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Jacqueline Auriol

Jacqueline Auriol, née Jacqueline Douet le à Challans (Vendée) et morte le dans le 4e arrondissement de Paris, est une aviatrice française.

Elle est la deuxième femme pilote d'essai en France, après Adrienne Bolland.

Biographie

Jacqueline Douet est la fille d'Edmond Douet, importateur de bois, négociant, et de Suzanne Chevy.

Après des études secondaires au lycée Blanche-de-Castille de Nantes[1], elle se sent attirée vers l'art et histoire de l'art et s'inscrit à l'École du Louvre[2]. Elle prend son baptême de l'air à Grenoble à seize ans, sans conviction.

En , elle épouse Paul Auriol (1918-1992), fils de Vincent Auriol, élu président de la IVe République en 1947[2]. En 1947, elle s'occupe de la décoration de certaines pièces du palais de l'Élysée après l'élection de son beau-père. Ancien diplômé de l'École libre des sciences politiques, cadre dans l'électricité, Paul Auriol travaille auprès de son père pendant son mandat présidentiel comme secrétaire général adjoint de la présidence de la République (1947-1954). Il continue sa carrière comme contrôleur général à EDF et à partir de 1962 secrétaire général du comité national français de la Conférence mondiale de l'énergie.

Jacqueline Auriol en 1947 (photo studio Harcourt).

Jacqueline Auriol apprend à piloter sur un biplan Stampe et obtient ses brevets, premier et second degrés, en 1948. L'aviation devient alors une passion et elle passe à la voltige aérienne pour se perfectionner.

Le , elle est victime d'un accident sur la Seine entre Meulan-en-Yvelines et Les Mureaux, alors qu'elle est copilote d'un prototype d'hydravion, un SCAN 30, construit par la Société de construction aéronavale. Lors de ce vol d'essai, l'appareil vole trop bas, et sa coque touche l'eau brutalement. L'amphibie bascule, happé par l'eau, puis se retourne en ne laissant pas le temps à Paul Mingam, le pilote de la SCAN, de réagir. Des trois passagers présents à bord (outre Mingam, se trouve aussi le PDG de SCAN, M. Guédon), Jacqueline Auriol est la plus grièvement blessée : elle a plusieurs fractures du crâne et est défigurée. Elle subit en deux ans une vingtaine d'interventions chirurgicales effectuées aux États-Unis[3]. Avec beaucoup d'obstination, elle se remet à piloter, passera ses brevets militaires, de vol à voile et d'hélicoptère.

Le , elle bat un record de vitesse fĂ©minin sur avion Ă  rĂ©action Mistral Ă  la moyenne de 855,92 km/h. L’AmĂ©ricaine Jacqueline Cochran lui reprend ce record le Ă  1 050 km/h[4].

Le , Jacqueline Auriol est la première Européenne à franchir le mur du son, à bord d'un Mystère II[5].

Le , elle entre à l'École du personnel navigant d'essais et de réception (EPNER) et en sort le , brevetée pilote d'essai. Elle intègre ensuite le très fermé Centre d'essais en vol de Brétigny-sur-Orge.

Jacqueline Cochran, alors vice-prĂ©sidente de la FĂ©dĂ©ration aĂ©ronautique internationale (FAI), fait tout pour conserver son titre de « femme la plus rapide du monde », et annonce en que les records fĂ©minins seraient abolis le 1er juin de la mĂŞme annĂ©e. Mais Jacqueline Auriol, très dĂ©terminĂ©e, reprend le record de vitesse avec 1 151 km/h sur Dassault Mystère IV le , contraignant sa concurrente Ă  revenir sur sa dĂ©cision[6].

Le , aux commandes du T-38A-30-NO Talon (serial number 60-0551) l'Américaine porte le record à 1 262 km/h.

Le , Jacqueline Auriol porte le record (fĂ©minin) du 100 km en circuit fermĂ© Ă  1 849 km/h sur Mirage III C puis le Ă  2 038 km/h sur Mirage III R[2]. La sociĂ©tĂ© Dassault lui demande ensuite de rĂ©aliser des records sur l'avion d'affaires Mystère 20[7].

Une ultime fois, le , l'Américaine portera ce record encore plus haut avec 2 097 km/h sur F-104G[8].

Elle préside l'association des amis de Maryse Bastié jusqu'à son décès.

Jacqueline Auriol a reçu quatre fois le Harmon Trophy, l'une des plus prestigieuses récompenses aéronautiques, en 1951, en 1952, en 1955 et en 1956, a été lauréate du prix Roland Peugeot de l'Académie des sports du plus bel exploit mécanique français de l'année en 1963[9], déjà lauréate du prix Henri-Deutsch de la Meurthe de l'Académie des sports en 1951, récompensant un fait sportif pouvant entraîner un « progrès matériel, scientifique ou moral pour l’humanité. »

En 1966, Jacqueline Auriol bat un nouveau record entre la France et la Côte d'Ivoire. Une grande réception lui est réservée par le président Félix Houphouët-Boigny.

  • ArrivĂ©e de Jacqueline Auriol Ă  Abidjan.
    Arrivée de Jacqueline Auriol à Abidjan.
  • RĂ©ception par le prĂ©sident HouphouĂ«t-Boigny.
    Réception par le président Houphouët-Boigny.
  • FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny et Jacqueline Auriol.
    Félix Houphouët-Boigny et Jacqueline Auriol.

Jacqueline Auriol a vécu de nombreuses années à Saint-Herblain, commune de la Loire-Atlantique. Elle est inhumée au cimetière de Muret[10] dans le même caveau que son beau-père et son mari.

