Accueil🇫🇷Chercher

Roland Glavany

Biographie

En 1939, reçu aux baccalauréats de mathématiques et de philosophie, il s'inscrit en classe préparatoire à l'École navale et à l'École de l'air, au lycée Saint-Louis de Toulouse. Après la défaite française et la signature de l'armistice (), les Allemands interdisent toute formation de cadres militaires. Les concours d'entrée dans les écoles sont interrompus ou reportés, l'École de l'air de Salon-de-Provence est dissoute en août.

École de l'air

En , un concours est cependant organisé discrètement et Roland Glavany fait partie de la quarantaine d'élèves sélectionnés. Il rejoint, le , le Cours spécial d'élèves officiers qui s'ouvre, sans l'accord de l'occupant, près de Toulouse.

Morane-Saulnier MS.230

En septembre 1941, à la suite des pertes subies par l'Armée de l'air de Vichy au cours de la Campagne de Syrie, le général Jean Bergeret obtient des forces d'occupation la réouverture de Salon-de-Provence, où a lieu le baptême de la promotion 1940 (promo « Lieutenant Marcel Steunou »). Roland Glavany y obtient, en , son brevet de pilote — sur Morane-Saulnier MS.230 — et reçoit le grade de sous-lieutenant[3].

Après l'invasion de la zone libre (), la base de Salon-de-Provence est investie par les Allemands et l'École de l'air fermée. Comme beaucoup de ses camarades, il rejoint l'organisation Jeunesse et montagne qu'il déserte rapidement. Il passe en Espagne en et, échappant à la prison où sont regroupés les réfractaires. Roland Glavany finit par rejoindre Alger où il apprend que la saturation des écoles de pilotage ne lui permettrait de poursuivre sa formation qu'aux États-Unis. Il choisit alors de changer d'uniforme — « Je n'étais pas venu de si loin pour partir en Amérique alors que la guerre se poursuivait en Europe ».

1er bataillon parachutiste de choc

Près d'Alger, il s'engage dans une unité de parachutistes volontaires, le 1er bataillon parachutiste de choc du commandant Gambiez[4]. Après un mois d'entraînement intensif, responsable d'une section de combat, il participe à la libération de la Corse le 14 septembre 1943 à l'île d'Elbe, puis au débarquement de Provence. Il est blessé plusieurs fois.

Armée de l'Air

En 1945, citĂ© trois fois Ă  l'Ordre de la nation, il signe Ă  Paris un nouvel engagement dans l'ArmĂ©e de l'air. Ă€ 23 ans, il complète sa formation de pilote, prenant les commandes de Curtiss Hawk, Spitfire, ou Hurricane sur la base de l'École de Meknès, au Maroc. En aoĂ»t, il est affectĂ© Ă  Fribourg, au GR 2/33 Savoie ; « J'avais la chance de voler sur le plus bel avion de combat de la guerre, le Mustang »[5].

  • Curtiss Hawk
    Curtiss Hawk
  • Spitfire
    Spitfire
  • Hurricane
    Hurricane
  • P-51 Mustang
    P-51 Mustang

Pilote d'essai en vol

En 1948, il réussit le concours d'entrée à SupAéro. Il est recruté, à sa sortie en 1950, au C.E.V. et après être passé par l'École du personnel navigant d'essais et de réception où il se lie d'amitié avec André Turcat, il participe pendant quatre ans aux essais de nombreux chasseurs comme le Vampire, le Mistral, l'Ouragan, le Mystère II, ou encore le Mystère IV-A au bord duquel il est le cinquième français à passer le mur du son[6].

Avions Marcel Dassault

En 1954, placĂ© en congĂ© du personnel navigant de l'ArmĂ©e de l'air, il est dĂ©tachĂ© pour une pĂ©riode de cinq ans Ă  la GĂ©nĂ©rale AĂ©ronautique Marcel Dassault (GAMD), oĂą il assure les fonctions de chef-pilote. Il vole sur les Mystère IV, Vautour, Étendard IV, Mirage III. Le , Roland Glavany prend les commandes du prototype du bombardier supersonique Mirage IV. Les premiers vols parfaits autorisent le chef-pilote Ă  effectuer, au cours du troisième essai, un passage au Salon du Bourget, en prĂ©sence de Charles de Gaulle. Le , il est — au cours d'un vol de 30 minutes — le premier pilote Ă  faire franchir Mach 2 Ă  un appareil europĂ©en, le Mirage III A 01, prĂ©cĂ©dant de deux jours AndrĂ© Turcat qui atteindra la mĂŞme vitesse Ă  bord du Nord 1500 Griffon[7].

Les années passées chez Dassault ont été « les plus belles et les plus riches de sa vie de pilote. Il a côtoyé les géants de l'après-guerre : Roger Carpentier, André Turcat, Jean Sarrail et Jacqueline Auriol qui deviendra l'amie de la famille »[6].

  • Mystère IV
    Mystère IV
  • Vautour
    Vautour
  • Etendard IV
    Etendard IV
  • Mirage IV
    Mirage IV

Retour dans l'Armée de l'air

En 1959, il reprend l'uniforme et rĂ©intègre l'armĂ©e. Il est affectĂ© Ă  la 10e division parachutiste en AlgĂ©rie française oĂą il assure la liaison entre les troupes au sol et les moyens aĂ©riens durant la guerre d'AlgĂ©rie. Il dispose pour cette mission d'hĂ©licoptères Alouette II — utilisĂ©e en PC volant — et Sikorsky H-34. « Officier croyant Ă  la mission de son pays, il s'interroge nĂ©anmoins sur cet ennemi incertain aux cĂ´tĂ©s duquel il s'est sans doute battu 16 ans plus tĂ´t ». Il fait la connaissance de ValĂ©rie AndrĂ©, future première gĂ©nĂ©rale de l'armĂ©e française, qui devient une grande amie[8].

