Accueil🇫🇷Chercher

Proscription

Une proscription (du latin pro scribo qui signifie « afficher Â») est une condamnation arbitraire annoncĂ©e par voie d'affiches, et qui donne licence Ă  quiconque de tuer les personnes dont les noms sont affichĂ©s. L'exĂ©cutant reçoit une rĂ©compense, en gĂ©nĂ©ral une partie du patrimoine du proscrit.

Sylla fait afficher la liste des proscrits. Gravure. Dessin de Silvestre David Mirys. Numéro 138 dans Figures de l'histoire de la république romaine accompagnées d'un précis historique, Paris, an VIII.

Antiquité romaine

Les proscriptions de Sylla

La première proscription fut imposĂ©e en 82 av. J.-C. Ă  la fin de la guerre civile entre les Marianistes et Sylla, et après la prise du pouvoir par Sylla. Dans un discours aux comices, après avoir rappelĂ© les horreurs commises Ă  Rome, il annonce qu'il va sĂ©vir contre tous ceux qui sont les responsables, les sĂ©nateurs et les chevaliers qui ont commandĂ© des forces armĂ©es contre lui. Il considère que les simples citoyens qui ont servi sous leurs ordres ont Ă©tĂ© trompĂ©s, et ne permettra aucunes reprĂ©sailles contre eux. Seules des poursuites judiciaires pourront ĂŞtre menĂ©es contre ceux qui ont commis d'Ă©ventuels excès[1]. Il fait ensuite afficher sur la place publique un Ă©dit reprenant les arguments de son discours, interdisant tout asile et toute aide aux proscrits, et punissant de mort quiconque aurait accueilli, cachĂ© ou aidĂ© Ă  fuir un proscrit. Une rĂ©compense de 12 000 deniers, payĂ©e sur le trĂ©sor public, est promise Ă  qui rapporte la tĂŞte d'un proscrit. La rĂ©compense est moindre si elle est attribuĂ©e Ă  un esclave, mais ce dernier obtient son affranchissement. Enfin une rĂ©compense est aussi prĂ©vue pour ceux dont la dĂ©nonciation facilite une capture[2]. L'Ă©dit se termine par une liste de 80 noms, commençant par les consuls de l'annĂ©e -82, C. Papirius Carbo et C. Marius, puis ceux de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente Caius Norbanus et Cornelius Scipion, suivi des noms de magistrats et promagistrats et de quelques chevaliers[3]. Deux jours après, le 5 novembre -82, une nouvelle liste de 220 noms de sĂ©nateurs et de chevaliers est affichĂ©e, puis le 6 novembre, une dernière liste de 220 noms[4]. En tout, 520 personnes, mais certaines Ă©chappèrent Ă  la mort, comme Cornelius Scipion, rĂ©fugiĂ© Ă  Marseille.

Les proscriptions du second triumvirat

Puis, il y eut une nouvelle proscription sous le triumvirat d'Octave, LĂ©pide et Marc Antoine, dit Second triumvirat, en 43 av. J.-C.

Cette mesure est peut-être inspirée par le dispositif traditionnel de la lex Sacrata, remontant à 449 av. J.-C., selon laquelle quiconque porte la main sur la personne d'un tribun de la plèbe voit sa tête vouée à Jupiter, tandis que ses biens sont saisis.

Moyen Ă‚ge

Les mesures de proscription sont introduites Ă  l'Ă©poque carolingienne dans la loi salique avec la mise au ban.

Époque moderne

Pendant la Révolution française, les lois de la Convention nationale en instituant le tribunal révolutionnaire permettent des jugements expéditifs, dont ceux décrétant la proscription des girondins.

Notes et références

  1. Hinard 1985, p. 191.
  2. Hinard 1985, p. 192-193.
  3. Hinard 1985, p. 193.
  4. Hinard 1985, p. 195.

Bibliographie

  • François Hinard, Sylla, Paris, Fayard, (rĂ©impr. 2005), 327 p. (ISBN 2-213-01672-0).
  • François Hinard, Les proscriptions de la Rome rĂ©publicaine, Rome, École française de Rome, coll. « de l'École française de Rome, 83 », , 624 p. (ISBN 2-7283-0094-1, lire en ligne), p. 385-386
  • Hanna Zaremska, Les bannis au Moyen Ă‚ge, Paris : Aubier, 1996.

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.