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Jean de Montecorvino

Jean de Montecorvino (ou de Montecorvin), né en 1247 à Montecorvino Rovella dans le sud de l'Italie et mort à Pékin en 1328 est un franciscain, fondateur de la mission catholique de Chine. Il est considéré comme bienheureux par le Martyrologe des Franciscains et commémoré le 1er janvier. Quant à sa cause officielle pour l'Église catholique, elle est soumise à la Congrégation des rites du Vatican.

Jean de Montecorvino
Fonction
Environ archevêque catholique
Cambalue (Peking) (d)
environ à partir de
Nicholas de Botras (d)
Autres informations
Ordre religieux
Consécrateurs
Gerardo Albuini (d), Pellegrino da Città di Castello (d), Andrea da Perugia (en)

Chrétiens en Chine avant 1294

Des nestoriens étaient disséminés dans toute l'Asie et en particulier en Chine, connue sous le nom de Cathay. Ils n'étaient pas forcément des disciples de Nestorius, mais des chrétiens descendants de l'Église de Perse et complètement coupés de Rome depuis des siècles. On trouvait plus particulièrement des nestoriens chez les öngüt, une ethnie turque bien représentée à la cour du khagan, Kubilai Khan.

Au XIIIe siècle, à partir d'Innocent IV, la papauté fit plusieurs tentatives pour s'implanter dans les nations contrôlées par la Horde d'or, c'est-à-dire par les descendants de Gengis Khan. D'une façon générale, celle-ci représentait une terrible menace pour l'Occident, mais d'un autre côté, ses dirigeants, les Khans, étaient plutôt bien disposés vis-à-vis du christianisme. Plusieurs messages en ce sens parvinrent au pape Nicolas IV. D'une part, les deux marchands vénitiens Nicolo et Matteo Polo, au printemps, en 1269, arrivèrent à Saint-Jean-d'Acre (Syrie). Ils disaient qu'ils venaient de Xanadou, le palais d'été de Kubilaï Khan situé dans les steppes de la Mongolie avant de rentrer à Rome chargés d'une ambassade pour le pape, et d'autre part, en 1286, le gouverneur de la Perse, Arghoun envoya par l'intermédiaire de l'évêque nestorien Bar Sauma une requête semblable : le khagan Kubilai était bien disposé à l'égard des chrétiens et souhaitait que le pape envoie des missionnaires à Khanbaliq, c'est-à-dire Pékin.

La mission de Jean de Montecorvino

L'envoi en mission (1289)

Pour répondre aux demandes de Kubilaï, le pape Nicolas IV envoya en mission d'abord deux dominicains qui ne dépassèrent pas l'Arménie, puis Jean de Montecorvino, qui quitta Rome en 1289. Il avait deux compagnons, le dominicain Nicolas de Pistoia et le marchand Pierre de Lucalongo. Il navigua du golfe Persique jusqu'en Inde où il débarqua en 1291, y prêcha pendant 13 mois et y baptisa une centaine de personnes. Il s'embarqua pour la Chine à Méliapour, sans Nicolas de Pistoia, qui était mort. C'est en 1294 qu'il arrive en Chine, au port de Zaïton (Quanzhou, Tsiuan-Tchéou) dans le Fujian (Fo-kien). De là, il gagne Khanbalik (capitale de la dynastie Yuan sino-mongole, actuelle Pékin) où on lui dit que Kubilaï vient de mourir. Chengzong, son fils, qui lui succède, ne fait aucun obstacle à l'apostolat missionnaire.

L'arrivée de Jean de Montecorvino à Khanbaliq (1294)

Pierre de Lucalongo offre à l'envoyé du pape un terrain pour bâtir une nouvelle église. Les relations avec les nestoriens ne sont pas excellentes, mais l'apostolat de Jean s'avère fructueux: Il confère six mille baptêmes, organise une école dans son presbytère et traduit en langue mongole quelques textes de base. Il semble bien qu'une partie des convertis soient des nobles öngüt en rupture de nestorianisme, mais proches de Kubilaï.