Hommages

  • Jacques Chirac, prĂ©sident de la RĂ©publique française, a rendu hommage Ă  Jacqueline Auriol en fĂ©vrier 2000 en dĂ©clarant : « Cette grande dame a incarnĂ© pour les Français, pendant des dĂ©cennies, le courage et la modernitĂ© […] son nom restera Ă  jamais associĂ© Ă  l'histoire hĂ©roĂŻque de l'aviation et de la recherche aĂ©ronautique. »
  • Elle est Gloire du sport, promotion d'origine en 1993.
  • En 2003, la poste française Ă©dite un timbre Ă  son effigie.
  • En 2009, le conseil municipal de Lyon dĂ©cide de donner son nom Ă  une rue situĂ©e dans le 8e arrondissement.
  • En 2010, le STIF dĂ©cide de donner son nom Ă  une station de la ligne 2 du tramway d'ĂŽle-de-France situĂ©e dans la commune de Colombes.
  • Elle est Ă©voquĂ©e dans le 173e des 480 souvenirs citĂ©s par Georges Perec, dans son texte Je me souviens.
  • Une allĂ©e porte Ă©galement le nom de Jacqueline Auriol Ă  Strasbourg, dans le quartier du Neudorf. Une rue Jacqueline-Auriol existe Ă  Besançon et Ă  Thise (Doubs) Ă  cĂ´tĂ© de l'aĂ©rodrome, ainsi qu'Ă  SargĂ©-lès-le-Mans (Sarthe) et Ă  Annecy-le-Vieux. Ă€ Toulouse, la rue Jacqueline Auriol se situe au bout de l'ancienne piste de l'aĂ©roport de Toulouse-Montaudran, berceau de l'AĂ©ropostale. Ă€ MĂ©rignac, l'avenue Jacqueline Auriol se situe dans le quartier de BeaudĂ©sert, Ă  proximitĂ© de l'aĂ©roport de Bordeaux-MĂ©rignac, lĂ -mĂŞme oĂą s'est dĂ©roulĂ©e la Grande semaine d'aviation en .
  • Plusieurs groupes scolaires (Ă©coles maternelles et Ă©lĂ©mentaires) portent le nom de l'aviatrice, tels qu'Ă  Saint-Herblain ou Ă  Istres.
  • Deux collèges portent son nom : Ă  Villeneuve-Tolosane en Haute-Garonne et Ă  Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine.
  • La promotion 2002-2003 de l'École du personnel navigant d'essais et de rĂ©ception a pris le nom de baptĂŞme « Jacqueline Auriol »[11].
  • Aux Sables-d'Olonne, Ă  l'occasion de la crĂ©ation de la Commune nouvelle, le boulevard des Afn de Château-d'Olonne est devenu, le , le boulevard Jacqueline Douet Auriol.
  • Une voie a Ă©tĂ© renommĂ©e « impasse Jacqueline-Auriol » en son honneur dans la ville de Retiers.
  • L'ancien collège Milcendeau de Challans (sa ville natale), rĂ©habilitĂ© en 2020, a Ă©tĂ© rebaptisĂ© collège Jacqueline-Auriol.

Distinctions

Décorations françaises

Décorations étrangères

Prix et diplĂ´mes

Publication

  • Jacqueline Auriol, Vivre et voler, Flammarion, 1968.

Notes et références

  1. « La jeunesse nantaise de Jacqueline Auriol inspire Arte », Ouest-France, (consulté le ).
  2. « Jacqueline Auriol, le ciel pour royaume », La Dépêche, (consulté le ).
  3. Daniel Liron, « Jacqueline Auriol (1917 - 2000) - Une recordwoman de charme », sur aerostories.free.fr, (consulté le )
  4. Jacques Nœtinger, L'Aviation, une révolution du XXe siècle, (lire en ligne), p. 228.
  5. Banque des savoirs du Conseil général de l'Essonne, « Jacqueline Auriol, vivre pour voler », sur www.savoirs.essonne.fr (consulté le )
  6. Aéroclub de Bigorre, « Les femmes et l'aéronautique », p. 18, [lire en ligne] [PDF], consulté en ligne le 15 octobre 2022.
  7. « Dassault Mystère XX / Falcon 20 », sur avionslegendaires.net
  8. Records cités sur "Hommage aux aviatrices", consulté le 14 janvier 2017
  9. Liste des lauréats du prix Roland-Peugeot depuis 1957 - Académie des Sports
  10. « MURET (31) : cimetière - Cimetières de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le )
  11. « Nos anciens », sur École du personnel navigant d'essais et de réception (consulté le ).
  12. Jacqueline Auriol (1917 - 2000) Une recordwoman de charme - Le dernier voyage de Jacqueline Auriol - Jacqueline Auriol, le ciel pour royaume
  13. Jacqueline Auriol dans les lauréats de l'Académie française

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Pierre Poirier, prĂ©face de Jacques Noetinger, La vĂ©ritable Jacqueline Auriol : voler pour vivre, Paris, Éditions Pygmalion, , 192 p. (ISBN 2-85704-970-6, prĂ©sentation en ligne).
  • Jean-Yves Le Naour et Jacques Malaterre, Les OubliĂ©s de l'Histoire, Flammarion, 2017, 346 p. (ISBN 978-2-0813-6523-0).

Documentaires

  • Jacqueline Auriol, une femme Ă  rĂ©action(s) film de Jean-Luc Desbonnet coproduit par MC4 et France tĂ©lĂ©visions, France 3 Pays de la Loire et Histoire ; avec la voix de Claudine HaignerĂ©. 2016, 52 minutes.
  • Jacqueline Auriol, vivre et voler , documentaire de Jacques Malaterre, sĂ©rie Les oubliĂ©s de l'histoire, coproduction : ARTE France, Les Films du Tambour de soie, Sara M, 2017, 26 minutes.

Liens externes

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