie Marco Polo produite par Netflix, des allusions au prĂȘtre Jean sont faites dans la saison 2 (2016).

Notes et références

  1. Grandes Chroniques de France, lire en ligne
  2. Marco Polo (trad. Pierre-Yves Badel), La description du monde, Le livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », 1998
  3. D'autres versions de récit de Marco Polo (comme celle-ci) parlent d'un roi d'or, ce qui désigne la dynastie Jin (dont le nom signifie « dynastie d'or »), renversée par les Mongols. Ce que le voyageur raconte sur ce roi est une pure légende édifiante. Marco Polo (trad. Pierre-Yves Badel), La description du monde, Le livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », 1998, p. 261.
  4. Le Tenduc, au nord-est du fleuve Jaune, Ă©tait habitĂ© par les ƒngut, de langue turque et de religion nestorienne. CensĂ©s dĂ©fendre la Chine du Nord, ils se ralliĂšrent Ă  Gengis. Il est possible que les sonoritĂ©s aient conduit Marco Polo Ă  faire d'eux le peuple du prĂȘtre Jean - Ong-Khan - et Ă  situer dans le Tenduc la bataille entre Gengis et le prĂȘtre, alors qu'elle eut lieu beaucoup plus au nord, en Mongolie mĂȘme. Marco Polo (trad. Pierre-Yves Badel), La description du monde, Le livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », 1998, p. 177.
  5. Marco Polo compare aux Gasmules, descendants d'unions entre Byzantins et « Latins », les argon, mot turc signifiant métis. Paul Pelliot, dans ses Notes sur Marco Polo, dit que la « race » décrite serait celle de musulmans, la tribu des Argun, originaires de la région de Samarcande et déportés en Orient. Le voyageur aurait appliqué à tort le sens du mot argon "métis" aux musulmans argun. Marco Polo (trad. Pierre-Yves Badel), La description du monde, Le livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », 1998, P. 177.
  6. La lettre apocryphe prĂ©sente Gog et Magog comme Ă©tant les instruments du PrĂȘtre. Les ressemblances phoniques entre Ong, ƒngut et Gog, entre Mongol et Magog, ont favorisĂ© une identification qui n'est pas propre Ă  Marco Polo, mais qu'il tient de la tradition arabe. Cette identification se trouve aussi chez Matthieu Paris dans sa Chronica maiora. Similairement, Ricoldo da Monte Croce fait venir Mogoli de Magagoli. Les atrocitĂ©s commises par les Tartares rĂ©veillĂšrent chez les Occidentaux les vieilles hantises du chĂątiment de Dieu, celle de la fin des temps et du Jugement. Plus bestiaux qu'humains, anthropophages, les Tartares Ă©taient censĂ©s sortir du Tartare, c'est-Ă -dire l'enfer. C'Ă©taient eux, les peuples impurs et rĂ©prouvĂ©s de Gog et Magog qu'Alexandre le Grand aurait enfermĂ©, selon des lĂ©gendes, derriĂšre la Porte de Fer. Ils avaient donc rĂ©ussi Ă  forcer la muraille Ă©difiĂ©e par ce conquĂ©rant. Ils Ă©taient loin d'ĂȘtre les sujets du PrĂȘtre Jean, puisque leur premier crime avait Ă©tĂ© d'Ă©liminer ce prince chrĂ©tien, dĂ©sormais identifiĂ© Ă  Ong Khan. Marco Polo (trad. Pierre-Yves Badel), La description du monde, Le livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », 1998, pp. 22 et 79. Ugo Monneret de Villard (it), Il libro delle peregrinazioni nelle parti d'Oriente..., p. 54.
  7. L'évÚnement décrit correspond sans doute à sa victoire en 1267-1268 sur le prince djaghataïde Barak. Marco Polo (trad. Pierre-Yves Badel), La description du monde, Le livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », 1998, p 471
  8. Nomoukan (ou Nomogan) fut en effet envoyĂ© contre QaĂŻdu en 1275, mais sans que le prince Georges (souverain des ÖngĂŒt) joua le moindre rĂŽle. Nomoukan, trahi, fut retenu captif par QaĂŻdu jusqu’en 1284. Ce dernier s'est avancĂ© en 1277 jusqu'Ă  Caracorum. EnvoyĂ© contre lui, Bayan (en) dĂ©fit sa coalition, sans dĂ©finitivement venir Ă  bout de lui, qui s'allia encore en 1287 au nestorien NaĂŻan. Marco Polo (trad. Pierre-Yves Badel), La description du monde, Le livre de Poche, coll. « Lettres gothiques », 1998, p 471
  9. Le Livre de Marco Polo ou le Devisement du monde, p. 144.
  10. Note de A.t'Serstevens in Le Livre de Marco Polo ou le devisement du monde, p. 144.
  11. Jean de Mandeville, Livre des merveilles du monde, ÊœLes Belles LettresÊœ, coll. « La Roue Ă  livres »,
    Traduit et commenté par Christiane Deluz
  12. Jean Amsler, La Renaissance (1415-1600), tome II de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 34
  13. Jourdain de SĂ©verac, Mirabilia Descripta, chapitre VI, lire en ligne (en anglais)
  14. Jean Amsler, La Renaissance (1415-1600), tome II de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 34-36
  15. Pages 814 Ă  903 de l'Ă©dition parue chez Presses Pocket.

Voir aussi

Bibliographie

  • Le Livre de Marco Polo, ou le devisement du monde (1319), texte intĂ©gral mis en français moderne par Albert t'Serstevens, collection le Livre de Poche, Albin Michel, 1955, pp. 144-150, et anecdote pp. 227-230.
  • Édith et François-Bernard Huyghe, La Route de la soie ou les empires du mirage, Petite BibliothĂšque Payot, Paris, 2006.
  • Marie-Paule Caire-Jabinet, « Le Royaume du PrĂȘtre Jean », dans : L'Histoire, no 22, , pp. 36-43.
  • HervĂ© Pennec, Des jĂ©suites au royaume du PrĂȘtre Jean (Éthiopie), Paris, Centre culturel Calouste Gulbenkian, 2003, 372 p.
  • Danny Mienski, « Le fabuleux royaume du prĂȘtre Jean », nouvelle issue de l'anthologie Ex Machina, Paris, Elenya Ă©ditions, 2014, rĂ©Ă©ditĂ© dans la revue Galaxies no 47, .
  • (en) Matteo Salvadore, « The Ethiopian Age of Exploration : Prester John's Discovery of Europe (1306-1458) », Journal of World History, vol. 21, no 4, , pp. 593-629.
  • Revue Galaxies, no 47, , « Dossier : le prĂȘtre Jean » par Jean-Pierre Fontana
  • Umberto Eco, « Le royaume du PrĂȘtre Jean », paru dans Alliage, no 45-46 - , Le royaume du PrĂȘtre Jean, mis en ligne le , URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3842.

Articles connexes

Liens externes

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