Fin 1960, il revient en France avec deux autres citations à l'Ordre de la nation. Intégré à l'état-major, il est affecté au Bureau des programmes de matériels (BPM), assiste au déploiement du Mirage IV dans les Forces aériennes stratégiques, et collabore à la définition du projet franco-britannique SEPECAT Jaguar. Il commande ensuite les bases militaires d'Istres et de Mont-de-Marsan (Centre d'expériences aériennes militaires). En 1975, il dirige l'ensemble des écoles de l'Armée de l'air, « passant des jours et des nuits à "dépoussiérer" et à ajouter de nouveaux chapitres aux cours d'aérodynamique et de mécanique du vol »[8].

DĂ©part Ă  la retraite

Peu avant son départ, Roland Glavany veut réaliser son souhait jamais fait auparavant, sauter en parachute. En septembre 1977, à 55 ans, il saute d’un avion Broussard avec les commandos de l’air. Et du fait de son âge avancé, il se casse la cheville devant le chef d’état-major de l’armée de l’air venu le voir. Il lui dira par la suite : « Je t’avais bien prévenu que tu jouais au con.» Vive les cons de cette espèce ! »[9]

En , il quitte l'armĂ©e avec le grade de gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e (4 Ă©toiles). Son carnet de vol totalise environ 5 000 heures de vol effectuĂ©es majoritairement en qualitĂ© de pilote d'essai[9].

De 1978 à 1984, il préside l'Office français d'exportation de matériel aéronautique (Ofema)[3].

Il « consacre les trente dernières années de sa vie à ses proches au sein d'une famille "élargie" »[3].

Il est président d'honneur du Souvenir français et de l'association Les Ailes Brisées[10] - [9].

Il meurt le , une semaine après son épouse Monique[11]. Il est inhumé au cimetière d'Issy-les-Moulineaux.

Famille

Père de quatre enfants (trois garçons, et une fille), l'un de ses fils, Jean, fut ministre de l’Agriculture dans le gouvernement Lionel Jospin, de 1998 à 2002 et l'un de ses petits enfants, Mathieu, rugbyman professionnel au Stade Français Paris et au Racing 92.

Distinctions

Hommages

  • La promotion 2016 de l'École de l'air le choisit comme parrain de promotion lors de son baptĂŞme le [13].
  • Le , AndrĂ© Santini, maire d'Issy-les-Moulineaux, a inaugurĂ© une plaque commĂ©morative au gĂ©nĂ©ral Glavany et Ă  son Ă©pouse Monique, au 2 rue Claude Matrat oĂą ils vivaient. La cĂ©rĂ©monie s'est dĂ©roulĂ©e en prĂ©sence de leurs fils Michel et Jean Glavany, et de nombreuses personnalitĂ©s et amis, dont la mĂ©decin gĂ©nĂ©ral ValĂ©rie AndrĂ©, les gĂ©nĂ©raux Michel Forget et Toulze, ainsi qu'un dĂ©tachement de la promotion 2016 de l'École de l'air dont il est le parrain[14].
  • La promotion 2019-2020 de l'EPNER l'a choisi comme parrain de promotion.

Ouvrages

  • Du bataillon de choc au Mirage, Villiers-sur-Mer, Éditions Pierre de Taillac, , 256 p. (ISBN 978-2-36445-023-3), en collaboration avec Bernard Bombeau
  • Discours aux obsèques du gĂ©nĂ©ral Jacques Collombet le , publiĂ© dans la revue Les Ailes brisĂ©es
  • « La vie de Jean Dagnaux : 28 Novembre 1891 - 18 Mai 1940 », Icare, no 132,‎ , p. 19-69

Notes et références

  1. Valérie André, « Gal. Roland GLAVANY », La lettre de l'AAE, no 102,‎ , p. 13 (lire en ligne [PDF]), sur le site de l'Académie de l'air et de l'espace
  2. « Grand pilote d’essai, Roland Glavany avait dompté tous les Mirage », sur Ouest-France, (consulté le )
  3. Bernard Bombeau, « Roland Glavany : Trois vie et une passion… », Le Fana de l'Aviation, no 570,‎ , p. 50 à 61
  4. Le Fana de l'Aviation, no 570, pp. 54-55
  5. Le Fana, no 570, p. 56
  6. Le Fana, no 570, pp. 57-59
  7. « Décès du général Roland Glavany, le pilote d’essai du Mirage III », sur opex360.com,
  8. Le Fana, pp. 60
  9. « Hommage au général de corps aérien Roland Glavany »
  10. général Michel Forget, « Le général Glavany », sur Comité d'Issy-les-Moulineaux et Vanves, (consulté le ).
  11. « Issy : mort du général Roland Glavany, pilote d’essai et père de Jean Glavany », sur Le Parisien, (consulté le )
  12. « Décret du 3 avril 1985 » [PDF], sur legifrance.gouv.fr
  13. « Association des Anciens Élèves de l'École de l'Air », sur www.aea.asso.fr (consulté le )
  14. « A la mémoire du général Glavany », Le Fana de l'Aviation, no 594,‎ , p. 7.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.