L'action pastorale

En plus de la première église construite à Pékin en 1299, Jean de Montecorvino en construit une deuxième en 1305, en face du palais impérial. Il installe également sur ce site des ateliers et des habitations. Il acheta peu à peu à des parents païens environ cent cinquante garçons de 7 à 11 ans. Ces enfants apprenaient le latin et le grec ainsi que des cantiques. Il semble donc que l'intention de Jean de Montecorvino ait été de fonder un séminaire pour former un clergé indigène.

De son côté, Jean de Montecorvino se familiarisait assez bien avec la langue mongole pour pouvoir prêcher et traduire le Nouveau Testament et les Psaumes. Il semble également que Jean ait connu un certain succès auprès d'un descendant de Kubilaï connu sous le nom du « Roi Georges ». Peut-être était-ce un souverain ongüt.

Les relations avec Rome

Ce n'est qu'en 1305, plus de dix ans après son départ, que le pape, qui est alors Clément V, établi à Avignon, reçoit de ses nouvelles, par une lettre[1] retransmise par les missionnaires établis en Perse, dans laquelle Jean dresse le bilan de son action[2]. En 1307, Clément V prend la décision de le nommer archevêque et de lui envoyer sept nouveaux missionnaires. Trois seulement parviennent à Khanbaliq, Gérard d'Albuino, Pérégrin et André de Pérouse ; trois autres meurent en chemin[3], et le dernier regagne l'Italie.

Par sa bulle d'institution, Jean a reçu le pouvoir d'ériger des évêchés et de les pourvoir. Jean garde deux missionnaires auprès de lui et nomme Gérard d'Albuino, évêque de Zaïton, pour faciliter les relations avec l'Europe.

En 1311, Clément V sacre encore 3 évêques franciscains pour Khanbaliq. Un seul arrive, Pierre de Florence. Citée par En 1326, André de Pérouse, évêque de Zaïton depuis 1322, écrit à Rome[4] qu'il est le seul survivant de tous les évêques envoyés à Jean de Montecorvino[5].

Odoric de Pordenone visite la mission de Khanbaliq en 1328. Jean de Montecorvino meurt en 1328.

Quand on l'apprend à Avignon, en 1333, Jean XXII désigne le franciscain Nicolas, professeur de théologie à la faculté de Paris , pour lui succéder. Sans nouvelle de Nicolas, qui a pris la route en 1334, les chrétiens de Khanbaliq envoient, en 1338, une délégation en Occident, avec une lettre du Grand Khan pour le pape[6]. Benoît XIII leur envoie 4 légats qui s'embarquent la même année avec d'autres religieux. Le principal légat, Jean de Marignol est reçu avec beaucoup d'honneurs en 1341 à Khanbaliq. Il reste 3 ans sur place, visite les catholiques dont il estime le nombre à 30 000. Il met neuf ans pour rentrer à travers l'Asie.

À partir de 1370, les relations avec le Saint-Siège sont coupées. La dynastie mongole vient d'être renversée. La nouvelle dynastie chinoise, les Ming, englobe le christianisme dans la proscription dont elle frappe toutes les doctrines étrangères introduites ou favorisées par les Mongols[7].

Notes et références

  1. Citée par Huc, Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, Paris: Gaume, 1857 (lire en ligne).
  2. Dans Huc, op. cit., p. 385.
  3. Nicolas de Bautra, Andrutius d'Assise et Pierre de Castello (Huc, op. cit., p. 397)
  4. lire en ligne.
  5. Dans Huc, op. cit., p. 395.
  6. Lettre traduite du latin en français par Jean le Long dans De Backer, Louis, L'Extrême Orient au Moyen Âge d'après les manuscrits d'un flamand de Belgique moine de Saint-Bertin à Saint-Omer et d'un prince d'Arménie moine de Prémontré à Poitiers, Paris, Leroux, 1877.
  7. René Grousset, L'empire des steppes, Payot, 5e éd., 2001, p. 390.

Sources

Annexes

Bibliographie

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